Entité communale des Honnelles
Le territoire
Superficie: 308 ha
Altitude: de 110 m (sud) à 70 m (nord)
Situation géographique : le territoire de Montignies-sur-Roc est situé sur le versant sud de la vallée de la Haine. Le village s’est constitué de part et d’autre (surtout à l’est) d’un vallon creusé par la Petite Honnelle.
Cours d’eau : Cette rivière dévale presque comme un torrent sur un dénivelé d’une quarantaine de mètres sur le territoire de Montignies.
Paysage préhistorique (après la dernière période glaciaire) : boisé
Nature du sol : argileux, limoneux
Nature du sous-sol : grès rouge, schiste, roche calcaire
Préhistoire
Néolithique (Homo Sapiens) – Age du bronze :
Elle est peu documentée. Au XIXème siècle, on y ramassa (Toilliez) des haches de silex et des hachettes en bronze.
Antiquité gallo-romaine
La chaussée romaine Bavay-Blicquy-Gand passe à l’ouest du village sur la crête.
Un habitat romain aurait existé sur le territoire. Les témoins en seraient un cimetière gallo-romain, des substructions de bâtiments et des vases gallo-romains. Nous n’avons pas plus de précision notamment sur l’endroit des découvertes.
Premier Moyen-Age (période franque mérovingienne et carolingienne)
Elle n’est pas non plus documentée. Mais il existe ce document de 885 dont nous ne connaissons pas la teneur.
Deuxième Moyen-Age – le village
Première mention: 885
Toponymie (anciennes orthographes) :
- Muntiacum (885)
- Montenneio (1057)
- Montini (1142)
- Muntenni (1148)
- Montigny (1300, 1406)
- Montegnies sur Rocques (1531)
- Montigny sur Rocques (1540)
- En 1701, le village s’appelait Montignies-Notre-Dame-sur-Rocq.
Etymologie (hypothèses d’origine du nom) :
Le nom vient du préfixe –mons et du suffixe –gnies (lieu), ce qui signifie “pays des monts”.
Epoque de son apparition: entre le IXème et le XIème siècle
Facteurs ayant favorisé son émergence :
– voies de communication: la chaussée romaine Bavay-Blicquy-Mer du Nord passe à l’ouest du village.
– sources d’eau ou cours d’eau: la Petite Honnelle
– source de bois: la région boisée (Forêt Charbonnière)
– proximité d’un lieu de pouvoir: le château local?
Paroisse dédiée à Notre-Dame.
Les villages de Montignies et d’Audregnies ne formèrent qu’une seule paroisse, jusqu’en 1802.
Evêché: de Cambrai (jusqu’en 1804), puis de Tournai ensuite
Décanat/doyenné: Bavay jusqu’en 1803, puis Dour.
Autel (dîmes, entretien de l’église, nomination des officiants) donné au chapitre de Cambrai au XIème siècle par l’évêque Lietbert. La dîme était partagée avec l’abbaye de Crespin.
Répartition des pouvoirs pendant la période féodale
Autorité supérieure: comté de Hainaut
Autorité sous-jacente (administrative et judiciaire): prévôté de Mons
Seigneuries et fiefs
Les terres du village étaient partagées entre:
- La seigneurie principale
- Un domaine appartenant à l’abbaye Saint-Landelin de Crespin. Il se situait à l’ouest de la chaussée romaine. Il était constitué d’une ferme, appelée plus tard, ferme de « la Chaussée ». Ses terres s’étendaient sur les territoires de Montignies-sur-Roc, Onnezies et Autreppe. On prétend que la ferme est située à l’emplacement d’une villa romaine ou d’un relai, sur la chaussée antique. Elle fut vendue en 1796 et achetée plus tard par les Fulgence Masson. Remaniée, elle est toujours présente aujourd’hui.
- Une partie du village à l’est faisait partie de la seigneurie de Rampemont dont la ferme se trouve sur le territoire de Fayt-le-Franc.
La seigneurie principale
Elle appartint à diverses familles successives.
Famille de Montigny
Nous ne sommes pas documentés sur cette famille qui apparait semble-t-il à la fin du XIIème siècle, soit à une période où les comtes de Hainaut démantelèrent une partie de leurs domaines pour être redistribués sous forme de fiefs. Ce fut également le cas dans les villages voisins d’Athis, de Fayt-le-Franc, d’Onnezies et d’Angre. Les Montigny seraient peut-être une famille locale prééminente qui aurait reçu en fief le village. Peut-être ne l’ont-ils pas conservé longtemps, les comtes se le réappropriant.
Montignies-sur-Roc, comme Onnezies et Athis, apparaissent dans les possessions de Louis d’Enghien (v1323-1394). Ce n’est pas un héritage. Ce grand seigneur féodal fut au service des comtes de Hainaut (principalement Aubert de Bavière), mais aussi du roi de France et du comte d’Anjou. Il termina sa vie dans ses terres des Pouilles en Italie. Il est probable qu’il ait reçu ces seigneuries en fief en récompense de services rendus.
Sa fille Marguerite d’Enghien (1365-1397) hérita d’Enghien et des seigneuries de la prévôté de Mons, dont Montignies. A sa mort, sa sœur Isabeau d’Enghien (v1365-1399) semble avoir hérité de ses possessions hennuyères. Il est possible qu’elle n’ait eu qu’à les gérer en l’absence de sa sœur qui vivait en Italie.
Marguerite avait épousé Jean II de Luxembourg, comte de Ligny et de Saint-Pol, qui mourut la même année qu’elle.
C’est donc leur fils, Pierre I de Luxembourg (1390-1433) qui reçut l’héritage hennuyer. D’Italie, il revint en Hainaut où il se mit au service du comte Guillaume IV, puis du duc Jean de Brabant, notamment dans le conflit conjugal de ce dernier avec la comtesse Jacqueline de Bavière. Il se mit au service du roi Henri V d’Angleterre dans le contexte de la Guerre de Cent Ans.
Son fils Louis de Luxembourg (1418-1475) lui succéda. Il fut au service des ducs de Bourgogne, de Philippe le Bon d’abord, de Charles le Téméraire ensuite. Mais comme les de Croÿ, il fut aussi un ami du roi Louis XI de France. Il intrigua tant entre le Téméraire, Louis XI et le roi d’Angleterre que finalement il fut capturé, remis à la France, condamné et décapité à Paris.
Charles de Bourgogne “le Téméraire” (1433-1477) lui confisqua ses biens, dont ses seigneuries hennuyères.
Marie de Bourgogne (1457-1482) succéda à son père et rendit leurs biens aux Luxembourg, en l’occurrence ici à Pierre II de Luxembourg (v1440-1482), qui s’était remis à son service et à celui de son mari, l’archiduc Maximilien d’Autriche.
Sa fille Françoise de Luxembourg (v1468-1523) hérita de ses biens hennuyers. Elle épousa Philippe de Clèves (1459-1527), un gentilhomme au service des rois de France d’abord (ceux qui combattaient en Italie), de Charles Quint ensuite. Ils n’eurent pas d’enfants.
A la mort de Françoise, ses possessions allèrent à sa sœur aînée Marie de Luxembourg (v1467-1547), épouse de Jacques de Savoie. Ils n’eurent pas de garçon et les trois villages hennuyers furent repris par Charles Quint qui s’empressa de les remettre à son ami, Jean V de Hennin-Liétard (1499-1562), comte de Boussu.
Ce dernier en fit don à sa fille Eléonore de Hennin-Liétard (1548-1603) qui avait épousé Baudry XVI de Roisin ( ?-1607). A leur décès, ils n’avaient plus d’enfants. Ceux-ci les avaient précédés dans la tombe.
Le grand héritage des Roisin alla aux descendants de Jacqueline de Roisin (1500-1553), une grand-tante de Baudry XVI. Elle avait épousé Antoine de la Fosse, à qui elle donna deux filles. L’une d’elles, Anne-Marie de la Fosse, avait épousé Robert de la Tramerie, dont le fils François de la Tramerie (v1565-1612) devint seigneur d’une grande partie de « l’héritage Roisin ». Il revendit Montignies-sur-Roc et Onnezies en 1611.
Famille Mainsent
C’est Etienne Mainsent (v1553-apr1615) qui racheta ces deux seigneuries, en réalité pour sa mère, Jeanne Monissart, veuve de Louis Mainsent, le 17 août 1611. Juriste, il était magistrat à Mons.
Son fils Louis-Ferdinand Mainsent ( ?- ?) hérita de ses biens. Officier, puis receveur général des Etats de Hainaut, il s’endetta fortement au point d’hypothéquer certains de ses fiefs et ne plus pouvoir rembourser. Ruiné, il quitta le pays.
Louis de Waziers de Wavrin (1649-1690) acheta Montignies-sur-Roc en 1686. Il résida au château qu’il restaura. Il était aussi seigneur de Larcamp, de Walestine et de la ferme de Rampemont. La famille donnait des magistrats et des échevins à la ville de Mons. Lui succédèrent :
Jean Joseph Louis de Waziers de Wavrin (1684-1740), son fils
Charles Louis Ghislain de Waziers de Wavrin (1737-1816), son fils
Avec lui se termina l’Ancien Régime. Il perdit ses droits et privilèges féodaux, mais conserva ses propriétés dont le château, que ses descendants continuèrent à habiter. Dont les actuels La Motte Baraffe. Cette famille a joué un rôle important au début de la Révolution Française en accueillant des prêtres et des nobles français qui fuyaient les révolutionnaires.
Période française (1794-1814)
Fin de l’Ancien Régime féodal en 1794
Département: Jemappes
Canton: Dour
Répartition des pouvoirs pendant la période contemporaine (à partir de 1814)
- Etat: Royaume des Pays-Bas (1814-1830), puis Royaume de Belgique
- Province: Hainaut
- Arrondissement administratif: Mons
- Arrondissement judiciaire: Mons
- Canton: Dour
- Entité communale depuis 1977: Honnelles
Evènements et faits marquants sur le sol de la commune
La vie de la commune fut marquée lors de la première guerre mondiale par des faits de résistance : le 23 août 1915, la comtesse Jeanne de Belleville, habitant à Montignies, fut arrêtée pour avoir pris part à la mise sur pied de réseaux d’évasion. Elle fut condamnée par les Allemands, en même temps qu’Edith Cavell. La peine de mort fut commuée en travaux forcés à perpétuité. Un mineur du lieu, François Crapez, fut aussi jugé et condamné à huit ans de travaux forcés.
Economie
Elle fut essentiellement agricole (céréales, orge, betteraves sucrières, colza, lin). On y trouvait, à côté de petites exploitations, des grosses fermes. Celle de « la chaussée », ancienne dépendance de l’abbaye de Crespin, existe toujours. Elle est composée d’un corps de logis de 1771, d’écuries de 1757. On y entre par un porche en anse de panier. La ferme Jospin rue de l’Eglise, date de 1763 avec un portail d’entrée de 1686.
Liées à l’agriculture, on trouva les activités annexes habituelles
- La meunerie. Il existait un moulin, banal, en fond de vallon sur la Petite Honnelle. Un tordoir à huile (de lin et de colza) y fut ajouté au XVIIIème. Une machine à vapeur fut installée au XIXème. Ce moulin « Gilmant » existe encore. Les bâtiments actuels sont de 1823. Il existait aussi un moulin à vent.
- Des brasseries. Actuellement, l’une d’elle (Abbaye des Rocs) est renommée.
- Des fabriques de chicorée
- Une fabrique de moutarde
- Des tisserands travaillaient la laine (fin XVIIIème, XIXème)
Le sous-sol fut aussi exploité. On creusa des petites carrières dans le bas du village (« Basse-Boulogne ») pour en extraire du grès rouge dont on faisait des pavés, des moellons de gros œuvre.
Une marbrerie « Octave Fleurquin » au « Bas des Rocs » fonctionna dès 1936.
On trouvait aussi des briqueteries.
On mentionne également une fonderie de cloches et une fabrique de cierges.
Patrimoine
Château féodal. Le premier aurait été édifié au XIIème siècle. Il eut à souffrir des Orangistes en 1572. Il fut remplacé par une résidence confortable au XVIIème dans le style manoir tournaisien. Il fut encore réaménagé au XIXème (entre 1822 et 1847) par Virginie du Chastel de la Howarderie. Il est entouré d’un parc.
Eglise Notre-Dame. L’actuel bâtiment est du XVIIIème. Mais on y trouve encore dans le soubassement des moellons de l’église du XVIème. Mobilier:
- Autel à retable en bois de la Vierge, XVIIème
- Stalles du XVIIème, ainsi que les autels latéraux.
- Reliquaire du XIVs, gothique, avec Vierge en ivoire.
- Pierres sépulcrales des seigneurs (Waziers-Wavrin)
Place communale F. Masson. Espace herbeux entouré de tilleuls.
Chapelle de Goutrielle, anciennement dédiée à St Joseph, actuellement à la Vierge.
Vieux moulin, avec chute d’eau, sur la Honnelle, au lieu-dit « Basse-Boulogne », construit en 1758. Il a fonctionné jusqu’en 1914.
Bibliographie
Histoire de Montignies-sur-Roc, Marc Coquelet