Audregnies

Entité communale de Quiévrain

Le territoire

Superficie: 583ha

Altitude: de 40 m (rivière à la sortie du village) à 110 m (plateau à l’est du village)

Situation géographique : Audregnies est situé dans la vallée de la Haine, sur sa rive gauche, là où commence la pente vers le plateau du Haut-Pays. Le noyau originel du village s’est constitué sur le versant est du vallon créé par la Petite Honelle qui le traverse du sud au nord.

Cours d’eau : la Petite Honnelle et quelques ruisseaux affluents (dans le bois au sud-est du village):

  • Le ruisseau des Carrières (ou de la Basse-Boulogne) à la limite de Montignies-sur-Roc
  • Le ruisseau du Bois (ou de la Bonne Fontaine) à travers le bois,
  • Le ruisseau (Rieu) Marion (Grand Flatry)
  • Un ruisseau descendant du champ de la Cambuse (derrière le Foyer Notre-Dame)

Paysage préhistorique (après la dernière période glaciaire) : boisé, avec quelques clairières humides de part et d’autre de la Honnelle.

Nature du sol : limoneux

Nature du sous-sol : grès, pierre calcaire, houille

Préhistoire

Néolithique (Homo Sapiens) :

On a trouvé, au XIXème siècle, sur le territoire d’Audregnies, des outils en silex poli datant du néolithique. Sans précision.

Antiquité gallo-romaine

La chaussée romaine Bavay-Blicquy-Flandre traverse le territoire de la commune du sud au nord. Charles Debove, au XIXème, y aurait découvert des vestiges d’aqueduc (tuyaux en terre cuite) qui amenait l’eau de source de Wihéries (Champ de la Noire Guélène). Il daterait de l’époque des Antonins (96-192). Il se situait dans le talus de la route d’Audregnies à Elouges, du côté opposé à l’angle qui termine l’ancien monastère des Trinitaires, à un mètre de profondeur.

Albert Glineur (1885-1972) découvrit des objets d’époque romaine (épingles, poteries, vestiges d’aqueduc). Pas de précision sur l’endroit.

En 1964, des fermiers découvrirent au « champ du Moulin-à-Vent » (Maison Mathias, à proximité de la voie romaine) d’autres objets gallo-romains (poteries, lampes à huile, tuiles rouges disposées en coffrage, pièces de monnaie).

Des éléments souterrains, près du Pont, et en direction de l’église, pourraient dater aussi de cette époque. Probables dépôts de grains et de vivres, ou endroits de retraite en cas de danger.

Ces auteurs en ont conclu qu’un établissement était situé près de cette zone où se croisaient la chaussée romaine et la rivière. Il n’est pas impossible que ce fut une villa au vu des éléments découverts (notamment l’aqueduc).

Des prospections plus systématiques ont été réalisées plus récemment en 2007 (http://spw.wallonie.be/dgo4/site_caw/index.php/recherche#resultat).Les archéologues évoquaient plutôt deux zones d’occupation gallo-romaine entre la fin du Ier et le IIIème siècle.

Zone 1 – objets trouvés :

  • fragments de tegulae et tessons (= construction)
  • sesterces de Trajan
  • fibule en cuivre de type tutulus (en usage entre 70/80 et 150)
  • fragments de récipients en terre sigillée venant de la gaule centrale v.70-120
  • fragments d’une amphore, d’une cruche (II-IIIème) pareille à celles fabriquées à Famars au IIème siècle
  • fragments de plat en céramique provenant de l’atelier des Rues-des-Vignes, type Blicquy 5 (II-IIIème)
  • fragments de mortier, d’assiette, de jatte (type celles de la partie méridionale de la cité des Nerviens, seconde moitié II et III – Cambraisis, Bavay-Famars)

Zone 2 (à 200m de zone 1): tessons de céramique de Gaule centrale (IIème), d’un atelier des Rues-des-Vignes près de cambrai (IIème-IIIème), d’un autre de Bavay ou de Famars (II-III)

Aussi : des rognons de silex naturel, grattoir sur éclat mince (d’origine préhistorique).

Premier Moyen-Age (période franque mérovingienne et carolingienne)

A ma connaissance, aucun indice n’a été décrit pour cette période, mais le nom du village à connotation germanique permettrait d’évoquer qu’un habitat, peut-être isolé, y fut constitué. D’autant plus qu’à Wihéries et Elouges, il existait alors une communauté franque d’une certaine importance.

Deuxième Moyen-Age – le village

Première mention: 965

Toponymie (anciennes orthographes) :

  • Aldriniae (965, d’après original du XIème s), première mention
  • Aldreneias (1091)
  • Aldernia (1119)
  • Aldrineiis (1119)
  • Aldrinee (1181)
  • Daudergnies (1186)
  • Aldrineus (1190)
  • Aldreneis (1126)
  • Daudernies (1181, charte du Pape Lucius, confirmant à l’église de Cambrai la possession de ses biens)
  • Audernies (1181)
  • Audrenies (1194)
  • Aldregnies (1210)
  • Audregnies (1212)
  • Audreignies (1221)
  • Andrignie (1245)
  • Audregniez (1254, bulle du Pape Innocent IV)
  • Audrignies (1262, Bulle du Pape Urbain III)
  • Daudrenies (1557)

Etymologie (hypothèses d’origine du nom) :

Ce nom pourrait correspondre à :

  • Alda-har-iniaie-as = « Terre de Halda-hari », soit un domaine franc nommé Alda-hari (alda : vieux) (harja = heer)
  • Audergnatus proviendrait du nom d’un ancien roi de Bavay (légendaire).
  • Ander – Andrinus, seigneur qui aurait donné son nom au village
  • Ouder = ancien (germanique, Hocq)

Epoque de son apparition: entre le Xème et le XIIème siècle

Facteurs ayant favorisé son émergence :

voies de communication: la chaussée romaine antique. Sur le territoire de Baisieux, en direction d’Elouges, passa au Moyen-Age le “Vieux chemin de Valenciennes à Binche”. Il est probable aussi qu’un autre chemin (ou sentir) reliait Roisin à ce chemin en passant par Angre, Audregnies et Elouges.

sources d’eau ou cours d’eau: la Honelle et ses ruisseaux

source de bois: une grande partie du territoire était boisé à l’origine. Il en reste un vestige au sud du village (bois d’Audregnies).

proximité d’un lieu de pouvoir: le château seigneurial, dont on ne sait s’il est apparu avant ou après la constitution du village

Paroisse dédiée à Saint-André. Elle fut à l’origine une dépendance de celle de Montignies-sur-Roc. Elle n’obtint son indépendance qu’en 1801. Un presbytère fut alors construit (Place, n°55). Il fut transféré en 1865 à la rue de l’Eglise.

Evêché: de Cambrai (jusqu’en 1804), puis de Tournai ensuite

Décanat/doyenné: Bavay, puis Dour

Autel (dîmes, entretien de l’église, nomination des officiants) donné au chapitre épiscopal de Cambrai.  Ce qui a été confirmé en 1181 par un acte du pape Lucius. La paroisse fut mise sous le contrôle des Trinitaires (infra) qui y prélevèrent la dîme de 1220 à 1783. Par la suite le curé releva directement du chapitre épiscopal de Cambrai, jusqu’à ce que les paroisses belges passent en 1801 (Concordat de Napoléon) à celui de Tournai et au décanat de Dour.

Répartition des pouvoirs pendant la période féodale

Autorité supérieure: comté de Hainaut

Autorité sous-jacente (administrative et judiciaire): prévôté de Mons

Seigneuries et fiefs

Le territoire, pendant la période féodale, était partagé entre plusieurs propriétaires. Pour un territoire villageois relativement peu étendu, cela faisait des petits domaines. On distingua :

  • la seigneurie principale – description infra
  • Un franc-alleu existait à l’est en direction d’Elouges. Il s’agissait de terres sans château. On en connait quelques familles propriétaires :
    • Famille de Quiévrain, vers 1400
    • Sivry de Bruath, Maubeuge (1500)
    • Monaldy, espagnols (Cambrai)
    • Butron y Mexico
  • Les possessions d’abbayes:
    • Deux terres appartenaient en 1473 à l’abbaye Saint-André du Cateau
      • Une comportait une ferme-villa qui appartenait à l’évêque Liébert de Cambrai (1051-1076) et dont on fit don à l’abbaye lors de la création de celle-ci en 1091. En 1256, un échevin d’Audregnies, faisait fonction de maïeur pour ces terres. On situe la couture de St-André sur le Camp d’Onnezies. Elle fut démolie au XVIIIème siècle.
      • Une autre ferme, mentionnée au XVème siècle. L’abbé Maur et les religieux de St-André s’y réfugièrent en décembre 1791, fuyant les révolutionnaires qui les avaient dépouillés de leurs biens. Ils se dispersèrent ensuite. Certains allèrent à St-Denis-en-Broqueroie, puis plus tard à Villers-la-Ville. La ferme fut vendue à titre de bien national en 1796. Différentes familles s’y succédèrent ensuite. Elle est encore située à la rue de Montignies. La chapelle St-André fut déplacée vers le Nord lors de la construction du chemin-de-fer Dour-Roisin. Des annexes au sud furent démolies à cette époque.
  • Une terre (d’au moins 15 manses) avec cour et courtils (ferme) appartenant à l’abbaye de Saint-Ghislain depuis au moins le Xème siècle (selon une charte de l’empereur Othon I en 965 énumérant les biens de l’abbaye, refondée vers 925). Une autre charte du Pape Gélase en 1118 mentionnait que l’abbé de St-Ghislain possédait une ferme seigneuriale avec ferme et courtils. Cette terre de St-Ghislain s’appelait « Champ de St-Germain ou couture de St-Germain » (1410) et était située sur le Champ de l’Enfer (croisement de la rue du Calvaire et du chemin de Wihéries). Elle possédait aussi des biens à la rue de la Ville, autrefois appelée rue de St-Ghislain. A la fin de l’ancien régime, St-Ghislain était encore propriétaire à Audregnies. Il y avait là le Moulin de Planches au XIXème siècle, qui fut démoli en 1870. Pour rappel, tout le village de Wihéries et un partie du village d’Elouges appartenaient à l’abbaye de Saint-Ghislain.
  • Une terre appartenait à l’abbaye de Crespin. On trouve confirmation de la propriété de ces terres sous l’abbé Algot (1132-1159). L’abbé Gobert (1182-1183) arbitra un conflit entre l’abbé de St-Ghislain et le chapitre Notre-Dame de Cambrai au sujet des dîmes d’Audregnies et d’Elouges. Les biens de l’abbaye de Crespin sur le territoire d’Audregnies furent administrés par l’abbé de Crespin jusqu’en 1464. Des moines fermiers en assuraient l’exploitation. Par la suite, des civils continuèrent cette œuvre, devant la dîme et les rentes à l’abbé. Dès 1787, les moines commencèrent à fractionner leurs terres et à les vendre à des particuliers. Tous ces biens d’abbayes furent vendus comme biens publics en 1796.
  • Des petits fiefs ayant appartenu, selon les époques, à des familles ou personnages, et qui sont soit une terre isolée, soit une ferme avec terres :
    • deux fiefs mouvants relevant de la terre de Quiévrain, dont un à Simon de Quiévrain, écuyer de Baisieux et un à son frère Jean de Quiévrain, près du moulin
    • un fief à Jacques d’Audregnies
    • le fief « le Fayaux » (1435)
    • le fief de Guillaume Bauduin (1435)
    • la tenance de Jacques Lefebvre (1499)
    • la tenance de Ciply (1524)
    • la Fontaine du Maréchal
    • fief de Forest

La seigneurie principale

Elle occupait le centre du village, autour de la Place qui servait de pâturages (wareschaix) pour les fermiers. Elle avait un château-fort, que l’on situe sur l’emplacement de la Claire Fontaine et que l’on pense avoir été construit vers 1190. Ce domaine était un franc alleu. Il appartenait à une famille locale, riche propriétaire, qui obtint d’y exercer les droits féodaux (cens, taxes, imposition de corvées) sur tous les habitants du domaine, qu’ils fussent libres (manants) ou non (serfs). Il comprenait le village à clocher (avec son église), le château, les services banaux (moulin, brasserie, …), des terres labourables, des pâturages, des bois, un verger. A travers les siècles, les seigneurs d’Audregnies y exercèrent la justice (haute, moyenne, basse). De nombreuses familles se sont succédé à la tête de ce domaine.

Famille d’Audregnies

On sait peu de choses de celle-ci. Propriétaire du domaine, on ne sait quand elle fut investie des droits féodaux. Elle ne semble pas connue comme ayant fréquenté les comtes, comme barons par exemple. Ce que l’on sait, c’est qu’au milieu du XIIème siècle, la dernière descendante, héritière du domaine, Hildetrude d’Audregnies (v1115- ?) épousa, Allard de Strépy, seigneur de Harchies, Ville et Pommeroeul, un baron important au service des comtes de Hainaut.

Famille de Strépy (à qui on donne parfois les noms de « Harchies » ou de « Ville » – cette dernière appellation persiste dans le nom d’une rue)

Allard III de Strépy (v1110/1120-apr1150) devint seigneur d’Audregnies par mariage avec Hildetrude d’Audregnies aux environs de 1135, à l’époque du comte Baudouin IV de Hainaut. Lui succédèrent :

  • Baudouin III de Strépy (1140-v1200), leur fils, qui fit peut-être fortifier la résidence précédente. Il fut également au service des comtes Baudouin V et VI.
  • Allard IV de Strépy (v1170-apr1224/1234), fils du précédent. L’exemple type du preux chevalier qui participa à la quatrième croisade (avec le comte Baudouin VI « de Constantinople »), à des guerres contre l’Angleterre (au service du roi de France Philippe-Auguste), ainsi qu’à la croisade contre les cathares albigeois (au service de Simon de Montfort). Il ajoutait à ce tempérament la noblesse de cœur, puisque c’est lui qui favorisa l’implantation à Audregnies en 1220 du monastère des Trinitaires (voir paragraphe « patrimoine »).
  • Gérard 1er de Strépy (ou Allard dit « Gérard ») (v1220/1230- apr.1265), fils du précédent
  • Arnould I de Strépy (v1240- ?), fils du précédent. Son fils aîné Arnould II hérita du domaine de Harchies, tandis que le cadet Gérard fut investi des domaines d’Audregnies, Ville, Pommeroeul et Hautrage.
  • Gérard II de Strépy (v1275- 1366), fils du précédent. Il procéda lui aussi à un démembrement de ses possessions entre ses deux fils, puisqu’il fit donation d’Audregnies à Guillaume et des autres seigneuries à Gérard.
  • Guillaume de Strépy « de Ville » (v1310-1389), fils du précédent. Toujours au service des comtes, celui-ci devint même bailli de Hainaut.
  • Jean de Strépy “de Ville”( v1335/1339- ?), fils aîné du précédent, mort sans postérité.
  • Gérard III de Strépy « de Ville » (v1340-1417), frère cadet du précédent
  • Quentin de Strépy « de Ville »  (v1370-v1428, Valenciennes), fils du précédent. Il n’eut qu’une fille, Jeanne, qui hérita du domaine.

Famille de Lannoy

Lannoy est un village de la Flandre gallicane, situé entre Lille et Roubaix.

Antoine de Lannoy (v1397/1412, Valenciennes – apr1476, Valenciennes) était seigneur de Lannoy, de Senzeille et d’autres lieux. Il devint par mariage avec Jeanne de Strépy « Ville » seigneur d’Audregnies. Lui et ses successeurs étaient au service des ducs de Bourgogne, pour qui ils exercèrent des fonctions politiques (prévôt du Château-le-Comte à Valenciennes, chambellan et premier maître d’hôtel) et militaires. Lui succédèrent :

  • Jean III de Lannoy « le bâtisseur » (1428, Cambrai – 1498), leur fils
  • Jean IV de Lannoy (1460/65-1525), fils du précédent. Il se maria deux fois, eut plusieurs enfants, dont Louise qui hérita du domaine d’Audregnies.

Famille de Revel

Nous ne savons pas l’origine de cette famille. Il existe une ville de Revel en Haute-Garonne. Y-a-t-il un lien ?

Louis de Revel ( ?-1549) était déjà seigneur de Saint-Hilaire et de Buvignies ( ?). Il devint seigneur d’Audregnies après avoir épousé Louise de Lannoy ( ?-1554). Il fut au service de Charles Quint, de sa sœur Marie de Hongrie et ensuite de Philippe II. Il fut également gouverneur de la citadelle de Bouchain. Le couple fut inhumé dans l’église d’Audregnies.

Charles de Revel (1549-v1580), leur fils. Dans les conflits religieux de son époque, il prit le parti de Guillaume d’Orange contre le roi d’Espagne. Il signa en 1566 le « Compromis des Nobles », ce qui lui valut de voir tous ses biens confisquée par le duc d’Albe. Criblé de dettes, il mourut à l’étranger, sans descendance. Sa sœur Guillemette hérita d’Audregnies.

Famille de Roisin

Cette puissante famille approche de son extinction au moment où elle acquiert Audregnies. Il s’agit en l’occurence de Baudry XV de Roisin ( ?-1545), déjà seigneur de Roisin, de Meaurain, de la Flamengrie et d’Angre. Il le devint également pour Audregnies en épousant Guillemette de Revel.

Baudry XVI de Roisin ( ?-1607), leur fils, épousa Eléonore, fille de Jean de Hénin-Liétard, comte de Boussu. Leurs trois enfants les précédèrent dans la tombe. Exit le nom de Roisin. La majorité de leurs domaines revinrent à une branche cadette issue de Jacqueline de Roisin, sœur de Baudry XV, décédée entre-temps, mais dont les descendants firent passer l’héritage dans la famille de la Tramerie. Audregnies n’y resta pas.

D’Adrien de Montigny (fin XVIème)

Familles diverses

Vincent de Mainsent leur acheta en 1607 la seigneurie d’Audregnies. Il était le frère d’Etienne Mainsent, seigneur de Montignies-sur-Roc et d’Onnezies, conseiller à la ville de Mons. Il épousa Françoise Pottier, dont il eut une fille, Yolenthe de Mainsent. La seigneurie fut tenue par un bailli, Jean-Laurent de Prémontaulx ( ?-1627), également échevin et bailli à Chièvres.

Pierre-Antoine de Béthencourt  (1627-1657). C’est par son mariage avec Yolenthe de Mainsent qu’il devint seigneur d’Audregnies. Il était commandant du château-fort de Courtrai. Ils ont également été inhumés en l’église d’Audregnies.

Séverin de Bethencourt (1657-1693, Louvain), leur fils, fut député des Etats du Hainaut, maréchal de camp de cavalerie des armées du roi d’Espagne pendant les guerres d’invasion de Louis XIV. Séverin de Bethencourt  légua tous ses biens à son ami Antoine Chrétien de Chasteler, seigneur de Moulbaix, qui ne put éviter des procès avec les héritiers légaux. Il conserva le château d’Audregnies, mais n’y porta pas grand intérêt. En 1699, il vendit la seigneurie d’Audregnies à Eustache Fontaine (1652, Montignies-lez-Lens – 1721/1724, Audregnies), son bailli et ami personnel, qui l’avait d’ailleurs été aussi pour Séverin. Eustache y vivait d’ailleurs en locataire depuis 1689 avant de l’acheter. Il est aussi inhumé dans l’église. Ses héritiers revendirent la seigneurie aux Baillencourt.

Maison de Baillencourt

Charles François de Bailliencourt dit « Courcol » » (1670, Mons-1736, Mons) était chevalier, comte de Bailliencourt, vicomte de Witres et Norhout. Il acheta Audregnies vers 1724. Il fut aussi officier supérieur dans les armées impériales autrichiennes, député du Hainaut en 1725 et prévôt de Mons de 1728 à 1732.

Son fils Charles Joseph Alexandre Hyacinthe Janvier de Baillencourt (1707-1779, Audregnies) lui succéda pour les mêmes domaines et les mêmes titres. Il fut aussi membre des Etats du Hainaut, prévôt de Mons et conseiller. Il mourut sans postérité. A sa mort, la seigneurie resta en vacance de pouvoir. Un litige opposa les habitants d’Audregnies à son exécuteur testamentaire, notamment parce que ceux-ci ne payaient plus le droit de chapon-pouillage.

Famille de la Barre

Emmanuel Joseph de la Barre (1736-1793) était comte d’Erquelinnes, seigneur de Maurage et de Quevaucamps. Il ajouta Audregnies à ses possessions en achetant la seigneurie. A la fin de sa vie, il vit déferler les Révolutionnaires Français qui abolirent ses droits seigneuriaux.

Carte de Ferraris (XVIIIème)
La commune

Un corps échevinal d’Audregnies est attesté dès 1265. Il s’agissait d’un mayeur héréditaire dont la fonction était relevée en fief de l’abbaye de St-André du Cateau, c’est-à-dire qu’il occupait et gérait les biens de celle-ci sur le territoire d’Audregnies. La commune possédait la place publique (Grand Trieu). C’était un wareschaix (ou waressaix) qui servait de pâturages pour les animaux des habitants, ainsi que des terres diverses. Une maison communale fut construite au nord-ouest de la Place.

Il y eut souvent des conflits entre les seigneurs et les habitants d’Audregnies à propos du Grand Trieu (la place), le premier la revendiquant comme place publique pour la haute justice et les seconds pour y faire paître leurs troupeaux. Ainsi le dernier comte de Baillencourt y fit établir un pilori que les habitants détruisirent une nuit. Ce fut peu de temps avant la Révolution Française. Ce pilori était situé le long du sentier qui conduisait du Calvaire à la ruelle Baron (actuel chemin de Wihéries). Il était constitué d’un socle en pierre, surmonté d’une colonne de pierre sur laquelle on attachait le carcan. Le socle a seulement disparu en 1948 pour y aménager le quai des vicinaux.

Période française (1794-1814)

Fin de l’Ancien Régime féodal en 1794

Département: Jemappes

Canton: Dour

Répartition des pouvoirs pendant la période contemporaine (à partir de 1814)
  • Etat: Royaume des Pays-Bas (1814-1830), puis Royaume de Belgique
  • Province: Hainaut
  • Arrondissement administratif: Mons
  • Arrondissement judiciaire: Mons
  • Canton: Dour
  • Entité communale depuis 1977: Quiévrain

Après la bataille de Waterloo, Audregnies, qui appartenait au canton de Dour, fut rattaché avec celui-ci à la France, selon le traité de Paris du 30 mai 1814. Mais le second Traité de Paris de 1815 redonna aux Pays-Bas les territoires situés au sud de la ligne Mons-Charleroi-Dinant, soit les régions de Quiévrain, Philippeville, Mariembourg, Chimay, Bouillon.

En 1816, Audregnies dépendait de la brigade de la maréchaussée du canton de Boussu. Le village possédait une garde communale active, une garde civique et une police qui était assurée par le bourgmestre assisté d’un garde-champêtre. En cas de trouble, il pouvait requérir la garde civique.

Evènements et faits marquants sur le sol de la commune

En 1554, le château fut assiégé et endommagé par les troupes françaises du roi Henri II (controversé). De nouvelles occupations françaises eurent lieu entre 1634 et 1654, en 1709, et encore en 1745. Les révolutionnaires incendièrent le château en 1792.

La guerre 1914-1918

Le 24 août 1914 vit se dérouler la « bataille d’Audregnies » qui s’inscrivait en fait dans celle de Mons, quand un corps expéditionnaire anglais tentait de résister à l’avancée allemande. Cet épisode dura trois heures dans la campagne entre Quiévrain, Thulin, Elouges et Audregnies.

La bataille d’Audregnies (auteur?)

Les Anglais, plus faibles, durent battre en retraite vers Paris par Bavai, Le Cateau, St-Quentin et Meaux. Les blessés furent amenés au couvent des Sœurs Bernardines. Cette bataille fit 42 morts et 180 blessés. Les Allemands pénètrent dans les villages où ils firent de nombreux prisonniers qui furent déportés (500 à Quiévrain). Entre-temps, une partie de la population s’était enfuie vers le Nord de la France. La plupart regagnèrent leur domicile après deux semaines, hormis quelques-uns qui gagnèrent le sud de la France et y attendirent la fin de la guerre.

Puis ce fut l’occupation, avec son lot de vexations, de réquisitions et de déportations. Une Kommandantur s’installa au n°55 de la Place (actuelle maison Ghaye).  Le 26 octobre 1916, tous les hommes valides de 16 à 60 ans durent se rendre au Contrôle à Quiévrain, devant une commission allemande. La plupart furent déportés vers Locquignol (France) et Münster (Westphalie). Le village hébergeait des hommes qui venaient du front pour s’y reposer. Des exercices de tirs avaient lieu dans la campagne entre Audregnies et Baisieux. Le couvre-feu était installé entre 18 et 8hoo.

Dès la fin septembre 1918, les bruits de guerre se rapprochèrent avec le recul allemand. Des deux dépôts de munitions installés sur le territoire, celui du château Duquesne sur la chaussée explosa début novembre. Le 5 novembre, Audregnies fut bombardée intensément durant 36 heures. Ce qui sera suivi de l’arrivée du corps expéditionnaire canadien le 7 novembre, entré la veille en Belgique par Marchipont.

Le 11 novembre, la guerre était finie. Des troupes anglaises furent encore cantonnées dans le village jusqu’au début de 1919. Des déportés, certains rentrèrent, d’autres pas… Il en fut de même de soldats actifs sur le front de l’Yser.

Un monument en pierre, surmonté d’un soldat blessé, est érigé dans l’enceinte du vieux cimetière près de l’église, à la mémoire des Audregniens qui ont perdu la vie durant cette guerre. Leurs noms y figurent. On y ajoutera les victimes de la seconde guerre.

La seconde guerre mondiale

Entre l’invasion le 10 mai et la reddition le 18 mai, quelques convois français traversèrent la région, et notamment Audregnies, en venant d’Angre vers Elouges, ou le long de la chaussée Brunehaut. Dans l’autre sens, passaient des réfugiés du Centre et du Namurois qui évacuaient vers la France. La population locale les suivit à partir du 18 mai. La plupart des évacués n’iront pas plus loin que Cambrai, Arras et Douai. Ils seront de retour dès la fin du mois. Des combattants de la première heure, certains furent libérés et purent regagner le village. D’autres furent dirigés vers l’Allemagne pour y être mis au travail forcé.

Et commença une nouvelle occupation avec son cortège de réquisitions, brimades et frustrations. On rationna la nourriture. Il fallut se résoudre au marché noir.  Lorsqu’en juillet 1941 des agents à la solde des Allemands recrutèrent pour une brigade wallonne, un Audregnien s’y engagea. De nouvelles déportations eurent lieu en mars 1943 pour les plus jeunes.

Lors des bombardements alliés de mai 1944, notamment sur la gare de St-Ghislain, de nombreux réfugiés arrivèrent. Il fallut cependant attendre le début septembre pour voir passer les troupes allemandes en retraite, poursuivies par les bombardements alliés. Elles descendaient de Bavai via la chaussée Brunehaut le 2 septembre. Une colonne fut attaquée à hauteur du cimetière d’Angre par les milices de Résistants, qui continuèrent leurs tiraillements dans les jours suivants. Le 3 septembre, les chars américains étaient au St-Homme à Thulin. Audregnies fut libérée le 5 septembre.

L’économie

L’environnement, fait de terres fertiles et de pâturages, a favorisé avant tout les activités agricoles.On l’a vu plus haut, de grosses fermes, appartenant à diverses abbayes virent le jour. Ce fut aussi le cas de la ferme-château des premiers seigneurs du village et peut-être d’autres confiées à des tenanciers. Après la Révolution Française, ces terres ecclésiastiques furent revendues à des particuliers qui les morcelèrent au fur-et-à-mesure des héritages. Le nombre de fermes se multiplia encore durant le XIXème et le XXème siècle. Les cultures principales étaient :

  • les céréales : le blé surtout, mais aussi le seigle, l’escourgeon et l’orge (pour les brasseries), l’avoine et le maïs
  • les légumineuses (nourriture pour les chevaux, et plus tard pour l’industrie : les petits pois)
  • les betteraves sucrières (dès 1845) et fourragères
  • le lin et le colza
  • le tabac (jusqu’en 1900 surtout)
  • la chicorée

L’élevage avait aussi son importance :

  • bovin principalement
  • ovin jusqu’en 1890
  • chevalin (jusqu’au XIXème)
  • canards

Des activités liées à l’agriculture apparurent :

  • les moulins
    • le moulin banal à eau du château-fort, datant du XIIème siècle. Il fut acheté par François Demarez en 1816.. D’autres meuniers lui succèderont jusqu’aux environs de 1900 où il fut abandonné.
    • le moulin à vent tordoir. Il pressait les graines de lin et de colza pour en faire de l’huile grasse (pour l’éclairage et l’usage domestique). Il fut édifié sur le « Champ du moulin à vent » en 1502, le long du chemin qui va d’Audregnies à Thulin (Voie Moneresse). Il semble ne pas avoir fonctionné au-delà du XVIIème.
    • le moulin à vent « de briques » (Moulin Moustache) sur le champ d’Elouges, au chemin de l’Avaleresse. Il en reste une partie aujourd’hui. Plus tardif, il fut probablement construit vers 1830 et fonctionna jusqu’en 1891.
    • Le moulin «  de planches » (moulin Dupont), situé sur le champ de l’Enfer et démoli vers 1870.
  • des brasseries
    • la brasserie seigneuriale (dans les souterrains du château)
    • la brasserie Jean-Joseph Dubuisson (mentionnée en 1787)
    • la brasserie Hottois-Glineur (XIXème), qui revint par alliance aux Michez en 1868. Très connue dans la région pour la qualité de sa bière « Saison ». Les activités cessèrent en 1962.
  • Une fabrique de chicorée, située près du Pont (actuelle maison n°22). Créée en 1859 par Pierre-Joseph Martin, elle disparut avec le décès de celui-ci en 1891.
  • Une sucrerie, sur la section « Les Quarante » du domaine de la ferme Duquesne, près du Pont de la Ville. Elle date du XIXème, sans doute vers 1849. On y installa l’éclairage alimenté par du gaz de houille. On y installa en 1866 une machine à vapeur à haute pression. Elle s’arrêta de fonctionner en 1911 et fut détruite à la fin de la guerre.
  • Des ateliers de raffinage du sel (« les salines »)
    • Willemart et Potvin (1845)
    • Joseph Glineur (1846)
    • Potvin-Hottois (1859)
  • Des entreprises travaillant les grains récoltés
    • Battage du grain, par une batteuse (Jean-Baptiste Bronchart)
    • stockage et séchage des grains. Philippe Tondreau (1950) près du moulin à eau : grains, engrais, … Il fusionna avec la Société Semaille en 1984, spécialisée en engrais chimiques.

Sur le plan artisanal et industriel, on cite

  • des ateliers de tisserands à la fin XVIIème
  • une tannerie, citée en 1845
  • l’entreprise Gaye-Dupont (55, Grand-Place) qui fabriqua des machines et des équipements agricoles dès 1947
  • des fabriques de fers à cheval, de flèches en bois pour le tir à l’arc

Dès le Moyen-Age, on vit s’installer des auberges et des petits hôtels, démontrant l’importance de la petite agglomération à l’époque, en rapport avec sa situation dans le réseau routier :

  • l’Hôtel du Heaume en 1410
  • l’Hôtel à la Tour en 1418
  • celui de l’Angle du Cavenier en 1468

On n’a pas de notion de marché ni de foire, mais on sait que le chemin qui va du Pont en contrebas vers Elouges (voie du Quesnoy) fut le siège d’une braderie dès 1635, d’où son nom qui se maintiendra jusqu’à la fin du XIXème pour être remplacé par celui de « rue du Calvaire ».

La nature du sous-sol a aussi favorisé des activités extractives :

  1. le charbon. L’extraction de la houille sur le territoire d’Audregnies daterait au moins du XVème siècle. On peut l’imaginer à partie de la dénomination « Gérardfosse » mentionnée en 1400. Plus tard, il fut question de la Fosse de Mayau (1515) et de la fosse Mehault (1531), ainsi que de celle de l’Espinette (1706), de la Désirée et de l’Avancée (1720), du puits de la Garde de Dieu (1741). L’extraction était placée sous la juridiction du seigneur d’Audregnies. Il s’agissait alors de puits de forme ronde ou rectangulaire, grossièrement étançonnés avec du bois non équarris. Ils pouvaient atteindre la quarantaine de mètres. On remontait le charbon dans des cuffats, soit à la force des bras, soit par celle de chevaux. Les hommes descendaient ou remontaient par le même système ou par des échelles. On ne mentionne plus de puits en 1812.

En 1844, la « Société Charbonnière de Bellevue à Elouges » demanda la maintenue de la concession des mines de houille sous les villages d’Elouges, de Dour, Thulin, Montroeul, Audregnies et Wihéries.

2. la chaux. Il est fait mention d’un chaufour en 1460 sur le Champ du Blanc Terry, près de la chaussée Brunehaut, à la limite de Baisieux.

3. les carrières de pierres. On extrayait la pierre pour la construction des routes et des habitations en divers endroits de la commune (Basse-Boulogne, Bosquet des Fayaux).

Les voies de communication importantes

Voies routières

La première connue est la chaussée romaine, appelée plus tard Chaussée Brunehault, qui allait de Bavay à Blicquy et plus loin vers la mer. Entre Montignies et Audregnies, cette chaussée passait par un profond cavain (« Les Cavanes »). Elle fut repavée à plusieurs reprises, notamment en 1856, en 1868 et de nouveau en 1894 à la suite de la construction de la voie ferrée, pour finalement être recouverte au XXIème siècle par une route bitumée avec des chicanes réduisant la vitesse des véhicules. Le cavain, dont les berges s’affalaient sans cesse sur la route, fut remblayé.

Il est probable que d’autres chemins à cette époque reliaient les villas entre elles et celles-ci à la chaussée. Pour rappel, le centre politique et commercial le plus proche fut d’abord Bavay, puis plus tard Famars (près de Valenciennes). En descendant la chaussée, on pouvait rejoindre la Haine au niveau d’un embarcadère situé à Pommeroeul, ce qui permettait d’écouler aussi des produits vers l’Escaut.

Plus tard au début du moyen-âge, quelques localités importantes apparurent (Valenciennes, Saint-Ghislain, Mons, Le Quesnoy, Maubeuge, …), ce qui favorisa un réseau de routes plus denses, alors qu’une grande partie du paysage, jusque-là couvert de bois, était défrichée au profit des cultures. Audregnies se trouva alors traversé de nouvelles voies :

  • le chemin du Quesnoy, qui partait de cette cité vers Saint-Ghislain, en passant par Sebourg et Angre (aujourd’hui rue de Ville, par référence aux seigneurs de Ville qui dirigèrent le village à une certaine époque), pour aller vers Elouges
  • La voie Moneresse, venant de Thulin (par l’actuelle Avaleresse) pour se joindre à la rue du Quesnoy au lieu-dit « l’Alouette » – à Thulin passait un chemin qui partait de Saint-Ghislain vers Crespin et Condé
  • Le chemin Bonoval (ou Coron du Bois) vers Montignies-sur-Roc
  • Le chemin de Wihéries, village appartenant à l’abbaye de Saint-Ghislain qui y gérait une grosse exploitation agricole (la Court). Contrairement à aujourd’hui, cette voie partait du chemin du Quesnoy où il séparait le « Champ de l’Enfer » du « Champ du Rieu Marion » Un nouveau chemin entre Audregnies et Wihéries fut construit en 1950 à partir de la Place sur l’assiette de la ruelle Baron. L’antique chemin fut abandonné au profit de l’agriculture.
  • Pour aller à Quiévrain à partir du centre du village, on descendait la Voie Verroize (ou Vannoise ou Verraude) qui rejoignait la chaussée Brunehault par le tronçon du « Chemin Noir » (actuelle rue d’Elouges de Baisieux).
  • On pouvait aussi aller à Athis en remontant près du lieu de la première implantation du couvent des Trinitaires
  • le chemin Maninval partait de la Place, passait au Nord-Est du Bois, coupait l’ancien chemin de Montignies à Wihéries, pour rejoindre le Préfeuillet (villa entre Wihéries, Elouges et Dour). Un chemin de Montignies à Wihéries traversait le territoire d’Audregnies pour rejoindre le Coin du Bois, entre Elouges et Wihéries. Il se divisait plus loin en une branche de gauche vers les Monts d’Elouges (chemin de Montignies) et une de droite vers le Préfeuillet.
  • la Voy de Croix (chemin de la Croix ou des Croix) partant du château d’Onnezies, traversait le domaine St-Landelin (de l’abbaye de Crespin), pour rejoindre la chaussée Brunehaut, faisant la limite entre les territoires de Montignies et d’Audregnies.
  • le « chemin des nonettes » fut créé en 1905 (dit aussi chemin des Dames) pour relier le couvent des Bernardines à la gare.

Le bétonnage et l’asphaltage des routes eurent surtout lieu après 1950. La rivière fut également mise sous aqueduc entre sa sortie du moulin et le pont afin d’élargir la chaussée et le croisement à ce niveau.

Le chemin de fer

Audregnies fut traversée par une ligne de chemin de fer qui reliait Dour à Roisin (ligne 98b). Elle fut construite et inaugurée le 12 mai 1882. Une gare fut aménagée au niveau du croisement de la ligne avec la chaussée Brunehaut. Six trains de voyageurs et un train de marchandises y passaient journellement. Le fret était constitué de marbres (venant de Roisin et de Bellignies), charbon, chaux, betteraves sucrières, céréales, … Cette ligne fut abandonnée en 1960.

Le chemin de fer vicinal (tram)

Une ligne Dour-Wihéries-Quiévrain traversa Audregnies et fut inaugurée le 26 novembre 1949.  Elle fut remplacée par des autobus en 1970.

Le courrier postal

En 1818, la messagerie Willot de Quiévrain assurait le courrier. Une poste, à Quiévrain, fut installée en 1830. Une perception à Audregnies vit le jour le 17 octobre 1882.

Le téléphone

Le premier récepteur fut installé à l’administration communale en 1906. Mais c’est surtout entre les deux guerres que l’usage va se développer, pour se généraliser après 1945. Des cabines téléphoniques furent placées dès 1972.

Le patrimoine ancien

Le château seigneurial  fut bâti à la fin du XIIème siècle (1190 ?) sur l’actuel site de la « Claire Fontaine ». Il a subi diverses attaques au cours des siècles et notamment un siège de la part des armées du roi de France Henri II en 1554 (controversé). Il fut alors saccagé. Il fut confisqué par Charles Quint du temps de Charles de Revel, seigneur d’Audregnies, considéré comme un relaps. Il apparaît sur une des gouaches dessinées en 1599 par Adrien de Montigny pour le duc Charles de Croy (supra). Il fut occupé à plusieurs reprises par les Français entre 1634 et 1654, puis en 1709 (lors de la bataille de Malplaquet) et en 1745 (avant la bataille de Fontenoy). Le donjon fut détruit en 1650. Il fut finalement incendié en 1793 par les Révolutionnaires Français.  Une affiche de vente de 1722 le décrit bien :

  • Le bâtiment était carré et entouré d’eau. On y accédait par un pont-levis.
  • L’intérieur était constitué d’un donjon, d’une chapelle, d’un pigeonnier, d’une basse-cour avec une grange et des écuries, d’un jardin potager.
  • Des bois et des champs se trouvaient à proximité, ainsi qu’un verger.
  • Les souterrains servaient de cave, de brasserie, de boulangerie et de prison.

Au XVIIIème, on distingue donc le château, l’église, la place qui lui était reliée par la ruelle Faveresse. Des noyaux d’habitat existaient dans la zone du Pont, le long de la Rue de la Braderie, le long de la rue de la Fontaine. Les Trinitaires étaient alors présents sur la Place. Quelques hameaux étaient éparpillés à distance de ce noyau central.

Le couvent des Trinitaires d’Audregnies (1220-1783). Cet Ordre avait été fondé en 1198 en France par Jean de Matha et Félix de Valois, avec l’approbation du pape Innocent III. Son but était de racheter des esclaves, devenus prisonniers des Sarrasins et des Maures. Nombreux furent ainsi rapatriés et faisaient un séjour dans les monastères de l’Ordre.

Le couvent d’Audregnies fut fondé en 1220 par un de ses premiers seigneurs connus, Allard de Strépy,  aussi sire d’Harchies et de Ville (-Pommeroeul), et par son épouse Ide, avec l’approbation de l’évêque Geoffroy de Fontaine et de la comtesse Marguerite de Hainaut. La première implantation se fit au lieu-dit « Le Mont » entouré de bois (Champ du Bois), à l’emplacement d’un ancien ermitage, près de la fontaine du Maréchal (ou du « Tauchal »). Cet endroit était peu éloigné des deux grands axes de circulation, la chaussée romaine et le chemin qui allait de Saint-Ghislain au Quesnoy (et à Cambrai). Cet emplacement leur avait été donné par Allard de Strépy.

La propriété était constituée d’une chapelle, d’un cloître, d’un bâtiment principal pour les communs (réfectoire, dortoir, infirmerie, …), une basse-cour, une grange, des écuries et un verger, le tout entouré d’un mur de clôture. Au sous-sol, il existait des caves-prisons (dont se servait la seigneurie de Roisin).

Les moines Trinitaires d’Audregnies devinrent propriétaires de terres et de paroisses à Angreau, Baisieux, Onnezies, Montignies-sur-Roc, ainsi qu’en France. Ils touchaient de la sorte des revenus variés. Les seigneurs d’Audregnies leur firent des dotations à de nombreuses reprises.

En 1507, le monastère fut transféré au centre du village, au nord-est de la Place (n°6-7-8 de la place actuelle). Il fut reconstruit au début du XVIIIème siècle. Un édit de l’empereur Joseph II supprima ce couvent en 1783. Les ornements furent remis à diverses paroisses du diocèse. Les bâtiments conventuels furent démolis (communs et chapelle) en 1785. On conserva la grange, le porche d’entrée du verger et les écuries.  Il servit donc de ferme. Puis on y bâtit les actuelles maisons N°6,7 et 8, précédées de jardins. On peut encore voir le portail de 1705, frappé de la croix de l’ordre des Trinitaires, avec la devise “espoir nous contente”.

Le couvent des Dames Bernardines (1903-1945) abrita des religieuses expulsées de France en 1903. Ces  religieuses Bernardines d’Esquermes-lez-Lille vinrent se réfugier à Audregnies. A l’époque, la politique française en matière d’enseignement était très anticléricale sous Emile Combes. De nombreux établissements catholiques français vinrent s’établir chez nous. Elles s’installèrent dans l’ancienne ferme Leroy (ou château Duquesnes), qu’il fallut agrandir pour y abriter leurs nombreux élèves. La première pierre de cette maison d’éducation fut bénie par le chanoine de Cambrai en mars 1904. Ces religieuses enseignaient à des jeunes filles de la bourgeoisie et de l’aristocratie française. On y comptait entre 60 et 80 élèves. Pendant la guerre 1914-18, le couvent fut aménagé en hôpital militaire à l’occasion de la bataille d’Audregnies. Elles quittèrent Audregnies en 1940.

En 1942, elles furent remplacées par les Sœurs Salésiennes de Don-Bosco. Celles-ci accueillirent des jeunes gens du village, mais aussi d’autres envoyés par le Secours d’Hiver. En 1944, des élèves de l’école Ste-Marie de Quiévrain y vinrent aussi s’abriter, au moment où l’on bombardait la gare de Quiévrain. En 1945, une communauté laïque flamande s’y installa.

En 1953, l’évêque de Tournai, Mgr Himmer, cherchant à fonder des homes pour personnes âgées, s’intéressa à Audregnies. L’évêché racheta le château Duquesnes. Et en 1956, les Servantes de l’Enfant-Jésus, un ordre religieux croate y fondèrent une maison de repos. Ces vieux bâtiments furent démolis en 1987 et remplacés par les actuels du Foyer Notre-Dame de la Paix. De nouvelles constructions eurent lieu en 2010-2012.

Le couvent des Sœurs de la Sainte-Famille (1904-1940). Lors de la même expulsion des religieuses françaises en 1904, un autre Ordre, celui des Sœurs de la Sainte-Famille d’Amiens (une dizaine de sœurs) vint s’installer dans une résidence rurale du début du XIXème sise sur l’emplacement de l’ancien château incendié en 1793. Soit à l’emplacement du château de la Claire Fontaine. Elles y ouvrirent une école dans le grand bâtiment latéral longeant la rue de l’église, bâtiment privé qui fut ensuite cédé à l’association des œuvres paroissiales du doyenné de Dour. Il s’agissait d’une école gardienne et primaire s’adressant à des enfants de 12-14 ans. Un patronage y fut organisé en 1911. En 1928, des institutrices laïques renforcèrent le corps enseignant religieux. Les sœurs quittèrent Audregnies après la guerre 40-45 et cette école ferma.

Le patrimoine actuel

Eglise Saint-André

On sait peu de choses de la première église (X ou XIème siècle). La seconde église fut petite et médiocre et ne valait que par sa chapelle seigneuriale. Elle fut bâtie au XVème siècle en style ogival. En 1722, on reconstruisit sa sacristie. Le reste était pourtant vétuste, ce dont se plaignirent mayeur et échevin en 1736 auprès du seigneur, plainte d’ailleurs répétée par leurs successeurs en 1765 et en 1790. Ce n’est pourtant qu’un siècle plus tard que l’on reconstruisit l’église. Elle fut inaugurée le 20 aout 1871 et consacrée à St-André.

De style néogothique, dessinée par l’architecte Dosveld de Mons.

Elle abrite quelques oeuvres d’art :

  • Vierge espagnole en bois peint (XVIIIème)
  • Cuve baptismale en pierre (XVIIIème)
  • Autel en marbre, avec la statue de St-André en bois polychrome (XVIIème)
  • Buste reliquaire de St-Roch en bois polychrome (XVIIème)
  • Calvaire en bois sculpté polychrome (époque gothique ?)
  • Ex-voto de Louis de Revel (gentilhomme au service de Charles Quint) et de son fils,
  • Confessionnaux (Style Louis XV)
  • Orgue (1885)
  • Art liturgique du XVII-XVIIIème (ostensoirs, chandeliers, croix, …)
  • Cloches (XXème)
  • Différents épitaphes et tombes : Louis de Revel et son épouse, etc…, familles Dupont, Duquesne

Au Moyen-Age, le cimetière entourait l’église, alors que les plus nobles et les plus riches pouvaient se faire enterrer à l’intérieur. Un nouvel emplacement fut choisi en 1891 hors du village, pour des raisons d’hygiène publique, sur le Champ des Bruyères, le long du chemin d’Audregnies à Angre.

La chapelle sépulcrale des seigneurs d’Audregnies est attenante au chœur de l’église précédente, démolie en 1871. Elle servit de sacristie après la Révolution. Elle aurait été construite entre 1525 et 1549. Le premier seigneur inhumé fut Louis de Revel en 1549.

Les chapelles St-André

L’ancienne était située dans la ferme de St-André-du-Cateau, rue de Montignies et datait du XVème. Elle fut démolie au XVIIIème. Une petite chapelle St-André est actuellement située le long du chemin de Montignies. Elle fut déplacée lors de la construction de la voie ferrée.

La chapelle du Coin du Bois. Datant du XIXème et dédiée à Notre-Dame de Pitié, elle est sise au lieu-dit Coin du Bois.

La Chapelle Ste-Thérèse de l’Enfant-Jésus, construite en 1929 au sud de la voie ferrée, le long de la rue de Montignies, à l’entrée du bois.

La chapelle St-Roch, bâtie à l’emplacement de la seconde église, après 1871.

Le calvaire fut construit au sommet de la rue du Calvaire (ancienne rue de la Braderie). Il comporte un Christ en bois sculpté, du début du XVIIIème sous une voûte. L’autel porte la date de 1731. Il semble que ce calvaire fut érigé après l’épidémie de peste de 1720. On trouve à côté un tilleul multiséculaire.

Il existe encore des bâtisses du XVIIIème siècle, dont des fermes :

  • Ferme Dusquesnes (actuel manège à la chaussée Brunehaut, première moitié XIXème)
  • Ruelle Faveresse, 5, 1786
  • Ancienne ferme de l’abbaye St André, 3, chemin de Montignies, XVIII-XIXème

La Place du village est arborée et entourée d’habitations rurales et bourgeoises. C’est une des plus étendues de Belgique. L’ancienne maison communale est de la fin du XIXème siècle, ainsi que l’école qui la jouxte.

Bibliographie

Le couvent des trinitaires d’Audregnies – D. Dereck, Ann. Cercle d’histoire et d’archéologie de Saint-Ghislain, VII, 1995

Audregnies au cours des siècles, Marc Coquelet

 

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