Le territoire
Superficie: 512 ha
Altitude: de 72 à 136 m (120-130 m au centre du village)
Situation géographique : Bellignies est un village situé sur le plateau de Bavay (ou des Hauts-Pays).
Cours d’eau : le Hogneau (appelé Grande Honnelle sur son parcours belge) et son affluent, le ruisseau d’Eugnies
Paysage préhistorique (après la dernière période glaciaire) : boisé (il reste quelques vestiges de la Forêt Charbonnière ancienne: bois d’Ugnies, d’Encade, Petit Bois).
Nature du sol : limoneux
Nature du sous-sol : Pierres calcaires (déposées au début du crétacé de l’ère secondaire), roches ferrugineuses
Préhistoire
Peu documentée.
Ages du fer :
On a signalé sur le territoire de Bellignies des monuments gaulois (pas de précision – source : Wikipedia). Ce qui est peu probable pour un peuple qui n’en avait pas au sens strict du terme. On attribue cependant à une pierre du jardin du château de Bellignies (« Pierre Croûte ») la fonction d’autel où l’on sacrifiait au dieu Bel ou Belinus (Père Lambiez, M. Bottin), pierre située autrefois à la limite du territoire d’Houdain. On aurait déterré des ossements et des cornes au pied de cette pierre (voir section Patrimoine).
Antiquité gallo-romaine
Bellignies est traversé par la chaussée romaine Bavay-Blicquy-Mer du Nord
Il semble qu’on n’y ait pas trouvé de vestiges d’habitat ou de nécropole, mais dès l’Antiquité, on y avait découvert la richesse en pierres du sous-sol. Celles-ci furent extraites dans des mines souterraines (appelées “trous de sarrasins” quand elles furent découvertes plus tard). Ces pierres servirent entre autres à construire les bâtiments de la ville antique de Bavay.
Premier Moyen-Age (période franque mérovingienne et carolingienne)
Non documenté
Deuxième Moyen-Age – le village
Première mention: 1101
Toponymie (anciennes orthographes) :
- Belines, 1101
- Belegnies, 1186
- Belines, 1201
- Bellenguien, 1233
- Bielignies, 1323
Etymologie (hypothèses d’origine du nom) :
Ce qui serait une forme romanisée de Bellingen.
Les villages dont les noms se terminent en –gnies/ies peuvent avoir une origine antique (gallo-romaine ou même gauloise), même si le nom ne concernait qu’un lieu-dit (éventuellement habité) et non pas un village (qui n’existe ici sans doute que depuis le XI ou XIIème siècle).
Bel = évoque le dieu gaulois Bel ou le dieu romain Belenus (Apollon). Ce qui fait références aux légendes qui circulaient à propos des origines de Bavay (voir le chapitre consacré à cette ville).
Si la fondation du village date du Moyen-Age, elle s’effectua en un lieu-dit qui avait conservé ce nom antique.
Epoque de son apparition: sans doute au XIème siècle, peut-être un peu avant.
Facteurs ayant favorisé son émergence :
– voies de communication: la chaussée romaine Bavay-Blicquy-Mer du Nord
– sources d’eau ou cours d’eau: le Hogneau (affluent de la Haine)
– source de bois: région boisée
– proximité d’un lieu de pouvoir: Bavay
Paroisse dédiée à Saint-Barthélémy. Elle fut à l’origine une dépendance de celle de Gussignies. En 1454, Jacques de Harchies, seigneur du village, l’érigea en paroisse autonome.
Evêché: de Cambrai
Décanat/doyenné: Bavay
Autel (dîmes, entretien de l’église, nomination des officiants) donné à ???
Répartition des pouvoirs pendant la période féodale
Autorité supérieure: comté de Hainaut jusqu’en 1678, puis Généralité de Valenciennes (ou de Douai).
Autorité sous-jacente (administrative et judiciaire): Bavay fut le siège d’une prévôté qui persista jusqu’à la Révolution
Seigneuries et fiefs
On mentionne deux seigneuries:
- La seigneurie principale (infra)
- Un fief ayant appartenu à l’abbaye de Lobbes
La seigneurie principale
Elle comprenait le village à clocher, une résidence fortifiée, des terres labourables, des prairies et des bois.
Il semblerait que cette seigneurie fut longtemps administrée par les vicomtes-prévôts de Bavay au nom des comtes de Hainaut.
Un Antoine II d’Yve de Bavay (v1327-1422) est ainsi cité comme seigneur de Bellignies.
Par la suite, la seigneurie passa dans les mains de la famille de Harchies.
Il existe quelques imprécisions quant à savoir qui est l’acquéreur et comment. Par achat ou don du prince pour bons services ?
Il semble que le premier seigneur cité fut Jacques I Mouton « de Harchies » (v1375- ?) qui acheta Harchies en 1410 ou 1440 à la famille de Strépy-Harchies. Il pourrait aussi avoir acheté à la même époque Bellignies. Il fut bailli des bois du comté de Hainaut et gouverneur de Mariembourg. Son fils Jean hérita de Harchies.
Le second, Jacques II de Harchies (1400-1469) lui succéda à Bellignies. Il fut chambellan de Philippe le Bon et prévôt de Maubeuge. Il n’est pas impossible que ce soit lui le premier seigneur de Bellignies. Lui succédèrent :
- Jacques III de Harchies ( ?-1476), fils du précédent, aussi au service de Philippe le Bon. Il n’eut pas de postérité.
- Gilles de Harchies ( ?-apr1456), frère du précédent, grand bailli des bois du Hainaut, gouverneur de Beaumont et prévôt de Valenciennes
- Gérard I de Harchies (v1485- ?), fils du précédent
- Jean de Harchies (v1525-avt1571), fils du précédent, prévôt de Valenciennes, pas de postérité
- Sa sœur Gilette de Harchies ( ?-1558) hérita de lui.
Maison de Chasteler (ou Chasteleer)
Jean du Chasteler ( ?-1568) devint seigneur de Bellignies par son mariage avec Gilette de Harchies. Il était aussi seigneur de Moulbaix (par son père) et vicomte/prévôt de Bavay (par sa mère Jeanne de Proissy). Lui succédèrent :
- Gabriel de Chasteler ( ?-1619, Moulbaix), fils du précédent, grand bailli du Hainaut,
- Jean IV du Chasteler (v1580-1624), fils du précédent
- Gabriel Jean du Chasteler ( ?-1652), fils du précédent
- Il n’eut qu’une fille Bonne Jeanne Françoise du Chasteler ( ?-1706), héritière de Bellignies, qui, malgré deux mariages, n’eut pas d’enfant.
- Elle légua ses biens à son neveu François Gabriel du Chasteler (1690-1757). Celui-ci n’eut pas d’enfant non plus.
En 1678, avec le Traité de Nimègue, toutes les seigneuries de la prévôté de Bavay furent transférées dans le royaume de France.
Maison du Sart
Jean-Baptiste Philibert Antoine du Sart « de Molembaix » (1711/1716, Mons-1766, Bellignies) est cité seigneur de Bellignies en 1742. Nous n’avons pas trouvé de lien entre lui et un membre de la famille du Chasteler. Peut-être a-t-il acheté le domaine, ainsi que celui de Molembaix (près d’Ath).
Son fils Philibert Xavier de Molembaix (1740-1801) lui succéda.
Avec lui s’acheva en 1792 la période féodale. La seigneurie de Bellignies devint une municipalité.
Répartition des pouvoirs pendant la période contemporaine (à partir de 1792)
- Etat: France et ses divers régimes (républiques, monarchie, empire)
- Département: Nord
- Arrondissement : Avesnes-sur-Helpe
- Canton: Aulnoye-Aymeries
Le petit village voisin de Bréaugies fut rattaché en 1825, comme hameau, à la municipalité de Bellignies. Le 27 août 1914, on y déplora un accrochage entre soldats britanniques et allemands.
Economie
Deux activités principales semblent avoir occupé les villageois.
L’agriculture (céréales, houblon, pommes de terre) se pratiquait sur un plateau limoneux. On mentionne des activités annexes :
- Un moulin à grains, sur l’Hogneau, probable moulin banal
- Une brasserie, début du XXème, qui fut ensuite transformée en scierie de marbre.
De nombreuses carrières de pierre bleue et de marbre ont ici été exploitées dès l’antiquité, notamment pour la construction des bâtiments de Bavay (« trous de Sarrasins ») sur la rive droite du Hogneau (en partie aussi sur Houdain-lez-Bavay et Hon-Hergies). Elles sont mentionnées par Jacques de Guyse, historien du XIVème siècle. Ces galeries souterraines auraient parfois servi de refuge aux habitants en temps de conflit. Des fragments de poteries y ont été trouvés, ainsi que des niches dans les parois.
Une partie fut détruite en 1954 par une carrière de pierre bleue.
L’industrie du marbre s’y est particulièrement bien développée au XIX-XXème siècle, avec ses scieries et une production renommée de cheminées et de pendules entre autres.
Actuellement, la SECAB continue d’exploiter le site.
La roche est aussi transformée en sable et gravillon, qui peut être mélangé à du bitume pour les routes ou à du ciment pour faire du béton.
Au-dessus de la couche de calcaire, se trouve une couche de pierre ferrugineuse d’un mètre d’épaisseur, exploitée au XIXème en forge (1833-1880).
Voies de communication
L’ancienne chaussée romaine resta l’axe principal routier, le long duquel s’étala le village. Bellignies fut relié aux villages voisins par des chemins, mais aucun autre axe routier important ne fut aménagé par la suite.
Bellignies, pour ses carrières, fut desservi par le chemin de fer. Une ligne qui prenait son départ à Mons, passait par Dour (pour les charbonnages du Borinage) et fut prolongée vers Roisin, puis vers Bavay en 1882, où elle rejoignait la ligne Maubeuge-Valenciennes. Elle fut inaugurée en 1886. Le trafic fut interrompu de 1914 à 1918. En 1939, pour se protéger de l’invasion, le gouvernement français ferma le tronçon français, fit démonter les rails. La ligne ne fut pas rétablie après la Seconde Guerre Mondiale. Du côté belge, elle fonctionna jusqu’en 1961.
Patrimoine
Eglise Saint-Barthélemy. L’ancienne église du XVIème a été démolie en 1849. Son portail a été sauvegardé et placé au calvaire du cimetière. Le bâtiment actuel est de 1847-1855 (idem pour le Presbytère voisin).
Château seigneurial
Du château existent encore une tour, appelée Tour de Bel, du XIIIème siècle siècle et un corps de logis du XVIIIème siècle.
Ce château fut acheté vers 1888 par la princesse de Croÿ, veuve de Alfred-Emmanuel de Croÿ, prince de Croÿ et de Solre, duc d’Havré. Sa fille, Marie de Croÿ (1875- ?) en hérita en 1912. Elle s’engagea dans la résistance pendant la première guerre mondiale. Elle fut arrêtée et déportée en Allemagne, dont elle revint en 1918. Elle « récidiva » en 1940 et fut de nouveau arrêtée. Elle mourut célibataire en 1968. Sa fille, Yolande de Croÿ (1924-2001), continua à vivre à Bellignies.
La “Pierre Croûte”. Elle fut installée dans le parc du château en 1810. Selon une première source, elle proviendrait d’un lieu-dit « Trou des Sarrazins » (galeries souterraines d’origine romaine) entre Houdain et Bellignies. Là-bas elle aurait servi d’autel lors de cérémonies en hommage au dieu Bel. Une autre source la localise au Pré Belem (entre Roisin et Maurain). (Notes personnelles de Mr Erik Lecomte).
Ce monument est donc entouré de légendes, dont celles qui donnent à la ville antique de Bavay des origines lointaines liées à des cultes au dieu Bel. On sait aujourd’hui qu’une telle civilisation n’a existé que dans l’imagination fertile d’anciens historiens (dont Jacques de Guise au XIIIème siècle) et que, malgré des fouilles archéologiques poussées, il n’a jamais été trouvé de témoignages plus anciens que ceux de la ville gallo-romaine.
Autel celtique du dernier millénaire avant J.C. et même des derniers siècles? Mégalithe néolithique d’il y a 5000 à 4000 ans? Il est en pierre calcaire du début du crétacé (comme le sont celles de la région) et a l’aspect d’une croûte de pain, d’où son appellation. Il comporte à sa surface des petites cupules creusées par la main de l’homme. Tout au plus pourrions-nous penser qu’il s’agissait d’un menhir (sur sa forme) qui aurait pu servir plus tard de lieu de culte druidique ou païen médiéval (sans aucune preuve pour pouvoir trancher).
Musée du marbre et de la pierre bleue – situé dans une ancienne scierie de marbre. collection de cheminées, pendules, sculptures, …
http://villesetvillagesdelavesnois.org/musees/museebellignies/museemarbrebellignies.htm
Références
http://villesetvillagesdelavesnois.org/bellignies/bellignies.html
Petite précision sur la “pierre croûte” :
A Bettrechies, le calcaire givétien est surmonté de terrains crétacés dont le cénomanien inférieur à l’état de “SARRAZIN de Bellignies”.
Il s’agit d’un grès calcareux grossier de teinte rousse à débris de fossiles.
(Extrait des guides géologiques régionaux. Ardennes-Luxembourg (1973). Itinéraire 9, du Caillou qui bique à Bavay.