Bry

Le territoire

Superficie: 288 ha

Altitude: de 80 à 116 m

Situation géographique : située sur le plateau de Bavay, entre cette ville et Sebourg, le long de la frontière, en regard de Roisin

Cours d’eau : l’Aunelle (qui afflue dans l’Hogneau à Crespin), les ruisseaux Saint-Jean, Sart et de la Flamengrie qui y affluent

Paysage préhistorique (après la dernière période glaciaire) : la forêt Charbonnière

Nature du sol : limoneux, argileux

Nature du sous-sol : grès, schistes

Préhistoire

Non documentée

Antiquité gallo-romaine

Chaussée romaine. Non documentée

Premier Moyen-Age (période franque mérovingienne et carolingienne)

Non documenté.

Deuxième Moyen-Age – le village

Il n’est pas sûr qu’un véritable village existât avant le XVIIème ou le XVIIIème siècle. Peut-être un ou deux hameaux. Pas de paroisse indépendante. Il s’agissait d’un domaine foncier. Il eut son château, mais  tardivement à la fin du XVème siècle.

Première mention: 1186

Toponymie (anciennes orthographes) :

  • Bry, 1186
  • Brie, XVIIe siècle

Etymologie (hypothèses d’origine du nom) : ?

Facteurs ayant favorisé son émergence :

voies de communication: la chaussée romaine

sources d’eau ou cours d’eau: l’Aunelle

source de bois: région boisée

proximité d’un lieu de pouvoir: Roisin

Paroisse : les quelques habitants de Bry furent d’abord des paroissiens d’Eth. Une paroisse indépendante, dédiée à Saint Laurent, n’apparut qu’en 1876.

Evêché: de Cambrai

Décanat/doyenné: Valenciennes (1186)

Répartition des pouvoirs pendant la période féodale (jusqu’en 1678)

Autorité supérieure: comté de Hainaut

Autorité sous-jacente (administrative et judiciaire): prévôté du Quesnoy

Seigneuries et fiefs

Il est difficile de reconstituer une liste cohérente et claire des seigneurs du domaine de Bry. Appelons-le comme cela, car il ne semble pas y avoir eu de communauté villageoise stricte (avec paroisse, mairie et échevinage avant le XVIIIème siècle), mais une ou deux grosses fermes avec un petit hameau autour de quelques habitants.

Les domaines dans la  région appartenaient aux comtes de Hainaut, aux Quiévrain et aux Roisin. Le nom de ces trois familles apparaît dans quelques documents concernant Bry.

A l’origine, le domaine de Bry appartenait soit aux comtes de Hainaut, soit aux Roisin. Ces derniers semblent l’avoir donné en arrière-fief aux seigneurs de Quiévrain. A une date inconnue, semble-t-il. Ce qui ne permet pas d’impliquer tel ou tel seigneur de cette famille comme seigneur de Bry.

Maison de Lalaing

Ce qui semble certain, c’est que Simon IV de Lalaing-Quiévrain (1370-1415) en était propriétaire au tournant des XIVème et XVème siècles. Il eut deux filles. L’aînée Jeanne de Lalaing ( ?-1467) hérita de Quiévrain et de Bry. Elle avait épousé Olivier de Blois-Châtillon, dont elle n’eut pas d’enfant. A leur mort, sa sœur Marie de Lalaing, déjà, dame d’Ecaussines, hérita de Quiévrain et de Bry.

Maison de Croÿ

  • Ayant épousé en 1428 Jean II de Croÿ (1380/1495-1473), comte de Chimay, elle fit passer ses domaines dans cette branche cadette de la famille de Croÿ.
  • Philippe de Croÿ (1436-1482), leur fils aîné, leur succéda.
  • Le fils de celui-ci, Charles de Croÿ (1455-1527), ayant hérité de Bry, le vendit en 1484.

Maison de Ruelin

Il s’agit d’une famille de bourgeois de Mons.

  • Gilles de Ruelin, déjà seigneur d’Eth, fut l’acheteur. De ce personnage, nous ne savons rien, si ce n’est qu’il est mentionné comme échevin de la ville de Mons (1471-1479) et qu’il détenait un manoir dans cette ville. Le château-ferme de Bry a été construit en 1486. Lui succédèrent :
  • Etienne de Ruelin ( ?-v1534), probablement son fils
  • François de Ruelin (1501, Eth- ?), peut-être fils du précédent.
  • Gilles (Guillaume) de Ruelin (1545- ?), peut-être fils du précédent
  • Charles de Ruelin, fils aîné du précédent, mais qui semble être décédé sans enfant
  • Antoine de Ruelin (1589- ?), frère du précédent
  • A partir d’ici, nous n’avons plus d’information à propos de Bry. Si ce domaine reste lié à Eth, c’est qu’il fut hérité par Louise de Ruelin (v1615- ?)
  • D’Adrien de Montigny (fin XVIème)

Dans ce cas, Bry serait passé sous la seigneurie des Haynin :

  • Charles de Haynin (de la lignée Haynin-Amfroipret), époux de Louise de Ruelin
  • Jacques de Haynin (de la lignée Haynin-Cornet) qui épousa Anne de Haynin, fille des précédents
  • François Philippe de Haynin (lignée Hayinin-Amelincourt) qui épousa Louise Anne Françoise de Haynin, fille des précédents
  • Philippe Charles de Haynin ( ?-1709), leur fils, qui n’eut pas de postérité.

 Alors que l’on perd la trace des seigneurs d’Eth, on retrouve celle des seigneurs de Bry dans la famille Le François au XVIIIème siècle. Des membres de cette famille furent maire, bailli et gouverneur du Quesnoy. 

Lesquels furent seigneurs de Bry? Nous n’en avons retrouvé qu’un qui ait cette mention : Joseph Humbert Amand le François (v1715- ?)

On le voit, il reste beaucoup d’ombres et d’incohérences dans cette liste. Des éclaircissements sont nécessaires.

L’ancien régime dans le royaume de France (1678 à 1792)
  • Etat : le royaume de France
  • Prévôté : Le Quesnoy
Répartition des pouvoirs pendant la période contemporaine (à partir de 1792)
  • Etat: France dans ses divers régimes (républiques, monarchie, empire)
  • Département: Nord
  • Arrondissement : Avesnes-sur-Helpe
  • Canton: Le Quesnoy
Evènements et faits marquants sur le sol de la commune

En 1606, le château de Bry fut très endommagé par un ouragan.

Le drame de la Houlette a eu lieu le 22 novembre 1795. Il s’agissait d’une auberge. Elle fut attaquée par une bande de malfaiteurs. Neuf meurtres furent à déplorer. On accusa le bandit régional Moneuse qui sévissait alors dans toute la région. Il fut arrêté, mais put se disculper par des alibis.

Economie

Agriculture

Culture du raisin (« Mont du Vignoble »)

Patrimoine

Eglise Saint Laurent, 1759

 

Eth

Le territoire

Superficie: 284 ha

Altitude: 59 à 107 m

Situation géographique : sur la pente sud de la vallée de la Haine, à proximité du plateau de Bavay (Hauts-Pays)

Cours d’eau : l’Aunelle (qui se jette dans le Hogneau à Crespin)

Paysage préhistorique (après la dernière période glaciaire) : la Forêt Charbonnière

Nature du sol : limoneux

Nature du sous-sol : grès, schistes

Préhistoire

Des vestiges d’une nécropole gauloise auraient été découverts (pas de précision).

Antiquité gallo-romaine

La chaussée romaine, allant de Bavay à Tournai, traversait son territoire, et fut sans doute à l’origine du village médiéval qui étala son habitat le long de cet axe.

Une villa romaine aurait existé à proximité (pas de précision).

Découverte en 1825 et 1828 de 20 tombeaux en pierre bleue avec objets en fer (épées), fioles de verres, médailles et monnaies.

Premier Moyen-Age (période franque mérovingienne et carolingienne)

Un cimetière mérovingien (lieu-dit Les Fosses) a été découvert en 1825 et 1828 : une vingtaine de tombes en pierre bleue avec des dépôts funéraires (armes, vases), une autre série de sépultures (avec armes).

Ce qui signifie que les lieux furent habités – on ne sait pas quand – après la période romaine.

Deuxième Moyen-Age – le village

Première mention: 1140

Toponymie (anciennes orthographes) :

  • Ath, 1140 (Cartulaire de l’abbaye de Liessies)
  • Eth, 1186
  • Eth, 1292
  • Et, 1349

Etymologie (hypothèses d’origine du nom) : ?

Epoque de son apparition: probablement au début du XIIème siècle

Facteurs ayant favorisé son émergence :

voies de communication: la chaussée romaine

sources d’eau ou cours d’eau: le ruisseau du Sart

source de bois: région boisée

proximité d’un lieu de pouvoir: Sebourg, Roisin ( ?)

Paroisse dédiée à Saint-Denis

Evêché: de Cambrai

Décanat/doyenné: Valenciennes

Autel (dîmes, entretien de l’église, nomination des officiants) donné à ?

Répartition des pouvoirs pendant la période féodale (jusqu’en 1678)

Autorité supérieure: comté de Hainaut

Autorité sous-jacente (administrative et judiciaire): prévôté du Quesnoy

Seigneuries et fiefs

Jusqu’au début du XVème siècle siècle, il ne semble pas que l’on connaisse de seigneurs à Eth. On cite en 1300 un certain Gobert d’Eth, premier prévôt de Beaumont, au service de la Maison d’Avesnes, mais il ne fut pas nécessairement titulaire de la seigneurie.

A qui appartenait le domaine? Probablement aux comtes de Hainaut (comme Sebourg) ou aux Roisin (comme Bry).

Maison de Sars

On sait qu’elle devint propriétaire d’Eth au début du XVème siècle. Il s’agissait de la branche cadette dont les premiers membres devinrent très riches grâce à des postes élevés dans le Hainaut.

  • Allard « Lion » de Sars (1352-1409) fut prévôt du Quesnoy, de Maubeuge, puis gouverneur de Beaumont. On sait qu’il acheta la seigneurie de Rampemont (à Fayt-le-Franc) en 1399.
  • Son fils, Guillaume de Sars (1370/1390-1428/1438),  fut prévôt du Quesnoy (1409-1418), conseiller du dauphin Jean de France (1398-1417, mort avant son père Charles VI), grand bailli du Hainaut au service de la comtesse Jacqueline de Bavière, puis conseiller à la cour du duc Philippe le Bon de Bourgogne. Il acheta la seigneurie d’Angre en 1415.
  • La mention de seigneur d’Eth apparaît chez le fils de ce dernier, Eustache de Sars (1412-1438), mort relativement jeune sans enfant, ce qui lui donna peu de temps pour faire une carrière aussi rémunératrice que son père et son grand-père. Il parait probable (sans preuve apparente) que la seigneurie d’Eth ait été achetée par un de ces deux personnages.
  • Elle passa ensuite à son frère Georges de Sars (1420-1481).
  • Puis au fils de celui-ci, Nicolas (Colart) de Sars (1460-1494) qui semble être mort sans descendance.
  • Les descendants de sa sœur Jeanne de Sars (v1420-v1476) héritèrent de ses domaines (Angre, Eth, Rampemont), amenés ainsi dans la famille de son mari, Baudry XII de Roisin (v1410-v1472).

Maison de Roisin

A celui-ci succède son fils Baudry XIII de Roisin (v1435-apr1455), puis son petit-fils Baudry XIV de Roisin ( ?-1535).

On sait que Rampemont fut vendu en 1483 et Eth en 1484.

Maison de Ruelin

Il s’agit d’une famille de bourgeois de Mons. On sait que le village voisin de Bry fut acheté en 1484 par Gilles de Reulin, seigneur d’Eth. Il parait plausible qu’Eth fut également acheté un peu avant. De ce personnage, nous ne savons rien, si ce n’est qu’il est mentionné comme échevin de la ville de Mons (1471-1479) et qu’il détenait un manoir dans cette ville. Lui succédèrent :

  • Etienne de Ruelin ( ?-v1534). Seigneur de Bry et Eth, il pourrait être le fils du précédent.
  • François de Ruelin (1501, Eth- ?), peut-être fils du précédent
  • Gilles (Guillaume) de Ruelin (1545- ?), peut-être fils du précédent. 
  • Antoine de Ruelin (1589- ?), fils du précédent
  • Louise de Ruelin (v1615- ?), fille du précédent, dame héritière 

    D’Adrien de Montigny (fin XVIème)

Maison de Haynin (lignée des Haynin-Amfroipret)

  • Charles de Haynin ( ?- ?), fils de Claude de Haynin, seigneur d’Amfroipret. Il devient seigneur d’Eth par mariage avec Louise de Ruelin. 
  • Ils ont une fille Anne de Haynin ( ?- ?) 

Maison de Haynin (lignée des Haynin-le Cornet-Frémicourt)

  • Jacques de Haynin  ( ?- ?) devient seigneur d’Eth en épousant sa lointaine cousine Anne de Haynin. Cité en 1659.
  • Ils eurent deux filles, Barbe et Louise Anne Françoise de Haynin, dame d’Eth et d’Amfroipret. Cette dernière épousa un autre cousin lointain.

Maison de Haynin (lignée Haynin-Amelincourt-Wambrechies)

  • François Philippe de Haynin ( ?- 1709), baron d’Amelincourt et de Wambrechies, épousa en 1659  Louise Anne Françoise de Haynin.
  • Ils eurent un fils Philippe Charles de Haynin ( ?-1709), qui n’a pas eu de postérité.

On perd ici la trace des seigneurs d’Eth.

La seigneurie de Hainin fut achetée par Philippe le Duc (?-1703). La généalogie de cette famille est assez complexe.

Il semble qu’Eth passa aussi dans cette famille, mais pas pour les mêmes personnages. Ont été seigneurs d’Eth pendant ce XVIIIème siècle:

  • François le Duc
  • Philippe le Duc, cité en 1773

Des précisions sont à obtenir pour ce dernier siècle de régime féodal.

L’ancien régime dans le royaume de France (1678 à 1792)
  • Etat : le royaume de France
  • Prévôté : Le Quesnoy
Répartition des pouvoirs pendant la période contemporaine (à partir de 1792)
  • Etat: France dans ses divers régimes (républiques, monarchie, empire)
  • Département: Nord
  • Arrondissement : Avesnes-sur-Helpe
  • Canton: Aulnoye-Aymeries
Economie

Elle fut dominée par l’agriculture.

On signale dans les siècles passés une brasserie et un atelier de tisserand.

Actuellement, un site du groupe Titanobel fabrique des explosifs à usage industriel.

Patrimoine

Eglise Saint-Denis. La première, de style roman,  fut élevée au XIIème siècle, dont il subsiste des pilastres. Au XVIIIème, on reconstruisit le chœur et  la façade occidentale avec le porche (1773). Les XIX et XXème siècles virent plusieurs restaurations, ainsi que l’érection d’une chapelle funéraire de la famille Le Duc. On trouve aussi des dalles funéraires (Gilles de Ruelin et son épouse), ainsi qu’une statue de Saint-Denis

Chapelle Notre-Dame des Enfants, 1715

Il existe un château  élevé en 1766, sur les débris de celui qui existait anciennement.

Un ouvrage fortifié de la ligne Maginot, fut construit en 1934. Il fut attaqué du 22 au 26 mai 1940 par l’artillerie et l’infanterie allemande.

Tombes (neuf) de la Commonwealth War Graves Commission (soldats tués le 4 ou le 8 novembre 1914 ou 1918)

 

 

Sebourg

Le territoire

Superficie: 142,3 ha

Altitude: de 35 à 102 m (d’ouest en est)

Situation géographique : Le territoire est implanté sur le versant méridionale de la vallée de la Haine, en bordure du plateau de Bavay.

Cours d’eau : l’Aunelle (affluent de la Honnelle ou Hogneau)

Paysage préhistorique (après la dernière période glaciaire) : boisé. Cette région faisait partie de la Forêt Charbonnière.

Nature du sol : limoneux

Nature du sous-sol : grès

Préhistoire

On y aurait découvert au XIXème de témoignages du néolithique (hache polie).

Antiquité gallo-romaine

Le site aurait été occupé pendant la période gallo-romaine (pas de précision). Il était en fait traversé par la chaussée romaine allant de Bavay à Tournai/Cassel/Boulogne. Le trajet aujourd’hui a disparu, à l’ouest du village. Elle venait d’Eth et allait vers Escaupont, par Quarouble ou Onnaing.

Premier Moyen-Age (période franque mérovingienne et carolingienne)

Non documenté.

Deuxième Moyen-Age – le village

Première mention: 1089 (acte de donation à l’abbaye de Crespin par Ermentrude, la veuve de Baudouin II de Hainaut.

Toponymie (anciennes orthographes) :

  • Sebourck (1089)
  • Sevurch
  • Sevure
  • Sebourcq
  • Sebourg 

Etymologie (hypothèses d’origine du nom) :  

Une hypothèse serait: Burgum Sennonensium qui signifierait le bourg des Sens ou des Sennoniers.

Epoque de son apparition:

Facteurs ayant favorisé son émergence :

voies de communication: la chaussée romaine Bavay-Boulogne

sources d’eau ou cours d’eau: l’Aunelle

source de bois: région boisée

proximité d’un lieu de pouvoir: château seigneurial

Paroisse dédiée à Saint-Martin

Evêché: de Cambrai 

Décanat/doyenné: Bavay

Autel (dîmes, entretien de l’église, nomination des officiants) donné à l’abbaye de Crespin (à confirmer).

Répartition des pouvoirs pendant la période féodale

Autorité supérieure: comté de Hainaut

Autorité sous-jacente (administrative et judiciaire): prévôté de Valenciennes

Seigneuries et fiefs

Sebourg est resté très longtemps un fief direct des comtes de Hainaut  qui firent don de certaines terres de Sebourg aux abbayes de Saint-Landelin à Crespin  et de Saint-Saulve. 

La seigneurie principale appartint donc au début à la Maison de Hainaut.

Entre 1190 et 1195, Sebourg, Angre et Fayt(-le-Franc) furent détachés des possessions comtales par le comte Baudouin V (1150-1195) qui en fit donation à son frère Henri de Hainaut (v1145-1207). Celui-ci mourut d’ailleurs dans sa résidence de Sebourg et fut enterré dans la première église.

Ensuite, le domaine passa à son fils Philippe de Hainaut-Sebourg (v1175-v1245), qui, lorsqu’il mourut, n’avait plus d’héritier mâle. Sa fille Isabeau de Hainaut-Sebourg épousa Baudouin de Hennin-Liétard.

Maison de Hennin-Liétard (branche cadette)

Baudouin de Hennin-Liétard (1238-1288) était le fils de Baudouin II, seigneur de Quincy par héritage paternel, de Hennin-Liétard par un premier mariage avec Marie, héritière de cette seigneurie située près de Douai (actuellement Hénin-Beaumont), seigneur de Boussu et de Fontaine (-l’Evêque) par un second mariage avec Mahaut de Boussu. Baudouin reçut Fontaine en héritage et son frère Jean reçut Boussu. Par son mariage avec Isabeau de Hainaut-Sebourg, il devint aussi seigneur de Sebourg, Fayt-le-Franc et Angre. Lui sucédèrent :

  • Baudouin II de Hennin-Liétard (v1245-v1295), fils du précédent
  • Baudouin III « Gérard » de Hennin-Liétard (v1281-v1325), fils du précédent
  • Baudouin IV de Hennin-Liétard ( ?-apr1394), fils du précédent – sans postérité
  • Baudouin V de Hennin-Liétard ( ?-1399), neveu du précédent – sans postérité
  • Jean I de Hennin-Liétard ( ?-1415, à la bataille d’Azincourt), frère du précédent
  • Baudouin VI de Hennin-Liétard ( ?-apr.1422), fils du précédent. Il vendit Angre.
  • Baudouin VII de Hennin-Liétard ( ?-apr.1458), fils du précédent
  • Jean II de Hennin-Liétard ( ?-avt 1514), fils du précédent. Il vendit son domaine de Sebourg à son beau-père, Jean de Lannoy

Maison de Lannoy

Jean de Lannoy (1410-1493) acheta la seigneurie de Sebourg à Jean II de Hennin-Liétard qui avait épousé sa fille, Jacqueline. Il n’eut pas d’enfant mâle. Sa fille aînée, Bonne, hérita de Sebourg.

Elle avait épousé Philippe de Lannoy (1467-1535), un cousin. Leur fille, Jeanne, hérita de Sebourg.

Maison de Wittem

Henri de Witthem (1497-1554) devint seigneur de Sebourg suite à son mariage en 1523 avec Jeanne de Lannoy. Il était aussi baron de Boutersem, seigneur de Beersel et de Braine-l’Alleud. Lui succéda :

  • Maximilien de Wittem ( ?-1557)
  • Jean « Corselaar » de Wittem (1550-1588), aussi comte de Zeebrugge et seigneur de Beersel. Il obtint le titre de vicomte de Sebourg qui sera héréditaire.  A sa mort, il avait trois filles, dont la seconde, Marguerite de Wittem (1582-1627) qui épousa Hendrik van Berg s’Heerenberg de la maison de Bergen-op-Zoom.

Maison de Bergen-op-Zoom

A Hendrik van Berg s’Heerenberg et son épouse Marguerite de Witthem, succéda leur fille Marie-Elisabeth van Berg s’Heerenberg (1613-1671).

Celle-ci épousa Eitel Friedrich de Hohenzollern-Eichingen (1601-1661).

Maison d’Esclaibes

Il semble qu’en 1644 Jean d’Esclaibes leur acheta la seigneurie de Sebourg. Il était le fils d’Elie d’Esclaibes, seigneur d’Epinoy. Il fut également gouverneur de Courtrai. Lui succédèrent 

  • Gabriel d’Esclaibes ( ?-1679), son fils aîné, mort sans postérité
  • François-Dominique d’Esclaibes, frère du précédent
  • Georges Philippe Druon d’Esclaibes ( ?-1751), fils du précédent
  • Marie-Anne d’Esclaibes (1724- ?), fille du précédent, qui épousa en 1753 Charles de Mathéi (1710- ?). Ils n’eurent pas d’enfant.

Il semble qu’en 1786 la seigneurie passa à d’autres propriétaires, dont les noms nous sont inconnus. Le marquis Claude Marie Bernard Delacoste (1768-1858) fut propriétaire du château et maire de Sebourg par la suite. Par achat à Charles Mathéi et dans ce cas il en fut le dernier seigneur ou plus tard?

Répartition des pouvoirs pendant la période contemporaine (à partir de 1792)
  • Etat: Divers régimes (républiques, monarchie, empire)
  • Département: Nord
  • Arrondissement : Valenciennes
  • Canton: Marly
Economie

Outre le secteur agricole qui fut dominant jusqu’au XXème siècle, nous ne sommes pas documentés sur d’autres entreprises importantes passées ou présentes.

Patrimoine

Eglise St Martin. Un premier édifice a été bâti au XIIème siècle. Le clocher actuel est de 1697, de style baroque. Le reste de l’église a été refait au XVIIème siècle. Plusieurs seigneurs de l’endroit y ont été enterrés (de la Maison de Hainaut et de Hennin-Liétard). Leurs tombes ont disparu pendant la guerre de Succession d’Espagne, fin XVIIème.. On peut encore voir un mémorial de Baudouin Hennin-Liétard.

Ont été conservées dans ce lieu les reliques de Saint-Druon. Il s’agit d’un ancien berger, né à Epernay en 1102, qui, orphelin, s’était retiré dans le Hainaut et  y vivait en ermite dans les forêts (Hantes, Montignies St Christophe, Solre-sur-Sambre). Il se retira à la fin de sa vie à Sebourg dans une petite habitation près de l’église. Il fut miraculeusement retrouvé vivant après un incendie. Après sa mort vers 1184-86, il fut l’objet de vénération et de pèlerinage, considéré comme le protecteur des bergers et de leurs troupeaux.

Le château. Le bâtiment actuel (partie centrale) fut construit entre 1802 et 1806 dans un style néoclassique par le marquis Delacoste. Il fut agrandi en 1859. Le roi Georges V d’Angleterre y fut reçu en novembre 1918 par le baron de la Grange. Le parc est traversé par l’Aunelle.

 

 

Emblise (terre d’)

Géographie

Il s’agit d’un lieu-dit, faisant actuellement partie du village de Crespin, à l’ouest de celui-ci (limite avec les villages de Vicq et Quarouble).

Ses caractéristiques géographiques et géologiques sont les mêmes que celles du village, quoique le site soit un peu plus éloigné de la rivière et qu’autrefois il fut peut-être moins marécageux et plus couvert de forêts.

Etymologie – Toponymie du lieu

Les orthographes ont été nombreuses : Amblise, Hembise, Emblise, Embise, Ambise.

Ce qui signifierait : “bois du château” ou “bois de la forteresse entourés de marais” ou encore “hameau entouré d’eau”. Toutes ces hypothèses correspondent aux caractéristiques du lieu à la période médiévale.

Préhistoire et antiquité

Tout comme pour Crespin, on n’a pas découvert de vestiges datant de ces deux périodes, ce qui pourrait s’expliquer par la nature encore marécageuse du sol.

Moyen Age

Au VIIème  siècle, Emblise est encore une grande forêt. Le propriétaire, dont on ignore le nom ni la résidence, donna une partie de ses terres à Saint-Landelin  au nord-est de son domaine pour la fondation du monastère de Crespin, vers l’an 660.On ne sait rien de plus pour les siècles qui suivirent. Ces terres étaient-elles incultes et inhabitables ?

Ce qui est certain c’est qu’elles passèrent dans les possessions des comtes de Hainaut, peut-être déjà lors des luttes du comte Régnier I pour se débarrasser des Vikings qui infestèrent la région entre 881 et 890.

Une autre partie de la forêt fut la propriété de l’abbaye de Denain, comme l’atteste un diplôme de 877 de Charles le Chauve qui en confirmait la donation. 

Vers 1080, alors que la comtesse Richilde et son fils Baudouin II firent restaurer l’abbaye endommagée de Crespin (à l’initiative de l’évêque Gérard II de Cambrai), ils firent ériger un donjon sur les terres d’Emblise, sans doute pour défendre le comté de Hainaut face aux visées agressives des comtes de Flandre et peut-être des seigneurs d’Avesnes (présents à Condé et particulièrement agressifs).

Un petit noyau habité se constitua autour du château, ce qui aurait nécessité un défrichement de la forêt, une irrigation des terres et la mise en culture et en pâturages de celles-ci (comme sur les terres voisines des abbayes).

La seigneurie d’Emblise

Les premiers seigneurs d’Emblise furent probablement des châtelains au service du comte de Hainaut. Mais l’endroit fut à un certain moment érigé en fief héréditaire.

Il est peu probable que les seigneurs d’Emblise, par ailleurs propriétaires de domaines plus importants, aient résidé ici, et donc que la résidence fortifiée n’ait pas été entretenue. On peut imaginer, sans preuve, que ce domaine fut mis en valeur sur le plan agricole par des intendants locaux aidés de familles libres et serviles implantées localement.

La possession de la Terre d’Emblise eut une importance symbolique, car elle fut directement érigée en principauté au XVème siècle et que ses possesseurs ne dédaignaient pas de rappeler leur titre de « Prince d’Emblise » à côté d’autres plus éclatants.

La première famille propriétaire du domaine fut celle de Chiny.

Maison de Chiny

On ne sait pas quelles sont les circonstances qui ont fait entrer le village d’Emblise dans cette famille, qui possédait le comté de Chiny, comté lotharingien et donc impérial se trouvant dans la Gaume actuelle.

On sait qu’en 1084 le comte Arnould Ier de Chiny tenta de capturer la comtesse Richilde de Hainaut. Celle-ci, de retour d’un pèlerinage à Rome, se reposait à Chevigny dans les Ardennes, alleu qu’elle possédait. Elle lui échappa cependant et se réfugia à l’abbaye toute proche de Saint-Hubert. (Je n’en connais pas les motifs. Acte de banditisme féodal ? Recherche de rançon ?). Les Chiny étaient-ils déjà implantés à Emblise ou le furent-ils à cette époque assez mouvementée de luttes féodales ?

Pour indication, ses successeurs furent, sans qu’on sache quel fut le premier d’entre eux qui fut seigneur d’Emblise :

  • Otton II de Chiny ( ?-apr1131), qui acheva la construction de l’abbaye d’Orval, fondée par son père
  • Albert I de Chiny ( ?-112), dont une fille, Ide, épousa Gobert V d’Aspremont
  • Louis III de Chiny (1150-1189), mort à la IIIème croisade
  • Louis IV « le Jeune » de Chiny ( ?-1226), mort à la croisade des Albigeois. Il n’eut que des filles, dont l’une Jeanne de Chiny, héritière, épousa Arnould IV de Looz. 

Maison de Looz

Arnould IV de Looz (1210-1273),  qui épousa Jeanne de Chiny (12015-1271) était comte de Looz (par héritage paternel) et comte de Chiny et seigneur d’Emblise (par mariage). Ils eurent plusieurs enfants qui se partagèrent l’héritage. Leur fille Juliane de Looz hérita de la seigneurie d’Emblise.

Maison de Quiévrain

Nicolas de Quiévrain (v1230-v1270/1280), seigneur de Quiévrain et d’autres lieux, épousa Juliane de Looz. Ils eurent deux filles, dont Isabeau de Quiévrain qui hérita des seigneuries de Quiévrain et d’Emblise.

Maison d’Aspremont

Seigneurie située en Lorraine, entre Nancy et Metz. Devinrent seigneurs d’Emblise:

  • Geoffroy III d’Aspremont (v1255-1302) qui a épousé Isabeau de Quiévrain (1260/1268-1335). Il était seigneur d’Aspremont, de Conflans, de Dun, de Busancy, de Sorcy. Par mariage, il devint seigneur de Quiévrain et d’Emblise (peut-être aussi de Thulin ?). Il mourut à la bataille des Eperons d’Or.
  • Gobert VIII d’Aspremont (1302-1325), fils du précédent (la seigneurie de Quiévrain est passée à la sœur d’Isabeau, Mahaut qui a épousé Simon III de Lalaing)
  • Geoffroy IV d’Aspremont (1305-1375), fils du précédent, cité aussi seigneur de Thulin
  • Gobert IX d’Aspremont ( ?-1381/1391), fils du précédent
  • Geoffroy V d’Aspremont (1360-1391), fils du précédent
  • Gobert X d’Aspremont ( ?-1410), fils du précédent – Il reçut le titre de « Prince d’Emblise ». (Je n’ai pas trouvé la raison pour laquelle il obtint ce titre. Service rendu à l’empereur ?)
  • Edouard I d’Aspremont (1410/1415-1473), fils du précédent
  • Gobert XI d’Aspremont (v1450-1495), fils du précédent
  • Jean I d’Aspremont (1474-1522/1524), fils du précédent
  • Jean II d’Aspremont ( ?- ?), fils du précédent, sans descendance. La principauté d’Emblise passa à sa sœur Antoinette d’Aspremont qui épousa: 

Jean d’Anglure (1510-1596), baron de Bourlemont.  Ils n’eurent qu’une fille, Jeanne. Lui ou sa fille vendirent la terre d’Emblise aux Ligne.

Maison de Ligne

Il est probable que ce soit Lamoral Ier de Ligne (1563-1624) qui acheta le domaine, peut-être en 1608. Lui succédèrent comme prince d’Emblise:

  • Florent de Ligne (1588-1622), fils du précédent
  • Albert Henri de Ligne (1615-1641), fils du précédent
  • Claude Lamoral de Ligne (1618-1679), fils du précédent. En 1678, le traité de Nimègues fit passer la prévôté de Valenciennes, dont Emblise dépendait, des Pays-Bas Espagnols au Royaume de France.
  • Henri Louis Ernest de Ligne (1644-1702), fils du précédent
  • Antoine Joseph Ghislain (1682-1750), fils du précédent
  • Claude Lamoral II de Ligne (1685-1766), frère du précédent
  • Charles Joseph Lamoral de Ligne (1735-1814), fils du précédent

En 1790, la Révolution française abolit les droits féodaux. La terre d’Emblise fut rattachée au village de Crespin, lui-même dépouillé de son abbaye.

Rédigé  à partir de sites web, notamment du site Heraldus de Mons (http://home.scarlet.be/heraldus)

Bettrechies

Le territoire

Superficie: 336 ha

Altitude: de 67 à 129m

Situation géographique : sur le plateau de Bavay

Cours d’eau : Le Hogneau (affluent de la Haine) passe au nord et fait la limite avec Gussignies.

 Paysage préhistorique (après la dernière période glaciaire) : la Forêt Charbonnière. Il en persiste quelques zones boisées.

Nature du sol : limoneux, argileux

Nature du sous-sol : grès, schistes (du Dévonien), calcaires (du début du Crétacé)

Préhistoire

Non documentée

Antiquité gallo-romaine

Au lieu-dit « Boutinier » ou « Trente Saules » (entre Meaurain et Bettrechies), ont été ramassés lors de différentes prospections (J. Dufrasnes, CAW) :

  • Des bronzes : deux fragments de plaques représentant un putto (possible pièce décorative d’un coffre)
  • Des fragments de tegulae (tuiles)
  • Des monnaies (allant d’un Rameau D nervien à une monnaie follis Urbs Roma des années 330-335)
  • Deux appliques figurant une tête de Méduse
  • Une poignée
  • Une applique représentant un Silène

Il est donc possible qu’un habitat exista près de ce site. Il est difficile d’en préciser la nature.

Premier Moyen-Age (période franque mérovingienne et carolingienne)

Le territoire appartenait à Sainte Aldegonde, fondatrice et première abbesse de l’abbaye de Maubeuge, à qui elle le donna en 646.

Deuxième Moyen-Age – le village

Première mention: 1144

Toponymie (anciennes orthographes) :

  • Bertrechies, 1144
  • Berchetrine, 1159
  • Betrecies, 1179 (cartulaire de l’église de Cambrai)
  • Bietrechies, 1186
  • Bietrechies, 1320
  • Betterchies, XVème
  • Betersy, Betenchy, XVIIème
  • Betrechies, 1740

Etymologie (hypothèses d’origine du nom) :

Ce nom pourrait venir de Bertricus et de –iacas

  • Berticus serait un personnage antique.
  • La terminaison –iacas (parfois –chies ou –gnies) signifie « lieu, endroit, demeure ».
  • Lieu-dit « résidence de Bertricus » ?

Epoque de son apparition: probablement à la fin du XIème ou au XIIème siècle

Facteurs ayant favorisé son émergence :

voies de communication: le territoire se trouve entre deux chaussées romaines, celle de Bavay à Blicquy/Mer du Nord (sur Bellignies) et celle de Bavay à Tournai/Boulogne (sur Saint-Waast et la Flamengrie).

sources d’eau ou cours d’eau: le Hogneau

source de bois: région boisée

proximité d’un lieu de pouvoir: Bavay et Roisin

Paroisse dédiée à Saint-Martin, dépendante de Bavay (selon J. De Guyse)

Evêché: de Cambrai

Décanat/doyenné: Bavay

Autel (dîmes, entretien de l’église, nomination des officiants) donné à ?

Répartition des pouvoirs pendant la période féodale (jusqu’en 1678)

Autorité supérieure: comté de Hainaut

Autorité sous-jacente (administrative et judiciaire): prévôté de Bavay

Seigneuries et fiefs

L’abbaye Sainte-Aldegonde de Maubeuge garda des biens sur le territoire de Bettrechies.

Mais le village et la majorité de ses habitants furent réunis dans une seigneurie principale qui connut à sa tête plusieurs familles.

La mention d’un premier seigneur à Bettrechies est relativement tardive, soit au milieu du XIIIème siècle. Ou bien les comtes de Hainaut assurèrent tous les droits féodaux jusqu’à ce moment. Ou bien quelques seigneurs antérieurs restent inconnus.

Famille de Roisin

Gilles de Roisin (v1234-1320/1332). Il est le plus ancien seigneur connu. Il est le fils de Baudry VII et frère de Baudry VIII à qui il succéda comme baron de Roisin, seigneur de Blaregnies et de Wargnies, pair de Cambrésis. Ce n’est apparemment pas par mariage qu’il devint seigneur de Bettrechies. Est-ce par achat ou pour des services rendus (lesquels ?) aux comtes de Hainaut ? Lui succédèrent :

  • Baudry IX de Roisin (v1260/1270-v1318), son fils, qui hérita des titres et droits de son père, et qui fut aussi grand bailli de Hainaut. 
  • Baudry X de Roisin (v1298-v1348, Valenciennes), fils du précédent
  • Jean de Roisin (v1320/1323-1378), fils du précédent
  • Marie de Roisin « de Wargnies » (v1340-1402) fut dotée par son père Jean des seigneuries de Wargnies et de Bettrechies qu’elle fit passer par mariage aux de Haynin.

Famille de Haynin  (dont certains membres portent aussi le sobriquet de « brognart » ou « brougnart »)

Jean III « Brognart » de Haynin (v1340-1402) était seigneur de Hainin, d’Amfroipret et d’autres lieux. Par mariage avec Marie de Roisin, il devint aussi seigneur de Bettrechies. Lui succédèrent :

  • Pierre I « Brognart » de Haynin (v1360-1431), fils du précédent, grand bailli du Hainaut et conseiller de Guillaume IV et de Jacqueline de Bavière
  • Colart de Haynin (avt1418-1471), deuxième fils de Pierre (Jean, le fils aîné hérita d’Hainin), aussi conseiller de Philippe le Bon et de Charles le Téméraire. Châtelain d’Ath.
  • Philippe de Haynin (1451-1517), troisième fils de Pierre, prévôt de Valenciennes, conseiller et chambellan de Philippe le Beau, puis de Charles-Quint. Célibataire, il légua ses biens à son neveu François de la lignée aînée.
  • François de Haynin (1464-1537), fils de Jean V. Capitaine au château de Lille.
  • Adrien de Haynin ( ?- ?), son deuxième fils, probablement resté célibataire
  • François de Haynin (1510- ?), le troisième fils
  • Jacques de Haynin ( ?- ?), fils cadet du précédent, apparemment resté célibataire
  • Claude de Haynin (v1540- ?), fils aîné de François
  • Charles de Haynin (1567- ?), fils puiné de Claude
  • Antoine de Haynin ( ?- ?), fils aîné de Charles. Endetté, il fut saisi en 1638.
  • Ferry de Hainin ( ?-1601, mort au siège d’Ostende), frère du précédent, est aussi cité comme seigneur de Bettrechies. Il mourut célibataire.

    D’Adrien de Montigny, fin XVIème siècle

Au-delà de 1601, nous avons perdu la trace des seigneurs de Bettrechies.

On la retrouve au siècle suivant avec Florent Joseph de Lattre (1677-1762), apparemment pas chez ses ascendants. Ce personnage était aussi seigneur de Ressaix (près de Binche) et de Feignies.

Son fils mourut avant lui et les seigneuries allèrent à sa petite-fille, Amélie Josèphe de Lattre (avt 1748-apr1790) qui épousa en 1782 Alexis Joseph de Blois « de Feignies » (avt 1737-1823).

Avec eux se termina l’ancien régime féodal.

  • L’ancien régime dans le royaume de France (1678 à 1792)
  • Etat : le royaume de France
  • Prévôté : Bavay
  • Généralité :  Douai
Répartition des pouvoirs pendant la période contemporaine (à partir de 1792)
  • Etat: France dans ses divers régimes (républiques, monarchie, empire)
  • Département: Nord
  • Arrondissement : Avesnes-sur-Helpe
  • Canton: Aulnoye-Aymeries
Economie

Une grande partie du village est faite de terres labourables. On y cultive des céréales (froment, seigle, orge, avoine) et du houblon.

 Exploitation du sous-sol

On exploita, à Bettrechies et Bellignies, le marbre et la pierre bleue, dès le XIXème siècle. On s’en servit pour les constructions (édifices locaux, éviers, auges et abreuvoirs, baignoires, dalles, cheminées, pendules, …).

Il persiste une carrière à ciel ouvert à la limite avec Bellignies. Elle est exploitée depuis 1970 par la SECAB (Société d’exploitation des carrières de Bellignies). La roche est concassée en granulats, utilisés pour les travaux publics (sable et gravillon mélangé à du bitume pour les routes, ou à du ciment pour le béton).

Autres types d’entreprises

  • Platinerie
  • Four à chaux
Patrimoine

Eglise Saint-Martin, 1847

Fontaine communale, sur la place, 1831

Commonwealth War Graves Commission. Il s’agit d’une partie du cimetière où furent enterrés des soldats anglais et canadiens morts entre le 6 et le 8 novembre 1918 lors de la libération.

 

 

Famars

Situation géographique

Le village de Famars est marqué par sa situation stratégique sur un relief dominant, entre l’Escaut et la Ronelle. Il est implanté sur un plateau situé à environ 80 mètres d’altitude, dominant Valenciennes, distante de 5km, et la vallée de l’Escaut au nord.

Le terrain est argileux et limoneux (près des grandes zones de culture du Cambrésis et des terres d’élevage de la Thiérache).

Le sous-sol du Mont-Houy contient du grès (pierre ayant servi aux monuments).

On y a découvert un site antique couvrant 150 ha.

Préhistoire

Dans l’état de nos connaissances, il ne semble pas avoir eu de présence humaine préhistorique sur le site de Famars.

Haut empire romain

Les fouilles menées jusqu’à ce jour prouvent l’existence d’un habitat romain, dont le début date d’au moins 50 ans avant Jésus-Christ, soit à l’âge du fer.

Le site n’apparait pas sur les cartes d’époque romaine (itinéraire d’Antonin, carte de Peutinger). Il n’est d’ailleurs pas situé sur une des grandes chaussées romaines qui partaient de Bavay. Il est à mi-chemin entre la chaussée Bavay-Tournai-Cassel et la chaussée Bavay-Cambrai. Cependant il leur est relié par des voies secondaires :

  • Vers Bermerain/Hermoniacum sur la voie Cambrai-Bavay
  • Vers Onnaing et Crespin – elle traversait la chaussée vers Escaupont-Tournai-Cassel – puis continuait vers Hensies où elle rejoignait la chaussée Bavay-Blicquy
  • Une autre voie rejoignait Denain en traversant l’Escaut à Trith-Saint-Léger.

Cette situation est donc particulière. Ce qui pourrait s’expliquer par une présence plus ancienne dont on n’a pas retrouvé les vestiges, par exemple celle d’un sanctuaire gaulois d’avant la conquête (comme à Blicquy).

De plus Famars n’est pas documenté dans les écrits antiques. Ce qui contraste avec les découvertes archéologiques qui font de Famars un centre majeur de la cité des Nerviens dans la province de Gaule Belgique.

Une agglomération de type urbain (vicus) s’érigea dès le premier siècle après J.C., sous l’empereur Tibère. On lui appliqua le classique quadrillage de rues, délimitant des parcelles orthogonales. On y construisit des bâtiments publics, qui jouxtaient un habitat privé.

Un sanctuaire y figurait où l’on constate un abandon progressif des dieux gaulois au profit des dieux romains (d’après les statuettes retrouvées, notamment celles de Mars et Vénus). Le culte principal fut dédié au dieu Mars, ce qui aurait donné son nom au lieu : Fanum Martis.

La surface du site occupait un cercle de 900 m de rayon, centré sur l’emplacement de l’église actuelle. Les fouilles ont permis de dégager :

  • Un théâtre
  • Un aqueduc
  • De vastes thermes publics, décorés de riches mosaïques
  • Des vases avec plus de 27.000 pièces de monnaie romaine, les plus récentes datant du IVème siècle (d’Auguste à Constance)
  • De nombreux objets d’usage gallo-romain (fibules, épingles, polissoirs, …)
  • Un cimetière gallo-romain
  • Un quartier d’habitat et d’artisanat dense et structuré
  • Des enduits peints raffinés dans de riches maisons, dont une peinture avec un joueur de cithare (IIème)

    Reconstitution du bourg antique

L’artisanat y était assez intense et le commerce de Famars rayonnait dans tout le nord de la Gaule. On y exploitait des matières du sol et du sous-sol: l’argile et le fer. L’extraction du fer se faisait au nord de l’agglomération. On le réduisait et on le travaillait dans des forges au cœur de l’habitat. On travaillait aussi d’autres matières : le bronze, l’ivoire.

Famars, comme souvent les vicus, était spécialisée dans le travail des matières animales : abattoir, boucherie, fabrication de colle à partir des os, tannerie, laine, …

On y fabriquait de la poterie dans des fours : de la vaisselle courante, des mortiers, …

Une économie commerciale l’accompagnait, basée sur l’échange des produits manufacturés (poterie, laine) et alimentaires.

Bas-Empire

L’insécurité de cette période, à partir de la fin du IIIème siècle, obligea les habitants à se retrancher derrière une enceinte flanquée d’une dizaine de tours. On y construisit un castellum, auquel fut jointe une grande salle souterraine.

D’une localité à l’origine religieuse, qui s’est développée en centre artisanal et commercial, on est alors passé à un bourg essentiellement militaire sur la nouvelle ligne de défense érigée le long de la chaussée vers Cologne. La construction de l’enceinte réduisit la superficie de la ville de 50 ha  à 1.8 ha, soit l’ancien forum. Famars devint le siège d’une préfecture des Lètes Nerviens de la Belgique Seconde. Les Lètes étaient des anciens prisonniers germains, essentiellement Francs, à qui l’administration romaine offrait des terres en échange d’une participation à la défense de l’empire.

Au même moment, Bavay (Bagacum) perdait sa fonction de chef lieu de la Cité des Nerviens au profit de Cambrai (Camaracum).

Haut Moyen Age

On ne semble pas connaître le sort de la ville pendant les grandes invasions de 406/407 (Vandales, Suèves, Alains), mais celles-ci n’apportèrent pas un réel déclin, car avec les Francs dès le Vème siècle, Famars connut une période prestigieuse à l’époque mérovingienne. Chef-lieu du Pagus Fanomartensis (ancêtre du comté de Hainaut), il avait vocation de centre militaire, religieux et commercial.  L’Evêque St Géry de Cambrai, au VIème siècle, y fit bâtir une résidence fortifiée.

Puis le château perdit de son importance sous les Carolingiens (de l’an 750 à l’an 1000). Simultanément, Valenciennes, mieux située sur l’Escaut, joua un rôle résidentiel (fisc royal) et commercial (portus) qui supplanta Famars. Les fortifications furent démantelées au IXème-Xème siècle.

Période féodale

Famars devint le siège d’une seigneurie dépendant directement du comté de Hainaut et de la prévôté de Valenciennes. Nous n’avons pas trouvé la liste des seigneurs du domaine.

La paroisse dépendait du doyenné de Valenciennes et du diocèse de Cambrai.

Vers 1050, Baudouin V, comte de Flandres et de Hainaut, acheta au seigneur de Famars la moitié du village d’Artres, et d’autres biens sur Valenciennes.

En 1308, les terres et le château appartenaient à Jean de Monchaux.

Sont aussi mentionnés comme seigneurs de Famars:

  • Arnould de Bassecourt (?-?), écuyer, prévôt de Valenciennes
  • la famille Le Changeur de Lamelin, dont Philippotte de Lamlin, dame de Famars, qui épousa:
  • Jacques de Liévin/Levin ( ?-1562, Landrecies), fils d’Henri de Liévin. Chevalier. Officier de Charles Quint, puis de Philippe II. Gouverneur de Cambrai, puis gouverneur et prévôt de Landrecies. Seigneur de Famars par mariage
  • Charles de Liévin/Levin ( ?-1592), leur fils. Cité comme seigneur de Famars. Gouverneur de Heusden. Il se mit du côté des Calvinistes et servit dans l’armée des Provinces Unies de Guillaume d’Orange. Il épousa Catherine de Hinekart, dont:
  • Philippe de Liévin ( ?- ?), fils du précédent. Seigneur de Famars. Gouverneur de Heusden.  Colonel d’un régiment d’infanterie wallonne. Il épousa Louise de Marnix, fille de Philippe de Marnix de Sainte-Aldegonde. Il ne semble pas qu’un de ses enfants devint seigneur de Famars, encore qu’ils en portaient le surnom, dont:
    • Guillaume de Liévin « de Famars » ( ?-1659), qui acheta la seigneurie de Mont-Sainte-Aldegonde (Morlanwelz).

Il est possible que la seigneurie de Famars fut confisquée à Charles ou Philippe de Liévin pour leur engagement dans la cause protestante. Il est possible aussi qu’ils l’aient vendue.

  • On retrouve cette seigneurie au XVIIème siècle dans la famille Le Hardy (magistrats) avec:
    • Antoine Le Hardy (1618-v1680). Fils de Nicolas le Hardy, bourgeois de Valenciennes, seigneur de Rengis, qui ne semble pas avoir été seigneur de Famars. Chevalier. Cité comme seigneur de Famars, probablement par achat. Conseiller de la ville de Valenciennes. Il épousa sa cousine Marie Hardy, dame d’Aulnoy – plusieurs enfants, dont :
    • Charles Albert Le Hardy (v1661-1745, Valenciennes). Il est possible qu’il fut le fils de Jacques Le Hardy, lui-même fils d’Antoine Le Hardy. Ecuyer. Seigneur de Famars, … Prévôt de Valenciennes. Il épousa Marie Anne Françoise de Valicourt. Nombreux enfants, dont :
    • Alexandre Valentin Le Hardy (v1701-1745/1759). Ecuyer. Seigneur de Famars. Il épousa Marie Françoise Le Duc, dont:
    • Charles Alexandre François Le Hardy (1733, Valenciennes – apr1759 ). Ecuyer. Seigneur de Famars. Il épousa Marie-Thérèse Le Boucq dont il eut deux filles. 
    • La trace de la seigneurie disparait pour les dernières décennies de l’Ancien Régime
Evénements importants

En 1340, au début de la Guerre de Cent Ans, le château brûla, il fut reconstruit.

Charles-Quint y passa en 1552 et 1553, alors qu’il guerroyait contre Henri II de France.

Le château fut de nouveau brûlé, puis réédifié en 1662 (on le voit entouré du village, en gravure dans un album de Croÿ issu de cette époque).

En 1677, Louis XIV établit son camp sur les hauteurs du mont Houy avant d’assiéger Valenciennes.

En 1678, par le Traité de Nimègue, Famars (et toute la prévôté de Valenciennes) fut incorporé dans le royaume de France.

Période contemporaine

En octobre 1792, l’armée du nord, commandée par le Maréchal Luckner, campa sur les hauteurs de Famars face aux autrichiens, avant d’envahir les Pays-Bas autrichiens (future Belgique). La Fayette et Dumouriez vinrent y visiter l’armée.

En 1918, le château, reconstruit en 1662, fut détruit par un bombardement.

La famille Harpignies, propriétaire, édifia avant la deuxième guerre mondiale le château actuel mais ne l’acheva pas.

Economie

Une sucrerie (XIXème)

Patrimoine

Eglise Notre-Dame de l’Assomption. Aménagée à partir de la chapelle des châtelains de Famars. Elle existait en 1657. Lors de la révolution elle fut vendue comme bien public, puis rachetée par la municipalité en 1825.  Elle fut presque totalement détruite en octobre 1918 par des bombardements.  Elle fut ensuite reconstruite entre 1926 et 1929.

Références

http://bsa.biblio.univ-lille3.fr/blog/2013/06/site-antique-famars/  – rapport des fouilles de 2009 et 2011-2014

http://hanwide.unblog.fr/2012/06/06/castellum-chateau-manoir/ 

Bellignies

Le territoire

Superficie: 512 ha

Altitude: de 72 à 136 m (120-130 m au centre du village)

Situation géographique : Bellignies est un village situé sur le plateau de Bavay (ou des Hauts-Pays).

Cours d’eau : le Hogneau (appelé Grande Honnelle sur son parcours belge) et son affluent, le ruisseau d’Eugnies

Paysage préhistorique (après la dernière période glaciaire) : boisé (il reste quelques vestiges de la Forêt Charbonnière ancienne: bois d’Ugnies, d’Encade, Petit Bois).

Nature du sol : limoneux

Nature du sous-sol : Pierres calcaires (déposées au début du crétacé de l’ère secondaire), roches ferrugineuses

Préhistoire

Peu documentée.

Ages du fer :

On a signalé sur le territoire de Bellignies des monuments gaulois (pas de précision – source : Wikipedia). Ce qui est peu probable pour un peuple qui n’en avait pas au sens strict du terme. On attribue cependant à une pierre du jardin du château de Bellignies (« Pierre Croûte ») la fonction d’autel où l’on sacrifiait au dieu Bel ou Belinus (Père Lambiez, M. Bottin), pierre située autrefois à la limite du territoire d’Houdain. On aurait déterré des ossements et des cornes au pied de cette pierre (voir section Patrimoine).

Antiquité gallo-romaine

Bellignies est traversé par la chaussée romaine Bavay-Blicquy-Mer du Nord

Il semble qu’on n’y ait pas trouvé de vestiges d’habitat ou de nécropole, mais dès l’Antiquité, on y avait découvert la richesse en pierres du sous-sol. Celles-ci furent extraites dans des mines souterraines (appelées “trous de sarrasins” quand elles furent découvertes plus tard). Ces pierres servirent entre autres à construire les bâtiments de la ville antique de Bavay.

Premier Moyen-Age (période franque mérovingienne et carolingienne)

Non documenté

Deuxième Moyen-Age – le village

Première mention: 1101

Toponymie (anciennes orthographes) :

  • Belines, 1101
  • Belegnies, 1186
  • Belines, 1201
  • Bellenguien, 1233
  • Bielignies, 1323

Etymologie (hypothèses d’origine du nom) :

Ce qui serait une forme romanisée de Bellingen.

Les villages dont les noms se terminent en –gnies/ies peuvent avoir une origine antique (gallo-romaine ou même gauloise), même si le nom ne concernait qu’un lieu-dit (éventuellement habité) et non pas un village (qui n’existe ici sans doute que depuis le XI ou XIIème siècle).

Bel = évoque le dieu gaulois Bel ou le dieu romain Belenus (Apollon). Ce qui fait références aux légendes qui circulaient à propos des origines de Bavay (voir le chapitre consacré à cette ville).

Si la fondation du village date du Moyen-Age, elle s’effectua en un lieu-dit qui avait conservé ce nom antique.

Epoque de son apparition: sans doute au XIème siècle, peut-être un peu avant.

Facteurs ayant favorisé son émergence :

voies de communication: la chaussée romaine Bavay-Blicquy-Mer du Nord

sources d’eau ou cours d’eau: le Hogneau (affluent de la Haine)

source de bois: région boisée

proximité d’un lieu de pouvoir: Bavay

Paroisse dédiée à Saint-Barthélémy. Elle fut à l’origine une dépendance de celle de Gussignies. En 1454, Jacques de Harchies, seigneur du village, l’érigea en paroisse autonome.

Evêché: de Cambrai

Décanat/doyenné: Bavay

Autel (dîmes, entretien de l’église, nomination des officiants) donné à ???

Répartition des pouvoirs pendant la période féodale

Autorité supérieure: comté de Hainaut jusqu’en 1678, puis Généralité de Valenciennes (ou de Douai).

Autorité sous-jacente (administrative et judiciaire): Bavay fut le siège d’une prévôté qui persista jusqu’à la Révolution

Seigneuries et fiefs

On mentionne deux seigneuries:

  • La seigneurie principale (infra)
  • Un fief ayant appartenu à l’abbaye de Lobbes

La seigneurie principale

Elle comprenait le  village à clocher, une résidence fortifiée, des terres labourables, des prairies et des bois.

Il semblerait que cette seigneurie fut longtemps administrée par les vicomtes-prévôts de Bavay au nom des comtes de Hainaut.

Un Antoine II d’Yve de Bavay (v1327-1422) est ainsi cité comme seigneur de Bellignies.

Par la suite, la seigneurie passa dans les mains de la famille de Harchies.

Il existe quelques imprécisions quant à savoir qui est l’acquéreur et comment. Par achat ou don du prince pour bons services ?

Il semble que le premier seigneur cité fut Jacques I Mouton « de Harchies » (v1375- ?) qui acheta Harchies en 1410 ou 1440 à la famille de Strépy-Harchies. Il pourrait aussi avoir acheté à la même époque Bellignies. Il fut bailli des bois du comté de Hainaut et gouverneur de Mariembourg. Son fils Jean hérita de Harchies.

Le second, Jacques II de Harchies (1400-1469) lui succéda à Bellignies. Il fut chambellan de Philippe le Bon et prévôt de Maubeuge. Il n’est pas impossible que ce soit lui le premier seigneur de Bellignies. Lui succédèrent :

  • Jacques III de Harchies ( ?-1476), fils du précédent, aussi au service de Philippe le Bon. Il n’eut pas de postérité.
  • Gilles de Harchies ( ?-apr1456), frère du précédent, grand bailli des bois du Hainaut, gouverneur de Beaumont et prévôt de Valenciennes
  • Gérard I de Harchies (v1485- ?), fils du précédent
  • Jean de Harchies (v1525-avt1571), fils du précédent, prévôt de Valenciennes, pas de postérité
  • Sa sœur Gilette de Harchies ( ?-1558) hérita de lui.

Maison de Chasteler (ou Chasteleer)

Jean du Chasteler ( ?-1568) devint seigneur de Bellignies par son mariage avec Gilette de Harchies. Il était aussi seigneur de Moulbaix (par son père) et vicomte/prévôt de Bavay (par sa mère Jeanne de Proissy). Lui succédèrent :

  • Gabriel de Chasteler ( ?-1619, Moulbaix), fils du précédent, grand bailli du Hainaut,
  • Jean IV du Chasteler (v1580-1624), fils du précédent
  • Gabriel Jean du Chasteler ( ?-1652), fils du précédent
  • Il n’eut qu’une fille Bonne Jeanne Françoise du Chasteler ( ?-1706), héritière de Bellignies, qui, malgré deux mariages, n’eut pas d’enfant.
  • Elle légua ses biens à son neveu François Gabriel du Chasteler (1690-1757). Celui-ci n’eut pas d’enfant non plus.
D’Adrien de Montigny (fin XVIème siècle)

En 1678, avec le Traité de Nimègue, toutes les seigneuries de la prévôté de Bavay furent transférées dans le royaume de France.

Maison du Sart

Jean-Baptiste Philibert Antoine du Sart « de Molembaix » (1711/1716, Mons-1766, Bellignies) est cité seigneur de Bellignies en 1742. Nous n’avons pas trouvé de lien entre lui et un membre de la famille du Chasteler. Peut-être a-t-il acheté le domaine, ainsi que celui de Molembaix (près d’Ath).

Son fils Philibert Xavier de Molembaix (1740-1801) lui succéda.

Avec lui s’acheva en 1792 la période féodale. La seigneurie de Bellignies devint une municipalité.

Répartition des pouvoirs pendant la période contemporaine (à partir de 1792)
  • Etat: France et ses divers régimes (républiques, monarchie, empire)
  • Département: Nord
  • Arrondissement : Avesnes-sur-Helpe
  • Canton: Aulnoye-Aymeries

Le petit village voisin de Bréaugies fut rattaché en 1825, comme hameau, à la municipalité de Bellignies. Le 27 août 1914, on y déplora un accrochage entre soldats britanniques et allemands.

Economie

Deux activités principales semblent avoir occupé les villageois.

L’agriculture (céréales, houblon, pommes de terre) se pratiquait sur un plateau limoneux. On mentionne des activités annexes :

  • Un moulin à grains, sur l’Hogneau, probable moulin banal
  • Une brasserie, début du XXème, qui fut ensuite transformée en scierie de marbre.

De nombreuses carrières de pierre bleue et de marbre ont ici été exploitées dès l’antiquité, notamment pour la construction des bâtiments de Bavay (« trous de Sarrasins ») sur la rive droite du Hogneau (en partie aussi sur Houdain-lez-Bavay et Hon-Hergies). Elles sont mentionnées par Jacques de Guyse, historien du XIVème siècle. Ces galeries souterraines auraient parfois servi de refuge aux habitants en temps de conflit. Des fragments de poteries y ont été trouvés, ainsi que des niches dans les parois.

Une partie fut détruite en 1954 par une carrière de pierre bleue.

L’industrie du marbre s’y est particulièrement bien développée au XIX-XXème siècle, avec ses scieries et une production renommée de cheminées et de pendules entre autres.

Actuellement, la SECAB continue d’exploiter le site.

La roche est aussi transformée en sable et gravillon, qui peut être mélangé à du bitume pour les routes ou à du ciment pour faire du béton.

Au-dessus de la couche de calcaire, se trouve une couche de pierre ferrugineuse d’un mètre d’épaisseur, exploitée au XIXème en forge (1833-1880).

Voies de communication

L’ancienne chaussée romaine resta l’axe principal routier, le long duquel s’étala le village. Bellignies fut relié aux villages voisins par des chemins, mais aucun autre axe routier important ne fut aménagé par la suite.

Bellignies, pour ses carrières, fut desservi par le chemin de fer. Une ligne qui prenait son départ à Mons, passait par Dour (pour les charbonnages du Borinage) et fut prolongée vers Roisin, puis vers Bavay en 1882, où elle rejoignait la ligne Maubeuge-Valenciennes. Elle fut inaugurée en 1886. Le trafic fut interrompu de 1914 à 1918. En 1939, pour se protéger de l’invasion, le gouvernement français ferma le tronçon français,  fit démonter les rails. La ligne ne fut pas rétablie après la Seconde Guerre Mondiale. Du côté belge, elle fonctionna jusqu’en 1961.

Patrimoine

Eglise Saint-Barthélemy. L’ancienne église du XVIème a été démolie en 1849. Son portail a été sauvegardé et placé au calvaire du cimetière. Le bâtiment actuel est de 1847-1855 (idem pour le Presbytère voisin).

Château seigneurial

Du château existent encore une tour, appelée Tour de Bel, du XIIIème siècle siècle et un corps de logis du XVIIIème siècle.

Ce château fut acheté vers 1888 par la princesse de Croÿ, veuve de Alfred-Emmanuel de Croÿ, prince de Croÿ et de Solre, duc d’Havré. Sa fille, Marie de Croÿ (1875- ?) en hérita en 1912. Elle s’engagea dans la résistance pendant la première guerre mondiale. Elle fut arrêtée et déportée en Allemagne, dont elle revint en 1918. Elle « récidiva » en 1940 et fut de nouveau arrêtée. Elle mourut célibataire en 1968. Sa fille, Yolande de Croÿ (1924-2001), continua à vivre  à Bellignies.

La “Pierre Croûte”. Elle fut installée dans le parc du château en 1810. Selon une première source, elle proviendrait d’un lieu-dit « Trou des Sarrazins » (galeries souterraines d’origine romaine) entre Houdain et Bellignies. Là-bas elle aurait servi d’autel lors de cérémonies en hommage au dieu Bel. Une autre source la localise au Pré Belem (entre Roisin et Maurain). (Notes personnelles de Mr Erik Lecomte).

Ce monument est donc entouré de légendes, dont celles qui donnent à la ville antique de Bavay des origines lointaines liées à des cultes au dieu Bel. On sait aujourd’hui qu’une telle civilisation n’a existé que dans l’imagination fertile d’anciens historiens (dont Jacques de Guise au XIIIème siècle) et que, malgré des fouilles archéologiques poussées, il n’a jamais été trouvé de témoignages plus anciens que ceux de la ville gallo-romaine.

Autel celtique du dernier millénaire avant J.C. et même des derniers siècles? Mégalithe néolithique d’il y a 5000 à 4000 ans? Il est en pierre calcaire du début du crétacé (comme le sont celles de la région) et a l’aspect d’une croûte de pain, d’où son appellation. Il comporte à sa surface des petites cupules creusées par la main de l’homme. Tout au plus pourrions-nous penser qu’il s’agissait d’un menhir (sur sa forme) qui aurait pu servir plus tard de lieu de culte druidique ou païen médiéval (sans aucune preuve pour pouvoir trancher).

Musée du marbre et de la pierre bleuesitué dans une ancienne scierie de marbre. collection de cheminées, pendules, sculptures, …

http://villesetvillagesdelavesnois.org/musees/museebellignies/museemarbrebellignies.htm

Références

http://villesetvillagesdelavesnois.org/bellignies/bellignies.html

 

Crespin

Le territoire

Superficie:  994 ha (dont 80 pour le hameau de Saint-Aybert qui devint une municipalité autonome en 1837).

Altitude: Entre le nord et le sud du village, on passe de l’altitude 16m à 32m (25m près de la mairie).

Situation géographique : Ce village est situé dans le fond de la vallée de la Haine à proximité du confluent de celle-ci avec l’Escaut

Cours d’eau : Le village actuel est bordé à l’est par la rivière Aunelle, qui fait la frontière actuelle avec Quiévrain et la Belgique. Ce cours d’eau se jette dans la Honnelle (entre Quiévrain et Hensies) qui reprend son nom français de Hogneau. Celui-ci se dirige vers le nord-ouest, traverse le village de Thivencelle avant de se jeter dans la Haine peu avant le confluent de celle-ci avec l’Escaut à Condé.

Dans le Hogniau, se déversent quelques  ruisseaux dont le Quinquerniau, fossé de dessèchement creusé par les moines autrefois, alimenté par les sources du Campos, dont la fontaine de St Landelin. Ces cours d’eau par leurs débordements pouvaient occasionner des désastres.

Paysage préhistorique (après la dernière période glaciaire) : marécageux et boisé. A l’origine du village, une zone de marécages recouvrait en partie le village, flanquée de bosquets. En dehors de ces zones, les prairies humides abondaient. A l’ouest du village se trouvait la forêt d’Emblise, encore très touffue jusqu’au VIIème siècle.

Nature du sol : Le sol est fait d’alluvions fertiles (sable, argile, limon, glaise) et de graviers (entre Crespin et Blanc Misseron)

Nature du sous-sol : grès, houille

Préhistoire

A notre connaissance, on n’aurait pas de découvert de vestige datant de la préhistoire ni de la protohistoire sur ou sous le sol de Crespin.

Antiquité gallo-romaine

Le territoire de Crespin se trouvait entre deux chaussées romaines, celle de Bavay-Blicquy qui passait par Hensies (à l’est) et celle de Bavay-Tournai-Cassel-Boulogne qui franchissait l’Escaut à Escaupont. Un diverticulum rejoignait ces deux voies. Il franchissait le Hogneau entre Crespin et Hensies, puis s’enfonçait ensuite à travers la forêt d’Emblise, pour rejoindre l’autre chaussée, en passant par Famars.

Je n’ai pas notion d’un habitat gallo-romain à Crespin, mais en 1836, un cultivateur dégagea un vase romain contenant environ 300 pièces d’argent à l’effigie de Gordien et Philippe (IIIème siècle), trésor sans doute enfoui pour échapper aux envahisseurs francs au milieu du siècle et ensuite oublié parce que le propriétaire y perdit probablement la vie.

Hormis cette découverte, il n’y a pas de vestige qui permette de penser à une forme d’habitat romain sur les terres de Crespin et d’Emblise.

Ce qui est assez étonnant, au vu des découvertes dans les villages belges voisins.

Premier Moyen-Age (période franque mérovingienne et carolingienne) – fondation de l’abbaye

Elle est le fait de Saint Landelin. Ce dernier naquit vers 613 dans une famille noble de Vaulx-en-Artois.  Il fut baptisé à 10 ans. Son parrain fut St Aubert, qui assura son éducation et son instruction. St Aubert fut d’abord évêque auxiliaire de Cambrai et à ce titre chargé de l’école épiscopale, où l’on envoya Landelin pour parfaire son enseignement.

En 630, Landelin quitta le monastère pour se lancer dans une vie de plaisirs, de débauche et même de brigandage avec une compagnie de voleurs. Se faisant appeler « Maurose », élu chef de la bande, il exerça ses activités criminelles dans la région de Lobbes, où il enleva même la femme d’un noble.  Aubert ne cessait de prier pour le salut de son âme et Dieu l’exauça. Landelin revint à une vie de pénitence et se retira dans un monastère quelques temps. Il fit un premier voyage à Rome où il se prosterna devant le pape Martin Ier.

Entretemps, Aubert était devenu évêque de Cambrai en 633. Il conféra le diaconat à Landelin, qui entreprit un deuxième voyage à Rome en 634 où il devint prêtre, puis un troisième voyage avec ses compagnons Adelin et Domitien. Cette fois le pape Martin Ier lui confia la mission d’aller prêcher l’évangile dans la Gaule Belgique et lui remit des reliques pour y fonder un monastère.

Landelin alla fonder un oratoire vers 635 à Lobbes, qui devint ensuite un monastère. Il se donna un successeur en 637 et alla fonder une seconde abbaye à proximité à Aulne. Les deux abbayes suivirent la Règle bénédictine.

Le roi de France Dagobert lui donna alors des terres à Wallers et Baives (Avesnois) pour y construire une troisième abbaye, qu’il dédia à St Pierre. 

Puis Landelin se retira dans la forêt d’Emblise (qui couvrait alors la plus grande partie du village actuel). Il s’installa au bord de l’Hon (Hogneau). Il défricha les lieux pour y ériger un quatrième monastère, malgré l’opposition du seigneur du lieu. Ce dernier tomba gravement malade. Implorant Landelin, il fut guéri par les prières de celui-ci. Reconnaissant, il fit don au moine de la moitié de son domaine d’Emblise. Landelin y érigea un oratoire dédié à Notre-Dame, où il baptisa le seigneur du lieu.

L’autre partie de la forêt d’Emblise entra par la suite dans des seigneuries successives et devint une principauté (voir ce chapitre).

Landelin se mit à prêcher, faire des miracles et attira disciples et foules à convertir. Vers 646, il fit construire d’autres huttes pour ses adhérents et un autre oratoire dédié à St Martin.

Pour avoir de l’eau, Landelin frappa la terre de son bourdon. Il en sortit une source abondante en « ondées crépelues » qui donnèrent leur nom à ce domaine : Crispina (Crespin). On construisit un bassin à proximité en maçonnerie. Il va sans dire que l’eau de cette fontaine permit de guérir de nombreux maux, surtout ceux des yeux. Un jeune aveugle par mégarde s’y noya, mais l’intervention du saint permit de le sauver.

Cet endroit, appelé « campos » était trop marécageux. Landelin remonta la forêt sur un mille pour y construire une église que St Aubert vint consacrer en 673 en l’honneur de St Pierre. C’est ici que naquit réellement l’abbaye de Crespin à l’endroit où l’eau de la fontaine (via le ruisseau du Quinquerniau) se jette dans l’Hogneau.

Pour propager l’évangile, Landelin envoya son compagnon Domitien au lieu-dit Scopignies (actuel St Aybert), au bord de la Haine, ainsi que son autre compagnon Adelin au lieu-dit Scoville (actuelle ferme « Chapelle entre-deux-Haines »). Il est dit aussi que Domitien fonda un petit couvent pour nonnes sur l’actuel territoire de Montroeul-sur-Haine (Monasteriolum) où l’abbaye possédait quelques terres.

Quant à lui, Landelin se retira dans un petit ermitage où il s’éteignit en 686. Il fut enterré dans l’église St Pierre. Saint Adelin lui succéda comme abbé. Sur sa tombe, de nombreux miracles survinrent.

Deuxième Moyen-Age – le village

Première mention: 870

Toponymie (anciennes orthographes) : 

  • Crispino (870)
  • Crispin (960)
  • Crispinum 1220)
  • Crispinio (1260)
  • Crespin (1323)

Etymologie (hypothèses d’origine du nom) : expliquée plus haut (ondes crépues)

Epoque de son apparition: Une abbaye est apparue au VIIème siècle et une agglomération de paysans s’est organisée autour, surtout à partir du XIème siècle.

Facteurs ayant favorisé son émergence :

voies de communication: un diverticulum reliant les deux chaussées romaines (supra)

sources d’eau ou cours d’eau: sources, ruisseau du Quinquerniau, le Hogneau

source de bois: bosquets et forêt proche (faisant partie de la Forêt Charbonnière)

proximité d’un lieu de pouvoir: abbaye

Paroisse dédiée à Saint-Pierre-et-Paul, puis dès 1802 à Saint-Martin

Evêché: de Cambrai 

Décanat/doyenné:  Bavay

Autel (dîmes, entretien de l’église, nomination des officiants) donné à l’abbaye de Crespin

Répartition des pouvoirs pendant la période féodale

Autorité supérieure: comté de Hainaut

Autorité sous-jacente (administrative et judiciaire): prévôté de Valenciennes

Seigneuries 

Les droits féodaux sur les habitants du village furent exercés par l’abbé du monastère. 

Sur l’actuel territoire de Crespin, il y avait une deuxième seigneurie, celle d’Emblise (ou d’Amblise) dont il est question dans un autre chapitre.

IXème siècle

Il est probable que l’abbaye fut saccagée par les Vikings et que les moines en furent chassés dès 881.

XIème siècle

Les moines ne seraient revenus que vers 1080, à l’initiative de Gérard II, évêque de Cambrai, de la comtesse Richilde et de son fils Baudouin II. C’est à ce moment que l’abbaye fut appelée St Landelin.

Rénier, moine de l’abbaye d’Hasnon, fut nommé abbé. L’église abbatiale fut dédiée à St Pierre et Paul.

C’est à cette époque qu’apparut St Aybert qui fonda également un petit monastère entre l’actuel village de Saint-Aybert et le hameau de la Neuville à Hensies.

XIIème siècle

L’abbé Algot (1132-1159) obtint différentes confirmations pour la possession des biens acquis sous la prélature de ses prédécesseurs, Hugues, Gauthier et Thierry, notamment des biens à Quiévrain, Ath, Angre, Audregnies, … sous forme de terres, de bois, de fermes.

L’abbé, propriétaire du domaine de Crespin, et donc du petit village qui se constitua autour de l’abbaye, avait les droits de seigneurie.

L’abbaye fut fortifiée au Moyen Age, sans doute dès le retour des moines au XIème siècle. L’histoire du village est donc celle de l’abbaye.

XVème siècle

Dès 1433, Crespin, comme tout le Hainaut, fut incorporé dans le vaste territoire des ducs de Bourgogne et son sort devint désormais celui des Pays-Bas Bourguignons, puis Autrichiens et Espagnols.

XVIème siècle

En août 1566, pendant les guerres religieuses, les Gueux (Huguenots calvinistes) mirent le village et l’abbaye à sac et à feu.

D’Adrien de Montigny

XVIIème siècle

En 1678, lors du Traité de Nimègue, les villages dépendant de la prévôté de Valenciennes passèrent des Pays-Bas Espagnols au Royaume de France. La frontière se situait sur l’Aunelle et le Hogneau.

XVIIIème siècle

L’abbaye fut dissoute en 1790 par les Révolutionnaires. Les moines dans un premier temps de réfugièrent chez les habitants, avant de fuir à Mons, puis à Dusseldorf en Allemagne.

Les biens de l’abbaye furent vendus à Isidore Luton, bourgeois de Valenciennes, en 1794, qui les revendit lui-même à un parisien, Marc Delannoy, en 1797.

L’église fut démolie, hormis quelques piliers qui servirent de support à un hangar à chariots pour la sucrerie de M. Delannoy.

En 1802, le dernier abbé Dom Aybert Pildoren revint à Crespin où il inaugura l’église paroissiale, qui fut alors dédiée à Saint Martin. Un autre moine, Dom Louis Sellier, ramena les biens précieux que les moines avaient eu le temps d’emporter, dont les reliques de Landelin.

Répartition des pouvoirs pendant la période contemporaine (à partir de 1792)
  • Etat: Divers régimes (républiques, empires, monarchie)
  • Département: Nord
  • Arrondissement: Valenciennes
  • Canton: Marly
Economie

Le sol était fertile et dans les zones non marécageuses, les villageois pratiquèrent de tout temps l’agriculture (céréales, chicorée, betteraves, plantes médicinales) et l’élevage.

Des entreprises en dépendaient. Sont connues pour le XIXème siècle :

  • Deux brasseries (Brunel-Estoret, Justin Laurent, Claude Rimaux dans l’ancienne abbaye)
  • Une fabrique de chicorée
  • Deux sucreries

On y trouvait autrefois des moulins :

  • Sur l’Aunelle, près de la frontière actuelle et sur la droite du chemin de Blanc-Misseron à Quiévrain : moulin du Corbeau, dépendant de l’abbaye. Il fut incendié en 1907.
  • Sur l’Hogneau, on en trouvait deux, qui appartinrent successivement à l’abbaye (blason de l’abbé Delfeuille), puis à d’autres familles:
    • à l’entrée du village de Quiévrain, détruit par un incendie en 1894.
    • Le Grand Moulin, dans la commune de Quiévrain ( ?)
  • Sur le Quinquerniau : Le Petit Moulin, dans l’enceinte de l’abbaye. Il fut vendu par la suite successivement à plusieurs familles.

Au XIXème siècle, la métallurgie se développa au hameau de Blanc-Misseron, au sud du village.

“Les ateliers de construction du Nord de la France (ANF)” furent fondés en 1882. C’était une filiale de la société anonyme belge La Métallurgique, crée en 1882. Elle fit partie du Groupe Empain-Jeumont-Schneider, puis devint une filiale du groupe canadien Bombardier en 1989 à un moment où elle risqua la faillite.

Au début et jusqu’en 1945, on y construisait des locomotives à vapeur, ainsi que des wagons, des tramways et des autorails. L’entreprise s’est tournée progressivement vers les Turbotrains (rames à turbines à gaz), les voitures pour les TGV et les métros. 

Dans ce hameau, on trouvait en 1875 quelques maisons. Elles se multiplièrent pour devenir des centaines au XXème siècle.

D’autres entreprises se développèrent :

  • Un laminoir, disparu pour devenir une gobletterie
  • Une usine de produits émaillés
  • Une verrerie
  • Une fabrique de boules bleues

En 1842, le chemin de fer du Nord relia Paris à Bruxelles, via Quiévrain.

Il existait un tramway depuis Valenciennes jusqu’à Quiévrain.

Au nord du village, passe depuis le début des années ‘1970 l’autoroute Bruxelles-Paris.

 Références

Histoire de l’abbaye de Crespin, par l’abbé Delcat.

 

Condé-sur-l’Escaut

Le territoire

Superficie: 184 ha

Altitude: entre 10 et 52 m.

Situation géographique : Situé dans la vallée moyenne de l’Escaut, au bord de celui-ci, Condé se trouve aussi au confluent avec la Haine, à l’extrémité occidentale de la vallée de celle-ci.

Cours d’eau : Escaut et Haine

Paysage préhistorique (après la dernière période glaciaire) : marécageux.

Nature du sol : alluvionnaire, sablonneux

Nature du sous-sol : grès, schiste, houille

Confluent de l’Escaut et de la Haine
Préhistoire

Pas de document, hormis un menhir à Vieux-Condé (« le Gros Caillou ») de l’époque néolithique.

Antiquité gallo-romaine

Sur le territoire habité par les Nerviens, les Romains auraient établi le castrum de Condatum (hypothèse sans preuve) au confluent de la Haine et de l’Escaut. Une chaussée romaine passait l’Escaut à Ponte Scaldis (Escaupont) et une autre traversait la Haine à Hensies. La zone ici était sans doute trop marécageuse pour pouvoir y installer des exploitations agricoles.

Premier Moyen-Age (période franque mérovingienne et carolingienne)

Au VIIème siècle, Wasnon, un moine d’origine irlandaise ou écossaise,  évangélisait le nord de la Gaule. On sait peu de choses de lui, si ce n’est qu’il était accompagné de ses frères ou disciples : Gobain (devenu St Gobain), Algis (devenu  St Algis), Éloque, Boélian et Momble. Il s’arrêta à Condatum vers 633.

À l’époque, le territoire de la cité était un lieu inhabité environné de bois et de marais. Wasnon y bâtit, en haut d’une colline boisée, un petit oratoire, noyau d’un monastère, dédié à Notre-Dame. Il y fut inhumé à sa mort en 677.

Lui attribua-t-on des miracles ? Il fut en tout cas sanctifié et l’objet de vénérations. L’abbaye aurait été richement dotée par les rois mérovingiens (Dagobert II et Sigebert III).

A noter que certaines sources citent St Amand comme fondateur.

Au IXème siècle, Condé, situé sur la rive droite de l’Escaut et la rive nord de la Haine, se trouvait dans le Pagus de Brabant, versé dans la Lotharingie. Un comte de cette époque, Gérard de Roussillon, aurait favorisé l’agrandissement de l’abbaye. Il est dit aussi qu’il aurait construit un château sur le territoire de Condatum à proximité de l’abbaye.

Le nom de Condatum est cité dans le traité de Meersen de 870 qui répartit les territoires de Lotharingie entre le roi de France et celui de Germanie. Sous Charles le Chauve, le Brabant fit partie du royaume de France. Il reviendra un peu plus tard à la Germanie, englobé dans la Lotharingie.

Les Vikings

La situation stratégique de Condé, au confluent avec la Haine, attira les Vikings Danois.

Apparus une première fois en 855, ils s’y établirent provisoirement dans les années 880 dans un camp fortifié à partir duquel ils lançaient leurs raids dévastateurs dans la région, notamment à l’assaut des nombreuses abbayes fondées depuis le VIIème siècle. Remontant l’Escaut sous le commandement de leurs chefs Sigfred et Godfred, ils avaient déjà pillé Courtrai, Tournai et St Amand.

Mais au contraire de ce qui se passa en France, où la résistance fut faible, en Flandre et en Hainaut, ces pillards trouvèrent face à eux des comtes beaucoup plus résolus à se défendre et à vouloir les repousser.  Ce fut le cas du comte de Hainaut, Régnier Ier « au Long Col » qui les combattit. Il fut même fait prisonnier dans un premier temps, puis libéré contre rançon. Les Vikings restèrent à Condé plus ou moins entre 880 et 884. Le comte les en chassa en 885. Insatiables, ils revinrent encore dès l’année suivante pour finalement être expulsés définitivement en 889.

Deuxième Moyen-Age – le village

Première mention: inconnue pour le village lui-même

Toponymie (anciennes orthographes) – Etymologie (hypothèses d’origine du nom) :

  • Condate, en celtique, signifie confluent (de la Haine et de l’Escaut).
  • Devint Condatum en latin.
  • Puis plus tard Condé au XIVème.

Epoque de son apparition: une abbaye fut fondée au VIIème siècle. La première seigneurie apparut au XIème siècle, sans doute près d’une petite communauté villageoise constituée depuis plusieurs siècles, mais dont l’histoire n’est pas connue et qui eut sans doute à souffrir des raids vikings.

Facteurs ayant favorisé son émergence :

voies de communication: pas de voie routière importante, mais des voies navigables

sources d’eau ou cours d’eau: Escaut, Haine

source de bois: quelques bosquets

proximité d’un lieu de pouvoir: une, puis deux seigneuries

Paroisse originelle dédiée à Notre-Dame, dont l’église collégiale était celle du Chapitre Notre-Dame, issu de l’abbaye.

Evêché: de Cambrai

Décanat/doyenné: Bavay

Autel (dîmes, entretien de l’église, nomination des officiants) donné à l’abbaye, puis au chapitre de Condé.

Répartition des pouvoirs pendant la période féodale

Autorité supérieure: comté de Hainaut

Autorité sous-jacente (administrative et judiciaire): prévôté de Valenciennes

Seigneuries et fiefs

Régnier Ier en profita pour s’approprier de nombreux territoires dans la région qu’il réunit à son comté de Mons. Le comte de Hainaut devint le protecteur des abbayes et des domaines. Il se faisait représenter par un avoué.

Une résidence castrale fut occupée dès la fin du Xème siècle par des châtelains qui gouvernaient au nom du comte. On ne connait pas ces premiers seigneurs.

Par contre, l’abbaye, ravagée par les Normands, mit du temps à se relever. Il semble que ce fut Brunon, évêque de Cologne et duc de Lotharingie, qui la releva vers 960. A la même époque, l’abbaye fut transformée en chapitre Notre-Dame. Le pouvoir comtal en profita pour s’y implanter comme seigneur laïc (comme à Mons). Plus tard, à cet emplacement on éleva l’église paroissiale Notre-Dame, qui eut le rang de collégiale.

Au XIème siècle, à la suite de conflits entre la Flandre et le Hainaut, et avant que ces deux comtés ne fussent réunis par mariage, la partie occidentale de l’ancien Brabant, après avoir constitué la marche d’Ename, revint en 1049 au comté de Hainaut, sous le comte Herman. Il semble que Condé appartenait à cette entité politique.

Dans cette époque instable, quelques chefs guerriers tentèrent aussi de se ménager des domaines privés. C’est ainsi que l’un d’entre eux, Wédric “le Sor” (le Roux, vers 990-vers 1066) prétendit qu’il descendait d’un des anciens comtes du Brabant, Gérard de Roussillon, qui fut autrefois démis par le roi Charles le Chauve au IXème siècle. Wédric revendiquait donc pour lui tout ce territoire. Il descendait peut-être des seigneurs de Lens (Nord). Son père était comte du Morvois (Aube). Joignant le geste à la parole, il déboula dans la contrée avec des troupes et se mit à s’emparer des plus grosses agglomérations : Condé, Leuze, peut-être Ville (-Pommeroeul).

C’est De Guise, chroniqueur du XIVème siècle, qui nous décrit ces faits  d’armes, les exagérant au passage, puisqu’il prête à Wédric le Sor la prise de Lessines, de Grammont, de Silly et de Chièvres. Pour ces deux dernières seigneuries, il semble que ce fut réel, mais qu’il en fut débouté. Il épousa cependant la fille du seigneur de Chièvres.

Il est possible qu’une partie de ces faits soit à mettre sur le compte de son fils, Wédric « le Barbu » d’Avesnes (v1050-v1106) qui lui succéda.

Face à ces évènements, le comte de Hainaut, qui, époux de la fille du marquis d’Ename, se comportait en prince des lieux, arrêta les méfaits de l’intrépide Wédric qui finit par lui rendre hommage. Cela rapporta toutefois à ce dernier quelques belles cités (Leuze, Condé et Landrecies principalement), mais aussi de nouvelles terres « vierges », propriétés comtales dans le futur Avesnois.

Les descendants directs de Wédric conservèrent Condé. Toujours aussi rebelles, ils eurent souvent maille à partir avec les comtes de Hainaut. Finalement en 1114, le comte de Hainaut divisa Condé en deux seigneuries :

  • La seigneurie dite du « Propriétaire » à Vieux-Condé (? à  confirmer!), donnée à une famille qui prit le nom de Condé (probablement fidèle au comte)
  • Celle dite « du château », attribuée aux Avesnes.

Elles furent réunies bien plus tard en 1531.

La seigneurie du « Propriétaire » (ou de Bailleul)

Maison de Condé

En 1114, le comte Baudouin III divisa le domaine de Condé, que s’étaient approprié les Avesnes (supra), en deux seigneuries. Une famille qui prit le nom de Condé fut installée dans la première.

Héribaud de Condet (v1060-apr.1114) fut le premier seigneur connu de cette seigneurie, cité en 1114. Son ascendance et ses origines paraissent inconnues, mais il est probable que ce personnage était un proche des comtes, placé ici pour réprimer les ambitions des Avesnes. Lui succédèrent :

  • Pierre de Condé (v1090, Condé-apr.1117/v1130), fils du précédent
  • Roger de Condé  (v1120-1171), fils du précédent. Il épousa une fille d’une des familles les plus puissantes de cette époque, celle des Gossuin, châtelains de Mons.
  • (Michel-)Nicolas Ier de Condé (1171-1230, Beloeil), fils de Roger. Il épousa vers 1220 Isabeau de Morialmé-Beloeil, héritière de ces deux seigneuries et de leurs dépendances. Beloeil s’écrivait Bailleul à l’époque. D’où le nom de la seigneurie Condé-Bailleul et du château de Bailleul.
  • Jacques I de Condé-Bailleul (1195/1211-1259), fils du précédent
  • Nicolas II de Condé-Bailleul (1229/1231-1292/1293), fils du précédent
  • Guillaume I de Condé-Bailleul (1262/1275-1302), fils du précédent
  • Jean I de Condé-Bailleul (avt1304-1339, Venise), fils aîné du précédent – pas de postérité
  • Robert de Condé-Bailleul (1300-1359), frère du précédent
  • Jean II de CondéBailleul (1349-1391/1396), fils du précédent – pas de postérité

Tous les domaines (Condé, Beloeil, Morialmé furent hérités par sa tante Jeanne, sœur des deux précédents et épouse de Fastré de Ligne.

Maison de Ligne

  • Fastré III (1280-1337), époux de Jeanne de Condé. Il était le fils de Jean de Ligne et d’Isabelle de Zevengergen. Baron de Ligne.
  • Michel 1er ( ?- 1345), fils aîné de Fastré III
  • Michel II de Ligne  ( ?-v.1387), fils de Michel I. A sa mort en 1387, quelques mois avant celle de son oncle Guillaume I, ses domaines passèrent en partie à celui-ci (Ligne et dépendances) et en partie à sa tante Catherine, chanoinesse à Maubeuge (Condé, Beloeil, Morialmé et dépendances).
  • Catherine de Ligne ( ?-1397), fille de Fastré III, sœur de Michel I et de Guillaume I. Veuve à deux reprises. N’ayant pas d’enfant, elle devint chanoinesse à Maubeuge. En 1387, elle hérita des possessions de son neveu Michel II (Ligne, Condé, Beloeil, Morialmez, Ghlin). Elle les partagea entre ses neveux:
  • À Jean II, fils de son frère Guillaume : Ligne, Beloeil (et dépendances)
  • À son neveu Thierry III de la Hamaide, fils de Jean II : Condé et Morialmez (et leurs dépendances)

Maison de la Hamaide

  • Thierry III de La Hamaide ( ?- ?). Fils cadet de Jean II de la Hamaide et de Jeanne de Ligne. Sa tante Catherine de Ligne le fit héritier de ses terres (Condé, Morialmé) à sa mort en 1397. Il semble qu’il n’ait pas eu de postérité. A sa mort, Condé passa à son neveu Jean IV de la Hamaide.
  • Jehan IV de La Hamaide (1364-1415), neveu du précédent
  • Arnould IV de la Hamaide (1367-1426), frère de Jean IV
  • Arnould V de la Hamaide ( ?- ?), fils du précédent
  • Arnould VI de la Hamaide ( ?-1473/1484), fils du précédent – sans postérité
  • Michel I de la Hamaide ( ?-1485), frère d’Arnould VI – sans postérité. Ses biens furent hérités par sa sœur Isabeau de la Hamaide.

Maison d’Oettingen

Jean d’Oettingen (1457-1515/1519). Originaire de Schwaben en Prusse. Ccomte d’Oettingen. Il épousa en 1498 Isabeau de la Hamaide (1469-1518), sœur d’Arnould et de Michel. Ils eurent comme enfants:

  • Jean, qui continua la lignée comtale d’Oettingen
  • Marie
  • Isabeau/Elisabeth, infra

Maison de Roghendorf

Guillaume de Roggendorf (1481-1541). Déjà seigneur de Condé-Château (infra), par mariage en 1526 avec Elisabeth d’Oetingen ( ?-1518), il réunit tout le territoire de Condé, qu’il légua à son fils Christian de Roggendorf.

Voir plus loin la seigneurie réunie.

La seigneurie « du château de Condé»  fut fondée à l’endroit où les Vikings se retranchèrent entre 882 et 884. C’est là que Wedric le Sor vers 1020 vint installer une fortification qui fut à l’origine du château de Condé (supra).  En 1114, les Avesnes, par décret comtal, durent céder la partie occidentale du territoire à une autre famille décrite plus avant.

Maison d’Avesnes

C’est ainsi aussi que commença la « dynastie des Avesnes ». On pourrait dire qu’elle fut courte.

A Wédric le Sor (v990-v1066) et Wédric le Barbu (v1020-1075), cités plus haut, succéda son fils Thierry I, aussi turbulent que le grand-père et le père. Car il s’attaqua ni plus ni moins au comte Baudouin II de Hainaut, se permettant d’aller saccager Mons et Maubeuge, et leurs monastères en 1093. Il finit assassiné en 1106, ne laissant pas de postérité.

Ce furent les descendants d’Ide (Ade) d’Avesnes (1050-1075), sœur de Thierry, qui reçurent l’héritage (toujours Avesnes, Condé et Landrecies).

Sans doute par répression comtale, Condé en 1114 fut partagé en deux par le comte Baudouin III, les Avesnes conservant le domaine du « Château » au confluent Escaut-Haine. Une autre seigneurie fut attribuée à la famille de Condé (supra).

Ide avait épousé Fastré I d’Oisy (v1050- ?), avoué de Tournai. Théoriquement la seigneurie aurait dû porter le nom de ce dernier, mais les descendants préférèrent prendre le nom d’Avesnes. Les seigneurs suivants furent:

  • Gossuin d’Oisy « le Borgne » ( ?-1120), fils du précédent – sans postérité. Un brigand plus qu’un seigneur protecteur. Il commença à fortifier Avesnes sans l’autorisation du comte.
  • Fastré II d’Oisy (v1070-1127), frère de Gauthier
  • Gauthier I « Pulechel – le Beau » d’Avesnes (1110-1147), fils du précédent. C’est lui qui prit le nom d’Avesnes.
  • Nicolas I d’Avesnes (1129-1171), fils du précédent.
  • Jacques I d’Avesnes « le Beau » (1152-1191), fils du précédent. Encore un rebelle qui se retourna contre son comte Baudouin V en prenant le parti du comte de Flandre. Il fit assassiner l’évêque de Cambrai, seigneur de Fontaine. Le comte lui ravit son château puis le lui rendit sous la pression du roi de France Louis-Philippe. Il participa à la 3ème croisade où il fut tué en 1191. Par son mariage, il avait ajouté Guise à ses possessions (Avesnes, Condé-Château, Leuze, Landrecies).
  • Gauthier II d’Avesnes (v1170-1244), fils du précédent. Avec lui la famille Avesnes monta en importance dans la politique du comté, mais aussi dans le contexte politique de l’époque (guerres entre le roi de France Philippe-Auguste et ceux d’Angleterre (Richard Cœur de Lion et Jean sans Terre). Par mariage, il devint comte de Blois et de Chartres. Il combattit à Bouvines en 1214, côté français. Il participa à la 5ème croisade où il fut fait prisonnier, puis fut libéré. Il n’eut pas d’enfant mâle survivant. Son frère Bouchard eut de gros démêlés dans le comté, avec le roi de France et avec le pape. Son histoire est racontée dans la « généalogie des Avesnes ». Il est cependant à l’origine de la lignée des Avesnes qui furent comtes de Hainaut.
  • Marie d’Avesnes, fille aînée de Gauthier II, mourut en 1241 avant son père. Elle avait épousé vers 1225 Hugues de Châtillon (1196-1248), comte de St-Pol et seigneur de Châtillon-sur-Marne. Jean de Châtillon, l’aîné de leurs enfants héritera de Leuze, Condé-Château et Landrecies.

Maison de Châtillon-St-Pol (1241-1335)

  • Jean I de Châtillon (v1226-1279) était le fils de Hugues V de Châtillon-St-Pol et de Marie d’Avesnes, fille de Gauthier II d’Avesnes, nièce de Bouchard.
  • Ils eurentt une fille, Jeanne de Châtillon (1253/1254-1291) qui épousa Pierre de France, un fils du roi St Louis IX. A sa mort, elle abandonna les terres de Condé et Leuze à son oncle Guy II de Châtillon-St-Pol (apr1226-1289). Ensuite, on trouve :
  • Hugues VI de Châtillon(II)-Blois (1258-1307), fils aîné du précédent, sans enfant.
  • Il donna avant sa mort Leuze et Condé à son frère Jacques I de Châtillon ( ?-1302, Courtrai) qui la transmit à son fils Hugues III de Châtillon (v1270-1329).
  • Ce dernier eut deux filles, dont Jeanne de Châtillon (1320-1371), dame héritière de Leuze et de Condé qui épousa un Bourbon.

La maison de Bourbon-La Marche  (1335-1438)

  • Jeanne de Châtillon  (1320-1371) devint l’épouse de Jacques 1er de Bourbon (1319-1361),  troisième fils de Louis 1er, duc de Bourbon et comte de Clermont. Comte de la Marche et de Ponthieu. Seigneur de Montaigu et par mariage seigneur de Condé, Leuze et Carency. La succession passa successivement à :
  • Pierre de Bourbon ( ?-1361)
  • Jean I de Bourbon ( ?-1393)
  • Jacques II de Bourbon (1370-1438) qui épousa Catherine de Vendôme dont il eut trois filles.
  • Les deux premières étant entrées au couvent, c’est la troisième, Eléonore de Bourbon-La Marche (1412-1464) qui hérita de quelques titres et possessions de son père, dont la seigneurie de Leuze.

Maison d’Armagnac (1438-1504)

  • Eléonore de Bourbon épousa en 1428 Bernard d’Armagnac (1400-1462), entre autres comte d’Armagnac et de Castres, et précepteur du jeune roi Louis XI.
  • Leur fils Jacques d’Armagnac « le pauvre Jacques » (1437-1477) fut leur successeur. Au service du roi de France Louis XI dans un premier temps, il fut impliqué à de nombreuses reprises dans des intrigues et complots, ce qui le conduisit à l’échafaud et à la confiscation de ses biens par Charles le Téméraire, duc de Bourgogne.

Pendant une période confuse, en pleine lutte entre Louis XI et les ducs de Bourgogne, Condé, ville stratégique, passa de seigneur en seigneur :

  • Guy de Brimeu (1433-1477), comte de Meghen.  Officier et diplomate au service de Charles le Téméraire, il fut accusé de trahison après la mort de celui-ci et décapité en 1477 à Gand. En 1478, Louis XI vint camper devant Condé avec son artillerie qui pilonna la ville. Celle-ci fut occupée un mois par les troupes royales, puis incendiée en grande partie.
  • Louis XI donna la ville à Jehan de Daillon, seigneur de Lude.
  • Lorsque les troupes françaises se retirèrent, Condé fut offert par l’archiduc Maximilien d’Autriche, beau-fils de Charles le Téméraire, à  Jacques de Savoie (1478-1487), comte de Romont.
  • A la mort de ce dernier, sa veuve, Marie de Luxembourg-St-Pol (1487-1488) hérita de Condé.
  • Elle se remaria à François de Bourbon, comte de Vendôme.
  • Ce dernier vendit Condé-Château à Philippe de Croÿ, comte de Porcien, qui le possédait déjà à titre viager depuis 1450 environ, par achat à la Maison de Nemours-Armagnac.
  • Mais en 1503, il s’en acquitta en faveur de Louis II de Bourbon-La Marche-Vendôme fils de Marie de Luxembourg
  • Il dut s’en séparer en 1529 au profit de Charles-Quint pour contribuer au payement de la rançon du roi François Ier, son oncle, fait prisonnier à Pavie en 1525 (d’où le nom parfois de « seigneurie gagère »).
  • Pourtant, Condé fut érigé en principauté en 1557 par Henri II au profit de Louis de Bourbon-Vendôme. Le titre de prince de Condé resta dans cette famille jusqu’en 1830 alors qu’ils ne possédaient plus cette terre depuis 1529.

Condé-Château fut alors attribué à Guillaume de Roghendorf (1481-1541), grand écuyer de Charles-Quint. Celui-ci épousa Élisabeth d’Oettingen, dame héritière de la seigneurie voisine de Condé-Bailleul.

La seigneurie unique de Condé

Les deux seigneuries étaient ainsi réunies. Leur fils Christophe de Roggendorf (1510- ?) leur succéda en 1541 et revendit la seigneurie en 1560.

Maison de Lalaing

  • En 1560, Marie de Montmorency ( ?-1570), sœur du comte de Hornes et veuve du comte Charles de Lalaing, acheta la seigneurie de Condé qu’elle légua à son fils Emmanuel Philibert de Lalaing (1547/1557).
  • Celui-ci n’eut qu’une fille, Jeanne de Lalaing (1588-1649) qui épousa en 1608 Jean de Croÿ-Solre.

Maison de Croÿ-Solre

  • Jean de Croÿ (1588-1640), fils de Philippe II, comte de Solre, devient seigneur de Condé par mariage avec Jeanne de Lalaing. Leur succédèrent :
  • Philippe Emmanuel Antoine Ambroise de Croÿ (1611-1670), fils des précédents.
  • Philippe Emmanuel François Ferdinand (1641-1718), fils du précédent

En 1676, Louis XIV assiégea et prit la Ville.En 1678, par le traité de Nimègue, Condé devint définitivement française. Les de Croÿ conservèrent leur seigneurie.

  • Philippe Alexandre Emmanuel de Croÿ (1676-1723), fils du précédent
  • Anne Emmanuel de Croÿ (1718-1784), fils du précédent
  • Anne Emmanuel Ferdinand François (1743-1803), fils du précédent. Il fut fait prince de Croÿ. Avec lui se termina l’Ancien Régime féodal.
La commune

En 1249,  Marguerite, comtesse de Flandre et de Hainaut, affranchit les serfs et serves de l’église Notre-Dame de Condé, des droits de morte-main et de meilleur cartel.

Condé-sur-Escaut, détaché des Pays-Bas Espagnols, fut rattaché à la France de Louis XIV par le traité de Nimègue de 1678.

Evènements et faits marquants sur le sol de la commune dans l’ancien régime

Un grand tournoi eut lieu à Condé en 1326.

En 1339, les flamands révoltés contre leur comte, Louis de Nevers, se fortifièrent à Condé et, de là, inquiétèrent les habitants de Tournai. La ville, très disputée, fut tour à tour prise par les troupes flamandes de Jacques van Artevelde.

En 1477, le roi de France Louis XI, en guerre contre les Bourguignons, essaya en vain de se rendre maître de cette place. A l’instigation des Tournaisiens (alors Français) dont elle gênait les communications, il la fit investir de nouveau l’année suivante et, cette fois, elle succomba. Mais à l’approche de l’archiduc Maximilien, les français l’abandonnèrent après avoir eu soin d’incendier ses principaux édifices.

En 1521, le musicien Josquin des Prés (1450-1521) fut inhumé sous le jubé devant l’autel de Notre-Dame de Condé.

En 1528, à la demande de Charles Quint, furent élevés des boulevards d’artillerie. Boulevards qui n’empêcheront pas en 1580 les huguenots de Tournai de pénétrer en ville pour se livrer au pillage de l’église, allant jusqu’à éparpiller les restes de St Wasnon patron de la cité.

Le 25 aout 1649, le comte d’Harcourt, au service du roi Louis XIV, prit Condé aux Espagnols, toujours défendue par son enceinte médiévale, puis l’abandonna presque aussitôt, craignant de ne pouvoir conserver sa conquête pendant l’hiver. Turenne y fit son entrée en 1655 avec les Français.  Mais le Prince de Condé, au service des Espagnols,  la reprit le 18 août 1656, après avoir fait lever le siège de Valenciennes. Les Espagnols renforcèrent les fortifications en 1660, notamment avec des bastions.

Vingt ans, plus tard, le 6 avril, elle retombait encore au pouvoir de Louis XIV, qui fut maintenu définitivement dans cette possession par le traité de Nimègue de 1678. Vauban renforça et améliora les fortifications. Il fit construite des casernes.

Répartition des pouvoirs pendant la période contemporaine (à partir de 1792)
  • Etat: Divers régimes (républiques, monarchie, empire)
  • Département: Nord
  • Arrondissement : Valenciennes
  • Canton: Marly

En 1792, les troupes françaises du général Dumouriez investirent les Pays-Bas Autrichiens, après leur victoire à Jemappes.

Mais en 1793, les Français furent chassés par les troupes autrichiennes et Condé fut assiégé. La défense de la ville fut assurée par le général Chancel qui avait installé son quartier général au château de Bailleul. Au bout de trois mois, la ville tomba. La collégiale fut détruite. A son emplacement, se trouve l’actuelle Place Verte.

Le général Scherer reprit Condé et les autres villes assiégées en août 1794. A la demande du député du Nord Gossuin, la Convention décida de donner à la ville le nom de « Nord Libre ». En 1809, la municipalité demanda que lui soit rendu son ancien nom, ce qui sera accordé par décret impérial du 8 octobre 1810.

Lors de la retraite napoléonienne en juin 1815, après la défaite de Waterloo, Condé retomba de nouveau aux mains des coalisés. L’occupation dura jusqu’en 1818. Par la suite, une garnison française fut installée dans de nouveaux casernements. Elle s’amenuisa avec le temps. En 1901, Condé perdit son statut de place forte militaire.

Après la première guerre mondiale, en 1923, une partie des fortifications fut démantelée pour faciliter le développement des usines.

En 1882, une voie vicinale (tramways) relia Condé à Valenciennes. Elle fonctionna jusqu’en 1966.

Condé fut occupé par les armées allemandes d’août 1914 à novembre 1918, puis de mai 1940 à septembre 1944. Les Allemands exploitèrent le charbon. La ville fut libérée exactement le 2 septembre 1944 par des troupes américaines.

La période qui suivit fut une période de prospérité.

Economie

Nous sommes mal documentés sur ce sujet, notamment en ce qui concerne l’exploitation du charbon, qui semble s’arrêter en 1989 à la fosse Ledoux.

Fosse Chabaud latour à Condé sur l’Escaut vers 1900
Patrimoine

Eglise Saint Wasnon. Construite entre 1751 et 1755 à l’emplacement de l’ancienne église paroissiale Notre-Dame (du XIIème), elle-même bâtie à l’emplacement du premier oratoire édifié par le moine écossais Wasnon. Le clocher précédent (1608-1621) a été conservé.

Château de Bailleul. Siège de la seigneurie de Bailleul (en fait Beloeil), dite du « Propriétaire ». Bâti en grès. L’actuel édifice est le châtelet d’entrée de l’ancien château construit avant. Il comportait les armoiries de Jean de Hamaide, qui furent enlevées en 1469.

En 1544, Guillaume de Roggendorf avait fait tracer des jardins à la française qui s’étendaient jusqu’aux remparts ; une orangerie avait même été installée et la magnificence du parc contrastait régulièrement avec l’austérité du château.

Sous son aspect actuel, l’hôtel de Bailleul a subi, par rapport à son état originel, un certain nombre de transformations. Le toit a été refait à la Mansard, et les fenêtres à meneaux contrastent de façon anachronique avec les archères-canonnières des tourelles. La présence des armes de Jeanne de Lalaing à l’arrière du bâtiment laisse supposer que ces modifications sont intervenues au début du XVIIe siècle. A l’intérieur existe un escalier monumental construit en 1691 lors de la venue de Louis XIV, ainsi qu’une grande cheminée décorée des armes d’Emmanuel de Croÿ.

Château de l’Hermitage. Construit sous Louis XV par le Maréchal Emmanuel de Croÿ.

Hôtel de ville, du XVIIIème siècle.

Beffroi. L’ancien beffroi, plus élevé que l’actuel, est attesté dès 1410. Il surmontait un corps de garde que le roi décida, en 1788, de rebâtir. La ville reçut alors l’autorisation de reconstruire un beffroi, dont la hauteur fut limitée en raison de l’état des finances communales. La façade du corps de garde, datée de 1789, porte une sorte de cadran solaire.

L’Arsenal – ancien Château de Condé (seigneurie gagère des Avesnes). Ce château a été construit en 1147 puis rasé en 1174 par ordre de Baudouin V, comte de Hainaut, en représailles contre Jacques d’Avesnes. Le même comte de Hainaut l’aurait fait rebâtir en 1184. Il comprenait autrefois huit tours, sans compter le châtelet d’entrée, et un donjon carré appelé “tour de César”. Trois de ces tours et le donjon furent rasés en 1727, pour faire place à un hôpital militaire. Après la conquête française, en 1676, le prince de Croÿ avait en effet vendu le château au roi, qui en avait fait un arsenal. Le bâtiment a conservé ce nom, même s’il a surtout servi de caserne. Le châtelet d’entrée a gardé, côté rue, l’aspect d’origine, mais, côté cour, il a été profondément remanié dès la fin du XVIIe siècle et distribué en logement d’officier. Tour du Bonnet de Dragon, à l’angle nord-est. Elle présente une forme originale à rétreint, d’où son nom. Ses fenêtres grillées témoignent de son ancienne destination de geôle.

Jusqu’au XVIIe siècle, les bateaux pouvaient accéder dans la cour du château par un canal relié à l’Escaut qui y pénétrait jusqu’au pied du donjon en passant sous une arche dont on peut voir la partie supérieur dans la courtine sud.

La cour de l’Arsenal renferme un puits dont l’eau passe pour guérir les maladies d’yeux : il s’agit du puits de Sainte-Renelde, une sainte d’importation. De la même époque mérovingienne que saint Wasnon, Renelde est née à Kontich (Condacum) et non à Condé (Condatum).

Au cours de la dernière guerre, l’autorité allemande fit combler le bras de la Haynette qui passait devant l’Arsenal. L’existence de cette rivière explique la présence depuis toujours d’un moulin à eau à cet emplacement. L’ancien, qui contenait trois meules, était dans un tel état de vétusté qu’Emmanuel de Croÿ le fit reconstruire en 1775. Sa tour était un pigeonnier militaire.

 

 

Bavay

Le territoire

La ville de Bavay est située sur une crête qui court entre les vallées de la Haine et celle de la Sambre. Elle est en pente depuis la côte 156 m jusqu’à la côte 108 m.

Cette pente court vers le sud pour rejoindre la Rivière de Bavay. Celle-ci qui prend sa source à Mecquignies et se jette dans l’Hogneau (Grande Honnelle en Belgique) à Gussignies.

Le sous-sol a été formé à l’Eocène et est composé de craie marneuse, recouverte de limons argileux.

Etymologie

Le nom actuel est dérivé du nom antique latin Bagacum.

  • Acum = suffixe localisant à l’origine
  • Bagos (celtique) = hêtre

Le site est donc peut-être celui d’une ancienne hêtraie, appartenant à l’ancienne Forêt Charbonnière.

La légende des « rois de Bavay »

Avant d’aborder l’histoire réelle de la ville, abordons d’abord les légendes concernant les origines de celles-ci, empruntées à d’autres, comme celles de Rome et de Paris. Elles sont connues grâce à Jacques de Guyse, historien de la fin du XIVème siècle, qui rapportait sérieusement des textes plus anciens. Cette époque ne connaissait pas la critique historique.

Tout commence avec Bavo « l’Ancien ». Ce phrygien, cousin du roi Priam de Troie, aurait quitté ses terres après la destruction de la célèbre ville antique, et, après maintes pérégrinations sur les mers et dans les îles, aurait abouti en ce lieu où il fonda une ville (Belgis) et un royaume, vers 1150 avt.J.C. Belgis fut la première capitale de la Gaule Belgique.

Lui succédèrent : Bavo Belgineus, Bavo Leoninus, Bavo Lupinus, Bavo Brunus et Bruneholde. Ce dernier, né vers -1017 et mort en -950, était un archidruide, à moitié roi, à moitié grand prêtre. Ces différents rois étaient considérés comme les premiers « rois belges », ancêtres des Belges (les Gaulois de Jules César et pourquoi pas les actuels). 

On doit à Bruneholde d’avoir fait construire les sept chaussées qui partaient de sa capitale dans toutes les directions de son royaume. Il fit placer une colonne de marbre au milieu de la ville, qu’il fit surmonter d’une statue du dieu Bel (Apollon) en métal doré. Ces rois étaient les gardiens du temple de Bel.

Les routes partaient des sept portes de la ville, qui abritaient chacune un temple dédié à une divinité : Jupiter, Mars, Bel-Apollon, Vénus, Saturne, Mercure et Diane. C’est par ces routes qu’arrivaient à Bavay les pèlerins de ce temps-là.

Tout ayant une fin, Aganippus, fils de Bruneholde, dispersa les divinités et leurs cultes dans d’autres centres : Mars à Famars, Bel-Apollon à Solesmes, … Bel était aussi adoré dans les bois proches de « Bel » lignies et d’ailleurs. Son trône et son autel, où avaient lieu des sacrifices sanglants, se trouvait sur une colline, la montagne de Bellis, dont les pentes douces, le Pré-Belem (à Maurain, près de Roisin) en porte les traces. On y fêtait le retour du soleil, dieu de l’Univers, à l’équinoxe du printemps.

Plus tard, les rois francs tentèrent aussi de s’octroyer des origines troyennes. Les chroniqueurs médiévaux font remonter la lignée des premiers comtes de Hainaut à la famille des Bavo.

Préhistoire et protohistoire

Cette légende des premiers rois Belges situe ceux-ci plus de 800 ans avant l’arrivée estimée des Gaulois Belges dans le nord de la Gaule. Avant la conquête romaine (-58 à -52), cette région était habitée par les Gaulois Nerviens. De plus, les fouilles n’ont jamais révélé, jusque aujourd’hui, un passé préhistorique ni protohistorique sur le site de Bavay.

Sur base des connaissances actuelles, Bagacum (Bavay) est donc une ville fondée ex-nihilo. Tout au plus, un petit habitat gaulois s’y trouvait. On a retrouvé sous le forum des fosses, des trous de poteaux et des plaques de céramique à alvéoles semblables à celles retrouvées dans des oppida de la fin de l’âge du fer. On n’a d’ailleurs jamais trouvé nulle part de site pouvant être considéré comme une capitale des Nerviens.  

La cité romaine

Bagacum Nerviorum fut une ville gallo-romaine importante entre le Ier et le IIIème siècle après Jésus-Christ. C’était la capitale administrative de la Cité des Nerviens (Civitas Nerviorum).

Elle fut construite au centre d’un réseau de chaussées romaines reliant les grandes cités d’alors (Lyon, Reims, Boulogne, Cologne), chaussées ayant une grande importance stratégique et commerciale dans le contexte de l’époque. Elle est située sur un promontoire à un carrefour entre l’axe Cologne-Boulogne et celui de Reims, capitale provinciale.

Bavay aurait été fondée dans les deux dernières décennies avant notre ère (sur base de la céramique sigillée italique et gallo-belge retrouvée dans les niveaux les plus anciens, soit entre -20 et -10). De cette époque, a aussi été retrouvée une collection importante de petits bronzes.

L’empereur Auguste décida d’en faire une plaque tournante du réseau routier du nord de la Gaule. L’implantation de Bavay coïncida donc avec la construction de la chaussée reliant Boulogne (port vers la Grande Bretagne) à Cologne (frontière rhénane face à la Germanie). En -4, Tibère, général d’Auguste et son successeur, y séjourna, en allant prendre le commandement des armées romaines en Germanie. Un monument sur le forum, qui était sans doute en cours de construction, commémore ce passage.

Le réseau de chaussées

De la capitale des Gaules, Lugdunum (Lyon), partait un grand axe qui rejoignait Reims, capitale de la Province de Belgique (qui s’étendait du Rhin à la Seine). De cette ville, partait un axe routier vers Boulogne (la Mer Britannique) en passant par Bavay. Le site de Bavay fut donc choisi en fonction de critères stratégiques, point de passage obligé pour les légions entre Reims, la frontière fortifiée (limes) du Rhin et le port de Boulogne, point d’embarquement pour l’île de Bretagne. A partir de Bavay, des routes dans 7 directions rejoignaient :

  • Tournai – Cassel – Boulogne
  • Cambrai – Arras – Amiens
  • Vermand – Soissons
  • Blicquy – Gand (Velzeke) – mer du Nord
  • la Mer Germanique (au nord) via Anvers et Utrecht
  • Tongres – Maastricht – Cologne
  • Dinant – Arlon – Trêves.

Cette ville a donc profité largement des échanges commerciaux qui y passaient.  Elle devint le centre d’une région riche grâce à l’agriculture, l’élevage et le commerce. On y trouvait de l’artisanat (poterie, notamment de la vaisselle en terra nigra retrouvée en abondance). Des negociatores (commerçants) vinrent s’y installer.

Vers 68/69, une crise militaire (fin du règne de Néron) ralentit les constructions. Mais une reprise de la prospérité apparut avec les empereurs Flaviens (69-96).  Bagacum connut son apogée au IIème siècle, comme une bonne partie de l’empire d’ailleurs, au temps des empereurs Antonins (entre 98 et 180). Sa superficie couvrait alors une centaine d’hectares.

Les habitants de Bavay étaient des pérégrins en majorité (statut inférieur à celui de citoyens). Certains notables, grâce à leurs charges, reçurent la citoyenneté romaine, ainsi que quelques officiers (selon Tite-Live).

Description de la ville et du forum antique

D’après les fouilles effectuées, on sait que Bavay fut construit selon le plan urbanistique typique à damier des Romains. On y trouvait toutes les caractéristiques des villes romaines:

  • quadrillage de la ville par des rues en angle droit
  • un cardo et un décumanus (axes principaux perpendiculaires) la traversaient de part en part et se croisaient au niveau du forum
  • aqueducs et égouts la desservaient
  • les maisons (une trentaine de domus) étaient de type gallo-romain, habitées par les membres de l’élite locale, romaine et gauloise romanisée. Elles comprenaient un chauffage par hypocaustes, des mosaïques au sol, des stucs peints sur les murs, un puits au centre, …
  • un temple romain (au lieu-dit “Bisoir”)
  • le centre abritait un forum monumental d’une surface de 2,5 ha, construit dans la seconde moitié du IIème siècle, avec une parure monumentale au moment où la cité reçut le droit latin. On trouvait :
    • en surface :
      • une esplanade dallée dans laquelle on pénétrait par quatre portes monumentales
      • elle était entourée de portiques vers lesquels s’ouvraient des bureaux administratifs et où se faisait la pesée des marchandises (ponderarirum)
      • une grande basilique (longueur 98 m, une des plus grandes de l’empire) à une extrémité (pour les tractations politiques et judiciaires, …)
      • un grand sanctuaire à l’autre extrémité, précédé d’un rehaussement de l’esplanade (aire sacrée), sans doute pour des cérémonies. On y organisait le culte impérial. On ne sait pas si d’autres divinités étaient l’objet de cultes, probablement Junon (sculptée sur un chapiteau retrouvé) et peut-être les deux autres divinités de la triade capitoline de Rome (Minerve et Jupiter)
    • un cryptoportique souterrain sous le sanctuaire avec de longues galeries dont l’usage est inconnu (peut-être un entreposage de produits agricoles de réserve)

      Reconstitution du forum
  • à l’extérieur du forum et attenant à lui: des échoppes de produits artisanaux
  • à proximité, des thermes (sous l’église actuelle)
  • un monument dédié à Tibère, sur le forum
  • un aqueduc venant de Floursies, construit à l’époque flavienne.

Nombreux objets furent retrouvés lors des fouilles, dont :

  • des statuettes en bronze typiques du goût nervien (« le trésor des bronzes » plusieurs centaines découvertes dans un sac enfoui), dont la provenance est inconnue, mais diverses et de plusieurs époques
  • des poteries.

A noter qu’un premier forum avait été construit dans le troisième quart du Ier siècle, qui fut agrandi au siècle suivant. Il semble que le projet du second forum n’ait jamais été réalisé complètement comme prévu.

Il est possible qu’une colonne heptagonale se trouvait au centre de la ville, indiquant les différentes directions. On sait qu’au XVIIème, une autre fut érigée, qui fut aussi détruite au siècle suivant. On en reconstruisit une, l’actuelle, en 1872, appelée “Colonne Brunehaut”, en souvenir de la reine mérovingienne, décédée en 613, à qui on doit, selon une autre légende médiévale, la restauration des voies construites par Agrippa.

Evolution de la ville

Les nécropoles, toujours au sortir des villes chez les Romains, étaient assez éloignées du centre, ce qui fait penser qu’il était prévu que la ville subisse encore des agrandissements. Ce qui n’a pas eu lieu.

Dès la fin du IIème siècle, des quartiers furent d’ailleurs déjà abandonnés. Du temps de Marc-Aurèle (161-180), une période d’insécurité, due aux invasions temporaires des Chauques, s’ensuivit. Ces derniers endommagèrent déjà la ville, qui fut restaurée sous les empereurs Sévères (192-235).

Ensuite, l’anarchie s’installa dans l’empire pour quelques décennies. Vers 253/254, commencèrent les premières invasions de bandes germaniques (Alamans, Saxons et Francs) qui détruisirent à l’époque une septantaine de bourgades le long de la route qui venait de Tongres et de Cologne. Bavay, non défendue, fut de celles-là.

D’autres vagues d’invasions suivirent en 259, en 263 et en 275. Elles atteignirent Amiens et Boulogne. Elles furent chaque fois repoussées, par les troupes impériales (de Gallien, d’Aurélien) et celles des empereurs gaulois auto-proclamés (Posthumus et Tetricus) en ces temps de troubles où l’armée faisait et défaisait les empereurs à Rome. On retrouva à Bavay un trésor enterré de pièces de monnaie (de Septime à Dèce, ce dernier régna de 249 à 251).

Les Germains se retirèrent finalement en Batavie (Pays-Bas au-delà du Rhin). Il fut décidé de fortifier toutes les petites agglomérations situées le long de l’axe Bavay-Cologne. Bavay le fut aussi, mais directement autour de son forum que l’on protégea par une épaisse muraille, ponctuée de tours semi-circulaires. Le reste ne fut pas restauré.

De cité capitale et administrative, Bavay devint une place forte militaire réduite à son ancien forum, un castrum défendant le nœud routier vital du nord-ouest de l’empire. Les échoppes de marchands disparurent. Les services politiques, juridiques et administratifs furent transférés à Cambrai en fin du IIIème ou début du IVème siècle. Même le préfet quitta la ville pour aller s’installer à Famars, près de Valenciennes.

La muraille de la fin du IIIème siècle
Christianisation

L’information selon laquelle il y aurait eu à Bavay un évêque, ayant notamment assisté au concile de Cologne de 346 (Duronsoy) ne semble pas confirmée. Par contre, on y a bien retrouvé une tombe comportant des signes chrétiens (croix, J.C.) du début du Vème siècle.

Les invasions barbares

Bavay végéta ainsi jusqu’au début du Vème siècle. En 406, les Vandales achevèrent de ruiner la ville (comme ce fut le cas aussi à Tournai et à Tongres).

Les Francs Saliens, devenus alliés des Romains et installés dans les petits royaumes de Tournai et de Cambrai, aidèrent les populations autochtones à combattre les barbares qui furent repoussés vers le sud. Vers 445, la Belgique Première et la Belgique Seconde devinrent franques saliennes.

Bavay eut encore à subir l’invasion des Huns en 451.

Puis Bagacum devint pendant plusieurs siècles un petit village, à l’écart des grands centres économiques qui se constituèrent plus tard.

Moyen Age en hainaut

En 939, Bavay et sa région passèrent sous le pouvoir direct du Comte Régnier II de Hainaut et le restèrent, sans qu’une seigneurie y soit installée.

Un château fut construit au moins au XIème siècle (par la comtesse Richilde ?).

C’est vers 1162 qu’apparaît le nom de « Bavai », qui prendra plus tard son orthographe définitive de « Bavay ».

Durant cette période, la ville sera fortifiée par les comtes, qui en firent le siège d’une prévôté judiciaire, où siégeait un prévôt ou vicomte. Ce dernier était le représentant du comte ou du grand bailli de Hainaut. Le titre n’était pas héréditaire. La charge dépendait d’une nomination pour une durée relativement courte (un an ou deux). L’historien L. Delhaye en donne une liste. La prévôté de Bavay est mentionnée dans des documents dès 1293.

Période moderne

La ville subit, comme la plupart de ses consoeurs et les villages de la région, à plusieurs reprises les ravages des guerres invasives des armées des rois de France :

  • incendies en 1434 et 1439, pendant la guerre de Cent Ans
  • prise de la ville par les armées de Louis XI en 1477
  • passages répétés des armées d’Henri II en 1543 et 1554
  • en 1649, poussée des armées de Louis XIV
D’Adrien de Montigny (fin XVIème)

En 1654, le général Turenne ordonna la destruction des remparts.
Bavay fut réuni au royaume de France en 1678 par le traité de Nimègue.

Elle fut reprise brièvement par les autrichiens en 1744. Et de nouveau en 1793, lorsque ceux-ci ripostèrent après l’attaque française de 1792.

Période contemporaine

Lors de la restauration, Bavay fut la première ville de France à recevoir le roi Louis XVIII le 24 juin 1815.

Une grande partie de la ville fut détruite en mai 1940 par l’aviation allemande qui envahissait la Belgique et la France.

Economie
  • Agriculture, élevage dans les villages voisins.
  • Artisanat et commerce urbain.
  • Exploitation de carrières de sable et de marbre à proximité.

    Le site actuel
Références
  • de sites web : Wikipedia, Site web de la ville de Bavay
  • Dossier Nord-Bavay, Archeologia n°494
  • Histoire de la Prévôté de Bavay – Lucien Delhaye, 1873 (online)
  • Le musée archéologique de Bavay  http://forumantique.lenord.fr/fr/Accueil.aspx 
  • Villes et villages de l’Avesnois – http://villesetvillagesdelavesnois.org/bavay/bavay.html