Quiévrechain

Le territoire

Superficie: 471 ha

Altitude: de 24 à 118 m

Situation géographique : Quiévrechain s’étend sur le versant sud de la vallée de la Haine en direction du plateau de Bavay (Hauts-Pays)

Cours d’eau : Aunelle (affluent de l’Hogneau)

Paysage préhistorique (après la dernière période glaciaire) : la Forêt Charbonnière

Nature du sol : limoneux

Nature du sous-sol : grès, schistes, houille

Préhistoire

Non documentée.

Antiquité gallo-romaine

« Les piquets » d’un ancien camp romain auraient été mis au jour en 1888 lors du forage d’un puits minier. Ceci est donné sans plus de précision et parait plutôt contestable.

Premier Moyen-Age (période franque mérovingienne et carolingienne)

L’abbaye voisine de Crespin vit le jour vers 636. Le roi Lothaire I de Francie Médiane aurait accordé la terre de « Kiévrechin » aux moines, au milieu du IXème siècle. Ces derniers y auraient construit une chapelle qui fut brûlée lors des invasions vikings en 881 et fut par la suite reconstruite.

Deuxième Moyen-Age – le village

Première mention: ?

Toponymie (anciennes orthographes) :

  • Keviriciniacum
  • Caurecin
  • Kiévrechin
  • Kiévrechain

Etymologie (hypothèses d’origine du nom) :

  • Le préfixe « quiévre » viendrait de « capra » (chèvre en latin)
  • Le suffice « ain » viendrait de « heim » (village en germanique)

Epoque de son apparition:

A la fin du IXème ou pendant le Xème siècle, une communauté rurale s’installa autour de la chapelle mentionnée plus haut. La population s’y développa sans doute plus vite qu’à Crespin (dont on sait que l’abbaye fut détruite par les Vikings et ne reprit vigueur que bien plus tard).

Facteurs ayant favorisé son émergence :

voies de communication: pas de chaussée antique, mais un chemin médiéval qui allait de Valenciennes à Quiévrain.

sources d’eau ou cours d’eau: l’Aunelle

source de bois: région boisée

proximité d’un lieu de pouvoir: peut-être au début le château de Quiévrain

Paroisse dédiée à Saint-Martin.

Evêché: de Cambrai

Décanat/doyenné: Valenciennes

Autel (dîmes, entretien de l’église, nomination des officiants) donné à ?

Répartition des pouvoirs pendant la période féodale (jusqu’en 1678)

Autorité supérieure: comté de Hainaut

Autorité sous-jacente (administrative et judiciaire): prévôté de Valenciennes

Seigneuries et fiefs

Nous n’avons aucune information sur les premiers temps de la féodalité. Les premiers seigneurs cités le sont au XIIIème siècle. Ce sont des personnages de la famille de Quiévrain.

Nous pensons (sans preuve) qu’après les invasions vikings, alors que l’abbaye de Crespin avait disparu pour un temps, le village naissant passa sous l’autorité des seigneurs de Quiévrain. On sait qu’Hensies et Baisieux faisaient partie de leurs possessions. Si l’abbaye de Crespin retrouva des terres autour de ses bâtiments, d’autres territoires proches furent annexés par les comtes, dont la Terre d’Amblise, qui fut attribuée aux comtes de Chiny, puis aux de Looz, et ensuite aux Quiévrain.

Famille de Quiévrain

Nous avons choisi de commencer la liste seigneuriale avec Nicolas de Quiévrain (1233-1280), mais il est probable que Quiévrechain faisait partie des domaines de la famille depuis les premiers membres connus.

Sa fille Isabeau de Quiévrain épousa Godefroid III d’Aspremont, dont la descendance exerça les droits sur Quiévrain. Alors que son fils Gauthier de Quiévrain (1255- ?) semble avoir hérité de Baisieux et de Quiévrechain, probablement comme arrière-fiefs (dans un premier temps au moins), puisque des châteaux furent construits dans ces deux villages aussi. Lui succédèrent :

  • Gérard « des Prêt » de Quiévrain (1294-1342, Quiévrain, inhumé à Quiévrechain)
  • Jean Gillon/Gilles (ou « Hoyau ») de Quiévrain (v1310 /1320-1378, inhumé à Baisieux)
  • Gilles de Quiévrain  (1342-1378), fils du précédent
  • Guillaume « des Prêts » de Quiévrain (1371-1423, inhumé à Baisieux)
  • Wauthier « des Prêts «  de Quiévrain (1400-1455, inhumé à Valenciennes)
  • Guillaume « des Prêts » ( ?-1491), fils du précédent, qui semble n’avoir eu que des filles, au moins deux, qui se partagèrent ses possessions.
  • Chrétienne « Christine » de Quiévrain » (1462-1498), fille du précédent, héritière du domaine.

Cette Christine épousa Gilles van Heetvelde. Ils eurent trois filles, dont l’aînée Erasma van Heetvelde (1481-1526), hérita de Quiévrechain et épousa Baudouin de Neve (1473-1536), grand bailli de Termonde.

 Ils eurent deux fils, dont Jean III de Neve (v1503-1568), encore cité comme seigneur de Quiévrechain.

A ce moment, le domaine de Quiévrechain changea de propriétaire. A quelle date ? Héritage ? Achat ? Nous n’avons pas d’indication à ce sujet.

Famille de Le Samme

  • Gilles de le Samme (v1491-1557), fils du Bailli du Roeulx est cité en 1533 comme seigneur de Kievrechin. Ecuyer. Il fut secrétaire de Philippe de Clèves, seigneur de Ravenstein (1519), bailli de Binche, trésorier des châteaux de Binche et de Mariemont (1540), trésorier et garde des chartes de Hainaut.
  • Lui succéda son fils Philippe de le Samme (v1520-1615), qui fut échevin, puis Conseiller Pensionnaire à la Cour Souveraine du Hainaut à Mons.
  • Nous n’avons pas trouvé si l’un de ses fils, Philippe ou Jehan, fut seigneur de Quiévrechain.
  • Par contre, il semble que Charles de le Samme (v1580- ?) fils du premier, puis Philippe de le Samme (1587-1639 ou 1669), fils du second, le furent.
  • Ce dernier eut deux filles, dont la seconde, Marguerite de le Samme (1627-1706), hérita de Quiévrechain.

Famille de Colins

  • Elle épousa en 1655 Maximilien Colins (v1625- ?) seigneur de Leenbosch et militaire.Lui succédèrent à la tête de la seigneurie de Quiévrechain :
  • Maximilien Colins (v1657-1733), deuxième fils du précédent. Il mourut sans enfant.
  • Philibert Antoine de Colins ( ?- ?), fils de son frère Pierre François, hérita de Quiévrechain.
  • Jean Pierre Joseph Colins (1735-1795, Wurtzburg), fils aîné du précédent, capitaine d’infanterie au service de la France. Il fut le dernier seigneur de Quiévrechain, perdant ses pouvoirs féodaux en 1789. Il avait fait reconstruire le château en 1769. Celui-ci se situait au-delà de l’Aunelle, le hameau du Petit-Baisieux faisant toujours partie du territoire de Quiévrechain. Ce château, appelé aujourd’hui « Château Bracq » est toujours debout, mais tombe en ruines.

L’Abbaye des Dames de Beaumont, installée à Bavay, déclara en 1602 avoir des biens à Quiévrechain.

L’ancien régime dans le royaume de France (1678 à 1789)
  • Etat : le royaume de France
  • Prévôté : Valenciennes

Lors de la Révolution Jacques Joseph Toussaint, curé de Quiévrechain et de Marchipont, renonça à prêter serment à la République. En 1792, il se réfugia dans le Hainaut voisin. Il rentra en France en l’an V.

Répartition des pouvoirs pendant la période contemporaine (à partir de 1792)
  • Etat: France dans ses divers régimes (républiques, monarchie, empire)
  • Département: Nord
  • Arrondissement : Valenciennes
  • Canton: Marly
Evènements et faits marquants sur le sol de la commune

On mentionne en 1426 que le château fut brûlé par la garnison du Quesnoy et qu’il appartenait à Pierre de Luxembourg, seigneur d’Enghien et comte de Saint-Pol. Ceci parait étonnant, car nous n’avons pas mention d’une propriété de cette famille à Quiévrechain. Ce personnage, à l’époque, avait pris le parti du duc Jean de Brabant, époux et adversaire de la comtesse de Hainaut, Jacqueline de Bavière. Ce qui pourrait expliquer le fait, mais pas la propriété de la seigneurie.

En 1678, par le Traité de Nimègue, les villages de la prévôté de Valenciennes furent annexés au royaume de France. Quiévrechain devint française et village frontalier. La seigneurie conserva son hameau du Petit-Baisieux au-delà de l’Aunelle, où se trouvait le château. Il fallut attendre le Second Traité des Limites de 1779 et un arrangement entre Français et Autrichiens pour « simplifier » les frontières. Le Petit-Baisieux devint donc « autrichien » avant de redevenir française en 1792, autrichien en 1793, à nouveau français en 1794, et enfin belge en 1814.

Quiévrechain se trouvant au bord d’un axe routier d’importance depuis le Moyen-Age (Valenciennes-Quiévrain-Mons), ses habitants eurent à subir le passage de nombreuses troupes et armées qui, à leur habitude, réquisitionnaient, saccageaient, pillaient et humiliaient. A ce jeu, les comportements étaient identiques quelque fut le camp.

Il en fut de même après la constitution de la nouvelle frontière lorsque des troupes campaient à proximité de celle-ci.

Pendant la Guerre de Succession d’Autriche (1740-1748), des troupes du duc d’Escoufflers furent hébergées à Quiévrechain, ayant mission de s’opposer à l’exportation de grains. 

A la veille de la bataille de Fontenoy (22-23 juillet 1745), une centaine d’hommes vinrent rançonner le Mayeur et le Censier de la ferme du Corbeau.

A la suite de cette bataille, le roi Louis XV, en application de l’article XVIII du traité d’Aix-la-Chapelle, va entamer des négociations pour simplifier la frontière. On veut alors que celle-ci corresponde au cours de l’Aunelle (ou Honneau). Le désir était de la mettre le long de l’Honneau sur toute sa longueur. Ce qui fut décidé avec le Traité de 1779, mentionné plus haut.

Economie

Longtemps, agriculture et élevage furent les seules activités du village.

Exploitation du sous-sol

Il semble que l’on commence à chercher du charbon en profondeur dès 1728 (la Compagnie Désandrouin-Taffin) à Crespin et Quiévrechain. Sans succès. En 1785, le sire de Quiévrechain, Pierre de Colins, obtint une concession de 30 ans, mais ses recherches s’avérèrent infructueuses.

Après la Révolution, les terrains furent attribués à la Compagnie de Saint-Saulve, puis à celle d’Anzin. Mais au sud de la ligne Valenciennes-Crespin, une concession de plus de 2800 ha fut attribuée  à Grégoire-Joseph Libert, dont les sondages eurent plus de succès à partir de 1830. Il fonda en 1836 la Compagnie des Mines de Crespin sous les localités de Crespin, Quiévrechain, Quarouble, Onnaing, Rombies et Sebourg.

Pourtant, on n’exploita réellement qu’à partir de 1880 dans deux puits: le n°1, près de la frontière sur Crespin (de 1880 à 1949) et le n°2, plus au sud-ouest sur Quiévrechain (de 1902 à 1950), avec plusieurs interruptions en raison d’inondations. Des corons furent construits à proximité.

Fosse N° 1 de Crespin

En 1946, les mines furent nationalisées. Le Groupe de Valenciennes futt formé, intégrant Crespin, Anzin, Douchy et Thivencelle. Toute activité minière disparut en 1950.

La Verrerie Belote (ou de la Gare) fut à l’origine fondée par François Belotte à Aniche. Il détacha une partie de la production (verre à vitres) à Blanc-Misseron en 1898. Les deux unités fusionnèrent en 1906. Celle d’Aniche ferma ses portes en 1914. Celle de Quiévrechain fonctionna jusqu’en 1985. Il y eut également d’autres unités, notamment à Epinay-Sur-Seine.

Voies de communication

La voie routière la plus importante reste la route de Valenciennes à Mons par Quiévrain, où se trouvait le poste de douane. Longtemps le trafic routier, notamment les diligences, y passait. Cette chaussée a perdu de son importance avec la construction d’une autoroute (passant à Crespin) dans les années ‘1970.

Le train (ligne Valenciennes-Mons) passa à la limite des territoires de Crespin et de Quiévrechain, dès 1842. La ligne fut désaffectée, mais il est toujours question de la remettre en activité.

Un tramway faisait la liaison entre Valenciennes et Quiévrain le long de la chaussée. Il fut remplacé par une ligne d’autobus pendant quelques années.

Patrimoine

Eglise Saint-Martin, transformée à plusieurs reprises depuis le XIVème siècle pour faire face à l’augmentation de la démographie.

Eglise du Sacré-Cœur (du hameau de Blanc-Misseron), construite en 1892-1894, pour répondre également à l’augmentation de la population, conséquente de l’industrialisation. Elle fut très endommagée en juin 1918 par l’explosion d’un dépôt de munitions allemand. Elle fut cédée en 1919 à la Compagnie des Mines de Crespin, puis passa aux Houillères nationales avec la nationalisation de 1946.

 

Rombies-Marchipont

 

Les communes de Rombies et Marchipont (France) fusionnèrent en 1806. L’histoire de la seconde se trouve dans le chapitre consacré à Marchipont (Honnelles, Belgique).

 Le territoire

Superficie: 481 ha

Altitude: 34 à 81 m

Situation géographique : sur le versant sud de la vallée de la Haine en direction du plateau de Bavay

Cours d’eau : l’Aunelle, affluent de l’Hogneau (à Crespin)

Paysage préhistorique (après la dernière période glaciaire) : la Forêt Charbonnière

Nature du sol : limoneux

Nature du sous-sol : grès, schistes, pierre à chaux

Préhistoire

Non documentée

Antiquité gallo-romaine

Non documentée.

Premier Moyen-Age (période franque mérovingienne et carolingienne)

Un chemin reliait Famars (puis Valenciennes)  à Estinnes (puis Binche). Venant d’Estreux, il passait par Rombies, Marchipont et se dirigeait alors vers Elouges. Il fut très important au Moyen-Age. Marchipont était, avec Quiévrain, le seul endroit où un pont enjambait l’Aunelle.

Deuxième Moyen-Age – le village

Première mention: 1096

Toponymie (anciennes orthographes) :

  • Rumbies, 1096 (charte du tournoi d’Anchin), 1152 (cartulaire de l’évêché de Cambrai)
  • Rombies 1181, 1349
  • Romby
  • Rombise

Etymologie (hypothèses d’origine du nom) :

Du germanique Krumpis baki, « ferme établie près du ruisseau des bœufs ».

Epoque de son apparition: probablement au XIème siècle

Facteurs ayant favorisé son émergence :

voies de communication: le chemin médiéval signalé plus haut

sources d’eau ou cours d’eau: l’Aunelle

source de bois: région boisée

proximité d’un lieu de pouvoir: ?

Paroisse dédiée à Saint-Remy

Evêché: de Cambrai

Décanat/doyenné: Valenciennes

Autel (dîmes, entretien de l’église, nomination des officiants) donné peut-être à l’abbaye de Crespin.

Répartition des pouvoirs pendant la période féodale

Autorité supérieure: comté de Hainaut

Autorité sous-jacente (administrative et judiciaire): prévôté de Valenciennes

Seigneuries et fiefs

Il y eut à Rombies une seigneurie principale et une terre (avec cense et moulin) appartenant à l’abbaye de Crespin.

Il ne semble pas que les familles seigneuriales aient résidé à Rombies. Il n’est pas fait mention d’un château.

Nous ne trouvons pas de nom de seigneur avant le XVème siècle. Ce qui peut faire penser que le domaine resta dans les possessions personnelles des comtes. Il faut cependant rester prudent, car on a tendance à confondre les deux seigneuries de Rombies et de Marchipont, parce que les deux villages ont été réunis au XIXème siècle. De plus, certains auteurs mentionnent les seigneurs de Rombise, ancien fief de Monceau-Saint-Waast en Thiérache.

Les premiers seigneurs connus et avérés semblent être de la famille de Quarouble, famille originaire du voisinage voisin, mais qui n’en détenait pas la seigneurie et qui occupèrent le plus souvent des postes de magistrature à Valenciennes.

  • Georges de Quarouble (v1400-1457).
  • Jacques I de Quarouble ( ?-1487), probablement son fils. 
  • Jacques II de Quarouble, fils du précédent
  • Pasque de Quarouble ( ?-1475), fille du précédent, hérita de Rombies qu’elle transmit à la famille de son mari.

Famille Le Poyvre

  • Thierry Le Poyvre (1435/1456-1509) était le fils de Pierre IV Le Poyvre. Il devint seigneur de Rombies après avoir épousé Pasque de Quarouble. Il était diplomate au service de Maximilien d’Autriche et devint prévôt de Valenciennes en 1503
  • Jacques Le Poyvre ( ?-1557), fils du précédent, également prévôt de Valenciennes en 1542
  • Jean Le Poyvre ( ?-1557), fils du précédent
  • Antoine Le Poyvre ( ?-1606), fils du précédent, aussi prévôt de Valenciennes (1580). Fait chevalier par l’archiduc Albert en 1600. Il resta célibataire. Il légua ses biens et titres à:
  • Nicolas Le Poyvre ( ?1527- ?1610), frère du précédent, resté lui aussi célibataire. Il vendit probablement le domaine Rombies.

Henri d’Oultreman (1546-1605) fut sans doute l’acheteur. Il fut aussi prévôt de Valenciennes en 1595. Il est surtout connu comme historien (Histoire de Valenciennes).

Un membre de la famille de Sepmeries (village situé entre le Quesnoy et Valenciennes) aurait été seigneur de Rombies au début du XVIIème siècle. Nous n’avons trouvé aucun personnage à ce propos. Néanmoins, il aurait laissé au village ses armoiries.

On retrouve ensuite la seigneurie de Rombies dans la famille de Lattre.

  • Jacques de Lattre (v1575/1580- ?) devint seigneur de Rombies, probablement par achat, car ni ses parents ni son épouse, Anne de Masnuy, ne possédait le domaine. Lui succédèrent :
  • Ernest Joseph François de Lattre (v1600-1677), fils du précédent. Lieutenant du prévôt de Valenciennes.
  • Pierre Ernest de Lattre (1633-1722), fils du précédent. Echevin à Mons.
  • Ernest François de Lattre (1665-1727), fils du précédent
  • Henri Joseph Ernest de Lattre (1711-1778), fils du précédent, encore cité comme seigneur de Rombies. Prêtre, chanoine à Cassel, prévôt du chapitre. Il est probable qu’il revendit son domaine.

Emmanuel Joseph de la Barre (1736-1793) en fut l’acheteur. Date? Il était comte d’Erquelinnes, seigneur de Maurage et de Quevaucamps. Il acheta Audregnies et Rombies. Il fut le dernier seigneur féodal de Rombies

L’ancien régime dans le royaume de France (1678 à 1789)

La prévôté de Valenciennes fut annexée au royaume de France par le Traité de Nimègue de 1678.

  • Département: Nord
  • Canton : Valenciennes
Répartition des pouvoirs pendant la période contemporaine (à partir de 1792)
  • Etat: France sous ses divers régimes (républiques, monarchie, empire)
  • Département: Nord
  • Arrondissement : Valenciennes
  • Canton: Marly
Economie

Agriculture et élevage

Patrimoine

Eglise St-Remy, 1847, style éclectique – première de 1152, rebâtie en 1617 – clocher 1876

Eglise St-Nicolas, du hameau de Marchipont, 1717, restaurée en 2010, étape sur le chemin de Compostelle reliant Mons à Valenciennes, statue de St Jacques

Chapelle de la Maladrerie

Le Moulin de la vallée, propriété des moines de Crespin dès le XIIIème, puis de la vicomté de Sebourg au XVIème, vendu en 1716 à la famille Prudhomme qui le détint jusqu’en 1904. Propriété depuis 1981 d’un médecin qui l’a restauré. Attaqué en 1796 par Moneuse et sa bande.

 

 

Onnaing

Le territoire

Superficie: 1296 ha

Altitude: moyenne 25 m (de 16 à 68 m du nord au sud)

Situation géographique : dans la vallée de l’Escaut-Moyen

Cours d’eau : pas de ruisseau documenté, mais des courants, aménagés par les hommes pour drainer cette région très marécageuse (dont le Courant de l’Enfer). Les étangs sont nombreux.

Paysage préhistorique (après la dernière période glaciaire) : essentiellement des marécages dans la plaine au nord. La Forêt Charbonnière commençait sur les pentes plus sèches conduisant vers le plateau de Bavay.

Nature du sol : alluvionnaire, limoneux

Nature du sous-sol : grès, schiste (dépôt dévonien), houille (dépôt carbonifère)

Préhistoire

Dès 1998, l’aménagement du Parc d’Activités de la Vallée de l’Escaut a donné lieu à des fouilles préventives qui ont permis de mettre au jour de nombreux vestiges préhistoriques et antiques. Il s’agit donc d’un site exceptionnel pour ses découvertes, mais qui permet aussi d’imaginer que toute la région devait présenter ce visage depuis un millier d’années. C’est donc un bon exemple pour comprendre l’évolution du paysage et des activités humaines.

Néolithique

A part quelques outils en pierre, on n’a pas trouvé d’occupation structurée, comme à Blicquy, Spiennes ou Thieusies.

Fin de l’âge du bronze ancien (vers 1200 à 1000 avant J.C.)

Pas de trace d’habitat non plus (c’est plutôt très rare), mais le témoignage d’activités humaines par la découverte d’une fosse isolée, comprenant du mobilier céramique et lithique et un rebut d’activités domestiques.

Age du Bronze final (de 1000 à 800/750)

Les traces de deux ou trois maisons ont été découvertes, prouvant à coup sûr un habitat.

Premier Age du fer – période du Hallstatt moyen (vers 600-500)

Une concentration de structures d’habitat permet de penser que la zone était fortement occupée. La fin de cette période connait un ralentissement des activités.

Deuxième Age du Fer – période de La Tène (surtout la seconde moitié du IIème siècle et le Ier siècle, soit à l’époque des Gaulois Nerviens).

Le paysage se compose de fermes gauloises construites en matières périssables (bois, torchis, chaume). Elles ne forment pas de village, mais sont régulièrement éparpillées. Chaque ferme est entourée de fossés qui servent d’enclos délimitant les propriétés. On y trouve, outre le bâtiment d’habitation, les bâtiments annexes, des silos, des mares et des fosses. Les bâtiments sont reconnaissables grâce à la découverte de trous de poteaux. La fouille des fosses permit de retrouver des objets domestiques, notamment des fusaïoles et des poids de métier à tisser. On y a trouvé aussi des tombes avec du matériel funéraire, notamment des bijoux (torques, fibules, anneaux).

Les habitants se livraient à l’agriculture et à l’élevage (on a trouvé des ossements de boeufs, de porcs et de caprinés). Il s’agissait d’une économie plutôt autarcique, c’est pourquoi ils se livraient aussi à des activités artisanales: du tissage, de la métallurgie.

Sur une superficie de 60 à 80 ha, on aurait prouvé la présence de trois ou quatre fermes gauloises.

Antiquité gallo-romaine

Le village était traversé par la chaussée romaine Bavay- Tournai qui traversait l’Escaut à Escaupont. Il ne semble plus y avoir de trace de cet axe important de communications vers le port de Boulogne.

Les fouilles du Parc d’Activités ont permis également de mettre au jour, pour cette période, une dizaine d’établissements agricoles, distants les uns des autres de 200-250m. Il s’agissait plutôt des petites fermes que de véritables villas.

Il s’agissait d’habitats compris dans de vastes enclos à plan quadrangulaire, correspondant au modèle de dispersion de l’habitat connu au Ier siècle. On pense qu’il s’agissait de petites unités agricoles dépendant d’une villa plus importante. Tous les bâtiment étaient entourés de prairies et de champs.

Il apparaît que ces fermes furent abandonnées relativement tôt, déjà vers le milieu du IIème siècle. Faut-il y voir le résultat de dégâts laissés par l’invasion des premiers Germains, à savoir les Chauques en 172-174 ? ou l’abandon de terrains non rentables ?

On distingue cependant une réoccupation éphémère à la fin du IVème siècle et au début du Vème, juste avant les Grandes Invasions de 406-407.

Premier Moyen-Age (période franque mérovingienne et carolingienne)

C’est en 637 que le roi Dagobert fit don des villages d’Onnaing et de Quarouble à Saint-Aubert, alors évêque de Cambrai.

Deuxième Moyen-Age – le village

Première mention: 911

Toponymie (anciennes orthographes) :

  • Omnium, 911
  • Oneng, 1057
  • Onen (1085, 1107)
  • Unaing, 1148
  • Onenc (1179)
  • Onnein (1187)
  • Onnaing, XVème

Etymologie (hypothèses d’origine du nom) : ?

Epoque de son apparition: probablement autour d’une ferme du chapitre, entre le IXème et le XIème siècle

Facteurs ayant favorisé son émergence :

voies de communication: la chaussée romaine antique. Le chemin médiéval de Valenciennes à Mons par Quiévrain est plutôt tardif.

sources d’eau ou cours d’eau: les étangs et courants

source de bois: bosquets et bois sur la pente sud

proximité d’un lieu de pouvoir: la ferme

Paroisse dédiée à Saint-Martin

Evêché: de Cambrai

Décanat/doyenné: Valenciennes

Autel (dîmes, entretien de l’église, nomination des officiants) donné au chapitre épiscopal de Cambrai

Répartition des pouvoirs pendant la période féodale (jusqu’en 1678)

Autorité supérieure: comté de Hainaut

Autorité sous-jacente (administrative et judiciaire): prévôté de Valenciennes

Seigneurie

Onnaing et Quarouble formèrent une seule seigneurie qui resta sous la tutelle du Chapitre de Cambrai jusqu’à la Révolution. Celui-ci y exerça les droits féodaux: justice, impôts, corvées.

L’Abbaye des Dames de Beaumont, fondée à Bavay en 1310, y possédait des biens (document de 1602).

L’ancien régime dans le royaume de France (1678 à 1792)

Le Traité de Nimègue fit passer les villages de la prévôté de Valenciennes en 1678 dans le royaume de Louis XIV.

  • Etat : le royaume de France
  • Prévôté : de Valenciennes
Répartition des pouvoirs pendant la période contemporaine (à partir de 1792)
  • Etat: France dans ses divers régimes (républiques, monarchie, empire)
  • Département: Nord
  • Arrondissement : Valenciennes
  • Canton: Anzin
Economie

Le village fut à vocation agricole jusqu’à la fin du XVIIIe siècle.

En 1798, un certain Charles Giraud fit planter des racines de chicorée et développa le procédé de séchage de ces mêmes racines. C’était une première en France. Toutes les fermes d’Onnaing et environ s’équipèrent en tourailles et les fabriques de chicorée s’épanouirent.

Le XIXe siècle fut celui du développement industriel.

Exploitation du sous-sol

Le charbon de houille a été extrait du sol à Onnaing.

En 1875, la Compagnie de Crespin ouvrit une fosse jusqu’à plus de 400 m de profondeur, mais ne rencontra pas de veine de charbon. Elle abandonna.

Un autre charbonnage, appelé Fosse Cuvinot (appartenant à la Compagnie des Mines d’Anzin), eut plus de succès. Il comprenait deux puits qui fonctionnèrent de 1893 à 1967. Il produisait une large gamme de charbons (maigres à gras). On construisit à proximité une cité minière.

En 1998, on commença à aménager un Parc d’Activités de la vallée de l’Escaut où l’entreprise dominante est l’Usine Toyota de construction automobile, spécialisée dans le modèle Yaris pour le marché européen.

Autres types d’entreprises

Une faïencerie, qui produisit de 1821 à 1938, fut fondée par les frères Ferdinand Louis de Bousies, Charles  de Bousies (vicomte de Rouveroy), leur cousin Adolphe de Bousies et le baron Frédéric de Sécus. Au départ, il s’agissait d’une filiale de la faïencerie de Nimy (ce qui permettait de contourner les droits de douane). Plusieurs propriétaires s’y succédèrent. En 1894, elle fut gérée par la SA de la Faïencerie d’Onnaing. Le déclin commença avec la Première Guerre Mondiale pendant laquelle des installations furent détruites.

La Piperie Scouflaire fut renommée et fut en activité de 1825 à 1936.

Voies de communication

Par la route: la chaussée romaine antique est la première voie connue. Au début du Moyen-Age, il existait sans doute un chemin qui permettait de relier le village à Valenciennes et à Cambrai, dont le chapitre épiscopal était propriétaire des lieux. Plus tard, la voie Valenciennes-Quiévrain-Mons prit de l’importance. Elle fut pavée au milieu du XVIIIème siècle. Plus récemment, l’autoroute A2 permet de relier l’Europe du Nord à Paris.

Par le train – Onnaing fut desservi par une ligne Douai – Valenciennes – Quiévrain dès 1842 avec construction d’une gare. La gare a été fermée aux voyageurs, mais la ligne fut maintenue pour le fret, notamment celui de l’Usine Toyota.

Par le tramway: Il fonctionna de la fin du XIXème jusqu’au milieu du XXème, entre Valenciennes et Quiévrain.

Patrimoine

Eglise Saint-Martin, rénovée au XVIème, agrandie en 1894, sans doute au départ d’une chapelle élevée lorsque le chapitre a installé une ferme à l’origine du village.

 

 

Valenciennes

Le territoire 

Valenciennes est une ville située au bord de l’Escaut. Elle s’étend sur 1384 ha, à une altitude qui va de 17 à 56 m.

Longtemps, jusqu’au Moyen Age, cette zone était marécageuse. Il faut s’imaginer un fleuve tranquille, plutôt large, mais pas très profond, qui sillonnait une large vallée, laissant apparaître ici et là des îlots.

D’un point de vue géologique, dans le sous-sol, la craie, déposée à l’ère secondaire (crétacé) disparait sous les sables et les argiles de surface, comme souvent dans le Nord. Le sous-sol est également riche en grès, schiste et charbon de houille (déposés à l’ère primaire), le long du grand synclinal houiller.

Cet endroit était un lieu de franchissement, de rétrécissement et de confluence (avec la Rhônelle), entre le mont d’Anzin (60m) et les hauteurs de la Briquette (83m). Jusqu’au XVIIIème siècle, le fleuve n’était navigable qu’à partir de ce confluent.

Le mamelon de la Couture a joué un rôle notable dans la structuration de la ville. Il fut le siège de la première église St-Nicolas et deviendra la Place Verte au XVIIIème. Mais Valenciennes naquit en tant que port fluvial (portus).

Au Moyen Age, l’Escaut servait de frontière entre la Francie Occidentale (future France) et l’Empire Germanique. La ville a l’origine s’était développée sur la rive droite, côté empire, dépendant du diocèse de Cambrai. La rive gauche, plus tardive, dépendit du diocèse d’Arras, de l’Artois et du royaume de France.

Etymologie – toponymie

Au Moyen Age, on écrivait Valencianae (693), une forme latine qui signifierait le domaine de Valentinus, propriétaire gallo-romain du lieu (selon Gysseling).

Le domaine fut conquis par les Francs et passa ensuite dans les mains d’un roi (fisc royal).

Préhistoire – antiquité

Au sud de Valenciennes, on a retrouvé quelques vestiges du paléolithique moyen et du paléolithique inférieur (sans précision).

En 2006, à Valenciennes même, rue Jean Bernier, à proximité de l’Escaut, on a retrouvé des traces d’un habitat néolithique (fragments de poteries, outils en silex, os et grès) et d’une zone d’inhumations (nombreux ossements humains).

Malgré l’appellation latine (mais le latin resta une langue administrative jusqu’à la fin du moyen-âge), on n’a pas découvert à ce jour de vestige antique ni gallo-romain. Par contre, à 5km, le centre de Famars s’était développé pendant la période gallo-romaine à proximité d’un sanctuaire dédié au dieu Mars.

Epoque mérovingienne

L’Histoire de Valenciennes commence avec la constitution d’une agglomération dès le haut Moyen Âge, au bord de l’Escaut, au fur-et-à-mesure du déclin de Famars. La ville émergea, en tant que telle, quelques siècles plus tard.

A l’époque où Saint Amand évangélisait la région (VIIème siècle), un domaine (grande propriété terrienne) assez vaste englobait Valenciennes, Saint-Saulve, Beuvrages et Bruay. Selon la Vita sancti Salvii, écrite à la fin du VIIIème siècle, trois églises y furent fondées (églises dédiées à St-Géry et St-Vaast, anciens évêques de Cambrai). On pense qu’un habitat a commencé à de développer entre les Vème et VIIème siècles.

La première mention connue date de 693 : « Valencianis in palacio nostro », ce qui évoque le siège d’un fisc royal. Ce document relate une sentence rendue par le roi mérovingien de Neustrie, Clovis III, lors d’un plaid dans le palais royal de Valenciennes. Valenciennes était donc le siège d’un palais royal attaché à un domaine fiscal (encore qu’il faut parfois voir dans le mot “palais” à cette époque, l’ensemble de la cour du roi, qui se déplaçait avec lui, de résidence en résidence).

Un autre diplôme daté de 724 fut promulgué par le roi Thierry IV à Valenciennes.

Le vestige le plus ancien, datant de cette période, est une nécropole du VIème – VIIème  siècle (cimetière Saint-Roch, à la limite de Saint-Saulve, fouilles en 1915 et en 1947-49), où l’on retrouva des vases biconiques, des haches de type francisque, des fers de lance, …, objets typiques de la période franque évoquant la présence d’hommes armés ayant habité à proximité et sans doute liés au palais royal.

Une Vie de Saint-Saulve fut écrite à la fin du VIIIème siècle. Il s’agissait d’un évangélisateur venu d’Aquitaine qui fut reçu par l’intendant du fisc. Il fut arrêté ensuite par le fils de celui-ci, mis en prison, puis assassiné et enterré à Beuvrages. Charles Martel décida une enquête et fit supplicier l’intendant et son fils. Une communauté de chanoines fut chargée de veiller sur les reliques du martyr.

Epoque carolingienne

Dans ce fisc royal, là où le fleuve peut être traversé facilement et là où commence la navigabilité, s’est constitué au VIIIème siècle un port fluvial (portus), débarcadère pouvant servir de lieu de transit pour des voyageurs et des marchandises à destination des villes scaldiennes du nord (Tournai, Gand et Anvers). On créa un bureau de tonlieu (taxes sur les marchandises) et un atelier monétaire (comme dans les villes citées plus haut et dans les villes mosanes de Verdun, Namur, Huy et Maastricht).

Le palais (palatium) persista, ravitaillé par le grand domaine autour. A proximité, on organisa un culte dédié à Saint-Saulve.

C’est ainsi qu’une ville se développa autour. On sait qu’y résidèrent lors de leurs passages les souverains de l’époque : Charlemagne en 771-775, 802, 804, son fils Louis le Pieux, son petit-fils Charles le Chauve en 853 et 866, son autre petit-fils Lothaire I en 853, ainsi que Lothaire II, fils du précédent, en 860.

Entre-temps, eut lieu le Traité de Verdun de 843 qui partagea l’empire de Charlemagne. L’Escaut servit de frontière entre la Francie Occidentale de Charles le Chauve et la Francie Médiane de Lothaire I. Le vaste fiscus, à cheval sur l’Escaut, disparut. La majeure partie de Valenciennes se situa sur la rive droite et dépendit de la succession de Lothaire Ier. C’est ainsi qu’après deux générations elle se retrouva en Lotharingie (après les partages successifs de la Francie Médiane entre les descendants de Lothaire I).

La rive droite dépendait du diocèse de Cambrai, datant du VIème siècle. La rive gauche, où une agglomération se développa autour de l’église Saint-Vaast, dépendait du diocèse d’Arras et du roi de Francie, Charles le Chauve.

Un monastère de femmes semble avoir été créé au début du VIIIème siècle, mais il disparut rapidement.

Entre 879 et 891, la région fut ravagée par les Vikings qui, plusieurs années, s’étaient implantés à Condé, au confluent de l’Escaut et de la Haine. L’ampleur des dommages est aujourd’hui controversée. Il semble qu’elle ait été amplifiée dans les écrits tardifs qui en firent part, notamment dans les monastères. Ce qui est certain, c’est que, pour cette raison ou pour d’autres, la période connut un net recul économique.

Dizième siècle

Si le déclin fut net sous les derniers rois carolingiens de Francie occidentale, ce ne fut pas le cas à l’est de l’Escaut. La Lotharingie, un temps royaume, est devenue un duché solide, inclus dans un Saint-Empire romain germanique fondé par Otton Ier, un saxon qui a succédé aux derniers carolingiens.

Dans cette Lotharingie, s’est constitué le comté de Hainaut à partir de l’ancien Pagus de Famars, dans lequel la famille des Régnier avait pris le pouvoir. Il s’agissait de personnages ambitieux qui se heurtèrent aux ducs de Lotharingie (quand ils n’étaient pas nommés par l’empereur dans leur famille) et aux empereurs eux-mêmes. C’est ainsi qu’en 957, l’empereur Otton Ier exila Régnier III, puis en 973 fonda des marches (comtés à compétence militaire défensive) en bordure de l’Escaut, face au roi de France et à son ambitieux vassal de Flandre.  Valenciennes devint le chef-lieu d’une de ces marches et reçut un comte-marquis à la tête de celle-ci. Mons et Valenciennes obtinrent un rôle stratégique de places frontalières face au royaume de France et à son ambitieux vassal de Flandre. Ce qui renforça leur autonomie.

Le comte-marquis Arnould (993-1012) fonda un chapitre canonial dédié à St Jean-Baptiste sur le conseil de l’évêque de Cambrai Rothard, à l’intérieur du castrum. Il s’agit, comme c’était le cas à l’époque, d’une décision politique pour accroître le prestige du fondateur (le comte de Mons, Godefroid de Verdun, en fit autant avec le Chapitre de Saint-Germain). La propriété de cette institution (donc les bénéfices) passa aux comtes-marquis suivants.

onzième siècle

En 1008, une famine fut suivie d’une terrible épidémie de peste, dont l’issue donna lieu à un pèlerinage avec procession (Miracle du Saint Cordon).

Malgré la valeur défensive de la marche, le comte de Flandre, Baudouin IV “le barbu”, franchit l’Escaut et vint s’emparer de Valenciennes en 1006. Ce qui déclencha une guerre entre Flandre et Empire, faite de succès et de revers de part et d’autre.

A la mort du comte Arnould en 1012, des troubles éclatèrent encore. L’empereur Henri II, pour calmer les ardeurs flamandes, céda la ville et le comté de Valenciennes en 1015 à la Flandre. Le comté perdait ainsi sa vocation militaire.

En 1045, suite à de nombreux conflits, suivis de tractations, entre Flandre et Hainaut, arbitrés vaille-que-vaille par l’empereur, Valenciennes revint de nouveau dans le comté de Hainaut. Alors que d’autres marches (Enaeme en partie et Alost), malgré leur situation à l’est de l’Escaut, furent transférées à la Flandre. Valenciennes perdit son statut de marche au profit de Mons où s’organisa le pouvoir sous le règne du comte Baudouin I et de la comtesse Richilde.

On y maintint une forteresse. Les comtes d’Ostrevent, seigneurs de Bouchain, Denain, Ribemont et Château-Porcien, fidèles alliés du comte de Hainaut, devinrent châtelains de Valenciennes de 880 à 1163. A ce moment qui correspond au décès, sans héritier de Godefroid IV d’Ostrevent, ce petit comté passa sous l’autorité de son demi-frère, Baudouin IV, comte de Hainaut.

La paix revint dans la seconde partie du XIème siècle. Avec elle, le commerce et l’artisanat prirent de l’ampleur. La cité, qui s’était urbanisée, profita de l’émergence de l’industrie drapière. La laine était importée du Kent anglais. Le centre de la ville se déplaça du castrum initial vers les bourgs (Grand Bourg et Bourg Neuf).

Les bourgeois prirent de l’importance et voulurent se doter d’institutions propres. Dès 1066-1070 déjà, le comte Baudouin I et sa femme Richilde, ainsi que le châtelain Anselme de Ribémont, approuvèrent le Règlement de la Karitet.  Association d’entraide mutuelle au départ, elle se développa en guilde, pourvue de privilèges de droit public. Elle avait son prévôt, son chancelier, ses ministres. Elle se vit accorder des prérogatives judiciaires pour certains types d’affaires. Il s’agissait donc d’un abandon de prérogatives du pouvoir comtal (seigneurial pour les habitants de Valenciennes) au profit du pouvoir civil, donnant à la bourgeoisie une importante autonomie.

douzième siècle

A cette époque, les Empereurs ne s’intéressaient plus à leurs territoires entre Meuse et Escaut, étant, occupés par la Querelle des Investitures en Germanie et en Italie. L’influence française grandit avec les rois Capétiens soucieux de reprendre le contrôle de leur royaume aux dépens des grands féodaux. Simultanément, l’influence de l’Angleterre se faisait plus forte avec l’émergence des rois Plantagenêts qui possédaient une grande partie occidentale de la France.

Les bourgeois des villes devenaient aussi de plus en plus exigeants face à l’autorité comtale. La ville bénéficia d’institutions communales à partir de 1114, grâce à la « Paix de Valenciennes », la plus ancienne charte communale du Hainaut. La riche bourgeoisie de la ville, en l’achetant, acquitta les dettes du comte Baudouin III, encourues pour financer ses conflits avec le comte de Flandre. Les coutumes, jusqu’alors orales, étaient transformées en lois écrites, ce qui constituait l’ébauche d’un code civil et d’un code pénal. Cette Paix de 1114 ne concernait pas que la ville, mais aussi la banlieue (Anzin, St-Saulve, La Briquette et une partie de Marly). On trouvait à sa tête un « Magistrat » (échevinage).

A la même époque, Valenciennes devint le chef-lieu d’une prévôté administrative et judiciaire (« La Prévôté-le-Comte ») qui s’étendait sur 27 villages. C’était une institution comtale, gouvernée par un officier du comte (le prévôt) qui faisait office de commissaire de police, de juge d’instruction et de juge. Il était le représentant du comte et de son grand bailli. Il n’exerçait aucune juridiction dans la ville. La Haute Justice (pénale et criminelle) restait aux mains du Comte, par le biais du prévôt. La Basse Justice (civile, contraventionnelle) était déléguée au maïeur (ou maire) et aux échevins.

L’épanouissement de la ville dut beaucoup au comte Baudouin IV dit « le Bâtisseur » (1120-1171). A Valenciennes, il acheta à son demi-frère, Godefroid d’Ostrevent qui n’avait pas d’héritier, la charge de châtelain. Il fit édifier un nouveau château (le palais-forteresse de La Salle-le-Comte) et une enceinte autour de la ville.

A cette époque, le Hainaut était encore en conflit avec la Flandre. Le comte faisait ériger des forteresses en différents points de son comté, tout en favorisant et protégeant les bourgeois. Ici, l’enceinte était suffisamment grande dans ce but.  C’est ici aussi que Baudouin IV mourut d’un accident, suite à une chute d’échafaudages en inspectant les travaux.

Son fils, Baudouin V, continua l’œuvre urbanistique de son père. La surface de la ville doubla pour atteindre une superficie qui resta à peu près la même jusqu’au XVIIIème siècle.

Cette région, proche du fleuve, était marécageuse. Un réseau de canaux intérieurs permit d’assécher le sol de la ville. Des douves autour de l’enceinte l’isolèrent bien. Des moulins à eau furent aménagés là où il y avait des ruptures de pente.

L’essor économique se doubla d’un essor démographique. Le nombre de paroisses augmenta.

En 1142, le chapitre Saint-Jean se transforma en chapitre de chanoines réguliers, suivant la Règle de St Augustin.

En 1191, le comte de Flandre Philippe d’Alsace mourut à la croisade. Par alliance (sa fille ayant épousé le comte Baudouin V de Hainaut), les deux comtés furent de nouveau réunis.

treizième siècle

La prospérité économique approchait de son apogée, grâce à la draperie. Les marchands de Valenciennes étaient présents dans les foires de Champagne. Ils installèrent un comptoir à Gênes. Ils commerçaient avec la Flandre, l’Angleterre, l’Empire, l’Italie et le Levant. Valenciennes fit partie de la Hanse des XVII villes, attestée dès 1230, probablement active depuis la fin du XIIème siècle.

Les bourgeois de Valenciennes étaient devenus des interlocuteurs privilégiés du pouvoir comtal. Le comte Baudouin VI de Hainaut (IX de Flandre) et ses deux filles, Jeanne et Marguerite) naquirent dans le château de Valenciennes.

Cependant, la ville fut troublée par les rivalités entre les Dampierre et les Avesnes dans les années 1240-1250. Ce conflit donna l’occasion aux rois de France, suzerains de la Flandre, d’intervenir en Hainaut. C’est d’ailleurs à Saint Louis IX que l’on doit l’arbitrage final : la Flandre alla aux Dampierre et le Hainaut aux Avesnes. Cette décision se concrétisa à la mort de la comtesse Marguerite “de Constantinople” en 1280.

Carte du comté XIIIème

Jean d’Avesnes (1280-1304) reçut le Hainaut, dont Valenciennes était la ville la plus importante sur le plan artisanal et commercial. Tout en cherchant à favoriser le commerce, le comte contesta les prérogatives judiciaires du Magistrat de Valenciennes qu’il voulut réduire en faveur de Mons. Le refus des bourgeois valenciennois conduisit à l’affrontement, mais le comte parvint à rétablir ses pouvoirs sur la ville. Les Valenciennois se révoltèrent et saccagèrent le château comtal. Le conflit dura quelques années. Finalement le comte renonça à son projet de dominer la ville par une charte en 1302 qui précisait la structure du pouvoir municipal : le Magistrat serait constitué d’un prévôt et de douze échevins.

En 1285, la monnaie du Hainaut fut remplacée par la monnaie de France : l’écu.

Le XIIIème siècle vit de nombreuses congrégations religieuses s’installer.

  • Entre 1216 et 1228, les Cisterciens fondèrent le monastère de Fontenelles.
  • Puis ce fut au tour des Franciscains, hors de la ville sous forme d’ermitage en 1218, et dans la ville en 1226, où ils furent installés par la comtesse Jeanne à l’emplacement du donjon arasé. Leur église fut consacrée en 1233 (actuelle église St Géry) et devint la nécropole des comtes de Hainaut entre 1304 et 1417.
  • Les Dominicains fondèrent leur monastère en 1233 et bâtirent aussi une église qui fut terminée en 1272.
  • Les Carmes vinrent s’installer en 1236.
  • Un autre monastère dominicain sera également fondé en 1310 dans la Maison de Beaumont.

Simultanément, les églises paroissiales se reconstruisirent en style gothique, telle Notre-Dame-la-Grande dans la première partie du XIIIème siècle. Elle sera détruite par les révolutionnaires.

quatorzième siècle

La tranquillité revint sous le règne du comte Guillaume I « le Bon » (1304-1337). Il avait épousé Jeanne de Valois, nièce du roi de France Philippe IV le Bel. Puis il maria sa fille aînée au futur roi d’Angleterre et une autre fille au futur empereur de Germanie. Sa politique fut empreinte d’équilibre diplomatique et de modération fiscale. Les villes hennuyères en furent les premières gagnantes.

D’autant plus qu’en 1337, commença la Guerre de Cent Ans entre France et Angleterre. Le comte de Hainaut louvoya entre ses deux alliances mais opta pour la neutralité, ce qui permit à son comté d’être épargné des affres de cette guerre.

La mort du comte Guillaume II (1337-1345),  sans enfant, amena la Maison de Bavière aux commandes du comté, sa sœur Marguerite (1345-1356) ayant épousé le duc Louis de Bavière, futur empereur de Germanie. Leur fils Guillaume III (1356-1389) leur succéda, mais il souffrit de folie et son frère Aubert assura la régence jusqu’à sa mort avant de lui succéder (1389-1404). Ce dernier fit construire la tour de la Dodenne, d’où, encore aujourd’hui, la cloche sonne en l’honneur de Notre-Dame-du-Saint-Cordon.

Durant cette période, malgré la Guerre de Cent Ans dont les faits marquants ne concernèrent pas directement le Hainaut, Valenciennes jouit de la paix ambiante et de ses privilèges urbains pour continuer à fabriquer ses draps et à les vendre sur les marchés internationaux. Depuis le XIIème siècle, la ville jouissait de halles et d’une Maison de la Paix. Elle avait son beffroi depuis le XIIIème siècle (1250-1260). De 1340 à 1380, elle renouvela son système de fortifications.

Le Magistrat administrait maintenant la haute justice sur la ville. Chaque nouveau comte venait prêter serment de respecter les us et coutumes locales. La ville était maîtresse de ses finances grâce aux accises imposées sur les marchandises, sur le vin et la bière. On fabriquait ici de la bière et un vin de mauvaise qualité (le verjus), mais on en importait du Bordelais, de Bourgogne et d’Espagne.

quinzième siècle

A Aubert succéda son fils Guillaume IV (1404-1417) puis sa petite fille Jacqueline (1417-1435), dont les démêlés conjugaux lui vaudront de se soumettre aux volontés du duc de Bourgogne, Philippe le Bon.

Personnage ambitieux, le duc de Bourgogne était aussi comte de Flandre depuis le mariage de l’héritière de ce comté avec son grand-père Philippe le Hardi. Il acquit aussi les comtés de Luxembourg et de Namur par achat. Cousin de la comtesse de Hainaut qui n’eut pas d’enfant, il obligea celle-ci à abdiquer en sa faveur.

C’est la draperie et l’industrie textile qui occupaient le plus de main d’œuvre à Valenciennes. Mais on y travaillait aussi les cuirs et les peaux. Le commerce était très actif. On y vendait des céréales. Durant la guerre de Cent Ans, les villes flamandes et hennuyères connurent des problèmes pour s’approvisionner en laine anglaise, mais elles utilisèrent les laines indigènes et adaptèrent leurs marchés pour des populations moins huppées.

Sous les ducs de Bourgogne, Philippe le Bon (1435-1467) et Charles le Téméraire (1467-1477), Valenciennes, moins que Lille (en Flandre), continua à jouir de son commerce, malgré le désir des ducs de réduire l’autonomie judiciaire au profit d’une centralisation de l’Etat.

A la mort du Téméraire, alors que la Guerre de Cent Ans était terminée, le Hainaut commença à souffrir des ambitions territoriales des rois de France. Le premier d’entre eux, Louis XI, s’attaqua à la duchesse Marie de Bourgogne et à son mari l’archiduc Maximilien d’Autriche. Plusieurs villes du Hainaut eurent à souffrir de ses incursions guerrières. Valenciennes semble cependant avoir été épargnée.

Sous le gouvernement de Philippe le Beau, fils des précédents, Valenciennes va perdre une part de son autonomie financière au profit du grand bailli de Hainaut et d’un conseil.

seizIème siècle

Ce fut au début une période où le développement des manufactures et du commerce s’intensifia encore. Puis tout cela déclina avec la période sombre des luttes religieuses.

Dans la première partie du siècle, la prospérité de l’économie entraîna une expansion démographique, malgré quelques événements dommageables, comme une épidémie de peste, un grand incendie destructeur en 1523 et une grave inondation de l’Escaut en 1532.

Malgré tout, on peut considérer que Valenciennes fut une des villes les plus importantes des Pays-Bas de Charles-Quint (après Anvers, Bruxelles, Gand, Bruges et Lille, mais bien avant Mons). L’empereur y fit sa Joyeuse Entrée en 1524.

Le commerce était, comme dans les siècles précédents, avant tout soutenu par le textile, mais également par le marché des céréales et de la bière. La sayetterie, draperie légère et sèche, était particulièrement appréciée.

La richesse de certains bourgeois ne devait pas cacher la misère d’une grande partie de la population. On créa en 1531 l’Aumône générale, association de charité publique, dirigée par six intendants qui se chargeaient de la collecte des aumônes et de la distribution des secours (aliments, vêtements, bois de chauffage).

A Valenciennes, à cette époque, on était, comme partout ailleurs en Hainaut, antifrançais, surtout lorsque le roi François I vint menacer la ville en 1524, repoussé par les troupes impériales du duc de Croÿ. Charles Quint en 1540 et son fils Philippe II en 1549 firent l’objet de réceptions somptueuses.

Les luttes religieuses

Pendant ce temps, Luther en 1517 avait formulé des demandes de Réforme que l’Eglise romaine refusa et condamna. Il fit de nombreux adeptes en Allemagne d’abord et puis dans toute l’Europe. Dès 1527, le tribunal ecclésiastique de Cambrai condamnait déjà des réformistes.

Ce sont cependant les disciples de Calvin, plus radicaux, qui se répandirent en France et dans les Pays-Bas dès 1544. Des prêcheurs, tels Pierre Bruly ou Nicolas de Brès de Mons, vinrent galvaniser la population valenciennoise, y provoquant de nombreuses conversions, autant parmi le petit peuple que parmi les élites bourgeoises. Le clergé catholique, toujours insuffisamment formé, ne put y faire face. Le Magistrat fut partagé entre les deux tendances et n’intervint que peu.

Lorsque les tribunaux ecclésiastiques condamnèrent des hérétiques au bûcher, la foule, comme en 1562, vient à leur secours, détruisit le bûcher et s’attaqua à la prison. Ce fut la « journée des Maux (mal) Brûlés ».

Les auditoires étaient de plus en plus vastes auprès des prêcheurs. Les calvinistes s’infiltraient dans les sphères du pouvoir communal. Ils s’enhardissaient si bien qu’ils participèrent à la grande vague iconoclaste d’août 1566, détruisant de nombreuses statues, autels et œuvres d’art imagées dans les églises, les chapelles et les couvents. Les abbayes de Fontenelle et de Crespin furent pillées. Les protestants devinrent maîtres de la ville, comme à Tournai et dans d’autres villes des Pays-Bas.

Si le Magistrat de Valenciennes ne put s’opposer au mouvement, Philippe II, le souverain espagnol, par l’intermédiaire de son grand bailli de Hainaut, Philippe de Noircames, et par celui de ses gouverneurs successifs, va le faire et de façon violente, surtout en ce qui concerne le duc d’Albe. La ville, déclarée rebelle, fut assaillie le 23 mars 1567. La population fut désarmée et les leaders protestants arrêtés et pendus. Les privilèges furent suspendus. On confisqua les biens des réformés. Philippe II d’Espagne fit ériger en 1569 une forteresse (« la Redoute ») aux portes de la ville pour y placer une garnison de surveillance. Le duc d’Albe multiplia les condamnations et leva de nouveaux impôts (le centième et le vingtième denier). Plusieurs dizaines de chefs de la rébellion furent exécutés et plusieurs centaines d’habitants furent bannis.

Ce fut un coup dur pour la ville, car une grande partie de son élite commerçante, acquise à la Réforme, émigra vers l’Allemagne, la Hollande et l’Angleterre, emportant avec elle de gros capitaux.

En 1572, les Huguenots valenciennois, aidés par leurs coreligionnaires français, reprirent le contrôle de la ville. Ce fut également le cas à Mons où Louis de Nassau s’installa. La répression du duc d’Albe fut terrible. La ville fut mise à sac par la soldatesque espagnole.

Puis Albe fut rappelé en Espagne et Noircames mourut. Ils furent remplacés par Alexandre Farnèse comme gouverneur des Pays-Bas et par Philippe de Lalaing comme grand bailli de Hainaut. Plus avisés, ces hommes mirent fin au régime d’exception dès 1574. Le Magistrat fut rétabli. La ville resta encore agitée par des troubles jusqu’en 1579.

Un accord, la « Pacification de Gand » en 1576, mit fin aux querelles religieuses dans les Pays-Bas du Sud. La « Paix d’Arras » de 1579 rassembla les provinces méridionales, restées en majorité catholiques malgré le sentiment anti-espagnol, autour du gouverneur Farnèse. Les provinces du nord, à majorité protestante, firent sécession. Valenciennes va cependant hésiter avant de s’engager dans cette paix. Les réformés orangistes y étaient encore nombreux, comme à Tournai. Finalement la réconciliation aura lieu avec l’Espagne.

Vint ensuite le temps de la Contre-Réforme, décidée au Concile de Trente et par laquelle l’Eglise va reprendre son implantation dans la population, grâce à un clergé mieux formé et à quelques nouvelles congrégations, dont celle des Jésuites qui va créer un collège à Valenciennes pour former les élites locales et y bâtir l’Eglise Sainte-Croix. On vit aussi s’installer les Capucins, apôtres des milieux populaires, ardents défenseurs de la Contre-Réforme. D’autres ordres encore, comme les Brigittines, les Carmélites et plus tard les Clarisses et les Ursulines.

La dévotion des reliques, des saints et de la Vierge reprit de l’ampleur.

Dix-septième siècle

A la fin du XVIème siècle et au début du suivant, on vit s’installer une période de paix de quelques dizaines d’années qui permit de panser les plaies, de reconstruire et de redonner un nouveau souffle à l’économie. Le gouvernorat de l’archiduc Albert d’Autriche et de son épouse Isabelle d’Espagne (1598-1633) va permettre cette reprise. Ils firent leur Joyeuse Entrée à Valenciennes le 20 février 1600. Ils encouragèrent le développement des villes, notamment par leur administration qui promulgua des règlements veillant à ce que les villes ne soient pas aux mains de quelques familles seulement, mais permettant une ouverture sociale.

A Valenciennes, le Magistrat acheta la Salle-le-Comte, la vieille résidence des comtes. En 1611, la façade de l’Hôtel de Ville fut entièrement reconstruite dans un magnifique style Renaissance. On bâtit le Mont-de-Piété en 1625.

Une attention particulière fut consacrée à l’éducation. Pour ceux qui travaillaient la semaine, on créa des écoles du dimanche et des jours de fête, depuis 1584.

La vie culturelle s’épanouit autour de la Confrérie Saint-Luc des peintres et des sculpteurs. Les commandes devinrent plus nombreuses, de la part du clergé, des communautés religieuses et du pouvoir politique.

Sur le plan économique, le textile dominait toujours. La production de toile de lin se développa très fort.

Puis au milieu du siècle, les problèmes resurgirent. Essentiellement à cause des visées expansionnistes de Richelieu d’abord, qui poussa le roi de France Louis XIII à entrer dans la Guerre de Trente Ans, mais surtout à cause des ambitions de Louis XIV.

En 1637, la décision fut prise de renforcer les remparts. Si on ne se battait pas encore par ici, les troupes espagnoles traversaient souvent la ville pour aller défendre d’autres villes attaquées comme Saint-Omer. Les Français battirent les Espagnols à Rocroi en 1643 et à Lens en 1648.

Dès 1655, Louis XIV dressa des obstacles douaniers à l’écoulement des produits valenciennois vers la France. Il envoya le général Turenne prendre Landrecies la même année et … Valenciennes qui fut investie le 15 juin 1656, malgré une forte résistance de la population, mais une trop faible garnison espagnole. La ville fut cependant libérée le 16 juillet par le prince de Condé, passé au service de l’Espagne, et le gouverneur Don Juan d’Autriche. La ville était épuisée.

Le Traité des Pyrénées laissa à l’Espagne les villes scaldiennes de Cambrai, Valenciennes et Condé, ce qui ne fut pas le cas de villes flamandes, comme Lille.

En 1668, passa une peste meurtrière.

Dès le 17 mars 1677, le roi Louis XIV s’empara à nouveau de Valenciennes à l’issue d’un siège court, après trois jours de bombardement d’artillerie. La ville capitula sans véritable résistance cette fois. Elle ne sera pas pillée.

Valenciennes en royaume de France

Le traité de Nimègue de 1678 redessina les frontières du Hainaut. Les prévôtés de Valenciennes, Condé, Maubeuge, Le Quesnoy et Avesnes devinrent définitivement françaises.

Les Valenciennois durent ériger une nouvelle citadelle et restaurer les fortifications sur leurs deniers. Des églises et des couvents étaient aussi à réparer. Le 5 août 1680, le roi de France fit son entrée solennelle dans la ville où le Magistrat, laissé en place, multiplia les manifestations d’allégresse.

Vauban fortifia la ville. Mais comme le reste de la France, Valenciennes eut à subir la pression fiscale pour soutenir les guerres du roi. Celui-ci réorganisa l’administration. Valenciennes dépendit de l’intendance de Lille, donc de la Flandre gallicane, alors que Maubeuge, Avesnes et Bavay dépendirent d’une intendance hennuyère.

L’économie était ruinée, y compris la draperie. Un fort mouvement d’émigration réduisit la population intra-muros.

A la fin du siècle, l’Escaut fut canalisé entre Valenciennes et Cambrai.

La Place d’Arme avant l’écroulement du beffroi
Dix-huitième siècle

Alors que les combats continuaient à se dérouler ailleurs, ils se rapprochèrent au fur-et-à-mesure que les armées impériales faisaient subir des défaites successives aux armées royales épuisées. Lille, Saint-Amand et Tournai furent reprises en 1708 et 1709. Puis ce fut au tour de Douai en 1710. La menace d’une reprise des hostilités se rapprochait. Les villages furent razziés aux alentours. Les réfugiés affluaient dans la ville. L’hiver fut rigoureux.

Malgré la victoire française de Denain en 1712, il y avait eu la défaite de Malplaquet, près de Bavay, en 1709. La France était ruinée. Tout se termina à Utrecht en 1713 par un nouveau traité. Les frontières changèrent peu. Ce qui changea (et ne concerna pas la France), c’est que ce qui restait du Hainaut passa de l’Espagne à l’Autriche.

En 1716, on reconstitua les intendances et Valenciennes devint le chef-lieu de celle du Hainaut, à laquelle seront ensuite rattachées des villes « flamandes » : Condé, Douai, Bouchain, Cambrai, ainsi que des villes « autrichiennes » : Philippeville, Mariembourg, Givet. Certains de ces intendants mèneront une politique favorable à la ville, tel Gabriel Sénac de Meilhan.

Cependant la situation économique de Valenciennes n’était toujours pas brillante. Les manufactures étaient peu actives. Le commerce se maintint cependant grâce aux productions des campagnes (céréales, toiles fines). La dentelle se développait, notamment dans les couvents et maisons de charité où l’on y éduquait les jeunes filles.

Les chiffres de population ne progressaient pas. Ils avaient même tendance encore à baisser lors de certaines périodes. Les recettes de la ville baissaient et le déficit était permanent. On investit peu et il fallait, dans cette intendance frontière, entretenir des troupes militaires.

Quelques constructions et aménagements eurent cependant lieu : un magasin au blé, la place royale avec la statue de Louis XV, l’hôpital général, la restauration du beffroi, l’académie de peinture et de sculpture.

La vie culturelle restait modeste, à l’écart des Lumières qui commençaient à éclairer certains esprits parisiens. Ici, le clergé et l’administration veillaient…

En ce siècle, la ville était réputée pour sa porcelaine. La manufacture qui s’implanta eut pour obligation d’alimenter ses fours à la houille que l’on commençait à exploiter du côté de Fresnes (depuis 1718) et d’Anzin (1734). Les besoins étaient plus importants car la France avait imposé des droits de douane à l’importation du charbon belge, déjà produit en quantité industrielle (pour l’époque) au Couchant de Mons (Borinage, à l’ouest de Mons). Des sociétés virent le jour, à l’initiative du belge Jacques Desandrouin et ses associés. L’essor de cette activité fut impressionnant en quelques années. Les aristocrates locaux suivirent le mouvement sur leurs terres, comme à Raismes et à Condé. En 1757, la “Compagnie des mines d’Anzin” vit le jour.

Dans la ville, les inégalités sociales s’aggravaient. Il fallut réorganiser l’assistance publique pour les pauvres et les invalides.

Le 12 juillet 1787, une assemblée constitutive, présidée par le duc de Croÿ, proposa le rétablissement des Etats Provinciaux. Ce qui fut accueilli favorablement par le pouvoir central. Louis XVI entérina la décision en 1788. Une bonne année plus tard, les Constituants décidèrent d’uniformiser les cadres administratifs français, rompant les particularismes. Aux Etats Généraux de 1789, deux députés français de Valenciennes présentèrent un cahier de doléances.

La période révolutionnaire

A Valenciennes, comme ailleurs, la disette et la vie chère mécontentaient le peuple. Dans le Magistrat nouvellement élu, les négociants se trouvaient en plus grand nombre. Mais la loi du 14 décembre 1789 réorganisa toute l’administration, enterrant définitivement le régime des « Bonnes Villes » du Moyen Age. En février 1790, un maire et un conseil municipal arrivèrent au pouvoir. C’étaient des négociants aisés.

La mise en place des départements rétrograda Valenciennes à une fonction de chef-lieu de district dans le département du Nord.

Le 2 novembre 1789, la Constituante décidait de mettre les biens du clergé à la disposition de la nation. On procéda à leur estimation et la liquidation débuta en octobre 1790. Le 27 novembre, décision fut prise d’obliger tous les prêtres à jurer fidélité à la nation et à la loi. Une courte majorité accepta. 85% des ecclésiastiques furent réfractaires dans le Nord, encore plus à Valenciennes.

Les élections de fin 1790 réduisirent l’influence des conservateurs au profit des Amis de la Constitution. L’ancien personnel municipal s’effaça. Le nouveau maire, Adrien Perdry, était un « patriote ».

Les dissensions religieuses s’attisèrent en 1791. Des incidents éclatèrent entre les prêtres constitutionnels et les réfractaires. Les jacobins se radicalisèrent et accédèrent au pouvoir en novembre 1791.

Le 20 avril 1792, la guerre fut déclarée à l’Autriche. Le voisin hennuyer appartenait à l’Autriche. Le 29 avril, une première tentative d’invasion des Pays-Bas Autrichiens échoua lamentablement à Quiévrain.

En août, le roi fut démis. La statue de Louis XV fut renversée. Les contre-révolutionnaires, nobles et prêtres réfractaires, émigrèrent vers le nord.

En novembre, les armées françaises de Dumouriez s’imposèrent à Jemappes.  Mais six mois plus tard, les Autrichiens l’emportèrent à Neerwinden et les Français reculèrent. Valenciennes s’organisa en vue d’un conflit. La ville fut assiégée 42 jours et bombardée. Plus de 3000 maisons sont détruites. On capitula le 30 juillet. Les Autrichiens occupèrent la ville pendant treize mois, ce dont profitèrent les contre-révolutionnaires pour rétablir les anciennes institutions, dont le Magistrat, ainsi que les anciens droits. Même l’empereur François II d’Autriche vint se promener à Valenciennes.

Le 30 juin 1794, Jourdan donna la victoire à la France, à Fleurus. Les Pays-Bas Autrichiens vont être occupés et annexés à la France jusqu’en 1814. Valenciennes fut reprise le 27 août. Les réactionnaires fuirent à nouveau la ville. Le drapeau tricolore flotta à nouveau et la ferveur républicaine baigna la ville.

A Paris, la Terreur faisait rage. Elle atteignit Valenciennes  quand il s’agit de punir tous ceux qui ont collaboré avec l’ennemi. L’église Saint Jacques fut transformée en Temple de la Raison.

La ville était à nouveau appauvrie, dépeuplée et ruinée. Les manufactures et le commerce étaient en plein marasme. Si la répression sanglante s’est vite arrêtée, les Jacobins prirent le pouvoir dans un premier temps, mais ils cédèrent progressivement la place aux Thermidoriens, plus modérés. On en revint dès 1800 à un équilibre politique et social. Si de nombreux négociants ont émigré, d’autres se sont enrichis par la spéculation.

Le Concordat de 1801 rétablit le culte catholique, mais une partie du patrimoine religieux avait été détruit.

Dix-neuvième siècle

Après l’épisode napoléonien, la ville se reconstruisit grâce à des finances saines.  On rebâtit les églises et on créa de nouvelles paroisses. Une bonne partie des couvents et abbayes avait disparu. Ont persisté les congrégations hospitalières et enseignantes (Ursulines, Frères des écoles chrétiennes). La ferveur populaire restait intense, ce qui se traduisait par des pèlerinages et des processions. La communauté protestante était peu nombreuse. Les Juifs obtinrent une synagogue en 1863.

En 1824, Valenciennes obtint le statut de sous-préfecture.

En 1851, le coup d’Etat de Napoléon III fit peu de vague dans le Nord. Le bonapartisme avait des soutiens populaires. Pendant le Second Empire, de grands travaux urbains furent entrepris. Pour contrer les épidémies de choléra, on assainit la ville par un meilleur égouttage et l’installation de fontaines et de bouches d’eau, dans les années 1830. On rénova le théâtre, les académies et le musée, ainsi que l’hôtel de ville. La gare fut inaugurée en 1863.

La guerre de 1870-1871 affecta peu le Nord.

Les remparts furent démantelés au profit de boulevards, de places et de nouveaux quartiers d’habitation, entre 1891 et 1893.

A la fin du siècle, les tenants du royalisme s’effondraient tandis que montait la gauche socialiste dans une ville et une région gagnée par la révolution industrielle.

Cette révolution industrielle fut ici le résultat d’une exploitation plus ingénieuse de la houille (d’Anzin à Vieux Condé, dans le pays de Denain) et de l’installation de grandes usines sidérurgiques et métallurgiques (Trith, Beuvrage, Raismes).  Elle attira de la main d’œuvre et la démographie augmente, grâce surtout à l’immigration. Le textile reprit vigueur (filature de lin, dentelles, linons et batistes, blanchiment). Les brasseries se multiplièrent, ainsi que les sucreries.

Les grandes créations d’usines :

  • 1826 – usine sidérurgique du Pont de Trith, qui deviendra en 1881 “les Forges et Aciéries du Nord et de l’Est
  • 1849 – fusion des forges de Denain et de celles d’Anzin (transformation de la fonte en fer, laminage, martèlement – la fonte vient des minerais lorrains). Au début du XXème, le Valenciennois produisait un cinquième de l’acier français.
  • 1899 – création de la Société des Tubes d’Anzin. Elle fermera en 1982.
  • Compagnie des Wagons-Lits à Marly

Parallèlement un prolétariat ouvrier miséreux se développa qui inspirera le Germinal de Zola.

Vingtième siècle

Le 26 août 1914, Valenciennes fut occupée par les Allemands et le restera jusqu’au début novembre 1918. Réquisitions, restrictions et privations, pénuries de toutes sortes vont être le lot des habitants de la France occupée. La résistance s’organisa. On retient la figure marquante de Louis de Bettignies.

Lorsqu’ils reculèrent dès octobre 1918, les soldats allemands vont expédier les stocks dans leur pays et vont détruire systématiquement les infrastructures industrielles et les moyens de communication. La partie basse de la ville sera même noyée par une inondation provoquée de l’Escaut. Les bombardements seront intenses jusqu’au jour de la libération le 2 novembre 1918 par des soldats canadiens et britanniques.

Le Keizer Guillaume passant ses troupes en revue sur la Place d’Arme

La ville était à nouveau ruinée et la population exsangue et sans travail. Il fallut donc tout reconstruire : usines, centrales électriques, installations ferroviaires, habitations.

Après la guerre et l’union nationale des partis, la politique reprit son droit. L’emprise de la gauche sera de plus en plus forte dans la région, particulièrement celle du Parti Communiste.

Simultanément la reprise économique a lieu. Elle s’accompagna encore d’une poussée démographique due en grande partie à l’immigration venant de Pologne et de Belgique. Commerce, artisanat et industrie fonctionnèrent très bien jusqu’à la crise financière qui se fit sentir ici à partir de 1931. De nombreuses grèves et mouvements sociaux émaillèrent ces années-là.

Puis vint 1939 et la mobilisation.

Et la guerre éclair de mai 1940. L’exode fut massif dès le 16 mai. La ville était en plein confusion et dès le 22 mai devint la proie d’un vaste incendie sous les bombardements, incendie qui dura deux semaines et détruisit un cinquième des immeubles. Les pillards firent aussi leur œuvre.

Durant l’occupation, les départements du Nord, du Pas de Calais et des Ardennes furent coupés du reste de la France et dépendirent d’une Kommandantur militaire installée à Lille, mais dépendant d’une autre de Bruxelles.

Les industries continuèrent à tourner pour alimenter les besoins de guerre des occupants : extraction de charbon, construction de matériel ferroviaire.

La région était communiste et la résistance s’y organisa. Les Juifs valenciennois furent rapidement pris pour cible. D’abord recensés, ils furent l’objet d’une grande rafle le 11 septembre 1942 et envoyés à Auschwitz, via Malines.

La libération eut lieu le 2 septembre par les troupes alliées. Mais auparavant Valenciennes, comme Saint-Ghislain, nœuds ferroviaires, souffrirent de bombardements ayant pour but de ralentir la retraite allemande.

L’après-guerre vit d’abord la reconstruction, puis le démantèlement progressif de ses industries de pointe lors de la crise économique, et enfin des tentatives de reprise au profit d’autres industries.

Bibliographie
  • Nouvelle histoire de Valenciennes – Philippe Guignet, Ed. Privat, 2006
  • Valenciennes à cœur ouvert, Archéologia, n°357, 1999