Entité communale de Leuze
Le territoire
Superficie: 910 ha
Altitude: 45-50 m
Situation géographique : le territoire se situe sur le versant sud de la vallée de la Dendre Occidentale
Cours d’eau :le Secours de la Dendre
Paysage préhistorique (après la dernière période glaciaire) : boisé
Nature du sol : limoneux
Nature du sous-sol : grès
Préhistoire
Mésolithique (Homo Sapiens) :
Des éléments d’occupation ont été trouvés sur le site « Ville d’Anderlecht » correspondant au mésolithique.
Néolithique (Homo Sapiens) : au lieu-dit “Couture du Couvent”, des fouilles ont été effectuées depuis 1983 (Cl. Constantin et L. Demarez, puis I. Deramaix) qui ont permis d’y découvrir deux habitats successifs:
- le premier datant du néolithique ancien. Un village de culture rubanée y aurait existé.
- le second est un site fortifié du néolithique moyen de culture de Michelberg: une surface d’un diamètre de 950 mètres y était entourée d’une enceinte, soit un fossé large de six mètres et une palissade intérieure, interrompue par quatre entrées. A l’intérieur, on y a trouvé des fosses contenant des outils en silex (hache polie, ciseaux, grattoires, fragments de meule et de polissoir) et des tessons de céramique correspondant à cette culture.
A la limite entre Blicquy et Tourpes, on a trouvé en 1996 un couteau-racloir en silex du Grand-Pressigny (qui se trouve en Indre-et-Loire).
Age du bronze :
Au lieu-dit « Ville d’Anderlecht », on a découvert une nécropole à incinération appartenant à la « Civilisation des Camps d’Urnes » de la fin de l’âge du Bronze. 35 tombes ont été individualisées.
Ages du fer :
Au même endroit, une nouvelle occupation eut lieu à la fin du Second Age du Fer. Elle avait un caractère cultuel, car on y enfouissait des objets :
- Des éléments de harnachement : mors de chevaux, anneaux passe-guide, appliques, bandages et cercles de moyeux de roues, clavettes
- Des armements : épées, fer de lance, haches (datation : fin La Tène C2 et La Tène D1)
- Des dépôts d’ossements humains avec lot monétaire (potins nerviens) avant ou juste après la conquête (rituel de fondation)
Antiquité gallo-romaine
Une chaussée romaine venant de Bavay traversait le territoire des actuels villages d’Aubechies et de Blicquy pour aller, à partir d’ici, dans deux directions : la mer du Nord (route du sel) et Gand-Velzeke (vicus sur l’Escaut). Comme les éléments des périodes précédentes sont assez abondants, il est possible que cette chaussée était plus ancienne et qu’elle fut réaménagée à l’époque romaine pour les besoins de l’époque (militaires et commerciaux).
Dès le premier siècle de notre ère, une agglomération (vicus) s’est développée à proximité d’un grand sanctuaire. Celui-ci fut découvert en 1976 au lieu-dit « Ville d’Anderlecht » où se sont déjà succédé les occupations du mésolithique, de la fin de l’âge du bronze et du deuxième âge du fer. Il y eut donc une réappropriation du lieu par les Gallo-Romains d’un sanctuaire plus ancien de l’âge du fer. Ce sanctuaire fut probablement construit aux frais de la Cité des Nerviens. On y organisait des cultes et des fêtes en l’honneur d’un dieu tutélaire, probablement Mars.
Dès l’époque d’Auguste et de Tibère, il y avait déjà ici un simple sanctuaire avec une cella en pierre sèche pour la fondation (technique gallo-romaine) et probablement des pans de bois et des hourdis de torchis pour le reste. On a trouvé à proximité des larges trous de poteaux de bois (120 trous). On évoque un “bois sacré”.
Puis on réaménagea à la fin du premier siècle et au début du IIème. On construisit un grand fanum (temple à plan centré) de 20m de côté
- Avec un déambulatoire de 20m de côté
- Dans une enceinte trapézoïdale (Temenos = espace sacré délimité par une enceinte).
On y trouvait :
- Deux portiques longitudinaux pourvus de colonnades (60m au nord et 83m au sud)
- Un troisième portique en hémicycle (diamètre 50m)
- Un bâtiment dans le prolongement de la galerie nord (tour ou pavillon d’angle) avec une fosse à offrande (ossements calcinés sacrificiels de bœufs, caprinés, oiseaux)
- Un aqueduc alimentant un bassin central (pour des ablutions rituelles)
- Des niches (pour statues)
- Des chemins dallés : un central et deux perpendiculaires
- Des bases de statues ou d’autels
- Des fosses à offrandes avec dépôts cultuels
- A proximité : des fragments de statues en bronze grandeur nature, des statuettes de Mars et de Mercure
En annexe de ce temple, on trouvait :
- Des thermes
- Un cuisine (ou culina pour préparer des repas rituels) à la périphérie nord
- Un théâtre à l’extérieur de l’enceinte cultuelle (IIème siècle, avec cavea et orchestra – la fondation était en pierre, le reste en bois – pouvant accueillir 5000 personnes),
- Des ateliers de production de bronze, fer, céramiques
- Une nécropole
- un castrum romain
A quelle divinité ce sanctuaire était-il dédié ? Mars, Mercure, un culte impérial ? Ce n’est pas déterminé, car on manque de documents épigraphiques.
Ce site connut un développement majeur au IIème et IIIème siècle. On vit l’installation à proximité de quartiers artisanaux et commerciaux (potiers, bronziers). Ce sanctuaire devait attirer une foule importante de pèlerins. Il s’étendait sur une superficie de 50ha au II-IIIème siècle.
Il fut abandonné progressivement dans la deuxième moitié du IIIème siècle.
Premier Moyen-Age (période franque mérovingienne et carolingienne)
Elle n’est pas documentée. Il est vraisemblable que le site fut définitivement abandonné lors de la grande crise politique et économique de la seconde moitié du IIIème siècle. On ne décrit pas de villa romaine qui ait pu prolonger l’occupation des lieux, notamment au Bas-Empire et dans la période mérovingienne.
Deuxième Moyen-Age – le village
Première mention: 1084
Toponymie (anciennes orthographes) :
- Belchi (1084 – Chartre de Baudouin II)
- Bilchi (1101 – Chatre de Manassès)
- Belchi (1108 – Chartre de Buchard, Evêque de Cambrai)
- Bliki (1262 – sous le Pape Urbain II)
- Blicquie (1663 – sous les coutumes de Valenciennes)
- Bliquy (1691 – sur la carte du Chevalier de Beauraing sur le combat de Leuze)
- Bliquy (1745 – sur la carte du siège d’Ath.
Etymologie (hypothèses d’origine du nom) : non documenté
Epoque de son apparition: XIème ou XIIème siècle
Facteurs ayant favorisé son émergence :
– voies de communication: la chaussée romaine
– sources d’eau ou cours d’eau: la Petite Dendre
– source de bois: la région était boisée
– proximité d’un lieu de pouvoir: peut-être l’abbaye d’Aubechies
Paroisse dédiée à Saint-Lambert
Evêché: de Cambrai (jusqu’en 1804), puis de Tournai ensuite
Décanat/doyenné: Chièvres
Autel (dîmes, entretien de l’église, nomination des officiants) donné à l’abbaye d’Aubechies en 1101 par Manassès, évêque de Cambrai. La suppression du monastère entraîna le transfert à abbaye de Saint-Ghislain.
Répartition des pouvoirs pendant la période féodale
Autorité supérieure: comté de Hainaut
Autorité sous-jacente (administrative et judiciaire): châtellenie d’Ath
Seigneuries et fiefs
Sur ce territoire relativement grand, on compta plusieurs seigneuries éparpillées dans le temps, issues du démembrement d’autres seigneuries :
- La principale (ci-dessous)
- Le fief d’Andricourt, pPossession des Ligne du XVIème au XVIIIème
- Le fief d’Autreppe
- Le fief de la Catoire
- Le fief de Moulbaix
- Le fief du Quesnoy
- Le fief de Ridoux
La seigneurie principale
La terre de Blicquy appartenait aux seigneurs de Silly, une très ancienne baronnie dont les titulaires étaient des pairs du comté de Hainaut, très proches des comtes dès le XIème siècle.
Un document de 1095 mentionne que Blicquy et Moulbaix étaient des dépendances d’Aubechies. Il est possible que ce ne soit que la paroisse, mais l’histoire originelle des deux villages semble liée. Les habitants d’Aubechies étaient alors dirigés par une famille locale jusqu’à la dernière descendante héritière, Elizabeth d’Aubechies, qui devint dame chanoinesse à Sainte-Waudru en 1195. Le comte Baudouin V aurait alors donné le village à Othon de Trazegnies. Cette version des faits n’est pas certaine.
Sur certaines listes généalogiques, les premiers seigneurs de Silly et de Trazegnies détenaient déjà Blicquy dès la fin du XIème siècle. Nous mentionnerons donc ceux-ci dès cette période jusqu’à plus amples informations.
Le premier seigneur connu de Blicquy fut Othon I de Blicquy (avt1092-v1136). Il aurait épousé vers 1105 Helvide de Silly, dame de Silly, et serait devenu le seigneur de ce domaine qui était une pairie du comté de Hainaut depuis peu.
- Gilles Ier de Blicquy-Silly- Trazegnies (v1134 – 1161/1162) serait leur fils ou plus probablement leur petit fils. Il fut seigneur de Silly et pair de Hainaut, seigneur de Blicquy, Irchonwelz, Ath et Trazegnies. C’est lui qui décida de porter désormais le patronyme de “Trazegnies”. En 1148, le même comte, lors de son conflit avec Rasse de Gavre, seigneur de Chièvres, et le comte de Flandre, plaça des troupes à Blicquy pour dissuader ces personnages d’intervenir dans ses projets, qu’il réussit d’ailleurs.
- Otton II de Trazegnies (v.1143/1150-1192), fils du précédent
- Siger de Trazegnies (?-1184/1185), frère du précédent, seigneur de Blicquy
- Wauthier Ier de Trazegnies (fils du précédent), seigneur de Blicquy
- Agnès de Trazegnies, dame héritière de Blicquy, épousa Wauthier de Genlain
Nous perdons ensuite la lignée des seigneurs de Blicquy. Ce domaine serait-il retourné dans les possessions des Trazegnies? On le retrouve un peu plus tard chez Rasse de Ligne.
Maisons diverses
Rasse de Ligne (1340-avt1410), fils bâtard de Michel I de Ligne ( ?-1385/1387). Chevalier. Maire héréditaire de Kester en 1403. Il est renseigné comme seigneur de Blicquy, mais nous n’avons aucune date. Il épousa en 1361 Marguerite de Ham ==> Descendance Ligne de Ham. Il n’est pas sûr qu’un de ses descendants ait hérité de Blicquy.
Par la suite, les documents à notre disposition mentionnent que Blicquy est passé soit à la famille des Rubempré. Sans plus de précision. Nous retrouvons (dans des listes généalogiques) la trace de la seigneurie chez :
Jean de Lizac (?-?), seigneur de Blicquy. Ecuyer. Prévôt héréditaire du Laonnois. Il épousa Antoinette de Moy de Sons, dont il eut Agathe de Lizac, dame héritière de Blicquy.
Elle épousa en 1478 Jehan de Crécy (?-?, XVème). Ecuyer de Philippe le Bon. Prévôt héréditaire du Laonnois.
Henry de Crécy ( ?-1543) devint seigneur de Blicquy De son épouse Yolinne Anne de Proisy, il eut trois enfants, dont François de Crécy ( ?-apr1602), qui hérita de Crécy et de Blicquy. Il prit malheureusement le parti de la France. Charles Quint lui confisqua Blicquy en 1552. Mais on mentionne cependant un de ses fils comme titulaire de la seigneurie. Peut-être avait-il retrouvé les biens familiaux.
Ce fils était Antoine de Crécy ( ?- ?) qui vendit Blicquy en 1594.
Louis de Hénin-Liétard (v1550- ?). Il était le descendant d’une branche cadette de Jean I (v1235-1300). Il était baron de Fosseux, seigneur de Cuvillers et donc de Blicquy par achat en 1594
Jean de Hénin-Liétard (v1590-1664), son fils, était aussi baron de Fosseux, seigneur de Cuvillers et de Blicquy. De son épouse Jossine de Dion, il eut plusieurs enfants, dont:
Maximilien de Hénin-Liétard (v1610-1681), baron de Fosseux, seigneur de Cuvillers et de Blicquy. Il épousa Françoise de Wignacourt, dont il eut:
Alexandre de Hénin-Liétard (v1650-1710), baron de Fosseux, seigneur de Cuvillers et de Blicquy. De son épouse Marie-Thérèse Valcque, il eut deux filles
- Marie-Philippe (1690-1719), dame héritière de Cuvillers
- Antoinette (1691-1715), dame héritière de Blicquy, qui épousa Jean-Philippe Petit mais n’eut pas de postérité. C’est donc sa soeur aînée Marie-Philippe qui hérita d’elle. Elle avait épousé:
Sylvestre de Prévost de Lapeyrière (1672-1752), seigneur de la Bastide et seigneur de Blicquy par mariage. Capitaine au régiment de Gervesay. Sa fille Marie-Reine hérita.
Famille du Roy
Jacques du Roy (1697-1765, Blicquy), seigneur d’Hauterive, devint seigneur de Blicquy par mariage en 1742 avec Marie-Reine de Prévost de Lapeyrrière, dame de Cuvillers et de Blicquy. Il était pair du Cambrésis, colonel au régiment de Gondrin, chevalier de l’Ordre de Saint-Louis.
Sylvestre du Roy « de Blicquy » (1745, Mons – 1826, Blicquy), son fils, lui succéda comme seigneur de Blicquy, de Cuvillers et de Mourcourt. Il fut chevalier de l’Ordre de Saint-Louis, capitaine au régiment de Dauphin. Il fut le dernier titulaire des droits féodaux. Ses descendants, qui continuèrent à résider à Blicquy, devinrent bourgmestres du village.
Période française (1794-1814)
Fin de l’Ancien Régime féodal en 1794
- Département: Jemappes
- Canton: Chièvres
Répartition des pouvoirs pendant la période contemporaine (à partir de 1814)
- Etat: Royaume des Pays-Bas (1814-1830), puis Royaume de Belgique
- Province: Hainaut
- Arrondissement administratif: Ath
- Arrondissement judiciaire: Tournai (ou Mons)
- Canton: Chièvres
- Entité communale depuis 1977: Beloeil
Economie
Elle est essentiellement agricole.
Patrimoine
Couvent de Blicquy. C’était un hôpital dédié à St Julien, qui en 1358, était tenu par des religieuses augustines.
Tour de l’ancien château. Celui-ci fut détruit en 1478 par les armées de Louis XI.
Eglise St-Lambert. Construite en 1776 en style semi-classique. Dalles funéraires des seigneurs de Blicquy
Références
https://fr.wikipedia.org/wiki/Blicquy
http://www.archeosite.be/fr/home/
Maman a perdu un très grand ami qui habitait en février 1945 à Molembeek (rue Jules De Becker), mais originaire de Blicquy.
Il s’appelait Willy DEVEZON, arrêté à Bruxelles lors d’une rafle, alors qu’il avait sur lui des tracts antinazis. Il fut emmené à BREENDONCK, puis en droite ligne à BUCHANWALD, où les monstres lui injectèrent du phénol dans les poumons.
Il connut le bonheur d’être libéré par les Soviétiques, mais un moi plus tard, il mourut dans son lit, entouré des siens à Blicquy.
J’aimerais tant rencontrer sa famille, ses proches.
Maman nous a souvent raconté cette sombre histoire, qui m’a marqué au point de me rendre avec toute ma famille à Weimar, puis de l’autre côté, le côté immonde de l’âme allemande, à Buchenwald. Nous n’avons pas échangé UN mot tout aulong de la visite.
Dans une vitrine, j’ai aperçu les seringues qui ont servi à le tuer. Je n’ai pu retenir mes larmes.
Je sais qu’il y a, depuis, à Blicquy, une place portant le nom de Willy Devezon.
Michel De Rongé
63 ans
162 rue Antoine Bréart
1190 FOREST
0476 21 46 60
Merci de ce témoignage. Je vous souhaite de pouvoir rencontrer des connaissances à ce monsieur.
Bonjour, vous pouvez utilement pour les Lisac seigneurs de Blicquy, Quivières (entité Leuze) consulter M de Sars le Laonnois féodal : on y apprend qu’ils furent Seigneur de Pargnan en Vitry (02160) , et que leur fille Agathe épousa avant 1478 Jehan du Crécy, seigneur de Blicquy et du Tremblay, seigneur de Pargnan en Vitry.
Cordialement CPH
Bonjour
Enfant, j’ai habité Avenue du Roy De Blicquy à Crespin (France).
Savez vous le lien entre Crespin et Blicquy?
Curieux. Je ne vois pas de lien.
Crespin fut grandement développé par les industries métallurgiques locales fin XIXe, dont un des principaux actionnaire fut un noble hennuyer et financier avisé: le baron du Roy de Blicquy. Ses idées sociales avant-gardistes ont beaucoup profité à la population locale engagée dans les postes de cette industrie.
Bonjour
Merci beaucoup.