Entité communale de Beloeil
Le territoire
Superficie: 860 ha
Altitude: entre 45 et 55 m
Situation géographique : Le territoire est situé à la limite ouest de la vallée de la Haine, sur son versant nord. Le village s’est installé sur une petite éminence.
Cours d’eau : le ruisseau de la Verne
Paysage préhistorique (après la dernière période glaciaire) : boisé
Nature du sol : sablonneux, argileux
Nature du sous-sol : grès (marbre) et pierre calcaire
Préhistoire
Mésolithique (Homo Sapiens) : A la limite de Quevaucamps, on aurait trouvé des objets en silex de cette période (sans précision).
Néolithique (Homo Sapiens) : On évoque « la pierre qui tourne » (situation?) qui aurait pu être un petit menhir.
Avec plus de certitude, des explorations archéologiques plus récentes ont rapporté des objets de cette période :
- Au « Moulin d’en-Haut » et « Côte 74 »: grattoirs, ciseaux, hachettes polies, lames et lamelles-couteaux, percuteurs, nuclei, pointes de flèches
- Au « Bas-des-Vaux » (1997): une herminette polie en silex de Spiennes (de la cutlure de Michelsberg)
- De « Cattenifosse » (1995): des fragments d’une meule néolithique en arkose (situation?)
Age du bronze : On aurait trouvé une hache et une pointe de flèche typique de cette période (sans précision).
Antiquité gallo-romaine
La voie romaine Bavai-Blicquy-Velzeke passe dans le village de Quevaucamps. Il est certain que des chemins secondaires s’en détachaient vers des établissements agricoles gallo-romains et qu’un de ceux-ci se dirigeait vers l’actuel village de Basècles. Des explorations et des fouilles archéologiques ont ramené des éléments démontrant qu’il y ait eu une exploitation agricole de type villa gallo-romaine :
- Au lieu-dit « Hellies » , en 1881, près du cimetière actuel, on a trouvé des fondations de bâtiments avec hypocauste. Ce genre d’aménagement suppose une habitation relativement cossue. Cependant, on n’a pas trouvé semble-t-il d’éléments décoratifs ou de vaisselle luxueux.
- A la « Couture des Sarts » : des tuiles et des tessons, témoins d’un bâtiment (peut-être annexe)
- En 1966, à la rue de Condé, on a déterré des éléments témoignant d’une nécropole gallo-romaine : céramiques, fibule
- Au lieu-dit « Cattenifosse », en 1934, on a mis à jour un trésor relativement important d’époque romaine (494 pièces), qui contenait des monnaies de l’époque des Antonins (IIème siècle). A proximité, se trouvaient des tombes à incinération.
- Au lieu-dit « Le Fouan », en 1985, fut découverte une cave gallo-romaine, et en 1999, un drain d’évacuation en rapport avec celle-ci
Premier Moyen-Age (période franque mérovingienne et carolingienne)
En 1848, au sud de la route Mons-Tournai, on a découvert dans une carrière une cinquantaine de tombes franques, contenant des armes (francisques, scramasaxes, lances) et des poteries. D’autres tombes furent mises à jour au « Trau Antoine » et dans l’exploitation M. Place.
Deuxième Moyen-Age – le village
Première mention: 1040
Toponymie (anciennes orthographes) : villae nomine basilicas (1040)
Etymologie (hypothèses d’origine du nom) :
- la basilique au sens romain du terme,
- l’église qui en a repris les plans,
- mais aussi des petits édifices que les Francs érigeaient sur la tombe des grands personnages.
Basècles pourrait avoir comme origine une villa carolingienne qui aurait eu la particularité de contenir des tombes aristocratiques architecturales.
Epoque de son apparition: Xème ou XIème siècle.
Il semble donc que durant le premier millénaire, il y ait eu sur le sol de Basècles un habitat d’une certaine importance. Peut-être une villa gallo-romaine et ensuite la résidence de guerriers francs. Il est impossible au vu des éléments précédents d’affirmer une continuité absolue entre eux ni avec la naissance du village.
Mais comme on l’a vu plus haut, le nom du village (Villa nomine Basilicas, citation de 1040) fait référence à une villa franque, sans doute carolingienne, qui a évolué vers un grand domaine seigneurial lors de la mise en place de la féodalité. Des petits paysans de ce domaine auraient concentré leur habitat pour former le noyau d’un village qui a évolué lentement vers le Basècles d’aujourd’hui.
La localisation peut s’expliquer en partie par le croisement de deux axes routiers importants dès le VIIème-VIIIème siècle (Chièvres – Condé) et Saint-Ghislain-Tournai.
Facteurs ayant favorisé son émergence :
– voies de communication: un peu à l’écart des chaussées antiques et des grands chemins médiévaux
– sources d’eau ou cours d’eau: la Verne
– source de bois: nombreux dans la région
– proximité d’un lieu de pouvoir: ferme abbatiale?
Paroisse dédiée à Saint-Martin. En dépendaient celles de Wadelincourt et d’Ellignies-Sainte-Anne.
Evêché: de Cambrai (jusqu’en 1804), puis de Tournai ensuite
Décanat/doyenné: Chièvres
Autel (dîmes, entretien de l’église, nomination des officiants) donné à l’abbaye de Saint-Ghislain en 1110 par Odon de Tournai, évêque de Cambrai.
Répartition des pouvoirs pendant la période féodale
Autorité supérieure: comté de Hainaut
Autorité sous-jacente (administrative et judiciaire): châtellenie d’Ath
Seigneuries et fiefs
D’après les éléments dont on dispose, on sait que jusque vers 1050, Basècles se trouvait dans le pagus de Brabant, puis dans la marche d’Ename ou celle de Valenciennes, constituées au Xème siècle par l’empereur Othon Ier.
Un diplôme de l’empereur Henri III (empereur de 1039 à 1056), datant de 1040, fait don du domaine seigneurial de Basècles à l’abbaye de Saint-Ghislain, donc avant la réunion de tous ces comtés en un seul, celui de Hainaut. Henri III était sensible à la dégénérescence morale de l’Église et était favorable à la réforme monastique préconisée au IXème siècle par Cluny, Gérard de Brogne ou Gorze.
Un autre document évoque un don identique, mais serait daté aux environs de 1170. Ici il s’agirait du comte Baudouin, soit Baudouin IV « le bâtisseur » (comte de 1120 à 1171), soit son fils Baudouin V (1171-1195). A cette époque, les comtes tentaient d’affirmer leur pouvoir à l’intérieur par rapport à des vassaux turbulents et à l’extérieur contre leurs homologues flamands et brabançons. Par rapport au contexte historique, nous aurions plutôt tendance à pencher pour la première version. Les comtes Baudouin auront sans doute confirmé le fait.
L’abbaye de Saint-Ghislain exerça donc ses droits seigneuriaux sur le territoire de Basècles. Ils y entretenaient une ferme et confièrent l’administration de celle-ci à un « avoué ». Celui-ci résidait dans un château ou dans une partie fortifiée de la ferme.
L’avouerie fut tenue entre autre par Jacques de Bourbon, comte de la Marche, à la fin du XIVème siècle, puis par les seigneurs de Leuze jusqu’en 1420. L’avouerie leur fut ensuite rachetée alors par les abbés de St-Ghislain qui devinrent réellement les seigneurs du village.
Depuis le XIème siècle, les abbés de St-Ghislain se disaient « comtes de Basècles », ce qui confirme l’hypothèse précédente.
La commune
Elle semble avoir obtenu un échevinage dès 1165
Période française (1794-1814)
Fin de l’Ancien Régime féodal en 1794
- Département: Jemappes
- Canton: Quevaucamps
Répartition des pouvoirs pendant la période contemporaine (à partir de 1814)
- Etat: Royaume des Pays-Bas (1814-1830), puis Royaume de Belgique
- Province: Hainaut
- Arrondissement administratif: Ath
- Arrondissement judiciaire: Tournai
- Canton: Quevaucamps
- Entité communale depuis 1977: Beloeil
Evènements et faits marquants sur le sol de la commune
Le château fut détruit en 1478 par les troupes françaises de Louis XI.
Entre 1554 et 1557, le village fut pillé par les armées d’Henri II, roi de France, en guerre contre Charles-Quint.
En 1565, comme ailleurs en pleines guerres religieuses où l’on chassait les hérétiques, on brûla plusieurs personnes sur un bûcher, place du marché, pour sorcellerie.
Des dommages furent encore commis par des huguenots en 1579.
Les armées de Louis XIV, lors de leurs passages successifs dans les Pays-Bas, s’en prirent à quelques biens du village en 1649, puis en 1709, et encore en 1712.
En novembre 1792, avant la bataille de Jemappes, des troupes françaises campèrent à Basècles.
Economie
Sur des terres qui s’y prêtaient, les habitants de Basècles pratiquèrent l’agriculture (céréales, colza, légumes, fruits), ainsi que l’élevage, particulièrement celui de moutons jusque vers 1900.
A côté de petites fermes, ont coexisté trois grandes fermes médiévales :
- Deux appartenant à l’abbaye : la Court de Basècles, la ferme de Saint-Martin
- La ferme de Saint-Arnould
Ces agriculteurs mirent sur pieds quelques entreprises qui dépendaient en partie de leurs productions :
- Moulins à eau et à vent
- Une brasserie qui existe encore
- Une sucrerie
- Une tannerie
Exploitation du sous-sol
On y a extrait, depuis l’époque romaine :
- de la pierre de taille : calcaire bleu pour auges, pavés et seuils
- de la pierre de chaux (pour plâtre et amendement des sols). Des fours à chaux existaient encore au XIXème siècle.
- du marbre bleu-noir (après polissage) pour des dalles. Il était réputé chez nous comme à l’étranger (cathédrale de Cologne)
Autres entreprises
- Atelier de construction métallique
- Fonderies
- « Les Engrais Battaille, fondés en 1870, rachetés par Kemira, fermés en 2011.
Patrimoine
Eglise St-Martin. L’actuel bâtiment date de1779 et est en style classique. Monuments funéraires
Musée de la Pierre et du Marbre
Château Daudergnies, bâti par Jean-Baptiste Daudergnies (1827-1886). Parmi ses ancêtres, on trouvait des mayeurs, des fermiers (tenanciers de la ferme Saint-Martin). Mais celui-ci n’était qu’un simple ouvrier terrassier. Il partit à l’aventure vers 1850, mais se retrouva vite simple ouvrier, puis gérant d’une entreprise de fabrication de matériel ferroviaire en Lorraine, active en Espagne, au Portugal et en Roumanie. Il fut envoyé par le gouvernement français pour œuvrer sur le canal de Panama en construction. C’est là qu’il mourut. Entretemps, ayant fait fortune, il se fit construire cette belle demeure à Basècles entre 1881 et 1885, en style éclectique.
(D’après http://users.skynet.be/bk380833/histoire/daudergnies/Daudergnies.htm