Géographie
Il s’agit d’un lieu-dit, faisant actuellement partie du village de Crespin, à l’ouest de celui-ci (limite avec les villages de Vicq et Quarouble).
Ses caractéristiques géographiques et géologiques sont les mêmes que celles du village, quoique le site soit un peu plus éloigné de la rivière et qu’autrefois il fut peut-être moins marécageux et plus couvert de forêts.
Etymologie – Toponymie du lieu
Les orthographes ont été nombreuses : Amblise, Hembise, Emblise, Embise, Ambise.
Ce qui signifierait : “bois du château” ou “bois de la forteresse entourés de marais” ou encore “hameau entouré d’eau”. Toutes ces hypothèses correspondent aux caractéristiques du lieu à la période médiévale.
Préhistoire et antiquité
Tout comme pour Crespin, on n’a pas découvert de vestiges datant de ces deux périodes, ce qui pourrait s’expliquer par la nature encore marécageuse du sol.
Moyen Age
Au VIIème siècle, Emblise est encore une grande forêt. Le propriétaire, dont on ignore le nom ni la résidence, donna une partie de ses terres à Saint-Landelin au nord-est de son domaine pour la fondation du monastère de Crespin, vers l’an 660.On ne sait rien de plus pour les siècles qui suivirent. Ces terres étaient-elles incultes et inhabitables ?
Ce qui est certain c’est qu’elles passèrent dans les possessions des comtes de Hainaut, peut-être déjà lors des luttes du comte Régnier I pour se débarrasser des Vikings qui infestèrent la région entre 881 et 890.
Une autre partie de la forêt fut la propriété de l’abbaye de Denain, comme l’atteste un diplôme de 877 de Charles le Chauve qui en confirmait la donation.
Vers 1080, alors que la comtesse Richilde et son fils Baudouin II firent restaurer l’abbaye endommagée de Crespin (à l’initiative de l’évêque Gérard II de Cambrai), ils firent ériger un donjon sur les terres d’Emblise, sans doute pour défendre le comté de Hainaut face aux visées agressives des comtes de Flandre et peut-être des seigneurs d’Avesnes (présents à Condé et particulièrement agressifs).
Un petit noyau habité se constitua autour du château, ce qui aurait nécessité un défrichement de la forêt, une irrigation des terres et la mise en culture et en pâturages de celles-ci (comme sur les terres voisines des abbayes).
La seigneurie d’Emblise
Les premiers seigneurs d’Emblise furent probablement des châtelains au service du comte de Hainaut. Mais l’endroit fut à un certain moment érigé en fief héréditaire.
Il est peu probable que les seigneurs d’Emblise, par ailleurs propriétaires de domaines plus importants, aient résidé ici, et donc que la résidence fortifiée n’ait pas été entretenue. On peut imaginer, sans preuve, que ce domaine fut mis en valeur sur le plan agricole par des intendants locaux aidés de familles libres et serviles implantées localement.
La possession de la Terre d’Emblise eut une importance symbolique, car elle fut directement érigée en principauté au XVème siècle et que ses possesseurs ne dédaignaient pas de rappeler leur titre de « Prince d’Emblise » à côté d’autres plus éclatants.
La première famille propriétaire du domaine fut celle de Chiny.
Maison de Chiny
On ne sait pas quelles sont les circonstances qui ont fait entrer le village d’Emblise dans cette famille, qui possédait le comté de Chiny, comté lotharingien et donc impérial se trouvant dans la Gaume actuelle.
On sait qu’en 1084 le comte Arnould Ier de Chiny tenta de capturer la comtesse Richilde de Hainaut. Celle-ci, de retour d’un pèlerinage à Rome, se reposait à Chevigny dans les Ardennes, alleu qu’elle possédait. Elle lui échappa cependant et se réfugia à l’abbaye toute proche de Saint-Hubert. (Je n’en connais pas les motifs. Acte de banditisme féodal ? Recherche de rançon ?). Les Chiny étaient-ils déjà implantés à Emblise ou le furent-ils à cette époque assez mouvementée de luttes féodales ?
Pour indication, ses successeurs furent, sans qu’on sache quel fut le premier d’entre eux qui fut seigneur d’Emblise :
- Otton II de Chiny ( ?-apr1131), qui acheva la construction de l’abbaye d’Orval, fondée par son père
- Albert I de Chiny ( ?-112), dont une fille, Ide, épousa Gobert V d’Aspremont
- Louis III de Chiny (1150-1189), mort à la IIIème croisade
- Louis IV « le Jeune » de Chiny ( ?-1226), mort à la croisade des Albigeois. Il n’eut que des filles, dont l’une Jeanne de Chiny, héritière, épousa Arnould IV de Looz.
Maison de Looz
Arnould IV de Looz (1210-1273), qui épousa Jeanne de Chiny (12015-1271) était comte de Looz (par héritage paternel) et comte de Chiny et seigneur d’Emblise (par mariage). Ils eurent plusieurs enfants qui se partagèrent l’héritage. Leur fille Juliane de Looz hérita de la seigneurie d’Emblise.
Nicolas de Quiévrain (v1230-v1270/1280), seigneur de Quiévrain et d’autres lieux, épousa Juliane de Looz. Ils eurent deux filles, dont Isabeau de Quiévrain qui hérita des seigneuries de Quiévrain et d’Emblise.
Seigneurie située en Lorraine, entre Nancy et Metz. Devinrent seigneurs d’Emblise:
- Geoffroy III d’Aspremont (v1255-1302) qui a épousé Isabeau de Quiévrain (1260/1268-1335). Il était seigneur d’Aspremont, de Conflans, de Dun, de Busancy, de Sorcy. Par mariage, il devint seigneur de Quiévrain et d’Emblise (peut-être aussi de Thulin ?). Il mourut à la bataille des Eperons d’Or.
- Gobert VIII d’Aspremont (1302-1325), fils du précédent (la seigneurie de Quiévrain est passée à la sœur d’Isabeau, Mahaut qui a épousé Simon III de Lalaing)
- Geoffroy IV d’Aspremont (1305-1375), fils du précédent, cité aussi seigneur de Thulin
- Gobert IX d’Aspremont ( ?-1381/1391), fils du précédent
- Geoffroy V d’Aspremont (1360-1391), fils du précédent
- Gobert X d’Aspremont ( ?-1410), fils du précédent – Il reçut le titre de « Prince d’Emblise ». (Je n’ai pas trouvé la raison pour laquelle il obtint ce titre. Service rendu à l’empereur ?)
- Edouard I d’Aspremont (1410/1415-1473), fils du précédent
- Gobert XI d’Aspremont (v1450-1495), fils du précédent
- Jean I d’Aspremont (1474-1522/1524), fils du précédent
- Jean II d’Aspremont ( ?- ?), fils du précédent, sans descendance. La principauté d’Emblise passa à sa sœur Antoinette d’Aspremont qui épousa:
Jean d’Anglure (1510-1596), baron de Bourlemont. Ils n’eurent qu’une fille, Jeanne. Lui ou sa fille vendirent la terre d’Emblise aux Ligne.
Il est probable que ce soit Lamoral Ier de Ligne (1563-1624) qui acheta le domaine, peut-être en 1608. Lui succédèrent comme prince d’Emblise:
- Florent de Ligne (1588-1622), fils du précédent
- Albert Henri de Ligne (1615-1641), fils du précédent
- Claude Lamoral de Ligne (1618-1679), fils du précédent. En 1678, le traité de Nimègues fit passer la prévôté de Valenciennes, dont Emblise dépendait, des Pays-Bas Espagnols au Royaume de France.
- Henri Louis Ernest de Ligne (1644-1702), fils du précédent
- Antoine Joseph Ghislain (1682-1750), fils du précédent
- Claude Lamoral II de Ligne (1685-1766), frère du précédent
- Charles Joseph Lamoral de Ligne (1735-1814), fils du précédent
En 1790, la Révolution française abolit les droits féodaux. La terre d’Emblise fut rattachée au village de Crespin, lui-même dépouillé de son abbaye.
Rédigé à partir de sites web, notamment du site Heraldus de Mons (http://home.scarlet.be/heraldus)