Le territoire
Superficie: 696 ha
Altitude: 220 m (moyenne)
Situation géographique : au nord de la « botte de la province du Hainaut » en bordure du plateau de l’Ardenne au sud de la Sambre
Cours d’eau : la Hantes (affluent de la Sambre) coule d’est en ouest au sud du territoire. Elle reçoit les eaux du ruisseau de Beaumont qui descend du nord.
Paysage préhistorique (après la dernière période glaciaire) : la Forêt Charbonnière
Préhistoire
Non documentée
Antiquité gallo-romaine
On aurait au XIXème siècle ramassé des objets d’époque romaine : substructions, vases, monnaies, tombeaux, urnes. Nous n’avons aucune précision à ce sujet (endroit, analyse). Ces éléments plaident pour un habitat.
Premier Moyen-Age (période franque mérovingienne et carolingienne)
Il semble qu’il existait un habitat d’importance sur le territoire de Beaumont dès l’époque mérovingienne. On évoque un atelier monétaire et une résidence fortifiée. Il s’agissait d’un endroit stratégique. Les fouilles ont permis de découvrir dans des tombeaux maçonnés :
- Des urnes avec des os
- Un widerkom (récipient pour boire) de terre grise
- Des framées (lances), un scramasaxe (glaive). Les armes dans les tombes plaident toujours pour des guerriers plutôt que pour des paysans.
Beaumont se situait dans le pagus moyen de la Sambre, qui comprenait le « canton » de Beaumont, une partie de ceux de Thuin et de Chimay.
Deuxième Moyen-Age – le village
Première mention: 1049
Toponymie (anciennes orthographes) :
- Bellus Mons (1049)
- Belmont (1071)
- Bellemont (1086)
- Bellumons (1182)
- Biaumont (1273)
Etymologie (hypothèses d’origine du nom) : tout naturellement le « beau mont ».
Epoque de son apparition: au XIème siècle
Facteurs ayant favorisé son émergence :
– voies de communication: pas de chaussée romaine sur le territoire, mais celle de Bavay-Trèves passait au nord
– sources d’eau ou cours d’eau: la Hantes et son ruisseau affluent
– source de bois: région boisée
– proximité d’un lieu de pouvoir: le château seigneurial
Paroisse dédiée à Saint-Servais
Evêché: de Cambrai (comme tout le Hainaut)
Décanat/doyenné: Thuin (diocèse de Liège)
Autel (dîmes, entretien de l’église, nomination des officiants) donné à l’abbaye de Floreffe en 1150 par l’évêque Henri II de Liège.
Répartition des pouvoirs pendant la période féodale (jusqu’en 1792/1794)
Autorité supérieure: comté de Hainaut
Autorité sous-jacente (administrative et judiciaire): la prévôté de Beaumont
La baronnie
Vers 976, l’empereur Otton II restitua à Régnier IV (dont le père Régnier III avait été destitué du comté de Hainaut et de ses possessions) quelques possessions, mais pas le titre de comte. Parmi ces domaines, figuraient Beaumont et Chimay, pris aux dépens du Pagus (comté) de Lomme (Namur). Il n’est pas impossible que le même Régnier ait forcé la main de son empereur en s’emparant au préalable de certains de ces domaines.
Ce qui est certain, c’est qu’au début du siècle suivant, les comtes de Hainaut détenaient de grands domaines dans cette région qui constitue l’actuelle botte du Hainaut et aussi dans l’Avesnois voisin sur la rive droite de la Sambre. A partir de cette époque, Beaumont va toujours relever du comté de Hainaut, place forte défensive aux limites orientales du comté. A plusieurs reprises, les comtes donnèrent Beaumont en apanage à un membre de leur famille. Héritage qui revient au comte dès qu’il n’y a plus d’héritier mâle.
Il deviendra le chef-lieu d’une prévôté judiciaire au XIIème siècle.
Maison de Hainaut
Les seigneurs de Beaumont furent dans un premier temps les comtes de hainaut eux-mêmes.
Régnier IV de Hainaut (998-1013), fils de Régnier III, reçut de l’empereur de grands domaines dans la région. On ne sait pas s’il existait encore à Beaumont à l’époque un habitat fortifié. Peut-être un petit village qui se développait.
Régnier V de Hainaut (1013-1039), fils du précédent
Herman de Hainaut (1039-1050), fils du précédent, qui a épousé Richilde d’Egisheim. A la mort de son mari cette Richilde de Hainaut (1050-1083), épousa en secondes noces Baudouin VI de Flandre (Ier de Hainaut, 1051-1070), fils du comte Baudouin V de Flandre. Beaumont restait un site stratégique important, en ces temps de luttes féodales, face à la principauté de Liège. On doit à la comtesse Richilde d’y avoir fait construire un donjon (tour Salamandre) et des fortifications vers 1049 ou 1067 (selon les sources – la seconde date est plus vraisemblable, car elle semblait avoir plus de pouvoir à ce moment). Elle y plaça un châtelain. Les seigneurs de Beaumont y résideront en fait rarement. En 1071, les châtelains de Mons, de Beaumont et de Valenciennes durent faire hommage à l’évêque de Liège, devenu momentanément suzerain de Hainaut pour aider financièrement Richilde à combattre Robert le Frison qui revendiquait le comté de Flandre et lui faisait la guerre.
Arnould de Flandre-Hainaut (1070-1071), fils aîné du second mariage de Richilde, qui mourut précocement à la bataille de Cassel face aux troupes flamandes de Robert le Frison.
Baudouin II de Hainaut (1071/1087-1098), son frère cadet
Baudouin III de Hainaut (1098-1120), fils du précédent
Baudouin IV de Hainaut « le Bâtisseur » (1120-1171), fils du précédent. Vers 1158, celui-ci, dans sa politique d’aménagement de son territoire (fortifications de villes, fondations de villes nouvelles), fit aménager le château.
Baudouin V de Hainaut et VIII de Flandre (1171-1195), fils du précédent, fit construire une enceinte vers 1185 autour du donjon (Tour Salamandre) donnant à Beaumont le statut de bourg.
Baudouin VI de Hainaut et IX de Flandre dit « de Constantinople » (1195-1205), fils du précédent,
Jeanne de Flandre et de Hainaut dite « de Constantinople » (1205-1244), fille aînée du précédent, d’abord sous la tutelle de son oncle Philippe le Noble, marquis de Namur, puis sous celle du roi de France, Philippe-Auguste, qui la maria avec Ferrant de Portugal. Ils n’eurent pas d’enfants.
Marguerite de Flandre et de Hainaut dite « de Constantinople » (1244-1278), sœur cadette de Jeanne, lui succéda. Elle épousa successivement Bouchard, frère du seigneur d’Avesnes (mariage annulé dont furent issus deux enfants, d’abord considérés comme bâtards, puis réhabilités plus tard par le pape), puis Guillaume de Dampierre (1223-1231). Veuve, elle continua à administrer les deux comtés, alors que les fils de ses deux unions s’étripaient pour l’héritage. Entre-temps, Marguerite donna la seigneurie de Beaumont à son fils cadet Baudouin, issu de son premier mari, Bouchard d’Avesnes.
Baudouin d’Avesnes (1215- 1289), fils cadet de Marguerite et de Bouchard d’Avesnes. Sa mère lui fit donation de la seigneurie de Beaumont. Il s’agissait d’un apanage, seigneurie qui pouvait être transmise à sa descendance mâle, mais devait revenir au comte en cas d’absence d’héritier mâle. Ce qui fut déjà le cas ici, car son fils Jean mourut avant lui en 1283.
Cette coutume va persister un moment par la suite, Beaumont allant systématiquement au puîné (second fils) de la famille comtale.
C’est son petit-fils Baudouin d’Avesnes ( ?-1299) qui lui succéda. Il n’eut pas non plus de postérité. Beaumont rentra dans les possessions comtales de son oncle Jean d’Avesnes (1248-1304), petit-fils de Bouchard.
La seigneurie fut à nouveau remise en panage à son fils puîné Jean d’Avesnes « de Beaumont » (1288-1356), un aventurier qui batailla en Angleterre au service du futur Edouard III, puis en France au service du roi Philippe V de Valois, dont il sauva la vie à Crécy (1346), une des premières batailles de la Guerre de Cent Ans.
En 1340, au début de cette guerre de Cent Ans, l’armée française vint ravager les pays de Beaumont, de Chimay, d’Avesnes et du Quesnoy. Ces cités furent saccagées. A cette époque, le comte Guillaume II avait pris parti pour l’Angleterre. Le roi de France, Philippe V, pour se venger, envoya une armée commandée par son fils, duc de Normandie, et futur roi Jean II.
Jean de Beaumont n’avait eu qu’une fille, Jeanne de Hainaut-Avesnes, morte avant lui en 1350. Elle avait épousé en 1336 Louis I de Châtillon-Blois, qui mourut avant elle en 1346. Leur importante succession (Soissons, Blois, Beaumont, Chimay, Avesnes, Condé-Château, Leuze et autres lieux) passa de fils en fils. Les deux premiers, Louis II de Blois-Châtillon ( ?-1372) et Jean II de Blois-Châtillon ( ?-1381), n’ayant pas eu d’enfant, c’est le troisième Guy II de Blois-Châtillon ( ?-1397) qui hérita en dernier lieu de tous ces domaines.
Ce dernier épousa Marie ( ?-1412), la fille du comte Guillaume I de Namur, de qui il eut un fils qui mourut avant lui en 1391. Guy donna le fief de Beaumont à son beau-frère Jean de Namur ( ?-1429).
Maison de Bourgogne
Jean de Namur, entretemps devenu comte de Namur en succédant à son frère, criblé de dettes par une vie de luxe et de dépenses, vendit ses possessions en viager à Philippe le Bon, duc de Bourgogne, en 1421.
Antoine de Croÿ (1385/1390-1475), conseiller et chambellan de Philippe le Bon, se vit offrir par celui-ci la place forte de Beaumont en 1453.
Son fils Philippe I de Croÿ (1435-1511) lui succéda. Il fut au service de l’archiduc Maximilien d’Autriche, beau-fils de Charles le Téméraire. Mais l’archiduc souleva une campagne de révoltes locales lorsqu’il tenta de redresser par des impôts les finances de ses Pays-Bas. Il réprima ces mouvements avec violence. Beaumont fut entre autres prise et saccagée en 1479.
Puis vint Guillaume de Croÿ (1458-1521), fils cadet du précédent, précepteur puis conseiller influent et chambellan de Charles Quint qui l’en remercia entre autres en érigeant Beaumont en comté en 1519. Guillaume n’eut pas de postérité.
Son neveu Philippe II de Croÿ (1496-1549) lui succéda. Il augmenta et compléta le système de défense, avec l’accord de Charles Quint qui vint visiter la ville, avec son fils Philippe, en 1549.
Puis ce fut le tour de Charles I de Croÿ (1522-1551), fils du précédent, qui n’eut pas non plus d’enfant et qui transmit ses possessions à son frère Philippe III de Croÿ (1526-1595).
A celui-ci succéda son fils Charles III de Croÿ (1560-1612), mort sans enfant et le dernier de la lignée aînée des de Croÿ qui possédait alors un vaste domaine. Il le partagea avant sa mort. Beaumont étant devenue une des résidences préférées de cette famille au XVème siècle, la ville connut alors un véritable essor.
Beaumont passa à sa sœur Anne de Croÿ (1564-1635), qui avait épousé en 1587 Charles de Ligne (1550-1616), un cadet de cette famille, mais prince d’Arenberg (par héritage maternel à condition que leurs successeurs portent le nom d’Arenberg). C’est donc leur fils Alexandre d’Arenberg (1590-1629) qui reçut Beaumont et qui le transmit à ses fils Albert Alexandre d’Arenberg (1618-1643, mort sans enfant), puis Philippe d’Arenberg (1619-1675) et enfin au fils de ce dernier Ernest Dominique Alexandre d’Arenberg (1643-1685).
En 1632, une épidémie de peste dévasta la population.
Dans le contexte de la Guerre de Trente Ans, en 1637, le maréchal de Turenne, au service du roi de France Louis XIII et de son conseiller le cardinal Richelieu, envahit une partie des Pays-Bas Espagnols. Il assiégea Beaumont. Les armées françaises durent céder rapidement leurs conquêtes.
De 1655 à 1660, les armées de Louis XIV se lancèrent à l’assaut des Pays-Bas Espagnols. Ils s’installèrent dans de nombreuses places, dont Beaumont et Chimay. La cité fut occupée. La ville, l’église et la Tour Salamandre eurent à subir un incendie en 1655 en représailles.
Au Traité des Pyrénées de 1659, les prévôtés de Beaumont, Chimay et Avesnes furent octroyées à la France. Les deux premières furent restituées aux Pays-Bas lors du Traité de Nimègue de 1678 qui redessina les frontières en amputant le Hainaut des prévôtés de Valenciennes, Bavay et Maubeuge.
Cela ne dura que peu de temps, car la guerre reprenant ses droits, toujours à l’initiative de Louis XIV, la Paix de Ratisbonne de 1684 ramena encore Beaumont et Chimay au royaume de France.
La Ligue d’Augsbourg, constituée par Guillaume III, roi d’Angleterre et de Hollande, avec les Autrichiens (l’Espagne s’étant rangée aux côtés de la France) tenta une première reconquête en 1684, qui s’acheva par une défaite. Avant cela, Guillaume III s’était emparé de la place forte de Beaumont, dont il fit sauter les fortifications. La Tour Salamandre fut encore très endommagée.
Les adversaires étant épuisés, on signa la paix à Rijswijck en 1697. Les Pays-Bas, toujours espagnols, récupéraient une grande partie de leurs villes, dont Beaumont.
La guerre reprit pourtant ensuite, d’abord à l’avantage des Français. Mais ceux-ci durent cependant céder du terrain jusqu’au Traité d’Utrecht de 1713 qui fit de nos Pays-Bas des Etats Autrichiens.
Ernest d’Arenberg n’ayant pas d’enfant, c’est vers la descendance de sa sœur aînée, Anne Isabelle Caroline d’Arenberg (1616-1658) que partirent ses possessions. Cette dernière avait épousé Eugène de Hennin-Liétard, comte de Boussu (1614-1656).
Leur fils Philippe Louis Antoine de Hennin-Liétard (1646-1688) hérita du comté de Beaumont en 1685. Lui succédèrent :
Charles Louis Antoine de Hennin-Liétard (1675-1740), fils du précédent, mort sans héritier
Alexandre Gabriel Joseph de Hennin-Liétard (1681-1745), frère du précédent
Thomas Alexandre Marc de Hennin-Liétard (1732-1759), fils du précédent
Thomas Alexandre Marc Maurice de Hennin-Liétard (1759-1761), fils du précédent, mort à l’âge de deux ans
Philippe Gabriel Maurice Joseph de Hennin-Liétard (1736-1804), son frère.
En 1794, il perdit définitivement ses droits féodaux sur Beaumont qui devint une ville du département français de Jemappes jusqu’en 1814, puis de la province de Hainaut jusqu’à nos jours.
La propriété du château resta dans cette famille qui la transmit à un de ses descendants, Maurice Riquet de Caraman, également propriétaire de celui de Chimay. En 1815, avant la bataille de Waterloo, Napoléon logea à l’hôtel de Maurice de Caraman, situé sur la Grand-Place.
Répartition des pouvoirs pendant la période contemporaine (à partir de 1814)
- Etat: Belgique
- Province: Hainaut
- Arrondissement administratif : Thuin
- Arrondissement judiciaire : Charleroi
- Canton: Beaumont
A parti du 13 août 1914, près de 100.000 soldats Français passèrent à Beaumont pour tenter de freiner l’armée allemande sur la Sambre. Repoussés, ils durent battre en retraite dans les jours suivants.
Economie
Nous ne sommes pas documentés à propos des activités professionnelles des habitants du bourg de Beaumont. Sans doute étaient-ils tournés vers le petit artisanat traditionnel des petites villes (tannerie, boucherie, poterie, …). Il existait sans doute un marché où les paysans des villages alentour venaient vendre les surplus de leurs récoltes.
Patrimoine
Tour Salamandre
Elle fut bâtie sur un petit plateau dominant la vallée de la Hantes. C’était le donjon de l’ancien château, bâti au milieu du XIème siècle par la comtesse Richilde, qui fit également ériger des fortifications. Celles-ci furent agrandies par le comte Baudouin IV au siècle suivant, faisant de Beaumont un bourg. Elle fut incendiée vers 1340 par le duc de Normandie, mais sembla résister aux raids du roi Louis XI de France au XVème siècle.
Quand les de Croÿ obtinrent la seigneurie au XVème siècle, ils transformèrent la forteresse en château confortable où ils résidèrent souvent. C’est eux qui donnèrent l’élan nécessaire pour faire de Beaumont une véritable ville. La tour fut reconstruite en 1549 par le duc Philippe de Groÿ.
Actuel musée de l’histoire de la ville.
Eglise de Saint Servais. Le bâtiment actuel est du XVIIIème siècle.
Anciennes institutions de Beaumont
- Couvent du Béguinage, 1287
- Couvent des Récollets ( ?), 1476
- Hôpital de St Nicolas
L’hôtel des Caraman-Chimay a été construit en 1845. Il succède cependant à de nombreuses constructions depuis le moyen-âge. Une de celles-ci fut achetée en 1806 par le prince Maurice Riquet de Caraman, descendant du dernier seigneur de Beaumont. Napoléon y aurait séjourné en juin 1815 avant d’aller affronter la grande coalition à Waterloo. La façade est de style néo-gothique. On trouve encore à l’intérieur des parties plus anciennes.