Montignies-sur-Roc

Entité communale des Honnelles

Le territoire

Superficie: 308 ha

Altitude: de 110 m (sud) à 70 m (nord)

Situation géographique : le territoire de Montignies-sur-Roc est situé sur le versant sud de la vallée de la Haine. Le village s’est constitué de part et d’autre (surtout à l’est) d’un vallon creusé par la Petite Honnelle.

Cours d’eau : Cette rivière dévale presque comme un torrent sur un dénivelé d’une quarantaine de mètres sur le  territoire de Montignies.

Paysage préhistorique (après la dernière période glaciaire) : boisé

Nature du sol : argileux, limoneux

Nature du sous-sol : grès rouge, schiste, roche calcaire

Préhistoire

Néolithique (Homo Sapiens)  – Age du bronze :

Elle est peu documentée. Au XIXème siècle, on y ramassa (Toilliez)  des haches de silex et des hachettes en bronze.

Antiquité gallo-romaine

La chaussée romaine Bavay-Blicquy-Gand passe à l’ouest du village sur la crête.

Un habitat romain aurait existé sur le territoire. Les témoins en seraient un cimetière gallo-romain, des substructions de bâtiments et des vases gallo-romains. Nous n’avons pas plus de précision notamment sur l’endroit des découvertes.

Premier Moyen-Age (période franque mérovingienne et carolingienne)

Elle n’est pas non plus documentée. Mais il existe ce document de 885 dont nous  ne connaissons pas la teneur.

Deuxième Moyen-Age – le village

Première mention: 885

Toponymie (anciennes orthographes) : 

  • Muntiacum (885)
  • Montenneio (1057)
  • Montini (1142)
  • Muntenni (1148)
  • Montigny (1300, 1406)
  • Montegnies sur Rocques (1531)
  • Montigny sur Rocques (1540)
  • En 1701, le village s’appelait Montignies-Notre-Dame-sur-Rocq.

Etymologie (hypothèses d’origine du nom) :

Le nom vient du préfixe –mons et du suffixe –gnies (lieu), ce qui signifie “pays des monts”.

Epoque de son apparition: entre le IXème et le XIème siècle

Facteurs ayant favorisé son émergence :

voies de communication: la chaussée romaine Bavay-Blicquy-Mer du Nord passe à l’ouest du village.

sources d’eau ou cours d’eau: la Petite Honnelle

source de bois: la région boisée (Forêt Charbonnière)

proximité d’un lieu de pouvoir: le château local?

Paroisse dédiée à Notre-Dame. 

Les villages de Montignies et d’Audregnies ne formèrent qu’une seule paroisse, jusqu’en 1802.

Evêché: de Cambrai (jusqu’en 1804), puis de Tournai ensuite

Décanat/doyenné: Bavay jusqu’en 1803, puis Dour.

Autel (dîmes, entretien de l’église, nomination des officiants) donné au chapitre de Cambrai au XIème siècle par l’évêque Lietbert. La dîme était partagée avec l’abbaye de Crespin.

Répartition des pouvoirs pendant la période féodale

Autorité supérieure: comté de Hainaut

Autorité sous-jacente (administrative et judiciaire): prévôté de Mons

Seigneuries et fiefs

Les terres du village étaient partagées entre:

  • La seigneurie principale
  • Un domaine appartenant à l’abbaye Saint-Landelin de Crespin. Il se situait à l’ouest de la chaussée romaine. Il était constitué d’une ferme, appelée plus tard, ferme de « la Chaussée ». Ses terres s’étendaient sur les territoires de Montignies-sur-Roc, Onnezies et Autreppe. On prétend que la ferme est située à l’emplacement d’une villa romaine ou d’un relai, sur la chaussée antique. Elle fut vendue en 1796 et achetée plus tard par les Fulgence Masson. Remaniée, elle est toujours présente aujourd’hui.
  • Une partie du village à l’est faisait partie de la seigneurie de Rampemont dont la ferme se trouve sur le territoire de Fayt-le-Franc.

La seigneurie principale

Elle appartint à diverses familles successives.

Famille de Montigny

Nous ne sommes pas documentés sur cette famille qui apparait semble-t-il à la fin du XIIème siècle, soit à une période où les comtes de Hainaut démantelèrent une partie de leurs domaines pour être redistribués sous forme de fiefs. Ce fut également le cas dans les villages voisins d’Athis, de Fayt-le-Franc, d’Onnezies et d’Angre. Les Montigny seraient peut-être une famille locale prééminente qui aurait reçu en fief le village. Peut-être ne l’ont-ils pas conservé longtemps, les comtes se le réappropriant.

Famille d’Enghien

Montignies-sur-Roc, comme Onnezies et Athis, apparaissent dans les possessions de Louis d’Enghien (v1323-1394). Ce n’est pas un héritage. Ce grand seigneur féodal fut au service des comtes de Hainaut (principalement Aubert de Bavière), mais aussi du roi de France et du comte d’Anjou. Il termina sa vie dans ses terres des Pouilles en Italie. Il est probable qu’il ait reçu ces seigneuries en fief en récompense de services rendus.

Sa fille Marguerite d’Enghien (1365-1397) hérita d’Enghien et des seigneuries de la prévôté de Mons, dont Montignies. A sa mort, sa sœur Isabeau d’Enghien (v1365-1399) semble avoir hérité de ses possessions hennuyères. Il est possible qu’elle n’ait eu qu’à les gérer en l’absence de sa sœur qui vivait en Italie.

Marguerite avait épousé Jean II de Luxembourg, comte de Ligny et de Saint-Pol, qui mourut la même année qu’elle. 

Maison de Luxembourg

C’est donc leur fils, Pierre I de Luxembourg (1390-1433) qui reçut l’héritage hennuyer. D’Italie, il revint en Hainaut où il se mit au service du comte Guillaume IV, puis du duc Jean de Brabant, notamment dans le conflit conjugal de ce dernier avec la comtesse Jacqueline de Bavière. Il se mit au service du roi Henri V d’Angleterre dans le contexte de la Guerre de Cent Ans.

Son fils Louis de Luxembourg (1418-1475) lui succéda. Il fut au service des ducs de Bourgogne, de Philippe le Bon d’abord, de Charles le Téméraire ensuite. Mais comme les de Croÿ, il fut aussi un ami du roi Louis XI de France. Il intrigua tant entre le Téméraire, Louis XI et le roi d’Angleterre que finalement il fut capturé, remis à la France, condamné et décapité à Paris. 

Charles de Bourgogne “le Téméraire” (1433-1477) lui confisqua ses biens, dont ses seigneuries hennuyères.

Marie de Bourgogne (1457-1482) succéda à son père et rendit leurs biens aux Luxembourg, en l’occurrence ici à Pierre II de Luxembourg (v1440-1482), qui s’était remis à son service et à celui de son mari, l’archiduc Maximilien d’Autriche.

Sa fille Françoise de Luxembourg (v1468-1523) hérita de ses biens hennuyers. Elle épousa Philippe de Clèves (1459-1527), un gentilhomme au service des rois de France d’abord (ceux qui combattaient en Italie), de Charles Quint ensuite. Ils n’eurent pas d’enfants.

A la mort de Françoise, ses possessions allèrent à sa sœur aînée Marie de Luxembourg (v1467-1547), épouse de Jacques de Savoie. Ils n’eurent pas de garçon et les trois villages hennuyers furent repris par Charles Quint qui s’empressa de les remettre à son ami, Jean V de Hennin-Liétard (1499-1562), comte de Boussu.

D’Adrien de Montigny (fin XVIème)

Famille de Roisin

Ce dernier en fit don à sa fille Eléonore de Hennin-Liétard (1548-1603) qui avait épousé Baudry XVI de Roisin ( ?-1607). A leur décès, ils n’avaient plus d’enfants. Ceux-ci les avaient précédés dans la tombe.

Le grand héritage des Roisin alla aux descendants de Jacqueline de Roisin (1500-1553), une grand-tante de Baudry XVI. Elle avait épousé Antoine de la Fosse, à qui elle donna deux filles. L’une d’elles, Anne-Marie de la Fosse, avait épousé Robert de la Tramerie, dont le fils François de la Tramerie (v1565-1612) devint seigneur d’une grande partie de « l’héritage Roisin ». Il revendit Montignies-sur-Roc et Onnezies en 1611.

Famille Mainsent

C’est Etienne Mainsent (v1553-apr1615) qui racheta ces deux seigneuries, en réalité pour sa mère, Jeanne Monissart, veuve de Louis Mainsent, le 17 août 1611. Juriste, il était magistrat à Mons.

Son fils Louis-Ferdinand Mainsent ( ?- ?) hérita de ses biens. Officier, puis receveur général des Etats de Hainaut, il s’endetta fortement au point d’hypothéquer certains de ses fiefs et ne plus pouvoir rembourser. Ruiné, il quitta le pays.

Carte de Ferraris (XVIIIème)

Famille de Waziers de Wavrin

Louis de Waziers de Wavrin (1649-1690) acheta Montignies-sur-Roc en 1686. Il résida au château qu’il restaura. Il était aussi seigneur de Larcamp, de Walestine et de la ferme de Rampemont. La famille donnait des magistrats et des échevins à la ville de Mons. Lui succédèrent :

Jean Joseph Louis de Waziers de Wavrin (1684-1740), son fils

Charles Louis Ghislain de Waziers de Wavrin (1737-1816), son fils

Avec lui se termina l’Ancien Régime. Il perdit ses droits et privilèges féodaux, mais conserva ses propriétés dont le château, que ses descendants continuèrent à habiter. Dont les actuels La Motte Baraffe. Cette famille a joué un rôle important au début de la Révolution Française en accueillant des prêtres et des nobles français qui fuyaient les révolutionnaires. 

Le château
Période française (1794-1814)

Fin de l’Ancien Régime féodal en 1794

Département: Jemappes

Canton: Dour

Répartition des pouvoirs pendant la période contemporaine (à partir de 1814)
  • Etat: Royaume des Pays-Bas (1814-1830), puis Royaume de Belgique
  • Province: Hainaut
  • Arrondissement administratif: Mons
  • Arrondissement judiciaire: Mons
  • Canton: Dour
  • Entité communale depuis 1977: Honnelles
Evènements et faits marquants sur le sol de la commune

La vie de la commune fut marquée lors de la première guerre mondiale par des faits de résistance : le 23 août 1915, la comtesse Jeanne de Belleville, habitant à Montignies, fut arrêtée pour avoir pris part à la mise sur pied de réseaux d’évasion. Elle fut condamnée par les Allemands, en même temps qu’Edith Cavell. La peine de mort fut commuée en travaux forcés à perpétuité. Un mineur du lieu, François Crapez, fut aussi jugé et condamné à huit ans de travaux forcés.

Economie

Elle fut essentiellement agricole (céréales, orge, betteraves sucrières, colza, lin). On y trouvait, à côté de petites exploitations, des grosses fermes. Celle de « la chaussée », ancienne dépendance de l’abbaye de Crespin, existe toujours. Elle est composée d’un corps de logis de 1771, d’écuries de 1757. On y entre par un porche en anse de panier. La ferme Jospin rue de l’Eglise, date de 1763 avec un portail d’entrée de 1686. 

Liées à l’agriculture, on trouva les activités annexes habituelles

  • La meunerie. Il existait un moulin, banal, en fond de vallon sur la Petite Honnelle. Un tordoir à huile (de lin et de colza) y fut ajouté au XVIIIème. Une machine à vapeur fut installée au XIXème. Ce moulin « Gilmant » existe encore. Les bâtiments actuels sont de 1823. Il existait aussi un moulin à vent.
  • Des brasseries. Actuellement, l’une d’elle (Abbaye des Rocs) est renommée.
  • Des fabriques de chicorée
  • Une fabrique de moutarde
  • Des tisserands travaillaient la laine (fin XVIIIème, XIXème)

Le sous-sol fut aussi exploité. On creusa des petites carrières dans le bas du village (« Basse-Boulogne ») pour en extraire du grès rouge dont on faisait des pavés, des moellons de gros œuvre.

Une marbrerie « Octave Fleurquin » au « Bas des Rocs » fonctionna dès 1936.

On trouvait aussi des briqueteries.

On mentionne également une fonderie de cloches et une fabrique de cierges.

Patrimoine

Château féodal. Le premier aurait été édifié au XIIème siècle. Il eut à souffrir des Orangistes en 1572. Il fut remplacé par une résidence confortable au XVIIème dans le style manoir tournaisien. Il fut encore réaménagé au XIXème (entre 1822 et 1847) par Virginie du Chastel de la Howarderie. Il est entouré d’un parc.

Eglise Notre-Dame. L’actuel bâtiment est du XVIIIème. Mais on y trouve encore dans le soubassement des moellons de l’église du XVIème. Mobilier:

  • Autel à retable en bois de la Vierge, XVIIème
  • Stalles du XVIIème, ainsi que les autels latéraux.
  • Reliquaire du XIVs, gothique, avec Vierge en ivoire.
  • Pierres sépulcrales des seigneurs (Waziers-Wavrin)

Place communale F. Masson. Espace herbeux entouré de tilleuls.

Chapelle de Goutrielle, anciennement dédiée à St Joseph, actuellement à la Vierge.

Vieux moulin, avec chute d’eau, sur la Honnelle, au lieu-dit « Basse-Boulogne », construit en 1758. Il a fonctionné jusqu’en 1914.

 Bibliographie

Histoire de Montignies-sur-Roc, Marc Coquelet

Rampemont (Fayt-le-Franc)

Entité communale des Honnelles 

Le site de Rampemont fait partie du village de Fayt-le-Franc. Il est traité séparément pour sa spécificité.

Altitude:  106 m

Situation géographique : ce site est en bordure  de la Petite Honnelle et du ruisseau de Braquemart.

Sol et sous-sol: une fine couche de limon sur un socle de grès rouge et de schiste.

Préhistoire – Antiquité gallo-romaine – Premier Moyen-Age (période franque mérovingienne et carolingienne)

Nous n’avons aucune information à propos de ce site avant le Moyen-Age.

Première mention: 1253

Toponymie (anciennes orthographes) : ? 

Etymologie (hypothèses d’origine du nom) :  « rampe » et « mont » correspondent à la situation géographique du site : « mont escarpé » (ce qui apparaît quand on vient d’Athis)

Paroisse:  les habitants de Rampemont dépendaient de la paroisse commune à Athis et Fayt-le-Franc (ou d’Onnezies, selon Dereck)

Répartition des pouvoirs pendant la période féodale

Autorité supérieure: comté de Hainaut

Autorité sous-jacente (administrative et judiciaire): prévôté de Mons

Seigneurie de Rampemont

Il s’agissait en fait d’un grand domaine qui s’étendait sur Fayt, Onnezies et Montignies-sur-Roc.

Selon https://fr.wikipedia.org/wiki/Ch%C3%A2teau-ferme_de_Rampemont, Rampemont n’était pas une commanderie. Il n’était pas repris dans les inventaires des possessions de l’Ordre des Templiers. Il semble que ce domaine était un fief relevant des Comtes de Hainaut et du Fliemet, maison relevant de l’Ordre du Temple et sise à Frameries. On ne connaît pas les rapports exacts avec l’Ordre du Temple (des éclaircissements seraient bienvenus!). Il semble que les seigneurs de Rampemont n’étaient pas des chevaliers de l’Ordre, mais des seigneurs vassaux, détenteurs de la propriété, qui se sont mis au service des comtes.

Des Rampemont furent inhumés dans la chapelle des Hospitaliers de Marly (successeurs des Templiers), près de Valenciennes, chapelle qui a aujourd’hui disparu.

A Fayt-le-Franc, se trouvait un château-ferme, encore debout aujourd’hui, dont l’origine remonterait au XIIIème siècle. Elle comprenait un donjon, la ferme, entourée de douves alimentées par les deux ruisseaux sus-nommés, des terres de culture et d’élevage, des viviers et des bois. Le fief se situait sur la partie occidentale de l’actuel territoire de Fayt-le-Franc et s’étendait vers Onnezies, Autreppe et Montignies-sur-Roc. Des terres lui appartenaient aussi à Elouges, dans le Brabant et en Vermandois. On sait qu’en 1483, les seigneurs avaient droit de haute-justice.

Cette seigneurie fut tenue successivement par plusieurs familles, dont la première prit le nom du domaine.

Famille de Rampemont

On n’en trouverait pas de trace écrite avant 1253. Pour Daniel Dereck,  les Rampemont pourraient être issus d’une branche cadette des seigneurs de Jenlain, hypothèse qu’il justifie par la similitude des blasons et des prénoms ainsi que par un fief qu’avaient les Rampemont relevant en partie de la terre de Jenlain. 

Les quelques seigneurs de Rampemont connus sont :

  • Jean de Rampemont, au XIIIème siècle, ayant participé à une croisade selon une légende locale qui en faisait un seigneur odieux vis-à-vis de ses sujets. Ce récit est conté par Audin et Cambier, mais semble relever de la légende.
  • Alexandre I de Rampemont (avt1253-apr1261), chevalier,  est en réalité le premier personnage familial cité dans un document de 1253 où il est témoin d’un jugement. A nouveau cité par la suite jusqu’en 1261). Pour son fief, il était vassal de la comtesse Marguerite de Hainaut et de l’Ordre des Templiers. On n’en sait pas plus sur lui ni sur ses ascendants. Fut-il le premier seigneur de Rampemont ? Pourquoi ? Dereck pense, sans preuve à l’appui, qu’il pourrait être un cadet de la famille de Jeanlain (prénoms communs aux deux familles, blason assez semblable).
  • Nicolas/Colars de Rampemont (v1261-v1336), fils probable du précédent. Seigneur de Rampemont, cité comme vassal des Templiers. 

En 1312, le roi Philippe IV de France, en accord avec le pape, dissout l’Ordre des Templiers et confisqua leurs biens. Les domaines situés en dehors du royaume passèrent à l’Ordre de St-Jean de Jérusalem. La maison-mère pour le Hainaut se trouvait à Piéton.

Cet Ordre fut créé sous le nom de « Commanderie des Hospitaliers de St Jean de Jérusalem » en 1133, à la suite de la prise de Jérusalem par les croisés en 1099. Cette Maison acquit dès le XIIème siècle des biens considérables en Europe (fermes, terres, bois, paroisses, …). Le titre d’Ordre de Malte date du règne de Charles Quint au XVIème siècle.

  • Alexandre II de Rampemont ( ?-v1349), fils du précédent. Chevalier au service des comtes de Hainaut. Cité de 1317 à 1349.
  • Arnould « Maillefiers » de Rampemont, l’aîné, mort avant son père, sans enfant.
  • Jean « Berruyer » de Rampemont, chevalier, a succédé à son frère Arnould ou à son père vers 1353/1354, cité jusque 1376. On sait qu’il dut s’endetter.
  • Bernard de Rampemont, neveu du précédent. Il continua à s’endetter et fut obligé de vendre progressivement tous ses biens. En 1381, il vendit une partie de sa seigneurie située sur Onnezies, à l’ouest de la voie romaine, à Baudouin de Hennin-Liétard, seigneur de Fontaine et de Sebourg. Ce qui devint la seigneurie de « Rampemont d’Onnezies ». (Détails sur ce fief dans le chapitre d’Onnezies).

En 1399, Bernard de Rampemont vendit la propriété à Guillaume de Sars (Sars-la-Bruyère). On ne trouve plus trace des Rampemont par la suite. 

Famille de Sars

  • Guillaume de Sars (v1393, Valenciennes-1428/1438), fils d’Allard “le Lion” de Sars, seigneur d’Audignies. Il assigna Rampemont comme douaire à son épouse Anne de Lausnoy.
  • Eustache de Sars (1412-v1438), fils du précédent, mort la même année que son père, sans postérité
  • Georges de Sars (1420-1481), frère du précédent
  • Nicolas de Sars (1460-1494), fils du précédent, sans postérité. Ses possessions revinrent aux descendants de sa tante Jeanne, sœur d’Eustache. Elle avait épousé Baudry XII de Roisin (v1410-v1472)
  • Jeanne de Sars ( ?- ?), sœur d’Eustache, ép. Baudry XII de Roisin

Famille de Roisin

  • Baudry XIII de Roisin (v1410-v1472), fils de Baudry XII et de Jeanne de Sars
  • Baudry XIV de Roisin, fils du précédent. Il vendit la seigneurie en 1483 à Mathieu Ghoret/Goret.

Famille Ghoret

Mathieu Ghoret (v1455-1492). Il était d’’une famille bourgeoise montoise. Seigneur de Biaurain (actuellement Beaurieux, dans le Nord). Il tint deux petits fiefs à Sebourg et Rombies (achat ou héritage ?). Il acquit Rampemont et Marchipont en 1483. Membre du Conseil Ordinaire du Hainaut dès 1466. Pannetier du comte de Hainaut. Il épousa   Catherine Gaige, dont il eut:

  • Pierre, infra
  • Michel ( ?-1482), hérite Biaurain. Il fut assassiné.
  • Marie, héritière de Marchipont, ép. 1474 Gilles de Clarges, S. d’Elesmes
  • Jehan, échevin à Mons, membre du Conseil de la Ville qu’il représente aux Etats Provinciaux et Généraux, seigneur de Biaurain à la mort de son frère Michel. Il épousa Jacqueline Duquesne
  • Martin Ghoret, ép. Françoise de Fyves

Pierre Goret/Ghoret ( ?-1533/1534). Seigneur de Rampemont. Echevin (jusque 1533) et membre du conseil de la ville de Mons, délégué aux Etats Généraux. Il épousa Jeanne de Fernay, dont il eut Jeanne Ghoret, qui épousa Jean de Fyves.

Maison de Fyves

Jean de Fyves/Fives ( ?-1568). Il était fils de Bertrand de Fyves, seigneur de la Motte et de Grisoeul/Coulsore, qui avait acheté en 1505 la mairie héréditaire de Mons (fief que le comte relevait de Sainte-Waudru et qui était affermé). Seigneur de Rampemont. Echevin de Mons (1510-1511), puis Mayeur (de 1519 à 1560). Receveur général du Chapitre de Sainte-Waudru. Il épousa Jeanne Goret ( ?-1543), dont il eut:

  • David, infra
  • Jeanne de Fyves, dame de Fontenoy et de Fantignies ép. Thierry du Mont – infra

David de Fyves ( ?-1559), fils du précédent. Seigneur de Rampemont dès 1540. Mayeur de Mons ( ?). Pas de postérité connue.

Famille du Mont/Dumont

Thierry I du Mont (1480-1553). Conseiller de Charles Quint pour le Conseil de Hainaut. Lieutenant du Grand Bailli du Hainaut (1543). Greffier des Etats Provinciaux. Bailli du chapitre de Ste Waudru. Il épousa Jeanne de Fyves, qui hérita en 1559 de Rampemont de son neveu David.

Philippe I du Mont ( ?-1614), fils du précédent. Seigneur de Rampemont, de Biaugies, de la Glisoel, de Fantegnies et de Fontenoy.

  • Philippe II du Mont ( ?-1651), fils du précédent, seigneur de Rampemont, où il résida de 1632 à 1637 en exploitant une moitié de la cense. Il loua l’autre moitié.
  • Joseph François du Mont, fils du précédent. Il exploita la moitié de la cense familiale dès 1654. Il subit des ravages en 1666, ce qui l’obligea à louer une partie des terres.

Anne-Philippe Dumont ( ?-1743), fille héritière du précédent à qui elle succéda en 1677. Toujours mineure, elle vécut d’abord près de son oncle Pierre Charles du Mont à Mons. Le domaine subit de nombreux dommages dus aux guerres entre 1678 et la proche bataille de Malplaquet en 1709. Puis elle exploita la cense, après l’avoir restaurée, au prix d’endettements et de ventes de terres, de 1704 à  sa mort. Elle fut en butte à des litiges judiciaires. Non mariée. Pas d’enfant. Elle mourut très endettée.

Le baron del Nero, florentin d’origine. Fils cadet d’Anne Thérèse du Mont. Son frère aîné Augustin, vivant en Italie, a renoncé à son héritage. Il aurait vécu à Rampemont avec sa tante Anne Philippe dès 1737. Il en hérita en 1743. Il y habita, mais n’exploita pas la cense qu’il loua. Il remboursa les dettes de sa tante, mais en 1753 il dut hypothéquer. 

Maria Eleonora del Nero, fille héritière du précédent. Dame de Rampemont dès 1778. Il vendit la seigneurie en 1780 à Charles Louis Ghislain de Waziers. 

Charles Louis Ghislain de Waziers (1737, Mons-1816). Seigneur entre autres de Montignies-sur-Roc, de Walestine. Ofifcier de carrière.

En 1794, les droits féodaux lui furent enlevés. Il avait suivi les armées autrichiennes lors de leur retraite en Autriche. La propriété de Rampemont resta dans sa famille et passa ensuite aux de Behault de Warelles,  aux  Wauters de Besterfeld, par mariage et successions jusqu’en 1984.

Le château-ferme de Rampemont

Ferme fortifiée XVème sur les ruines d’un premier établissement, dont il subsiste une tour-colombier et le porche. La forme en quadrilatère rappelle les monastères fortifiés des ordres de chevalerie. Les murs sont en grès de Montignies-sur-Roc.

Le bâtiment comporte : un logis, une remise à voitures (de 1619), une grange et des étables. Le porche d’entrée est une haute poterne flanquée de bastions trapus (XVème). Autrefois, il commandait un pont-levis au-dessus de douves entourant l’ensemble. 

Menacé de ruines, il fut racheté en 1992 par Irka Vandenbossche et Dominique Schneider, au travers de leur SPRL Pharmacie Schneider-Depouhon.

 Bibliographie

Un avis de père et mère des Rampemont (1336). Coup  d’oeil sur une famille de la petite noblesse hainuyère des XIIIème et XIVème siècles, D. Dereck,  Annales du Cercle d’Histoire et d’archéologie de Saint-Ghislain, T.VI, 1993

Onnezies

Entité communale des Honnelles

Le territoire

Superficie: 413 ha

Altitude: de 60 m (au nord) à 95 m (au sud)

Situation géographique : Le territoire d’Onnezies est situé sur le versant sud de la vallée de la Haine, à proximité du plateau du Haut-Pays (ou de Bavay). Il est situé sur un point culminant de la ligne de partage des eaux entre les deux Honnelles.

Cours d’eau : le ruisseau Saint-Pierre et son affluent, le Carioteu. Leurs eaux se jettent dans la Grande Honnelle à Angre.

Paysage préhistorique (après la dernière période glaciaire) : boisé

Nature du sol : argileux, limoneux

Nature du sous-sol : grès, schiste

Préhistoire

Paléolithique: On a trouvé sur ce plateau des vestiges de vie lointaine. Ces découvertes sont anciennes (XIXème ou début du XXème siècle) et sont donc mal documentées. Outils en silex de culture acheuléenne (paléolithique inférieur) : bifaces, racloirs, …

Néolithique (Homo Sapiens) : Des outils en silex polis et taillés (haches, couteaux, grattoirs, pointes de flèches) témoigneraient d’une présence pendant la période néolithique.

Ages du fer : On y aurait aussi trouvé des vestiges de l’âge du fer (sans précision).

Antiquité gallo-romaine

En 1862-63, découverte d’un vase orné d’une tête d’homme barbu, portant des petites cornes de bœuf et ayant un corps se terminant en poisson (Musée royal de Bruxelles).

Fouilles de 1868-69 au lieu-dit « la Motte », fiole en verre, une fibule, agrafe en bronze et un vase en céramique – possible emplacement d’une villa.

Des tombes gallo-romaines, ainsi que quelques fragments de vases et des objets non précisés (dans les collections du) indiqueraient un habitat du début de notre ère.

Premier Moyen-Age (période franque mérovingienne et carolingienne)

Aucun témoignage de la période franque n’a été retrouvé.

Deuxième Moyen-Age – le village

Première mention: 1139

Toponymie (anciennes orthographes) : 

  • Oignezies (1139, dans une charte de Nicolas, évêque de Cambrai)
  • Honestat (1150, cité par Jacques de Guise)
  • Honsies en 1181
  • Honezies (1181, bref du pape Lucius)
  • Onnezies (1186)
  • Onesies (1200, 1700)
  • Onnisies et Onzies, XIIIème
  • Ounezies, XIIIème
  • Honnechies ou Oignezies (XIVème)
  • Onesy (1548)
  • Donnezy (1616)
  • Onnezies (1630)

Etymologie (hypothèses d’origine du nom) : 

  • Ce serait une forme romane de Huniciacas, nom d’un personnage appelé « Hunico » (Carnoy)
  • Hon vient aussi de Honnelle, mais qui ne passe pas par le village.
  • ies = pays -> Pays des Ons ?

Epoque de son apparition: entre le Xème et le XIème siècle

Facteurs ayant favorisé son émergence :

voies de communication: la chaussée romaine Bavay-Blicquy passe à proximité (sur les territoires contigus d’Autreppe, de Montignies-sur-Roc et d’Audregnies. A Angre, passait un chemin qui venait du Quesnoy pour aller vers Saint-Ghislain. Il rejoignait le vieux chemin médiéval de Valenciennes à Binche.

sources d’eau ou cours d’eau: les ruisseaux Saint-Pierre et Carioteu

source de bois: toute la région était boisée (Forêt Charbonnière)

proximité d’un lieu de pouvoir: ?

Paroisse dédiée à Saint-Pierre.  Elle dépendait de celle d’Angre. En 1803, on la rattacha à celle d’Autreppe. Elle ne devint autonome qu’en 1856.

Evêché: de Cambrai (jusqu’en 1804), puis de Tournai ensuite

Décanat/doyenné: Bavay jusqu’en 1803, puis Dour

Autel (dîmes, entretien de l’église, nomination des officiants) donné au chapitre de Cambrai (comme celui d’Angre).

Répartition des pouvoirs pendant la période féodale

Autorité supérieure: comté de Hainaut

Autorité sous-jacente (administrative et judiciaire): prévôté de Mons

Seigneuries et fiefs

Lors de la féodalisation, plusieurs fiefs ont été constitués sur le territoire d’Onnezies:

  • La seigneurie principale dépendait de celle de Roisin (attesté dès le XIème siècle). Il existait cependant une résidence fortifiée à Onnezies (près de l’église, qui en fut peut-être la chapelle castrale).
  • La partie orientale du village appartenait, avec une partie de Montignies-sur-Roc, à la seigneurie de Rampemont, dont la ferme se trouvait sur le territoire de Fayt-le-Franc (infra)
  • Un fief appartenait à l’abbaye de Vicoigne, cité à la fin du XVème
  • Un fief des seigneurs de Roisin (infra)
  • Un fief de l’abbaye de Vicoigne, autonome jusqu’à la fin de l’Ancien Régime
  • Il existait au XVIème siècle des terres appartenant aux la Motte
  • Des terres dépendant des seigneurs de Quiévrain, s’étendant sur Angre, Onnezies et Autreppe (autour du hameau du Petit-Quiévrain)
  • Des terres appartenant aux seigneurs d’Angre

La seigneurie principale, dite “d’Enghien”

Elle dépendait des comtes de Hainaut. Ils la déléguèrent à plusieurs familles successives. Ces seigneurs pouvaient exercer la haute justice.

Famille d’Onnezies

Une famille, habitant le château, prit le nom du village. On cite en 1071 Berthe, dame d’Onnezies, qui s’asservit, avec ses quatre filles, à l’abbaye de St Ghislain, du temps de l’abbé Widry. L’absence de renseignements par la suite peut en partie s’expliquer par la présence discontinue d’un seigneur ou une restitution (probable) à la famille comtale. De plus, cette seigneurie ne devait pas être étendue, puisque le village ne l’était pas et qu’il était partagé entre au moins quatre fiefs.

Famille d’Enghien

Montignies-sur-Roc, comme Onnezies et Athis, apparaissent dans les possessions de Louis d’Enghien (v1323-1390). Ce n’est pas un héritage. Ce grand seigneur féodal fut, après avoir été en lutte contre le régent Aubert de Bavière, fit la paix avec celui-ci et se mit à son service, ainsi qu’à celui du roi de France Charles VI et du comte d’Anjou qui se battait dans le sud de l’Italie. Louis d’Enghien, devenu comte de Conversano et de Lecce, termina sa vie dans ses terres des Pouilles en Italie. Il est probable qu’il ait reçu ces seigneuries en fief en récompense de services rendus.

Sa fille Marguerite d’Enghien (1365-1397) hérita d’Enghien et des seigneuries de la prévôté de Mons, dont Montignies et Onnezies. A sa mort, sa sœur Isabeau d’Enghien (v1365-1399) semble avoir hérité de ses possessions hennuyères. Il est possible qu’elle n’ait eu qu’à gérer en l’absence de sa sœur qui vivait en Italie. Marguerite avait épousé Jean II de Luxembourg, comte de Ligny et de Saint-Pol, qui mourut la même année qu’elle.

Maison de Luxembourg

C’est donc leur fils, Pierre I de Luxembourg (1390-1433) qui reçut l’héritage hennuyer. D’Italie, il revint en Hainaut où il se mit au service du comte Guillaume IV, puis du duc Jean de Brabant, notamment dans le conflit conjugal de ce dernier avec la comtesse Jacqueline de Bavière. Il se mit au service du roi Henri V d’Angleterre dans le contexte de la Guerre de Cent Ans.

Son fils Louis de Luxembourg (1418-1475) lui succéda. Il fut au service des ducs de Bourgogne, de Philippe le Bon d’abord, de Charles le Téméraire ensuite. Mais comme les de Croÿ, il fut aussi un ami du roi Louis XI de France. Il intrigua tant entre le Téméraire, Louis XI et le roi d’Angleterre que finalement il fut capturé, remis à la France, condamné et décapité à Paris.

Charles le Téméraire (1433-1477) lui confisqua ses biens, dont ses seigneuries hennuyères.

Marie de Bourgogne (1457-1482) succéda à son père et rendit leurs biens aux Luxembourg, en l’occurrence ici à Pierre II de Luxembourg (v1440-1482), qui s’était remis à son service et à celui de son mari, l’archiduc Maximilien d’Autriche.

Sa fille Françoise de Luxembourg (v1468-1523) hérita de ses biens hennuyers. Elle épousa Philippe de Clèves (1459-1527), un gentilhomme au service des rois de France d’abord (ceux qui combattaient en Italie), de Charles Quint ensuite. Ils n’eurent pas d’enfants.

A la mort de Françoise, ses possessions allèrent à sa sœur aînée Marie de Luxembourg (v1467-1547), épouse de Jacques de Savoie.

Ils n’eurent pas de garçon et les trois villages hennuyers furent repris (ou achetés) par Charles Quint qui s’empressa de les remettre à son ami, Jean V de Hennin-Liétard (1499-1562), comte de Boussu.

D’Adrien de Montigny (fin XVIème)

Famille de Roisin

Ce dernier en fit don à sa fille Eléonore de Hennin-Liétard (1548-1603) qui avait épousé Baudry XVI de Roisin ( ?-1607). A leur décès, ils n’avaient plus d’enfants. Ceux-ci les avaient précédés dans la tombe.

Le grand héritage des Roisin alla aux descendants de Jacqueline de Roisin (1500-1553), une grand-tante de Baudry XVI. Elle avait épousé Antoine de la Fosse, à qui elle donna deux filles. L’une d’elles, Anne-Marie de la Fosse, avait épousé Robert de la Tramerie, dont le fils François de la Tramerie (v1565-1612) devint seigneur d’une grande partie de « l’héritage Roisin ». Il revendit Montignies-sur-Roc et Onnezies en 1611.

Famille Mainsent

C’est Etienne Mainsent ( ?-1655) qui racheta ces deux seigneuries, en réalité pour sa mère, Jeanne Monissart, veuve de Louis Mainsent, le 17 août 1611. Juriste, il était magistrat à Mons.

Son fils Louis-Ferdinand Mainsent ( ?- 1683) hérita de ses biens. Officier, puis receveur général des Etats de Hainaut, il s’endetta fortement au point d’hypothéquer certains de ses fiefs.

Familles Le Duc et de Croix

L’hypothèque sur Onnezies mise par Mainsent fut achetée par Jean-François le Duc (1607-1679), échevin et magistrat à Mons, seigneur de Masnuy-Saint-Pierre. Après sa mort, en 1684, sa veuve obtient un jugement qui fit de la  seigneurie d’Onnezies la propriété de son fils Charles Ignace Le Duc (1655-1697).

Ce dernier étant resté célibataire, à sa mort la seigneurie passa à son frère Adrien Dominique Le Duc (1663-1722) qui racheta aussi le fief de Rampemont-Onnezies (infra).

Sa fille Marie Anne Josèphe le Duc (1711-1742) hérita de ses domaines qui comprenaient aussi Hainin, Angreau et Autreppe. Elle avait épousé Sébastien Nicolas Joseph de Croix « de Drumez » (1693-1738), comte de Clerfayt.

Leur fils François Sébastien Charles Joseph de Croix, (1733– 1798) hérita des biens. C’était un officier, fin stratège, qui eut une carrière prestigieuse au service des empereurs d’Autriche. Il fut un des vaincus de Jemappes, mais gagna d’autres batailles importantes avant de se retirer à Vienne pour y terminer sa vie, ses droits féodaux et ses biens fonciers lui ayant été enlevés par les Révolutionnaires. Le château et les terres furent achetés par la famille Demarez d’Onnezies, puis passèrent dans d’autres familles (Mérode-Westerloo).

Carte de Ferraris (XVIIIème)

La seigneurie de « Rampemont d’Onnezies »

La partie sud-est du village appartenait, avec une partie de Montignies-sur-Roc, à la seigneurie de Rampemont, dont la ferme se trouvait sur le territoire de Fayt-le-Franc. Toute la partie à l’ouest de la chaussée romaine fut éclissée du reste de la commanderie par Bernard/Bernier de Rampemont en 1382 et vendue à Baudouin IV de Hennin-Liétard, seigneur de Fontaine, d’Angre, de Fayt-le-Franc et Sebourg. Ces terres , qui devaient former un couloir reliant Fayt-le-Franc à Angre, relevaient toujours de l’Ordre de Saint-Jean, dont la “maison-mère” se trouvait à Piéton. Rapidement, en 1385, elles furent l’objet d’un litige entre Louis d’Enghien, seigneur haut-justicier d’Onnezies, et Baudouin de Fontaine, pour des problèmes de juridiction. Lui succédèrent :

  • Baudouin V de Hennin-Liétard ( ?-1399), son neveu
  • Jean de Hennin-Liétard ( ?-1415), frère du précédent
  • Baudouin VI de Hennin-Liétard ( ?-apr.1422), fils du précédent. Il revendit Angre à Guillaume de Sars.  Est-ce lui qui revendit Rampemont-Onnezies ou un de ses descendants ?

En 1473, elle était la propriété de Pierre Favereau, bourgeois de Mons. Elle passa ensuite à :

  • Henri Favereau, son fils, cité en 1509, en conflit avec son voisin Philippe de Clèves
  • Nicolas « Favrel » Favereau ( ?-1554), seigneur de Lassus, secrétaire et receveur du Conseil privé et du Grand Conseil de Malines, cité en 1518
  • Il eut deux filles, dont Marguerite « Favrel » ( ?-1558), dame de Lassus, qui épousa Jérôme Pieters van Cats ( ?-1574), écuyer, demeurant à Malines. Ils eurent une fille, Marguerite Pieters ( ?-1630) qui épousa Nicolas van der Laen ( ?-1629), chevalier. Elle lui donna quatre enfants, dont Nicolas van der Laen ( ?-1642), échevin, puis bourgmestre de Malines, qui épousa Eléonore de Gottignies ( ?-1666). Leur fils, Nicolas van der Laen, aussi bourgmestre de Malines, vendit le fief en 1672.

Louis Nicolas Petit (1632-1711), de Mons, l’acheta. Juriste, il fut greffier du grand baillage de Hainaut de 1668 à 1702. Célibataire, il légua avant sa mort la plus grande partie de ses biens aux pauvres de Mons. 

Sa seigneurie de Rampemont-Onnezies fut mise aux enchères en 1711 et rachetée par Adrien Dominique le Duc (supra) qui la réunit à sa seigneurie d’Onnezies en 1711.

Le fief de Roisin

En 1299, Aldegonde de Roisin (non située dans la généalogie de cette famille) est citée comme dame de Selles et d’Onnezies (soit un petit fief sur le territoire du village).

Ce fief passa à Jean de Goegnies, cité en 1473. Il était aussi écuyer et seigneur d’Erquennes (par mariage avec Jeanne de Castellois), du petit fief de Courteville à Elouges, de la seigneurie de Fayt-lez-Seneffe, un fief sur Peissant, de la seigneurie de Sotteville sur le territoire de Strépy-Bracquegnies.

Son fils Guillaume de Goegnies, lui succéda, cité en 1502 à Elouges, mais pas à Onnezies. 

En 1503, Jean II de Hamal-Trazegnies (1439-1513) acquit le fief. Il était entre autres baron de Trazegnies et de Silly, et seigneur de Dour. Il transmit le fief à son fils Charles de Hamal-Trazegnies (v1470-1550) qui le passa à un fils cadet, Robert de Trazegnies (1523-v1580).

Le fief revint ensuite aux seigneurs de Roisin , propriétaires de la seigneurie principale d’Onnezies. La plupart des biens fonciers furent vendus à la Révolution à des particuliers, le plus souvent des nobles, notamment de la famille Mérode-Spangen.

Période française (1794-1814)

Fin de l’Ancien Régime féodal en 1794

  • Département: Jemappes
  • Canton: Dour
Répartition des pouvoirs pendant la période contemporaine (à partir de 1814)
  • Etat: Royaume des Pays-Bas (1814-1830), puis Royaume de Belgique
  • Province: Hainaut
  • Arrondissement administratif: Mons
  • Arrondissement judiciaire: Mons
  • Canton: Dour
  • Entité communale depuis 1977: Honnelles
Economie

Onnezies se trouve sur un plateau dont le sol est arable, ce qui lui valut une économie tournée essentiellement vers l’agriculture. Il y eut de nombreuses fermes. 

Le village est à l’écart des voies de communication, encore que peu éloigné de la chaussée romaine. Mais naguère le chemin vers Montignies était privé, installé par les seigneurs de Montignies pour unir leurs terres. Les accès étaient donc difficiles et les terrains boueux en cas de pluie.

On mentionne des sabotiers.

Patrimoine

Eglise St Pierre. Pas de style propre, mais un intérieur partiellement ogival. Elle était au début une dépendance du château. Elle fut reconstruite en 1847. Son clocher-porche est trapu. Mobilier:

  • Maître-autel classique du XVIIIème
  • Statue de Notre-Dame avec Enfant, XVIIème
  • Statue de sainte, bois polychrome, XVème
  • Trois statues de St Pierre: XVème en bois polychrome, XVème et XVIIème
  • Statue de St Paul, XVIème

Cimetière autour de l’église (encore actuellement)

Ancien château ou ferme du château,  dont il subsiste le colombier, tour carrée de la fin du XVIIème (ci-contre)

 

 

Chapelle St Pierre. Sur le chemin vers Autreppe, à la limite des seigneuries.

La Rue des Juifs rappelle qu’une communauté ancienne s’y installa au XIIIème siècle.

 Bibliographie

Monographie d’Onnezies, Marc Coquelet

Chronologie des seigneurs d’Onnezies, F. Martin, Annales du Cercle d’Histoire et d’Archéologie de Saint-Ghislain, T.IV, 1986

Marchipont

Entité communale des Honnelles

Le territoire

Superficie: 99 ha

Altitude: de 37 m (niveau de l’Aunelle) à 64 m.

Situation géographique : Le territoire de Marchipont est situé sur le versant sud de la vallée de la Haine. Le village s’est constitué de part et d’autre de l’Aunelle, dans un petit vallon creusé par celle-ci. Depuis 1779, cette rivière a divisé l’ancien village en deux en marquant la frontière entre la Belgique et la France.

Cours d’eau : l’Aunelle, affluent de l’Hogneau

Paysage préhistorique (après la dernière période glaciaire) : boisé sur les versants, marécageux en bordure de la rivière qui débordait fréquemment de son cours.

Nature du sol : argileux, limoneux

Nature du sous-sol : grès, schiste

Préhistoire

Néolithique (Homo Sapiens) :  Il n’est documenté que par des silex taillés et polis, ramassés autrefois et dont on ne connait le contexte.

Age du bronze : A Rombies-Marchipont, on a plus récemment découvert un habitat de l’âge du bronze.

Antiquité gallo-romaine

Un agriculteur a découvert en 1846 des vases gallo-romains près du lieu-dit « les Quatre Chemins ». Ceux-ci furent détruits. Certains auraient contenu des ossements. Il pouvait s’agir d’une petite nécropole.

Premier Moyen-Age (période franque mérovingienne et carolingienne)

Non documenté.

Deuxième Moyen-Age – le village

Première mention: 1142

Toponymie (anciennes orthographes) : 

  • Marcipont (1142, bulle du pape Innocent II
  • Morcipont (1171, dans un acte du comte Baudouin IV)
  • Morcin Pont (1214)
  • Morchipont, Morchimpont, Morcipont

Etymologie (hypothèses d’origine du nom) : 

  • Morcin Pont, pont d’un certain Morcin ou Marcus.
  • Selon Chotin, Marchipont signifiait « pont de la frontière ». « Marche » (mark) en roman signifie « frontière ». Chotin en faisait le « pont de la marche », limite entre comté de Hainaut et d’Ostrevent, mais ce dernier comté était situé à l’ouest de l’Escaut et non à cet endroit où il n’y avait jadis pas de frontière.
  • En latin Marcensis pons signifiait le pont de la limite, entre les pagi de Hainaut et de Famars au XIème siècle (Carnoy). Il n’est pas sûr qu’il y ait eu deux pagi distincts, même si l’on n’en trouve parfois mention.

Le pont serait de toute façon à l’origine du nom. Jusqu’au XIXème siècle, l’Aunelle n’était enjambée que par deux ponts en maçonnerie, celui de Quiévrain et celui-ci, d’où l’importance de ce passage (pour les chariots par exemple). A Angre, on passait à gué.

Ici passait le Vieux chemin de Valenciennes à Binche, souvent bien encombré (notamment par les armées en campagne). L’endroit était donc stratégique et le pont fut souvent démoli pour des raisons politiques.

L’utilisation du « o » (Morchipont) en place du « a » proviendrait de la prononciation picarde. Et les deux écritures sont simultanées dans le temps.

Epoque de son apparition: Dans les généalogies que nous avons trouvées, on trouve des seigneurs dès la fin du Xème siècle.

Facteurs ayant favorisé son émergence :

voies de communication: la chaussée romaine antique ne passait pas loin. Le chemin médiéval de Famars (ou Valenciennes) à Estinnes (ou à Binche) passait par Marchipont, venant d’Estreux par Rombies et allant vers Baisieux, puis Elouges.

sources d’eau ou cours d’eau: l’Aunelle

source de bois: tout le versant était boisé

proximité d’un lieu de pouvoir: un château local (?)

Paroisse dédiée à Saint-Nicolas

Evêché: de Cambrai (jusqu’en 1804), puis de Tournai ensuite (pour la partie belge).

Décanat/doyenné: de Bavay, puis de Dour à partir de 1803.

Autel (dîmes, entretien de l’église, nomination des officiants) donné à l’abbaye de Crespin, ce qui fut confirmé en 1142 par une bulle du pape Innocent II (1130-1143).

Répartition des pouvoirs pendant la période féodale

Autorité supérieure: comté de Hainaut

Autorité sous-jacente (administrative et judiciaire): prévôté de Mons

Seigneuries et fiefs

Sur le territoire de Marchipont (France et Belgique), on compta, à des périodes variables, au moins quatre fiefs:

  • une seigneurie principale
  • un fief de l’abbaye de Crespin
  • un fief de la seigneurie de Quiévrain
  • un fief Séverin, mentionné au XVIème siècle

La seigneurie principale

Il semble  que les droits seigneuriaux furent encore exercés par les comtes jusqu’à Baudouin IV (1108-1171) sous le statut de fief-lige. Celui-ci aurait été attribué à la seigneurie de Quiévrechain, qui la revendit ou la céda à celle de Roisin en 1214. Mais la présence de seigneurs portant le nom de “Mochipont” relativement tôt sème le trouble dans nos esprits.

Marchipont eut ses propres seigneurs, vassaux des précédents. Cette seigneurie fut dans les mains successivement de plusieurs familles, à commencer par celle qui porta le nom du village.

Il ne semble pas y avoir eu de château avant le XVIème siècle. Cependant, la généalogie ci-dessous rapport que des seigneurs sont nés ou morts ici. La construction d’un pont en pierre permettant le passage de charrois a pu se faire relativement tôt. Des droits de péage étaient empochés par les seigneurs du lieu.

Famille de « Morchipont »

Selon la généalogie consultée (A. Georgery), les premiers membres connus portaient déjà le titre de seigneurs de Morchipont et de Rombies. Peut-être y exerçaient-ils certains droits au nom des comtes. Ils portaient déjà le titre d’écuyer ou de chevalier, ce qui signifie qu’ils étaient au service des comtes.

  • Crépin/Crépon de Morchipont (v960, Morchipont – ?), le premier cité (au temps de Régnier IV et des premiers seigneurs de Roisin)
  • Germon/Germain de Marchipont (v990- ?), fils du précédent
  • Thierry I de Morchipont (v1025, Morchipont- ?)
  • Germain/Germon II de Morchipont (v1060, Morchipont-1099, Antioche). Il participa à la première croisade et décéda lors du siège d’Antioche.
  • Jacques I de Morchipont (1088- ?), fils du précédent
  • Robert I de Morchipont (1121, Namur- ?), fils du précédent
  • Henri I de Morchipont (1153- ?), fils du précédent. Il épousa Marie de Roisin, fille de Baudry V, peut-être au moment où Marchipont devint fief-lige de Roisin.
  • Jacques II de Morchipont (1176- ?), fils du précédent
  •  (deux générations manquantes)
  • Robert II de Morchipont (1242- ?),
  • Henri II de Morchipont (1272- ?)
  • Germain/Germon III de Morchipont (v1304- ?)
  • Jacques « Jacquemart » de Morchipont (1334, Morchipont-1381, Avesnes-le-Comte)
  • Raould de Morchipont, cité en 1380
  • Guy de Morchipont (v1365, Morchipont-1417)
  • Bertrand de Morchipont (1392- ?)
  • Thierry de Morchipont (1418, Choisies-apr1465)
  • Henri de Morchipont (1459-1535), fils du précédent. C’est probablement lui qui revendit la seigneurie de Marchipont. Mais ses descendants portèrent encore le nom de Morchipont jusqu’au milieu du XVIème siècle.

Famille Ghoret

Mathieu Ghoret (v1455-1492), membre de la bourgeoisie montoise et du Conseil Ordinaire du Hainaut, acheta quelques terres dans la région (à Sebourg et à Rombies), mais aussi les seigneuries de Rampemont (domaine situé sur les territoires de Fayt-le-Franc, Montignies-sur-Roc et Onnezies) et de Marchipont en 1483.

Sa fille, Marie (Mathilde) Ghoret hérita de cette dernière seigneurie et la transmit à la famille de son mari, Gilles de Glarges.

Famille de Glarges

Gilles de Glarges ( ?-apr1495). Son père portait le même prénom et était bailli de Ghislenghien et seigneur de Hélesmes. Sa mère était Marguerite de Trazegnies. Celui-ci devient seigneur de Marchipont, en épousant Marie Ghoret, dame de Marchipont.

  • Jacques I de Glarges (v1480- ?) était leur deuxième fils et hérita du lieu.
  • Jean de Glarges (v1510- ?), fils du précédent
  • Antoine de Glarges (v1535, Mons – 1606), fils du précédent. Son frère François, seigneur d’Hélesmes, ayant pris parti pour la Réforme, fut capturé à la bataille d’Hautrage en 1572 et exécuté par les Espagnols.
  • Jacques II de Glarges (1567, Mons-1631, Mons), fils du précédent. Il aurait fait construire un château à Marchipont.
  • Son fils aîné, Jean de Glarges abandonna la seigneurie en 1631, se faisant prêtre. Les autres fils semblent être décédés jeunes.
  • C’est finalement sa fille Jeanne de Glarges ( ?-1667) qui hérita de Marchipont.

    D’Adrien de Montigny (fin XVIème)

Famille de Hannoye/Hanoye

  • Jean de Hannoye (v1605-1660) était conseiller à la cour de Mons et devint seigneur de Marchipont par mariage avec Jeanne de Glarges. 
  • Leur fils Jacques François Hannoye « de Marchipont » (1640- ?), magistrat à Mons, lui succéda. Il fut anobli par Charles II, roi d’Espagne, en 1678.
  • Puis vint Antoine Philippe Hannoye “de Watinnes “(1688- ?), échevin à Mons et bailli de Chièvres. Il eut deux filles. Son frère Emmanuel de Hannoye ( ?-1372) lui succéda, mais resta célibataire et se fit prêtre.
  • Marie Ursule de Hannoye (1749-1807), l’aînée d’Antoine Philippe, hérita de Marchipont et transmit la seigneurie à son mari.

Famille de Béhault d’Ornon

Nicolas Joseph de Béhault (1731, Mons-1802), écuyer, lieutenant prévôt à Mons, devint par son mariage avec l’héritière de Marchipont, seigneur du lieu. A sa mort, sa veuve Marie Ursule de Hannoye, épousa son frère en 1787.

Jean de Béhault ( ?-1800) resta seigneur de Marchipont jusqu’à la fin de l’Ancien Régime féodal (1793).

Carte de Ferraris (XVIIIème)

Période française (1794-1814)

Fin de l’Ancien Régime féodal en 1794

  • Département: Jemappes
  • Canton: Dour
Répartition des pouvoirs pendant la période contemporaine (à partir de 1814)
  • Etat: Royaume des Pays-Bas (1814-1830), puis Royaume de Belgique
  • Province: Hainaut
  • Arrondissement administratif: Mons
  • Arrondissement judiciaire: Mons
  • Canton: Dour
  • Entité communale depuis 1977: Honnelles
Evènements et faits marquants sur le sol de la commune

Au début de la Guerre de Cent Ans entre France et Angleterre, le comte de Hainaut tenta de se montrer neutre, ce qui déplut au roi Philippe V de Valois qui saccagea en 1340 la région « entre Selle et Honniau », d’après un récit de Froissart. Marchipont en aurait souffert. A la fin de la même guerre, en 1453, ce furent au tour de pillards (« les Compagnons de la Verte Tente ») de semer la terreur dans les environs. Les mercenaires « sans travail » se livraient aussi à de tels actes (incendies, pillages, viols, assassinats).

Un peu plus tard, en 1477 et 1478, les armées du roi Louis XI, en guerre contre Marie de Bourgogne, se livrèrent aussi à de nombreux saccages sur les châteaux et les villages entre Valenciennes et Saint-Ghislain. Marchipont, lieu de passage, fut du lot.

En 1572, lors de la prise de Mons par les calvinistes des Pays-Bas, des renforts huguenots arrivèrent de France et se répandirent dans la région pour résister aux tentatives de reprise des villes par les Espagnols. Le frère du seigneur de Marchipont, François de Glarges, y laissa la vie.

Les villages de la région souffrirent des passages de troupes armées, de quelque bord qu’elles soient. Ce fut le cas en 1576, en 1581, en 1586, en 1597 et 1598.

Les guerres que Louis XIV entreprit contre les Pays-Bas Espagnols virent aussi le passage de ses troupes par les ponts de Marchipont et de Quiévrain.

Lors du Traité de Nimègue (1678), ce qui relevait des prévôtés de Maubeuge et de Valenciennes revint à la France de Louis XIV. C’était le cas pour quelques villages environnants (Sebourg, Quiévrechain, Crespin), mais pas pour Marchipont.

Ceci ne calma pas les appétits du Roi-Soleil qui reprit ses invasions dès 1690, avec leurs lots de désolations dans les villages et les campagnes traversées : réquisitions de chevaux, de fourrage, de nourritures, de main d’œuvre pour aider à effectuer les sièges des villes (Saint-Ghislain, Mons).

En mai 1706, après la bataille de Ramillies, 15.000 soldats français campèrent entre Valenciennes, Crespin et Jenlain. Ce qui occasionna de nouveaux de gros dégâts. Puis ils furent remplacés par les Autrichiens qui cherchaient à les chasser. Et cela continua encore ainsi en 1707, en 1708. Les champs ne pouvaient plus donner de récoltes. L’hiver fut malheureusement rude. La famine s’installa dans les populations.

Lors de la bataille de Malplaquet, les 10 et 11 septembre 1709, l’église du village fut détruite et les habitants pillés. Le pont fut détruit par les troupes qui refluaient vers la France. 

En 1740, la « nouvelle » frontière fut encore franchie. Les troupes françaises occupèrent encore les villages frontières.

Sous Louis XV et Louis XVI, on remodifia les frontières par deux traités des Limites. Lors du second en 1779, l’Aunelle servit définitivement de frontière et divisa le village en deux.

Au début du XIXème siècle, en 1806, Marchipont-France fut réuni à Rombies (village qui a toujours dépendu de la seigneurie de Marchipont). Le château des seigneurs et l’église se retrouvèrent en territoire français.

Le 7 novembre 1918, des troupes canadiennes de libération de la région passèrent par ce pont.

En mai 1940, après l’invasion de l’armée allemande en Belgique, l’armée française qui se porta au secours des troupes belges passa également par Marchipont pour se répandre vers Angre, Audregnies et de là vers Mons.

Il est possible (mais je n’en ai pas l’information) que les troupes américaines et britanniques y passèrent aussi le 4 septembre 1944, encore que le plus gros des troupes libératrices passa par Quiévrain.

Economie

Village essentiellement agricole.

La partie belge est connue aujourd’hui pour son institut « Le Roseau Vert » pour adultes handicapés.

 Bibliographie

Marchipont. Aux passages de l’Histoire, 2006

Fayt-le-Franc

Entité communale des Honnelles

Le territoire

Superficie: 291 ha

Altitude: de 104 m (du côté de Rampemont) jusqu’à 127 m (au Rat d’Eau)

Situation géographique : le territoire de Fayt-le-Franc est au bord du plateau du Haut-Pays (ou de Bavay), sur le versant sud de la vallée de la Haine.

Cours d’eau : la Petite Honnelle traverse le village. 

Au sud passe le Ruisseau de Braquemart, qui prend naissance à Hon-Hergies, longe puis traverse la frontière franco-belge, descend et longe les remparts de la ferme de Rampemont, avant de se jeter dans la Petite-Honnelle avant son entrée dans Montignies-sur-Roc.

Paysage préhistorique (après la dernière période glaciaire) : anciennement boisé

Nature du sol : argile

Nature du sous-sol : grès (marbre)

Préhistoire

 Non documentée

Antiquité gallo-romaine

Des vestiges gallo-romains sont rapportés, mais non précisés, par les archéologues locaux du XIXème siècle.

Premier Moyen-Age (période franque mérovingienne et carolingienne)

Non documenté.

Deuxième Moyen-Age – le village

Première mention: 965

Toponymie (anciennes orthographes) : non mentionnée

Etymologie (hypothèses d’origine du nom) : 

 « Fayt » proviendrait d’un lieu-dit sur une éminence boisée. Le mot est peut-être dérivé de Fagus (latin – fayau, feyau)  qui signifie hêtre. Une forêt de hêtres couvrait la région.

Le suffixe « franc » a été ajouté en 1531, signifiant que les lieux étaient asservis de certaines servitudes.

Epoque de son apparition: entre le Xème et le XIème siècle

Facteurs ayant favorisé son émergence :

voies de communication: l’antique chaussée romaine passe tout à l’ouest du village

sources d’eau ou cours d’eau: la Petite Honnelle et le ruisseau de Braquemart.

source de bois: toute la région était boisée

proximité d’un lieu de pouvoir: une ferme abbatiale éventuelle

Paroisse dédiée à Saint-Nicolas. Elle était dépendante de celle d’Athis. Les deux se séparèrent seulement en 1842.

Evêché: de Cambrai (jusqu’en 1804), puis de Tournai ensuite

Décanat/doyenné: Bavay jusqu’en 1803, puis Dour

Autel (dîmes, entretien de l’église, nomination des officiants) donné à l’abbaye de Saint-Ghislain en 1110 par l’évêque Odon de Cambrai.

En 1301, Amauri, curé de Fayt et d’Athis, fonda dans l’église paroissiale de Fayt, une chapelle en l’honneur de la Vierge, des biens qu’il avait à Baudour et à Erquennes, lesquels furent amortis la même année par Gérard de Jauche, seigneur de Baudour, Pierre de Biévène, écuyer, seigneur en partie d’Erquennes, et l’abbé Robert, seigneur d’Erquennes, qui acquit la collation de la chapelle. Ceci fut confirmé en 1304 par Guy, évêque de Cambrai.

Répartition des pouvoirs pendant la période féodale

Autorité supérieure: comté de Hainaut

Autorité sous-jacente (administrative et judiciaire): prévôté de Mons

Seigneuries et fiefs

Il semble qu’il y en avait trois sur le territoire de Fayt-le-Franc:

  • une seigneurie laïque “principale”
  • un fief de l’abbaye de Saint-Ghislain (selon un document de 965)
  • le fief de Rampemont qui fut donné à l’Ordre des Templiers (traité dans un chapitre spécifique)

La seigneurie principale

Fayt était un domaine appartenant aux comtes de Hainaut. Sans doute faisait-il anciennement partie des domaines fiscaux des rois francs, que les comtes se sont appropriés au IXème ou Xème siècle. Les comtes y exerçaient donc les droits seigneuriaux.

Vers 1190-1195, le comte Baudouin V fit donation du territoire de Fayt, ainsi que ceux de Sebourg et d’Angre, à son frère Henri de Hainaut (v1152-1207). Lui succéda son fils Philippe de Hainaut. A la mort de celui-ci, vers 1245, ses enfants mâles étaient probablement morts. C’est sa fille Isabeau de Hainaut qui hérita des trois domaines.

Maison de Hennin-Liétard

Baudouin de Hennin-Liétard (1238-1288), qui a épousé Isabeau de Hainaut-Sebourg, devient seigneur de Sebourg, Angre et Fayt-le-Franc. Il était le fils du seigneur de Boussu et de Fontaine (l’Evêque), il hérita de ce second domaine, alors que son frère Jean héritait des terres de Boussu. Lui succédèrent:

  • Baudouin II de Hennin-Liétard (v1245-v1295), fils du précédent
  • Baudouin III de Hennin-Liétard (v1281-v1325), fils du précédent
  • Baudouin IV de Hennin-Liétard ( ?-apr1394), fils du précédent, sans postérité
  • Baudouin V de Hennin-Liétard ( ?-1399), neveu du précédent, sans postérité
  • Jean de Hennin-Liétard ( ?-1415) frère du précédent
  • Baudouin VI de Hennin-Liétard ( ?-apr.1422), fils du précédent. Angre est vendu à Guillaume de Sars.
  • Baudouin VII de Hennin-Liétard ( ?-apr.1458), fils du précédent
  • Jean II de Hennin-Liétard ( ?-avt 1514), fils du précédent. Je ne sais pas si son fils Baudouin lui succéda pour la seigneurie de Fayt ou si celle-ci passa dans la branche aînée de Boussu. A cette époque, il s’agissait de Jean V de Boussu.
  • Jean V « le Grand » (1511-1562, celui qui, ami d’enfance de Charles Quint, fut élevé au rang de comte par celui-ci et qui fit bâtir le château renaissance de Boussu. En 1544, voulant agrandir  son domaine de Boussu vers le sud, il fit un échange avec l’abbé de Saint-Ghislain. Il donna à celui-ci ses terres de Wasmuel et de Fayt-le-Franc. En échange, il reçut une partie du bois qui appartenait à l’abbaye sur le territoire de Dour. Ces terres boisées, futur Boussu-Bois, servirent de terrain de chasse, mais avaient l’avantage de contenir dans son sous-sol du charbon de houille. 

    Adrien de Montigny (fin XVIème)

Abbaye de St-Ghislain

Cette seigneurie des Hennin-Liétard vint s’ajouter à celle que possédait déjà l’abbaye. Fayt-le-Franc  restera propriété de l’abbaye jusqu’à la fin de l’Ancien Régime (1793).

La commune

Fayt-le-Franc aurait reçu une charte-loi (franchises) en 1323. Elle fut renouvelée le 31 août 1523 par Philippe de Clèves, duc de Ravenstein et seigneur entre autres d’Athis qui tenait le fief du comte de Hainaut. Ce qui pourrait donner à penser qu’Athis et Fayt faisaient partie d’une même commune, élément que je n’ai vu mentionné nulle part.

Période française (1794-1814)

Fin de l’Ancien Régime féodal en 1794

Département: Jemappes

Canton: Dour

Carte de Ferraris (XVIIIème)
Répartition des pouvoirs pendant la période contemporaine (à partir de 1814)
  • Etat: Royaume des Pays-Bas (1814-1830), puis Royaume de Belgique
  • Province: Hainaut
  • Arrondissement administratif: Mons
  • Arrondissement judiciaire: Mons
  • Canton: Dour
  • Entité communale depuis 1977: Honnelles
Economie

Elle repose sur l’exploitation du sol : agriculture, élevage, entreprises dérivées (brasseries, meunerie).

L’argile du sol a fourni de la matière à des briqueteries.

Le sous-sol fut aussi exploité (marbreries).

Patrimoine

Eglise St Nicolas. L’édifice actuel est bâti sur un précédent qui datait de 1458, détruit par un ouragan en 1606 et par un incendie en 1787. Sa construction fut longue et achevée en 1834. Chaire de vérité XVIIème. Vierge miraculeuse XVIème. 

Le Vieux tilleul, peut-être planté par des soldats de Dumouriez en 1792 (“arbre de la liberté”)

Le vieux moulin, sur la Honnelle, avec une chute d’eau de 10 mètres.

Erquennes

Entité communale des Honnelles

Le territoire

Superficie:  395 ha

Altitude: 125-130 m

Situation géographique : le territoire est situé sur le versant sud de la vallée de la Haine, sur le plateau du Haut-Pays.

Cours d’eau : Il est traversé par la Petite Honnelle que rejoignent quelques ruisseaux.

Paysage préhistorique (après la dernière période glaciaire) : boisé

Nature du sol : argileux

Nature du sous-sol : grès

Préhistoire – Antiquité gallo-romaine – Premier Moyen-Age (période franque mérovingienne et carolingienne)

Non documenté

Deuxième Moyen-Age – le village

Première mention: 1018

Toponymie (anciennes orthographes) :

  • Harcana, 1018
  • Hercana, 1055
  • Erkenne, 1186
  • Yerkenne, 1254
  • Ierkane, 1367
  • Yerkane, 1406
  • Erkanne, 1425
  • Erquenne, 1469
  • Erkenne, 1531

Etymologie (hypothèses d’origine du nom) :

Peut-être du celtique « Hercana », qui fut une déesse de la terre. A moins que ce ne soit le “pays des arcs” (selon Hocq). Ou le village près de l’arche (Carnoy) d’un pont romain sur le ruisseau Favart.

Epoque de son apparition: entre le Xème et le XIème siècle

Facteurs ayant favorisé son émergence :

voies de communication: pas de voie antique et médiévale d’importance

sources d’eau ou cours d’eau: la Petite Honnelle

source de bois: la Forêt Charbonnière

proximité d’un lieu de pouvoir: la ferme abbatiale

Paroisse dédiée à Saint-Ghislain

Evêché: de Cambrai (jusqu’en 1804), puis de Tournai ensuite

Décanat/doyenné: Bavay jusqu’en 1803, puis Dour

Autel (dîmes, entretien de l’église, nomination des officiants) donné à l’abbaye de Saint-Ghislain en 1110 par Odon, évêque de Cambrai. En réalité au début, elle était partagée avec l’abbaye de Crespin, mais un conflit entre les deux institutions fit céder en 1204 l’abbé Arnould de Crespin, qui de plus avait besoin d’argent pour partir à la croisade.

Répartition des pouvoirs pendant la période féodale

Autorité supérieure: comté de Hainaut

Autorité sous-jacente (administrative et judiciaire): prévôté de Mons

Seigneuries et fiefs

Il semble qu’à l’origine, sur le territoire d’Erquennes, on ait eu deux grands domaines :

  • L’un appartenait aux comtes de Hainaut et provenait sans doute des domaines royaux francs que les comtes s’approprièrent dès la fin du IXème siècle
  • L’autre appartenait à l’abbaye de Saint-Ghislain qui prétendait le détenir d’un don fait par le roi Dagobert à l’abbé fondateur au VIIème siècle. Ce qui entraîna des contestations, car les abbés au XIème et XIIème siècle ne pouvaient le prouver par des documents écrits…qui auraient disparu lors des pillages vikings du IXème siècle. Les évêques de Cambrai, protecteurs de l’abbaye, confirmèrent pourtant ce don, notamment Odon de Cambrai en 1110. Les comtes s’y opposèrent, malgré les plaintes des abbés auprès de l’empereur Henri III (qui ne prit pas position), malgré tous les arguments avancés par les abbés. En fait, cette contestation ne concernait pas seulement le domaine d’Erquennes, mais bien d’autres de la région (autour de Boussu et Dour) où étaient contigus ceux de l’abbaye et ceux des comtes.

La seigneurie laïque

Selon Cambier et Audin, la seigneurie laïque d’Erquennes fut attribuée, au XIIème siècle,  à des membres de la famille de Mons (comme Dour, Boussu, Hainin et Thulin). Ils citent

  • Gossuin « Isaac » de Mons
  • Gossuin III de Mons

Ce dernier, à sa mort, n’avait plus que des filles, dont certaines héritèrent de terres (Baudour, Boussu et Hainin). Dour fut confié à Guillaume de Dour. Pour ce qui est d’Erquennes, ou bien les comtes reprirent à leurs charges les droits féodaux, ou bien ils les cédèrent à une autre famille. Celle qui est citée est celle de Biévène (ou Bever), commune de l’actuel Brabant Flamand. On sait que les personnages de cette famille étaient des hommes de fief des seigneurs d’Enghien. Ceux-ci détinrent, comme la famille de Mons citée plus haut, le titre de châtelain de Mons et de domaines qui étaient liés à cette charge, à savoir Havré et ses dépendances (Ghlin, Havay, Goegnies-Chaussée). On peut donc se poser la question de savoir si ce fut aussi le cas d’Erquennes. Et dans ce cas, les Enghien se seraient fait représenter localement par la famille Bievène. Le problème, c’est que l’on n’a pas beaucoup de renseignements à leurs propose.

Le seul personnage connu est Pierre Biévène, cité en 1301.    

Après lui, une nouvelle zone d’ombre apparaît. Celui qui, par la suite, est cité comme seigneur d’Erquennes est Jean de Castellois (1325-1396) qui en serait peut-être devenu le titulaire en épousant Marie-Jeanne Pipart, citée comme dame d’Erquennes, mais dont on ne semble pas connaître l’origine. La seigneurie est transmise à leur fils Collart de Castellois (v1350- ?). Celui-ci n’a qu’un fils, Jean, religieux (abbé d’Hasnon) et deux filles, dont l’une, Jeanne de Castellois, épousa Jean de Goegnies, transmettant Erquennes à cette famille.

Maison de Goegnies

Il s’agit de Houdeng-Goegnies et non de Goegnies-Chaussée.

  • Jean III de Goegnies était aussi seigneur de Fay, de Sotteville, du fief de Courteville à Elouges et du fief de Rampemont à Onnezies. Il devint seigneur d’Erquennes en épousant Jeanne de Castellois.
  • Guillaume de Goegnies ( ?-1543), fils des précédents.
  • Antoine de Goegnies (1505- ?), fils du précédent.
  • Jean IV de Goegnies (1535- ?), fils du précédent
  • Philippe de Goegnies ( ?- ?), fils du précédent
  • Antoine de Goegnies « de Vendegnies-aux-Bois » ( ?-1599), fils ou oncle du précédent
  • Antoinette de Goegnies (v1570- ?), dame héritière d’Erquennes. Elle épousa en 1592 Louis de Beaufort, chevalier, gouverneur du Quesnoy, officier.

Ils eurent Antoine de Beaufort/Beauffort (v1592-1642/1662), officier dans l’armée espagnole, qui mourut célibataire.

D’Adrien de Montigny (fin XVIème)

Pierre Alexandre Raulx, cité comme seigneur d’Erquennes (1619-1653). Il pourrait n’être que le seul de sa famille à avoir été seigneur d’Erquennes. Il l’aurait acheté à Antoine de Beaufort vers 1642. Et l’aurait revendue à Jacques Aupaix, un cousin éloigné.

Jacques Aupaix (1626, Mons- ?), d’une famille montoise d’avocats. Il n’eut qu’une fille, Jeanne Françoise Aupaix, dame d’Erquennes (1639/1641, Mons-1691, Boussu-lez-Walcourt) qui épousa Alexandre François de Barbençon «  de Boussu », seigneur de Fontenelle et écuyer.

Erquennes passa ensuite à leur fille Jeanne-Françoise de Barbençon « de Boussu » (1674-1713), qui épousa Pierre Octave Desmanet (1660, Virelles – 1724), maître de forges, écuyer, seigneur de Boussu-lez-Walcourt, de Fontenelle, d’Erquennes par mariage. Cet héritage fut partagé entre leurs enfants.

Jean Octave Joseph Desmanet (v1698-1750, Chimay) obtint Erquennes. Il était aussi écuyer (1725) et maître de l’artillerie de la ville de Mons. Il épousa en 1727 Marie Ursule de Malapert de Motte, dame de Bray, dont il eut :

Maximilien Octave Joseph Desmanet (1729, Mons-1784, Thuin), seigneur d’Erquennes, qui épousa en  1764 Catherine le Rond. Ils eurent :

Philippe Joseph Eugène Desmanet (1767, Chimay – 1829, Fontaine), dernier seigneur d’Erquennes, membre des Etats Provinciaux du Hainaut (1816-1827)

Carte de Ferraris (XVIIIème)

En 1779, deux hameaux, jusque-là français, ceux de Ferlibray et de Ruinsette, ont été rattachés à Blaugies.

Erquennes détenait le bois de Fontenoy, aujourd’hui dépendant de Houdain.

Période française (1794-1814)

Fin de l’Ancien Régime féodal en 1794

  • Département: Jemappes
  • Canton: Dour
Répartition des pouvoirs pendant la période contemporaine (à partir de 1814)
  • Etat: Royaume des Pays-Bas (1814-1830), puis Royaume de Belgique
  • Province: Hainaut
  • Arrondissement administratif: Mons
  • Arrondissement judiciaire: Mons
  • Canton: Dour
  • Entité communale depuis 1977:
Economie

Elle est dominée par l’agriculture et l’exploitation du bois. On y trouvait des scieries.

Patrimoine

Eglise Saint Ghislain  a été édifiée à la fin du XVIème siècle. Elle fut détruite partiellement en 1606 lors d’une tempête de Pâques. Elle est de style romano-gothique. Elle fut remaniée au XVIIIème. La tour est massive. Calvaire en bois sculpté, polychrome, fin XVIème, gothique. Statue de la Vierge avec enfant, XVIème.

 

 

Athis

Entité communale des Honnelles

Le territoire

Superficie: 262 ha

Altitude: entre 110 et 125 m

Situation géographique : Athis, sur le versant sud de la vallée de la Haine, est situé à l’entrée du plateau du Haut-Pays (ou de Bavay)

Cours d’eau : le ruisseau de Fonteni (qui vient de Blaugies) le traverse d’est en ouest en creusant un petit vallon, avant d’aller se jeter dans la Petite Honnelle.

Paysage préhistorique (après la dernière période glaciaire) : boisé

Nature du sol : argileux, rocailleux

Nature du sous-sol : grès

Préhistoire

Non documentée

Antiquité gallo-romaine

Les auteurs anciens évoquent des tombeaux romains (sans précision).

Premier Moyen-Age (période franque mérovingienne et carolingienne)

Non documenté

Deuxième Moyen-Age – le village

Première mention: 1008

Toponymie (anciennes orthographes) : 

  • Astiches, Atiches, Astices – 1018 (diplôme de l’empereur Henri IV) et 1185
  • Astigiis, 1110 (charte d’Odon, évêque de Cambrai)
  • Asticies, 1119 (bulle du pape Calixte II) , 1183 (bref du pape Lucius III ), 1190 (Annales de l’abbaye de Saint-Ghislain, bref des papes Innocent et Urbain III)
  • Austichies, 1367
  • Astiches, 1406 et 1425
  • Astices, 1469, 1531
  • Astiches, 1534
  • Astice, 1541

Etymologie (hypothèses d’origine du nom) : 

Ce nom pourrait provenir du bas-latin Ategia, signifiant hutte, maisonnette. On en conclut à la possibilité d’un petit hameau de paysans ou de bûcherons à un endroit qui était couvert par la Forêt Charbonnière avant les grands défrichements.

Il existe un village d’Attiches dans le Nord de la France, dont la toponymie est semblable.

Epoque de son apparition: au Xème ou XIème siècle

Facteurs ayant favorisé son émergence :

voies de communication: pas de voie antique sur le territoire (mais elles n’en sont pas très éloignées) ni de voie médiévale d’importance

sources d’eau ou cours d’eau: le ruisseau de Fonteni

source de bois: tout le territoire était boisé

proximité d’un lieu de pouvoir: ?

Paroisse dédiée à Saint-Ursmer, abbé de Lobbes. Elle serait devenue dépendante de celle de Fayt-le-Franc à la fin du XIIème siècle. Elle ne devint autonome qu’en 1842.

Evêché: de Cambrai (jusqu’en 1804), puis de Tournai ensuite

Décanat/doyenné: de Bavay jusqu’en 1803, puis de Dour

Autel (dîmes, entretien de l’église, nomination des officiants) donné à l’abbaye de Saint-Ghislain en 1110 par Odon, évêque de Cambrai. 

Répartition des pouvoirs pendant la période féodale

Autorité supérieure: comté de Hainaut

Autorité sous-jacente (administrative et judiciaire): prévôté de Mons

Seigneuries et fiefs

Malgré sa faible étendue, le territoire d’Athis était partagé en de plusieurs fiefs.

  • La seigneurie principale
  • Le fief de l’abbaye de Saint-Ghislain. La tradition prétend que ces terres firent partie des larges dons du roi Dagobert au moine fondateur légendaire de Saint-Ghislain (VIIème siècle). Mais comme pour les autres, aucun document ne l’atteste, parce que ceux-ci auraient disparu lors des raids vikings de la fin du IXème siècle. Les documents écrits par l’évêque Odon de Cambrai de 1110 auraient été falsifiés, ce qui a entraîné des conflits avec les comtes. Il y eut même recours devant l’empereur Henri qui ne prit pas partie. Cette seigneurie est encore citée en 1550.
  • La seigneurie du Ploych dépendait de celle de Quiévrain. Elle était essentiellement composée de bois, de terres de culture et de pâturages. Mais on lui connaissait une résidence fortifiée. On ne sait de quand elle date, mais elle releva (comme Quiévrain) des ducs d’Arenberg, avant d’être cédée aux seigneurs de Bellignies, puis au Du Sart de Molembaix au XVIIIème.
  • La seigneurie de Quentin de Ville (v1370-v1428), seigneur dAudregnies, citée en 1427. On ne sait le sort de cette terre ni avant ni après ce personnage.
  • La seigneurie des Communs Seigneurs, citée en 1439
  • le fief de l’abbaye Notre-Dame de Vicoigne à Raismes (Prémontrés) depuis le XIIIème. L’évêque de Cambrai confirma en date du 23/10/1275, la donation à l’abbaye de Vicoigne par Nicolas de Thulin de tous ses biens, sous réserve d’usufruit, situés à Athis, à Audregnies, Blaugies, Dour, Elouges et Erquennes. On connait un Nicolas de Thulin qui fut abbé de Crespin (1315-1321), (Histoire ecclésiastique du Diocèse de Cambrai).
  • Fief de l’abbaye du Val-des-Ecoliers de Mons (en fait un prieuré transféré en 1252 de Valenciennes à Mons).
  • Fief de l’abbaye St-Pierre d’Hautmont (également à Dour, Blaugies, Fayt-le-franc, Elouges), avec une cense achetée en 1630
  • fief de l’hôpital St Nicolas de Mons

La seigneurie principale d’Athis (Attiches, Astiches)

Elle posséda la haute justice et le contrôle de la commune d’Athis. Elle faisait partie, à l’origine de la féodalité, des domaines appartenant aux comtes de Hainaut. Elle fut donnée en fief à une famille qui prit le nom du village, puis elle passa dans les possessions de différentes familles. Nous manquons  de nombreux chaînons pour réaliser une liste complète et continue.

Il est d’ailleurs possible que ce domaine comtal ne fut attribué à un personnage (et sa descendance) par intermittence, le domaine revenant au comte à la mort du dernier descendant mâle sans héritier mâle (système de l’apanage). Les bénéficiaires de tels fiefs sont en général des membres de la famille comtale soit des barons proches de ceux-ci.

Famille d’Athis (Attiches)

L’époque (XIIème siècle) où apparait cette famille correspond à celle où des domaines comtaux voisins furent également attribués (Fayt-le-Franc, Angre, Autreppe, Blaugies, …).

Régnier/Rainier d’Attiches ( ?-apr1190). Cité comme chevalier et seigneur d’Athis. Le premier mentionné, il pourrait bien être le premier à avoir reçu du comte les droits seigneuriaux sur le fief principal d’Athis. Cité en 1179 comme témoin dans une charte d’asservissement de quelques serfs à l’abbaye de St-Ghislain par Gossuin de Ville.

Hugues d’Attiches, peut-être fils du précédent. Chevalier et seigneur d’Athis. Grand panetier de France. Cité en 1190 comme témoin d’une charte de Saint-Ghislain. 

On connait peu de choses des autres membres de cette famille pour le XIIème et la première moitié du XIIIème siècle. Sont cités, sans que l’on sache s’ils étaient titulaires de la seigneurie :

  • Jean d’Astices, cité en 1277 dans un cartulaire du Hainaut
  • Robert d’Athis, écuyer, cité en 1277 et 1284
  • Guillaume d’Astichescité comme chevalier et seigneur d’Athis (le dernier portant ce nom). Il est encore cité vers 1350. Il n’eut apparemment qu’une fille, Marguerite d’Astiches, qui épousa un membre de la famille d’Auberchicourt.
  • On cite encore en 1400 Jean d’Athis, écuyer, qui épousa Jéromette de Fontaine-Wicart.

La Maison d’Athis n’est plus citée par la suite.

Famille d’Auberchicourt (Aubercicourt)

Cette seigneurie se trouvait en Ostrevant et était fidèle au comte du Hainaut. Elle posséda à un certain moment la seigneurie de Bernissart. Elle est assez mal documentée quant aux seigneurs d’Athis.

Eustache d’Auberchicourt  était le fils de Gilles d’Auberchicourt, écuyer, bailli de Busigny et de Prémont, et d’Agnès de Louvegnies. Il épousa  vers 1350  Marguerite d’Astiche et devint seigneur d’Athis. Il est difficile de préciser qui est ce personnage. Il existe à la même époque un Eustache d’Auberchicourt,  fils de Nicolas II d’Auberchicourt de la lignée de Bugnicourt. Il était chevalier. Il fut gouverneur de la ville de Mons en 1362. Puis, en pleine Guerre de Cent Ans, il se mit au service du roi d’Angleterre, pour lequel il participa à de nombreuses « chevauchées » dans l’ouest de la France. Il est cependant signalé comme époux d’Isabelle de Julich/Juliers, mariage célébré en Angleterre. Il serait mort en 1372 à Carentan. Est-ce le même personnage ?

Selon une source généalogique, il aurait eu un fils, François d’Auberchicourt, chambellan du duc de Bourgogne, mort en 1410, date à laquelle semble apparaître Athis chez les Luxembourg. Selon une autre source, il aurait eu deux fils, Nicolas et Jean, qui auraient fait une carrière militaire en Angleterre et s’y seraient mariés.

Famille de Luxembourg-Saint-Pol

Il s’agissait d’une lignée cadette descendant des comtes de Luxembourg.  La seigneurie d’Athis, comme d’autres de la région (Onnezies, Montignies-sur-Roc), semble apparaître dans leurs nombreuses possessions à la fin du XIVème ou au début du XVème siècle. C’est à cette époque que Jean II de Luxembourg, comte de Ligny et de St-Pol, épousa Marguerite d’Enghien, héritière de la branche aînée des Enghien. Est-ce elle qui leur apporta ces seigneuries ? Ont-elles été attribuées ou vendues par les comtes aux nouveaux seigneurs ? A partir de ce mariage, les membres de cette famille qui se succèdent sont :

  • Jean II de Luxembourg-St-Pol (1370-1397), époux de Marguerite d’Enghien
  • Pierre I de Luxembourg-St-Pol (1390-1433), fils du précédent
  • Isabelle de Luxembourg-St-Pol ( ?-1472), fille du précédent, qui reçut Athis en héritage en 1419.
  • Mais cette seigneurie repassera en 1448 à son frère Louis de Luxembourg-St-Pol (1418-1475). Ce personnage fut à la fois au service du duc de Bourgogne, Charles le Téméraire, et à celui du roi de France, Louis XI. Accusé de haute trahison, il fut exécuté en 1475 et ses biens confisqués.

C’est ainsi que Charles le Téméraire et sa fille Marie de Bourgogne furent quelques années à la tête de la seigneurie d’Athis, avant que cette dernière ne la restitue au fils de Louis, Pierre II de Luxembourg St-Pol (v1440-1482). A la fin de sa vie, il n’a plus que trois filles vivantes et partage ses domaines entre elles.

D’Adrien de Montigny (fin XVIème)

Maison de Clèves

Françoise de Luxembourg-St-Pol ( ?-1523), fille du précédent, épousa Philippe de Clèves (1456-1528), fils d’Adolphe II de Clèves et petit-fils du duc de Bourgogne, Jean-sans-Peur. C’est un ami d’enfance de Marie de Bourgogne, fille de Charles le Téméraire. Duc de Ravenstein. Seigneur de Wijnendaele. Seigneur d’Athis, par mariage.  Capitaine-général de Flandre. Amiral des Pays-Bas. Conseiller de Maximilien de Habsbourg. Puis, lors de la révolte des villes contre les visées centralisatrices de Maximilien, il prit le parti des rois de France, Charles VIII puis Louis XII. Il devint vice-roi de Gênes. Il avait épousé en 1485 Françoise de Luxembourg-Saint-Pol ( ?-1523), héritière d’Athis. Ils n’eurent pas d’enfant. Il laissa ses biens à l’empereur Charles Quint en 1528 (à moins qu’ils ne furent “récupérés” par celui-ci comme dans le système des apanages. Ce dernier en fit don à Jean de Hennin-Liétard en 1540.

Maison de Hennin-Liétard

Jean V de Hennin-Liétard (1499-1562). C’est un ami d’enfance de Charles Quint, il fut le premier comte de Boussu. Il épousa Anne de Bourgogne, une descendante de Philippe le Bon, dont il eut de nombreux enfants. La terre d’Athis fut attribuée à sa fille Eléonore de Hennin-Liétard (1548-1603).

Maison de Roisin

Baudry XVI de Roisin ( ?-1607), de par son mariage avec Eléonore de Hennin-Liétard, devint donc seigneur d’Athis. Tous deux moururent après leurs trois enfants. 

Il est possible qu’il ait cédé Athis à son frère Jean de Roisin en 1593, mais celui-ci aussi mourut sans postérité. Les nombreux territoires de la famille Roisin allèrent en grande partie chez les descendants de sa tante Jacqueline de Roisin.

Maison de Busignies

Athis se retrouva dans les possessions de Jean de Busignies, sans doute par achat en 1610. Il était seigneur de Laval et receveur général des aides (impôts) du Hainaut. Il n’eut que des filles. C’est Marguerite de Busignies qui hérita d’Athis.

Maison de  la Tenre (Deltenre ou Deletenre)

Jean-Baptise Deletenre ( ?-1644), fils d’Antoine Deletenre et de Marie le Brun. Il devint seigneur d’Athis par mariage avec Marguerite de Busignies.  Jean-Baptiste de le Tenre, demeurait plus souvent à Mons, dans son hôtel de la rue des Clercs, qu’à Athis. Il détenait de nombreux fiefs, sièges de rentes, sur Athis (diverses terres, la seigneurie et le moulin d’Athis), Neuville, Landrecies, Le Quesnoy, Mons, Horruette et Horlebecq (Enghien), etc.,..

Antoine-Ignace de le Tenre, fils du précédent.  Seigneur d’Athis. Il résida et fut inhumé à Athis.

  1. Ep.  1657 Jolente Payen
  2. Ep. Claire-Thérèse de Lattre, dame de Warin
    1. Thérèse-Ernestine-Agnès de le Tenre (1672-), héritière. 

Maisons de Reding

Henri Sébastien de Reding Biberegg (1662-1694/1725, Mons). Il est originaire de Suisse. Il fut capitaine des Gardes Suisses, puis devint officier au service du roi de France. Il fut adoubé chevalier. Il devint seigneur d’Athis par mariage avec Thérèse-Ernestine-Agnès de le Tenre (1663/1672-1700). Ils furent inhumés tous les deux à Athis. Ils eurent:

  • Marie-Thérèse (1697-), hérite d’Athis
  • Justine-Henriette (1698-), hérite de Warin, ép. Alexandre de Franeau

François-Antoine de Reding de Biberegg (1691-1763, Valenciennes), fils de Josef Anton von Reding von Biberegg. Il devint seigneur d’Athis par mariage en 1718 avec sa cousine Marie-Thérèse de Reding.   Il était brigadier des armées du roi de France. Il fut créé chevalier de Saint-Louis. Il renouvela en 1739 le cartulaire de la terre et seigneurie d’Athis, lui permettant de percevoir le droit seigneurial sur les ventes. Ils eurent:

  • Marie Constance Félicité de Reding de Biberegg, ép. Louis d’Anterroches
  • ? Charles Auguste, infra

Charles Auguste de Reding (v1730-avt1797), fils probable du précédent. Seigneur d’Athis et de Warin. Il épousa Louise Poleresky, dont il eut:

Eléonore de Reding (1767-1812), fille du précédent. Elle devint héritière d’Athis en 1790. Les droits seigneuriaux furent abolis par les Révolutionnaires français en 1792. En 1793, le château d’Athis fut acheté par Jean-Jacques-Joseph de Royer de Dour.

Carte de Ferraris (XVIIIème)

Période française (1794-1814)

Département: Jemappes

Canton: Dour

Répartition des pouvoirs pendant la période contemporaine (à partir de 1814)
  • Etat: Royaume des Pays-Bas (1814-1830), puis Royaume de Belgique
  • Province: Hainaut
  • Arrondissement administratif: Mons
  • Arrondissement judiciaire: Mons
  • Canton: Dour
  • Entité communale depuis 1977: Honnelles

Economie

Comme dans toute la région, elle fut essentiellement consacrée à l’agriculture. Il existe encore aujourd’hui quelques anciennes grosses fermes.

On a la notion d’un moulin banal à vent qui existait avant 1563 et qui disparut avant 1833. Il appartenait aux seigneurs des lieux. Il existait aussi un tordoir à huile dès le XVème siècle.

On y vit des tisserands, du XVI au XIXème siècle. Ainsi que des saboteries, encore présentes dans la première moitié du XXème.

Il y eut des fours à chaux.

En 1896, un tramway venant de Boussu, desservait Dour, Blaugies, Erquennes et Athis. Le chemin de fer n’y passa jamais.

Patrimoine

Le château, disparu (“de Ploich” ou Ploych). Il dépendait de la seigneurie de Quiévrain. Il fut rebâti au XVIIème et tomba ensuite en ruines, inhabité au XIXème. Il en subsiste une chapelle adossée à une ferme, près de la cure.

Chapelle de la seigneurie du Ploych (ci-contre) rue du Grand Coron (Fin XVème-début XVIème)

Eglise St Ursmer. Le plan est celui d’une église-halle (les trois nefs sont d’égale hauteur). La tour et la nef centrale, du XIIIème, sont romanes. Le chœur et le chevet à abside triple, du XVIème, sont gothiques. Les nefs latérales sont disproportionnées comme dans les églises halles. Elle fut voûtée en bardeaux gothiques à la fin du XVème ou au début du XVIème siècle. Mobilier :

  • Statue de St Ursmer, en bois doré, XVIème
  • Fonts baptismaux en pierre bleue du XVème
  • Cloche de 1781
  • Pierres tombales des seigneurs d’Athis du XVIIème :
    • Ignace de Tenre (décédé en 1674) et son épouse Isabelle-Yolende Payen
    •  Yernaut (1631)

Roisin

Entité communale des Honnelles

Le territoire

Superficie: 1225 ha

Altitude:  de 63 m (la Grande Honnelle à l’est) jusqu’à 123 m (Bois de Fayau)

Situation géographique : Le territoire de Roisin est situé sur le versant sud de la vallée de la Haine, au début du plateau de Bavay (Haut-Pays). Il descend en pente d’ouest en est sur le versant occidental du vallon creusé par la Grande Honnelle. 

Cours d’eau :  La Grande Honnelle vient de France. Elle pénètre au hameau du Piémont, s’étire dans le bois du Boutenier et tombe en cascade près de l’ancienne marbrerie Cordiez. Elle suit ensuite la crête du bois d’Angre jusqu’au Moulin d’Angre, en passant à proximité du « Caillou-qui-Bique » qu’elle a érodé. 

Elle reçoit à Angre le ruisseau de Roisin, lui-même grossi d’un ruisseau venant de la Flamengrie. Ce ruisseau passe à proximité du château de Roisin dont il alimentait autrefois les douves. Quittant le village par l’ouest, il devient le ruisseau d’Angreau qui borde ce village à l’ouest (dans les « Fonds »), avant de reprendre la direction nord-est, passant sous la route d’Angreau à Angre, pour venir se jeter dans la Grande Honnelle avant le centre du village.

Paysage préhistorique (après la dernière période glaciaire) : il était boisé (Forêt Charbonnière).

Nature du sol : argileux, limoneux

Nature du sous-sol : grès, marbre

Préhistoire

Néolithique (Homo Sapiens) – Age du bronze – Ages du fer : Un habitat néolithique ou protohistorique aurait existé sur le territoire actuel de Roisin. On y a retrouvé au XIXème des silex taillés, des armes de bronze et de fer (source : Th. Bernier).

Antiquité gallo-romaine

L’actuel village se trouve à proximité de deux chaussées romaines : celle allant de Bavay à Tournai à l’ouest et celle qui va de Bavay à Blicquy à l’est. La première, dans son court trajet belge (rue de la Ligne), passe par les hameaux du Calotin et de Beauregard.  

Un cimetière romain aurait été retrouvé aux Bargettes.

Il n’est pas fait mention d’indices d’habitat, mais l’un accompagne toujours l’autre. On a écrit que le château de Roisin se trouvait sur la propriété d’une villa romaine. Je ne pense pas que des fouilles archéologiques aient permis d’affirmer cela.

Au lieu-dit « Boutinier » ou « Trente Saules » (entre Meaurain et Bettrechies), ont été ramassés lors de différentes prospections (J. Dufrasnes) :

  • Des bronzes : deux fragments de plaques représentant un putto (possible pièce décorative d’un coffre)
  • Des fragments de tegulae
  • Des monnaies (allant d’un Rameau D à une follis Urbs Roma des années 330-335
  • Deux appliques figurant une tête de Méduse
  • Une poignée métroaque
  • Une applique représentant un Silène

Il est donc possible qu’un habitat exista près de ce site.

Premier Moyen-Age (période franque mérovingienne et carolingienne)

Des seigneurs, propriétaires vraisemblablement d’une grosse ferme, peut-être fortifiée, existaient déjà dès la période franque mérovingienne. Leur liste n’est pas connue.

Le premier d’entre eux n’est connu que par la légende de Saint-Ghislain qui aurait été écrite au Xème ou XIème siècle et transmise ensuite par les Bollandistes. En 633, Ghislain, fondateur de l’abbaye de St Ghislain, passa par Roisin, lorsqu’il fut mandé par l’évêque de Cambrai. Il s’y arrêta dans la villa mérovingienne du seigneur local, dont l’épouse était en train d’accoucher avec beaucoup de difficultés. Le (futur) saint posa son baudrier (ceinture) sur le ventre de la parturiente, facilitant la naissance du bébé qu’on nomma naturellement “Baudri”, prénom que l’on retrouva très souvent dans la descendance de la famille seigneuriale. En reconnaissance, le seigneur donna à la nouvelle abbaye une terre qu’il possédait à Ursidungus, près de l’endroit où le saint venait de fonder celle-ci (voir histoire de Saint-Ghislain).

A notre connaissance, on n’a pas découvert à Roisin d’indices d’habitat mérovingien.

Deuxième Moyen-Age – le village

Première mention: 965

Toponymie (anciennes orthographes) : 

  • Reclem (dans un texte concernant Saint-Ghislain) 
  • Resinus (charte de 965)
  • Racemus (en latin, connu dès 600 – ref. le sceaux original de Guillaume de Roisin ???)
  • Roisini (1084)
  • Raisinus, ce qui aurait dû être RACINUS ROSSINO (1095)
  • Rosgin (1096)
  • Resinium, cité en 1125 et 1131
  • Rosgel, en 1107 (forme romane du nom) 
  • Roysin, 1119 ;
  • Roisinh, 1139 ;
  • Rozoin 1167 ;
  • Roizin, 1541,
  • Raijsin
  • Raysin, par le duc de Savoie 1613
  • pour devenir ROISIN

Etymologie (hypothèses d’origine du nom) :  

Le village de Roisin tirerait son nom du vignoble qui s’y touvait au lieu-dit “Champs du Vignoble”. Les habitants actuels de la région prononcent de la même manière le nom du village (Reusin) que celui du fruit de la vigne.

Epoque de son apparition

On pense qu’à l’origine un premier noyau de village s’est constitué à Meaurain, autour d’une église, sur un grand domaine appartenant à un seigneur qui avait sa résidence (ferme-château) là où est l’actuel centre de Roisin. Dans un deuxième temps, un deuxième noyau se serait constitué à proximité du château.

Facteurs ayant favorisé son émergence :

voies de communication: les deux chaussées romaines évoquées plus haut.

sources d’eau ou cours d’eau: le ruisseau de Roisin

source de bois: tout le versant et le plateau étaient boisés

proximité d’un lieu de pouvoir: le château seigneurial

Paroisse dédiée à Saint-Brice et Saint-Amand. Les habitants de Roisin dépendaient de la paroisse de Meaurain. Ce qui renforce l’idée que cette dernière est antérieure. Il est probable que le premier édifice se trouvait dans l’enceinte du château.

Evêché: de Cambrai (jusqu’en 1804), puis de Tournai ensuite

Décanat/doyenné: Bavay jusqu’en 1803, puis Dour

Autel (dîmes, entretien de l’église, nomination des officiants) donné au chapitre épiscopal de Cambrai, selon un acte de son évêque Lietbert en 1132. Ce qui fut confirmé par le pape Eugène III en 1148.

Répartition des pouvoirs pendant la période féodale

Autorité supérieure: comté de Hainaut

Autorité sous-jacente (administrative et judiciaire): prévôté de Mons

Seigneuries et fiefs

Le territoire de Roisin fut occupé pendant la période féodale par au moins deux seigneuries :

  • La seigneurie principale, instaurée par la famille locale
  • Un fief appartenant à l’abbaye de Saint-Ghislain

La seigneurie principale

Roisin fut le siège d’une puissante baronnie du comté de Hainaut. Ses seigneurs étaient bannerets (porteurs d’une bannière à la guerre et dans des manifestations officielles) et devaient pouvoir répondre à l’appel du comte lorsque celui-ci avait besoin de soldats pour gérer ses conflits.

Ils possédaient non seulement les villages de Roisin et de Meaurain, mais, avec le temps, ils acquirent également d’autres fiefs : Blaregnies, Angre, Audregnies, Wargnies, la seigneurie de Montroeul à Ciply, … Ils  avaient de nombreuses possessions sur les coteaux qui descendaient de Bavay vers la Honnelle. Ils possédaient le vignoble qui s’étalait du côté de Meaurain. D’où le raisin dans les emblèmes et les écussons familiaux.

Plusieurs familles successives furent titulaires de cette seigneurie.

Maison de Roisin (Xème siècle – 1607)

La légende de Saint-Ghislain nous apprend qu’une riche famille d’exploitants agricoles détenait une résidence-ferme et de nombreuses terres sur le territoire de « Reclem » au milieu du VIIème siècle. Il y a toujours une part de vérité dans les légendes, même si celle-ci ne fut écrite que bien plus tard (Xème siècle).  

Une véritable seigneurie féodale n’apparait que bien plus tard à Raisinus. Un document de 976 cite le nom d’un baron. Le premier ? Il est difficile de trancher à ce sujet, d’autant plus que l’on prétend (sur quelles preuves ?) que neuf autres le précédèrent. Les descendants de ce seigneur, appelé naturellement Baudry, vont régir la communauté villageoise et d’autres jusqu’au début du XVIIème siècle.  

Selon des auteurs anciens, la famille des Roisin aurait été liée aux maisons royales d’Austrasie et de Neustrie, où siégeaient des nobles francs à côté du roi ou du maire du palais. Ce qui n’est pas impossible vu son ancienneté et sa place au début de la féodalité.  

Dans la liste qui suit, la numérotation des différents seigneurs, leurs filiations et les dates sont à prendre avec beaucoup de précautions, car elles varient d’une généalogie consultée à une autre.

Baudry I « du Riom »

Il est déjà cité en 976 comme baron du comte de Hainaut (à l’époque Godefroid de Verdun). Il est aussi cité, ainsi que ses successeurs, comme pair du Cambrésis, semble-t-il par son mariage avec une Dame de Blaregnies, ce qui fit entrer ce village dans les possessions de Roisin. Lui succédèrent:

  • Allard II de Roisin (v990-1049), fils du précédent
  • Baudry II de Roisin (v1040- ?), fils d’Allard. Au service de Godefroid de Bouillon, duc de Basse-Lotharingie
  • Baudouin ou Baudry III de Roisin (v1070- ?), fils du précédent. Il aurait participé à la première croisade auprès de Godefroid de Bouillon et du comte Baudouin II de Hainaut.
  • Baudri IV de Roisin (v1110- ?), fils du précédent. Il servit le comte Baudouin IV de Hainaut.
  • Baudri V de Roisin  (v1140-), fils du précédent. Il a peut-être participé à la quatrième croisade, auprès de Baudouin VI de Hainaut, futur empereur de Constantinople, du chevalier Gilles de Chin et de son fils :
  • Baudry VI de Roisin (v1158-v1208). Rentré de croisade, il épousa Béatrix de Mons, fille du chevalier Gossuin III de Mons, un des plus puissants seigneurs du Hainaut à l’époque.
  • Baudry VII de Roisin (1195/1200-v1271), fils du précédent
  • Baudry VIII de Roisin (1226-1274), fils du précédent, peut-être sans postérité
  • Giller Ier  de Roisin (v1234-1320/1332), frère du précédent
  • Baudry IX de Roisin (v1260/1270-v1318), fils du précédent. Il fut grand bailli du Hainaut au service du comte Jean d’Avesnes.
  • Baudry X de Roisin (v1298-v1348), fils du précédent. Grand bailli de Hainaut au service du comte Guillaume I (ou Guillaume II).
  • Jean de Roisin (v1320/1323-1378), fils du précédent, sans postérité
  • Evrard de Roisin (v1330-1373ou 1412), frère du précédent
  • Baudry XI de Roisin (v1352/1378- v1422/1440), frère du précédent. Officier, puis grand bailli de Hainaut au service d’Aubert de Bavière et de ses successeurs.
  • Baudry XII de Roisin  (v1410-v1472), fils du précédent. Grand bailli de Hainaut. 
  • Baudry XIII de Roisin (avt1435-apr1455), fils du précédent. Par sa mère, il hérite aussi d’Angre, de Rampemont (qu’il revendit) et de la Flamengrie.
  • Baudry XIV de Roisin, (1489 ???-1535), fils du précédent. Gouverneur de la citadelle d’Ath.
  • Baudry XV de Roisin ( ?-1545), fils du précédent. Il devint aussi seigneur d’Audregnies par mariage.
  • Baudry XVI de Roisin ( ?-1607), fils du précédent, mort sans postérité. Avec lui s’éteint la Maison de Roisin. Ce sont les descendants de sa tante Jacqueline de Roisin (1500-1553), fille de Baudri XIV, qui vont hériter des domaines familiaux. Elle avait épousé Antoine de la Fosse. Ils eurent deux filles, dont l’aînée, Anne-Marie de la Fosse (1540- ?) avait épousé Robert de la Tramerie.

    D’Adrien de Montigny (fin XVIème)

Famille de la Tramerie

Robert de la Tramerie (1535/1550-1612). Par son mariage avec Anne-Marie de la Fosse, il devint en 1607 seigneur de Roisin, d’Angre, d’Audregnies, de la Flamangrie, … Lui succédèrent:

  • François de la Tramerie (v1565-1612, soit la même année que son père), fils du précédent
  • Ignace-Philippe François Baudry de la Tramerie (v.1593 – v1640), frère du précédent
  • Jean François Ghislain de la Tramerie (v1635-1708 ?), fils du précédent. Il mourut sans enfant. La seule héritière vivante était sa cousine Marie-Hélène, fille de Ghislain, frère d’Ignace. Elle avait épousé Eugène de Sainte Aldegonde. 

Maison de Sainte Aldegonde (1708-1773)

Eugène de Sainte Aldegonde (v1640-apr1670). Il est le petit-fils de Philippe de Sainte-Aldegonde, grand bailli de Hainaut, qui se distingua, lorsqu’au service du duc d’Albe, il réprima dans le sang des huguenots qui avaient investi quelques villes, dont Mons et Valenciennes. Eugène est comte de Sainte-Aldegonde et de Noircames. Il devint baron de Roisin en épousant Marie-Hélène de la Tramerie. Lui succédèrent:

  • Philippe Eugène de Sainte Aldegonde (1672-1707), fils du précédent
  • Louis Bon Joseph Ghislain de Sainte Aldegonde (1708/1714- 1769)
  • Philippe Louis Maximilien Ernest de Sainte Aldegonde (1747-1773). Ce dernier n’a qu’une fille, Aglaé, qui épousa Joseph de Louvencourt.

    Carte de Ferraris (XVIIIème)

 Famille de Louvencourt

Joseph Marie François de Louvencourt (1770? – 1841, Roisin). Marquis de Louvencourt. Chevalier de l’Ordre de Malte et de Saint Louis. Baron de Roisin par mariage. 

Il abandonna ses droits seigneuriaux et ses privilèges féodaux lors de la Révolution française. Avec sa famille, il se réfugia en Hollande dès 1792, puis en Allemagne. Il semblerait que de nombreux royalistes en route vers l’exil passèrent par le château de Roisin.

Il fit produire un certificat en 1800 prouvant que son épouse était restée à Roisin et qu’elle ne pouvait pas être considérée comme émigrée, ce qui aurait entraîné la perte de leurs biens. Il mourut en 1841 et fut enterré dans le mausolée de l’église avec son épouse, Aglaé Charlotte Félicité de Sainte Aldegonde (1773-1848), comtesse de Sainte-Aldegonde Noircames.

Parmi leurs enfants, il faut citer Camille Louis Ernest Adolphe de Louvencourt (1812-1885), châtelain de Roisin, diplomate, célibataire. Camille fit bâtir le château des Bargettes, où Emile Verhaeren viendra résider. Il fut aussi industriel et développa les marbreries dans le bois d’Angre.

Période française (1794-1814)
  • Département: Jemappes
  • Canton: Dour
Répartition des pouvoirs pendant la période contemporaine (à partir de 1814)
  • Etat: Royaume des Pays-Bas (1814-1830), puis Royaume de Belgique
  • Province: Hainaut
  • Arrondissement administratif: Mons
  • Arrondissement judiciaire: Mons
  • Canton: Dour
  • Entité communale depuis 1977: Honnelles
Evènements et faits marquants sur le sol de la commune

On relève vers 1565-1570, en pleine guerre de religion, des bûchers où furent brûlées des habitantes de la région pour raison de sorcellerie et d’hérésie.

Le drame de la Houlette. Antoine Moneuse (1768, Marly-1798) et sa bande des chauffeurs du Nord semaient la terreur dans la région en ces temps d’anarchie sous le Directoire (1795-99). De nombreux méfaits et crimes leur furent attribués dont le massacre de neuf personnes dans cette ferme-cabaret de la Houlette en novembre 1795. Mais ayant présenté un alibi, il échappa à la condamnation.  Suite à d’autres méfaits, Moneuse fut fait prisonnier en février 1797, jugé et exécuté en juin 1798 à Douai.

Economie

L’agriculture fut dominante. On cultiva la vigne (dès le XIIème siècle) et le tabac.

On relève des industries annexes au secteur agricole

  • Brasseries
  • Exploitation du bois, scieries
  • Un moulin sur la Honnelle, qui fut reconverti en turbine hydraulique productrice de courant électrique pour Roisin, Maurain et Autreppe, en 1914-1920

 Exploitation du sous-sol

Il existait déjà des carrières de grès et de calcaire bleu (marbre), dès les temps gallo-romains. Elles furent  encore actives sous les comtes de Louvencourt. Au XIXème, cette industrie s’est développée près du « Pont Rouge », à la limite des trois communes d’Angre, d’Autreppe et de Roisin.

 La « Carrière de la Fosse » fut mise en route dès 1573 par Jules Lembourg, puis son fils Nicolas. Elle devint “S.A. des Carrières et Marbrerie de la Honnelle », à l’initiative du comte Camille de Louvencourt (1812-1885) en 1857. En 1868, il y établit une scierie de pierre. L’entreprise sera ensuite vendue à Jean Gilleau, Désiré Ernest, Henry Ernest. Elle fut reprise par Mr Arthur Delsart avant 1914, puis par son fils Henri, associé aux frères Marcel et Ursmar Cordiez. Henri assassina Marcel en 1920 et la marbrerie fut léguée à Ursmar. Elle prospéra alors jusqu’à employer plus de 150 ouvriers et employés. Ursmar Cordiez la légua ensuite à sa fille qui avait épousé Pierre Anselin. On la raccorda à la ligne ferroviaire Dour-Roisin. Elle s’arrêta de fonctionner en 1970. 

Marbrerie Cordiez
Voies de communication

Roisin, comme dit au début du chapitre, se trouvait à proximité de deux chaussées romaines, dont on sait qu’elles furent longtemps empruntées.

Des chemins secondaires reliaient le centre castral aux seigneuries voisines : La Flamangrie, Maurain, Bry, Eth, Sebourg, Angre et Angreau, Autreppe, Rampemont et Fayt. Tous ces villages ont à un certain moment partagé leur histoire avec Roisin.

 A la fin du XIXème siècle, une ligne de chemin de fer relia Dour à Roisin et Bavay, mais elle ne fonctionna pas longtemps côté français.

Une ligne vicinale de tramways fonctionna aussi entre Quiévrain et Roisin jusque dans les années ‘1950.

 Patrimoine

Château féodal

Il occuperait l’emplacement d’une villa romaine et était au milieu d’un domaine viticole. Il fut construit à proximité d’un ruisseau qui traversait le village, affluent de la Grande Honnelle à Angre.

C’était peut-être une grosse ferme du temps des Francs (celle où serait passé Ghislain), dont des substructions auraient été retrouvées lors de travaux en 1971. Une nouvelle construction la remplaça vers l’an mil ou à la fin du XIème siècle. On en trouve encore quelques vestiges : quelques moellons repris dans le château suivant. 

Il persiste aujourd’hui un donjon et quelques murailles datant de 1565 (ancienne porte de Bavay). L’entrée se trouvait du côté du « Point du Jour ». Des chemins en partaient vers Meaurain et la Flamengrie.  

En 1640, un nouvel édifice fut bâti, imitant les châteaux de la Loire. Il en subsiste le castelet d’entrée, conservé aujourd’hui avec des éléments de toutes les époques, dont des constructions de 1565 de style renaissance. Il subit un incendie vers 1650 au centre. Les ailes furent conservées.  

Une nouvelle construction vit le jour dès 1762, pour remplacer les parties détruites en 1650. Un blason des Louvencourt persiste dans la paroi sud-ouest. C’est un édifice néoclassique en U, avec une rampe d’escalier copiée sur celle de Fontainebleau.  Une des annexes était la chapelle du manoir.

Un nouvel incendie en 1785 détruisit une partie, qui fut restaurée en 1907 par l’architecte Saintenoy. On y aménagea un parc avec un étang.

 Il fut mis en vente au XXème siècle et ne trouva pas d’acquéreur immédiat. Il fut utilisé pour un élevage de porcs. Enfin, il fut racheté par la famille Maire qui a aménagé en restaurant l’ancien manoir au sud et le château et ses étangs comme lieu de plaisance.

 Eglise St Brice-et-St Amand

Elle fait suite à un premier édifice dont la tradition le fait remonter au temps légendaire de St Ghislain (VIIème siècle), mais aucun vestige ne vient prouver la chose. Il y eut toujours à Roisin un culte pour ce saint depuis le miracle qu’il aurait effectué au VIIème siècle. Un oratoire aurait été construit dès sa mort vers 670 par le seigneur du lieu. On y organisait des pèlerinages, où les femmes enceintes venaient implorer le saint afin d’avoir un bon accouchement.  

En fait, plusieurs oratoires successifs furent bâtis à partir du moment où le village de Roisin commença à supplanter celui de Meaurain, grâce à l’afflux de pèlerins sur les lieux où officia St Ghislain. Un cimetière existait dans l’enclos. L’extérieur est gothique en briques et en pierres, alors que l’intérieur est classique, refait au XVIIIème. Le clocher est de 1734. Le reste ne fut achevé qu’en 1842 pour les nefs. Elle contient un riche mobilier.  On lui a annexé une chapelle dédiée à St Ghislain.

Il existe aussi une chapelle seigneuriale, ogivale, depuis la deuxième moitié du XVIème siècle. On y trouve un autel Renaissance, ainsi que les tombeaux de Baudry XVI (décédé en 1607), de sa femme Eléonore de Boussu, fille du comte Jean, et de leurs enfants, ainsi que celui de Jean-François de la Trémerie (1708). On y trouve aussi d’autres mémoriaux funéraires (Ste Aldegonde, Louvencourt).

Rappelons que la plupart des Baudry ont été inhumés à Valenciennes où ils résidaient.

 Le château des Bargettes

Il fut bâti en 1859, à proximité de la Honnelle et du Caillou-qui-Bique, par le comte Camille de Louvencourt (1812- ?), pour en faire sa maison de campagne. Ce comte était diplomate et travailla dans plusieurs ambassades. 

Verhaeren

En 1898, Emile Verhaeren (1855-1916), poète flamand écrivant en langue française, fit un séjour à Roisin suite à une dépression. Il s’y plut et y acquit une résidence où il venait passer de nombreux moments durant les années qui suivirent, où il se lia avec quelques personnalités locales (Charles Bernier, graveur et aquafortiste d’Angre) et y invita quelques personnages célèbres: Camille Lemonnier, Jules Destrée, Stephan Zweig, … Avec la guerre en 1914, il s’absenta de Roisin. Il mourut le 27 novembre 1916 d’un accident en gare de Rouen.

Hameau de Meaurain

On dit (sans preuve) que Meaurain était le siège d’un roitelet gaulois lié aux légendaires « rois de Bavay ».   

Etymologie et toponymie

  • « Melrengh », 1132 (acte de donation de l’autel au chapitre de Cambrai par son évêque)
  • « Meauraing » (mauvais ring, mauvais anneau)

 Moyen Age

Il semble que Maurain, en tant que village (noyau d’habitat autour d’une église) est antérieur à celui de Roisin. Celui-ci se forma autour de la ferme-château des seigneurs de Roisin, qui semblent avoir eu des droits sur Maurain dès la mise en place de la féodalité. Par contre, l’église de Roisin resta longtemps une annexe de la paroisse de Maurain.

L’abbaye de Saint-Ghislain y possédait des terres.

 Patrimoine

Eglise St Amand. Actuel édifice du XIXème siècle.  Ancienne chapelle castrale (il y aurait eu un château autrefois). Chapelle St Eloi avec retable du XVème en albâtre.  

Le Pré Belem, entre Maurain et Autreppe. Bel ferait référence au dieu celtique de la Lumière. On retrouve ce préfixe dans Bellignies. Et tout cela fait encore référence aux légendes de Bavay.

 Bibliographie

Le château et les sorcières de Roisin – Ch. De Marchy, Ed. les amis des Cocars, Dour

L’industrie de la pierre à Roisin, à Wihéries et la région, Alain Jouret, Annales du Cercle d’histoire et d’archéologie de Saint-Ghislain, T.XI, 2008

Autreppe

Entité communale des Honnelles

Le territoire

Superficie: 149 ha

Altitude: de 75 m (la rivière) jusqu’à 115 m (“Passe-Tout-Outre”)

Situation géographique : Ce village, situé au sud de la vallée de la Haine, à la limite du plateau du Haut-Pays, s’est constitué sur le versant ouest de la vallée de la Grande Honnelle. Il est de plus creusé par le ruisseau qui porte son nom.

Cours d’eau : le ruisseau d’Autreppe prend sa source en France, de l’autre côté de la frontière, traverse le village et va affluer dans la Grande Honnelle en contre-bas du village.

Paysage préhistorique (après la dernière période glaciaire) : boisé

Nature du sol : argileux

Nature du sous-sol : grès

Préhistoire

Néolithique (Homo Sapiens) : On y aurait ramassé des outils en silex au XIXème siècle.

Ages du fer :  Les auteurs anciens écrivent que le site était habité dès l’âge du fer. Sans précision.

Antiquité gallo-romaine

En haut de l’actuel village, passe la chaussée romaine Bavay-Blicquy-Mer du Nord. Au Passe-tout-Outre, à la limite de Gussignies (« Champ des Combes »), on a découvert en 1852 des vestiges évoquant une villa romaine (Cambier-Audin).

Premier Moyen-Age (période franque mérovingienne et carolingienne)

Un cimetière franc mérovingien, au même “champ des Combes” a été fouillé et a ramené des armes, des grains de colliers, un petit vase et une médaille en bronze (découverte en 1854).

Deuxième Moyen-Age – le village

Première mention: ?

Toponymie (anciennes orthographes) : 

  • Altrepia (dans le faux des abbés de St Ghislain)
  • Autrepe
  • Autreppe
  • Otreppe

Etymologie (hypothèses d’origine du nom) : 

On pense que le nom du village dérive du latin Alte (haut) ou Alter (autre) -> Alta Appia ou Alta Ripa = hautes rives (correspondant au ruisseau encaissé).

Epoque de son apparition: entre le Xème et le XIIème siècle

Facteurs ayant favorisé son émergence :

voies de communication: la chaussée romaine Bavay-Blicquy

sources d’eau ou cours d’eau: le ruisseau d’Autreppe

source de bois: tout le versant était boisé

proximité d’un lieu de pouvoir: ?

Paroisse dédiée à Saint-Louis. C’était une dépendance de celle de Gussignies, dont le curé venait célébrer les offices et prélever la dîme. En 1803, elle fut rattachée à celle d’Onnezies.

Evêché: de Cambrai (jusqu’en 1804), puis de Tournai ensuite

Décanat/doyenné: Bavay jusqu’en 1803, puis Dour.

Autel (dîmes, entretien de l’église, nomination des officiants) donné à l’abbaye de Crespin. 

Répartition des pouvoirs pendant la période féodale

Autorité supérieure: comté de Hainaut

Autorité sous-jacente (administrative et judiciaire): prévôté de Mons

Seigneuries et fiefs

Malgré la faible superficie du village, on compta, à côté de la seigneurie principale, d’assez nombreux fiefs, dont la plupart étaient des terres et des bois. Les propriétaires en étaient :

  • L’abbaye de Crespin
  • L’abbaye de Saint-Ghislain
  • La famille des Roisin
  • Le seigneur de Gussignies, dont le château était peu éloigné
  • Un fief de la famille de Termicourt
  • Un fief de la seigneurie de Chimay
  • Un fief-hameau du Petit Quiévrain) qui dépendait de la seigneurie de Quiévrain.

La seigneurie principale

Elle est très peu documentée. Elle a une histoire assez parallèle à celle d’Angreau, dont les seigneurs furent les mêmes à partir du XVème siècle. Elle a appartenu à plusieurs familles successives. 

La première prit le nom du village : la famille d’Autreppe. Pour laquelle je n’ai trouvé aucun renseignement, ni noms, ni dates.

Il est probable qu’elle n’ait pas géré longtemps sa seigneurie, car apparait dès 1136 un membre (non cité) de la famille de QuaroubleCette famille est encore présente au milieu du XVème siècle, en la personne de Guillaume de Quarouble  (v1375-1422/1447), en celle de son fils Jean de Quarouble et le fils de celui-ci, Allard de Quarouble.

Puis apparaissent pour la première fois les seigneurs d’Angreau dans les personnages suivants, non datés :

  • Jean d’Angreau et d’Autreppe ( ?-1466)
  • Gérard et Louis d’Angreau, ses fils, dont on ne sait s’ils furent seigneurs d’Autreppe.

    D’Adrien de Montigny (fin XVIème)

Pour la suite, reportez-vous au chapitre d’Angreau. Vont se succéder les familles suivantes :

  • Van den Eeckhoute 
  • Beth/Bette (des échevins de Gand)
  • De Croix

C’est avec le dernier de ceux-ci que se termina l’Ancien régime et ses droits féodaux.

Comme pour Angreau, il est possible qu’Autreppe et Gussignies appartinssent à l’origine au domaine comtal et que les comtes à divers moments les cédèrent en fief à certains personnages, sous le statut de l’apanage ou non. Nous manquons de précision à ce sujet.

La commune

Les habitants d’Autreppe et de Gussignies ne formaient qu’une seule commune avec un mayeur commun.

Carte de Ferraris (XVIIIème)
Période française (1794-1814)

Fin de l’Ancien Régime féodal en 1794

Département: Jemappes

Canton: Dour

A partir de 1794, Autreppe devint une commune à part entière du département de Jemappes, puis à partir de 1814 de la province du Hainaut.

Répartition des pouvoirs pendant la période contemporaine (à partir de 1814)

  • Etat: Royaume des Pays-Bas (1814-1830), puis Royaume de Belgique
  • Province: Hainaut
  • Arrondissement administratif: Mons
  • Arrondissement judiciaire: Mons
  • Canton: Dour
  • Entité communale depuis 1977: Honnelles
Economie

Elle fut essentiellement agricole. Les vergers étaient nombreux et on fabriqua à Autreppe du cidre et des pâtes de pommes. 

On nota au XIXème et au début du XXème siècle un commerce de denrées coloniales (café, huile, maïs, sucre, pétrole, …) qui arrivaient par la gare de Roisin.

Autreppe est connue surtout par ses carrières de marbre, de grès et de pierre de construction, ainsi que pour une production de pierre à chaux. Ces carrières étaient situés dans le bas du village en bordure de la Honnelle, à la limite d’Angre et Roisin (voir le chapitre Roisin). On y compta 18 tailleurs de pierre.

Patrimoine

Eglise St Louis. Elle fut construite en 1856. C’est le premier sanctuaire. Elle fut restaurée après 1918.

Ferme Houzeau (angle de la rue Chevauchoir et route Bavay-Quiévrain). Construite au XVème siècle, la plupart des bâtiments actuels datent de 1827.
Devenue auberge.

 

 

 

 

Angreau

Entité communale des Honnelles

Le territoire

Superficie: 388 ha

Altitude: de 40 m (au nord) jusqu’à 85 m (bois d’Angre)

Situation géographique : Le territoire d’Angreau est situé sur le versant sud de la vallée de la Haine, près du plateau du Haut-Pays. Le village s’est constitué sur une pente ouest-est dont le bas est irrigué par le ruisseau d’Angreau (ou de Roisin) qui passe dans “les Fonds”. En haut se trouve la ligne de crête entre le vallon de ce ruisseau et celui de la Grande Honnelle.

Cours d’eau : le ruisseau d’Angreau (de Roisin)

Paysage préhistorique (après la dernière période glaciaire) : toute la région était boisée

Nature du sol : argileux, sable quartzeux

Nature du sous-sol : grès

Préhistoire

Néolithique (Homo Sapiens) :

Les découvertes concernant cette période datent du XIXème siècle et ne sont pas le fait de fouilles systématiques et restent donc imprécises. Des outils de silex témoigneraient d’une occupation néolithique.

Antiquité gallo-romaine

Des monnaies gauloises (potins) auraient également été trouvées à la même époque.

Théodore Bernier, en 1874, aurait découvert des indices d’une habitation gallo-romaine sur ce territoire non éloigné des chaussées romaines allant de Bavay à Gand et de Bavay à Tournai/Boulogne. Selon lui, il s’agirait d’une villa. Il y aurait aussi ramassé des pièces de monnaie (Domitien, Trajan, Constantin), soit de la fin du Ier siècle et du début du IIème siècle, mais aussi du IVème siècle, ce qui est plutôt rare. Ont également été trouvés des fibules de bronze (fibules), des débris de poteries, ainsi que des indices de sépultures à incinération du Ier siècle au lieu-dit « Bosquet du Diable » (une dizaine de tombes), au nord du village à l’ouest de la route.

Premier Moyen-Age (période franque mérovingienne et carolingienne)

Deux tombes mérovingiennes ont également été trouvées à la limite de la nécropole gallo-romaine, toujours au XIXème siècle. On y découvrit en 1989 une fibule ansée, de type broche en forme de serpent, dont on estime la datation au VII-VIIIème siècle.

Deuxième Moyen-Age – le village

Première mention: ?

Toponymie (anciennes orthographes) :

  • Angrellum, du latin: “petit Angre” ou « Angrogne »
  • Angheriel (encore “PetitAngre” en français ancestral) en 1220
  • Angrel en 1222
  • Angriaul en 1260
  • Angriau en 1367
  • Angarel, Angriel, Angrielle, Angrelle

Etymologie (hypothèses d’origine du nom) : probablement “petit-Angre”

Epoque de son apparition: entre le Xème et le XIIème siècle

Facteurs ayant favorisé son émergence :

voies de communication: le chemin du Quesnoy vers Saint-Ghislain (depuis Sebourg)

sources d’eau ou cours d’eau: le ruisseau d’Angreau

source de bois: toute la pente était boisée

proximité d’un lieu de pouvoir: peut-être le château de Roisin, avant qu’un autre soit construit à Angreau

Paroisse dédiée à Saint-Amand, prédicateur qui a fondé une abbaye sur la Scarpe

Evêché: de Cambrai (jusqu’en 1804), puis de Tournai ensuite

Décanat/doyenné: Bavay jusqu’à 1803, puis Dour

Autel (dîmes, entretien de l’église, nomination des officiants) donné au chapitre épiscopal de Cambrai en 1139.

Répartition des pouvoirs pendant la période féodale

Autorité supérieure: comté de Hainaut

Autorité sous-jacente (administrative et judiciaire): prévôté de Mons

Seigneuries et fiefs

Le relativement petit territoire d’Angreau fut divisé en de nombreux fiefs et arrière-fiefs, à diverses époques:

  • une seigneurie principale
  • un fief de l’abbaye de St Ghislain, alleu cité en 1118
  • un fief de Roisin
  • celui du sire Gilles de Niecot
  • celui du sire d’Angriel, 1407
  • un fief de l’abbaye St Pierre de Hasnon
  • un fief du chapitre de Denain
  • un autre de l’abbaye de St Amand
  • un fief du chapitre de Sainte-Croix de Cambrai

Hormis la seigneurie principale, les autres fiefs étaient strictement fonciers (terres, bois) et n’étaient pas desservis par des échevins. D’ailleurs, la population n’a jamais dépassé la centaine d’habitants avant 1600.

La seigneurie principale

Angreau n’a jamais été une seigneurie avec un droit de “lever son écusson”. C’était un arrière-fief, issu d’un ancien alleu (de Roisin?) qui eut pourtant sa tour fortifiée.

Qui en était le seigneur suzerain ? Pour certains, Angreau relevait de la seigneurie d’Angre, et donc au départ directement des comtes de Hainaut. Pour d’autres, le domaine d’Angeau relevait des Roisin voisins, dont un fils cadet obtint les droits seigneuriaux. Elle fut dirigée par plusieurs familles successives, plutôt mal documentées. Ces seigneurs n’habitaient sans doute pas le village, mais ils y entretenaient une ferme (infra).

Maison d’Angriel, XII-XIIIème siècle

La mention la plus ancienne connue (Angrellum) fait référence à la branche cadette des barons de Roisin, dits “d’Angrogne”. Cette branche était issue de « Racisius », frère de Baudry III de Roisin, dit le « Rolet ».

Son fils Henri de Rosin fut envoyé au début du XIIème siècle (vers 1135) par le comte de Hainaut dans les Alpes pour aider Thomas II de Savoie. Il s’y empara du château de Luserne et y prit le titre de comte de Luserne d’Angrogne. Il aurait été le premier seigneur d’Angreau. (Source wikipedia sans référence).

Avec ce nom Angriel/Angreau, sont mentionnés :

Gillon d’Angriel, cité en 1260

Sandrart d’Angheriel, cité en 1353 comme écuyer et seigneur du village. Il aurait construit une chapelle sur la route allant d’Angre à Sebourg.

La famille semble avoir émigré à la fin du XIVème siècle à Valenciennes.

Jean d’Angriel – sans précision. Dont la fille Isabeau d’Angriel épousa Evrard Dugardin (v1410-1452, Valenciennes), prévôt de Valenciennes

Jean d’Angreau ( ?-1466). Mentionné comme seigneur d’Angreau et d’Autreppe. Il eut deux fils, Louis et Gérard, dont on ne sait s’ils furent seigneurs.

Famille Van den Eeckhoute

Elle détint la seigneurie d’Angeau à partir du milieu du XVème siècle, sans que nous sachions à partir de quelle date ni comment. On cite :

  • Jean van den Eeckhoute « de Grimberghe » ( ?-1466, Gand), cité comme seigneur d’Angreau et d’Autreppe
  • Louis van den Eeckhoute, fils du précédent, aussi seigneur
  • Isabeau van den Eeckhoute « d’Angrelles », fille du précédent, qui épousa
    • en premières noces Jean van der Meersche, seigneur de Nevele, dont une fille, Gudule, qui épousa Josse Bette (infra)
    • en secondes noces François de Jauche ( ?-1529), seigneur de Mastaing et de Mamines, cité seigneur d’Angreau et d’Autreppe du chef de son épouse.Ils eurent une fille Jossine de Jauche qui épousa Christophe de Roghendorf, seigneur de Condé.

Maison Bette (Beth)

Josse Bette ( ?-1511) devint seigneur d’Angreau et d’Autreppe en épousant Gudule van der Meersche « de Nevele » ( ?-apr1520) (supra). Il descendait d’une famille d’échevins de Gand. Il en fut un lui-même. Leur succédèrent :

  • Adrien Bette ( ?-1547) cité en 1518. C’est un gentilhomme au service de Charles Quint qui le fit chevalier en 1544 et le nomma bailli de Termonde. Il est connu comme seigneur d’Angeville, de Schellebelle et d’Hollebeke, ainsi que d’Autreppe et d’Angreau.
  • Jacques Bette (1520-1591), fils du précédent, échevin de Gand. En 1578, lors des troubles religieux, ses biens lui furent enlevés. La « ferme du seigneur » daterait de cette époque.
  • Jean Bette (1565-1620), fils du précédent
  • Adrien Bette ( ?-1628), fils du précédent
  • Guillaume Bette (1610-1658), fils du précédent
  • Ambroise Augustin François Bette (1640-1677), fils du précédent. Il fut chambellan du gouverneur des Pays-Bas, Don Juan d’Autriche, ainsi que bailli d’Alost et de Grammont
  • Jean François Nicolas Bette (1672– 1725), fils du précédent, aussi bailli d’Alost et de Grammont. De son épouse, Marie Louise de Croÿ, comtesse du Roeulx (1706-1792), il eut un fils qui resta célibataire et mourut avant sa mère. Celle-ci répartit ses biens entre deux héritiers, mais vendit Angreau et Autreppe. 

    D’Adrien de Montigny (fin XVIème)

Maison de Croix de Clerfayt

François Sébastien Charles Joseph de Croix (1733-1798). Comte de Clerfayt. Il acquit les seigneuries d’Autreppe et d’Angreau, alors qu’il est déjà entre autres seigneur d’Hainin et d’Onnezies. Il fut également officier supérieur dans l’armée autrichienne pour laquelle il commanda un régiment wallon. Il s’opposa aux armées françaises révolutionnaires, parfois avec échec (Jemappes, novembre 1792), parfois avec succès (Maastricht, Neerwinden, Le Quesnoy en 1793) et finalement avec échec (Mouscron et Sprimont en 1794). Il se retira ensuite à Vienne où il mourut célibataire.

Carte de Ferraris (XVIIIème)

La commune

Angreau obtint à partir de 1250 une charte communale qui permettait à ses habitants de gérer leur vie quotidienne sous la responsabilité d’un mayeur et d’échevins nommés par le seigneur principal.

Période française (1794-1814)

Fin de l’Ancien Régime féodal en 1794

Département: Jemappes

Canton: Quiévrain, puis Dour

Répartition des pouvoirs pendant la période contemporaine (à partir de 1814)
  • Etat: Royaume des Pays-Bas (1814-1830), puis Royaume de Belgique
  • Province: Hainaut
  • Arrondissement administratif: Mons
  • Arrondissement judiciaire: Mons
  • Canton: Dour
  • Entité communale depuis 1977: Honnelles
Evènements et faits marquants sur le sol de la commune

Le village fut fortement endommagé à la fin de la première guerre mondiale, entre le 4 et le 6 novembre, lors d’opérations sur Sebourg et Angreau entre Allemands et Brittanniques.

Economie

Elle fut essentiellement agricole.

Une brasserie-malterie « du Rimbaix » fut construite en 1909 par les frères Patte, sur un site où étaient auparavant actifs un moulin sur le ruisseau en contrebas et une petite brasserie artisanale. Elle fut démantelée en 1916 pendant la guerre, mais les bâtiments sont toujours en place.

Une chocolaterie est apparue dans les années ‘1970.

Patrimoine

L’église St Amand

Je n’ai pas de précision à propos des premiers édifices qui doivent remonter à l’époque de l’origine du village. Le clocher est de 1598. Les chanoines de Cambrai ont fait rebâtir le reste du bâtiment en 1778-1784 dans un style classique. Parmi le mobilier, il faut retenir :

  • Un gisant de Ste Thérèse
  • Une copie de la Descente de Croix, de Rubens
  • Un crucifix en bois, XVII

La ferme du Seigneur (ou Cense de Montfort)

Une ferme seigneuriale subsiste depuis l’époque féodale (au sud du village). Elle est actuellement classée. Il semble qu’elle fut bâtie au XVIème siècle par la famille Beth/Bette. Elle doit son nom aux différentes familles qui, pendant des siècles, ont possédé la ferme et de grandes étendues de champs aux environs et qui y ont exercé leurs droits et privilèges de seigneur sur les habitants de leur domaine. L’actuel bâtiment quadrilatère a été reconstruit au XIXème. Le logis est doté d’une entrée principale basse avec des montants harpés, portant un linteau droit surmonté de deux blasons.

Après la Révolution française, la famille de Talouet racheta l’héritage des Croix de Clerfayt.

Bibliographie

Chronologie des Seigneurs d’Angreau, par Fernand Martin, Annales du Cercle d’Archéologie et d’Histoire de Saint-Ghislain, Tome III, 1982