Warquignies

Entité communale de Colfontaine

Le territoire

Superficie: 56 ha

Altitude: 110 m

Situation géographique : 

Warquignies est situé au début du plateau du Haut-Pays. Le paysage est vallonné. Au nord, il descend en pente assez raide vers la vallée de la Haine. Au sud, il est bordé par la forêt domaniale de Colfontaine, qui fut sans doute en partie défrichée pour accueillir les premiers paysans qui s’installèrent en ce lieu.

Cours d’eau : –

Paysage préhistorique (après la dernière période glaciaire) : forestier

Nature du sol : argileux, limoneux

Nature du sous-sol : grès, schiste, houille

Préhistoire

Non documentée.

Antiquité gallo-romaine et Premier Moyen-Age (période franque mérovingienne et carolin-gienne)

Nous n’avons pas trouvé d’élément pour cette période, alors que l’étymologie du nom nous y invite.

Deuxième Moyen-Age – le village

Première mention: 1187

Toponymie (anciennes orthographes) : 

Wastignies (1187)

  • Watignies (1187)
  • Watrignies (1188)
  • Watregnies (1189)
  • Warkignies (XIIIème)
  • Warkegnies (1268)
  • Warcquegnies (1766)
  • Warquegnies (1813)

Le hameau d’Ersegnies, actuellement sur Wasmes, mais autrefois lié à Warquignies, s’écrivait : 

  •  Reseneioe (1110), donc documenté plus tôt que Warquignies
  • Resegnioe (1149)
  • Resignies (1185)

Etymologie (hypothèses d’origine du nom) : 

La terminaison –ies (ou ignies, ou egnies) vient du gaulois (i)acon, transformé en latin en (i)acum (ou iniacum), puis en iacas/iniacas au bas-empire et à la période mérovingienne. Ce suffixe marque un lieu, une propriété.

Les préfixes –wark ou ers- pourraient désigner des noms d’occupants ou de lieux-dits anciens. Le nom du site pourrait donc être très ancien.

Pour Chotin, Warquignies vient de Wastinium vercaria, pâturages aux brebis, ou de vaccaria, pâturage, wastine, terrain en friche.

Debove évoque le mot warqua ou wareca, devenu en roman warechaix (waressais), signifiant terrains communaux. Donc habitat (-ies) près des wareschaix.

Resignies  pourrait évoquer (comme à Roisin) des vignes de raisins.

Epoque de son apparition: XIIème siècle (?). 

Sans document, il est difficile de savoir à partir de quand un petit habitat de paysans a donné naissance à un petit village. Il semble que le territoire dépendait en grande partie de Wasmes et aussi d’Hornu.

Il aurait été plus étendu au Moyen Age, car il comprenait Résignies (ou Ersegnies), aujourd’hui hameau de Wasmes. Ce dernier fut documenté plus tôt. Est-il plus ancien ?

Facteurs ayant favorisé son émergence :

voies de communication: pas de voie proche importante

sources d’eau ou cours d’eau: ?

source de bois: tout le territoire était boisé

proximité d’un lieu de pouvoir: aucun

Paroisse dédiée à Notre-Dame (tardif, 1803). 

Jusque-là, les habitants de Warquignies étaient paroissiens de l’église de Wasmes. Mais il existait une chapelle sur Warquignies, desservie par le clergé de Wasmes. La paroisse de Warquignies devint autonome en 1803.

Evêché: de Cambrai (jusqu’en 1804), puis de Tournai ensuite

Décanat/doyenné: Mons

Autel (dîmes, entretien de l’église, nomination des officiants) donné à l’abbaye de Saint-Ghislain. Ce qui fut confirmé par une bulle du pape Urbain IV en 1262.

Répartition des pouvoirs pendant la période féodale

Autorité supérieure: comté de Hainaut

Autorité sous-jacente (administrative et judiciaire): prévôté de Mons

Seigneuries et fiefs

Warquignies autrefois comprenait trois parties (fiefs) :

  • Résignies, à l’origine propriété du chapitre de Sainte-Waudru de Mons. Elle fut cédée à l’abbaye de Saint-Ghislain en 1149. Elle fait aujourd’hui partie de Wasmes, probablement depuis le XVIIIème siècle.
  • Warquignies (village actuel). Comme Wasmes et Hornu, ce territoire faisait partie des grands domaines appartenant à l’abbaye de Saint-Ghislain, ce qui fut confirmé en 1262 par le pape Urbain IV. Saint-Ghislain le céda à la famille de Montignies-St-Christophe au XIIIème siècle.
  • Un fief de terres labourables, qui appartint à un certain moment à la famille du Parcq de Mons.

La seigneurie principale

Au cours des siècles, elle appartint à plusieurs familles successives. 

Famille de Montigny (Montignies-Saint-Christophe). Elle est documentée depuis le XIème siècle. Il s’agissait de barons, vassaux du comté de Hainaut et de la Prévôté de Mons. Ils ont souvent été des conseillers des comtes et furent témoins lors de la signature de nombreux actes. De par la date de sa cession en 1262 (vente ?), on peut penser que les seigneurs suivants possédèrent le petit fief de Warquignies-village :

  • Fastré I de Montigny (v1225- ?)
  • Baudouin I de Montigny  (v1250-v1334), fils du précédent
  • Rasse I de Montigny (1295/1299-1345, mort à la bataille de Stavoren), fils aîné du précédent
  • Jean V de Montigny (1328-apr1361), fils aîné de Rasse I
  • Abraham de Montigny (1353- ?), fils du précédent
  • Baudouin II « de Bridoul » de Montigny (1375-1415, mort à la bataille d’Azincourt)

La seigneurie passa au début du XVème siècle (1410 ?) à la famille Rogier (bourgeois de Mons). On ne voit pas de lien de parenté entre les deux familles, ce qui pourrait donner à penser qu’il s’agissait d’une vente.

Famille Rogier

  • Colart Rogier (v1410- ?)
  • Pierart Rogier (v1428-1507), fils du précédent. Bourgeois et premier échevin de Mons.
  • Pierre Rogier, fils du précédent. Chanoine de Binche. Pas d’héritier
  • Catherine Rogier, sa demi-soeur, héritière de Warquignies, qui épousa Antoine de Lusy.

Maison de Lusy (1501- ?)

  • Antoine de Lusy (v1478-1536). Gardien du château de Havré et des chartes de Hainaut. Homme de fief. Homme de confiance de Philibert de Veyre, seigneur de la cour de Philippe le Beau. Il devint seigneur de Warquignies par mariage v1501 avec Catherine Rogier.
  • Pierre de Lusy (1512, Mons – 1572), fils des précédents
  • Jean de Lusy (1550-1585), fils du précédent. Homme de fief. Pas de postérité connue. 
  • Nicolas de Lusy (v1558-apr.1624), frère du précédent
  • Jean-Baptiste de Lusy (1589, Mons – ?), fils du précédent

    Adrien de Montigny (XVIème)

Maison de Boussu (parfois orthographiée Boussut)

Je ne sais ni quand ni comment le fief de Warquignies passa des de Lusy aux Boussu.

  • Adrien de Boussu (1571, Mons – 1647, Mons). Fils de Charles de Boussu (1544-1578), échevin de Mons, et de Marie Pottier. Ecuyer. Seigneur de Warquignies par achat probable. Avocat, conseiller au Conseil Souverain de Hainaut en 1612. Grand bailli portatif du Hainaut
  • Philippe de Boussu (1611, Mons – 1676, Mons), fils du précédent. Ecuyer. Maître de l’artillerie de Mons (1642). Echevin de Mons (1641, 1642, 1644, 1645). Il eut deux filles, dont:
  • Catherine Françoise de Boussu

Maison de Grouff d’Erkelens

  • Wolfgang-Guillaume de Grouff d’Erkelens (1648- ?). Ecuyer. Carrière militaire. Il devint seigneur de Warquignies, par mariage avec Catherine Françoise de Boussu(t) (1651-1694).
  • Baudouin Justin de Grouff d’Erkelens (1682/1701, Mons – 1751), fils des précédents
  • Nicolas Baudouin François de Grouff d’Erkelens (v1736- ?), fils du précédent. Pas de postérité.
  • François Florent Hubert de Grouff d’Erckelens, frère du précédent. En 1763, il fonda la « Compagnie de la machine à feu”. C’est lui qui fit construire le dernier moulin à vent connu.

Il semble être le dernier seigneur de Warquignies.

Carte de Ferraris
La commune

Lors de la mise en place d’autorités communales, Warquignies dépendit aussi de Wasmes, avant de devenir autonome au XVIIIème siècle. De type rural, le village semble donc apparaître tardivement (XIIIème siècle ?) et ne se développera vraiment qu’avec la révolution industrielle à partir de la fin du XVIIIème siècle. 

A l’est et à l’ouest, le bâti du village, lors de la période industrielle, est entré en contact avec respectivement les hameaux de Petit-Wasmes et de Petit-Hornu, qui se sont développés aussi à cette époque.

Période française (1794-1814)

Fin de l’Ancien Régime féodal en 1794

  • Département: Jemappes
  • Canton: Pâturages
Répartition des pouvoirs pendant la période contemporaine (à partir de 1814)
  • Etat: Belgique
  • Province: Hainaut
  • Arrondissement administratif: Mons
  • Arrondissement judiciaire: Mons
  • Canton: Pâturages
  • Entité communale depuis 1977: Colfontaine
Economie

Elle tourna essentiellement, pendant des siècles, autour de l’agriculture, de l’élevage (chevaux et bétail) et de la production fruitière.

On y trouvait un moulin à vent, sans doute banal, dont le dernier connu a été construit en 1764 par le seigneur François Florent Hubert de Grouff d’Erkelens. Une brasserie exista au moins dès la fin du XIXème.

Exploitation de la houille

Certains documents mentionneraient les « carbenières » de Résignies au XIVème siècle. Pour Warquignies, le document le plus ancien date de 1470. On cite au XVIème siècle les charbonnages du Grand et du Petit-Tas. Ils furent équipés de machines à feu de Newcomen, vers 1765, par les seigneurs du village. Fermeture vers 1850.

On cite aussi le charbonnage Berline.

Voies de communication

Le pavé de Warquignies relia Hornu (la chaussée de Mons-Valenciennes et plus au nord la Haine) à Warquignies. L’impératrice Marie-Thérèse autorisa en 1769 que cet axe soit pavé. Ce qui fait penser que l’importance des charbonnages était donc déjà  reconnue à cette époque. L’habitat s’est fort développé autour de cet axe, pourtant avéré difficile et lent. On continua cette chaussée vers Dour et Blaugies.

Des chemins secondaires reliaient  le village de Warquignies aux villages voisins (Wasmes, Hornu, Dour et Blaugies).

La ligne de chemin de fer Mons-Warquignies-Dour avait en fait sa gare  sur le territoire d’Hornu.

Patrimoine

L’actuelle rue du château évoque un ancien château, construit au XVIème siècle par les seigneurs du lieu. A la mort du dernier seigneur de Grouff d’Erkelens, le château revint à la commune. Il fut mis en vente en 1920, endommagé par la guerre. François Quenon le racheta, le restaura et en fit une brasserie. Après son décès, ce château fut à nouveau vendu à un particulier.

Ancien château

Eglise de la Sainte Vierge. Fin du XIXème siècle.

Maison Communale, fin des années ‘1860

Bibliographie spécifique

http://users.skynet.be/coelli.laurent/page%20de%20cadre%201/historique.htm

A consulter également : Colfontaine d’avant… http://7340.be/

Wasmes

Entité communale de Colfontaine

Le territoire

Superficie: 687 ha

Altitude: de 50 m (place) à 102 m (Petit-Wasmes)

Situation géographique : 

Le noyau du village est apparu sur le versant sud de la vallée de la Haine et s’est constitué de part et d’autre du vallon creusé par le ruisseau de Wasmes (Elwasmes) qui descend du bois de Colfontaine. Ce qui détermine un paysage encaissé et un double réseau de voirie aujourd’hui de part et d’autre.

Cours d’eau : l’Elwasmes, qui traverse le village de part en part,  prend sa source à Blaugies, traverse le bois, puis Wasmes du sud au nord. Le ruisseau est aujourd’hui invisible sur une grande partie du territoire bâti. 

Le village est traversé par d’autres petits ruisseaux formant des  petits vallons et alimentés par quelques fontaines, situées sur les lieux-dits de Fontenich et de Fontenoit. Le ruisseau de Colfontaine est un affluent de l’Elwasmes.

Paysage préhistorique (après la dernière période glaciaire) : forestier (Forêt Charbonnière). Certaines zones proches des sources ou des ruisseaux étaient marécageuses.

Nature du sol : limoneux, sablonneux

Nature du sous-sol : craie blanche, houille

Préhistoire

Cette période n’est pas documentée pour Wasmes.

Antiquité gallo-romaine

On découvrit au XIXème des débris de tuiles, des tombeaux et des urnes cinéraires, ainsi que des monnaies romaines. Ce qui évoquerait un habitat gallo-romain non spécifié à proximité  (quant à l’endroit et au type).

Le bâti important du village est probablement à l’origine du manque de renseignements sur base de fouilles.

Premier Moyen-Age (période franque mérovingienNe et carolingienne)

On ne sait rien de cette période non plus.

Deuxième Moyen-Age – le village

Première mention: 963, soit peu de temps après la “refondation” de l’abbaye de Saint-Ghislain par le duc Gislebert de Lotharingie.

Toponymie (anciennes orthographes) :

  • Wamium (963), la plus ancienne mention
  • Guamiis (1095
  • Guasmoe (1103)
  • Guamia (1118)
  • Wamioe (1184)
  • Wamia (1181)

Etymologie (hypothèses d’origine du nom) : 

En roman, le mot « wasmes » signifie marais.

Epoque de son apparition: Xème et XIème siècle

Facteurs ayant favorisé son émergence :

voies de communication: pas de voie romaine importante connue, mais le Vieux chemin de Binche médiéval passe tout au nord du village actuel.

sources d’eau ou cours d’eau: l’Elwasmes et ses affluents

source de bois: tout le versant était boisé à l’origine

proximité d’un lieu de pouvoir: les fermes abbatiales

Paroisse dédiée à Notre-Dame

Evêché: de Cambrai (jusqu’en 1804), puis de Tournai ensuite

Décanat/doyenné: Mons

Autel (dîmes, entretien de l’église, nomination des officiants) donné à l’abbaye de Saint-Ghislain en 1095 par Gaucher, évêque de Cambrai. Plus tard, des hameaux se sont constitués en paroisses dépendant de cette abbaye: Petit-Wasmes, Résignies/Warquignies et Wasmuel.

Répartition des pouvoirs pendant la période féodale

Autorité supérieure: comté de Hainaut

Autorité sous-jacente (administrative et judiciaire): prévôté de Mons

Seigneuries et fiefs

Au début de la féodalité (X et XIème siècle), son territoire était morcelé en plusieurs fiefs.

Le plus grand appartenait à l’abbaye de Saint-Ghislain. Il était dans le prolongement d’Hornu et de Warquignies. Il est difficile de dire s’il fut octroyé aux moines dès le début présumé (VIIème siècle, par don des rois de Neustrie) ou lors de la refondation de l’abbaye (Xème siècle, don du comte Régnier II ou de son frère Gislebert, duc de Lotharingie, ou d’un autre comte plus tardif). 

Il semble que le reste du territoire entrait dans les domaines comtaux, eux-mêmes issus du domaine (fisc) impérial que les comtes récupérèrent au IXème siècle, à moins qu’ils n’aient appartenu déjà à l’abbaye de Saint-Ghislain et qu’ils furent ensuite accaparés par les premiers comtes Régnier. 

En tout cas deux fiefs semblent avoir été attribués au XIème siècle, l’un à la famille de Chin et l’autre à celle d’Enghien, toutes deux au service des comtes.

Le fief de la famille de Chin

Il semble que ce soit Gonthier de Chin (v1075, Ramegnies-Chin – apr1137) qui en fut le premier titulaire. Ses parents ne sont apparemment pas connus des généalogistes. Il était seigneur de Chin et devint seigneur d’un fief à Wasmes, où il fit, avec son fils, assécher les marais et déjà exploiter la houille. Il semble que ce fief était un domaine agricole avec une ferme. Gonthier était chancelier héréditaire du comté de Hainaut, à l’époque de Baudouin III. Il épousa Isabelle de Ribemont (v1090- ?), fille d’Anselme III de Ribemont et d’Agnès de Roucy, dont il eut :

Gilles de Chin «  de Ribemont » (avt1100, Ramegnies-Chin-1137, Roucourt). Son parrain était Gilles de Trazegnies. Son maître d’armes fut Gossuin d’Oisy. Il partagea apparemment avec son père la titularité des seigneuries de Chin et de Wasmes. Il devint, par sa mère en 1117, comte de Ribemont, et, en héritant de son oncle Isaac, baron de Berlaimont. Adoubé chevalier, il participa à des tournois. Il aurait pris part, selon certaines sources, à la première croisade (1096-1099), au service du comte Baudouin II de Hainaut et de Godefroid de Bouillon. Il en revint et devint conseiller de Yolande, veuve de Baudouin III, qui le dota de nombreux avantages, puis de Baudouin IV, dont il devint aussi le chambellan.

On n’est jamais totalement sûr des dates indiquées. Il nous paraît cependant difficile, vu la date de naissance de son père et de lui-même, si elles s’avèrent exactes, qu’il ait pu participer à cette première croisade. Par contre, en 1129, il serait reparti en Palestine. Si ceci est réel, ce qui est compatible avec les dates, ce serait alors son seul voyage en Terre Sainte, soit pour un pèlerinage, soit pour une mission diplomatique ou militaire auprès des Francs qui s’y étaient installés. Au retour, il épousa Ide (ou Eve) « Damison », dame de Chièvres, une des plus riches familles du comté.

Quant à l’épisode du combat contre le « monstre de Wasmes », il apparaît appartenir au récit légendaire qui aurait embelli un fait plus banal, mais cependant  extraordinaire pour l’époque. Il aurait eu lieu vers 1133. Une bête, dans le bois de Wasmes, menaçait régulièrement les habitants de la contrée et même ceux de Mons. Le jour où une petite fille (« la pucelette ») faillit y perdre la vie, le preux chevalier combattit la bête (un “dragon” ? un ours ? un grand loup ?) et la tua. Le texte légendaire évoque un « gayant ». Cette année-là, son père, toujours vivant, et lui-même, auraient donné ou promis leur fief à l’abbaye de Saint-Ghislain. Ils auraient également fait don de terres à la communauté villageoise de Wasmes afin d’y promouvoir l’exploitation de la houille (d’après des annales de l’abbaye).

Gille des Chin fut tué en 1137 à Roucourt (en Ostrevent, près de Douai) en y défendant le château contre les attaques du comte de Flandre. Il fut inhumé dans l’abbatiale de Saint-Ghislain, sous un gisant. Ce dernier fut transporté à la fin du XVIIIème dans la chapelle castrale Saint-Calixte du château de Mons. 

L’acte de donation du domaine n’a jamais été retrouvé. Confirmation en  fut donnée en 1181 par le pape Lucius III. 

La légende de Gilles de Chin aurait été écrite par Gauthier de Tournai, moine à Saint-Ghislain vers 1250, et n’aurait  été diffusée qu’au XVIème siècle par les moines de Saint-Ghislain. Cette légende est à mettre en parallèle avec les récits chevaleresques de l’époque, avec le thème de la lutte entre le Bien et le Mal, avec celle de Saint-Georges qui combattit un dragon pour les beaux yeux d’une princesse de Trébizonde (Asie Mineure). Le combat du Lumeçon y fait référence. D’autres sources évoquent également un épisode qui se serait passé lors du voyage en Palestine, où Gille de Chin aurait vaincu un monstre (un « crocodile du Nil », dont la tête est conservée dans un musée de Mons).

Ide de Chièvres, qui lui survécut, épousa par la suite Rasse III de Gavre, puis Nicolas de Rumigny. Avec Gilles de Chin, elle avait eu une fille, Mathilde/Mahaut de Chin, dame de Berlaymont, qui épousa Gilles II de St-Aubert, seigneur de Busignies, qui hérita des seigneuries de Chin et de Berlaymont.

Le fief de la famille d’Enghien

En ce même XIIème siècle, un autre baron de Hainaut, Hugues, seigneur d’Enghien (avt1120-1183/1190), donna également à l’abbaye de Saint-Ghislain des terres qui lui appartenaient sur le territoire de Wasmes. Le même pape Lucius III le confirma. 

Il existait encore trois autres petits fiefs sur le territoire de Wasmes.

  • Celui de Fontenoy, dont la famille propriétaire ne semble pas connue, qui fut également donné à l’abbaye Saint-Ghislainoise à la fin du XIVème siècle. Il comprenait des terres avec une cense et des houillères.
  • Le fief de Fontenich
  • Le fief de Fontenil

Les deux premiers furent également donnés à Saint-Ghislain et le troisième à l’abbaye de Ghislenghien.

Comme on le voit, rapidement le principal propriétaire du village fut l’abbé de Saint-Ghislain qui y exerçait les droits de seigneurie (justice, cens et taxes diverses, protection, …) et il le fera jusqu’à la fin de l’Ancien Régime féodal, soit vers 1792-1795.

Adrien de Montigny (XVIème)

La commune

Des hameaux se sont constitués en périphérie :

  • Résignies (qui appartint autrefois au village de Warquignies et en fut détaché),
  • Petit-Wasmes, tout en hauteur, qu’on atteint par une rue très pentue, la Tienne Carion, en conurbation avec Warquignies
  • Le Quesnoit (ou Quenoy ou Quesnoy), proche de Pâturages
  • La Platinerie,
  • La Justice (près de Hornu où il existait une cour comtale de justice – on y pendait ou attachait les condamnés de la seigneurie de Saint-Ghislain (St-Ghislain, Hornu, Wasmes, Warquignies),
  • Le Cambril.
Période française (1794-1814)

Fin de l’Ancien Régime féodal en 1794

  • Département: Jemappes
  • Canton: Pâturages
Répartition des pouvoirs pendant la période contemporaine (à partir de 1814)
  • Etat: Belgique
  • Province: Hainaut
  • Arrondissement administratif: Mons
  • Arrondissement judiciaire: Mons
  • Canton: Pâturages
  • Entité communale depuis 1977: Colfontaine
Evènements et faits marquants sur le sol de la commune

La ferme de la Court, appartenant à l’abbaye de Saint-Ghislain, reçut quelques hôtes importants (Don Juan d’Autriche au XVIème, Dumouriez en 1792). Elle eut à subir des dommages lors des guerres de Louis XIV au XVIIème. Incendies en 1659 et 1674.

En 1878-1879, le peintre Hollandais Vincent van Gogh, alors complètement inconnu pour ses talents, séjourna à Wasmes où il exerçait la fonction de prédicateur de l’Eglise Protestante.

“Maison Van Gogh” restaurée
Economie

Longtemps, la majorité des habitants furent des paysans qui cultivaient la terre et faisaient de l’élevage, profitant aussi des ressources forestières au sud du territoire.

Le long du ruisseau, s’installèrent les artisans (meuniers, brasseurs, tanneurs, forgerons, …).

Industrie houillère

Dès le XIIème siècle (déjà à l’époque de Gilles de Chin), il semble qu’on commença à y exploiter la houille, d’abord à ciel ouvert (les veines étaient très superficielles), puis plus tard en creusant des puits peu profonds. Le premier document attestant l’activité minière date de 1426. 

Ce n’est qu’avec l’utilisation de la machine à feu, dans la deuxième moitié du XVIIIème, que l’on put creuser plus profond et passer à une exploitation plus intensive pour répondre aux besoins énergétiques des deux derniers siècles. Wasmes aurait été la localité qui compta le plus grand nombre de puits de mine. Déjà plus de 50 au XVIIIème.

Jusqu’à la fin de l’Ancien Régime, les propriétaires furent les abbés de Saint-Ghislain qui négociaient des concessions à des exploitants, contre une part des bénéfices. Il s’agissait de concessions peu étendues, mais qui furent très nombreuses.

Une Société Anonyme fut déjà créée en 1695. A partir de la fin du XVIIIème siècle et au XIXème, il y eut une forte tendance aux regroupements des sociétés où des banques investirent de gros capitaux.

  • Le “charbonnage de Marcasse” (sentier de Saint-Ghislain), sur les terres données par Gille de Chin à l’abbaye. A appartenu à la Compagnie des Charbonnages Belges de Frameries (11 puits) dès 1920. On y déplora un coup de grisou en 1953 : 21 victimes. Cette mine fut décrite par Vincent Van Gogh qui y est descendu.
  • “Bonne-Espérance”, puits n°8 ( ?-1930) qui appartenait à la même société, ainsi que:
  • Puits n°8 de l’Escouffiaux ou Pachy (17 victimes lors d’un coup de grisou en 1956)
  • La SA du Charbonnage d’Hornu-Wasmes, rue du Pont d’Arcole administrait les puits suivants:
    • Les Wagneaux 7 et 8  (infra)
    • Vieux Puits n°1 Sainte-Pauline
    • Puits n°3 ((-1955)
    • Puits n°5 (-1957)
    • Puits n°6 ( ?-1948)
  • Grand Buisson, puits n°5 ( ?-1930)
  • Grand Bouillon d’en Haut ( ?-1925)
  • Puits n°7 et 8 des Vanneaux ( ?-1958)

Mine des Wagnaux (Vanneaux)

Il s’agissait d’un site important en superficie et en constructions (bureaux, ateliers, corons). Elle tient son nom des vanniers, oiseaux échassiers qui faisaient halte sur les hauteurs d’Hornu. En 1932, le directeur gérant de la Société Wasmes-Hornu aménagea 200m de galeries-modèles pour servir d’école aux jeunes de moins de 16 ans, interdits de fond avant cet âge, mais désireux d’y faire carrière. On y donnait des cours généraux aussi, en plus de l’apprentissage des techniques spécifiques (minage, boisage, emploi des marteaux pneumatiques). L’école ferma en 1964. Les bâtiments en surface furent cédés à un institut psychopédagogique (IPPE). Un musée de la mine fut aménagé dans la galerie, puis fermé en 1990.

Autres industries extractives. Le sous-sol permit aussi d’autres industries

  • Les produits réfractaires
  • La craie
  • Les fours à chaux

Les voies de communication

Dans l’antiquité, les voies romaines ne passaient pas par Wasmes, ce qui explique peut-être l’absence de vestiges importants du temps des Gallo-Romains et des Francs Mérovingiens. Au Moyen-Age, le vieux chemin de Valenciennes à Binche devint une « artère » importante. Il passait tout au nord du village. 

Le village s’est étendu tout en longueur du nord vers le sud sur les versants de l’Elwasmes. Il s’agissait de fermes et d’exploitations agricoles d’importance diverse. Le long du ruisseau, s’installaient les artisans ayant besoin d’eau (meuniers, brasseurs, tanneurs, …). Quelques fermes étaient un peu plus éloignées, notamment celles qui appartenaient aux différents fiefs. C’est le cas de la Court.

L’église et le centre communal s’établirent dans la portion la plus plane du village, soit au nord.

Des chemins relaient Wasmes aux villages voisins et à l’abbaye propriétaire.

C’est à partir de la fin du XVIIIème siècle que le village prit de l’ampleur, avec la Révolution Industrielle, ici essentiellement minière. C’est à ce moment que les hameaux se développèrent, dont celui du Petit-Wasmes qui eut sa paroisse. Une chaussée pavée fut construite en 1769 depuis le haut du village jusqu’à la chaussée thérésienne Mons-Valenciennes.

Le chemin de fer (ligne 98 Mons-Dour) y passa dès 1872. Des lignes industrielles desservant les charbonnages y étaient reliées. Une gare fut établie au nord de Wasmes.

Une ligne de tramway relia Wasmes à la route de Mons-Valenciennes et une autre vers Pâturages.

Le village fut relié à  la chaussée thérésienne (Mons-Valenciennes) qui a vu le jour vers 1750, remplaçant le vieux chemin. Elle passa sur Wasmuel, hameau de Wasmes, un peu au nord de la commune.

Plus récemment, une voie axiale Boussu-Cuesmes a permis de désengorger cet axe.

Patrimoine

Eglise Notre Dame

Sur des bases romanes, datant des débuts de la paroisse, fut reconstruit un édifice au XVème-XVIème. L’ensemble fut transformé en 1828, mais le clocher date encore de 1606. L’église fut très endommagée lors d’un incendie en 1987.

Maison Communale, 1963

Maison Van Gogh. Où le pasteur et apprenti-peintre (avant sa carrière en France) résida en 1878-1879.

Ferme de « La Court »

C’est une ancienne possession de l’abbaye de St-Ghislain, seigneurie dominante du village. Elle y existait en 1403. Don Juan d’Autriche, gouverneur pour le roi d’Espagne, y séjourna au XVIème siècle.

Les bâtiments eurent à subir des dommages durant les guerres entre la France de Louis XIV et l’Espagne au XVIIème siècle. C’est ainsi qu’ils furent incendiés en 1659 et en 1674. La ferme fut alors reconstruite à la demande de l’abbé Amand de Cazier, en 1772.

En 1792, elle aurait été occupée par le général Dumouriez et son état-major avant la bataille de Jemappes.

Il s’agit d’une ferme en quadrilatère (l’aile sud a disparu aujourd’hui). On y entre par un portail en anse de panier, surmonté d’un pigeonnier. Elle fut acquise par l’Etat en 1963, mais laissée à l’abandon. Elle fut cédée à la Commune en 1973, puis rachetée par l’architecte Guchez qui la restaura. Elle est occupée par la section « maître de bouche » de l’Ecole industrielle de Colfontaine.

Sur Petit-Wasmes

Petit-Wasmes fut érigé en hameau et en paroisse à la fin du XIXème, suite à son développement démographique rapide dans la seconde moitié du XIXème.

Eglise Saint-François d’Assise. Au centre du hameau. 1889-1890. Paroisse depuis 1891

Temple protestant. Fin XIXème. Importance de la population protestante à Wasmes, Pâturages et autour.

Maison du Peuple. Bâtie au début du XXème par la coopérative « La Justice » créée en 1899, suite à une dissidence avec la coopérative de Wasmses.

Folklore – traditions

Le 22 juin, à la Saint-Jean, aux solstices d’été, on continue à allumer des feux à la nuit tombante, réminiscences d’anciens cultes païens au dieu-soleil. 

Le mardi de la Pentecôte, a lieu une procession (le « Tour de Wasmes »)  en souvenir du terrassement du dragon par Gilles de Chin. La statue de Notre-Dame est portée dans les rues de Wasmes. La jeune fille, sauvée par le preux chevalier, « la Pucelette », accompagne le cortège, richement vêtue.

Bibliographie

A consulter également : Colfontaine d’avant… http://7340.be/

Pâturages

Entité communale de Colfontaine

Le territoire

Superficie: 332 ha

Altitude: de 60 (centre) à 88m (bois)

Situation géographique : sur le versant sud de la vallée de la Haine, à la limite du plateau du Haut-Pays.

Cours d’eau :  Le relief a été forgé par deux ruisseaux qui sortent du bois de Colfontaine.

Le Rieu-du-Cœur marque la limite avec la Bouverie et forme la vallée principale qui traverse le village qui s’est installé sur ses pentes. Le nom provient du mot picard Quoer ou Coer, dérivé du bas latin quaternum. Il signifiait le ruisseau qui traverse le pacage indivis de quatre communes (infra). Il reçoit un premier affluent descendant d’Eugies, puis un autre (rieu Valentin) venant de Frameries, il traverse Pâturages, puis Quaregnon.

A l’opposé, passe le ruisseau de Colfontaine qui sépare Pâturages et Wasmes.

De grandes prairies, vestiges des grands pâturages médiévaux, occupent encore les fonds et les flancs des vallons creusés par ces ruisseaux. Aujourd’hui, ces deux courants d’eau sont invisibles dans les endroits les plus bâtis.

Paysage préhistorique (après la dernière période glaciaire) : boisé 

La forêt domaniale de Colfontaine dans son ensemble couvre une superficie de plus de 700ha. Elle est un des reliquats de la Forêt Charbonnière qui fut défrichée à plusieurs périodes de l’histoire. D’abord par les Gaulois Nerviens et les Gallo-Romains, au tournant de notre ère. Avec le grand déclin économique et démographique de la fin de l’empire romain et de la période mérovingienne, la forêt reprit ses droits sur les zones abandonnées. C’est avec le développement des villages dès le XIème siècle, que les défrichements reprirent intensément.

La forêt actuelle se divise en plusieurs bois: le Bois-l’Evêque, le Bois de Colfontaine, le bois de Saint-Ghislain, le bois de Sars-la-Bruyère, le bois de Blaugies, le bois du Temple, le bois de Blaregnies, …

Cette forêt tire son nom probablement d’un évêque de Cambrai, Nicolas (ou Colart) de Fontaine. Son oncle, Godefroid de Condé, lui aussi évêque, avait reçu en don ce territoire et l’avait légué au chapitre de Cambrai qui continua à le gérer jusqu’à la Révolution Française. C’est pourquoi un autre évêque (et même alors archevêque), Fénelon, vint y résider à la fin du XVIIème siècle.

Autrefois la plus grande partie de ce bois se trouvait sur le territoire d’Eugies.

La fusion de 1977 amputa une partie importante du bois. Une partie avec la frange ouest d’Eugies intégra l’entité communale de Frameries.

Nature du sol : argileux, sablonneux

Nature du sous-sol : grès, schiste, houille, chaux, fer

Préhistoire

Elle ne semble pas documentée pour ce village.

Antiquité gallo-romaine

Des meules de moulin à bras, des vases et des monnaies (sans précision) ont été ramassées sur le sol du village, sans qu’on puisse définir s’il y eut un habitat et de quel type.

Premier Moyen-Age (période franque mérovingienne et carolingienne)

Elle ne semble pas non plus avoir été documentée.

Deuxième Moyen-Age – le village

Première mention: ?

Toponymie (anciennes orthographes) : ?

Etymologie (hypothèses d’origine du nom) : 

Le nom rappelle l’ancienne occupation du territoire par les éleveurs (infra).

Epoque de son apparition:

La notion de village et de communauté villageoise est très tardive (XVIIIème siècle).

Au nord de la forêt, se trouvaient « Les Communs Pâturages », probables terrains défrichés lorsque la démographie augmenta dans les villages voisins. En effet, il s’agissait de terres d’élevage, composées de terrains vagues couverts de broussailles et d’herbes sauvages, à la limite des quatre communautés villageoises voisines déjà constituées : celles de Quaregnon, de Frameries (La Bouverie n’en était qu’un petit hameau), de Jemappes (Flénu n’était aussi qu’un hameau) et Eugies. Il s’agissait de terres communes, indivises, appartenant au chapitre montois de Sainte-Waudru. 

Outre le pâturage pour le bétail, les manants y prélevaient aussi du bois de chauffage, du sable et de la pierre. Tout ceci n’alla pas sans conflit. Ces terrains furent l’objet de nombreux procès de juridiction entre le chapitre Ste Waudru de Mons et le domaine des comtes de Hainaut. En 1229 (ou 1219), après moultes discussions, on décerna des droits de pacage aux communautés susdites. 140 bonniers furent accordés à Wauthier II de Fontaines, qui y possédait des terres. 100 bonniers pour le chapitre Sainte-Waudru, ainsi que le cens (partagé avec le comte avoué). Les habitants des quatre villages recueillirent le reste de ces terres appelées « le pâturage de Quaregnon » ou « les Communes » ou « la Grande Commune » ou « les Grandes Pâtures ». Ils devaient payer un cens au chapitre montois. On y trouvait aussi le « parc à bœufs » qui a donné son nom à La Bouverie, hameau de Frameries.

Les paysans accédaient à ces pâturages par des « sentiers des vaches » venant des communes en question.

Paroisse dédiée à Saint-Michel (tardif). Jusqu’à la fin du XVIIème siècle, les habitants des pâturages étaient des paroissiens de Quaregnon, dont la dîme allait à l’abbaye de Saint-Ghislain. 

En 1685, on démembra cette paroisse. Une partie des habitants furent rattachés à la paroisse de Frameries (plus tard de La Bouverie). D’autres à celle d’Eugies. Le reste forma la paroisse de Pâturages. Une chapelle fut érigée dès 1683 à l’initiative de l’évêque de Cambrai, Jacques Théodore de Brias.

Evêché: de Cambrai (jusqu’en 1804), puis de Tournai ensuite

Décanat/doyenné: Mons

Autel de Quaregnon (dîmes, entretien de l’église, nomination des officiants) donné à l’abbaye de Saint-Ghislain

Répartition des pouvoirs pendant la période féodale

Autorité supérieure: comté de Hainaut

Autorité sous-jacente (administrative et judiciaire): prévôté de Mons

Seigneuries et fiefs

Comme écrit plus haut, le territoire était à l’origine une possession du chapitre Sainte-Waudru de Mons. Une partie appartint (don?) à la famille Fontaine qui la transmit au chapitre épiscopal de Cambrai. C’est la partie boisée au sud.

La seigneurie de Colfontaine (ou Bois l’Evêque)

Elle s’étendait dans le Bois au sud des pâturages communs, autrefois sur le territoire d’Eugies.

En 1219, suite à un conflit entre les paysans des villages voisins, ce domaine qui appartenait au chapitre montois de Sainte-Waudru fut partagé. Wauthier II de Fontaine en obtint une partie au sud, soit le bois. En 1229, il le donna à son beau-frère, Godefroid de Condé, évêque de Cambrai. A sa mort, celui-ci le légua à son chapitre épiscopal, qui le conservera jusqu’à la fin de l’Ancien Régime.

D’où l’appellation parfois de « Bois l’Evêque » qui n’a rien à voir avec Fénelon, qui y résida à la fin du XVIIème siècle.

L’appellation « Colfontaine » viendrait d’un des évêques suivants de Cambrai, Nicolas ou Colart de Fontaine. D’autres attribuent ce nom à « Gallifonte », une « fontaine du Coq » évoquant une source qu’on ne situe pas bien, mais le terme existait dans le passé.

Ce fief se composait du bois, de quelques habitations de manants, de viviers et d’un moulin sur le Rieu du Coeur. S’y ajoutèrent d’autres terres achetées au chapitre de Mons.

En 1794, à l’époque où les Pays-Bas avaient été reconquis par les Autrichiens, l’archevêque de Cambrai obtint du gouvernement la permission de défricher le bois de Colfontaine. Il avait grand besoin d’argent pour faire reconstruire l’église de Meslin-l’Evêque, qui lui appartenait. Mais aussi pour secourir les nombreux prêtres de son diocèse qui avaient émigré au nord de la frontière. La vente du bois et la location de terrains de culture et d’élevage lui permettraient d’y faire face. Quelques semaines plus tard, les révolutionnaires français reprenaient pied chez nous. L’archevêque perdait sa propriété et le défrichage n’eut pas lieu (La Révolution Française a sauvé le Bois de Colfontaine, Y. Coutiez, Annales du Cercle d’Histoire et d’Archéologie du Hainaut, T.IV, 1986).

La forêt, la maison forestière et ses dépendances furent vendues en 1825, sous les Hollandais.

L’acheteur fut Henri-Joseph Degorge, propriétaire du Grand Hornu. Il acquit également le bois de Montroeul à Sars-la-Bruyère (le nom pourrait évoquer la propriété de la seigneurie de Montroeul-sur-Haine par Fastré de Ligne) . Il fit réaliser des aménagements dans la forêt pour la promenade et l’exploitation. Un pavillon de chasse, avec son écurie, furent construits.

L’Etat racheta la propriété en 1908, en en faisant la « Forêt domaniale de Colfontaine ».

Au coin du bois, sur le territoire actuel d’Eugies, à la limite de Pâturages, se trouve la « Belle Maison » où résida Fénelon. François de Salignac de la Mothe Fénelon (1651, Sarlat-1715) fut archevêque de Cambrai et comte du Cambrésis dès 1695 sous Louis XIV. Il était déjà précepteur des fils du roi dès 1689. Assez libéral dans ses idées (il annonce un peu les Lumières), critique du pouvoir absolu du roi Soleil, il fut banni de la cour en 1699. Fénelon était un adepte de la doctrine du Quiétisme, basée sur la perfection chrétienne dans un état de contemplation passive. Il voyagea beaucoup dans son diocèse et aménagea plusieurs demeures, dont celle de Colfontaine (La Belle Maison) et celle de Meslin-l’Evêque.

Il a été dit beaucoup de choses sur la présence de Fénelon à Pâturages. Qu’il y aurait résidé de 1695 à sa mort en 1715, ayant fui Cambrai. Qu’il fut très aimable et généreux vis-à-vis de la population. Qu’il aurait fait construire cette demeure sur des plans de François Mansart et qu’il aurait fait aménager une grande allée depuis le bois jusqu’au centre du village, pour y acheminer le bois. On dit aussi qu’il fut présent le soir du 11 septembre 1709 sur le champ de bataille de Malplaquet, donnant des soins aux blessés et qu’il en aurait fait transporter dans sa « belle maison » de Colfontaine.

Selon l’historien Jean-Marie Cauchies (Annales du Cercle d’histoire et d’archéologie de Saint-Ghislain, T.VIII, 2000, p.359) qui s’est penché sur des documents écrits et des cartes, beaucoup de ces assertions ne sont pas prouvées, faisant partie de récits légendaires. Il est vraisemblable que la population locale ait conservé un très bon souvenir de lui.

En réalité, s’il fut exclu du milieu parisien, Fénelon ne dut pas fuir Cambrai, mais il consacra une bonne partie de son épiscopat à arpenter les chemins de son diocèse, faisant une halte ici et là, et notamment dans ses maisons du « Bois-l’Evêque » et celle de « Meslin-l’Evêque ». A-t-il lui-même fait construire la première ? Ce n’est pas sûr. On n’en connait pas la date avec précision. L’était-elle avant son passage ? Le fut-elle après ? L’architecte François Mansart était déjà mort lors de son épiscopat. Par contre, son petit-neveu Jules Hardouin-Mansart vivait toujours, lui aussi architecte, et la mode était de couvrir les belles demeures de « toits à la Mansart » avec des lucarnes. La question se pose aussi à propos de la date d’aménagement de l’avenue qui porte aujourd’hui son nom. Quant à sa présence à Malplaquet, elle est douteuse, mais on sait que les soldats français refluèrent après la bataille vers Cambrai et qu’il ait pu là-bas aménager un hôpital pour les blessés.

Ce qui est certain, c’est que cet archevêque s’était posé en opposant du monarchisme absolu et qu’il fut un précurseur, encore timide, des philosophes des Lumières. Dans un Borinage socialisant de la fin du XIXème siècle, son action sociale locale, de quelque importance qu’elle fut, a pu en faire un esprit éclairé marquant. Même dans les populations protestantes assez nombreuses à Pâturages depuis un siècle, son souvenir était excellent. Ce fut probablement quelqu’un qui se montra généreux et bon.

La Maison Fénelon fut vendue dès 1800 à un certain Pierre-Joseph Decant. Elle avait été transformée plus tôt  en auberge et servit même de lieu de réunion pour la bande de Moneuse. Elle changea plusieurs fois de propriétaire, avant de revenir au doyenné de Pâturages.

La commune

Avec l’exploitation de la houille qui commença dès le XVIIème siècle, au nord des pâturages et en lisière du bois qu’on continua à défricher, de nouveaux habitants vinrent s’installer pour y travailler. Ce phénomène s’intensifia au XVIIIème siècle. Les conflits avec les éleveurs des villages voisins s’accentuaient.

Ce sont les Français qui, à la fin du siècle, en 1792, établirent officiellement les limites de chaque commune qu’on borna. Pâturages devient une commune autonome et même chef-lieu de canton en 1801 avec un tribunal de justice de paix. Il semble cependant que des documents de 1772 attestent déjà Pâturages comme village.

Période française (1794-1814)

Fin de l’Ancien Régime féodal en 1794

  • Département: Jemappes
  • Canton: Pâturages
Répartition des pouvoirs pendant la période contemporaine (à partir de 1814)
  • Etat: Belgique
  • Province: Hainaut
  • Arrondissement administratif: Mons
  • Arrondissement judiciaire: Mons
  • Canton: Pâturages
  • Entité communale depuis 1977: Colfontaine
Economie

On le comprend, le territoire fut longtemps consacré aux pâturages des éleveurs voisins.

Malgré la révolution industrielle, l’agriculture et l’élevage continuèrent dans des fermes anciennes ou nouvellement construites.

Les activités annexes s’y développèrent aussi. 

    • Des moulins (non documentés).
  • Des brasseries : Sept étaient actives au XIXème siècle.
    • La plus renommée fut la Brasserie-Malterie TILLIER, fondée en 1892 par Achille Tillier, architecte de son métier, qui installa des équipements très modernes pour l’époque. On brassa jusqu’à neuf bières différente (dont le Stout). Il décéda en 1916. Durant l’occupation, le matériel fut confisqué par les occupants Allemands et l’entreprise fut à l’arrêt de 1916 à 1918. Les trois fils d’Achille Tellier lui succédèrent sous le nom de “Brasserie Tillier Frères”. Pendant la seconde guerre mondiale, les activités cessèrent à nouveau. Dès mai 1940 un bataillon sénégalais l’occupa et se rendit responsable de grosses dégradations. Les propriétaires tentèrent tant bien que mal de relancer l’affaire à la fin de la guerre. Mais l’absence de subsides et la concurrence condamnèrent l’activité brasserie qui s’arrêta en 1950. Elle fut remplacée par un commerce de bières et de vins. De plus amples renseignements peuvent être trouvés sur le site http://www.closeriecedre.be
    • Les sept brasseries étaient rassemblées dans deux rues, la rue Grande et la rue de la Brasserie, à proximité de 21 puits d’eau.

Exploitation houillère

D’après la tradition, on trouva sur ces pâtures les premiers charbonnages du Couchant de Mons, et cela dès le XIIIème siècle.

Le sous-sol regorgeait de houille qu’on commença très tôt à exploiter. Les chanoinesses accordèrent des concessions à de riches bourgeois qui leur cédaient une part des revenus.

Ces maîtres de fosses engageaient soit des paysans voisins qui se partageaient entre les deux activités selon les saisons, soit des « étrangers » qui vinrent s’installer sur les « pâturages ». Le nombre de ces derniers augmenta rapidement, particulièrement au XVIIème siècle. Il y eut de nombreux conflits entre ces nouveaux arrivants et les paysans des communes voisines qui voulaient récupérer « leurs biens ». Ces derniers n’obtinrent pas satisfaction.

On autorisa les premiers à rester, contre une redevance annuelle au curé de Pâturages, selon une ordonnance de 1699.

L’exploitation connut un essor considérable au XVIIIème, puis au XIXème siècle. La rentabilité s’améliora avec l’introduction de la machine à feu qui empêcha les inondations de puits. Celle de l’Auvergies, à la Grande Veine l’Evêque de Pâturages, en 1735 fut la première du Borinage.

Les puits se multiplièrent. Dès le XVIIIème siècle, les concessionnaires se regroupèrent en sociétés. Le phénomène s’accéléra au siècle suivant avec l’introduction de capitaux bancaires. 

L’Association houillère du Couchant de Mons rassemblait en 1924:

  • La Compagnie des Charbonnages Belges (Frameries)
    • Puits n°6 Grisoeuil
    • Bonne-Espérance
  • La SA du charbonnage du Borinage Central
  • La Société du charbonnage d’Hornu-Wasmes

La même année vit l’installation de l’Institut national des Mines, fondé en 1902 à Frameries. Il était constitué de laboratoires de recherche, de stations d’essai et d’étude des dangers de la mine.

Le dernier puits ferma en 1960.

Autres entreprises

  • Industrie de la chaussure, dès le début du XXème, dont celle d’Emile Laurent
  • Fabrique de couleurs
  • Imprimerie Caufriez au XIXème, la première du Borinage.

Voies de communication

Il n’y eut pas de chaussée antique sur ce paysage couvert de bois et de prairies.

Les paysans-éleveurs des villages voisins, au moyen-âge, venaient y faire paître leurs troupeaux par des « sentiers des vaches » dont certains sont devenus dans les trois derniers siècles les rues qui relient ces mêmes villages entre eux.

Le village s’est développé alors en un réseau très dense de rues. Le quartier principal, avec l’église, se concentre sur le versant est de la vallée du Rieu du Cœur.

Le quartier du Cul-du-Q’Vau se trouve dans le fond et sur le versant de la vallée du ruisseau de Colfontaine, plus en extension du village de Wasmes que lié à celui de Pâturages.

La longue avenue Fénelon, rectiligne, remonte à la deuxième moitié du XIXème siècle.

Le chemin de fer de la ligne « boraine » Mons-Warquignies-Saint-Ghislain s’est arrêté à Pâturages à la limite de Quaregnon.

Patrimoine

Eglise Saint Michel. Bâtie en 1753-1768 en style classique. Fonts baptismaux du XVIème.

Eglise du hameau du Cul-du-Qu’vau

Temple protestant, 1842

Maison du Peuple, 1903, de style éclectique

La Tour du Lait Buré. A l’entrée du bois, elle date de 1904 et fut construite par le brasseur Achille Tillier sur un terrain qui lui appartenait et qui se trouvait à l’époque sur le territoire d’Eugies. 

Constantin Meunier, le sculpteur du monde ouvrier, originaire d’Etterbeek, fut de passage chez un ami médecin local lors de la catastrophe du charbonnage de La Boule en 1887. Celle-ci lui inspira deux oeuvres: le Grisou et le Vieux cheval (musée de Bruxelles).

Alfred Defuisseaux fut inhumé ici en 1902.

Bibliographie

A consulter également : Colfontaine d’avant… http://7340.be/