Entité communale de La Louvière
Le territoire
Superficie: 175 ha
Altitude: de 54 m (niveau de la Haine) à une septantaine de mètres au sud
Situation géographique : Le village de Boussoit a été fondé sur le versant sud de la vallée de la Haine. Cette rivière passe au nord du noyau habité. Plus au nord se trouve le bois du Plantis qui se prolonge vers Maurage, où il s’appelle le bois de la Garenne.
Cours d’eau : la Haine et le ruisseau du Thiriau
Paysage préhistorique (après la dernière période glaciaire) : marécageux aux abords de la rivière et boisé sur les versants
Nature du sol : alluvionnaire et limoneux
Nature du sous-sol : grès, houille
Préhistoire
Des objets du paléolithique et du néolithique auraient été ramassés. Sans précision.
Antiquité gallo-romaine
Non documentée.
Premier Moyen-Age (période franque mérovingienne et carolingienne)
Non documentée.
Une légende raconte que Waudru prit à Boussoit la résolution de se consacrer à la vie religieuse.
Deuxième Moyen-Age – le village
Première mention: Xème siècle
Toponymie (anciennes orthographes) :
- Buxeide, Xème
- Boussoit (1171, 1211, 1305, 1400, 1730)
- Bossetus (1201)
- Buscerus (1211)
- Bussoit (1118)
- Bossoit (1222)
- Boussoy (1664).
- Boussoit, depuis le XIIème
Etymologie (hypothèses d’origine du nom) : Le nom viendrait de:
- Buxum/Boxum (latin) qui signifie « buis »
- Le suffixe –etum, passé au français –ois ou oit signifiant « lieu, endroit ».
Boussoit signifierait « endroit aux buis »
Epoque de son apparition: entre le Xème et le XIIème siècle
Facteurs ayant favorisé son émergence :
– voies de communication: pas de voie antique ou médiévale d’importance
– sources d’eau ou cours d’eau: la Haine et le Thiriau
– source de bois: région boisée
– proximité d’un lieu de pouvoir: château seigneurial
Paroisse dédiée à Sainte-Madeleine, dépendante de celle de Thieu. Elle devint autonome en 1305.
Evêché: de Cambrai (jusqu’en 1804), puis de Tournai ensuite
Décanat/doyenné: Binche jusqu’en 1803, puis Le Roeulx.
Autel (dîmes, entretien de l’église, nomination des officiants) donné à l’abbaye de Saint-Denis-en-Broqueroie.
Répartition des pouvoirs pendant la période féodale
Autorité supérieure: comté de Hainaut
Autorité sous-jacente (administrative et judiciaire): prévôté de Binche
Seigneuries et fiefs
Le petit village de Boussoit, qui faisait partie des possessions des comtes de Hainaut, était composé de deux seigneuries importantes :
- La seigneurie principale
- Un fief appartenant à l’abbaye de Saint-Ghislain, cité en 1118 (bulles du pape Gélase)
- Il existait aussi de petits fiefs (Marpineau, la Motte) qui passèrent vite dans la seigneurie principale.
La seigneurie principale
Il s’agissait d’un fief lige relevant directement des comtes de Hainaut, qui l’ont détaché de leurs possessions pour former une seigneurie particulière du temps de la comtesse Richilde. Ce fief consistait en une terre et seigneurie, avec un château, des droits seigneuriaux avec les trois justices. De nombreux seigneurs de Boussoit résidèrent dans leur château et furent inhumés dans l’église du village.
Robert I de Boussoit ( ?-1101) est connu comme le premier seigneur des lieux. Il alla à la première croisade avec « son » comte Baudouin II. Il mourut à Jérusalem deux ans après la prise de celle-ci. Lui succédèrent:
- Robert II de Boussoit ( ?-1123), fils du précédent. Il devint aussi par mariage seigneur de Bois d’Haine.
- Odon de Boussoit (v1082- ?), fils aîné du précédent
- Robert III de Boussoit (1112-1145), fils du précédent. Non marié, il légua ses biens à son cousin Wathier I de Boussoit (v1104- ?)
- Hugues de Boussoit (1133- ?), fils du précédent
- Wattier II de Boussoit (1156-apr1201), fils du précédent
- Wattier III de Boussoit (1189- ?), fils aîné du précédent
- Jean « le Gros » de Boussoit (1213-1294) fils du précédent
- Jacques de Boussoit (1241-1294), fils du précédent
- Jean « Saussé » de Boussoit (1279-1344), fils du précédent. Ni lui ni ses frères n’eurent d’héritier mâle. Il décida d’aliéner ses biens et d’en répartir le produit entre tous les héritiers présomptifs. Il céda Boussoit à son cousin Huon de Bois d’Haine en 1333 tout en gardant l’usufruit jusqu’à son décès. Cet héritage fut contesté et donna lieu à plus de dix années de procès.
Finalement la sentence arriva après le décès d’Huon et la seigneurie de Boussoit alla à son fils Wattier de Bois d’Haine ( ?-1343) qui n’en profita pas bien longtemps, car il mourut quelques mois plus tard, sans postérité. Ce fut finalement son neveu Louis de Bois d’Haine, maire de Braine-le-Comte, qui en hérita.
- A sa mort, le fief lige de Boussoit revint dans les possessions du comte de Hainaut, Guillaume II d’Avesnes.
- Il fut placé en 1345, à sa mort, dans le riche douaire de son épouse Jeanne de Brabant (1322-1406), fille héritière du duc de Brabant.
- Au décès de celle-ci en 1406, Boussoit revint à Guillaume IV de Bavière, comte de Hainaut.
Maison de Warelles et d’Auxy
- En 1412, Guillaume IV céda Boussoit à Lionnet de Warelles ( ?-apr1423). Il s’agit en fait d’un échange dans lequel ce dernier céda le bois de Naast en échange du château et de la seigneurie de Boussoit. Il fut chevalier et prévôt-le-comte à Valenciennes en 1418. De son mariage avec Béatrice de Sars, il eut trois fils qui eurent le malheur de mourir tous la même année en 1414.
- Leur soeur N. de Warelles devint dame héritière de Boussoit et de Warelles. Elle avait épousé Jean d’Auxy (1425-1478), seigneur d’Auxy et chevalier.
- Ils eurent un fils aussi nommé Jean d’Auxy (1448-1499). Ce dernier vendit Boussoit en 1473.
Famille le Boulengier (ou Boulenghier)
C’était une famille patricienne de Cambrai venue s’installer en Hainaut à Mons.
- Jacques le Boulengier ( ?-1510), après avoir acheté la seigneurie voisine de Strépy, il acquit celle de Boussoit en 1473. Il était un écuyer de Charles le Téméraire.
- De son épouse Jossine Losschaert, il eut deux enfants dont Adrien le Boulengier ( ?-1528) qui hérita de Strépy et de Boussoit.
Famille Ruffault (ou Ruffaut)
- Sa fille, Jeanne le Boulengier, dame héritière des deux domaines, épousa Jean Ruffaut vers 1530. Celui-ci fut maître ordinaire de la chambre des comptes de Flandre (1508) et trésorier général des domaines et finances de l’empereur Charles Quint en 1527.
- Leur fils Charles Ruffault hérita des deux domaines. Sans postérité, il les légua en 1573 à sa sœur Jeanne Ruffault ( ?-1608 ou 1620)
Familles de Lannoy et de la Croix
- Jeanne Ruffault ( ?-1608 ?) épousa en 1579 Charles de Lannoy ( ?-1582) d’une branche cadette de cette famille. Il était veuf de Marguerite du Bois. Par son testament en 1608, elle institua pour son héritière universelle sa nièce, Jeanne de la Croix, fille de Jean de la Croix et de sa sœur Louise Ruffault.
- Jeanne de la Croix (1586- ?) hérita ainsi de nombreux domaines, dont Boussoit et Strépy.
Famille du Chastel « de la Howarderie »
Robert Antoine Joseph du Chastel ( ?-1622), fils cadet de Nicolas du Chastel « de la Howarderie », il était chevalier et avait hérité de son père la seigneurie d’Inglinghem. Par son mariage avec Jeanne de la Croix en 1604, il devint aussi seigneur de Boussoit et de Strépy. Lui succédèrent :
- François Robert du Chastel (1619- 1678), son fils
- Robert François du Chastel (1658-1713), fils du précédent. Egalement par son mariage seigneur de Trivières et de Carnières.
- Charles Léopold du Chastel de la Howarderie ( ?-1730), fils du précédent. Resté célibataire. Sa sœur Marie Catherine hérita de ses biens.
Antoine Adrien Joseph de Rodoan ( ?-1756), fils de Luc Camille de Rodoan. Baron de Rodoan et de Fontaine-l’Evêque, vicomte de Carnoy, seigneur d’Anderlues. Par mariage en 1726 avec Marie Catherine Louise du Chastel de la Howarderie ( ?-1751), il devint aussi seigneur de Boussoit, de Strépy, …. Député de la noblesse du Hainaut. Ils eurent quatre fils et quatre filles, dont :
- Adrien François Isidore Joseph de Rodoan, qui hérita des biens de son père
- Philippe Ferdinand Joseph, qui hérita des biens de sa mère
Les deux frères furent créés comtes en même temps en 1755 par l’impératrice Marie-Thérèse. La terre de Boussoit était donc érigée en comté.
Philippe Ferdinand Joseph de Rodoan. Il était comte de Boussoit depuis 1755 et seigneur de Strépy. Gentilhomme de l’état noble du Hainaut, chambellan, maréchal héréditaire de l’ordre teutonique. Il fut le dernier seigneur féodal de Boussoit. Le domaine avec son château fut vendu à plusieurs familles successives
La commune
On mentionne un échevinage dès le XIIIème siècle, qui suivait la coutume de Mons.
Période française (1794-1814)
Fin de l’Ancien Régime féodal en 1794
- Département: Jemappes
- Canton: Le Roeulx
Répartition des pouvoirs pendant la période contemporaine (à partir de 1814)
- Etat: Royaume des Pays-Bas (1814-1830), puis Royaume de Belgique
- Province: Hainaut
- Arrondissement administratif: Soignies
- Arrondissement judiciaire: Mons
- Canton: Le Roeulx
- Entité communale depuis 1977: La Louvière
Evènements et faits marquants sur le sol de la commune
En 1185, les troupes du duc de Brabant et de l’évêque de Cologne firent des ravages dans la région et notamment dans le village de Boussoit.
En 1554, Charles Quint rassembla son armée à Boussoit, puis alla camper à Tubize pour protéger Bruxelles des armées françaises qui s’avançaient en Hainaut.
En 1578, le château fut rasé par le duc d’Alençon, partisan des protestants.
En 1746 pendant le siège de Mons, le partisan Wischer envahit Boussoit à la tête de 250 cavaliers français. Il occupa le village pendant 15 jours et s’y livra à des exactions contre les habitants qui se réfugièrent dans l’ancien château. La ferme de la commune fut incendiée, et avec elle les archives.
Economie
L’agriculture et l’élevage furent longtemps les activités principales des villageois.
Un moulin à vent fut érigé en 1765. Il est probable que d’autres l’aient précédé.
Au XIXème et au XXème siècle, le charbonnage de Maurage exploita le sous-sol de Boussoit.
Patrimoine
Eglise Sainte-Marie-Madeleine. L’actuel édifice date de 1863. Il est de style roman. Pierres tumulaires des anciens seigneurs
Chapelle Saint-Julien. Contigüe à l’ancienne ferme de l’hôpital, devenue école communale
Château de Nédonchel
Bibliographie
Notice historique sur le village de Boussoit-sur-Haine – Th. Lejeune, Annales du Cercle archéologique de Mons, T. VIII, 1868-69