Lalaing (famille de)

Armoiries: “de gueules à 10 losanges d’argent, l’écu timbré de la couronne comtale, sommé d’un casque d’or, couronné de même; supports: deux griffons d’or; le tout posé sur un manteau fourré d’hermine, armoyé des pièces de l’écu. Cri de guerre: Lalaing!

Lalaing (actuellement orthographié Lallaing) se situe dans l’actuel département du Nord, entre Douai et Valenciennes. Au bord de la Scarpe, rivière stratégique qui servait de frontière entre la Flandre et le Hainaut-Ostrevent.

Étymologie – Toponymie du lieu

Lalen, Laleng, Lalain, Lallaing, Lalaing.

Dérivé du celtique Laech = bas et Len, Lenn = lac, étang, d’où “étang peu profond”.

Château

Il semble qu’un château existait en 1184, sur une motte naturelle (motte castrale). Le comte de Hainaut y avait placé une garnison.

Peu avant une famille de seigneurs, venus de Forest-sur-Marque (région de Lille), les Forest, s’y était installée. Ils prirent le nom de Lalaing quand ils se détachèrent du lieu d’origine. Le castrum devint une forteresse. Le château se détériorera pendant les guerres de Louis XIV. Ce fief passera à la Maison d’Arenberg au XVIIème. La princesse d’Arenberg le vendra en 1904 à M. Morel. En 1943, la famille de celui-ci le vendra à la Compagnie des Mines d’Aniche. Il fut racheté en 1959 par la ville de Douai. On y construira un hôtel de ville. Il subsiste aujourd’hui le pont, la porte d’entrée, le par cet un pilori.

D’après Félix Brassart, archiviste de Douai  (= 1905), Gérard de Forest, vassal du comte de Flandre, et Gérard de Lalaing, vassal du comte de Hainaut, ne formaient qu’un seul personnage, qui était nommé de Forest lorsqu’il s’agissait de son fief patrimonial, et parfois de Lalaing à cause de son fief en Ostrevant.

La localité de Forest -en-Cambrésis  est située à environ 5 km au nord de Cateau-en-Cambrésis, et à quelques kilomètres au sud de Bousies .Toutefois, Hervé Douxchamps opte plutôt pour la localité de Forest-lez-Mortagne  en Ostrevant.

Gerald de Forest (XI), le premier seigneur connu. D’un épouse inconnue, il eut:

Gossuin de Forest (XI), fils du précédent. Cité pour avoir tué en tournoi en 1095 Henri II comte de Bruxelles et de Louvain. D’une épouse inconnue, il eut:

Gérard Ier de Forest (1115- ?). Seigneur de Lalaing et de Forest. Cité en 1128/33 comme témoin dans une charte de la comtesse Clémence de Bourgogne, épouse du comte Robert II de Flandre, puis du comte Godefroid Ier de Brabant. Il épousa Jeanne d’Halluin (1121-1172), fille de Josse d’Halluin et de Justine d’Avesnes. Il en eut:

Gérard II de Forest et Lalaing (1140-1170). Seigneur de Lalaing et de Forest. Cité en 1168/1170 dans une charte octroyée à  l’abbaye d’Anchin, charte confirmée par son fils Simon. Il épousa Adélaïde/Adèle de Rache, dont il eut:

  • Simon (infra), qui recevra la seigneurie de Lalaing
  • Ansel, qui recevra la seigneurie de Forest
  • Etienne
  • Nicolas
  • Gérard

Simon Ier de Lalaing ( ?-1189 ou 1198). Seigneur de Lalaing. Cité dès 1157-1184. Il épousa Richesende de Landas (1170-1218), dont il eut:

  • Nicolas Ier
  • Gossuin Ier

Nicolas I de Lalaing ( ? – apr.1219). Seigneur de Lalaing. Vassal de l’abbaye de St Amand. Chevalier. Cité dans diverses chartes (1195, 1202, 1211. Vivait encore en 1219. Il épousa Havoise de Marque/Mark (1182- ?), dont il eut:

Simon II de Lalaing ( ?-1252/1253). Seigneur de Lalaing et de Sémeries. Cité au tournoi de Compiègne de 1238. Il épousa Alexandrine Ermengarde de Lens (ou de Lesdain), fille de Baudouin de Lens et de Sarra d’Arras, dont il eut:

  • Calard ou Nicolas II de Lalaing, infra
  • Simon III (infra)
  • Odon de Lalaing
  • Guillaume de Lalaing, ép. en 1304 Mathilde d’Iwuy

Nicolas II « Calard » de Lalaing (1250-apr.1277), fils du précédent. Seigneur de Lalaing. Chevalier.  Croisade en 1270 (8ème). Cité dans des chartes (1265, 1284, 1285). Il fonda en 1277 l’hôpital de Lalaing. Inhumé à Marchiennes. Il épousa Agnès de Willerval, dont:

  • Hugues de Lallaing, religieux à l’abbaye de St-Aubert
  • Wauthier de Lalaing, religieux à l’abbaye d’Anchin
  • Simon de Lalaing, (infra)

Simon III de Lalaing (v.1250-1333), frère du précédent. Chevalier. Seigneur de Lalaing (succession de son frère en 1277 ; comme régent de son neveu). Il épousa Jeanne de Roisin. Sa descendance est à l’origine de la branche de Sèmeries.

Simon IV de Lalaing (1275-1333), fils de Nicolas II. Il a 2 ans à la mort de son père. Il est probable que ce soit son oncle, Simon III, qui ait assuré la régence jusqu’à sa majorité, vers 1293-1295. Chevalier au service du comte de Hainaut. Seigneur de Lalaing, puis de Quiévrain par mariage. Chevalier. Cité comme législateur judiciaire du comté de Hainaut. Participa en 1285 au tournoi de Chauvency. C’est Simon III qui décréta la fameuse “loi de Lalaing” en 1300. Cette “loi” réglemente et complète l’organisation judiciaire et administrative du comté de Hainaut. Il arbitra à plusieurs reprises pour le Comte de Hainaut.Grand bailli de Hainaut. Enterré à l’abbaye de Flines.

  1. Ep. Mahaut de Mortagne (pas certain)
  2. Ep. en 1310 Mahaut d’Aspremont, héritière de Quiévrain (fille de Geoffroi III et d’Isabeau, dame de Quiévrain et d’Amblise). A sa mort, Mahaut prit le voile et entra au monastère de Beaumont à Valenciennes, où elle mourut en 1373.
  • Nicolas III ==> Lalaing, Bugnicourt et Montigny
  • Simon V ==> Branche de Quiévrain et Hordain (bas de page)

Branche de Lalaing-Bugnicourt-Montigny

Nicolas III (1310-v.1380), fils de Simon IV. Seigneur de Lalaing, Grand bailli de Hainaut (1332-1354). Châtelain d’Ath (1355-1358). Il épousa  Isabeau de Montigny, dame héritière de Montigny en Ostrevant (fille de Guillaume et de Marie de Haveskerke), dont il eut:

  • Nicolas IV
  • Othon « Oste », infra
  • Jeanne

Nicolas IV de Lalaing ( ?-1390), fils de Nicolas III. Seigneur de Lalaing et de Bugnicourt. Il mourut sans postérité

Othon « Oste » de Lalaing (1338-1441), frère du précédent. Chevalier. Seigneur de Lalaing, de Bugnicourt (de son frère). Seigneur de Montigny (par mariage). Grand bailli du Hainaut de 1398 à 1402. Il épousa avant 1346 Yolande de Barbençon, dame de Montigny-St-Christophe (fille cadette de Jean, seigneur de Barbençon, la Bruissière et Merbe, pair de Hainaut, et de Yolande de Grave « de Lens »), dont il eut:

  • Guillaume, infra ==> Lalaing, Bugnicourt
  • Sauffle/Samson/Sanche, seigneur de Operbaise. Grand bailli du Cambrésis en 1439. Prévôt de Valenciennes en 1437 et 1454
  • Simon V ==> Montigny, puis Bugnicourt (infra)

Guillaume I de Lalaing ( ?-1475), fils de Othon. Seigneur de Lalaing, Bugnicourt, Fréssin et Hordain. Grand-bailli de Hainaut de 1427 à 1434. Sénéchal d’Ostrevant en 1441. Stadhouder de Hollande de 1440 à 1445. Proche de Charles le Téméraire, avec qui il participa en 1468 au siège de Liège (à vérifier). Il épousa Jeanne de Roye et de Créquy, veuve de Robert de Wavrin (sénéchal de Flandre et ayant combattu en 1415 à Azincourt), dont il eut:

  • Jacques, infra
  • Jean (infra)

Jacques de Lalaing (1421-1453), « le bon chevalier », fils de Guillaume, avant qui il va décéder. Seigneur de Bugnicourt. Chevalier de la Toison d’Or en 1451 au chapitre de Mons. Conseiller et chambellan de Philippe le Bon. Le plus célèbre tournoyeur de son temps. Héros d’un roman de chevalerie éponyme. Pas de postérité

Jean de Lalaing ( ? – 1498), fils de Guillaume, frère de Jacques. Premier baron de Lalaing et de Bugnicourt. Prévôt de St Lambert de Liège. Il revendit à son cousin Josse (branche de Montigny) la seigneurie de Lalaing. Il n’eut que des enfants bâtards ==> branche de Bugnicourt et Hordain, éteinte en 1585 (baronnie de Lens). Il eut:

  • Arthus de Lalaing (1470-1521), seigneur de Bugnicourt
    • Ponthus II (1508-1557), sans postérité

Branche de Lalaing-Montigny (considérée comme la branche principale, après l’extinction de la branche aînée descendant de Guillaume)

Simon V de Lalaing (v.1405-1477), fils d’Othon, frère de Guillaume (supra). Seigneur de Montigny-St-Christophe, de Bugnicourt et de Santes. Seigneur d’Escornaix par mariage. Capitaine de l’Ecluse. Prévôt de Valenciennes (1429, 1433). Grand bailli du Hainaut. Grand veneur et amiral de Flandre. Gouverneur de Luxembourg. Ambassadeur de France auprès du Saint-Siège dans le St Empire. Lieutenant général de la croisade. Nommé en 1431 chevalier de la Toison d’Or par Philippe le Bon. Négociateur de Philippe le Bon en 1456 auprès du roi de France. Il épousa de Jeanne de Grave et d’Escornaix (héritière de Nederbrakel et de Zarladinge, fille d’Arnold II et veuve de Victore de Flandre. Enfants :

  • Josse I (-1483), infra
  • Philippote qui épouse en 1480 Jean de Lannoy, seigneur de Maingoval

Josse I de Lalaing ( ?- 1483), fils de Simon VIII. Seigneur de Montigny et d’Escornay. Racheta la seigneurie de Lalaing à son cousin Jean I. Gouverneur de Hollande, Zélande et Frise. Amiral des Flandres de 1462 à 1483. Chevalier de la Toison d’or en 1478. Conseiller et chambellan de Charles le Téméraire, puis de Maximilien. Capitaine de cent lances de la ville de Péronnes. Il commandait la gendarmerie en 1477 à la bataille de Nancy et y fut fait prisonnier. Il se distingua à la bataille de Guinegatte. I fut tué devant Utrecht en 1483. Il épousa Bonne de Vieufville, dame de Sains (fille de Louis de Quesnes), dont il eut quatre enfants :

  • Charles Ier (-1525) ==>Lalaing et Escornaix
  • Antoine (1480-1540) ==> Montigny
  • Antoinette qui épousa Philippe de Habarcq, gouverneur d’Arras en 1535
  • Marguerite qui épousa Philippe de Contay, puis Louis de Longueval

Charles Ier de Lalaing (1466-1525, Audenaerde), fils de Josse I. Seigneur de Lalaing. Créé Comte de Lalaing en 1522 par Charles Quint. Baron d’Escornaix, seigneur de Brade. Seigneur de Quévy et pair de Hainaut, probablement par achat. Conseiller-chambellan de Maximilien, puis de Philippe le Beau, roi de Castille, et puis de Charles Quint. Gouverneur d’Audernaerde. Chevalier de la Toison d’Or. Il épousa Jacqueline de Luxembourg (fille de Jacques, seigneur de Fiennes, et de Marie de Berlaimont, dame de la Hamaide), dont il eut:

  • François, mort jeune
  • Jacques, mort en 1521, sans postérité
  • Charles II (1506-1558), infra
  • Alexandre (1583-1604)
  • Marguerite ( ?-1584)
  • Marie-Jeanne de Lalaing, dame de Condé, ép. Jean de Croÿ-Solre (1588-1640)
    • Emmanuel Philibert, infra
  • Marguerite
  • Anne
  • Philippe I de Lalaing (1510-1555), fils de Charles Ier et frère de Charles II. Comte de Hoogstraeten, par héritage de son oncle Antoine ==> Branche d’Hoogstraeten
  • Philippe I

Il eut pour servante Johanna van der Gheynst, qui eut une fille avec Charles Quint, laquelle fille deviendra la duchesse Marguerite de Parme.

Charles II de Lalaing (v1506-1558), fils de Charles Ier. Comte de Lalaing (comme son père). Premier baron d’Escornaix et de Montigny. Seigneur de Quévy et pair de Hainaut. Seigneur de Bracle, St-Aubin et autres lieux. Gouverneur d’Audenaerde. Chevalier de la Toison d’Or en 1531 à Tournai. Chambellan de Charles Quint. Stadhouder d’Utrecht. Gouverneur de Luxembourg. Grand bailli du Hainaut de 1537 à 1549. Gouverneur général et capitaine du Hainaut et du Cambrésis au décès de Philippe de Croÿ en 1549.

  1. Ep. Marguerite de Croÿ-Chimay, décédée en 1540. Cette dernière avait hérité d’Ecaussines-Lalaing de son oncle Michel de Croÿ décédé sans héritier.
  2. Ep. Marie de Montmorency « Nivelle », décédée en 1570 et qui avait acheté la seigneurie réunie de Condé en 1560.
  • Philippe II ==> branche aînée de Lalaing, infra
  • Hugues, dément
  • Charles, mort jeune
  • Emmanuel Philibert de Lalaing (1557-1590, Condé) ==> branche des Lalaing-Renty, infra
  • Philippe-(Marie)-Christine de Lalaing (1545, Condé-1582, Anvers). Elle épousa en 1572 Pierre de Melun, prince d’Epinoy, baron d’Antoing, sénéchal de Hainaut, nommé gouverneur de Tournai par les Etats Généraux en 1576. Ils avaient choisi le camp des réformistes contre le roi d’Espagne. En l’absence de son mari, parti attaquer Gravelines, elle défendit la ville de Tournai contre Alexandre Farnèse en 1581 avec une vigoureuse résistance. Elle fut blessée par une flèche dans le bras. Elle put se rendre à Audenarde, alors que son mari se réfugia en Hollande.

Philippe II de Lalaing (1537, Lallaing – 1582, Mons ou Valenciennes), fils de Charles II. Sa marraine était l’archiduchesse Marie, gouvernante des Pays-Bas, et son parrain fut Charles Quint. Etudes à l’université de Padoue. A voyagé en Italie. Comte de Lalaing en 1558 à la mort de son père. Baron d’Escornaix. Seigneur de Waurin et de Flandre. Seigneur d’Ecaussines-Lalaing. Seigneur de Quévy et pair de Hainaut. Conseiller d’état en 1545. Gouverneur de Valenciennes en 1574. Général d’infanterie des Etats en 1577-78. Grand bailli du Hainaut. Il fortifia le village de Lalaing. Il s’alliera au roi d’Espagne. Il tente vainement de réunir les provinces du sud à celles dissidentes du nord. Organisa des réceptions somptueuses en son hôtel de Mons, où il recevra notamment Marguerite de Valois, fille d’Henri II. Il épousa Marguerite d’Arenberg, fille aînée de Jean de Ligne. Il mourut d’une ruade de cheval dans l’église de Lalaing. Ils avaient eu:

  • Pierre-Emmanuel, mort en bas âge
  • François (1577-1589)
  • Marguerite de Lalaing (1574-1650), comtesse héritière de Lalaing, baronne d’Escornaix, dame d’Ecaussines et de Quévy, qui épousera Florent, comte de Berlaymont. Ils vendirent Ecaussines à Philippe vander Burch, grand bailli du Hainaut, dont la famille conserva le domaine jusqu’en 1854.
  • Christine qui épousera Maximilien Ier, comte de Bailleul, baron de Lesdain et de St Martin

Extinction de la branche principale de Lalaing

Branche de Lalaing-Montigny

Antoine Ier de Lalaing (1480-1540, Gand), fils de Josse et frère de Charles I (supra). Seigneur de Montigny-en-Ostrevant et d’Estrée. Seigneur de Hoogstraeten (par mariage), puis comte d’Hoogstraeten en 1516. Seigneur de Leuze qu’il acheta ou reçut de Charles-Quint en 1530. Châtelain d’Ath. Chevalier de la Toison d’or en 1516. Chevalier d’honneur et ministre de la régente Marguerite d’Autriche. Chef des finances des Pays-Bas.  Stadhouder de Hollande en 1522. Il accompagna Philippe le Beau lors de la prise de possession du royaume d’Espagne, puis devint conseiller chambellan de Charles Quint. Il épousa Elisabeth de Culembourg, dame de Hoogstraeten, veuve de Jean de Luxembourg (fille de Jaspart et de Jeanne de Bourgogne), morte en 1508. Pas d’enfant légitime. Deux enfants bâtards d’Isabeau de Haubourdin, légitimés par Charles-Quint en 1524 et 1534.

  • Antoine ( ?-1541), mort sans postérité
  • Philippe, bâtard de Lalaing (1503-1550) => branche de la Mouillerie, la seule subsistante actuellement et représentée par les comtes Cédric de Lalaing (1962), Jacques de Lalaing (1970) et Alexandre de Lalaing (1972)

Branche de Lalaing-Renty

Emmanuel-Philibert de Lalaing (1537-1590). Fils de Charles de Lalaing et de Marie de Montmorency.  Porté sur les fonts baptismaux par Emmanuel-Philibert de Savoie, gouverneur des Pays-Bas, l’évêque d’Utrecht, la princesse d’Orange et la comtesse de Hornes. Marquis de Renty. Baron de Montigny. Seigneur de Condé (héritage maternel).  Capitaine des gardes wallonnes. Lieutenant-colonel au régiment du duc d’Aerschot. Colonel de Don Juan d’Autriche. Chef des Malcontents. Grand bailli du Hainaut. Amiral de Flandre. Ordre de la Toison d’Or (1586). À cette époque, il vit à Mons dans l’entourage de Marguerite de Valois qui, prenant prétexte d’une cure aux eaux de Spa, part à l’été en grand équipage. Elle consacre deux mois à sa mission. À chacune des étapes de son voyage, elle s’entretient, à l’occasion de rencontres fastueuses, avec des gentilshommes hostiles à l’Espagne et, leur vantant les mérites de son frère, tente de les persuader de l’intérêt qu’ils auraient à se rallier à lui. Elle fait aussi la connaissance du gouverneur des Pays-Bas, Don Juan d’Autriche, le vainqueur de Lépante, avec qui elle a un entretien cordial. En novembre 1578, la nuit du 13 au 14, son régiment de Montigny, commandé par le capitaine Jehan Quintin, assiégea la ville de Lessines (comté de Hainaut), siège qui se solda par la victoire de la cité à la suite de la sortie de la Compagnie de la Jeunesse. Il mourut le 27 décembre 1590 et fut enterré à Condé dans le chœur de l’église Saint-Wasnon. Il a épousé Anne de Croÿ, marquise de Renty, dame de Chiévres, fille de Guillaume de Croÿ et d’Anne de Renesse, dont il eut:

  • Jeanne de Lalaing (1588-1649), dame de Renty et de Condé, ép. Jean III de Croÿ-Solre

Branche de Lalaing-Quiévrain

Simon de Lalaing/II de Quiévrain (1333-1386), fils de Simon IV et de Mahaut d’Aspremont (supra). Seigneur de Quiévrain et d’Hordain.  Seigneur d’Ecaussines (par mariage). Grand bailli de Hainaut (1358-1362 ; 1372-1386). Sénéchal d’Ostrevant (1362). En 1384, il fit hommage à Charles VI, roi de France, pendant la Guerre de Cent Ans, promettant de le servir contre tous, hormis son suzerain, Albert de Bavière, comte de Hainaut. Il épousa en 1357 Jeanne de Roeulx, héritière d’Ecaussines, de Louwe, de Brebières, fille de Gilles du Roeulx, seigneur d’Ecaussines et de Jeanne de Lens. Il en eut:

  • Simon, infra
  • Jean de Lalaing, ép. Marie de Melun, puis Marguerite de la Hamaide
  • Guillaume de Lalaing ( ?-1410)

Simon de Lalaing, III de Quiévrain ( ?-1388), fils du précédent. Seigneur de Quiévrain, de Hordaing, de Brebières et d’Ecaussines-Lalaing. Il épousa Jeanne de Ligne ( ?-1377), fille de Guillaume. Enterrés tous les deux à l’abbaye de Crespin. Ils eurent:

  • Simon, infra
  • Marie de Lalaing, ép. Guillaume de Ligne, puis Englebert d’Enghien. Elle hérite du château d’Ecaussines en bas (-> Ecaussines d’Enghien)
    • Englebert d’Enghien ( ?-1463), ép. Marie d’Antoing
    • Marguerite d’Enghien
    • En effet, c’est à cette époque qu’Ecaussines fut divisée entre les Lalaing et les Enghien.
  • Mahaut de Lalaing (1340-1406), ép. Anselme I de Trazegnies

Simon de Lalaing IV de Quiévrain (1370-1415). Seigneur de Quiévrain, de Hourdain et d’Ecaussines-Lalaing (château d’en haut). Il résidait toujours au château de Quiévrain. Bailli de Hainaut. Il épousa Isabeau/Jeanne de Barbençon, fille de Gérard de Jeumont et de Jeanne de Chasteleer-Maubray, dont il eut:

  • Jeanne de Lalaing ( ?-1467), dame de Quiévrain, ép. Olivier de Blois-Châtillon ( ?-1433), comte de Penthièvre, vicomte de Limoges, seigneur d’Avesnes, de Landrecies et de Nouvion, faisant passer la seigneurie de Quiévrain à la Maison des Châtillon-Blois
  • Marie de Lalaing ( ?), dame de Quiévrain et d’Ecaussines-Lalaing, ép. 1428 Jean II de Croÿ, comte de Chimay et seigneur de Tours-sur-Marne. Ecaussines et Arquennes passèrent aux de Croÿ. Elle hérita de Quiévrain à la mort de Jeanne.

Branche de Bugnicourt

Descendante de Jean de Lalaing, qui a revendu à son cousin Josse la seigneurie de Lalaing et qui a conservé celle de Bugnicourt et l’a transmise à une descendance bâtarde.

Arthus de Lalaing (v.1470-1521), fils bâtard de Jean. Seigneur de Bugnicourt. Il avait épousé Jeanne de Habarcq, dame de Noyelles-Wyon. Sénéchal d’Ostrevent. 

Ponthus II de Lalaing (1508-1557), fils d’Arthus. Seigneur de Bugnicourt, d’Hesdin, de Villers et autres lieux. Sénéchal d’Ostrevent en 1521, succédant à son père. Chevalier de la Toison d’Or en 1546 à Utrecht. Gouverneur et capitaine général de l’armée impériale, après le décès d’Adrien de Croÿ à Thérouanne. Il reprit Thérouanne aux Français en 1553. Gouverneur de l’Artois sous Charles Quint en 1557. Il  épousa en premières noces Eléonore de Montmorency. Pas d’enfant. Cette branche s’éteint.

Branche de Hoogstraten

Philippe de Lalaing, (1510-1555). 2ecomte de Hoogstraten (héritage de son oncle Antoine I). Peut-être aussi de Leuze. Gouverneur et capitaine général de Gueldre. Il épousa Anne de Rennebourg, dont il eut:

  • Barbe, ép. Maximilien d’Ostfrise
  • Cornille, ép. Guillaume de Hamal
  • Georges ( ?-1581)
  • Antoine I ( ?-1568), infra

Antoine II de Lalaing (1533-1568). Comte d’Hoogstraeten. Peut-être aussi de Leuze qu’il vendit à Florent de Montmorency, frère de son épouse. Il épousa Eléonore de Montmorency (1528-1585), à qui le roi Philippe II d’Espagne remit les domaines confisqués à son frère Florent en 1570. Ils eurent:

  • Guillaume de Lalaing (1563-1590). Comte d’Hoogstraeten. Seigneur de Leuze. Il épousa Marie-Chrétienne d’Egmont, fille de Lamoral d’Egmont. Ils eurent:
    • Antoine III de Lalaing (1588-1613). Comte d’Hoogstraeten. Seigneur de Leuze. Au service des archiducs. Il épousa Marie Marguerite de Berlaymont – sans postérité – retour des biens à son oncle Charles III
  • Philippe Heman (1567-1657), prévôt de Nivelles, chanoine à Liège
  • Charles III, infra
  • Anne de Lalaing ( ?-1613), ép. Guillaume de Montmorency
  • Marguerite

Charles III de Lalaing (1569-1626), succède à son neveu Antoine III. Comte d’Hoogstraeten. Baron de Leuze et d’autres lieux. Chevalier de la Toison d’Or. Au service de Philippe II et des archiducs Albert et Isabelle. Il épousa Alexandrine de Langlée « de Wavrin », dont il eut:

  • Antoine Paul ( ?-1644)
  • Albert François de Lalaing (1610-1643), infra
  • Pierre Jacques Procope (1615-1698)
  • Jacqueline ( ?-1672) ép. Philippe de Mérode

Albert-François de Lalaing (v1610-1643). Comte d’Hoogstraeten. Baron de Leuze et d’autres lieux. Gouverneur d’Artois. Officier. Chevalier de la Toison d’Or

  1. Ep. Marie-Claire de Bailleul
  2. Ep. Isabelle Marie Madeleine de Ligne-Arenberg
  • François Paul de Lalaing (1630-1691), baron de Leuze, privé de raison, mis sous tutelle de sa sœur Marie Gabrielle
  • Dorothée Albertine, décédée jeune
  • Marie Gabrielle, infra

Marie-Gabrielle de Lalaing ( ?-1709). Comtesse d’Hoogstraeten. Baronne de Leuze. Elle épousa Charles-Florentin de Salm à qui reviennent les domaines.

Branche de la Mouillerie

Maximilien-Joseph de Lalaing (~1676/77 + 19/04/1756 (Bruxelles)) Général-Major, Gouverneur de Bruges & du Territoire du Franc, Surintendant-Général de la Gendarmerie de la Province de Flandres, Député de l’Etat noble du duché de Brabant, comte de T(h)ildonck par sa (1°) femme, conseiller d’Etat d’Epée au Gouvernement des Pays-Bas Autrichiens, Général d’artillerie.

Charles Eugène de Lalaing d’Audenarde, né à Paris le 13 novembre 1779, mort à Paris le 4 mars 1859 est un général français

 

6. Le néolithique

Le néolithique ou la première révolution économique

Cette période, qui s’étale chez nous de 5200 à 2200, est surtout connue dans notre région pour les mines de silex de Spiennes.
Il est important de bien décrire ce que le néolithique a apporté comme changements économiques, sociaux et sans doute politiques pour les populations. Car il s’agit d’une véritable révolution du mode de vie qui va marquer la société rurale jusqu’à l’aube de la révolution industrielle des XVIIIème et XIXème siècles.

Description
Le climat est alors celui que nous connaissons aujourd’hui et le paysage qu’il a façonné le serait aussi s’il n’avait tant été modifié par la suite.

Dans un tel environnement, l’homme, avec ses acquisitions techniques des millénaires précédents, peut décider de se sédentariser et de se bâtir un habitat durable. Il le fait en petites communautés (clans familiaux) dans des hameaux de quelques dizaines d’habitants, qui peuvent devenir des villages, établis sur des terres fertiles (limoneuses ou alluvionnaires), à proximité de sources d’eau et de bois.

Ces premières maisons sont de formes différentes selon les moments et les lieux (chez nous elles seront rectangulaires). Des poutres de bois servent de squelette sur lequel des murs en torchis sont montés et un toit en chaume posé. L’intérieur (souvent une seule pièce) est compartimenté pour les différents besoins. A l’extérieur, l’homme crée des abris (silos, greniers, étables) pour ses animaux et ses récoltes.


Une communauté, cela permet d’organiser et de répartir les activités. Quelles sont-elles?

L’homme du néolithique invente l’agriculture après avoir bien observé la nature, avoir cultivé des espèces sauvages (céréales, légumineuses), en avoir sélectionné celles qui conviennent le mieux aux cultures. Pour ce faire, il commence à défricher les bois qui entourent son hameau et à les transformer en champs. Il détourne parfois l’eau d’un ruisseau proche pour arroser ses champs ou se créer un vivier (irrigation). Les arbres sont utilisés pour la construction, le chauffage, la cuisson des aliments et bientôt les fours.
L’homme du néolithique invente l’élevage de la même façon. Il rassemble des troupeaux d’animaux encore sauvages (moutons, chèvres, porcs, bovins). Il en sélectionne les meilleures espèces, les fait pâturer (pastoralisme) et leur construit des enclos et des étables.
Le secteur économique primaire est né. Il va être complété par l’extraction de matières du sol (argile pour le torchis) et du sous-sol (d’abord le silex, ensuite, là où ils sont présents, les minerais, à commencer par le cuivre).

Hache polie type Spiennes

L’homme du néolithique diversifie son artisanat et son industrie. Des vestiges d’ateliers le prouvent : pour la taille standardisée du silex et son polissage (notamment les haches et les herminettes pour abattre les arbres et scier le bois) et des autres matières premières (os, bois de cervidé, bois des arbres), pour la boucherie (découpe de la viande, travail des peaux), pour le tissage de la laine et du lin, pour moudre les grains et cuire les pains, et un peu plus tard les forges (cela concerne très peu le néolithique chez nous).

L’autre grande invention est celle de la céramique. Les pots (de toutes tailles et formes) sont importants pour la cuisson des aliments, pour leur conservation et pour les repas. L’homme du néolithique, s’il est moins connu pour son art (plus discret que celui du paléolithique supérieur), n’en décore pas moins tous ses récipients. Chaque groupe régional va ainsi créer un « marqueur artistique », qui se révélera important pour définir les très nombreuses cultures qui vont émailler la période néolithique.

Ce marqueur culturel va accompagner la naissance d’un fort sentiment religieux, déjà présent au paléolithique. Des divinités apparaissent. Ce sont surtout des divinités féminines (invoquées pour la fertilité du groupe humain et de la terre cultivée) et des divinités masculines, souvent représentées par des têtes de taureaux (qui devaient représenter la force à la fois protectrice et créatrice).

Origines et expansion

Toutes ces innovations ne sont pas apparues en un jour. Les conditions climatiques (douceur, pluies régulières) et les ressources naturelles ont fait que c’est au Proche-Orient qu’on voit naître ce nouveau modèle socio-économique, dans ce qu’on appelle le “Croissant Fertile“, qui s’étire depuis les rives de la Méditerranée orientale (Israël, Palestine, Syrie) jusqu’au delta du Tigre et de l’Euphrate (Irak ou ancienne Mésopotamie). Le néolithique s’invente en différentes étapes entre 9500 et 6500.
De telles innovations ne peuvent qu’améliorer le confort quotidien, donc la longévité de la vie et la fertilité des populations. La démographie augmente. Le territoire initial devient trop exigu et des groupes émigrent, par clans familiaux, pour coloniser de nouveaux territoires et y acculturer les populations de la fin du paléolithique et du mésolithique. Le néolithique se répand à l’est (Iran), au nord (Caucase), au sud (Egypte) et à l’est (Chypres, Turquie). Vers 6500, toutes ces régions fonctionnent de la même façon. Les premières villes y apparaissent (Jéricho, Catal Höyük, …).

Un nouveau type de société est né et s’exporte. Ce qui a deux conséquences. D’abord, il y a création de richesses, sous forme de propriétés, de troupeaux, de surplus alimentaires et, plus tard, des excédents de minerais. Le profit s’accompagnera d’envies et de jalousies, donc de conflits et de guerres où la loi du plus fort s’impose toujours.
Une telle organisation de la société nécessite une autorité, donc un pouvoir, mais aussi une hiérarchisation des classes sociales. Il semble cependant qu’à l’origine, les premières sociétés néolithiques étaient matriarcales, égalitaires et pacifiques.

C’est cette première vague migratoire qui va atteindre l’Europe: la Grèce (dès 6500) et les Balkans (entre 6400 et 5500). Elle arrive avec le “pack” néolithique complet (les semences et les espèces domestiquées, la poterie, le type d’habitat, les croyances, …). Ici aussi elle acculture les sociétés mésolithiques européennes. Cette migration va suivre alors deux voies.

Expansion du néolithique en Europe

La première suit la voie maritime: de Grèce et de Dalmatie, elle s’introduit en Italie (vers 6000), puis dans les îles méditerranéennes occidentales (Sicile, Sardaigne, Corse, Baléares); enfin elle atteint les côtes françaises (5400) et ibériques (5200). De là, elle remonte vers le nord. Ces migrants emportent avec eux la Culture Cardiale, reconnaissable à ses poteries décorées, par gravure, d’ un coquillage appelé “cardia”.

Poterie cardiale

La deuxième vague choisit la voie fluviale danubienne: du nord des Balkans, à partir de 5500, elle oblique vers l’ouest le long du fleuve et se répand au nord de celui-ci (Hongrie, Pologne, Slovaquie, Autriche, Tchéquie, Allemagne, Suisse). Elle porte le nom de Culture Rubanée, parce que sa poterie présente des décors sous forme de bandes.

Poterie rubanée

Le néolithique en Hainaut
Conséquence: le territoire belge est atteint par la révolution néolithique entre 5200 et 4900 par des groupes de migrants venant du sud (les Cardiaux) et de l’est (les Rubanés). La première phase du néolithique chez nous (Néolithique Ancien) s’installe à la fois en Hesbaye (entre la Meuse et la rivière Geer, son affluent) selon la tradition rubanée, et en Hainaut selon la tradition cardiale. Les deux vont se rencontrer, s’entremêler et donner des formes mixtes.

En Hainaut, les premiers migrants vont choisir (au su des connaissances actuelles!) le plateau situé entre la Haine et l’Escaut, aux sources de la Dendre. Ils arrivaient du Bassin Parisien vers 4900. Par la suite, ils évolueront au contact des Rubanés à l’est de la Moyenne Belgique. En réalité, ceux-ci avaient aussi atteint notre région avant les Cardiaux. Leurs vestiges ont été particulièrement bien étudiés à Aubechies, Blicquy et Irchonwelz, au point que leurs caractéristiques (habitat, sépultures, céramique, meules en pierre, outils en silex) ont permis de parler d’ une Culture néolithique de Blicquy (4900-4700 avt.JC.).

A cette époque, le silex extrait à Ghlin était fort prisé, notamment par ces communautés de la région de Blicquy. On en a trouvé , pour cette époque, à Ghlin, Baudour (plus particulièrement à Douvrain) et Villerot. Il devait aussi exister une petite communauté à Saint-Symphorien (Champ Mellet).

La période suivante, dite Néolithique Moyen (4800-3600) voit une expansion, due à la poussée démographique, vers l’ouest de la Belgique, le nord-ouest de la France et les îles Britanniques. L’habitat se modifie un peu. On voit des villages s’entourer de palissades qui marquent le territoire et le défendent. La hiérarchisation de la société se généralise. Pour le reste, le mode de vie reste le même, ainsi que l’outillage. Les décors des poteries changent. On ne peut pas ici entrer dans les détails, mais cela a permis de déterminer deux cultures qui vont dominer cette période.

D’abord la Culture de Rössen, basée essentiellement en Allemagne et dans le nord-ouest de la France, mais dont les influences vont marquer certaines franges de notre région, à en croire les découvertes effectuées à Givry (site de la “Bosse del’Tombe”) qui évoquent un habitat de cette période (selon les outils et les céramiques retrouvés).

Mais c’est la Culture de Michelsberg (4300-3600) qui est la mieux représentée chez nous. Sans doute mieux implantée, elle a marqué toute la région au sud et à l’est de Mons. C’est aussi une culture dérivée du rubané allemand, mais qui a été fortement influencée par les cultures “françaises” dérivées du Cardial (Culture chasséenne). Les sites seraient très nombreux en Wallonie, mais souvent très dégradés et peu “lisibles”. Les mieux étudiés en Hainaut sont ceux de Spiennes et de Blicquy.

Spiennes et sa région (Obourg, Harmignies, Saint-Symphorien, Hyon “trou du Sable”, Mesvin “Sans Pareil”, Ciply, Flénu, Strépy) sont surtout connues pour leurs installations minières. Dans le sol crayeux crétacé, des blocs de silex se sont formés au tertiaire en très grandes quantités. Pour la taille et le polissage des outils (tranchets, haches, herminettes, houes), cette roche était d’une qualité inestimable et fort appréciée, non seulement dans la région, mais aussi en France et en Allemagne, où elle était exportée. Le commerce était né! A Spiennes et dans d’autres régions qui exerçaient la même activité, comme au Grand-Pressigny en France.
A la même époque, dans d’autres régions européennes (Balkans, Péninsule Ibérique), on commençait à extraire le minerai de cuivre, à le fusionner et à le transformer en outils et en armes.

Il semble que c’est à Obourg qu’on ait trouvé les mines et les ateliers de taille les plus anciens (4690-4450).
A Spiennes (“Camp à Cayaux”, “Pa d’la Liau”, “Petit-Spiennes”), où le travail de fouilles a été, et est encore fait avec une méthodologie très minutieuse, on a extrait le silex dans de véritables mines (avec puits et galeries), jusqu’à 15m de profondeur, entre 4450 et 3500. On l’a ensuite taillé dans des ateliers répartis sur une superficie d’une centaine d’hectares pour enfin être “vendu” aux populations voisines et aussi plus lointaines. Habitats, enclos fermés et camps fortifiés jouxtaient ce territoire. Ce qui dénote une société déjà fort hiérarchisée, où le travail était spécialisé et les tâches réparties entre mineurs, tailleurs de pierre, paysans, pasteurs, potiers et, sans doute, “gens d’armes”. Cette société commençait à avoir déjà ses riches et ses moins riches, ses dominants et ses dominés.

Des sites d’habitat du néolithique moyen (Culture du Michelsberg) ont été trouvés dans les villages “miniers” cités plus haut, mais aussi à Casteau-Thieusies, Givry (Bosse del’Tombe), Bray, Saint-Vaast, Haine-Saint-Pierre, Morlanwelz, La Hestre. A Valenciennes, en bordure de l’Escaut aussi.

On pense que les hameaux néolithiques furent très nombreux dans la région, comme ailleurs, dès cette époque du Michelsberg. Puisque leurs paysans pouvaient y trouver de bonnes terres limoneuses, des prairies fraîches pour les pâturages, de nombreux ruisseaux et les bois de la Forêt Charbonnière qu’ils furent les premiers à en commencer le défrichage.
Ce qui laisse à penser cela, c’est le fait que de nombreux outils en silex taillés, typiques de cette époque (notamment des haches polies d’origine spiennoise) ont été ramassés sur les champs et dans des propriétés privées par des archéologues, amateurs ou professionnels, par des paysans et des jardiniers. Et cela dans quasi tous les villages de la région.
Les habitats découverts sont moins nombreux, soit qu’ils ont été effacés par le temps, soit qu’ils n’ont pas encore fait l’objet de fouilles systématiques,toujours enfouis sous nos briques et nos bétons.
J’ai trouvé mention de silex taillés (beaucoup de haches polies) ramassés dans les villages suivants: Basècles, Blaton, Bernissart, Hensies, Harchies, Ville-Pommeroeul, Stambruges, Quevaucamps, Ellignies-Sainte-Anne, Wadelincourt, Thumaide, Sirault, Hautrage, Villerot, Baudour, Ghlin, Maisières, Cuesmes, Eugies, Flénu, Vellereille-le-Sec, Havré, Ville-sur-Haine, Le Roeulx, Strépy-Bracquegnies, Saint-Vaast, Haine-Saint-Pierre, Carnières, Morlanwelz, Ressaix, Quiévrain, Thulin, Montroeul-sur-Haine, Angre, Onnezies.

Au néolithique récent, la Culture de Seine-Oise-Marne (S.O.M., 3600-2000) s’est imposée depuis le Bassin Parisien jusqu’en Wallonie. Elle ne se caractérise, par rapport à la précédente, que par des détails peu importants, non par de véritables innovations.
Ce qui est particulier, c’est l’arrivée chez nous d’une mode monumentale qui existait depuis plusieurs siècles sur les côtes occidentales d’Europe: le mégalithisme. Mais il n’a pas marqué de son empreinte nos régions, comme il l’a fait en Bretagne ou en Grande-Bretagne. On trouve bien quelques allées couvertes et des menhirs au sud de la Meuse (Wéris, Rochefort, …), mais en Hainaut, ces monuments semblent avoir été peu nombreux. Certes, beaucoup ont été renversés, fracturés et enterrés par les Romains (qui cherchaient à supprimer la religion druidique des Gaulois) et plus tard par les rois Francs et les évêques (qui voulaient supprimer toute présence de paganisme dans nos religions). Car s’il est vrai que ces monuments préhistoriques n’avaient rien à voir avec les Gaulois, ce qu’ on nous a parfois fait croire, ils ont parfois servi de lieux magiques pour les pratiques religieuses de certaines populations antiques et médiévales.
En vallée de Haine, je ne pense pas qu’il reste encore un menhir debout, mais les historiens et certaines traditions en ont mentionné à Ville-sur-Haine, à Bray, à Haulchin, …

Poterie campaniforme

Le néolithique final est marqué par l’implantation d’une civilisation qui s’est étendue de la Péninsule Ibérique jusqu’en Europe Centrale: la Culture Campaniforme, ainsi appelée parce que ses céramistes fabriquaient des récipients en forme de cloche renversée (“campana”). L’innovation qui la caractérise, c’est l’expansion de la métallurgie du cuivre dans toute l’Europe, via des groupes humains qui transportaient cette nouvelle technologie de proche en proche dans tout l’espace concerné. Elle correspond donc à l‘âge du cuivre (ou chalcolithique) chez nous.

La métallurgie du cuivre était née d’abord au Proche-Orient. Elle a rapidement gagné les régions où ce minerai était abondant (Balkans, Péninsule Ibérique). Son extraction et son utilisation pour en faire des objets (outils, armes, parures) y a pris énormément d’ampleur dès le Vème millénaire. De véritables villes-citadelles à proximité des sites sont nées en Serbie (Varna), Bulgarie et Espagne.

Certains historiens pensent, arguments à l’appui, que c’est à cette époque que la culture celtique (une langue celtique ancestrale, de nouvelles croyances et un nouveau mode de vie) s’est répandue dans toute l’Europe occidentale , au départ d’une zone située en Europe Centrale où, depuis le début du IIIème millénaire,s’étaient installées des populations indo-européennes venues de l’est.

Comme il n’y avait pas de minerai chez nous, la technique de la métallurgie ne s’est pas développée dans nos régions à cette époque où elle fleurissait au Proche-Orient, puis dans les Balkans et dans la Péninsule Ibérique, et nos “ancêtres” ont continué à chercher du silex dans leur sous-sol, à le tailler, à cultiver leurs champs et à élever leur bétail. Il a fallu attendre 2200 et l’arrivée de la Culture Campaniforme pour voir apparaître (découverts dans les sépultures) des objets en cuivre, importés: couteaux, dagues, haches plates, brassards d’archers. Ces outils étaient en fait peu performants par rapport à ceux en silex. Ils révélaient plutôt le niveau social élevé du personnage qui les détenait, marqueur social qui s’accentua d’autant plus que la métallurgie du cuivre était accompagnée de celle de l’or et de l’argent, dont les objets étaient encore plus révélateurs du rang de celle ou de celui qui les portait.

Il existe, en vallée de Haine, peu de témoignages de cette époque, car ces marqueurs campaniformes sont trouvés dans les sépultures des guerriers et des chefs enrichis par le commerce (du cuivre et des métaux précieux) ou la guerre. Et il est probable que cela ne concernait pas nos paysans.
On a pourtant trouvé à Spiennes, à Saint-Symphorien et à Villers-Saint-Ghislain, quelques témoignages du néolithique final, dont un poignard en silex taillé finement et imitant les haches en cuivre.

A la fin de cette période néolithique, on peut dire que le nouveau modèle socio-économique est arrivé au bout de sa logique. Il a d’abord servi les groupes humains en leur apportant plus de confort et de confiance en l’avenir (par rapport à la recherche quotidienne de nourriture du nomade paléolithique), grâce à l’agriculture et l’élevage contrôlés, grâce aux nouveaux artisanats et aux premières industries. Il a ensuite servi à déterminer des groupes sociaux, des hiérarchies entre ceux-ci et des formes de pouvoir pouvant s’avérer violentes. Les âges du bronze et du fer ne feront qu’accentuer le phénomène.

Mais dans la petite vallée de la Haine, loin de ces centres enrichis et dominants, les paysans, partie majoritaire de la population, vont continuer à vivre selon les saisons, les bonnes et les mauvaises, au gré des multiples conquérants. En fait, ce sera ainsi pendant très longtemps encore…

Sites muséaux

http://www.minesdespiennes.org/
http://www.archeosite.be/fr/home/

 Site web consacré aux mégalithes et au néolithique

http://hannoniensis.unblog.fr/menhirs-dolmens-cromlechs-en-hainaut-2/

 

3. Les premiers pas de l’homme

Le paléolithique inférieur

C’est plutôt en bord de Houille que les archéologues ont découvert des traces du passage des premiers hommes chez nous. D’abord à Spiennes, ensuite à Mesvin. C’était il y a entre 500.000 et 300.000 ans avant notre ère.

Mais avant d’entrer dans les détails, il paraît bon, pour celles et ceux qui ont une idée un peu floue de la préhistoire, de définir plus précisément celle-ci. Cette science traite de ce qui concerne l’humanité, y compris dans ses formes originelles (préhominiens). Elle ne repose pas sur des écrits de ces époques primitives. Elle n’est connue que par l’archéologie (et ses nombreuses branches annexes, dont la paléo-génétique). L’écriture a été inventée entre 4000 et 3500 avant J.C. par les Sumériens et les Egyptiens. Elle n’a d’abord concerné que leurs transactions commerciales, puis l’histoire de leurs rois, leurs religions et enfin leurs codes de lois. Les écrivains ne se sont intéressés que très tardivement à notre région, soit au Ier siècle avant Jésus-Christ. Tout ce qui s’y est passé avant n’est donc connu que par l’archéologie.

La préhistoire est divisée en quatre grandes périodes: le paléolithique, le mésolithique (période très courte), le néolithique et les âges des métaux : cuivre, bronze et fer.

Le paléolithique est lui-même subdivisé en trois périodes: inférieur, moyen et supérieur, en fonction des diverses espèces humaines qui y ont vécu.

A chacune de ces périodes, correspondent des cultures qui se définissent par les modes de vie et de fabrication d’objets. Pour les premières cultures, il s’agit essentiellement de la forme des outils en pierre fabriqués, puis avec la complexification des cultures, on s’est intéressé aux modes de sépultures, aux arts, aux formes et décorations des céramiques, etc…

L’humanité est représentée par le genre homo. Elle commence il y a 2.500.000 ans (et avec elle le Paléolithique Inférieur). Les hommes sont les premiers à s’aider de pierres qu’ils ramassent pour effectuer des gestes précis (découpe de la viande, des peaux, taille de branches, cueillette de racines, …), après avoir transformé ces pierres par une taille destinée à leur donner une forme précise, la plus efficace possible pour leur usage.

Ces premiers humains étaient aussi capables de transmettre leur “technologie” à leurs proches et à leurs descendants. Aux gestes, ils commencèrent, dès  qu’ils le purent, à joindre la parole. Leurs ancêtres Australopithèques avaient appris à se tenir debout (mais grimpaient encore aux arbres comme leurs cousins, les singes). L’homme, lui, vit debout, explore mieux son environnement. Il marche mieux et peut courir. La position relevée de sa tête a permis de développer son larynx au point qu’il peut émettre des sons articulés.

Ce premier homme « inventeur » a été surnommé homo habilis. Cela va de soi. Son espèce a vécu près de 700.000 ans.

Il est apparu en Afrique, du côté de l’Ethiopie et du Kenya. Il s’est répandu dans une partie du continent. Il a côtoyé les derniers Australopithèques. On a trouvé en Géorgie (Caucase européen) des hommes qui lui ressemblaient assez bien morphologiquement et qui y ont vécu il y a 1.800.000 ans. Sans doute des descendants, les premiers Européens, mais qui ne sont pas allés plus loin dans leur migration (dans l’état actuel des connaissances). Ce sont les “hommes de Dmanissi” (Homo Georgicus).

A la même époque, une autre espèce était apparue en Afrique, celle des homo erectus, probablement plus adaptée à la vie et aux changements de conditions climatiques. Elle s’est répandue dans toute l’Afrique et a rapidement pris le chemin des autres continents, surtout en direction de l’Asie. Cet homme a vécu très longtemps, plus de 1.500.000 ans, ce qui lui a valu plusieurs mutations génétiques qui ont transformé sa morphologie et ont permis d’établir des sous-espèces.

Cet homo erectus est venu en Europe. Sans doute, les conditions climatiques rudes l’ont confiné au début sur les bords de la Méditerranée, de la Grèce à l’Espagne. Dans ce dernier pays, comme dans le sud de la France, il y vivait il y a 1.200.000 ans. Il a été classé dans la sous-espèce des homo antecessor.

L’audace ou l’amélioration du climat l’ont poussé à se risquer plus au nord. En effet, pendant ce que l’on appelle le Pléistocène Moyen (800.000-180.000), le climat était généralement froid, mais les périodes de temps très rigoureux (80% du temps) alternaient avec des périodes plus chaudes et humides pendant lesquelles la vie humaine devenait possible sur nos territoires.

Il y a 600.000 ans, ce descendant de l’homo erectus commença à nomadiser sous nos latitudes. Il avait lui aussi un peu évolué sur le plan morphologique. On l’a bien décrit sur des parties de squelettes découvertes près d’Heidelberg en Allemagne. C’est pourquoi on a appelé cette sous-espèce homo heidelbergensis.

Essai de reconstitution d’un homo heidelbergensis

Le “Belge” le plus ancien connu a été signalé à Sprimont, dans la Grotte de la Belle-Roche, sur les bords de l’Amblève. Il existe quelques controverses pour le dater très précisément, mais il semble qu’il y ait vécu il y a 500.000 ans.

C’est probablement l’un de son espèce qui est passé et a laissé des traces, sous forme de silex taillés, en bord de Trouille, à Spiennes. Probablement, car ses os ont disparu, mais à cette époque, ce ne pouvait être que lui. Il était nomade, suivait les troupeaux qu’il chassait pour en avoir la viande et les peaux. Il se nourrissait aussi de fruits, de racines, de poissons et de crustacés. A Spiennes, c’est sur les sites du “Pa d’la liau” et de “Petit-Spiennes” que des silex taillés, datés entre 450.000 et 300.000 ans, ont été trouvés, bien longtemps avant que d’autres hommes plus récents ne viennent y creuser des puits et des galeries pour les extraire en profondeur. Sur cette large période, plusieurs occupations eurent lieu à des moments différents.

Bifaces acheuléens trouvés à Spiennes

Plus haut, j’ai évoqué les cultures qui, pour ces premiers temps préhistoriques ,se définissaient par la forme des outils. La première culture fut dénommée oldowayenne, car décrite pour la première fois à Olduvaï en Tanzanie. Il s’agissait de pierres encore taillées avec peu de précision. L’inventeur en était Homo habilis, qui transmit sa technologie à Homo Erectus. On a encore trouvé de tels outils en Europe jusqu’il y a 700.000 ans, mais pas chez nous. Cependant en Afrique, Erectus avait déjà inventé le biface, outil taillé sur deux faces, plus tranchant et précis, pour en faire des grattoirs et des racloirs. On parla alors de Culture acheuléenne, car décrite pour la première fois à Saint-Acheul, près d’Amiens. Cette technique de taille n’a pénétré l’Europe que tardivement. C’est cependant elle qu’on retrouve chez les Homo Heidelbergensis, ces premiers “gens de chez nous”. De nombreux silex acheuléens furent trouvés à Spiennes.

Ce sont également ces humains qui semblent avoir “inventé le feu“, c’est-à-dire qu’ils avaient la capacité d’allumer un feu et de l’entretenir, ce qui améliorait leur quotidien (chaleur, lumière, défense vis-à-vis des animaux sauvages, cuisson, …). C’était il y a 400.000 ans.

Enfin, ces premiers hommes appréciaient particulièrement les entrées de grottes et les abris sous roche pour y établir leurs camps. On en a trouvé de nombreuses traces en bord de Meuse et de ses affluents. Mais à la bonne saison, ils s’aventuraient dans des régions où ils ne pouvaient s’abriter que sous des tentes en peau. Et ce fut le cas au bord de la Trouille.

La région au sud et à l’est de Mons a été très appréciée pour son silex, car on trouve d’autres témoignages du passage des hommes dans les époques suivantes, du moins lorsqu’on se trouvait dans des fenêtres climatiques plus douces, quand les forêts reprenaient leurs droits sur les toundras gelées et que la nourriture y était plus abondante.

Ainsi entre 300.000 et 200.000 ans avant notre ère, on trouve de nombreuses traces archéologiques, toujours à travers des quantités parfois impressionnantes de silex taillés, dans les localités suivantes :

  • À Mesvin, sur un plateau entre la Wampe et le By (v.250.000). Ici, on a découvert une évolution progressive de la technique de taille vers la confection de lames de silex selon une nouvelle méthode, dite débitage Levallois, que, plus tard, les Néandertaliens vont utiliser à grande échelle. A la même époque, à d’autres endroits, on trouve encore majoritairement des silex acheuléens (bifaces). Ce qui fait penser à certains préhistoriens qu’il existait deux groupes humains qui se côtoyaient mais qui utilisaient des technologies différentes. Le premier se trouvait en Angleterre (Clacton-on-Sea) et se répandit via nos régions vers l’Elbe en Allemagne. Le second le voisinait au sud à partir du Bassin de Paris
Outils trouvés à Mesvin

En fait, sur plusieurs de ces sites (Obourg, Spiennes, Mesvin, Saint-Symphorien, La Louvière), les découvertes réalisées dans les couches plus supérieures sont essentiellement liées à des outils façonnés selon les méthodes Levallois plus récentes (dites Levallois IV). Il s’agit d’une période plus clémente entre les deux dernières périodes glaciaires. On sait qu’à ce moment, les hommes qui vivaient en Europe Occidentale, les derniers Homo Heidelbergensis, étaient lentement en train d’évoluer vers des morphologies proches de celles des Néandertaliens, leurs descendants.

On considère que le Paléolithique Inférieur commence il y a 2.500.000 ans (découverte des premiers silex taillés et des plus vieux fossiles humains en Afrique) et se termine il y a 130.000 ans. Deux espèces d’hommes ont vécu pendant ce très long laps de temps : Homo Habilis (qui n’est pas venu dans nos contrées) et Homo Erectus, dont une forme évolutive, Homo Heidelbergensis, a parcouru nos latitudes. En effet, sous nos cieux, ces hommes ont vécu sur une relativement courte période, entre 500.000 et 130.000 ans, probablement même de façon très épisodique. Ils n’ont pas laissé de fossiles osseux, mais bien leurs outils de travail, taillés dans le bon silex du bassin de la Haine. Ils ont pratiqué des méthodes de taille relevant de la culture acheuléenne, mais certains d’entre eux ont fait de l’innovation en commençant à débiter les pierres en lames.

Place à l’espèce suivante…

Vellereille-le-Sec

Entité communale d’Estinnes

Le territoire

Superficie: 368 ha

Altitude: 90-92 m(moyenne)

Situation géographique : sur le versant sud de la vallée de la Haine en bordure du plateau qui sépare les vallées de la Haine et de la Sambre

Cours d’eau :

Paysage préhistorique (après la dernière période glaciaire) : boisé (Forêt Charbonnière)

Nature du sol : limoneux

Nature du sous-sol : grès, craie

Préhistoire

Néolithique (Homo Sapiens) : 

Un site néolithique (découverte de silex taillés) est mentionné depuis le XIXème siècle, au « Champ de dessus la ville »

Antiquité gallo-romaine – Premier Moyen-Age (période franque mérovingienne et carolingienne)

Périodes non documentées

Deuxième Moyen-Age – le village

Première mention: Le nom du village serait mentionné depuis le IXème siècle.

Toponymie (anciennes orthographes) : ?

Etymologie (hypothèses d’origine du nom) : 

Villereille vient de villa, au sens de domaine carolingien.

le-Sec, par opposition à son homologue -lez-Brailleux, les terrains sont ici particulièrement secs.

Epoque de son apparition: XI ou XIIème siècle

Facteurs ayant favorisé son émergence :

voies de communication: pas de voie antique ou médiévale importante

sources d’eau ou cours d’eau: rus

source de bois: région très boisée

proximité d’un lieu de pouvoir: ?

Paroisse dédiée à Saint-Amand

Evêché: de Cambrai (jusqu’en 1804), puis de Tournai ensuite

Décanat/doyenné: Binche

Autel (dîmes, entretien de l’église, nomination des officiants) donné à la Commanderie des Templiers de Piéton par l’évêque de cambrai, ce qui fut confirmé en 1177 par le pape Alexandre III.

Répartition des pouvoirs pendant la période féodale

Autorité supérieure: comté de Hainaut

Autorité sous-jacente (administrative et judiciaire): prévôté de Binche

Seigneuries et fiefs

Le territoire faisait au départ partie des possessions de l’abbaye de Lobbes, peut-être un don de rois ou d’aristocrates mérovingiens lors de la fondation de cette abbaye au VIIème siècle.

Il existe peu de documentation sur le passé de Vellereille-le-Sec. Nous ne savons pas si l’abbaye de Lobbes a gardé des terres sur son territoire. Il est possible que les comtes de Hainaut se soient réapproprié tout le village et qu’ils y aient exercé un temps les droits seigneuriaux.

Par contre, selon un acte de 1355, l’abbaye de Saint-Ghislain y possédait un fief géré par un maire et des échevins.

Ce n’est qu’à partir du XIVème siècle qu’apparurent successivement des personnages considérés comme titulaires de la seigneurie.

  • Fastré de Noirchin (Noirchain) est cité en 1355.
  • Jean Adrien « d’Espiennes » ( ?, Valenciennes – ?), cité comme seigneur de Vellereille
  • Guillaume d’Espiennes ( ?-1499), fils du précédent
  • Jean I d’Espiennes (?-?), fils du précédent, également cité comme seigneur de Vellereille-le-Sec.
  • Jean II d’Espiennes (?-?), fils du précédent, aussi cité seigneur de Vellereille
  • Jean III d’Espiennes (?-?), fils du précédent, cité en 1532 comme échevin de Mons, aussi seigneur d’Espiennes
  • Jean IV d’Espiennes (?-?) aurait peut-être vendu la seigneurie de Vellereille-le-Sec en 1595.
  • Charles I d’Ardembourg (?-1617, Mons), avocat à la Cour de Mons, conseiller au conseil souverain de Hainaut. Seigneur de La Courte-à-Ressaix. Il acheta Vellereille-le-Sec en 1596.
  • Charles d’Ardembourg (?-1650), fils du précédent, licencié en droit. Seigneur de Vellereille-le-Sec.  Il n’eut que deux filles, mortes jeunes. La succession serait allée à sa tante Anne d’Ardembourg (1592-1692?).
  • Celle-ci aurait revendu le domaine à François Vander Burch (1567-1644), écuyer, chanoine à Cambrai, puis évêque de Gand et enfin archevêque de Cambrai. 
  • On perd ensuite la trace des seigneurs suivants. On la retrouve chez André Théodore Joseph Tahon “de la Motte” (1709-1750), fils d’un échevin de Binche, lui-même échevin à Mons. Il est cité comme seigneur de Vellereille-le-Sec, d’Haine-Saint-Pierre et de la Motte.
  • Son fils Eugène Tahon de la Motte (1746, Mons-1824, Mons) est le dernier seigneur de Vellereille-le-Sec.

    Carte de Ferraris (XVIIIème)
Période française (1794-1814)

Fin de l’Ancien Régime féodal en 1794

  • Département: Jemappes
  • Canton: Binche
Répartition des pouvoirs pendant la période contemporaine (à partir de 1814)
  • Etat: Royaume des Pays-Bas (1814-1830), puis Royaume de Belgique
  • Province: Hainaut
  • Arrondissement administratif: Thuin
  • Arrondissement judiciaire: Charleroi
  • Canton: Binche
  • Entité communale depuis 1977: Estinnes
Economie

Agricole.

Patrimoine

Eglise Saint-Amand. Du XVème siècle. Monuments funéraires

1. Mise en place du décor

Raconter la préhistoire et l’histoire de la vallée de la Haine, ce n’est pas seulement s’arrêter aux hommes et aux femmes qui y ont vécu, par intermittence ou en permanence, depuis 400.000 ans. C’est aussi s’intéresser aux conditions (climat), à l’environnement et à ses ressources (eau, couverture végétale, faune), aux possibilités minérales qui leur ont permis de survivre (économie du sol et du sous-sol). Les limons, les sables, les argiles, les pierres et le charbon s’y sont déposés depuis des centaines de millions d’années. C’est donc l’histoire de la mise en place de ce décor que ce premier chapitre rapporte.

Ceci ne peut être compris que dans le cadre plus vaste du monde où le Pays de Haine n’est qu’un microcosme qui vit au gré de tous les microcosmes qui l’entourent et des macrocosmes qui régissent ce monde.

13, 8 milliards d’années – le Big Bang

Naissance de l’univers observable. Disparition d’un monde antérieur?

L’histoire de la Terre se raconte en cinq ères : précambrienne, primaire, secondaire, tertiaire et quaternaire. Chacune d’elles comprend des périodes géologiques (ex : cambrien, carbonifère, dévonien, jurassique, etc…) qui elles-mêmes peuvent encore être divisées en étages (namurien, maastrichtien, …).

4,6 milliards d’années – début de l’ère précambrienne

La terre se constitue dans le système solaire par accrétion de matière recueillie dans l’espace environnant. Ses diverses enveloppes profondes se forment, dont les continents visibles en surface, ainsi que les océans. De la surface vers le centre, on trouve :

  • La croûte terrestre
  • Le manteau
  • Le noyau

La lithosphère est l’enveloppe terrestre rigide de la surface de la terre, composée de :

  • La croûte terrestre
  • De la partie supérieure du manteau

L’asthénosphère est la partie inférieure du manteau.

Apparition de l’atmosphère terrestre.

A partir d’ici, les continents vont se déplacer sous forme de plaques, se morceler, s’éloigner, puis se rassembler en se chevauchant sur les bords, ce qui va entraîner des soulèvements à l’origine des chaînes de montagnes (orogenèse), des plissements et des failles.

Les pluies, les vents et le gel érodent les sommets qui dépassent et finissent par araser ces montagnes (érosion) jusqu’à les réduire en plaines et faire apparaître en  surface ou dans le sous-sol des couches jusque-là très profondes.

Ainsi deux chaînes de montagnes européennes, qui furent aussi élevées que l’Himalaya aujourd’hui, ont disparu.

Par moments, la mer va submerger certaines parties des continents, les plaines surtout (transgressions marines), et donc aussi les anciennes montagnes arasées, et y déposer des couches sédimentaires d’origine marine (sable, craie, roches calcaires). Ces sédiments vont s’accumuler. Les conditions dans lesquelles ils vont s’enfoncer dans le sol (pression, température) vont déterminer le type de roches qu’on y trouve. Beaucoup de celles que nous trouvons en Pays de Haine ont une origine marine.

Aux sédiments marins, il faut aussi ajouter les alluvions, drainés par les cours d’eau (sédiments fluviatiles) et les fines particules transportées par le vent (sédiments éoliens, notamment les limons de surface).
Tous ces phénomènes se passent sur des centaines de millions d’années et continuent insensiblement à l’heure actuelle,  ou de façon plus marquée lors des tremblements de terre et des éruptions volcaniques.

Petit à petit, très lentement, vont s’installer le relief visible aujourd’hui et les différentes couches qui se sont déposées sous nos pieds.

Entre 3,8 et 3,5 milliards d’années

Début de la vie sous forme de molécules organiques simples (les experts actuels pensent même que ce phénomène est peut-être plus précoce encore). Puis de molécules plus complexes capables de se répliquer (ADN, ARN).

Apparition des premiers micro-organismes cellulaires : les stromalithes. Puis les premières bactéries capables de photosynthèse : formation de glucose à partir de gaz carbonique (CO2) et d’eau (H20) et rejet d’oxygène (O2) dans l’atmosphère.

Au milieu d’un grand océan, se trouvait un grand continent : la Rodinia.

Tout cela met près de 3 milliards d’années à se mettre en place.

Il y a 750 millions d’années (Ma)

La Rodinia se morcelle en plusieurs continents.

Il y a 650-630 Ma

Une glaciation sévère transforme la terre en une espèce de grosse boule de neige.

Apparaissent les premiers animaux sur les fonds marins : des éponges.

Puis des éruptions volcaniques libèrent de grandes quantités de gaz carbonique qui réchauffent l’atmosphère.

A la surface des océans, apparaissent les phytoplanctons qui libèrent de grandes quantités d’oxygène.

Il y a 600 Ma

Le grand continent se reforme : le Gondwana,  pour une grande part situé dans l’hémisphère sud.

Puis trois grandes îles s’en détachent :

  • la Laurentia (Amérique du Nord, Groenland, Ecosse et nord-ouest de l’Irlande)
  • la Baltica (Europe du Nord et Scandinavie)
  • la Sibéria (Sibérie)

Il y a 575 Ma

Apparaissent, toujours dans l’eau, les premiers invertébrés (animaux à corps mou sans colonne vertébrale) : des édicariens qui se diversifient en cnidaires radiaires (anémones de mer, coraux, étoiles de mer et méduses).

 

L’ère primaire (ou paléozoïque) – 514-252 Ma

514-488 Ma – le Cambrien

Un micro-continent, Avalonia, se détache du Gondwana vers le nord (une partie de l’Amérique du Nord et une partie de l’Europe du Nord, dont le massif anglo-brabançon, dans lequel se trouve le Hainaut,  ainsi que l’Ardenne). La partie méridionale de l’Europe forme la marge nord du Gondwana.

A partir des édicariens, les premières espèces animales se diversifient, toujours en milieu marin, et pour 90% au fond des océans.

Aux espèces radiaires précédentes (qui se développent dans plusieurs directions), s’ajoutent les espèces bilatériennes (qui ont un hémicorps gauche et un droit) : les crustacés, les mollusques, …

488-444 Ma – l’Ordovicien

C’est le début d’une vie hors de l’eau : des algues vertes et des plantes à spores seulement.

444-416 Ma – le Silurien

Avalonia rencontre et se soude à Baltica. Ce nouveau continent entre en collision avec la Laurentia pour former la Laurussia et provoquer la formation d’une chaîne de montagnes, dite calédonienne. Longue de 4000 km et large de 500 km, elle s’étend du nord-est des Etats-Unis jusqu’à l’ouest de la Scandinavie, incorporant le Groenland, l’Irlande et l’Ecosse.

Gondwana remonte vers le nord. L’océan qui le séparait de la Laurussia se réduit.

C’est alors qu’a lieu le plissement des roches du massif calédonien du Brabant, formant les plus anciennes roches de Belgique qui affleurent au milieu des roches plus jeunes. On en trouve encore dans les vallées (Dendre, Senne, Dyle), en Condroz et dans l’est de la Belgique. Ce sont des schistes, des quartzites et des grès en majorité, provenant de la solidification de sédiments issus de l’érosion des sommets montagneux. On exploite ces roches du côté de Stavelot.

Des événements volcaniques ont fait remonter des profondeurs de la Terre des roches magmatiques (lave) qui se sont refroidies. Les carrières de Quenast les exploitent (« porphyres »).

Les premières plantes terrestres apparaissent : les fougères, les prêles, les premiers arbres.

416-359 Ma – le Dévonien

La chaîne calédonienne s’érode. Les massifs ardennais ont été complètement arasés. Celui du Brabant est comme une île submergée.

Ce qui deviendra la Wallonie est bordé au sud par un océan qui va à plusieurs reprises « transgresser » et venir « lécher » le massif brabançon.

Des sédiments marins se déposent et forment l’essentiel des roches de Wallonie (plus de 5500km²).

Ce sont du sable, de l’argile et des galets arrachés par l’érosion aux reliefs du continent, notamment du massif du Brabant. Transportés vers le sud par l’eau des torrents et des fleuves, ces matières sédimentent dès qu’elles atteignent la mer et donnent naissance à des grès, des schistes et des poudingues (roches encore siliceuses).

La mer finit même par recouvrir le massif du Brabant érodé.

Cette époque est marquée par le dépôt de calcaires (début des roches calcareuses argileuses) dans un climat de type tropical. Les marbres exploités dans la région de Roisin-Bellignies datent de cette époque.

Puis le climat se refroidit (glaciation), la mer se retire, absorbée en partie par les glaciers polaires. Les dépôts s’arrêtent.

A partir de poissons archaïques se développent les premiers vertébrés : les amphibiens et les reptiles marins.

359-299 Ma – le Carbonifère

Laurussia (dont fait partie la Wallonie, et donc le Hainaut) et Gondwana finissent par entrer en collision. La ligne de suture se fait au sud de la Wallonie, entre la Manche et les Vosges. Cet épisode déclenche la formation d’une nouvelle chaîne de montagnes, dite varisque ou  hercynienne (350-280 Ma) qui va de la péninsule ibérique vers la Bohême, en passant par le milieu de la France.

La mer recule et les reliefs s’érodent.

La région de Mons est alors située en bordure de mer, dans une vaste plaine marécageuse et forestière, à proximité de l’équateur.

D’énormes quantités de débris végétaux (riches en carbone) se sont accumulées, amenées par des cours d’eau dans des deltas ou des lagunes à la végétation luxuriante où la mer s’engouffre par moments, y laissant d’énormes sédiments qui se transformeront en charbon au fur et à mesure de leur enfouissement dans le sol. Le charbon, comme le pétrole, provient de l’accumulation et de la transformation de grandes quantités de matières organiques (végétales et animales) en milieu pauvre en oxygène.

C’est ainsi que s’est formé le bassin houiller dans l’axe Scarpe-Haine-Sambre-Meuse-Rhin, à la bordure nord du massif varisque, dans des fossés d’effondrement.

La Wallonie est à cheval sur une frontière. Au nord, les roches n’ont pas été plissées. Au sud, elles sont plissées et comprimées. Il se forme alors de grandes structures plissées à concavité vers le haut (synclinales) ou vers le bas (anticlinales).

Les roches situées au sud du massif du Brabant se sont désolidarisées de leur soubassement et forment des écailles qui se chevauchent l’une  l’autre en direction du nord le long de failles. Une de ces failles importantes est la Faille du Midi (en Hainaut) où se chevauchent des roches plus anciennes et des roches plus jeunes.

Se répandent alors sur terre les premières grandes forêts de lycophytes et de fougères. Les premiers animaux terrestres , les amphibiens, sortent de l’eau et vivent une vie mi-aquatique, mi-terrestre. Ils sont pourvus de poumons et de choanes (sortes de narines).

Le plissement varisque est responsable de la structure actuelle de notre région. Au-dessus du massif houiller se sont déposées, depuis Namur jusqu’à Quiévrain, des masses charriées depuis la chaîne montagneuse. C’est l’érosion qui, par la suite, permettra aux veines de charbon d’affleurer à certains endroits, notamment sur les versants de la vallée de la Haine.
C’est aussi lors de cette période que se déposent dans le Tournaisis, la région d’Hautrage et dans la région de Soignies-Ecaussines des roches calcaires et calcaro-siliceuses que les carrières d’aujourd’hui exploitent.

299-251 Ma – le Permien

La collision des deux continents est complète. A nouveau, il n’existe plus sur terre qu’un seul continent : la Pangée, entourée d’un seul océan : la Thétys.

Le Hainaut se situe quelque part au milieu de ce continent.

En Wallonie, plus aucun plissement n’adviendra désormais. Seuls quelques soulèvements vont encore modifier le relief .La chaîne hercynienne commence alors à s’éroder.

La faune terrestre s’enrichit essentiellement de reptiles, à la fois herbivores et carnivores, qui cohabitent avec les amphibiens.

A la fin de cette période, vers 251 Ma, une grande crise d’extinction va faire disparaître 50-75% des organismes marins. Les espèces terrestres résistent mieux, notamment les reptiles qui se diversifient, ainsi que la flore.

 

L’ère secondaire (ou mésozoïque) – 251-65 Ma

C’est l’ère du grand développement des reptiles sur les continents, des ammonites, bélemnites et foraminifères dans les mers.

Le climat est plus chaud.

252-201 Ma – le Trias

La chaîne hercynienne est complètement érodée. Il n’en reste, chez nous, que les sommets de l’Ardenne qui émergent, ainsi que le vieux massif du Brabant. Il n’y a pas de dépôt de sédiments en Wallonie pendant cette période.

Développement de forêts de conifères, de fougères et de cycadales.

Apparition des premiers dinosaures vers 225Ma. Ce sont des reptiles dont les membres postérieurs sont repliés sous eux pour leur permettre de se déplacer sur deux pattes.

201-135 Ma – le Jurassique

La Pangée (continent unique) commence de nouveau à se diviser en Laurasie au nord et Gondwana au sud.

C’est à ce moment que débute le troisième cycle de formation de montagnes en Europe : l’orogenèse alpine (constitution des Alpes et des Pyrénées) qui se prolongera à l’ère tertiaire.

Une nouvelle transgression marine a lieu, avec son lot de sédiments calcaires, ne laissant que quelques îlots émergés : le sud du massif de Brabant, le Condroz et l’Entre-Sambre-et-Meuse.

Le Hainaut, en Laurasie, est sous eau.
Le climat est très humide. Marécages et lagunes couvrent de très grandes surfaces. Les dinosaures représentent 95% des animaux terrestres et continuent à se diversifier.

135-65 Ma – le Crétacé

Les continents s’écartent de plus en plus.

L’océan Atlantique apparaît entre d’une part la future Amérique et d’autre part l’Eurasie et l’Afrique. De même s’ébauchent l’Antarctique, l’Australie et l’Océan Indien.

L’Europe occidentale (donc la Belgique) est toujours sous eau. Ce qui entraîne une nouvelle sédimentation marine et la formation de nouvelles roches.

Les Alpes s’élèvent.
Puis la mer commence à se retirer, laissant à nu des roches qui vont s’éroder.

Le bassin de Mons se forme par effondrement.

Les transgressions et régressions successives de la mer abandonnent des sédiments crétacés et principalement de la craie sur les bombements du Cambrésis, du Tournaisis et du Hainaut. Cette craie est une ancienne boue calcareuse, constituée à 80-90% de détritus de petits organismes marins (plancton, algues unicellulaires, …). 

C’est dans ces dépôts, au sud et à l’est de Mons (Baudour, Maisières, Saint-Denis, Obourg, Saint-Symphorien, Spiennes, Harmignies, Ciply, Mesvin, Cuesmes, Saint-Vaast, Trivières), qu’on va trouver divers types de craies calcareuses (par leur nature, leur couleur et leur contenu en phosphates). Ces dépôts datent de la fin du Crétacé (90-65Ma). Les craies blanchies des formations de Trivières, Obourg, Nouvelles et Spiennes appartiennent à l’étage Campanien du Crétacé (83-70 Ma), tandis que la craie phosphatée de Ciply relève du Maastrichtien (70-65 Ma). A Harmignies, la couche est épaisse d’une centaine de mètres et fut déposée en 6 à 7 millions d’années à raison de 1 à 3 mm par siècle.

A l’ouest du bassin de Mons se sont déposés des sédiments alluviaux et lacustres constitués de graviers, de sables, de marnes glauconieuses (qui cimentent des galets de roches, comme dans la région de Bellignies-Bavay), d’argiles divers (Bernissart, Harchies, Pommeroeul, Hautrage, Baudour) et de grès rouges ferrugineux (Wihéries).
Toutes ces couches de roches recouvrent les sédiments houillers du Carbonifère.

Dans ces couches, on a retrouvé de très nombreux fossiles. Parmi eux :

  • le Hainosaurus Bernardi (lézard du Hainaut) découvert dans une carrière de craie à Ciply-Mesvin, dont le squelette atteint 15m de long
  • Les Iguanodons, découverts dans une houillère à Bernissart. Ceux-ci furent en réalité piégés dans des gouffres formés par l’effondrement de grottes, dans les calcaires du Carbonifère inférieur.
  • Les Allopleuron hoffmanni qui sont des tortues géantes,  découvertes elles aussi dans la région.

Le climat est toujours humide et chaud. On est sous les Tropiques. Il n’y a pas de calotte glaciaire.

Les continents connus aujourd’hui commencent à s’individualiser.

Les premières plantes à fleurs apparaissent. Les dinosaures ont atteint leur plus grande diversification.

Les premiers mammifères, de petite taille, apparaissent vers 125 Ma. Ce sont des insectivores arboricoles.

Le crétacé se termine vers 65 Ma par une nouvelle grande crise d’extinction. Disparition de 75% des espèces animales, dont la totalité des dinosaures et des grands reptiles.

Les oiseaux en sont les seuls descendants. Les autres reptiles (serpents, lézards, tortues, crocodiles) ainsi que les mammifères (les placentaires plus que les marsupiaux) échappèrent au désastre.

Quelle fut la cause de cette extinction ?  Il n’y a aujourd’hui que des hypothèses (météorite au Mexique, glaciation, éruptions volcaniques violentes en Inde, …).
L’océan Atlantique s’ouvre complètement pendant cette période.

 

L’ère tertiaire (ou cénozoïque) – 65-4 Ma (millions d’années)
La plaque africaine continue à pousser vers le nord, accentuant l’orogenèse alpine.
C’est l’ère du grand développement des mammifères, qui sont devenus les espèces dominantes sur terre.

Pendant cette période, deux transgressions marines laissèrent encore des dépôts calcaires et sablonneux.

Un anticlinal se forma depuis le Cambraisis jusqu’au Boulonnais en traversant l’Artois. Au sud s’est formé le Bassin Parisien vers lequel il descend en pente douce. Au nord, il forme la plaine flamande avec une pente plus raide, traversée par l’Escaut et ses affluents de la rive gauche (Scarpe, Lys), ainsi que par l’Yser.

A la fin du tertiaire, le sol de la plaine flamande, autrefois couvert par la mer, est fait de sables et d’argiles qui comblent les golfes calcaires. L’érosion des roches par les eaux courantes n’a laissé que les monts flamands entre les  vallées (entre Lys et Escaut, entre Escaut et Dendre).

65-55 Ma – le Paléocène

Les continents continuent à dériver jusqu’à leur position actuelle. La mer se retire de plus en plus. Le massif du Brabant s’individualise à nouveau.

Le climat se refroidit.

La mer s’avance encore, jusqu’à la fine ligne brune dans le dessin qui suit.

Dans le Bassin de Mons, les sédiments continuent à se déposer (calcaires, sables, marnes, argiles). A l’est et au sud de Mons (entre Obourg et Harmignies), dans les dépôts crayeux du crétacé, se forment en grandes quantités des blocs de silex par silification de la craie calcaire, c’est-à-dire par transformation de certaines algues (diatomées) et d’éponges, riches en spicules (aiguilles) de silice, qui se mélangent à la craie déposée au crétacé. Ce sont ces silex qui feront la joie des premiers hommes de passage.

Des quartzites du Paléocène seront utilisés dans la construction (hôtel de ville de Mons, remparts de Binche), pour des mégalithes (Gozée), pour les polissoirs et les meules. C’est un matériau dur et résistant au temps.

Dans la région de Ciply-Mesvin-Cuesmes, c’est la période optimale de formation des galets crayeux phosphatés, exploités dans le complexe minier de la Malogne.

Dans la région de Grandglise-Stambruges se constituent les sablières (période : Thanétien, anciennement appelé Landénien). Mais en certains endroits, comme à Blaton, Quevaucamps et même Grandglise, des grès recouvrent le sable.

55-34 Ma – l’Eocène

Les mammifères continuent à se diversifier pour donner la plupart des ordres actuels de placentaires : rongeurs, carnivores, ongulés, cétacés, proboscidiens, …

Les premiers primates apparaissent. Le plus ancien fossile connu (Altiatlasius) a été découvert au Maroc. Il est vieux de 58Ma.

La mer qui s’avance encore vers l’ouest, jusqu’au ruisseau de Piéton, continue à déposer des argiles et des sables, comme dans le Centre (Morlanwelz, Hyon, Peissant). Les collines sablonneuses de Mons et des alentours (Panisel, Héribus) sont apparues à cette période dans la cuvette montoise.

34-24 Ma – l’Oligocène

Les primates se diversifient.

La mer envahit encore à plusieurs reprises le territoire de la Wallonie, déposant chaque fois des sédiments, mais ceux-ci seront érodés dans les périodes suivantes.

Le climat est tempéré. Les calottes glaciaires qui se forment font baisser le niveau des mers. Il fait sec. La savane remplace le milieu forestier et de nouveaux animaux « modernes » arrivent d’Asie.

A la fin de cette période, sous l’effet de l’orogenèse alpine, l’Ardenne et le Brabant « remontent », repoussant la mer.

23-5 Ma – le Miocène

Les continents et les océans tendent à atteindre leur position actuelle. Sauf l’Amérique du Sud qui est encore séparée de celle du Nord.

Les grandes chaînes de « jeunes montagnes » se constituent (Cordillère des Andes, Himalaya, Alpes, Pyrénées).

La Méditerranée apparaît pour séparer l’Europe de l’Afrique. La Basse Belgique et le Hainaut restent encore sous eau.

A partir de 17 Ma, le climat devient plus chaud et plus sec. Les animaux marins et terrestres sont assez proches des espèces actuelles. Ce sont les primates qui se développent le plus. On situe à 18 Ma en Afrique l’apparition du Proconsul, premier singe anthropoïde sans queue, ancêtre des hominidés.

Vers 8 Ma, survient une grande crise climatique avec sécheresse et désertification de grandes zones.

Le Grand Rift est-africain s’est constitué : à l’ouest une zone forestière tropicale et équatoriale, à l’est une zone sèche de steppes arbustives et de savanes à graminées. C’est probablement à cette période que se sont séparées les branches des grands singes africains actuels et des hominidés. Chez les seconds est apparue la posture redressée et la marche bipède. Les singes continuèrent à se développer dans l’ouest forestier humide. Les hominidés préférèrent les savanes plus sèches.

C’est dans ce contexte qu’est apparu il y a 7 Ma le plus ancien hominidé connu : Toumaï au Tchad, dans un environnement proche de celui qui règne à l’est du Rift.

5,3-2,5 Ma – le Pliocène

Les continents, à quelques dizaines de kilomètres près, ont atteint leur position actuelle. Les deux Amériques sont connectées. Alpes et Pyrénées achèvent leur développement en hauteur sous la pression de la plaque africaine contre la plaque européenne.

L’érosion a achevé son travail pour aboutir aux reliefs actuels. La Mer du Nord se retire de façon définitive de nos régions, mais couvre encore le nord du pays.

Les fleuves et les rivières qui s’y jettent prennent leur source en Artois (Lys, Scarpe, Escaut, Sambre) et dans l’Ardenne. Elles creusent des vallées peu marquées et largement évasées, formant des marécages, et se dirigent toutes vers le nord. La reconstitution qui suit est intéressante et semble indiquer que la Haine (dont on sait qu’elle coule d’est en ouest) n’existe toujours pas.

Il semble que de nouvelles poussées, liées à l’orogenèse alpine, continuent à faire monter le plateau brabançon, qui se continue vers le Hainaut (plateau d’Anderlues, crête qui sépare le bassin de la Haine et celui de la Sambre) et vers le Nord de la France (plateau de Bavay). Les vallées du Hainaut apparaissent alors telles que nous les connaissons aujourd’hui : la Haine sur toute sa longueur, les hauts courts de la Sambre, de la Senne et de la Dendre.

Le décor géologique est planté pour que les hommes de la préhistoire et ceux de l’histoire y vivent et y développent leurs activités : agriculture, élevage, industrie du bois, artisanat de l’argile, exploitation du silex (Obourg, Spiennes), de la pierre (quartzite, grès), de la houille, …Il n’y a malheureusement pas de minerai métallique en quantités importantes (or, argent, cuivre, étain, fer) dans le sous-sol hennuyer.

Quant au paysage (la faune, la flore), il va varier en fonction du climat. A la fin de l’ère tertiaire et au début du quaternaire, le climat est plus froid et sec. Les glaciers ont envahi l’Antarctique, l’Arctique et le Groenland. C’est la première glaciation qui commence.

La toundra et les forêts de conifères dominent en Europe du nord. Aux latitudes moyennes dominent des forêts d’arbres à feuilles caduques. Les faunes sont quasi actuelles, avec des espèces archaïques qui disparaîtront plus tard.

En Afrique, les hominidés se diversifient à l’est (Ethiopie, Kénya, Tanzanie), au sud (Afrique du sud) et au Tchad. Apparaissent, puis disparaîtront, des espèces dont certaines seront à l’origine des hommes. Passent ainsi des Ardipithèques, plusieurs espèces d’Australopithèques, dont la célèbre Lucy, et des Paranthropes.

Ils ont tous en commun de pouvoir se tenir debout, de pouvoir marcher (gauchement), mais d’encore grimper aux arbres. Ils vivent dans les savanes. Ils mangent ce qu’ils cueillent. Ils sont peu carnivores. Ils n’ont pas inventé l’outil. Ils resteront dans leurs régions et surtout ne s’aventureront pas hors d’Afrique.

Parallèlement, les grands singes, habitants des forêts équatoriales et tropicales, vont évoluer vers les formes connues actuellement (chimpanzés, gorilles, orangs-outangs, …), nos cousins en somme.

L’ère quaternaire – de 2,5 millions d’années à nos jours

C’est celle du développement du genre Homo, donc des humains.

Un homme est capable d’une adaptation à l’environnement, supérieure aux autres espèces animales. Avec le temps, plus il accumulera ces capacités de s’adapter, plus la partie antérieure de son cerveau va se développer.

Il invente l’outil. Au départ, c’est une pierre ramassée qu’il va transformer pour la rendre plus tranchante pour diverses tâches : découper les peaux et la viande, creuser le sol pour récolter des racines, casser des branches. Les premiers outils connus actuellement datent d’il y a 2.5 Ma.

Il est capable de transmettre ses connaissances par le langage articulé, grâce à une transformation de son larynx, qui résulte de sa capacité à se tenir debout.
Il nomadise et étend son territoire, génération après génération, pour chercher sa subsistance.

Il y a 2.000.000 d’années, il a conquis toute l’Afrique et en est sorti vers le Moyen Orient. Plus tard, vers 500-400.000, il “inventera” le feu.

L’ère quaternaire se divise aussi en périodes géologiques : le Pléistocène (de 2.588.000 à 11.430 ans avant le présent) et l’Holocène (de 11.430 ans à nos jours). Les trois périodes du Paléolithique (infra) correspondent au Pléistocène. Celui-ci est caractérisé, sur le plan climatique, par des alternances de glaciation et de réchauffement qui vont conditionner le sol (les sédiments fluviatiles et surtout les limons éoliens), le paysage et la faune animale, ainsi que la possibilité ou l’impossibilité pour les humains de vivre dans certaines régions.

Et c’est particulièrement le cas dans nos régions de l’hémisphère nord où l’on a compté, entre 600.000 et aujourd’hui, quatre glaciations majeures, séparées par des périodes interglaciaires.

Lors des glaciations, les glaciers vont s’étendre jusqu’ aux Pays-Bas, au nord de l’Allemagne et à la Grande-Bretagne.Le niveau des mers est bas. On peut passer à pied le Pas-de-Calais et le sud de la Mer du Nord vers la Grande-Bretagne.

Les vents sont puissants, secs et froids, érosifs. Ils drainent sur de grandes distances des poussières (« farines de roches ») qui finissent par se déposer sous forme de loess (limons) sur le sol de toute la Flandre et de la partie nord de la région wallonne.

Le paysage des plaines est fait de grandes steppes ouvertes. Quelques troupeaux d’animaux (rennes, chevaux, mammouths, bisons, …) les parcourent. Ces périodes glaciaires sont peu propices à la vie humaine, sauf en bordure des steppes. Les premiers hommes en Europe occidentale apparurent d’abord dans les zones méridionales, autour de la Méditerranée. C’était il y a environ 1 million d’années.

Lors des périodes interglaciaires, les glaciers se retirent vers le nord et le niveau des mers remonte. Lors du Pléistocène Inférieur (2.588.000 à 780.000), le climat a tendance à être chaud et humide. Le paysage est ouvert et arboré. Il est parcouru par des troupeaux d’équidés (chevaux), de cervidés (cerfs, chevreuils), de bovidés (bisons, aurochs), de canidés (chiens, loups, renards), de proboscidiens (mammouths, mastodontes), de félins (tigres à dents de sabre, lynx), d’ursidés (ours)…

Les premiers groupes humains à s’aventurer plus au nord, notamment dans nos régions, semblent le faire il y a 500.000 ans.

La dernière période glaciaire s’est terminée lentement entre il y a 18.000 ans et 10.000 ans. Commence alors l’Holocène qui correspond à une période interglaciaire qui se continue jusqu’à aujourd’hui.

Le réchauffement climatique et l’humidité qui l’accompagne dans les zones tempérées permettent le reboisement. La Grande Forêt Charbonnière commence à couvrir alors une grande partie de la Belgique du nord au sud et particulièrement la vallée de la Haine.

Aux périodes géologiques, les préhistoriens préfèrent une autre division, basée sur les types d’outils utilisés :

  • Le Paléolithique Inférieur (de 2.588.000 à 130.000), dominé par les Homo Habilis et les Homo Erectus (ainsi que diverses formes qui s’en rapprochent, dont les européennes). C’est à l’occasion d’un réchauffement climatique que les humains vont gagner le Moyen-Orient et le Caucase, et sans doute une partie de l’Asie. C’était il y a 1,8 Ma. On voit ensuite en Europe des Homo Erectus, qui évoluent vers Homo Heidelbergensis, à partir d’1Ma dans les régions méditerranéennes et vers 500-400.00 dans nos régions. Ce sont les premiers hommes à fouler le sol de l’actuelle Belgique.
  • Le Paléolithique Moyen (de 130.00 à 45.000). En Afrique, l’Homo Erectus évolue lentement vers notre ancêtre Homo Sapiens (homme moderne) qui commence à migrer vers 100.000 au Moyen Orient, puis en Asie et en Australie. Il fait alors trop froid en Europe pour qu’il s’y risque. En Asie, Homo Erectus évolue vers des formes qui disparaîtront. En Europe, Homo Erectus, devenu Homo Heidelbergensis, a évolué vers l’Homme de Neandertal qui domine cette période.
  • Le Paléolithique Supérieur (de 45.000 à 11.430 ans BP, “before present”, soit avant le temps présent). Les derniers néandertaliens disparaissent lentement en Europe jusqu’à 30.000. Toutes les formes archaïques disparaissent en Afrique et en Asie. L’homme moderne, Homo Sapiens, celui qui nous ressemble comme deux gouttes d’eau (sur le plan génétique et intellectuel, et non pas morphologique), les a supplantées sur tous les continents, dont l’Europe, à partir de 45.000, et l’Amérique (entre 30 et 15.000).

C’est pendant cette période qu’a lieu la dernière période glaciaire. Les hommes restent des nomades qui se déplacent au fil des saisons, comme les troupeaux qu’ils chassent, à la recherche de nourriture (animale et végétale) et de « logements » (les entrées de grottes et les abris sous roches).

  • En Europe, on décrit une période intermédiaire, le mésolithique (entre 9000 et 6000/5000 avant JC.). L’homme, toujours nomade, s’adapte aux nouvelles conditions climatiques moins rigoureuses. Ses déplacements sont moins importants. Il vit au bord des cours d’eau et en lisière de forêts. Celles-ci dominent dans nos régions. Il a diversifié ses méthodes de chasses.
  • Le néolithique signe la sédentarisation des humains qui inventèrent l’agriculture, l’élevage, l’habitation fermière, la poterie, le tissage. Cette «invention » commença au Moyen Orient très progressivement entre 10.000 et 6000 avant J.C., dans ce qu’on appelle le « Croissant fertile » (Palestine, Syrie, Mésopotamie), là où l’homme a pu trouver des espèces animales et végétales qu’il a pu domestiquer par sélection. Cette première grande révolution culturelle s’est alors répandue dans toutes les directions, et notamment vers l’Europe. Il a atteint nos contrées vers 5200.