18. Les croisades

Depuis les conquêtes arabes du VIIème siècle, les Lieux Saints (Jérusalem, Bethléem) étaient passés sous la souveraineté des califes musulmans. Ces derniers toléraient les pèlerinages sous certaines conditions. Au XIème siècle, les Turcs Seldjoukides, qui avaient été soumis par les Arabes dans un premier temps, mais qui, par la suite, exercèrent des fonctions militaires importantes, s’emparèrent du pouvoir. Plus fanatiques que les Arabes, ils mirent en péril les Lieux Saints.

Première croisade

En 1096, le pape Urbain II, qui avait déjà oeuvré pour que les royaumes d’Occident soient moins en proie aux incessantes guerres féodales, fit un appel à la croisade depuis Clermont avant d’envoyer des légats dans les diverses provinces. L’un d’eux vint en Hainaut. On dit même qu’il s’arrêta au château comtal de Blaton. Il décida le comte Baudouin II et plusieurs membres de sa noblesse à prendre la Croix. Parmi ceux-ci, Anselme II de Ribemont (comte d’Ostrevent), Baudry de Roisin, Gilles de Chin, Arnould du Roeulx, Pierre de Condé, Gérard et Lambert d’Avesnes, Bernard de Ligne et Gillion de Trazegnies. Tous partirent sous la bannière de Godefroid de Bouillon, le duc de Basse-Lotharingie. Ils s’emparèrent de quelques villes (Nicée, Antioche, Edesse …) avant de prendre Jérusalem en 1099.

Deuxième croisade

Elle fut prêchée en 1147 par Saint Bernard de Clairvaux qui passa à Cambrai, Valenciennes et Mons. Peu de seigneurs hennuyers y participèrent, hormis Wauthier I de Bousies. Cette croisade n’alla pas plus loin que Damas où elle fut tenue en échec.

Les Ordres chevaliers

La défense des Lieux Saints (Jérusalem, Bethléem) et de l’ensemble des forteresses franques disséminées en Palestine et en Syrie fut l’affaire, entre autres, de “moines-chevaliers” issus de la noblesse et réunis dans des ordres de chevalerie.

Le plus connu de ces ordres est l’Ordre des Templiers fondé en 1118.

On retiendra aussi celui des Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem fondé en 1113.

Ces deux institutions acquirent, en quelques décennies, des biens considérables en Europe, par dons et par achats : des terres (sur lesquelles elles exercèrent les droits seigneuriaux), des fermes, des châteaux, des bois, des paroisses (et leurs revenus) …

Quand l’Ordre des Templiers fut aboli en 1312, sous la pression du roi Philippe IV “le Bel” de France, ses biens furent confisqués en France. Dans les autres pays, et notamment chez nous, ils furent récupérés par les Hospitaliers.

En Hainaut, ces ordres chevaliers possédèrent de nombreux fiefs: Spiennes, Vellereille-le-Sec, Givry, Ville-sur-Haine, Sars-la-Bruyère, Frameries (ferme du Fliemet), Genly, Noirchain, Fayt-le-Franc et Onnezies (Rampemont), Saint-Symphorien et Casteau. Une commanderie générale était située à Piéton.

Au XVIème siècle, la Commanderie de Saint-Jean dut quitter Chypres, menacée par les Turcs Ottomans. Elle se replia sur Malte, d’où son nom d’Ordre de Malte, qui existe toujours aujourd’hui, malgré la perte de ses terres féodales.

Troisième croisade

En Terre Sainte, le sultan Saladin avait repris Jérusalem et quelques forteresses franques (dont Saint-Jean d’Acre). De nombreux chrétiens avaient été emmenés en captivité en Egypte et en Syrie. Saladin en demandait une rançon importante.

Grégoire VIII prêcha une nouvelle croisade. En Hainaut, cette prédication fut faite par le légat du pape en 1187. Le départ eut lieu en 1189.

Participèrent à cette croisade le roi d’Angleterre (Richard Cœur-de-Lion), celui de France (Philippe-Auguste), l’empereur d’Allemagne (Frédéric I “Barberousse” qui se noya en chemin) et le comte de Flandre (Philippe d’Alsace, qui fut tué au siège de Saint-Jean d’Acre).

Lors de cette croisade, de nombreux seigneurs hennuyers perdirent la vie: Jacques d’Avesnes, Othon de Trazegnies, Gauthier de Wargnies, Eustache du Roeulx, Henri de Binche, Guy et Foulques de Fontaine, Nicolas de Peruwelz, Mathieu de Wallincourt, …

Seul des “trois grands”, Richard Cœur-de-Lion affronta Saladin. Il reprit surtout des comptoirs côtiers, mais échoua devant Jérusalem. Ayant négocié avec le maître des lieux, il obtint l’autorisation pour les pèlerins d’aller prier sur les Lieux Saints.

Quatrième croisade

Innocent II la lança. Ses prédicateurs furent envoyés en Flandre où ils furent reçus par le comte Baudouin IX (BaudouinVI de Hainaut). Convaincu, celui-ci se décida à prendre la Croix en 1201, suivi par de nombreux chevaliers flamands et hennuyers. Ils prirent la tête de l’expédition avec d’autres nobles français.

Parmi les hennuyers: Ansfride et Guillaume de Gommegnies, Jacques II d’Avesnes, Régnier de Trith, Nicolas et Gilles de Barbençon, Isembart de Berlaymont, Alman de Bavay, Walleran de Haussi, Robert d’Anzin, Gautier de Bousies, Henri et Baudri de Roisin, Henri de Sebourg et Angre, Gautier de Fontaines, Gérard de St-Aubert.

Les troupes se rassemblèrent à Valenciennes et prirent la direction de Venise où ils comptaient s’embarquer vers la Terre Sainte. Le doge leur demanda de s’emparer d’abord d’une ville dalmate sur l’Adriatique pour payer leur voyage. A cette époque, Venise était en conflit avec Constantinople, capitale de l’empire romain d’Orient. Un coup d’état venait d’y survenir et les Croisés, appuyés par les Vénitiens, décidèrent d’intervenir. On assiégea la ville, qui fut investie à Pâques 1204, puis mise à sac. Vénitiens et Francs se servirent dans les trésors locaux. Le siège impérial étant libre, le comte Baudouin fut élu empereur par ses pairs. Les Bulgares prirent le parti des Grecs chassés. Baudouin voulut intervenir. A la bataille d’Andrinople, en 1205, il fut fait captif. Il mourut peu après dans des conditions inconnues.

Son frère Henri  qui l’accompagnait, par ailleurs seigneur de Sebourg et d’Angre, lui succéda dans l’ancienne Byzance.

Cinquième croisade (1217-1221)

Peu importante, elle ne concerne pas les hennuyers.

Sixième Croisade (1227-1229)

Elle concerne essentiellement l’empereur Frédéric II, en conflit avec le pape. Pas de participation des seigneurs hennuyers.

Septième croisade (1248-1254)

Elle fut le fait du roi de France, “Saint” Louis IX. Il fut accompagné du comte de Flandre, Guillaume de Dampierre, ainsi que des seigneurs Baudouin II de Hennin-Liétard (de Boussu) et de Baudouin IV de Hennin-Liétard (de Sebourg). Louis IX fut fait prisonnier en Egypte. Libéré, il alla consolider les forteresses de la côte palestinienne (Acre, Césarée, Jaffa, Sidon), puis rentra en France.

Huitième croisade (1270)

A nouveau lancée par Louis IX contre le sultan de Tunis qu’il voulait convertir au christianisme. Le roi y mourut. Il avait été soutenu notamment par le comte Guy de Dampierre, par Gérard de Jauche et Jean II de Soissons, seigneur de Chimay.

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