Géographie
Cambrai est une des plus anciennes villes du Nord. Elle est apparue, située sur l’Escaut, à une altitude qui varie de 41 à 101 m, sur une superficie de 181,2 ha.
Préhistoire
Il existe des témoignages d’une présence humaine à proximité.
Période néolithique: On a trouvé un dolmen sur la colline du Mont-des-Bœufs qui domine la ville. Deux autres pierres levées se trouvaient à la sortie de la ville en direction de Bavay. Il est probable qu’une ancienne route y passait.
On a retrouvé des indices de vie humaine de l’âge du bronze ancien: céramiques, pierres taillées.
Il en est de même pour le deuxième âge du fer en pays Nervien : traces de nécropole du Ier siècle avant J.C. et du Ier siècle après, avec des tombes à crémation (Nécropole du « Nouveau Monde », découverte en 2006 en périphérie de la ville actuelle). Dans ces tombes, on trouva des dépôts funéraires : offrandes animales, fibules, couteaux, céramiques, chenets, chaudron, seaux (éléments du banquet funéraire et du culte celtique du foyer).
Antiquité romaine
Après la conquête romaine en -57, les envahisseurs y auraient érigé un castrum (Camaraco) pour les vétérans de l’armée, sur la rive droite de l’Escaut, à partir duquel il est navigable (pour de petites embarcations).
Quatre sections de voies romaines y passaient, en direction de Bavay, Arras et de Boulogne. Cette situation favorisa le développement d’un vicus en bord de fleuve: portus.
Sous le Haut Empire romain, Camaracum n’était qu’un bourg rural de la cité des Nerviens dont la capitale était Bavay/Bagacum. Il s’urbanisa peu à peu. Des fouilles ont permis de retrouver des vestiges de cette époque (habitat, monnaie, poteries, hypocaustes, fours de potiers, dépotoirs) datant des deux premiers siècles.
A la limite orientale, on a retrouvé une nécropole du Bas-Empire (III-IVème siècles). Sous l’actuel lycée Fénelon, on a retrouvé des vestiges du IVème siècle.
Au milieu du III siècle l’avance des Francs vers le sud détruisit en grande partie Bavay. Elle fut remplacée au IVème siècle par Cambrai comme capitale de la Cité des Nerviens, sous le nom de « Civitas Camaracum ».
Au IVème siècle, Cambrai souffrit aussi de la grande crise et se vit réduite à une petite agglomération fortifiée (quelques vestiges près de l’ancienne cathédrale). Mais la qualité du « castrum », situé sur un petit plateau, proche de l’Escaut, et des voies romaines importantes (accès à Boulogne et Cologne notamment) faisait de Cambrai une cité moins exposée que Bavay, d’ailleurs complètement ruinée.
Période franque mérovingienne et carolingienne
Lors de l’installation des Francs Saliens dans la province de Belgique Seconde entre 430 et 450, Cambrai fut choisie comme capitale d’un petit royaume sous la direction d’un roitelet, Ragnacaire. A la fin du siècle, il fut délogé par Clovis, qui dirigeait le royaume franc salien de Tournai et qui s’empara de presque toute l’ancienne Gaule romaine. On trouve des nécropoles mérovingiennes extra-muros, contenant du matériel riche.
Seule véritable ville de l’ancienne cité nervienne, Cambrai fut choisie pour devenir siège d’un évêché. En fait Saint-Vaast (Vedastus), un disciple de Remy de Reims, évangélisa la région et installa son siège d’évêché à Arras. Un de ses successeurs préféra Cambrai, plus sécurisée et plus développée.
Le diocèse s’étendait sur tout l’ancien territoire des Nerviens, du Cambrésis au sud jusqu’à l’estuaire de l’Escaut au nord, entre l’Escaut et la Forêt Charbonnière.
Cambrai était aussi à la tête d’un pagus, division administrative franque, dirigée par des comtes nommés par le roi. De bonnes relations s’installèrent entre le comte et l’évêque. Ce fut notamment le cas entre Waddon et Saint-Géry (584-622). On connait le grand rôle administratif des évêques dans cette période charnière entre la période romaine et la période franque. Eux et leur entourage étaient lettrés, ce qui n’était pas le cas des rois et aristocrates francs qui détenaient le pouvoir politique et militaire.
Jusqu’en 1094, Arras et Cambrai ne formèrent qu’un seul diocèse pour les deux anciennes cités des Nerviens et des Atrébates. Ils furent séparés lors de la Querelle des Investitures à la fin du XIème siècle.
Cette période mérovingienne est marquée par une longue période de paix pour les habitants de la ville et la région, loin des conflits qu’entretenaient les membres des familles royales. Cambrai devint véritablement une ville, située dans le royaume de Neustrie. Ses murailles étaient sans doute toujours les mêmes que du temps des Romains. Le développement urbain, avec ses églises, doit beaucoup à l’évêque Saint-Géry (v550-v622/625) qui transféra le siège du diocèse d’Arras à Cambrai.
Petit à petit le pouvoir de l’évêque augmenta, d’autant plus que certains rois au VIIème siècle lui firent des donations de territoires dont ils engrangeaient les bénéfices.
Au IXème siècle, sous l’empereur Louis le Pieux, les évêques, au lieu d’être élus par leur clergé, furent nommés par les rois. C’est le point de départ des futurs conflits entre Eglise et Empire.
La liste détaillée des évêques de Cambrai figure en fin de ce chapitre.
Le comté de Cambrai
On a vu que sous les rois mérovingiens, il existait pour le pagus de Cambrai (Cambrésis) des comtes, dont on ne connait rien. L’empereur continua, jusqu’au IXème siècle, de nommer des comtes révocables, à charge non héréditaire, sous son contrôle et celui des missi dominici.
À la suite du traité de Verdun en 843, Cambrai se retrouva ville frontière entre le royaume de Francie Médiane de Lothaire Ier et celui de Francie Occidentale de son frère Charles le Chauve. Les premières décennies de ce royaume sont complexes et explicitées dans un chapitre spécifique.
Le comté de Cambrésis fut placé dans le la Francia Media de Lothaire, puis dans la Francia occidentale, puis dans l’empire germanique, puis encore dans la Francia avant d’être rattaché à l’empire en 925 pour quelques siècles. En conséquence l’Escaut devint pour huit siècles la frontière du royaume de France et de l’Empire Germanique.
Le premier comte connu du comté carolingien de Cambrai fut Eurianus, cité en 875, donc nommé par le roi Charles le Chauve, qui était également à ce moment roi de Lotharingie.
Boson de Provence, beau-fils de l’empereur Louis II le Jeune et de Charles le Chauve, lui succéda jusqu’en 879.
Raoul I de Gouy « Taillefer » (?-896). Petit-fils de Gérard de Roussillon (qui fut entre autres comte du vieux pagus de Brabant et comte d’Ostrevent), il devint lui-même comte de Senlis, de Cambrai (entre 879 et 896) et d’Ostrevent, probablement nommé par l’empereur. Il fut tué par Herbert I de Vermandois vers 903. Il épousa Algidis/Alaidis d’Amiens, dont il eut une fille, Berthe “de Cambrai”.
A son époque et à celle de l’évêque Rothade (879-886/887), Cambrai fut mise à sac en 881 par les Vikings qui s’étaient installés à Condé et organisaient leurs raids dévastateurs à partir de ce site. Ce fut l’occasion pour l’évêque Dodilon (888-apr902) d’améliorer les anciennes fortifications d’origine gallo-romaine.
En 896, l’empereur Arnould de Carinthie confirma que le comté de Cambrai dépendait au temporel de lui et au spirituel de l’archevêque de Reims.
Isaac I “de Valenciennes” ou “de Cambrai” (?-avt948). D’ascendance inconnue, il devint le beau-fils du précédent après avoir épousé entre 916 et 923 Berthe de Cambrai, la fille du comte Raoul. Il était aussi châtelain de Valenciennes et avoué de l’abbaye de Maroilles.
Par un diplôme publié le 30 avril 948 à Aix, Otton Ier accorda à l’évêque Fulbert les pouvoirs temporels sur la ville. Le comte continuera à exercer le pouvoir temporel sur le Cambrésis, hors de la ville.
Succédèrent à Isaac:
- Arnould I de Cambrai (?- 967), fils du précédent, aussi châtelain de Valenciennes et comte du Cambrésis de 948 à 967.
- Arnould II de Cambrai (?-1012), fils du précédent. Comte du Cambrésis en 967, puis comte de la marche de Valenciennes, crée par l’empereur Othon Ier en 973.
En 1007, Arnould céda le comté à Erluin, évêque de Cambrai, dont les pouvoirs temporels furent étendus en 1007 à tout le Cambrésis par l’empereur Henri II. Il n’y aura plus de comte laïc à Cambrai, mais des comtes-évêques.
Le comté épiscopal de Cambrai
Le Cambrésis fut dès lors une principauté ecclésiastique, comme celle de Liège, autonome au temporel, mais vassale du Saint-Empire Romain Germanique. Les évêques prirent le titre de comte-évêque du Cambrésis, petit territoire si on le compare à celui de l’évêché complet qui s’étendait au nord jusqu’au Brabant néerlandais.
Le pouvoir spirituel de l’évêque en effet s’exerça sur un immense diocèse qui s’étendait sur toute la rive droite de l’Escaut jusqu’à son embouchure dans la Mer du Nord. Il était bordé :
- à l’est par le diocèse de Maastricht/Liège, qui comprenait Louvain, Nivelles, Thuin, Chimay
- au sud par les diocèses de Laon et de Noyon
- à l’ouest (au-delà de l’Escaut) par les diocèses d’Arras, réuni à Cambrai jusqu’en 1094, et de Tournai.
- Au nord, bordé par le diocèse d’Utrecht (le diocèse de Cambrai s’étendait donc jusqu’à Anvers).
Il était un des trois diocèses de Basse-Lotharingie, avec Liège et Utrecht. Il recouvrait en fait l’ancienne cité romaine des Nerviens.
A la fin du document, des détails précisent le rôle de divers évêques dans les contextes politiques de leurs époques.
Au IXème siècle intervint une nouvelle organisation du diocèse, regroupant les 500 paroisses en 5 archidiaconés, chaque archidiaconé étant lui-même divisé en 3 ou 4 décanats ou doyennés :
- archidiaconé de Cambrésis , correspondant au Pagus Cameracensis, mais agrandi.
- archidiaconé de Hainaut , correspondant au Pagus Hainoensis.
- archidiaconé de Valenciennes , concordant avec les Pagi Fanomartensis et Templutensis.
- archidiaconé de Brabant, correspondant au Pagus Brachbatensis
- archidiaconé d’Anvers, correspondant au Pagus Antwertensis.
Dans le diocèse, de nombreuses abbayes furent érigées, afin de christianiser les vastes campagnes demeurées païennes.
La ville de Cambrai
Pendant ce temps, la structure de la ville évoluait. Le cœur de celle-ci regroupait tous les bâtiments ecclésiastiques, notamment la cathédrale qui fut agrandie à plusieurs reprises, ainsi que le palais épiscopal.
Les activités économiques furent rejetées dans les faubourgs, notamment sur le Mont-des-Bœufs et le Mont Saint-Géry. Une nouvelle église dédiée à ce saint fut commencée sous l’épiscopat de Thierry en 863. On en a dégagé quelques structures lors de fouilles.
La ville prospérait, grâce surtout à la production de draps et de toiles de lin.
Dans la seconde moitié du XIème siècle, les bourgeois de la ville, qui s’organisaient en corporations, commencèrent à revendiquer des privilèges communaux. Des insurrections eurent lieu à Cambrai en 1077. Pendant un siècle et demi, ces bourgeois obtinrent de l’évêque des chartes de franchises, à certaines périodes, mais qui leur étaient retirées à d’autres. Les émeutes furent nombreuses.
A la même période, les évêques eurent aussi à prendre position pour le pape ou l’empereur, pendant la Querelle des Investitures.
L’évêque Nicolas de Chièvres (1137-1167) fit rebâtir la cathédrale sur un plan nouveau. Commencée, dans le style roman en 1148, elle sera achevée en 1472, dans le style gothique.
Cambrai était à cette époque un centre culturel important, notamment sur le plan musical.
Le comte-évêque se devait de défendre la ville. Il disposait de soldats, d’archers, d’arbalétriers, d’artilleurs ayant à leur tête un connétable. Une forteresse, le château de Selles, avait été édifiée pour défendre la ville. Le Cambrésis comportait d’autres châteaux : Oisy le Verger, le Cateau et Hordain.
L’évêque possédait tous les pouvoirs, notamment de justice. Il nommait les prévôts et les échevins. Il dictait les lois avec l’assentiment du chapitre et battait monnaie. Il était véritablement le souverain.
Comme seigneur temporel, il était entouré d’une véritable cour, formée par toute une hiérarchie de fonctions diverses:
- Le châtelain, qui protégeait les moissons, et veillait à l’entretien et à la sécurité des routes
- le vidame, qui protégeait le prélat et son église,
- le bailli, qui était le fondé de pouvoir de l’évêque auprès des diverses juridictions.
Au plan fiscal, il percevait aussi les droits de relief sur la mutation des fiefs, les impôts sur les grains, les moulins, les boulangeries, les brasseries, les marchés, le commerce de la toile, du vin, de la bière, etc…
Cambrai connut durant le XVème siècle un déclin économique. A cette époque, la Guerre de Cent Ans et l’opposition entre les rois de France et les ducs de Bourgogne eurent des conséquences dommageables pour le Cambrésis, qui se trouvait entre les deux puissances, tout en dépendant théoriquement de l’empire germanique et en ayant une autorité spirituelle sur un diocèse qui faisait partie des Etats Bourguignons depuis 1431.
Le duché épiscopal de Cambrai
En 1510, l’empereur Maximilien érigea le Cambrésis en duché. L’évêque devenait duc-évêque.
En pleine guerre entre Charles Quint et François I, le premier fit construire une citadelle à Cambrai en 1543.
Le duché archiépiscopal de Cambrai
1559 vit une nouvelle réforme des divisions administratives de l’Eglise.
Le siège épiscopal fut érigé en archevêché lors de la grande réorganisation ecclésiastique des Pays-Bas méridionaux par la bulle « Super Universas » du pape Paul IV en 1559. Ceci afin de mieux combattre la Réforme dans des diocèses moins étendus et mieux structurés.
Du diocèse de Cambrai furent soustraits de nouveaux diocèses : Malines et Anvers, ainsi qu’une partie du territoire qui revint à celui de Tournai. Il conserva le Hainaut.
L’archevêque de Cambrai eut donc sous son obédience : Arras, Tournai, Namur, Saint-Omer.
La nouvelle organisation diocésaine de Cambrai fut très vite mise en place, regroupant ses 500 paroisses et ses 32 abbayes en 4 archidiaconés :
- du Cambrésis
- de Valenciennes
- du Brabant
- du Hainaut.
Chaque archidiaconé fut lui-même divisé en 3 ou 4 doyennés :
- du Cambrésis avec les doyennés du Cateau, de Cambrai et de Beaumetz.
- de Valenciennes, avec les doyennés de Valenciennes, Haspres et Avesnes sur Helpe.
- du Brabant, avec les doyennés de Chièvres, Tournai St Brice, Lessines, et Hal
- du Hainaut, avec les doyennés de Maubeuge, Binche, Mons et Bavay.
Il faut souligner qu’un diocèse réduit apporta moins de bénéfices, ce qui mécontenta les premiers titulaires.
Mazarin essaya vainement, en 1649, de s’emparer de la ville en la faisant assiéger par Henri de Lorraine-Harcourt et par Turenne. Un régiment espagnol venu de Bouchain réussit à pénétrer dans la ville, dont le siège fut levé.
En 1657 le vicomte de Turenne s’empara de Cambrai. À nouveau 4 000 cavaliers sous le commandement de Condé, passé au service de l’Espagne, réussissent à y pénétrer, et Turenne abandonna la ville.
En 1666, dans le plus grand secret, Louis XIV prépara de nouvelles conquêtes en faisant relever les plans des fortifications espagnoles, puis entama la Guerre de Dévolution. Si le Traité d’Aix-la-Chapelle de 1668 permit à la France d’obtenir un grand nombre de places fortes, Cambrai n’en fit pas partie, non plus que Bouchain, Valenciennes et Condé-sur-l’Escaut.
En 1672, les hostilités reprirent contre les Pays-Bas et se poursuivirent dans les années suivantes. Louis XIV s’empara de Cambrai le 17 avril 1677, après avoir pris Condé, Bouchain et Valenciennes.
En 1678, par le Traité de Nimègue, Cambrai devint française.
En 1682, le chapitre de la métropole céda au roi son droit de choisir l’archevêque de Cambrai. Le roi l’appela à siéger à ses conseils.
Cette modification territoriale eut d’importantes conséquences pour l’archevêque de Cambrai, au plan spirituel, mais aussi au plan temporel. En effet, depuis plus de 700 ans, le Cambrésis faisait partie intégrante du Saint Empire Romain Germanique, et l’empereur était depuis le concordat de Worms, associé au souverain pontife pour la nomination des prélats. D’autre part, les évêques, depuis le Xème siècle avaient exercé des fonctions comtales, avec une certaine souveraineté.
Avec la conquête de Louis XIV, cette situation s’achevait, et Mgr Théodore de Bryas (1675-1694) fut le dernier des prélats ayant été nommés à Cambrai par les rois d’Espagne. En effet, le Chapitre renonça à élire son successeur, en raison des dispositions du Concordat entre le Pape Léon X et François 1er, selon lesquelles il appartenait désormais au roi de France de le nommer. En 1686, Louis XIV s’arrogea le droit de nommer les archevêques. Fénelon fut le premier de ceux-ci.
Le diocèse recouvrait maintenant deux pays différents: le Cambrésis et le Hainaut français en royaume de France, ainsi que le Hainaut “belge” appartenant aux Pays-Bas Espagnols (puis Autrichiens).
L’influence française va transformer l’architecture et l’urbanisme de la ville. Les pignons des maisons sur rue sont proscrits et la cité s’embellit d’hôtels particuliers. Les fortifications furent renforcées d’ouvrages avancés.
La période contemporaine
Sous la Révolution, Cambrai eut à souffrir des révolutionnaires. Lors de la promulgation de la constitution civile du clergé le 12 juillet 1790, Cambrai redevint évêché.
Cambrai eut à souffrir de la « Terreur ». Justice expéditive de Joseph Lebon, missionné par le Comité de Salut Public. La plupart des bâtiments religieux de la ville furent démolis ou saccagés. En 1796, la cathédrale fut vendue à un marchand qui n’en laissera que la tour. Privée d’appui, elle s’effondra en 1809.
Le 15 juillet 1801, avec le Concordat, le diocèse de Cambrai perdit sa partie belge au profit de Tournai. Il correspondit désormais au département du Nord, défini en 1790.
La guerre franco-prussienne de 1870 épargna largement Cambrai. Elle montra aussi l’inutilité des fortifications, que la ville obtint l’autorisation de raser, à ses frais, en 1892.
Des boulevards extérieurs furent construits et lotis à l’emplacement des remparts entre 1894 et le début du XXème siècle. L’aspect de la ville s’en trouva radicalement transformé et les travaux stimulèrent l’économie de la ville.
En 1913, un nouveau diocèse de Lille fut créé aux dépens de celui de Cambrai qui conserva Cambrai, Valenciennes, Douai et Avesnes.
En 1914, l’armée allemande occupa la ville : cette occupation qui dura quatre ans fut marquée par des scènes de pillages, de réquisitions et d’arrestations d’otages.
Du 20 novembre au 17 décembre 1917, les environs de la ville de Cambrai furent le théâtre de la bataille de Cambrai, qui vit pour la première fois l’utilisation massive des tanks.
En 1918, les Allemands incendièrent le centre de la ville avant de la quitter, détruisant l’hôtel de ville ainsi que les archives municipales. Au total, plus de 1 500 immeubles sur les 3 500 que comptait Cambrai furent totalement détruits.
Tout le centre était à reconstruire, tâche qui fut confiée à l’architecte Pierre Leprince-Ringuet.
La Seconde Guerre mondiale frappa à nouveau Cambrai. La ville fut bombardée le 17 mai 1940 pendant la bataille de France avant de tomber le lendemain en même temps que Saint-Quentin. Les restes de la 9ème armée et le général Giraud furent faits prisonniers par les Allemands.
À partir du 27 avril et jusqu’au 18 août 1944, 18 raids aériens alliés, dirigés contre les voies ferrées, tuèrent 250 personnes et détruisirent 1 700 immeubles.
Les premiers chars américains entrèrent dans la ville le 2 septembre.
Après la guerre, la priorité alla à la reconstruction.
Histoire de l’évêché de Cambrai – liste détaillée des évêques
Saint-Vaast (Vedastus, v500-v540). Source : Vita Brevior (VIème), La Légende dorée (1261-1266, par Jacques de Voragine). Originaire de “Leucus” (Châlus ? entre Périgord et Limousin), il se retira en Lorraine à Toul où il fut ordonné prêtre. La légende veut qu’il ait instruit le roi Clovis au christianisme après la victoire de Tolbiac en 496 sur les Alamans.
Il fut recommandé par Clovis à Remi de Reims, puis nommé évêque à Arras vers 499, puis à Cambrai en 510, tout en résidant à Arras. Remi détacha pour cela ce territoire (Nerviens, Atrébates) de son diocèse de Reims.
Vaast lutta contre le paganisme encore dominant, non seulement chez les Francs nouvellement arrivés, mais encore dans le petit peuple gallo-romain. Ragnacaire, le roi précédent de Cambrai, était païen. L’élimination de celui-ci facilita donc l’entrée de l’église dans la cité.
Mort vers 540, Vaast fut inhumé à Arras dans la cathédrale. Il se développa autour de sa tombe un culte renommé en Flandre et en Picardie. Sa mort fut suivie de la construction d’une abbaye Saint-Vaast à Arras où son corps fut transféré (il fut finalement ré-enterré dans la cathédrale en 1227). A Cambrai, une église avait été édifiée au lieu-dit « le mont des Boeufs », en l’honneur d’abord de St Médard, évêque de Noyon et Tournai, mort vers 557.
Saint Dominique v.540
Saint Védulphe v. 545 – v. 580
Saint Géry (v550-v622/626) était originaire du diocèse de Trèves, à Yvois (Carignan), de parents gallo-romains. Il fut ordonné diacre par l’évêque de Trèves.
Il fut évêque d’Arras-Cambrai vers 585, nommé par Childebert II (575-595) et à la demande de celui-ci, consacré par Aegidius, alors archevêque de Reims.
Il eut aussi à lutter contre le paganisme. On le vit détruire des idoles et fonder des oratoires et des églises, dédiées à Saint Médard (évêque de Noyon), à Saint-Loup, à Saint-Martin, … Il fut un grand propagateur du culte de St Martin, ce qui peut expliquer le grand nombre d’églises dédiées à ce saint dans le diocèse de Cambrai.
C’est lui qui transféra entre 584 et 590 le siège épiscopal d’Arras à Cambrai, où il fit bâtir un palais épiscopal. Selon d’autres sources, ceci a pu se faire sous son prédécesseur Wédulphe.
Cambrai était le siège d’une administration mérovingienne. Il entretint des rapports étroits avec le roi Clotaire II, successeur de Childebert II, ainsi qu’avec le comte mérovingien, un certain Waddon. Il participa au concile de Paris en 614.
À partir de saint Géry, l’évêque de Cambrai administra à la fois les deux diocèses de Cambrai et d’Arras.
Il fut crédité de plusieurs miracles. Géry fut inhumé à Cambrai, dans une église qui lui fut dédiée et qui fut détruite en 1543 par Charles Quint pour y bâtir une citadelle. A son décès, un lieu de pèlerinage naquit autour de son tombeau. Après sa mort des églises lui furent dédiées là où il était passé, notamment à Valenciennes, Boussu, Blaregnies, Rebecq et à Bruxelles.
Des fouilles ont permis de retrouver des vestiges d’habitats de cette époque. Et notamment des premières constructions à caractère religieux mises en place par St-Géry.
Cette époque vit la montée en puissance du christianisme à Cambrai et dans les rares villes du Nord de la Gaule. Pas moins de cinq églises en bois ont été édifiées à Cambrai, dont la cathédrale primitive, d’autres dédiées à Saint Pierre et Paul, à Saint Médard et à Saint Loup, à Saint Martin et à la Sainte-Croix.
Cambrai prit l’aspect et les fonctions d’une véritable ville. Ce fut l’occasion d’y installer une foire.
Lorsque Cambrai devint le siège de l’évêché, cela se produisit au détriment de Tournai, siège d’un évêché créé depuis près d’un siècle par St Eleuthère, et qui se trouva rattaché dès le début du VIème siècle au diocèse de Noyon, situation qui perdurera d’ailleurs jusqu’en 1146.
Berthoald (cité en 627), de famille royale franque.
Adalbert (627-633)
Aubert de Cambrai (633-v669). Il naquit à Haucourt dans une famille liée au roi Dagobert I. D’abord moine à l’abbaye de Luxeuil (fondée en 590 par Saint Colomban)., puis évêque d’Arras et Cambrai en 633. Il fut le fondateur de plusieurs monastères en Flandre et en Hainaut. Il eut pour disciples : Saint Landelin (fondateur de Lobbes et Crespin), Saint Vindicien, Saint Ghislain.
Vindicien (620-712). Né à Bullecourt, élevé par Saint Eloi, évêque de Noyon et ministre de Dagobert I, dont il fut aussi disciple. Il vécut en Artois dans l’ermitage de Saint-Aubin, où il fut remarqué par Saint Aubert.
Il devint évêque d’Arras et de Cambrai. Fondateur de l’abbaye du Mont Saint-Eloi, près d’Arras. Il consacra l’abbaye Saint-Pierre de Hasnon (fondée en 695 par les enfants du comte d’Ostrevant).
Il mourut à Bruxelles. Le rôle de ce dernier fut important au plan temporel surtout, dans la mesure où c’est le premier évêque qui obtint du Roi (Thierry III en l’occurrence) des donations territoriales, dont les bénéfices étaient destinés à dégager les religieux des soucis matériels.
Hildebert ( ?-712/715)
Hunald ( ?-717)
Saint Hadulf (717 – 728 / 729), abbé de Saint-Vaast
Treuvard (728 / 730 – v. 752)
Gaufrid (750 / 752 – v. 763)
Albéric (763 / 764 – v. 790), qui fit rédiger un Recueil de canons
Hildeguard (v. 790 – 816), qui fit rédiger un Sacramentaire pour son clergé.
Halitgaire (817 – 830/831). Il fut envoyé par l’empereur Louis le Pieux et le pape Pascal évangéliser les Danois. Il échoua dans sa mission. Il consacra l’église de St-Ursmer à Lobbes. Il fut envoyé par l’empereur au synode de Paris de 825 (sur l’iconoclasme), à Constantinople en ambassade en 828, au synode de Paris de 829. Il rédigea, à la demande de l’archevêque Ebon de Reims, un pénitentiel, fondé sur sa connaissance des Pères de l’Eglise pour mettre un terme aux hérésies.
Thierry ou Théodoric (831 – 862/863)
Le poste de Thierry, mort en 862, fut vacant 4 ans, et en 866, ce fut l’archevêque qui eut finalement raison, en nommant Jean Ier (866-879), successeur de Thierry.
Un changement était intervenu peu avant le traité de Verdun (843), concernant l’élection de l’évêque (en l’occurrence Thierry), qui ne procédait plus du peuple et du clergé, mais de l’empereur. Louis le Pieux lui conféra d’ailleurs lui- même la dignité épiscopale. Cette modification souleva la colère de l’archevêque de Reims, qui menaça d’anathème tous ceux qui auraient un rapport avec les évêques successivement nommés de cette manière.
Gontbert, Tetbold, Hilduin (863 – 866), imposés par Lothaire II, mais refusés par Hincmar, archevêque de Reims.
Saint Jean Ier (866 – 877/879)
Saint Rothade (879 – 886/887)
Il est nécessaire également d’évoquer, ne serait-ce que pour mémoire, les invasions normandes successives, qui se développèrent à partir de 860, pour atteindre leur paroxysme sous le règne de l’évêque Rothade, qui verra le 28 décembre 881 le sac de Cambrai, alors que le monastère de St Vaast d’Arras avait été brûlé l’année précédente.
Dodilon (888 – apr. 902) lui succéda, restaura et même accrut le système de fortifications de la cité épiscopale. Il obtint en 894 d’Arnould, roi de Germanie, la confirmation des immunités de l’église de Cambrai et de toutes ses terres et autres biens. Cette décision sera suivie en 926 par la restitution à ladite église des monastères, notamment de l’abbaye de Maroilles.
Arnulf deviendra empereur en 896 et le Cambrésis sera confirmé comme terre d’empire, dépendant de l’empereur pour le temporel et de l’archevêque de Reims pour le spirituel.
Cette situation perdurera jusqu’à la conquête française au XVIème siècle.
Étienne (909 -934)
Fulbert (934 -956)
En 948 l’empereur Otton I accorde à l’évêque Fulbert les droits comtaux sur la ville de Cambrai.
En 953, les Hongrois poussèrent un de leurs raids ravageurs jusqu’à Cambrai.
Bérenger (956 – 958)
En 958, Cambrai vit naître l’un des premiers soulèvements communaux en Europe : ses habitants se révoltèrent contre l’évêque Bérenger, d’origine germanique et impopulaire. Cette rébellion fut sévèrement réprimée.
Engran ou Ingelram ou Enguerrand (958 – 960)
Ansbert ou Autbert (960 – 965)
Wilbold (965 – 966)
Tetdon ou Theodotus (v. 972 – 976)
Rothard (v. 976 – v. 995)
Les comtes-évêques du Cambrésis.
Erluin (996 – 1012)
En 1007 l’empereur Henri II étendit les droits comtaux de l’évêque à tout le Cambrésis. La fonction de comte laïc disparut.
Gérard I de Florennes (1012-1051). Né vers 975, il était le fils d’Arnold de Rumigny, seigneur de Florennes, petit-fils de Godefroid I de Verdun « le Captif », comte de Bidgau, de Methingau, puis de Verdun, puis de Hainaut, frère d’Adalbéron, archevêque de Reims qui plaça Hugues Capet sur le trône de France. Il fut l’élève de Gerbert d’Aurillac, théologien qui deviendra pape sous le nom de Sylvestre II. Il fut aussi aumônier de l’empereur Henri II. Puis il fut nommé évêque de Cambrai de 1012 à sa mort en 1051.
Il fonda l’abbaye Saint-Jean Baptiste de Florennes en 1012. Il en fit don en 1015 à l’évêque de Liège. Il fonda aussi en 1020 l’abbaye Saint-André du Cateau.
Il dut combattre une hérésie dans son propre diocèse. En fait il s’agissait d’une réaction de l’Eglise devant des clercs trop zélés dans leur volonté de réforme, aux yeux du clergé local insuffisamment formé. Il tenta de réformer les institutions religieuses en les efforçant de quitter le régime canonial pour revenir au régime monastique de la Règle. Il y réussit à St-Ghislain, Lobbes et Haumont.
Il apparut, avec Adalbéron, évêque de Laon, comme l’un des premiers promoteurs de l’idée d’une structure ternaire pour la société médiévale (clergé, guerriers/nobles, travailleurs) se référant à la Cité de Dieu de Saint Augustin.
Liébert (1051-1076). Originaire de Lessines ou de Brakel, où il naquit vers 1010 dans une famille noble. D’abord archidiacre et prévôt de la cathédrale de Cambrai. Evêque de Cambrai dès 1051. Il fonda l’abbaye bénédictine du Saint-Sépulcre à Cambrai en 1064.
Gérard II (1076-1092). Il évolua dans un contexte de tensions et d’insurrections en 1077 avec les bourgeois de Cambrai revendicateurs de privilèges communaux.
Entre 1077 et 1215 les bourgeois obtinrent à quatre reprises au moins une charte de franchise, qui à chaque fois finit par leur être retirée par les efforts conjugués des évêques et des empereurs.
Epoque de la Querelle des Investitures entre le pape Grégoire VII et l’empereur Henri IV à propos des responsabilités de l’un et de l’autre dans les affaires de l’Eglise, notamment en ce qui concerne la nomination des évêques et des abbés de monastères. Il se rendit auprès d’Henri IV qui venait d’être excommunié par le pape. Gérard considérait toujours comme normale la subordination de l’Eglise à l’autorité impériale (comme du temps de Charlemagne et d’Otton I). Il était ainsi opposé à son archevêque de Reims, un réformiste partisan du pape, qui refusait de le consacrer.
Finalement le pape intercéda en sa faveur, mais en lui rappelant les positions nouvelles de l’Eglise de Rome. Dans son diocèse, Gérard II se consacra à réformer son propre clergé. Il imposa le célibat aux chanoines et tenta de rendre plus moral le comportement des ecclésiastiques.
Aussi lorsque l’évêque Gérard II (1076-1092) mourut, les idées grégoriennes allaient provoquer un schisme épiscopal. En effet, à l’évêque grégorien (nommé par le pape) Manassés (1093-1103), élu d’abord, s’opposa l’évêque impérial Gaucher (1093-1106). Ce drame s’accompagna d’une démarche du clergé d’Arras, appuyée par le Comte de Flandre auprès de l’archevêque de Reims Raynald, en vue d’obtenir la restauration du siège épiscopal de cette ville, supprimé on l’a vu depuis le VIème siècle. Un concile s’ouvrit, et en l’absence d’accord (le concordat précité n’étant intervenu, on l’a vu plus haut qu’en 1122), c’est le pape Urbain II qui trancha en 1094, en donnant un évêque à Arras, de sorte que l’évêque Gaucher fut le dernier prélat à administrer les deux diocèses.
Manassès (1093 – 1103) fut transféré par le pape Pascal II à Soissons.
L’évêque élu pour Arras, Lambert de Guines, fut choisi dans le diocèse de Tournai pour ne pas heurter la susceptibilité des Cambrésiens. Les Tournaisiens d’ailleurs s’engagèrent dans la même voie, et en 1146, le premier évêque Anselme, abbé de St Vincent de Laon, fut nommé, concrétisant ainsi la scission d’avec Noyon.
Walcher/Gautier/Gaucher (1093 – 1106) qui avait accepté son investiture de l’empereur Henri IV, se maintint deux ans à Cambrai, où il y avait donc deux évêques. Il fut accusé de simonie et fut déposé par le concile de Clermont et excommunié.
Par la suite, Manassés occupa seul le poste jusqu’en 1103, et fut remplacé par un autre évêque Grégorien (papal) Odon alors que Gaucher se retirait dans un monastère.
Odon de Tournai (1105-1116). Né à Orléans en 1060, c’était un intellectuel brillant, féru d’astronomie. Professeur de philosophie et de rhétorique à Toul, il devint écolâtre à la cathédrale de Tournai. Il était très influencé par la théorie du « libre arbitre » de Saint Augustin. Il choisit dès 1092 de vivre, avec quelques disciples, la vie canoniale suivant la Règle de Saint-Augustin dans l’abbaye Saint Martin de Tournai qu’il fonda.
En 1095, ils choisirent la Règle de Saint Benoît. Odon devint le premier abbé. La même année, il fut consacré évêque de Tournai. L’abbaye connut vite un grand essor grâce à son atelier de scribes et de copistes.
En 1105, on lui confia l’évêché de Cambrai, qui connaissait une situation critique (supra). Face à Gaucher et à l’empereur, Odon ne put prendre son siège épiscopal. Il résida à l’abbaye d’Anchin, où il écrivit des traités de théologie et y mourut en 1113.
Le comte Robert II de Flandre, à l’occasion de la Querelle des Investitures, parvint à obtenir de l’empereur le fief de la châtellenie de Cambrai, ce qui octroyait à son comté une base légale pour agir désormais à l’intérieur du Cambrésis. Ce qui ne fut pas sans provoquer des problèmes aux évêques de Cambrai et d’instiguer les bourgeois à revendiquer plus de droits.
Avec les évêques suivants, l’influence de l’empereur resta prépondérante.
Burchard (1115-1131)
Liétard (1131-1134). Déposé en 1134 lors du concile de Reims.
Nicolas de Chièvres (1137-1167) entreprit de rebâtir de nouveau la cathédrale, déjà plusieurs fois refaite, et qui avait été victime d’un incendie en 1148, mais cette fois sur un plan nouveau. Commencée, dans le style roman en 1148, elle sera achevée en 1472, dans le style gothique.
Cambrai est à cette époque un centre culturel important, notamment sur le plan musical.
Cependant, à partir du remplacement de l’évêque Nicolas de Chièvres en 1167, ce furent le Comte de Flandre et celui de Hainaut qui décidèrent des promotions épiscopales, conformément aux dispositions du concordat de Worms qui clôturait la Querelle des Investitures. Furent successivement nommés deux évêques n’ayant pas été ordonnés :
Pierre I de Flandre ou d’Alsace (1167-1173). Elu, non consacré par l’archevêque, il renonça en 1173.
Robert d’Aire (1173-1174). Elu, non consacré. Il mourut assassiné.
Alard (1175-1178). Elu, non consacré.
Roger de Wavrin (1179-1191) était le fils du sénéchal de Flandre. Archidiacre de Cambrai, puis élu évêque en 1179. En 1180, il leva le corps de Saint-Ghislain.
Il a fondé deux abbayes près de Cambrai : Cantimpré (pour des chanoines réguliers selon l’Ordre de saint-Augustin) et Prémy (pour des religieuses).
Son épiscopat fut agité par des troubles insurrectionnels des bourgeois de Cambrai. Ces derniers réclamaient le droit de constituer l’échevinage, de rendre la justice, et de posséder un beffroi, c’est-à-dire, en fait, l’autonomie communale, qu’ils obtinrent. Mais ne s’estimant pas satisfaits, ils voulurent aller plus loin encore, et toucher aux droits du clergé. Il eut à défendre ses droits sur sa résidence épiscopale du Cateau contre le comte de Flandre. Un diplôme impérial de l’empereur Frédéric I Barberousse de 1184 a diminué les prérogatives épiscopales en concédant au peuple d’assez grands privilèges.
Il entreprit en 1189 un voyage en Terre Sainte. Il y mourut malade en 1191 pendant le siège de Saint-Jean d’Acre.
Jean II d’Antoing (1192-1196) était le fils d’Hugues, seigneur d’Antoing et d’Espinoy, neveu de Roger de Wavrin. Il fut archidiacre de Cambrai, puis prévôt de l’église d’Arras, puis évêque de Cambrai.
Nicolas II du Roeulx (1197) était le fils d’Eustache I « le Vieux » du Roeulx. D’abord prévôt de Nivelles, puis évêque à Cambrai en 1197.
Hugues d’Oisy (1197-1198) fut prévôt de Douai, puis évêque de Cambrai. Elu, mais non consacré, car, marié, il n’avait reçu que les ordres mineurs et ne pouvait être promu évêque.
Pierre II de Corbeil (1199-1200) était professeur de théologie, aumônier du roi Philippe-Auguste et chanoine à Paris. Il devint évêque de Cambrai en 1199, puis archevêque de Sens en 1200. Il participa en 1209 à la croisade contre les Albigeois.
Jean III de Béthune (1200-1219), fils du seigneur Robert V de Béthune.Prévôt à Douai et Seclin, puis évêque de Cambrai. Il participa aussi à la croisade contre les Albigeois.
Godefroid de Fontaines ou de Condé (1220-1237/1238) était le fils de Roger de Condé et d’Alix de Mons Elu évêque de Cambrai en 1219, il reçut l’investiture de l’empereur Frédéric II en 1220. Il eut à faire face à de nombreuses émeutes communales. Il ordonna la destruction du beffroi, établit une police et abolit les chartes communales. Cependant la « Loi Godefroid » promulguée par l’évêque leur laissait, en fait sinon en droit, un certain nombre des libertés conquises dans la gestion des affaires communales.
Il acheta en 1238 la seigneurie de Dunkerque et entreprit de grands travaux pour en aménager le port.
Guy de Laon (1238-1247)
Nicolas de Fontaines (1248/1249-1272, bataille d’Andernach) était le fils de Gautier de Fontaines, neveu de Godefroid de Fontaines. Il fut seigneur de Fontaine-l’Evêque. Le chapitre fut divisé quant à son élection, mais le pape Innocent IV ratifia son élection. Il modifia les structures de son diocèse en créant un sixième archidiaconé, celui de Bruxelles.
A l’intérieur de ces archidiaconés, furent créées des divisions administratives appelées décanats ou encore doyennés, dits aussi « de chrétienté ». Il y en avait désormais 18 :
- archidiaconé du Cambrésis avec les décanats de Cambrai, Le Cateau et Beaumetz
- archidiaconé de Hainaut, avec les décanats de Bavai, Maubeuge, Binche et Mons
- archidiaconé de Valenciennes avec les décanats de Valenciennes, Haspres, et Avesnes sur Helpe
- archidiaconé de Brabant, avec les décanats de Chièvres, Saint Brice, Hall et Grammont
- archidiaconé d’Anvers, avec le décanat d’Anvers
- archidiaconé de Bruxelles avec les décanats de Bruxelles, Alost et Pamèle
Enguerrand de Créqui (1274-1286) fit face aussi à des conflits avec les bourgeois de Cambrai. Car la ville était prospère et s’agrandissait grâce à la production de draps et de toiles de lin.
Guillaume d’Avesnes (1286-1296) était le fils de Jean I d’Avesnes et frère du comte Jean I de Hainaut, de Hollande et de Zélande Il fut prévôt, puis évêque de Cambrai. Il entra en conflit avec ses chanoines qui eux-mêmes étaient en conflit avec le comte de Hainaut.
Gui de Colle Medio (1296-1306). À la mort de Guillaume d’Avesnes en 1295, le chapitre de Cambrai a élu Gérard de Relenghes, alors prévôt de la cathédrale, mais le pape Boniface VIII prétendit que, l’évêque étant mort à plus de deux journées de distance de Cambrai (il était en route vers Jérusalem), son successeur devait être nommé par le Saint-Siège. Gui de Colmier fut, en conséquence, placé par lui à la tête du diocèse de Cambrai. En 1306 Gui fut transféré à l’archidiocèse de Salerne, mais il ne survit pas longtemps à ce transfert et mourut la même année à Avignon.
De nombreux conflits entre l’évêque et les bourgeois de la ville émaillèrent cette période. Il y eut même des émeutes et des pillages en 1298, 1305 et 1313. La Guerre de Cent Ans n’apaisera pas ces tensions.
Philippe de Marigny (1306-1309). D’abord secrétaire du roi et membre du conseil privé du roi Philippe IV le Bel. Evêque de Cambrai en 1306, puis archevêque de Sens en 1309, nommé par le roi lui-même. Le pape Clément V le reconnut l’année suivante. Il fut chargé du procès des Templiers qu’il envoya au bûcher en 1310 et 1314.
Pierre III de Lévis-Mirepoix (1309-1324). D’abord évêque de Maguelone, nommé par le pape Clément V en 1306. A la demande de Philippe le Bel, il eut à mettre en prison tous les Juifs de son diocèse. Leurs biens furent confisqués au profit du roi. Puis Clément V le déplaça à Cambrai. Il reçut ensuite l’investiture de l’empereur (comme comte). En 1313, il fit la translation des reliques de Sainte Waudru. Les émeutes populaires dans sa ville le poussèrent à demander une mutation. Il fut transféré par le pape Jean XXII à Bayeux en 1324.
Gui III de Boulogne (1324-1336) était le fils du comte Robert VII de Boulogne. Petit neveu de Louis IX et apparenté à la famille royale. Chanoine à Amiens, archidiacre de Thérouanne, évêque de Cambrai, puis archevêque de Lyon en 1340 et nommé cardinal par le pape Clément VI. Diplomate pour le Saint-Siège.
Guillaume d’Auxonne (1336-1342). Originaire d’Avesnes. Son épiscopat correspond au début de la Guerre de Cent Ans. Les deux ennemis, Edouard III d’Angleterre et Philippe V de France, tentèrent d’obtenir de l’évêque sa collaboration, car Cambrai était une cité stratégique. L’évêque choisit le Français. L’Anglais, soutenu par le comte de Hainaut, vint mettre le siège devant la ville, mais sans succès. Il ravagea cependant une partie du Cambrésis et de la Picardie. En 1342, il fut transféré à Autun.
Guy de Ventadour (1342-1349)
Pierre IV de Clermont (1349-1368). D’abord garde des sceaux du roi de France, puis évêque de Noyon, puis de Clermont, avant d’être nommé à Cambrai.
Robert de Genève (1368-1371). D’abord évêque de Thérouanne, puis de Cambrai. Cardinal en 1371 et élu pape à Avignon sous le nom de Clément VII. Son couronnement marqua le début du Grand Schisme en 1379, car il fut élu en opposition à Urbain VI.
Gérard III de Dainville (1371-1378). Evêque d’Arras, puis de Thérouanne, avant d’être nommé à Cambrai. Il donna l’investiture au nouveau comte de Hainaut, Aubert I de Bavière. En 1384, Philippe le Hardi, duc de Bourgogne, devint, par mariage, comte de Flandre. Lui et ses successeurs s’érigèrent en protecteurs du comté de Cambrésis. Ils contribuèrent au règlement des problèmes liés à la bourgeoisie cambrésienne.
Jean IV t’Serclaes (1378-1389). Bruxellois d’origine, frère d’Everard t’Serclaes.
André de Luxembourg (1389-1396)
Pierre d’Ailly (1396-1411). Aumônier du roi Charles VI. D’abord évêque du Puy, puis à Noyon, puis à Cambrai. Il prit le parti des Armagnacs contre les Bourguignons. Il se retrouva souvent en conflit avec les ducs de Bourgogne, également comtes de Flandre. II entendait surtout, au plan temporel exercer avec plénitude le pouvoir comtal sur Cambrai et le Cambrésis. Cardinal en 1411. Théologien et professeur à l’Université de Paris, ayant laissé de nombreux écrits dans le cadre du Grand Schisme. Il combattit la simonie et l’incontinence des prêtres. Il tenta de remettre de l’ordre dans l’église de son diocèse. Il était partisan de l’antipape d’Avignon. Mais au concile de Constance (1414-1418), il était de ceux qui ont favorisé la nomination de Martin V pour réunir l’Eglise. Mourut à Avignon, où il était légat pontifical. Il fut le champion des cumuls des charges ecclésiastiques (et des bénéfices qui les accompagnaient) dans des villes différentes (Soissons, Noyon, Paris, Compiègne, Rouen, Bayeux, Le Puy, Limoges, Orange, Cambrai, …).
Jean V de Gavere (1412-1436/38)
Entre 1428 et 1433, le duc Philippe le Bon, déjà comte de Flandre, devint aussi comte de Hainaut. Il accentua la pression sur le Cambrésis.
Jean VI de Bourgogne (1439-1479) était un fils bâtard de Jean sans Peur et d’Agnès de Croÿ, donc demi-frère de Philippe le Bon. D’abord prévôt à Saint-Donat à Bruges en 1412. Puis évêque de Cambrai, puis archevêque de Trèves. Il eut lui-même de nombreux bâtards.
Cambrai fut impliquée dans la guerre que se livrèrent Louis XI et Charles le Téméraire. De 1476 à 1479, la cité épiscopale fut occupée par le roi de France.
Henri de Bergues (1480-1502). Chancelier de l’Ordre de la Toison d’Or. Avec le démantèlement du Duché de Bourgogne, Louis XI desserra son étreinte. Le Traité d’Arras ramena la paix. L’évêque, qui avait retrouvé toutes ses prérogatives temporelles, tenta d’obtenir le rétablissement de la neutralité de Cambrai et le départ de la garnison bourguignonne. C’est lui qui en 1492 vérifia les reliques de St-Ghislain qu’il déclara authentiques. Il célébra en 1496 le mariage de Philippe le Beau et de Jeanne de Castille.
Jacques de Croÿ (1503-1516) était le fils de Jean, comte de Chimay, et de Marie de Lalaing, dame de Quiévrain. Sa nomination, pourtant confirmée par le pape Alexandre VI, fut contestée. Il n’y entra qu’en 1507. En 1508, le Traité de Cambrai créa la Ligue entre Louis XII et Maximilien contre les Vénitiens. En 1510, Maximilien érigea Cambrai en duché. Jacques de Croÿ obtint le titre de duc.
Guillaume de Croÿ (1516-1519). Fils d’Henri de Croÿ, comte de Porcien et neveu de l’évêque précédent. Théologien, élève de Jean-Louis Vivès à Louvain. Evêque de Cambrai pendant trois ans, puis abbé d’Affligem. Cardinal en 1517, puis évêque de Coria et administrateur de Tolède.
Robert de Croÿ (1519-1556). Fils cadet d’Henri et frère du précédent.
Les de Croÿ furent des fidèles des Habsbourg. Il était important que Cambrai resta dans la sphère d’influence de ceux-ci, alors que Charles Quint et François I se faisaient la guerre. Charles Quint y fit construire une citadelle en 1543. Lors de la « Paix des Dames », il fut l’hôte des négociatrices.
C’est durant son ministère que les Calvinistes prirent de l’influence dans tout le diocèse. L’évêque participa au concile de Trente (1545-1563) qui mit sur pied la Contre-Réforme qui allait trouver dans le nouveau roi, Philippe II d’Espagne, un ardent défenseur.
Le siège épiscopal fut érigé en archevêché lors de la grande réorganisation ecclésiastique des Pays-Bas méridionaux par la bulle « Super Universas » du pape Paul IV en 1559. Ceci afin de mieux combattre la Réforme dans des diocèses moins étendus et mieux structurés.
Du diocèse de Cambrai furent soustraits de nouveaux diocèses : Malines et Anvers, ainsi qu’une partie du territoire qui revient à celui de Tournai. Il conserva le Hainaut. Cambrai eut donc sous son obédience : Arras, Tournai, Namur, Saint-Omer.
La nouvelle organisation diocésaine de Cambrai fut très vite mise en place, regroupant ses 500 paroisses et ses 32 abbayes en 4 archidiaconés :
- du Cambrésis
- de Valenciennes
- du Brabant
- du Hainaut.
Chaque archidiaconé fut lui-même divisé en 3 ou 4 doyennés :
- du Cambrésis avec les doyennés du Cateau, de Cambrai et de Beaumetz.
- de Valenciennes, avec les doyennés de Valenciennes, Haspres et Avesnes sur Helpe.
- du Brabant, avec les doyennés de Chièvres, Tournai St Brice, Lessines, et Hal
- du Hainaut, avec les doyennés de Maubeuge, Binche, Mons et Bavay.
Il faut souligner que le diocèse réduit apporta moins de bénéfices, ce qui mécontenta les premiers titulaires.
Maximilien de Berghes (1556-1570) fut donc le premier archevêque de Cambrai. Il était aussi duc de Cambrai et du Cambrésis et prince du Saint-Empire. Il convoqua un concile provincial en 1565 pour y promulguer les décisions du concile de Trente.
En 1566, Valenciennes, Cambrai et Mons connurent les mouvements iconoclastes et les tentatives des calvinistes de prendre le pouvoir. L’évêque convoqua alors un synode diocésain en 1567.
Louis de Berlaymont (1570-1596). Archevêque-duc de Cambrai.
En octobre 1579, un seigneur, apparenté d’ailleurs à l’archevêque, Baudouin de Gavere, s’empara par ruse du gouverneur espagnol de la citadelle, édifiée depuis 1543 par Charles Quint, et s’installa dans la place. Après sa mort accidentelle, le duc d’Anjou qui assurait la protection de la ville y installa Jean de Montluc, Sieur de Balagny en 1581, qui se signala par sa cruauté et ses exactions. L’évêque fut chassé en 1595 par les troupes espagnoles. Il se réfugia dans son château du Cateau. Un gouverneur espagnol fut placé à la tête de la ville auquel prêtèrent serment les autorités communales.
Jean Sarazin (1596-1598)
Sous le régime des archiducs Albert et Isabelle, les archevêques de Cambrai retrouvèrent leurs prérogatives, et purent contribuer à la reprise en mains de l’église catholique romaine dans leur diocèse.
Guillaume de Berghes (1601-1609). Anversois, il fit des études à Louvain, Dole, Padoue et Bologne. D’abord chanoine à St-Lambert à Liège. Evêque d’Anvers, nommé par l’archiduc Albert, gouverneur des Pays-Bas Espagnols. Puis archevêque de Cambrai
Jean Richardot (1609-1614). Conseiller privé de Philippe II, pour qui il remplit une mission à Rome. Evêque d’Arras en 1602, puis de Cambrai.
François Buisseret (1615-1615) fit des études de droit, théologie et philosophie à Louvain, puis à Rome et Bologne. D’abord évêque de Namur. Il mourut quelques mois après sa nomination à Cambrai.
François van der Burch (1615-1644) fit ses études de droit et de philosophie à Douai, puis à Louvain. Evêque à Gand, à la demande de l’archiduc Albert. Puis archevêque de Cambrai. Fondation de l’institution Notre-Dame-de-Grâce à Cambrai pour jeunes filles pauvres.
Il établit un impressionnant quadrillage du territoire diocésain par le clergé, les religieux, les religieuses, les Jésuites, lui permettant de veiller notamment aux pratiques religieuses. C’est lui encore qui consacra de nombreuses églises dans la région, dans la mesure où il considérait qu’elles avaient été victimes de profanations par les troupes protestantes du Prince d’Orange.
En 1630, Richelieu, souhaitant contrer la puissance de l’empereur et de l’Espagne, renouvela l’alliance de la France avec les Provinces-Unies. L’effort principal de la France devait se porter sur les Pays-Bas Espagnols. Un plan de partage fut établi avec les Hollandais, la France devant recevoir Le Hainaut, le Cambrésis, l’Artois, une grande partie des Flandres ainsi que le Luxembourg et le comté de Namur. La guerre fut déclarée à l’Espagne en 1635.
Il s’ensuivit une longue série de guerres qui, aggravée par des crises de subsistance et des épidémies, va meurtrir le Cambrésis.
Joseph de Bergaigne (1645-1647). Franciscain en 1612. Professeur de théologie à Mayence et à Cologne. Provincial de son Ordre en 1616. Missions diplomatiques pour l’empereur Ferdinand III et le roi Philippe IV d’Espagne. D’abord évêque de Bois-le-Duc, où les protestants sont maîtres. Puis archevêque de Cambrai. Il participa aux négociations de Munster qui mettront fin à la Guerre de Trente Ans.
Gaspard Van den Bosch dit « Gaspard Nemius » (1649-1667) fit des études à Douai. Curé de Wervicq, puis professeur de théologie à Douai. Evêque d’Anvers, à la demande de Philippe IV, confirmé par Urbain VIII. Puis archevêque de Cambrai.
Ladislas Jonnart (1671-1674). D’abord évêque d’Arras en 1651, puis de St-Omer en 1656, puis archevêque de Cambrai.
Jacques-Théodore de Bryas (1675-1694). Chanoine à Tournai. Puis évêque de St-Omer, puis archevêque de Cambrai.
En 1678, le Traité de Nimègue fit passer le Cambrésis des Pays-Bas Espagnols au royaume de France.
François de Salignac de la Mothe-Fénelon (1695-1715). Né dans le Quercy, il fit des études à l’université de Cahors (rhétorique, philosophie), puis au Collège de Plessis (théologie) où il se fit remarquer par son art de la prêche. Il devint curé à Sarlat en 1677, puis professeur dans un internat parisien pour jeunes filles dont les parents, protestants, s’étaient convertis au catholicisme. Il écrivit à cette occasion un Traité de l’éducation des filles en 1687.
Le roi Louis XIV l’envoya en missions en Saintonge pour convertir les protestants après la révocation de l’Edit de Nantes. Il fréquentait la cour royale, Bossuet (avec qui il se brouilla plus tard) et Madame de Maintenon. Il fut le précepteur du petit-fils de Louis XIV, alors dauphin.
Il fut nommé par le roi comme archevêque de Cambrai en 1695. Il fit de nombreuses visites pastorales à Mons et en Hainaut, mais il était contraint à chaque fois de solliciter une autorisation du roi pour sortir du territoire français.
Il écrivit des romans, dont Télémaque où l’on vit une critique de l’autoritarisme royal. Il fut banni de la cour. Il habita vers 1700 à Pâturages, puis s’en revint à Cambrai.
Il s’occupa attentivement de son diocèse. Il intervint à de nombreuses reprises auprès de l’intendant, sur des sujets divers, notamment économiques et fiscaux. Il veilla aux bonnes moeurs, à la bonne tenue et à la discipline des maisons monastiques et collégiales. Il réclama de la rigueur contre les prêtres ignorants. Il s’occupa des pauvres, visita les hôpitaux, et, après le rigoureux hiver de 1709, et la sanglante bataille de Malplaquet, il offrit même sa propre vaisselle d’argent pour soulager la misère et les malheurs du Royaume. Fénelon mourut à Cambrai en 1715.
Après ce personnage historique éminent, le siège de Cambrai fut avant la Révolution de 1789, notamment et successivement occupé par trois archevêques, certes chargés d’honneurs, de titres et de bénéfices, mais sans qu’aucun d’eux ne passe effectivement le moindre temps dans sa ville épiscopale.
Jean d’Estrées (1716-1718). Parisien d’origine, il fut évêque de Laon en 1681 et remplit des missions diplomatiques. Il devint conseiller d’Etat et archevêque de Cambrai en 1716.
Emmanuel de la Trémoille (1718-1720) était abbé commanditaire de plusieurs abbayes. Il fut évêque de Bayeux en 1716. Il était cardinal depuis 1706. et fut ambassadeur à Rome pour Louis XIV. Archevêque de Cambrai.
Guillaume Dubois (1720-1723). Originaire de Brive-la-Gaillarde, c’était un personnage aux mœurs douteuses. Il avait épousé à la cour du roi une fille naturelle de Madame de Montespan en 1692, sur l’insistance du roi, pour lequel il était diplomate. Il fut conseiller du Régent en 1715 et toujours diplomate de Louis XV. Son mariage annulé, il obtient l’archevêché de Cambrai en 1720, où il ne mettra jamais les pieds. Il fut cardinal en 1721 et ministre de Mazarin.
Charles de Saint-Albin (1723-1764). Parisien, il étiat un fils illégitime du Régent de France. Poussé vers une carrière ecclésiastique, il devint docteur en théologie, puis évêque de Rouen, puis de Laon, puis archevêque de Cambrai.
Léopold-Charles de Choiseul-Stainville (1764-1774). Evêque d’Evreux, puis archevêque d’Albi, puis archevêque de Cambrai. Il ne fit que de brefs séjours à Cambrai.
Henri-Marie-Bernardin de Rosset de Fleury (1774-1781). Docteur en théologie, il reçut de nombreuses charges commanditées. Archevêque de Tours en 1751, puis en 1774 à Cambrai.
Ferdinand-Maximilien Mériadec de Rohan (1781-1801). Parisien et aristocrate,il devint archevêque de Bordeaux en 1769, puis prince-archevêque de Cambrai en 1781.
Il refusa de prêter serment à la constitution civile du clergé (12 juillet 1790), fut destitué et quitta Cambrai pour se réfugier à l’abbaye de Saint-Ghislain. Il démissionna en 1802 et fut nommé comte d’empire en 1808.
Lors de la promulgation de la constitution civile du clergé le 12 juillet 1790, Cambrai redevint évêché, son diocèse correspondant au département du Nord nouvellement créé, auquel était encore attaché (au spirituel) le Hainaut “belge”.
En 1791, Claude Primat, un oratorien, fut élu évêque constitutionnel. Il se déclara un « vrai sans-culotte ». Primat quitta Cambrai en 1798 et le siège ne fut plus occupé jusqu’en 1800.
Le Concordat du 15 juillet 1801 rétablit le siège épiscopal de Cambrai. Ce fut Jacques Joseph Schelle, un réfractaire, qu’on installa en 1801.
Louis Belmas, évêque constitutionnel, fut en 1802 le premier prélat concordataire, à la tête du diocèse de Cambrai, soumis cette fois, non plus à Reims, mais à la métropole de Paris.
Nous arrêtons ici la liste, car l’évêque depuis 1790 “n’est plus” qu’un prélat spirituel, déchu de tout droit féodal.