Entité communale de Dour
Le territoire
Superficie: 822 ha
Altitude: 125-130 m
Situation géographique : Ce village s’étend sur une légère crête qui court entre deux vallons, formés par les ruisseaux de Fontigny (source au lieu-dit Ruinsette) et le ruisseau d’Elwasmes (limite avec le hameau de Petit-Dour). Cette crête est en fait la ligne de partage entre la vallée de la Petite Honnelle et celle du ruisseau Elwasmes, tous deux affluents de la Haine.
Cours d’eau : les deux ruisseaux cités
Paysage préhistorique (après la dernière période glaciaire) : Il s’agissait autrefois de bois, dont il reste encore aujourd’hui le Bois de Blaugies à l’est du village, en lien avec la forêt domaniale de Colfontaine. Le paysage est aujourd’hui plus aéré, ce qui est dû aux défrichements qui ont permis l’installation de groupes humains dans cette zone. Prairies et champs ne font pas oublier des petits bosquets, des saules isolés et des haies. De nombreuses sources alimentent les ruisseaux et expliquent la nature humide des pâturages. On pense que Blaugies, jusqu’au Moyen-Age, était séparé du quartier Morenfayt de Dour par un bois de hêtres.
Nature du sol : limoneux, argileux
Nature du sous-sol : grès, schistes
Préhistoire
Non documentée.
Antiquité gallo-romaine
Il y avait sur le territoire de Blaugies deux tumuli, que Debove attribue aux Gaulois, mais que Cambier et Audin pensent être d’origine franque.
- Mottelette (aucune antiquité recueillie lorsqu’on prélevait de la terre argileuse pour en faire des briques pour le salon de la Concorde)
- l’autre dans le ravin de la Tessonnière, près de Petit-Dour – on y a élevé une chapelle dédiée à St Pierre
On aurait trouvé des indices d’habitat gallo-romain (substructures, tessons de céramiques) à la limite du village, près d’Offegnies d’une part et près du « Rouge Bonnet » en haut de Morenfayt, d’autre part.
Premier Moyen-Age (période franque mérovingienne et carolingienne)
On y aurait trouvé des vestiges francs (sans précision).
Deuxième Moyen-Age – le village
Première mention: 1018
Toponymie (anciennes orthographes) :
- Blegeias (1018, la plus ancienne mention, qui pourrait être un faux des moines de St-Ghislain)
- Blelgiae (1018)
- Blengies (1096)
- Blelgiae (1110)
- Blehelgiae (1159)
- Bliaugies (1106)
- Behelgiae (1150)
- Belelgiae (1183)
- Bliagiae (1197)
Etymologie (hypothèses d’origine du nom) :
- Bladawalcias : domaine du sieur Bladawald ou source du pays bleu (Champ bleu, selon Hocq)
- Blel- Bliau- pourrait être un nom de famille (mais Bliaut signifie aussi un manteau); -gies signifiant demeure, lieu
Epoque de son apparition: Probablement au Xème ou XIème siècle
Facteurs ayant favorisé son émergence :
– voies de communication: pas de voie importante à proximité
– sources d’eau ou cours d’eau: le ruisseau de Fontigny
– source de bois: toute la région était boisée
– proximité d’un lieu de pouvoir: la ferme Morenfayt à Dour.
Paroisse dédiée à Saint-Aubin. C’était une dépendance de celle de Dour.
Evêché: de Cambrai (jusqu’en 1804), puis de Tournai ensuite
Décanat/doyenné: Bavay jusqu’en 1803, puis Dour
Autel (dîmes, entretien de l’église, nomination des officiants) donné à l’abbaye de Saint-Ghislain.
En 1887, Petit-Dour fut rattaché sur le plan paroissial à Blaugies, puis devint paroisse autonome.
Répartition des pouvoirs pendant la période féodale
Autorité supérieure: comté de Hainaut
Autorité sous-jacente (administrative et judiciaire): prévôté de Mons
Seigneuries et fiefs. Deux étaient d’importance:
- le domaine de l’abbaye de Saint-Ghislain. Probablement sur des territoires qui étaient en continuité avec ceux qu’elle possédait sur Dour. Ces terres auraient été attribuées à l’abbaye en 1096 par le pape Urbain II, ce que contesta le comte Baudouin II, mais ce qui fut confirmé en 1110 par l’évêque Odon de Cambrai et le pape Gélase II en 1118. Il semble que l’abbaye entretenait une cense sur son domaine.
- une seigneurie laïque (infra)
Les deux seigneuries avaient chacune leur échevinage particulier (mayeurs et échevins). Elles rendaient la justice, le plus souvent par l’intermédiaire d’un bailli représentant l’abbé ou le seigneur, en ce qui concerne la basse et la moyenne justice, et à certaines époques la haute justice. Il existait un pilori pour chaque juridiction.
On relève quelques fiefs secondaires, probablement constitués de terres de culture ou de bois et cités à peu de reprises, ce qui ne donne pas une bonne idée de leur extension dans le temps ni de leur situation :
- Wuillaume Antoine, 1450
- D’Elouges, au chemin de Robehaye (Ropaix), 1321
- De Warquignies, 1640
- De Villon de Lessies, 1402
- De Colart Dienstmet et de Jean Boudin
- Jean Anthone, 1410, aussi propriétaire d’un fief à Dour, puis son fils Guillaume
Il s’agissait sans doute d’arrières-fiefs dépendant d’une des deux seigneuries principales.
La seigneurie laïque était tenue du comte à l’origine par une famille qui avait pris le nom de Blaugies, à qui succéda jusqu’en 1795 la famille des Hénin-Liétard de Boussu.
La Maison de Blaugies est assez mal documentée. Quelques noms sont cités:
- Jehan, seigneur de Blaugies en 1115. Lui ou un autre Jehan aurait été à la croisade.
- Alman de Blaugies, cité en 1180, lorsqu’il fit une donation de serfs au monastère.
- Egrix de Blaugies, cité en 1190
- Jehan Bliaut, cité en 1198. En 1196, le comte Baudouin VI/IX signa une charte pour mettre un terme à un différend entre l’abbaye de Saint-Ghislain et Jean Bliaut.
- Pierre Bliaut, de 1221 à 1241
- Gille Bliaut, de 1245 à 1251
- Henri de Blaugies (1212-1267), qui épousa en 1239 Marguerite de Halluin, et qui eut une fille, Marie, héritière des lieux.
Vers 1280 ou en 1264, Marie de Blaugies ( ?-1300) épousa Jean I de Hénin-Liétard (v1235-1300), fils de Baudouin de Hénin-Liétard, le premier de cette famille à être seigneur de Boussu par son mariage avec Mahaut de Fontaine.
Il est cependant à noter que le titre de seigneur de Blaugies a parfois été porté par un cadet de la famille, notamment par:
- Gilles « le Persan» de Hénin-Liétard (1374-1400, mort à Rome à 26 ans, apparemment non marié), fils de Jean III de Hennin-Liétard et frère de Wautier, seigneur de Boussu
- Thierry de Hénin-Liétard (1406-1430), qui s’est marié en 1429, apparemment sans enfant, et qui est mort à Venise en 1430 au retour d’un pèlerinage en Terre Sainte.
Par la suite et jusqu’à la fin de l’Ancien Régime, les seigneurs et comtes de Boussu ont conservé la seigneurie de Blaugies pour eux-mêmes.
La commune
On n’a pas connaissance d’une charte de privilèges, mais ceux-ci furent accordés par les seigneurs respectifs. La charte de Saint-Ghislain fut même augmentée en 1414.
Au XIVème siècle, il existait pour les démunis une « Table des Pauvres » (mentionnée dès 1321) et une léproserie, qui fut supprimée au milieu du XVIème siècle.
En 1779, le lieu-dit « Coron » est détaché du village de Hon-Hergies sur le plan civil. En 1889, il est rattaché à Blaugies sur le plan paroissial.
Evènements importants
En 1657, lors de la première guerre déclarée par Louis XIV, la cense de l’abbaye de Saint-Ghislain fut très endommagée.
Avec le traité de Nimègue de 1678, Blaugies devint village-frontière avec le royaume de France, puisque la prévôté de Bavay (avec le village voisin d’Hon Hergies) fut rattachée à celui-ci.
Le 11 septembre 1709, eut lieu la bataille de Malplaquet entre les armées françaises, commandées par les maréchaux Boufflers et Villars, et les armées alliées du prince Eugène de Savoie et du duc de Marlborough. Une partie de la bataille eut lieu, dès le 9 septembre, sur le territoire de Blaugies, alors que les Français, installés à Quiévrain, tentaient de venir barrer la route aux alliés. Blaugies fut occupée par les troupes alliées qui se laissèrent aller à des pillages.
Période française (1794-1814)
Fin de l’Ancien Régime féodal en 1794
Département: Jemappes
Canton: Dour
Répartition des pouvoirs pendant la période contemporaine (à partir de 1814)
- Etat: Royaume des Pays-Bas (1814-1830), puis Royaume de Belgique
- Province: Hainaut
- Arrondissement administratif: Mons
- Arrondissement judiciaire: Mons
- Canton: Dour
- Entité communale depuis 1977:
Economie
Ce sont les activités agricoles et peut-être forestières qui occupèrent les habitants de Blaugies.
Patrimoine
Château féodal. Il s’agissait autrefois d’une ferme fortifiée, qui fut reconstruite au centre du village en 1720. C’est devenu ensuite une exploitation agricole. Les bâtiments furent au XXème siècle aménagés en home pour personnes âgées. Il ne subsiste que le pavillon d’entrée (armoiries des Hennin-Liétard).
Eglise St Aubin. Ce saint était évêque d’Angers. Le bâtiment, de style gothique, date du XVIème siècle, bâti sur une ancienne structure du XIIème. Le clocher date encore du XVème siècle. La richesse de cette église provient de ce qu’elle était possédée par l’abbaye de St Ghislain. Elle fut restaurée en 1763 et en 1811. Elle conserve des fonts baptismaux du XIIème siècle en style roman. On y trouve un retable gothique polychromé: « Mise au tombeau », du début XVIème, et une Croix reliquaire en argent, XVIIème.
Chapelle Notre-Dame de la Paix. Construite probablement au moment des guerres de Louis XIV. Elle fut restaurée en 1778. On y organisait des pèlerinages.
Place St Aubin. S’y trouvaient un moulin et un vieux chêne, qui brûla en 1842. La statue de St Aubin qui y reposait ne brûla pas.
Ancienne maison communale, néo-classique, 1821
Bibliographie
Pour connaître et aimer le vieux Blaugies, Le curé de Blaugies, 1957
Superbe village
Généalogiste amateur, Marie de Blaugies est une ascendante directe. Je copie dans chaque fiche le blason de la famille ou du lieu de naissance. Pourriez vous me faire parvenir un fichier avec la copie du blason original de cette famille si vous l’avez ?
Voici ma généalogie:
https://gw.geneanet.org/pbardinon_w?lang=fr&n=de+henin+lietard&p=jean&oc=3&pz=vincent+raymond+joseph+daniel&nz=bardinon&type=tree
Bien à vous
N’étant pas généalogiste, je n’ai malheureusement pas ce document. Mes recherches sont surtout dirigées vers le plan historique et les listes généalogiques que je présente – et toujours à prendre avec beaucoup de précautions – ne servent qu’à étayer l’histoire des localités auxquelles je me suis intéressé.