Entité communale de Binche
Le territoire
Superficie: 77 ha
Altitude: entre 85 et 92 m
Situation géographique : le territoire est situé sur le versant sud de la vallée de la Haine. La cité s’est développée sur un escarpement rocheux, jadis entouré d’un bras de la Samme.
Cours d’eau : la Samme qui prend sa source à Buvrinnes et qui prend le nom de “Ruisseau de la Princesse” à la sortie de la ville.
Paysage préhistorique (après la dernière période glaciaire) : boisé (Forêt Charbonnière)
Nature du sol : limoneux
Nature du sous-sol : grès
Préhistoire
Non documentée
Antiquité gallo-romaine
On pense qu’il existait sur la colline un camp romain à l’époque de la conquête de la Gaule et du Pays des Nerviens. C’est là que Quintus Cicero fut assiégé en -52. Il aurait été abandonné ensuite pendant plusieurs siècles.
On a trouvé dans un endroit non précisé au XIXème siècle un Bronze d’Alexandre Sévère (début du IIIème siècle).
Il existerait à la « Cité Vandervelde » un ancien site gallo-romain (1km à l’ouest de la chaussée). Sans précision.
Premier Moyen-Age (période franque mérovingienne et carolingienne)
Non documentée
Deuxième Moyen-Age – le village
A l’origine, Binche et Epinois faisaient partie du grand domaine seigneurial de Waudrez, appartenant aux comtes. Sans doute un ancien domaine fiscal royal de l’époque franque.
Première mention: 1124
Toponymie (anciennes orthographes) :
- Bincium, 1124 (charte de Burchard, évêque de Cambrai), 1182, 1193, 1200, 1229, 1248
- Binzium, 1159, 1204, 1206, 1209
- Bins, 1162, 1197, 1460
- Binc, 1167, 1179, 1181, 1239, …
- Binchium, 1177, 1246, 1258
- Bince, 1179
- Bains, XVIème
- Beins, XVI, XVIIème
- Binch, 1232, 1256, …., 1790
Etymologie (hypothèses d’origine du nom) :
On pense que le nom latin Binchium dérive de Bincium, signifiant « colonie »
Epoque de son apparition: XIIème siècle
Facteurs ayant favorisé son émergence :
– voies de communication: la chaussée romaine proche
– sources d’eau ou cours d’eau: la Samme autour d’un éperon rocheux
– source de bois: région boisée
– proximité d’un lieu de pouvoir: Binche s’est constituée à l’origine en citadelle
Paroisse dédiée à Saint-Ursmer. Les premiers paroissiens dépendaient de la paroisse de Waudrez. Il est possible qu’une petite communauté villageoise se développa à l’écart de Waudrez.
Evêché: de Cambrai (jusqu’en 1804), puis de Tournai ensuite
Décanat/doyenné: Binche (dès le XIIème siècle).
Autel (dîmes, entretien de l’église, nomination des officiants): A la demande de la comtesse Yolende de Gueldre, l’autel de Waudrez et de ses dépendances (Binche et Epinois) fut donné en 1124 par l’évêque Burchard de Cambrai à son chapitre cathédral. Ce qui fut confirmé par le pape Alexandre III en 1180 et par le pape Lucius III en 1181.
A la fin du XIIème siècle, on vit naître deux autres paroisses, dépendant aussi du chapitre de Cambrai. En 1409, le chapitre des chanoines de Lobbes vint s’installer à Binche.
Répartition des pouvoirs pendant la période féodale
Autorité supérieure: comté de Hainaut
Autorité sous-jacente (administrative et judiciaire): prévôté de Binche
Seigneurie – la ville
Ce sont des terres qui appartenaient au comte de Hainaut qui y firent de fréquents séjours, car les environs étaient propices à la chasse. Elles servaient de dot aux filles aînées des comtes.
XIIème siècle
Binche fut détachée de Waudrez entre 1120 et 1127, sous la régence de Yolande de Gueldre, veuve du comte Baudouin III.
Binche se structura progressivement au début du XIIème, à partir d’une population de paysans et d’artisans. En 1147, Yolande de Gueldre, mère de Baudouin IV, y fit installer une ville neuve et la fit entourer d’une première enceinte fortifiée (selon Gislebert de Mons).
La croissance de Binche fut rapide. L’enceinte sera encore prolongée vers le nord par son fils Baudouin IV « le Bâtisseur ». L’enceinte définitive fut longue de 2,5km et comporta 30 tours et 6 portes, dont il reste encore aujourd’hui la majorité, récemment restaurées à la fin du XXème siècle.
La cité reçut ainsi un statut de place forte qui va lui permettre de jouer un rôle militaire à l’avenir. Une garnison y fut installée. Les comtes y firent construire un château à l’extrémité méridionale, le “château de la Salle” qui devint leur résidence favorite (Castrum quod nominant Bins). Un châtelain remplaçait les comtes en leur absence. C’était un officier militaire, dont les pouvoirs s’étendaient sur les villages des environs regroupés en une châtellenie. A ses côtés, un prévôt avait un pouvoir civil.
A partir de 1221, un seul personnage, appelé prévôt, exerça les deux pouvoirs. La châtellenie devint « Prévôté de Binche ». Elle était constituée de 6 terres franches et abbayes, 44 villages, 20 hameaux et seigneuries, les villes de Binche et de Fontaine-l’Evêque, ainsi que du bourg de Merbes-le-Château.
La ville de Binche fut gouvernée par un conseil composé d’un prévôt, de sept jurés et de six conseillers (« consaux »). Le prévôt était chargé par le comte de Hainaut des affaires civiles, militaires et judiciaires de la Prévôté. Les Jurés étaient choisis parmi les notables bourgeois, artisans, commerçants ou membres de professions libérales. Les Consaux représentaient les métiers.
On y vit en 1148 passer Saint Bernard de Clairvaux qui prêchait la croisade.
Dès 1167, la commune reçut des franchises communales. Des magistrats ou juges furent mis en place pour exercer la justice au nom du comte et de son prévôt.
Une guerre en 1185 entre le comte de Hainaut, Baudouin V, et le comte de Brabant, allié au prince-évêque de Liège, endommagea les lieux, mais la cité résista. On répara et on augmenta encore les moyens de défense.
Binche, avec Mons, Valenciennes et Le Quesnoy confirmèrent le traité de paix de 1194 entre Baudouin V et Henri I de Brabant.
Afin de faire prospérer la ville, Baudouin VI de Hainaut donne à Binche sa charte de privilèges communaux en 1198. Le commerce et l’artisanat vont alors prendre de l’ampleur, particulièrement l’industrie drapière et le commerce des grains.
XIIIème siècle
Les comtes gardèrent une forte mainmise sur la ville. Ils y résidèrent souvent, d’autant plus que les environs étaient propices à la chasse.
Une halle est construite en 1229. La grande enceinte semble avoir été construite en plusieurs chantiers (1289, 1308, 1321).
En 1225, on y vit passer le « faux Baudouin », un personnage qui se faisait passer pour le comte Baudouin VI, pourtant donné mort à la croisade en 1206.
XIVème siècle
La ville était suffisamment prospère pour que des banquiers lombards s’y installent en 1304.
Un premier déclin fut provoqué par l’épidémie de peste qui traversa l’Europe en 1348-49, puis en 1398. La démographie chuta. Il fallut que le comte Aubert de Bavière et son fils Guillaume IV favorisent le repeuplement. Ils exemptèrent en 1399 les habitants du droit de morte-main et d’autre charges pour attirer la population servile des campagnes.
La ville servit de douaire (dot) aux filles aînées des comtes de Hainaut.
XVème siècle
En 1408, Binche reçut encore des privilèges exceptionnels du Comte Guillaume IV de Bavière.
En 1409, le chapitre des chanoines de St Ursmer fut transféré de Lobbes à Binche par l’évêque de Liège, Jean de Bavière. Ce qui fut approuvé en 1410 par le pape Jean.
En 1477, le douaire (dot de veuve) de Marguerite d’York, veuve de Charles le Téméraire, y fut entreposé.
A cette époque, la ville avait souffert des guerres engagées par le roi Louis XI de France. La misère était présente.
XVIème siècle
Les remparts devinrent obsolètes face aux nouvelles techniques de bombardement, mais la cité les conserva.
Lorsque Charles Quint nomma sa soeur, Marie de Hongrie, gouvernante des Pays Bas, il lui donna le domaine de Binche en fief. Elle y fit construire un palais en 1548, sur les fondations du précédent (XIIIème, déjà remanié aux XIV et XVème, qui sera rasé ici pour la circonstance), faisant appel à l’architecte montois Jacques Dubreucq, fleuron de l’architecture Renaissance en Hainaut. De grandes fêtes en l’honneur de l’Empereur et de son fils Philippe furent organisées l’année suivante (“les Triomphes”), ainsi qu’à l’occasion de la visite de la Reine de France. Ce fut l’apogée culturelle de Binche.
En 1550, on y signa un traité de paix entre Charles-Quint et Marie Stuart, reine d’Ecosse (et catholique en ces temps d’anglicanisme triomphant en Angleterre).
Malheureusement, ce château ne dura pas longtemps. En 1554, les troupes du roi Henri II de France en firent le siège et y boutèrent le feu. En 1578, celles du duc d’Alençon et d’Anjou, ayant pris le parti des Calvinistes, achevèrent le travail de destruction.
On tenta bien d’en reconstruire une partie. Lors de ces sacs, les chartes de libertés de la ville disparurent. Le roi Philippe II les renouvela en 1589 (« Chartes et coutumes de la ville de Binche », ensemble de lois pour les habitants de Binche).
XVIIème siècle
Les archiducs Albert et Isabelle y firent leur joyeuse entrée en 1600, alors que le château était toujours en reconstruction.
En 1622, les troupes de Mansfeld, qui passaient et ravageaient la région, épargnèrent Binche où les populations des alentours venaient se réfugier. La population déclina une nouvelle fois avec des épidémies en 1626 et 1636.
La ville eut alors trop à subir des guerres entre France et Pays-Bas pour que la prospérité se maintienne. En 1674, après la bataille de Seneffe, les troupes du maréchal de Luxembourg traversèrent la plaine de Binche et s’y livrèrent aux exactions de guerre.
Binche fut assiégée en 1675 par les troupes françaises de Louis XIV. Elle fut occupée, ce qui entraîna de lourdes réquisitions. Une partie des fortifications fut détruite. Le roi de France s’était emparé de toute la prévôté de Binche. En 1667, elle l’annexa au royaume de France, ce qui fut confirmé lors de la Paix d’Aix-la-Chapelle de 1668. Cependant le Traité de Nimègues de 1678 ramena la prévôté dans les Pays-Bas Espagnols.
Nouvelle occupation dès 1691. Les Français remirent partiellement en état les fortifications entre 1691 et 1697. Cependant, après leur départ, l’entretien devint trop coûteux et on décida de les démolir en 1704. Les pierres furent réutilisées ailleurs, notamment pour la construction de l’hôpital militaire royal de Mons. Aujourd’hui un parc de plaisance y est aménagé, mais des fouilles sont toujours en cours.
XVIIIème siècle
Les Français revinrent à nouveau. La garnison fut déplacée à Gosselies. En 1709, les troupes alliées se déployèrent non sans malheurs dans toute la région.
En 1746, de nouveaux assauts français, lancés par le roi Louis XV, vinrent saccager Binche et les environs.
Période française (1794-1814)
Fin de l’Ancien Régime féodal en 1794
- Département: Jemappes
- Canton: Binche
A partir de 1794 et de l’occupation française révolutionnaire, des troupes furent souvent cantonnées dans la ville. Binche devint en 1793 chef-lieu de district, ensemble de 12 cantons. Puis elle devint chef-lieu d’un des 28 cantons du département de Jemappes.
Répartition des pouvoirs pendant la période contemporaine (à partir de 1814)
- Etat: Royaume des Pays-Bas (1814-1830), puis Royaume de Belgique
- Province: Hainaut
- Arrondissement administratif: Thuin
- Arrondissement judiciaire: Charleroi
- Canton: Binche
- Entité communale depuis 1977: Binche
Ce fut la reprise économique. Extension de l’industrie de la confection.
Mais ce fut aussi la période où l’on démantela les remparts qui servirent de carrières de pierres pour d’autres constructions. Les six portes ont été détruites.
Economie
Binche, étant une ville, eut une économie urbaine, basée sur l’artisanat et le commerce.
Les productions agricoles venaient essentiellement de la campagne environnante. Les agriculteurs, maraîchers et éleveurs venaient écouler leurs produits sur le marché.
On y vit se développer les habituels métiers des villes :
- De la meunerie, dans des moulins à eau
- De « Jean le Meunier » ou « Moulin de la Samme » à Buvrinnes
- Moulin de Parchegnies, sur l’ancien territoire de Battignies, attesté au XIIIème
- Moulin de Seluelle ou « moulin St-Paul », cité en 1256, jusqu’à 1856
- Moulin de David, dès 1265 jusqu’au début XXème
- Moulin de Dessous le Mont, Waudrez
- Des tanneries
- Des corroieries
- Des brasseries
Mais c’est la draperie, très florissante aux XIII et XIVème siècles, et plus tard la dentelle qui firent la prospérité de la ville. Il existe aujourd’hui un Centre de la dentelle et des métiers d’art, au Fuseau.
Patrimoine
http://www.binche.be/detentes-loisirs/tourisme/musees-visites-1
Les remparts. Il reste aujourd’hui plus de 2km de fortifications datant du XII-XIVème siècle, ainsi que les 27 tours, restaurées. C’est en Belgique la seule enceinte fortifiée encore complète. On fouille actuellement le site des châteaux successifs.
Hôtel de ville. Il est du XIVème siècle, de style gothique (trois arcades). Il fut restauré au XVIème par Dubreucq, au XVIIIème par Dewez (1774), au XIXème par Langerock.
Beffroi à bulbe accolé à l’hôtel de ville.
Gare néogothique (1910, de Pierre Langerock; époque de grande prospérité dans la région)
Square Eugène Derbaix: statues des principales personnalités de la ville.
Collégiale St Ursmer (anciennement église Saint-Martin). Elles est du XIIème siècle et était voisine de l’ancien château. Elle fut bâtie à l’initiative du comte Baudouin IV, à l’origine sur le moutier Sainte Marie. Elle était à cette époque dédiée à la Vierge.
Elle fut agrandie vers 1409, après son érection en collégiale par le prince-évêque de Liège, qui y transféra le chapitre de l’abbaye St Ursmer de Lobbes. On y a apporté les reliques de St Ursmer, un évangéliste du VIIème, fondateur de l’abbaye de Lobbes. Elle allie de l’architecture romane et gothique, celle-ci à partir des travaux de 1409.
Elle fut endommagée pendant le siège de 1554 et en partie reconstruite. La tour porte les millésimes de 1583 et 1671 (dates de restauration). On y entre par un grand portail roman. Jubé Renaissance (1592, de Thierry Bidart). Chaire de vérité, avec le Christ et la Samaritaine. Mise au Tombeau, XVème. Trésor : reliquaires du XI et XIIème.
Il exista jadis d’autres paroisses autour des églises Sainte-Croix et Sainte-Elisabeth. Elles furent rattachées à celle de Saint-Ursmer.
Chapelle St André, 1537, dans le vieux cimetière. De style gothique, avec ses stalles. Impressionnante voûte en berceau en bois de châtaigner. Peintures Danse Macabre.
Il existait un béguinage depuis 1020, dont les bâtiments furent cédés en 1598 aux Récollets. Une école d’éducation pour les filles y fut installée en 1822 par les religieuses du Sacré-Cœur.
On y trouvait aussi le Couvent des Sœurs Noires, fondé par Marguerite d’York en 1498.
Un collège fut créé en 1577 par des Prémontrés de Bonne-espérance. En 1727, les Augustins en prirent la direction.
Il existait plusieurs hôpitaux à Binche ;
- St Pierre, bâti on ne sait quand (XIVème ?), endommagé par Henri II en 1554, reconstruit en 1567
- St Jacques, fondé en 1450 et supprimé en 1703 par le roi Philippe V d’Espagne
- Une maladrerie
- Un hospice des orphelins
Musée du carnaval et du masque, dans l’ancien collège des Augustins datant du XIIIème. Collections régionales et internationales – ethnologie et traditions populaires
Les caves Bette. Bette est le nom du dernier occupant, négociant en produits coloniaux. Ce bâtiment servit par le passé de refuge pour les Moines de l’abbaye de Bonne Espérance. On y a aménagé aujourd’hui un Centre d’interprétation de l’histoire de la ville de Binche.
Folklore: le carnaval et les Gilles de Binche – http://www.carnavaldebinche.be/