Ath

Le territoire

Superficie: 1550 ha

Altitude: 34 m

Situation géographique :  sur le plateau d’Ath entre les vallées de l’Escaut et de la Haine

Cours d’eau : Ath est né au confluent des deux Dendre. La Dendre Occidentale longe l’agglomération à l’ouest, alors que la Dendre orientale traversait la ville, se séparant en deux bras au milieu de la ville. Ses eaux alimentaient les douves. Le bras occidental fut voûté et canalisé entre 1873 et 1874. Le bras oriental l’a également été en 1933-1934. Une partie des eaux de la rivière coule dans les fossés créés au XVIIème siècle. La carte de Ferraris ci-dessous date du XVIIIème (avec les fortifications du XVIIème). Elle permet de comprendre la situation de la ville par rapport aux deux rivières.

Paysage préhistorique (après la dernière période glaciaire) : forêts sablonneuses

Nature du sol : limoneux et sablonneux

Nature du sous-sol : grès, schiste

Préhistoire

Néolithique (Homo Sapiens) :

Sur l’actuel territoire d’Ath, un site du néolithique fut l’objet de fouilles en 2015 (entre le canal et la chaussée de Mons – site des Haleurs). Il s’agissait d’une zone habitée vers 5000 avt J.C., sur une étendue d’un hectare. L’habitat est prouvé par la découverte de trous de poteaux et de fosses. On y a ramassé des poteries, des bijoux en schiste, des objets en silex, des meules dans des fosses (I. Deramaix, SPW).

Ce site est contemporain de ceux trouvés à Irchonwelz, Ormeignies, Aubechies, Ellignies et Blicquy (bassin de la Dendre Occidentale, où les fouilles furent dirigées par L. Demarez). Les hommes qui y vivaient étaient de la culture de Blicquy, mais quelques éléments de la culture contemporaine rubanée ont également été ramassés. Le site est toujours en cours d’étude.

Age du fer – période de Hallstat (750-400)

Au Bois du Jardin, parmi un ensemble de structures d’époque gallo-romaine (ci-dessous), une fosse a révélé une abondante céramique du premier âge du fer.

Antiquité gallo-romaine  – Premier Moyen-Age (période franque mérovingienne et carolingienne)

Des fosses d’époque romaine et médiévale ont été découvertes et fouillées (pas de précision).

Au Bois du Jardin, des fouilles préventives ont été réalisées (I. Deramaix) . Elles ont permis d’y déceler des traces d’un habitat gallo-romain : des trous de poteaux, des fosses et fossés contenant du matériel d’époque (des fragments de céramique, de meule, de tuiles et une fibule en bronze). On pense qu’il s’agit de structures datant du Ier siècle après J.C.

A proximité, à Ghislenghien et Meslin-l’Evêque, de grandes fouilles préventives ont permis de mettre au jour d’importants vestiges gallo-romains (villas, fermes, nécropoles).

Deuxième Moyen-Age et Période moderne – le village, puis la ville

Légendes

L’historien du XIVème siècle, Jacques de Guise, attribue la fondation d’Ath aux Anténorides, descendants troyens d’Anténor.

Au XVIème siècle, Jean Zuallart, maïeur de la ville (1584-1634) prétendit, sur base d’autres légendes, qu’Ath avait été fondée par Attila, le roi Hun qui y aurait campé vers 450 avec son immense armée de cavaliers, avant d’aller se faire battre aux Champs Catalauniques. On sait aujourd’hui que les Huns n’ont pas atteint cette région. Le même Zuallart a ensuite penché vers d’autres fondateurs : le général romain Aetius (qui combattit le même Attila), un chef (inconnu) du peuple gaulois des Attuatiques. Un archiviste du XIXème pensa même à une origine slave.

On le voit, tous ces personnages tentaient d’expliquer l’origine du nom de la ville.

Première mention: 1076 (texte de l’évêque Lietbert)

Toponymie (anciennes orthographes) :

Athum

Etymologie (hypothèses d’origine du nom) : Elle semble encore inexpliquée. Le toponyme est celte, ce qui permet de penser que le territoire a été habité avant la période romaine.

Epoque de son apparition: au Xème ou XIème siècle

Facteurs ayant favorisé son émergence :

voies de communication: pas de chaussée romaine (la plus proche passait plus à l’ouest : Blicquy, Ligne, Mainvault). Au moyen-âge, la cité fut reliée par des chemins vers Tournai, Mons, Gand et Bruxelles.

sources d’eau ou cours d’eau: la Dendre et ses affluents

source de bois: bosquets

proximité d’un lieu de pouvoir: la ville et son donjon

Paroisse dédiée à Saint-Julien

Evêché: de Cambrai

Décanat/doyenné: Chièvres

Autel (dîmes, entretien de l’église, nomination des officiants) donné au chapitre épiscopal  de Cambrai en 1076 par l’évêque Lietbert

Répartition des pouvoirs pendant la période féodale (jusqu’en 1792/1794)

Période brabançonne (du Vème au XIème siècle)

Lors des périodes franques mérovingiennes et carolingiennes, le territoire entre l’Escaut et la Haine faisait partie du Pagus Bracbatensis (ou comté de Burbant). Il était administré par un comte qui résidait peut-être à Chièvres (pas de preuve formelle). Celui-ci était nommé par le roi des Francs, puis par l’empereur de Germanie.

Vers 950, l’empereur Othon Ier, pour se protéger des ennemis extérieurs (le roi de France et son puissant vassal le comte de Flandre), transforma le petit comté en marche d’Enaeme, attribuant au comte plus de pouvoir militaire. Un siècle plus tard, en 1047, par le jeu des mariages, ce petit comté de Burbant revint au comte de Hainaut, Régnier V et à son fils Herman.

A cette époque, se constituaient des communautés villageoises et paroissiales. Près du confluent des deux Dendre, il en existait deux : celle de Brantignies et celle d’Ath (Vieux Ath).

Période seigneuriale (XIème et première moitié du XIIème siècle)

Brantignies était administré par les moines de l’abbaye de Saint-Martin de Tournai. Le deuxième domaine l’était par une famille locale qui avait pris le nom du domaine : Ath.

Les abbayes de Liessies, de Saint-Martin de Tournai et d’Arbre y avaient également des possessions.

Maison d’Ath

Gauthier/Wauthier/Walter I d’Ath (v1010- ?) serait le premier seigneur connu à l’époque où le petit comté de Burbant passa sous influence hennuyère par le mariage du comte Régnier V de Hainaut avec la fille d’Herman de Verdun, marquis d’Enaeme.

Gauthier II d’Ath (v1035- ?), son fils, lui succéda

Gauthier/Walter III d’Ath (v1045, Ath-v1122) était le fils du précédent. A sa seigneurie d’Ath, la comtesse Richilde lui ajouta celle du Roeulx, un grand domaine comprenant plusieurs villages. Walter eut plusieurs filles, dont Béatrix d’Ath (v1075-1136) qui épousa en premières noces Arnould de Hainaut, deuxième fils du comte Baudouin II, puis en secondes noces Gilles Ier de Trazegnies. Cette version est contestée car il y a incohérence de dates. Béatrice aurait transmis le domaine d’Ath à une de ses filles, Gertrude de Hainaut-Roeulx, qui aurait épousé un Othon de Trazegnies, père de ce Gilles Ier de Trazegnies (hypothèse soutenue par le marquis Olivier de Trazegnies sur base de l’histoire de sa famille par l’abbé Plumat).

Maison de Trazegnies (v1150-1186)

Gilles Ier de Trazegnies (1118/1134-1161), fils ou petit-fils d’Othon Ier de Trazegnies. Il laissa une légende de vaillant et preux chevalier. Il organisa des tournois à Trazegnies auxquels participa notamment Gilles de Chin. Tombé en contradiction avec l’abbaye de Floreffe, il fut excommunié trois fois et commit plusieurs malveillances à l’encontre des moines. Les seigneurs des environs furent excédés par son comportement et ses actes. Ils firent le siège de son château. Il fut tué sur ses propres remparts.  Entretemps, il était parti pour la croisade. Pour la financer, il vendit sa seigneurie d’Ath au comte Baudouin IV vers 1150 qui était peut-être son tuteur durant son enfance.

Période comtale

XIIème siècle – la naissance du bourg

Baudouin IV de Hainaut « le bâtisseur », comte de Hainaut de 1120 à 1171, s’était donné pour but de renforcer la puissance défensive militaire de son comté face à ses voisins (Flandre, France, Brabant, Liège). Simultanément, il voulait stimuler le commerce et l’économie urbaine dans son comté.

En achetant la « petite » seigneurie d’Ath, il en renforça le rôle stratégique face à la Flandre et aux quelques seigneurs hennuyers voisins encore récalcitrants par rapport au pouvoir comtal centralisateur (les Avesnes à Leuze et Condé, les Gavere à Chièvres et les Enghien dans leur cité).

Il y fit bâtir un castrum (tour carrée entourée basse-cour, aujourd’hui appelée Tour Burbant) vers 1166, au nord-ouest du Vieux-Ath, entre la Dendre Occidentale qui vient de Leuze et la Dendre Orientale qui vient de Lens et de Chièvres.  Ces rivières alimentaient les douves.

Rasse de Gavere, seigneur de Chièvres, s’y opposa dans un premier temps et menaça le comte, avec l’appui du comte de Flandre, Philippe d’Alsace, son suzerain. Il dut ensuite s’incliner, car Baudouin rassembla son armée à Blicquy.

Dans le château, le comte installa un châtelain qui gouvernait en son nom.

A proximité du château, il fit aménager une « ville neuve » entourée d’une muraille : un burgus, avec une voirie et une place de marché. Ath reçut un statut juridique propre aux bourgs et fut ouvert à une immigration venant des campagnes amenant de la main d’oeuvre. Le comte fit lotir des parcelles pour développer l’habitat urbain.

Enfin, il semble que ce soit ce comte qui ait partagé son comté en divisions administratives et judiciaires (prévôtés, châtellenies, terres franches, …). Ath fut à la tête d’une châtellenie qui couvrait une bonne partie des villages et des villes de l’ancien Burbant. Le châtelain y exerçait des missions politiques, militaires et judiciaires au nom du comte et de son bailli.

XIIIème siècle

Le castrum comprenait le donjon entouré d’une cour et d’une basse-cour, protégées par une muraille et des fossés. Dans le bourg, en 1278, on comptait 171 masures. Les maisons étaient basses avec un petit jardin (courtil) clos de haies vives ou de piquets de bois.

Un petit artisanat s’y développa, à côté du travail agricole hors les murs. Une enceinte en palissade ou levée de terre entourait le bourg. Elle s’ouvrait dans les directions de Bruxelles, de Mons et de Tournai.

Il semble qu’un échevinage ait tout de suite été mis sur pied. Il avait à sa tête un villicus (maïeur, maire) et sept échevins, ainsi qu’un clerc et un sergent. Ils étaient choisis parmi les bourgeois de la ville. Ils avaient pour missions :

  • L’administration : ordonnances d’intérêt public, relatives à la voirie, au marché, aux professions, à la police, …
  • Recevoir les « œuvres de loi » : ils étaient garants des conventions conclues entre particuliers, quant aux biens mobiliers et immobiliers : ventes, rentes, baux, testaments, donations, contrats de mariage, …
  • L’exercice de la justice

On organisa des services féodaux:

  • Le moulin banal (à eau) où les Athois moulaient leurs grains contre une redevance au comte
  • On trouvait également un moulin (tordoir, affermé) à Brantignies, village situé juste à côté.

Jusqu’ici seuls les villages voisins de Brantignies et du Vieux Ath avaient une église. Les Athois de la ville neuve devaient sortir de leur ville pour aller suivre les offices. La première église appartenait à l’abbaye saint-Martin de Tournai, la seconde à celle de Liessies. En 1234, une communauté de cisterciennes s’installa sur les terres de l’abbaye de Liessies. Il s’agissait de l’abbaye Notre-Dame du Refuge.

XIVème siècle – le développement de la ville

Ce siècle marque véritablement l’accession du bourg au stade urbain. Des banquiers lombards vinrent s’y installer. Ils sont attestés en 1312. Le comte Guillaume Ier d’Avesnes (1304-1337) accorda divers privilèges par des franchises en 1325 et en 1336. En 1328, il instaura une draperie dans la ville, qu’il finança lui-même. Il lui accorda trois chartes.  On fabriquait des étoffes en laine fine sur métier à tisser. Les tisserands athois allaient vendre leurs produits sur les marchés étrangers, notamment à la foire du Landit à Saint-Denis, près de Paris. Sur le marché d’Ath, on voyait des marchands de la Ligue Hanséatique.

Le comte aurait également installé une compagnie (un serment) d’archers en 1325.

Il fit construire une enceinte urbaine de 1330 à 1350 munie de trois portes (porte du Gadre, porte des Moulins, porte de Brantignies). Le châtelain et les siens n’étaient plus les seuls à être protégés dans leur château. Les habitants le devinrent aussi derrière les murailles. Mais celles-ci servaient aussi à séparer la partie urbaine et la partie extra-muros, où les règlements n’étaient pas les mêmes. L’enceinte fut terminée en 1350 par sa fille Marguerite de Bavière (1345-1356).

Ath devint en 1365 une « bonne ville » du comté, mais aussi une puissante forteresse face à la Flandre toujours menaçante. La ville envoyait ses représentants aux Etats de Hainaut à Mons. Le comte y résidait souvent.

A la même époque, en zone rurale, se développait également la toilerie (en lin) qui s’écoulait sur le marché d’Ath.

La halle aux draps fut construite en 1358 et une halle aux grains avant 1386. Le marché du jeudi fut affranchi en 1368. Un marché de toiles fut instauré vers 1360, confirmé par le régent, Aubert de Bavière (1389-1404), frère cadet du comte Guillaume III malade (1356-1389).

La ville prospérait. La population s’accroissait. Dès 1359, à l’initiative d’Aubert de Bavière, on éleva une enceinte, plus large, qui ne sera achevée que vers 1400. Elle comportait également trois portes (de Pintamont, d’Enghien et la même de Brantignies), trente tours. La longueur de la défense avait triplé.

Ath devint la troisième ville du Hainaut, après Mons et Valenciennes.

L’Eglise Saint-Julien (1394-1415) fut construite intra-muros à la demande des paroissiens de la ville. Les Frères Mineurs s’étaient installés dans la ville en 1328.

XVème siècle

La charte de 1406 institua un Conseil de Ville adjoint aux échevins, deux sceaux et une ferme où l’on conserve les actes passés par les magistrats.

La ville d’Ath devint, grâce au duc Philippe le Bon (1419-1467), l’étape des toiles du Hainaut en 1458. Cette industrie et son commerce furent la base essentielle de l’économie athoise jusqu’au XIXème siècle. 

A côté d’autres métiers prospérèrent : tanneries, orfèvreries, merceries, brasseries, boulangeries, poteries en céramique et en étain.

On continua de construire dans la ville :

  • Ecole latine (1416)
  • Monastère de Nazareth (1416)
  • Hôpital St-Jacques (1421)
  • Couvent des Récollets (1446)
  • Hôpital de la Madeleine (1448)

XVIème siècle

On apporta des compléments de règlement à l’artisanat et au commerce : grains, sel, bière, toiles. En 1575, on mit sur pied des compagnies bourgeoises pour surveiller les portes et les postes de guet.

En 1578, en plein guerre de religion, Ath est occupée par les calvinistes.

XVIIème siècle

Sous les archiducs Albert et Isabelle, des bastions détachés prolongèrent les portes d’Enghien et de Pintamont, alors que la porte de Brantignies fut précédée d’un ouvrage à corne. Au milieu du siècle, on construit des bastionnets, parfois précédés de demi-lunes en avant du fossé, ce qui doubla la fortification.

La Contre-Réforme amena de nouvelles institutions religieuses:

  • Les Capucins (1608)
  • Les Jésuites (1621)
  • Les Sœurs Grises (1627).

L’église Saint-Martin fut reconstruite intra-muros entre 1585 et 1604. On réédifia aussi l’Hôtel de Ville  (1614-1624). Son maire, Jean Zuallart, écrivit la première histoire d’Ath.

Après plus d’un demi-siècle de paix et de prospérité, les guerres reprirent à l’initiative du roi Louis XIV de France. En 1667, il assiégea la ville et s’en empara.  Elle fut fortifiée par Vauban de 1668 à 1674 et prit l’aspect d’un octogone régulier flanqué de huit bastions. Des casernes furent construites. Ath resta française jusqu’en 1678 quand le Traité de Nimègue rendit les Pays Bas à l’Espagne.

Mais Louis XIV reprit la ville en 1697 après 13 jours de siège. Pourtant le Traité de Ryswick de la même année restitua la ville aux Pays-Bas. Des troupes hollandaises y furent laissées pour sa défense.

XVIIIème siècle

A nouveau en 1701, les Français revinrent prendre la ville et  y restèrent jusqu’en 1706, quand le duc de Marlborough la reprit après sa victoire de Ramillies. Le Traité d’Utrecht de 1713 fit passer les Pays-Bas de l’Espagne, alliée de la France défaite, à l’Autriche.

Louis XV, lors de la guerre de succession d’Autriche, reprit la ville en 1745, après un siège de 12 jours. La plupart des fortifications furent détruites par d’intenses bombardements, sauf le Pont de la Herse. Il s’en retira en 1746.

En ce siècle, Ath continua à produire et écouler les draps et les toiles, mais le textile n’était plus la première activité. Son économie s’était ouverte à d’autres activités : raffineries de sel, fabrication de chapeaux, tanneries, …  Le commerce était important sur les marchés de la ville (productions agricoles et manufacturières).

Sous l’impératrice Marie-Thérèse, des chaussées furent pavées en direction de Mons (1727), de Tournai (1744) et de Bruxelles (1769). L’empereur Joseph II démantela partiellement les fortifications. 

En 1792 une première fois, puis en 1794, les révolutionnaires français s’emparèrent des Pays-Bas Autrichiens.

XIXème siècle siècle

Après la longue parenthèse française (1794-1814), l’entièreté des Pays-bas fut reconstituée sous la souveraineté du roi Guillaume I de Hollande. En 1818, les Hollandais relevèrent les fortifications, selon les plans de Vauban, avec des aménagements tenant compte de l’armement moderne. Ils construisirent un fort pentagonal à l’extérieur de la place forte (Mont Féron), tournée contre la France, relié à la ville par un souterrain.

En septembre 1830, quelques Athois allèrent à Bruxelles soutenir la révolte pour l’indépendance de la Belgique. A Ath, la ville se souleva aussi contre la garnison hollandaise locale. Elle s’empara de la caserne le 27 septembre.

A partir de 1840, le commerce de la toile périclita. La ville s’appauvrit. De nouvelles entreprises apparurent dans l’industrie de la pierre et du bois (celle des frères Cambier et de Carton-Herman). On mécanisa les anciennes activités artisanales (meunerie, brasserie). La prospérité revint peu à peu, par moment entravée par les crises économiques.

La ville put se développer après que l’on ait démantelé complètement les fortifications (1853-1856). En 1858, dans l’ancien arsenal on aménagea la filature Philippart-Vendries.

Ath fut reliée par chemin de fer à Mons (1848), Tournai, Alost (1855), Bruxelles (1866), Blaton (1878) et Saint-Ghislain (1879).

Le canal Blaton-Ath (reliant celui de Mons-Pommeroeul-Antoing à celui de la Dendre) fut mis en service en 1865, favorisant le transport du charbon vers le nord.

A proximité du canal, apparurent en 1871 une sucrerie et des entrepôts.

Les tramways circulèrent de 1903 à 1957 vers Flobecq et Frasnes.

On atteignit une nouvelle apogée, accompagnée de la construction de cités ouvrières, d’une école communale, d’un Athénée. On réaménagea la voirie, les places, les parcs. La Dendre fut détournée, couverte et canalisée.

XXème siècle siècle

Cette prospérité fut freinée par la première guerre mondiale (1914-1918). La crise économique qui suivit fit disparaître les industries du meuble, du textile et de l’agro-alimentaire. Ath devint après la deuxième guerre mondiale (1939-1945) une ville de commerce et de services. Il reste une usine chimique, la Floridienne.

Deux zones industrielles sont créées, une au nord et l’autre à Ghislenghien-Meslin l’Evêque.

Une autoroute Bruxelles-Tournai-Lille fut construite.

Répartition des pouvoirs pendant la période contemporaine (à partir de 1830)
  • Etat: Belgique
  • Province: Hainaut
  • Arrondissement administratif : Ath
  • Arrondissement judiciaire : Tournai
  • Canton: Ath
  • En 1977, la ville s’est agrandie par la fusion de 18 communes.
Patrimoine

La Tour Burbant

Monument le plus ancien d’Ath, il s’agit du donjon du château construit en 1166 à l’initiative du comte Baudouin VI de Hainaut. En 1185, il fut entouré d’une enceinte délimitant une cour (20 ares) autour du donjon. Celui-ci avait pour modèle les tours normandes carrées de l’époque. L’accès s’y faisait par la porte du premier étage, accessible par une structure escamotable.

Une deuxième enceinte lui a été accolée au XIIIème siècle. A cette époque, le château était le siège de la châtellenie (supra).

Au XIVème siècle et dans les siècles suivants, des bâtiments lui furent annexés, notamment pour servir de résidence aux gouverneurs de la ville. Au XVIIIème, une partie des bâtiments servit d’arsenal, avant d’être rasés en 1788. D’autres bâtiment furent démolis au début du XXème siècle. A travers les siècles, le donjon fut l’objet de réaménagements et de restaurations diverses. L’architecte montois Jacques Dubroeucq dessina les plans d’un pavillon au sommet. Celui-ci, en ruines, fut démoli en 1828 et remplacé vers 1900 par une plate-forme. Le donjon servit, selon les époques, de résidence pour les châtelains, de celliers, de prisons.

Enceinte médiévale

La première date de 1330-1350. Elle englobait le château, le marché et le bourg. Elle comportait trois portes (du moulin, de Brantignies, du Gadre). A la fin du même siècle, elle fut agrandie et comporta deux nouvelles portes (Enghien, Pintamont). Il reste peu de vestiges de cette muraille (arrière des maisons bâties le long de l’Esplanade).

Dès 1668, Vauban, l’architecte-stratège de Louis XIV, redessina le plan des fortifications pour donner au bourg une forme octogonale avec huit bastions. Trois nouvelles portes sont bâties : Mons, Tournai, Bruxelles. Les sièges suivants et particulièrement celui de 1745 vont entraîner de lourds dommages. Cette année-là, Louis XV fit démanteler les défenses en partie, œuvre qui sera reprise aussi par l’empereur Joseph II vers 1780.

Il faut attendre les années hollandaises (1815-1826) pour voir une restauration. Un fort fut même construit sur le Mont Féron. Des fouilles ont été réalisées en 2015 sur le site de l’ancienne sucrerie contigu à une place d’armes d’époque hollandaise (I. Deramaix, SPW). 

Enfin, en 1854, pour agrandir la ville, on démolit ce qui restait de fortifications. Il ne reste aujourd’hui que le bastion de Flandre, le pont à la Herse, quelques éléments de la Porte de Bruxelles, une partie des casemates du Mont Féron.

L’Hôtel de Ville, 1614-1624, dû à l’initiative du maïeur Jean Zuallart, proche des archiducs Albert et Isabelle, dont l’architecte officiel, Wenceslas Coebergher, dessina les plans. Frontispice baroque.

L’église Saint-Julien

Il existait un oratoire dédié à Saint-Julien de Brioude, martyr du IVème siècle) dans le premier village d’Ath (Vieux-Ath) dès le XIème siècle (probablement déjà avant). Avec la création de la “ville neuve” par le comte Baudouin VI il se retrouva hors des murs. A la demande des paroissiens du bourg, une nouvelle église fut construite en style gothique entre 1395 et 1415, celle-ci. On lui adjoignit une tour et une flèche en 1462-1465.

Des tempêtes et des orages se sont acharné sur l’édifice à plusieurs reprises (1606, 1612, 1705, 1791, 1799, 1817, 1951, 2001), nécessitant des réparations diverses.

La flèche a aujourd’hui disparu. Subsistent du bâtiment médiéval : la tour, la façade occidentale et la structure du chœur. Le reste fut reconstruit entre 1819 et 1822 en style néoclassique. L’église est riche d’un carillon de 43 cloches, auteur de concerts. Elle abrite de nombreuses œuvres d’art (trésor sacré, peintures de Van Cleef, Ducorron, Mathieu, Hanneton).

Eglise Saint-Martin

La paroisse de Brantignies appartenait à l’abbaye Saint-Martin de Tournai depuis 1126. Elle y fit construire une église dédiée à Martin de Tours. Hors des murs, elle eut à subir les affres des guerres, celle de Louis XI en 1477 et celle des calvinistes en 1578. On la reconstruisit dans l’intra-muros en 1585-1603. Elle fut endommagée par les foudres révolutionnaires quand elle fut transformée en temple de la déesse Raison en 1796 avant de retrouver sa fonction première sous le Consulat de Napoléon.

Elle fut restaurée à plusieurs reprises, notamment à la fin du XXème siècle. Elle abrite une horloge du XVème siècle et lui est contigu un calvaire avec une Mise au Tombeau (1480-1520). Celui-ci date de 1754, bâti à l’initiative de la confrérie de la Passion.

Chapelle Notre-Dame de Lorette

Bâtie par Jean Gobert, un bourgeois athois du XVIème siècle. Abandonnée lors de la révolution, elle tomba en ruine et fut reconstruite en 1903. On y voit une Vierge à l’Enfant en bois polychrome du XVIème.

Chateau Bourlu, hôtel de maître du XVIIIème (1767-1773), de style Louis XV-XVI. Il tient son nom de la « Tour bourlue » qui se trouvait sur le rempart du XIVème à cet endroit. Aujourd’hui Justice de Paix.

Maison du Lombard (rue du Spectacle). Le bâtiment, construit au XIIIème, reconstruit au XVIème, fut démoli en 1953. Il en reste la façade d’entrée.

Maison « Espagnole » (Grand-Place), bâtie en 1564, démolie en 1963. La façade fut reconstruite à l’identique.

Les refuges d’abbaye :

  • De Ghislenghien (rue Haute), construit en 1535, acheté en 1645 par les bénédictines de l’abbaye à la famille de Jauche. Vendu comme bien national lors de la Révolution. Acheté par le maire d’Ath, Pierre Hannecart, en 1818. Il reste dans la famille de sa fille jusqu’en 1952, lorsqu’il est acheté par un commerçant qui en fait des appartements. On put sauver la façade en la classant en 1956. Le bâtiment fut acquis par la ville en 2004. Malheureusement, il fut endommagé par les bombardements de 1944.
  • De Saint-Martin de Tournai. Celui-ci fut construit en 1780 à la place de petites bâtisses appartenant aux moines. Vaste édifice Louis XVI. Occupé plus tard par un notaire, puis par une école et aujourd’hui un commerce.
  • De l’abbaye de Cambron, 1676, reconstruit en partie au XVIIIème. Occupé par la gendarmerie de 1797 à 1914. En 1929, Georges Empain en fut un entrepôt de denrées coloniales. Il fut ensuit affecté à des garages et mutilé.
  • De l’abbaye de Liessies (rue des Récollets). Louis XIV y a séjourné. Le bâtiment le plus ancien est du XVIème. Il fut plusieurs fois modifié. Tribunal de 1794 à 1795, il fut vendu comme bien national. Un enseignement, le Collège de Liessies, s’y installa en 1837.

Les musées d’Ath

La ducasse d’Ath

Elle fait suite à une fête religieuse avec procession qui avait lieu annuellement le 28 août à la Saint-Julien depuis la fondation de l’église. Elle mettait en scène les diverses confréries de la ville, dont les géants étaient leurs attributs symboliques. On y faisait des représentations de récits bibliques.

En 1819, la fête religieuse se mua en fête laïque et organisée dès lors le le 4ème dimanche d’août.

Le géant Goliath apparut déjà en 1481. On commença à le marier annuellement à partir de 1715 avec Madame Goliath. Dans le cortège sont apparus ensuite l’Aigle à deux têtes (XVIIème), Ambiorix, Mademoiselle Victoire (symbole de la ville depuis 1793), le cheval Bayard et les quatre fils Aymon.

http://www.ath.be/loisirs/folklore/ducasse-dath/historique 

Bibliographie

Le patrimoine d’Ath, Isabelle Deramaix et Adrien Dupont, Carnet du Patrimoine n°59, IPW

 

3 réflexions au sujet de « Ath »

  1. ouf…MAGNIFIQUE bon en arrière j’ai adoré et Ath jamais un seul instant je n’aurait crû cette ville importante et pourtant elle fut le tournant et témoin de bien de choses importantes un grand merci à vous

    1. Oui, la ville reste un centre commercial et culturel très agréable, digne de ses évolutions aux travers de sa riche histoire! Une chose manque peut-être, ce serait une carte renseignant le passage de la Dendre orientale au travers de la ville, expliquant la raison du nom de certaines rues comme la rue de Dendre, le quai St Jacques… Petit, j’en ai encore connu des vestiges dont il ne reste plus que l’ancien lit passant sous la rue Cambron. Ensuite, je me rappelle très bien la découverte d’anciennes embarcations lors du creusement du large de Pommereuil dans l’ancien lit de la Haine, fin des années 1960. Je m’y étais rendu et je me suis toujours posé la question de savoir pourquoi elles ont atterri à Ath, qui en est quand même assez éloignée. Ce n’est pas une critique, mais la raison m’échappe.
      Bravo pour le travail accompli.

      1. En ce qui concerne les barques, c’était peut-être le musée archéologique le plus proche pouvant se le permettre. Cà aurait pu être aussi Aubechies ou Tournai.

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