Baudour

Entité communale de Saint-Ghislain

Le territoire

Superficie:  3213 ha

Altitude: de 25 m (Douvrain) jusqu’à 95 m (nord du bois)

Situation géographique : Ce très grand territoire de Baudour est situé sur le versant nord de la vallée de la Haine.

Cours d’eau : les ruisseaux de la Gronde et de la Briserie, affluents de la Haine.

Paysage préhistorique (après la dernière période glaciaire) :  Les pentes et le plateau étaient autrefois couverts d’une grande forêt (beaucoup de chênes), qui s’étendait de Bonsecours jusqu’à Havré et dont il reste encore aujourd’hui de nombreux vestiges.

Nature du sol : sablonneux, argileux

Nature du sous-sol : grès, schiste, houille

Préhistoire

Néolithique (Homo Sapiens) :

Sur le territoire de Baudour, on retrouva des témoignages du néolithique : des haches de silex et des  débris d’armes en pierre. Sur le site de la « Croix-Cailleaux » (tout à l’ouest du village), furent retrouvés en 1956 et 2000 des indices d’occupation durant cette période.

A Douvrain, près du temple protestant, furent également découverts des ébauches de haches et des artefacts taillés en silex de Ghlin, donc du néolithique ancien (CAW). Jean Houzeau de Lehaye (1922-23), lors de recherches, avait conclu à un possible atelier de taille. Des fouilles récentes n’ont pas permis de trouver un gisement local ni d’une structure évoquant un atelier, malgré la présence importante de matières taillées.

Age du bronze :

Des découvertes en rapport avec l’âge du bronze final (vers 900 avant J.C.) furent faites par Mr. Dufrasnes en 1997 et en 2000, sur ce même site : des bols, des jattes, des gobelets, des vases à provisions, ainsi qu’un fragment d’épée en bronze et une épingle.

Ages du fer : 

En 2000, des signes d’occupation du deuxième âge du fer (période de La Tène) furent également trouvés par le même archéologue.

On prétend que sur le territoire de Baudour, se serait trouvé autrefois un centre religieux druidique pour les Gaulois de la région, ce qui se comprend par la proximité des forêts de chênes et des sources très nombreuses, souvent vénérées dans les religions druidiques. Mais rien, document ou indice archéologique, n’atteste cette affirmation.

Antiquité gallo-romaine

Aucune grande chaussée romaine ne passe à proximité. Mais il semble qu’un « chemin » parcourait tout le versant nord de la vallée, parallèlement à la rivière, depuis peut-être le néolithique. Il n’est donc pas impossible que des habitats, gaulois, puis gallo-romains, soient apparus à proximité de cette voie et de la Haine, qui aient d’ailleurs nécessité de défricher une partie du bois.

On y a retrouvé en 1956 (exploitation d’une sablière) des vestiges de l’époque gallo-romaine: deux cimetières (à la “Croix Cailleaux” à l’ouest de la commune). Il y avait là une nécropole à incinération, avec des tombes en pleine terre, dans des coffrages de tuiles et de fragments de dolium (grandes amphores).

On dit que les Romains y installèrent aussi un sanctuaire (au Mont Garni).

Un trésor de 600 pièces de monnaie d’argent de l’époque flavienne (Vespasien, Commode, fin du Ier siècle après J.C.) fut trouvé.

Une pièce de monnaie a été retrouvée en 1997 au lieu-dit « Couture de Roudelet » (soit à près d’un km du site gallo-romain actuellement connu) : un sesterce d’Alexandre Sévère, de 226. Il y avait à proximité des fragments de tuiles et des poteries, témoignant d’un habitat.

A Tertre (2005, 2007), on trouva de nombreux tegulae (tuiles) et des tessons de poterie (en sigillée d’Argonne du IIème siècle, en sigillée de Gaule centrale et de la poterie commune en pâte septentrionale), de la monnaie, un fragment de meule.

Ceci évoque un habitat gallo-romain du sud de la cité des Nerviens entre le milieu du IIème siècle et la seconde moitié du IIIème siècle, habitat peut-être aisé évoquant une éventuelle villa.

En 2008, furent encore trouvés un fragment de fibule (IIème) et un tesson de jatte (IIème).

Premier Moyen-Age (période franque mérovingienne et carolingienne)

Des sépultures mérovingiennes furent retrouvées à Tertre lors de l’implantation de Carcoke.

Deuxième Moyen-Age – le village

Première mention: 1010

Toponymie (anciennes orthographes) :

  • Baldurnium (1010),
  • Baldulium,
  • Baudulium
  • Silvia Baldulia (1605)
  • Baudour (1186)
  • Baudou (patois)

Etymologie (hypothèses d’origine du nom) :

  • Dou = gué; Bal = mauvais -> mauvais passage
  • Durnum, durno (comme Dour) = fortin gallo-romain
  • Certains évoquent la déesse Baduhenna (qui a aussi donné Boduognat, Baudouin, …)
  • Balo = mamelon, collier

Epoque de son apparition: entre le Xème et le XIèem siècle.  Le village médiéval s’est constitué en deux noyaux, autour de l’église et autour du château (celui-ci se trouvait dans le parc communal actuel) de manière lâche. Le ruisseau de la Gronde, perpendiculaire au versant, créait une faille nord-sud jusqu’à l’entrée du domaine castral.

Facteurs ayant favorisé son émergence :

voies de communication: pas de grande voie antique (supra), mais sans doute un chemin médiéval.

sources d’eau ou cours d’eau: les ruisseaux de la Gronde et la Briserie

source de bois: tout le versant était boisé

proximité d’un lieu de pouvoir: un château seigneurial

Paroisse dédiée à Saint-Géry

Evêché: de Cambrai (jusqu’en 1804), puis de Tournai ensuite

Décanat/doyenné: Mons

Autel (dîmes, entretien de l’église, nomination des officiants) donné à l’abbaye de Saint-Ghislain en 1110 par Odon, évêque de Cambrai.

Répartition des pouvoirs pendant la période féodale

Autorité supérieure: comté de Hainaut

Le village de Baudour était situé dans le comté de Hainaut (pagus Hainoensis), dans une petite enclave au nord de la Haine qui appartenait à ce comté, à la limite de l’ancien comté de Brabant (Burbant). Il faisait partie du domaine comtal, sans doute ancien domaine fiscal impérial. On dit même, sans preuve, que Régnier Ier « au Long Col » en fut le premier seigneur. Il semble cependant que les premières seigneuries se soient mises en place quelques dizaines d’années plus tard.

Autorité sous-jacente (administrative et judiciaire): prévôté de Mons

Seigneuries et fiefs

Le territoire de Baudour, au début de la féodalité, se composait de plusieurs seigneuries :

  • Une seigneurie principale dont la description va suivre.
  • Une autre relevant de l’abbaye de Saint-Ghislain, don du comte Baudouin I, confirmé en 1065 (avec droit d’y prélever le dixième chêne et le droit de glanage du bois mort pour ses paysans). Nombreux furent les conflits entre les comtes et les abbés à propos des forêts de Baudour, au point que ces derniers jetèrent à la fin leur dévolu sur Tertre (suite à un procès avec le seigneur Poisson de Dour).
  • Une seigneurie de Douvrain, qui avait ses maires héréditaires. Ce serait sur cette seigneurie que Robert le Frison passa en 1076 la Haine pour aller battre la comtesse Richilde.

La seigneurie principale

Baudour devint une des douze pairies du Hainaut, probablement sous Richilde et son fils Baudouin II, ce qui signifie que son seigneur assistait aux délibérations à la cour comtale. Cette fonction va souvent de pair avec l’ancienneté de la famille seigneuriale d’origine.

Cette seigneurie appartint successivement à diverses familles.

Maison de Mons-Baudour (les « Gossuin »)

Famille très importante au XIème et XIIème siècle, il est probable, sans certitude absolue, qu’elle descende de Rodolphe, deuxième fils du comte Régnier III. Ils portaient le nom de « Mons ». Celui-ci est-il lié à leurs origines ou est-ce parce que plusieurs de leurs membres furent châtelains (ou « pairs du château ») de Mons ? Etaient-ils au départ propriétaires du grand domaine seigneurial de Baudour ou l’ont-ils obtenu d’un comte pour services rendus à celui-ci ou par lien familial ? Autant de questions qui ne peuvent que rester des hypothèses.

Il en est de même pour savoir lequel de la famille put exercer les droits féodaux et devenir pair du comté. La liste qui suit est donc à prendre avec de grandes précautions et commence sous le règne de la comtesse Richilde qui, on le sait, eut une part importante dans l’organisation du comté.

  • Gossuin de Mons (1020/1026, Ath- ?), époux de Mélissende de Baudour
  • Gossuin I de Mons (1045/1056, Baudour-1088/1093, Mons). Le numéro « I » pourrait signifier qu’il fut peut-être le premier de la famille à être châtelain de Mons.
  • Gossuin II « Isaac » de Mons (1070/1075, Mons-1122/1142, Mons)
  • Gossuin III de Mons (1116/1120, Baudour – v1177, Mons). Ce dernier est considéré par l’historien de Guyse comme un des plus puissants vassaux du Hainaut à l’époque des comtes Baudouin IV et Baudouin V. Il était à la tête d’un grand domaine comportant plusieurs seigneuries. Il avait épousé Béatrix de Rumigny, fille d’un autre seigneur important et petite-fille du comte Baudouin II par sa mère. A leur mort, le grand domaine fut divisé entre les enfants. Leur fille Alix hérita du domaine de Baudour.

Maison de Jauche (vers1200-1335)

Il s’agit d’une famille qui descend d’une branche cadette des comtes de Flandre, à qui avait été attribué le comté de Boulogne. Une nouvelle branche cadette prit le nom de Jauche par mariage avec l’héritière de ce village brabançon (aujourd’hui Orp-Jauche). Cette branche a donné des avoués de l’abbaye Sainte-Gertrude de Nivelles. Sont connus:

  • Régnier I de Jauche « de Boulogne » ((1135/1140-1184) devint seigneur de Baudour et pair de Hainaut en épousant Alix de Mons, dame héritière de Baudour, fille de Gossuin III.
  • Gérard de Jauche (1155-1216), fils des précédents
  • Gérard II de Jauche
  • Gérard III de Jauche
  • Gérard IV de Jauche

En 1335, une source dit que le domaine de Baudour fut vendu au comte de Hainaut,  Guillaume I d’Avesnes «  le Bon », par Gérard de Jauche, revenu lépreux de la croisade. Mais ce Gérard lépreux est décédé en 1293. Il pourrait s’agir de son fils, Gérard IV, qui est mort après 1329.

Les comtes de Hainaut, puis souverains des Etats Bourguignons et ensuite des Pays-Bas (1335-1606)

C’est de cette époque que remonterait la construction du château dans un domaine qui, outre les bois, les garennes  et les prés, traversés par une rivière, comprenait un moulin banal et un tordoir (selon un document de 1335). Une partie du domaine se composait de tenures, petites exploitations agricoles tenues par des manants qui devaient au seigneur diverses rentes et corvées.

Le seigneur de Baudour fut ainsi successivement :

  • Guillaume I d’Avesnes (1304-1337)
  • Guillaume II d’Avesnes (1337-1345), fils du précédent
  • Marguerite II d’Avesnes (1345-1348), sœur du précédent. Elle a épousé Louis IV de Bavière, empereur de Germanie.
  • Guillaume III de Bavière « l’insensé » (1356-1389), fils des précédents
  • Aubert de Bavière (1389-1404), frère du précédent
  • Guillaume IV de Bavière (1404-1417), fils du précédent
  • Jacqueline de Bavière (1417-1433), fille du précédent – Philippe le Bon, son cousin, l’obligea à lui céder ses possessions par héritage. En réalité, de 1417 à 1441, la seigneurie de Baudour fait partie du douaire assigné à Marguerite de Bourgogne, veuve de Guillaume IV.
  • Philippe le Bon (1433-1467), duc de Bourgogne et souverain des Etats Bourguignons (Flandre, Artois, Brabant, Namur, Luxembourg, Hainaut, Hollande, Zélande, Frise, Franche-Comté)
  • Charles le Téméraire (1467-1477), fils du précédent, avec les mêmes titres
  • Marie de Bourgogne (1477-1482), fille du précédent, avec les mêmes titres (elle perd la Bourgogne cependant). Elle a épousé Maximilien, archiduc d’Autriche qui deviendra empereur de Germanie.
  • En 1479, Maximilien et Marie font don de la seigneurie de Baudour à Jacques I de Luxembourg (1445-1487), seigneur de Fiennes, maréchal de leurs armées (pour des raisons expliquées dans la courte biographie du personnage – chapitre généalogique des Luxembourg).
  • A sa mort, le domaine fut donné à son fils Jacques II de Luxembourg ( ?-1517)
  • Maximilien d’Autriche, devenu empereur de Germanie, reprit la seigneurie en 1490 et la donna à Baudouin de Bourgogne (1445-1508), fils bâtard de Philippe le Bon, bon militaire et bon diplomate. Ce qui fut confirmé par Philippe le Beau, fils de Maximilien. Mais qui fut contesté par la veuve de Jacques Ier, Marie de Berlaymont, dame des villages voisins de Ville, Hautrage et Villerot. Elle fut finalement déboutée de son appel en justice.
  • A Baudouin de Bourgogne, succéda en 1508 son fils, Philippe de Bourgogne, qui revendit la seigneurie en 1522 à Charles Quint.
  • Charles Quint (1508-1555), fils de Philippe le Beau, souverain des Pays-Bas à sa majorité (1515), roi d’Espagne (1516), empereur de Germanie (1519)
  • Philippe II (1555-1599), son fils, roi d’Espagne et des Pays-Bas Espagnols
  • En 1599, le roi Philippe II en fit don à sa fille Isabelle d’Espagne, épouse de l’archiduc Albert d’Autriche, gouverneur des Pays-Bas. Les frais de guerre et de réparation ayant vidé les caisses des gouverneurs, ils durent se résoudre à vendre plusieurs propriétés, dont celle de Baudour.

    D’Adrien de Montigny (fin XVIème)

Maison d’Etten (1606-1629)

En 1606, la seigneurie de Baudour fut achetée sous forme de gage par Henri van Etten, bourgmestre d’Anvers. Lui ou un de ses fils (ils s’appelaient Henri de père en fils) la revendit en 1629.

Maison de Croÿ-Havré (1629-1652)

  • Charles-Philippe de Croÿ ( ?-1640). Entre autres : marquis de Renty, duc d’Havré, comte de Solre.  Seigneur de Baudour par achat en 1629.
  • Philippe Eugène de Croÿ ( ?-1665), fils du précédent. Il hérita une partie des titres de son père, mais devient carme à Valenciennes, puis évêque de Gand. Sans héritier, il vendit la terre de Baudour en 1652.

Maison d’Arenberg (1652-1655)

Philippe-François d’Arenberg (1640-1674),duc d’Arenberg et propriétaire de nombreux titres, acheta la seigneurie de Baudour en 1652, puis la revendit trois ans plus tard. 

Maison de Ligne (1655-1795)

Claude-Lamoral I de Ligne (1618, Beloeil-1679, Madrid). Outre ses titres de prince de Ligne, d’Amblise, d’Epinoy et du Saint-Empire, ce personnage était aussi à la tête du marquisat de Roubaix, des comtés de Fauquemberghe et de Nechin. Il était le seigneur de très nombreux villages, dont Montroeul-sur-Haine, Thulin, Ville-Pommeroeul, Hautrage, Stambruges, Ellignies-Sainte-Anne, Beloeil, … Il y ajouta en l’achetant Baudour en 1655. Lui succédèrent:

  • Henri-Louis-Ernest de Ligne (1644-1702), son fils
  • Antoine Joseph Ghislain de Ligne (1682-1750), fils du précédent, mort sans héritier
  • Claude Lamoral II de Ligne (1685-1766), frère du précédent. Il ajouta aussi Quevaucamps et Granglise à ses possessions qui s’étendaient à ce moment sur la quasi-entièreté des villages au nord de la Haine et quelques-uns au sud de celle-ci. C’est lui qui aménagea le château et le domaine de Beloeil tel que nous le connaissons aujourd’hui.
  • Charles-Joseph Lamoral de Ligne (1735, Bruxelles – 1814, Vienne) fut le dernier seigneur féodal de la lignée. Il termina sa vie de cour et d’écrivain à Vienne.
  • Après la Révolution, son fils Eugène Lamoral de Ligne (1804, Bruxelles – 1880, Bruxelles), récupéra le titre de « prince de Ligne » qu’il transmit à ses descendants. Il retrouva son domaine de Beloeil et un vaste patrimoine foncier, dans lequel se trouvait ses possessions et son château de Baudour.
La commune

Les habitants de Baudour auraient obtenu une charte communale de la part de leur seigneur Gérard II de Jauche, vers 1250-1260. Au début, les seigneurs rendaient eux-mêmes la justice (haute et basse). A partir du XVème siècle, ils cédèrent la fonction à des baillis qui les représentaient dans leurs seigneuries. 

Autrefois, Douvrain et Tertre étaient des hameaux dépendant de Baudour.

Tertre devint une commune indépendante en 1883.  Quant à Douvrain, ce fut le cas en 1872.

Douvrain viendrait de « Dura », essart du Pont, passage par bois essarté par le feu

Période française (1794-1814)

Fin de l’Ancien Régime féodal en 1794

  • Département: Jemappes
  • Canton: ?
Répartition des pouvoirs pendant la période contemporaine (à partir de 1814)
  • Etat: Royaume des Pays-Bas (1814-1830), puis Royaume de Belgique
  • Province: Hainaut
  • Arrondissement administratif: Mons
  • Arrondissement judiciaire: Mons
  • Canton: Lens
  • Entité communale depuis 1977:
Evènements et faits marquants sur le sol de la commune

Au XVIème siècle, lors de la Réforme, Baudour attira les tenants de la nouvelle religion qui, à l’ombre des bois et avec la permission des maires, écoutaient les prédicateurs protestants. S’y trouvait un certain Francisco de Marchy, fils d’un italien de Bologne, attiré par Charles Quint à Mons et y ayant fait souche. De Marchy faillit se faire prendre par l’Inquisition.

Au XVIIème siècle, les plaines de Baudour servirent souvent de camps pour les armées de Louis XIV lorsqu’il vint en 1649, 1665,  1667 et 1709, s’attaquer à St Ghislain.

Economie

Longtemps l’agriculture, l’élevage et l’exploitation de la forêt constituèrent les ressources principales des habitants de la commune. 

Sous les Ligne, à partir de la deuxième moitié du XVIIème, les forêts domaniales firent l’objet d’une politique de taille et d’abattage pour alimenter en bois les industries environnantes, notamment les charbonnages. Des chasses y étaient aussi organisées (ours avant le XIVème, cerf, sanglier).

Dans le massif forestier de Baudour, on exploita aussi le sous-sol qui détermina une grande partie des activités artisanales et industrielles du village à travers les siècles et surtout à partir du XIXème.

Activité d’extraction houillère

En 1298 et ensuite lors de la période bourguignonne au XVème siècle, on y chercha déjà du charbon de houille qui affleurait dans le bois au nord du village. Puis on creusa pour le trouver en profondeur au XVIème siècle lors de la période espagnole. On y mentionnait déjà les sites de « Noirefosse », « La Carbonnière », « La Taille des fosses », « la Taille des Charbonniers ».

L’exploitation n’était pas continue, parce qu’elle rencontrait des obstacles : les inondations des puits et des couches peu riches. Après un premier abandon en 1562, on fit de nouvelles tentatives en 1598, en 1605, puis de 1625 à 1630, en 1675 et en 1686. On abandonna finalement au milieu du XVIIIème siècle. Des traces de ces anciens puits sont encore visibles aujourd’hui et ont été examinées (D. Pacyna, E. Leblois).

Exploitation du gisement houiller du Comble Nord par galeries en plan incliné – Bois de Baudour – 1899. Une société acheta des terrains (39ha) à la famille de Ligne en 1901. La première couche de terrains fut improductive (Tertaire, Crétacé, Wealdien), car très aquifère. Mais la deuxième couche contenait des schistes, du grès  et des veines de charbon. La « S.A. du charbonnage de Baudour » (puits n°12) fit de nouveaux essais, mais le terrain trop aquifère ne permit pas encore d’exploiter le charbon. Les fouilles des dernières années ont permis de retrouver les vestiges dans le bois, de part et d’autre du ruisseau de la Gronde. Plutôt que de creuser des puits verticaux, on réalisa deux tunnels inclinés, comme on le faisait dans les mines de fer au Luxembourg et dans la Sarre. L’exploitation fut nulle à cet endroit, de 1905 à 1908, pour trouver finalement … de l’eau chaude! Il s’agit d’un site unique en son genre en Belgique, laissé à l’abandon au milieu du bois.

On déplora un coup d’eau en profondeur en 1905, événement qui a permis une exploitation thermale (infra). Les deux puits fermèrent en 1908.

Au sud du village, on continua à extraire la houille dans une zone exploitée depuis la fin du XVIIème  siècle. Les terrils aujourd’hui en témoignent. La SA des Charbonnages du Hainaut de Tertre (Concession Espérance-Hautrage), puis les Charbonnages du Borinage d’Hautrage exploita la houille grasse jusqu’en 1971. Fermeture du puits Espérance n°2 à Douvrain en 1966.

Eaux minérales

Le sol de Baudour est riche en eaux minérales ferrugineuses. Certaines sont chaudes. Ces eaux pourraient provenir de la résurgence d’eaux superficielles qui se seraient infiltrées au travers des schistes namuriens.

On l’a vu plus haut, en 1905, dans le bois, alors qu’on recherchait du charbon, on découvrit ces sources importantes d’eau chaude. La source Elisabeth produisait de l’eau sulfatée à 53°. En fait ces sources étaient connues depuis 1779, mais ne furent exploitées qu’à partir de 1908 par la princesse de Ligne de la Rochefoucauld.

Les Ligne, propriétaires des lieux, créèrent en 1914 un établissement thermal, le « Radio-Institut de Baudour », dans l’orangerie du château. L’affaire fut octroyée à un particulier en 1922, mais fut reprise par Marie de Ligne, épouse d’Alexandre de Tours et Taxis.

Ce n’est qu’à partir de 1957 que l’on commercialisa l’eau de Baudour de la « Source Rouge Fontaine » en bouteilles au nom de la Société coopérative de la source minérale de Baudour. Elle devint en 1980 Société Nouvelle des Eaux de Baudour. Elle ferma en 1992.

Industrie céramique

Dès le XVème siècle, on exploita une argile plastique adéquate pour les potiers. Cette activité devint industrielle dans le premier tiers du XIXème. On mentionne à Baudour au XIXème et au début du XXème :

  • cinq usines de produits réfractaires et céramiques, notamment au quartier des Agaches, au Coron du Bois et à la rue d’Herchies
  • deux manufactures de porcelaine, dont celles de Mrs Pêtre et Defuisseaux
  • six faïenceries

François Declercq, céramiste ayant travaillé en Saxe, amena une technique de fabrication de porcelaine dure, résistante aux chocs mécaniques et thermiques. Il acquit à Baudour une fabrique artisanale de carreaux et poteries à la rue d’Herchies. Il se spécialisa en faïencerie et porcelaine. La prospérité suivit. La société fut reprise en 1849 par Nicolas Defuisseaux (dont le fils Alfred sera militant socialiste et député). En 1857, c’est au fils de celui-ci, Fernand, que revint l’entreprise. Il créa en 1867 une nouvelle société : de Fuisseaux. En 1934, cette société fut acquise par Cerabel, la Société Belge de Céramique. On se spécialisa en pièces de vaisselle de table (de luxe et de restaurant) et surtout en porcelaine électrotechnique (isolateurs-cloche). NGK, une société japonaise, racheta Cérabel en 1977 et ne conserva que cette dernière activité.

Autres activités industrielles de Baudour

  • exploitation de gisements de phosphates de fer
  • des brasseries
  • une centrale électrique. Une centrale thermique fut construite en 1959, pas loin du canal, pour approvisionner en électricité les charbonnages du nord borain, de Quaregnon et de Cuesmes. Ses activités cessèrent en 1999, longtemps après la fermeture des mines, mais surtout après celle de Carcoke de Terre en 1997. Elle fut démolie dans les années suivantes.

Le zoning de Ghlin-Baudour Nord

http://www.bspace.be/fr/idea/parc/ghlin-baudour-nord/308

Il a été aménagé depuis 1960 et est un des premiers du genre en Belgique.

Voies de communication et évolution du village

Le bourg actuel s’étend du pied du versant nord de la vallée en pente vers le plateau.

Il existait, au moyen âge, un chemin de Mons à Beloeil, croisé par celui qui allait de Saint-Ghislain à Chièvres et à Lens. 

Avec l’essor économique, le village prit de l’extension à partir du milieu du XIXème siècle. On construisit des maisons de type urbain (mitoyennes et à étage), ainsi que quelques maisons bourgeoises pour les propriétaires des entreprises. Ces maisons suivirent les modes architecturales de l’époque : néogothiques, éclectiques, art nouveau). Exemples : le château Pêtre, le château du baron Henri-Emmanuel de Saint-Symphorien.

Des corons de maisons ouvrières apparurent à proximité des centres industriels (Coron d’En Haut, rue de Herchies, quartier des Agaches).

Enfin dans la seconde moitié du XXème siècle, le village de Baudour s’étendit avec la construction de cités (Sartiaux), de lotissements (Quartier Charbonnière, de l’Europe et de la Quiétude) pour devenir résidentiel.

La route de Mons à Tournai a été modernisée dans les années 1960 (N50), séparant les quartiers sud et nord du village.  Elle longeait au nord le canal de Nimy-Blaton-Péronnes, construit dans les années 1950.

A la fin du XIXème siècle, on aménagea une voie de chemin de fer depuis Saint-Ghislain. 

Patrimoine

L’ancien château

Il existait un château (« la Courte au Bois ») qui appartint aux comtes de Hainaut et aux seigneurs suivants, construit au milieu du XIVème siècle. Les comtes venaient chasser dans les bois alentours et s’y reposer. Plus tard il devint une maison de chasse des Ligne, peu remarquable, de style gothique, mais fréquemment remanié jusqu’en 1807. Charles-Joseph de Ligne l’avait bien décorée ; on dit qu’il y résidait plusieurs mois par an. Il y fit créer de splendides jardins.

Charles de Lorraine, gouverneur des Pays-Bas Autrichiens en 1754 y reçut l’impératrice Marie-Thérèse. 

A la sortie de l’ancien régime, la propriété des Ligne fut rachetée par l’administration communale (actuel parc communal). L’antique château, appartenant toujours aux Ligne, fut partiellement démoli en 1807. L’intendant Hubert transforma le reste en une noble demeure. Il fut occupé par la princesse Elisabeth Françoise Marie de la Rochefoucauld (1865-1946) jusqu’en 1940.

Le parc et le château furent acquis par la commune qui le fit démolir 25 ans plus tard et aménagea le parc.

Le parc communal

Aujourd’hui consacré à des activités festives et sportives, il est le vestige d’une ancienne propriété des Princes de Ligne, aménagée en jardins en 1807 par Charles-Joseph de Ligne.

Eglise St Géry

La tour-clocher est du XVème siècle. Les nefs, le chœur et le porche, en style gothique hennuyer, ont été bâtis entre 1490 et 1599, en pierre de Granglise.  Le porche est remarquable. La charpente apparente est sculptée. Pierre tumulaire de Charles Delecourt, mort en 1446. L’église fut agrandie par deux travées en 1870-1878. Une chapelle funéraire fut construite pour la famille Hubert, intendante du château, au XIXème siècle. 

Le presbytère date de la seconde moitié du XVIIIème.

Bibliographie

Baudour, terre et pairie, son histoire, par Rolland, Ghiste, Berland, Ed. du cercle d’histoire et d’archéologie de Baudour et de la région, 1937

Les anciennes fosses à houille du Bois de Baudour, D. Pacyna, Annales du Cercle d’Histoire et d’archéologie de Saint-Ghislain, T.IX, 2002

Entre Luxembourg et Bourgogne: les seigneurs de Baudour de 1479 à 1508, J.M. Cauchies, Annales du Cercle d’Histoire et d’Archéologie de Saint-Ghislain, T.VI, 1993

4 réflexions au sujet de « Baudour »

  1. Merci pour toutes ces informations.
    Durant la guerre 40-45, ma grand-mère était garde-barrière, avenue L Goblet sur la ligne St Ghislain – Jurbise.
    Existait, le “Petit Venise” près de la gare. Aussi, “La canette de cuivre”… Connaissez-vous l’origine de ces deux établissements ?
    Merci

    1. Bonjour. Mes grands parents avaient acheté la maison du garde barrière de l’avenue Louis Goblet pour la restaurer et y vivre après leur retraite ! J’ai bien connu La canette de cuivre, mais je n’en connais pas l’origine. J’ai grandi avenue Louis Goblet.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *