Jeanlain

Le territoire

Superficie: 591 ha

Altitude: de 54 à 116m

Situation géographique : sur le versant sud de la vallée de la Haine et de l’Escaut-Moyen

Cours d’eau : Aunelle

Paysage préhistorique (après la dernière période glaciaire) : la Forêt Charbonnière

Nature du sol : limoneux

Nature du sous-sol : grès, schistes

Préhistoire

Non documentée

Antiquité gallo-romaine

Un certain abbé Villers aurait ramassé des objets antiques (pas de précision).

Premier Moyen-Age (période franque mérovingienne et carolingienne)

Non documenté

Deuxième Moyen-Age – le village

Première mention: 885

Toponymie (anciennes orthographes) :

  • Gentiulium ou Gentilinium (latin, 885, acte des possessions de l’église de Cambrai)
  • Genlain, 1096
  • Jenleng, 1135
  • Jeanlaing
  • Genlaing, 1148
  • Genlang
  • Genlain, 1186
  • Jenlains, 1197
  • Genlin
  • Jalain, 1484
  • Jeullaing, 1662
  • Jeanlaing, 1650

Etymologie (hypothèses d’origine du nom) : ?

Epoque de son apparition: XIème siècle ( ?)

Facteurs ayant favorisé son émergence :

voies de communication: le territoire est situé au sud de la chaussée romaine Bavay – Tournai

sources d’eau ou cours d’eau: l’Aunelle au nord-est du village

source de bois: région boisée

proximité d’un lieu de pouvoir:  château local (?)

Paroisse dédiée à Saint-Martin

Evêché: de Cambrai

Décanat/doyenné: Valenciennes

Autel (dîmes, entretien de l’église, nomination des officiants) donné au chapitre épiscopal de Cambrai en 1148

Répartition des pouvoirs pendant la période féodale (jusqu’en 1678)

Autorité supérieure: comté de Hainaut

Autorité sous-jacente (administrative et judiciaire): prévôté du Quesnoy

Seigneuries et fiefs

Il semble difficile de reconstituer une liste complète des seigneurs de Jeanlain (aussi écrit Genlayn). Nous sommes ouverts à tout renseignement qui nous permettrait de compléter et de corriger la liste suivante.

Famille de Jeanlain

Les premiers seigneurs semblent avoir porté le nom du village. On cite :

  • Simon de Jeanlain en 1196
  • Nicolas de Jeanlain, frère du précédent, qui s’en alla à la quatrième croisade où il aurait sauvé la vie de Jacques II d’Avesnes lors du siège de Constantinople en 1203.
  • Guillaume de Jeanlain, que nous ne pouvons pas rattacher par un lien familial aux précédents. Il en est de même de:
  • Gauthier/Wauthier de Genlayn, cité en 1244, qui épousa Marie de Beaudignies

Famille de Masny (parfois écrit Mauny)

  • Les précédents eurent une fille, Jeanne de Genlayn, qui épousa vers 1287 Jean « le Borgne » de Masny (v1285-1324) seigneur de ce village situé à l’est de Douai, à l’époque dans le comté d’Ostrevent. Sa demeure fut brûlée en 1319 pour avoir dérogé aux droits du comte de Hainaut. Ils eurent plusieurs enfants dont :
  • Gauthier/Wathier de Masny (v1305-1372). Baron de Masny, seigneur de Jeanlain et chevalier, ce personnage se mit au service du comte de Hainaut pour lequel il combattit à Sluys et à Tournai. Il accompagna Philippa de Hainaut, fille du comte Guillaume Ier, en Angleterre où elle épousa le roi Edouard III. Il continua à résider là-bas où il occupa plusieurs postes officiels. Il devint chevalier de l’Ordre de la Jarretière en 1359. Il y épousa en 1354 Margaret Plantagenet, duchesse de Norfolk, dont il eut deux enfants, Anne et Thomas, qui restèrent en Angleterre. Gauthier de Masny mourut à Londres.

Famille d’Enghien

Est-ce que le précédent mit sa seigneurie de Jeanlain en vente ? Fut-elle mise en gage pour dettes ? Il semble que ce soit pour cette dernière raison que Louis d’Enghien (v1323-1394) l’acheta et en devint le seigneur. Seigneur d’Enghien, des villages hennuyers d’Onnezies, Athis et Montignies-sur-Roc, il devint par héritage de son neveu comte de Brienne et de Conversano en Italie. Digne représentant de la chevalerie, il se mit au service de plusieurs maîtres, les comtes de Hainaut et de Flandre, le roi Charles VI de France, dont il devint le connétable, le comte d’Anjou qui l’amena en Italie du sud où il finit ses jours. 

D’Adrien de Montigny, fin XVIème siècle

Nous ne savons pas ce que devint Jeanlain par la suite. Les autres seigneuries hennuyères passèrent à la maison de Luxembourg. Nous n’avons pas trouvé mention de cela pour Jeanlain.

Famille d’Espiennes

Nous trouvons cette famille un siècle et demi plus tard dans la liste des seigneurs de Jeanlain. Nous ne savons pas comment leur échut la seigneurie. Sont  cités  comme seigneurs de Jeanlain :

  • Aimery Etienne François d’Espiennes ( ?- ?). Chevalier en 1665 et échevin de Valenciennes. Il épousa en 1663 Rose de Hennuyer, dont il eut :
  • Jean-François-Joseph d’Espiennes (1664-1724), écuyer, qui épousa Marie Françoise Le Hardy (1674-1747). Il en eut plusieurs enfants dont :
  • Ignace François Joseph (1703-1775), un fils cadet, cité comme seigneur de Jeanlain. Ayant épousé Charlotte Louise de Remont, il eut :
  • Jacques Jean Joseph Martin d’Espiennes, pour lequel je n’ai pas trouvé la mention « seigneur de Jeanlain » et qui aurait été le dernier titulaire féodal du village. Il avait épousé Marie-Jeanne Razoir de Croix, dame de Croix et de Forest
L’ancien régime dans le royaume de France (1678 à 1789)

Etat : le royaume de France

Prévôté : du Quesnoy

Répartition des pouvoirs pendant la période contemporaine (à partir de 1789)
  • Etat: France dans ses divers régimes (républiques, monarchie, empire)
  • Département: Nord
  • Arrondissement : Avesnes-sur-Helpe
  • Canton: Aulnoye-Aymeries
Economie

Elle fut essentiellement liée à l’agriculture (500 des 584ha de la superficie de Jenlain sont occupés par les cultures de céréales, fèves, betteraves, pommes de terre) et à l’élevage.

On y trouva aussi les artisanats traditionnellement liés à ce secteur : des moulins à eaux, quatre brasseries au XIXème (dont la brasserie Duyck, depuis 1922, produisant la « Jenlain »), une fabrique de chicorée, citée en 1890, une teinturerie et des scieries.

Patrimoine

Eglise Saint-Martin, dont le chœur date de 1662, alors que les autres parties ont été reconstrutites en 1752 et en 1865.

Le Château d’en Haut et la Ferme d’en Haut. Bâtisses du XVIIIème dues à l’initiative des seigneurs d’Espiennes. On y trouve un porche-pigeonnier de 1772 et la grange de 1701. Le corps de logis a été édifié en 1777 pour le mariage de Jacques Martin d’Espiennes et de Marie Jeanne Rasoir. Il fut vendu par leur fils Charles. Plusieurs changements de propriétaires eurent lieu ensuite.

Le Château d’en bas, dont il reste le pigeonnier-porche rénové. Le reste a disparu.

 

 

Houdain-lez-Bavay

Le territoire

Superficie: 1211 ha

Altitude: de 94 à 147 m

Situation géographique : Ce village est situé sur le plateau de Bavay, dans un paysage très vallonné.

Cours d’eau : Le hameau des Rocs est traversé par le Hogneau, qui reçoit les eaux de plusieurs ruisseaux, dont le Riez Raoult

Paysage préhistorique (après la dernière période glaciaire) : la Forêt Charbonnière, dont il reste des vestiges

Nature du sol : limoneux, sablonneux

Nature du sous-sol : grès, schiste, pierre calcaire

Hameaux : Ruimse, Belle-Vue, Eugnies, Rotteleux, Les Rocs, Wadempréau

Préhistoire

Non documentée.

Antiquité gallo-romaine

La chaussée romaine Bavay-Asse-Batavie passait au sud-ouest de l’agglomération, alors que celle allant vers Blicquy et la Mer du Nord traversait le village de part en part.

On aurait ramassé jadis des objets romains en bronze et des médailles en argent (sans précision).

Les « trous des sarrasins » (galeries dont il est question dans le paragraphe Economie) pourraient avoir été creusés par des Celtes (peut-être Nerviens) ou plus probablement d’après les experts par les Gallo-Romains de Bavay qui y puisèrent les pierres nécessaires à leurs édifices.

Premier Moyen-Age (période franque mérovingienne et carolingienne)

Le territoire appartenait à Sainte-Aldegonde qui le donna à l’abbaye de Maubeuge.

Deuxième Moyen-Age – le village

Première mention: 1071

Toponymie (anciennes orthographes) :

  • Hosden (1071, 1107, 1145, 1154)
  • Houdeng (1096, 1119, lettre de Burchard, évêque de Cambrai)
  • Hondeng (1096, charte du tournoi d’Anchin)
  • Housdeng (1129)
  • Hosdeing (1201)
  • Hosdeng (1211)
  • Housdang (1213)
  • Hozdaing (1246)
  • Houdaing (1289)
  • Housaing (1309)
  • Houdain-lez-Bavay (1933).

Etymologie (hypothèses d’origine du nom) :

Je n’ai pas trouvé d’explication étymologique pour Houdain-lez-Bavay. Mais on peut la rapprocher de celle des deux villages de Houdeng de la commune belge de La Louvière.

  • – le radical Hos-, hou-, hous rappelle le bas latin hossura qui signifie «  le houx »
  • – la lettre « d » intercalée est présente par euphonie ou par abus
  • – les suffixes –ein, –ain, –en, -eng, -aing aussi présents dans le bas-latin expriment l’idée d’une réunion d’objets de même espèce (J.Monoyer).

Houdeng aurait été, selon cette hypothèse, un endroit couvert de houx.

Houdeng pourrait aussi provenir de hout et heim signifiant « demeure dans les bois » (Chotin), ce qui correspondait à l’aspect médiéval du paysage.

Certains pensent plutôt qu’Hosdenc vient du vieux bas francique Husiden qui signifie « maison sur une hauteur ». Huis en néerlandais signifie « maison ».

Epoque de son apparition: probablement au Xème ou XIème siècle

Facteurs ayant favorisé son émergence :

voies de communication: la chaussée romaine Bavay-Asse-Batavie

sources d’eau ou cours d’eau: le Hogneau et ses ruisseaux affluents

source de bois: région boisée

proximité d’un lieu de pouvoir: Bavay

Paroisse dédiée à Saint-Martin

Evêché: de Cambrai

Décanat/doyenné: Bavay

Autel (dîmes, entretien de l’église, nomination des officiants) donné au chapitre Sainte-Aldegonde de Maubeuge en 1138 par Nicolas, évêque de Cambrai.

Répartition des pouvoirs pendant la période féodale (jusqu’en 1678)

Autorité supérieure: comté de Hainaut

Autorité sous-jacente (administrative et judiciaire): prévôté de Bavay

Seigneuries et fiefs

Nous sommes assez mal documentés sur ce sujet. D’autant plus que les généalogies des familles seigneuriales ont tendance à confondre Houdain (-lez-Bavay) avec Houdeng-Aimeries et Houdeng-Goegnies (en Belgique), ainsi qu’avec Hordaing (jadis en Ostrevent, qui était une baronnie).

Il existait probablement plusieurs seigneuries.

Sans doute une est  restée aux mains des abbesses de Sainte-Aldegonde de Maubeuge.

La seigneurie du hameau de Wadempréau est souvent mentionnée dans les généalogies des seigneurs de la région (dont les Harchies et les du Chasteler).

S’il exista une seigneurie principale à Houdain-lez-Bavay, il est possible aussi qu’elle fut administrée par les prévôts-vicomtes de Bavay. 

Les chroniques du baron Kervyn de Lettenhove rapportent le nom d’Antoine Vrediau ou de Verdeau ou Verdiel, seigneur de Beaumont-en-Cambrésis et d’Houdain-lez-Bavay en 1473. Sa famille, aussi appelée Verdiel, faisait partie de la grande bourgeoisie de Valenciennes et cumulait des postes de receveurs généraux du Hainaut et de baillis. 

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L’ancien régime dans le royaume de France (1678 à 1789)
  • Etat : le royaume de France
  • Prévôté : Bavay
Répartition des pouvoirs pendant la période contemporaine (à partir de 1789)
  • Etat: France dans ses divers régimes (républiques, monarchie, empire)
  • Département: Nord
  • Arrondissement : Avesnes-sur-Helpe
  • Canton: Aulnoye-Aymeries
Economie

Sur ces grandes terres limoneuses, l’agriculture fut l’activité majeure des habitants du lieu. On note quelques houblonnières.

Au moins deux anciens moulins à vent sont mentionnés :

  •   Moulin Richard, XIVème (quelques vestiges), reconstruit vers 1862
  •   Moulin Giblot, XVII

La brasserie-malterie Carlot fut en activité entre 1877 et 1950.

On note aussi une blanchisserie de toiles.

Les « trous de sarrasins »

Ce sont des carrières et des galeries creusées dans la roche calcaire du Cénomanien inférieur (et non du dévonien), à l’aide de pics en fer. On a jadis attribué ces souterrains à des peuples antiques, liés au dieu Bel et aux légendes de fondation d’un « mythique royaume de Bavay ».

Ils ont plus probablement été creusés par des populations de l’âge du fer, donc celtiques. Etaient-ce les Nerviens ou d’autres peuples avant eux ? S’en servaient-ils uniquement pour extraire de la roche, ou aussi comme refuges ou « caves à provisions » ?

Ce qui est certain, c’est que les Gallo-Romains ont construit leurs édifices de Bavay avec des pierres extraites de ces galeries. On y a trouvé des moellons de soubassement extraits ici.

Plus récemment, comme dans toute la région, on a exploité le marbre. Une scierie, liée à un moulin à eau, fut établie en 1822.

Patrimoine

Eglise Saint-Martin, bâtie en 1782. Rénovée en 2008-2010. 

Presbytère, 1707

Château de Warnicamps. Celui d’origine date du XIVème siècle. Il fut construit par le seigneur de Wadempréau, Wulfard de Ghistelles. Le fief fut vendu successivement aux châtelains de Bouchain, Quiévrain, Mons, puis Tournai. Le château fut reconstruit vers 1700. En 1793, le général français Ferrand, craignant que le château soit pris par les autrichiens, y fit mettre le feu. Reconstruit, il eut encore à subir des dommages en 1914.

Il existait autrefois deux autres châteaux, celui de Fontenoy et celui d’Houdain. De nombreuses chapelles et calvaires sont éparpillés dans le village

 

 

Hon-Hergies

Le territoire

Superficie: 1102 ha

Altitude: 88 à 152 m

Situation géographique : le plateau de Bavay (Hauts-Pays)

Cours d’eau : le Hogneau et ses affluents, les ruisseaux de Courbagne et de Goez

Paysage préhistorique (après la dernière période glaciaire) : la forêt Charbonnière

Nature du sol : limoneux (sédiment quaternaire)

Nature du sous-sol : grès, schistes (sédiment primaire), pierre calcaire (sédiment secondaire)

Préhistoire

Non documentée

Antiquité gallo-romaine

Non documentée. La chaussée romaine Bavay-Asse-Utrecht passe au sud-est du territoire.

Premier Moyen-Age (période franque mérovingienne et carolingienne)

En 862, Lothaire II, arrière-petit-fils de Charlemagne et roi de Lotharingie, fit don du fief de Canteraine à l’abbaye de Lobbes.

Ce territoire a ceci de particulier qu’il abritait la résidence de Waldrade, maîtresse, puis épouse, puis à nouveau maîtresse dudit roi, dans un contexte de conflit conjugal entre le roi et la reine Thietberge, avec intervention papale.

Leur fils Hugues, en réalité le bâtard, devint abbé de Lobbes. Il  reçut le domaine royal de Hon et une partie de Tasnières.

Quant au domaine voisin de Hergies, il fut une possession de l’abbaye Sainte-Aldegonde de Maubeuge.

Deuxième Moyen-Age – le village

Première mention: 1150

Toponymie (anciennes orthographes) :

  • Huoi, 1150, Titre de l’abbaye de Lobbes,
  • Hum, 1185, Tit. de l’abb. de Lobbes
  • Hon Sancti-Petri, 1186, J. de G., Ann. du Hain.
  • Hon, 1199, Cart. du Mont-Saint-Martin
  • Hum, 1286, 2e Cart. de Flandre.
  • Hom, 1323, 3e Cart. du Hain.
  • Hons, XIVe siècle, Le Glay, Cam. Christ.
  • Hoy, XVIIe siècle
  • Hon-lez-Bavay, Vinchant, Ann. du Hain., 135.
  • Hon et Hergies, XVIIIe siècle.
  • Hon Hérgies

 Etymologie (hypothèses d’origine du nom) : en rapport avec la rivière Hogneau (aussi appelée Grande Honnelle en Belgique).

Epoque de son apparition: probablement au XIème ou XIIème siècle

Facteurs ayant favorisé son émergence :

voies de communication: la chaussée romaine

sources d’eau ou cours d’eau: le Hogneau (passant par Hon) et ses affluents, dont le ruisseau de Courbagne qui passe par Hergies

source de bois: région boisée

proximité d’un lieu de pouvoir: Bavay

Paroisse Saint Martin

Evêché: de Cambrai

Décanat/doyenné: Bavay (1186)

Autel (dîmes, entretien de l’église, nomination des officiants) donné à l’abbaye de Lobbes

Répartition des pouvoirs pendant la période féodale

Autorité supérieure: comté de Hainaut

Autorité sous-jacente (administrative et judiciaire): prévôté de Bavay

Seigneuries et fiefs

Le territoire de Hon et Hergies comprenait au moins quatre fiefs

  • Un tenu par l’abbaye de Lobbes
  • Un tenu par l’abbaye Sainte-Aldegonde de Maubeuge, à Hergies
  • Un tenu par l’abbaye St Pierre d’Haumont qui détenait les droits et percevait la dîme à Hergies
  • Un tenu par Sainte-Waudru de Mons

Pour rappel, ces quatre institutions sont apparues au VIIème siècle.

Les habitants étaient dirigés par un maïeur et des échevins, au nom d’une de ces quatre institutions. Il est probable qu’il existait deux entités communales, une pour Hon et une pour Hergies. Les deux furent réunies en 1790.

D’Adrien de Montigny (fin XVIème)
L’ancien régime dans le royaume de France (1678 à 1790)

En 1678, par le Traité de Nimègue, Louis XIV obtint que tous les villages de la prévôté de Bavay, jusque-là inclus dans les Pays-Bas Espagnols, soient rattachés à son royaume.

  • Etat : le royaume de France
  • Prévôté : de Bavay
  • Généralité : de Valenciennes
Répartition des pouvoirs pendant la période contemporaine (à partir de 1792)
  • Etat: la France dans ses divers régimes (républiques, monarchie, empire)
  • Département: Nord
  • Arrondissement :Avesnes-sur-Helpe
  • Canton: Aulnoye-Aymeries
Evènements et faits marquants sur le sol de la commune

La bataille de Malplaquet en 1709 se déroula  au nord du village. La ferme de La Louvière servit de QG au maréchal de Villars.

Economie

Elle reposa essentiellement sur l’agriculture. Les nombreux lieux-dits correspondent à des fermes, anciennes ou encore présentes, hors des noyaux du village.

Il existait quatre moulins, dont trois à grains (dont le moulin Williot sur le Hogneau et un à huile.

Ainsi qu’une brasserie.

Exploitation du sous-sol

On a extrait des pierres bleues (7 carrières) et du marbre noir (5 carrières). On mentionne plusieurs scieries de marbre et des ateliers de taille.

De la pierre à chaux entretenait cinq fours à chaux.

Patrimoine

Eglise Saint Martin, à Hon. Construite en 1760, avec un clocher à bulbe.

Eglise Saint Vaast,  détruite en 1764, puis reconstruite en 1788 au hameau d’Hergies

Maison du Carrier, 1750, construite en moellons de pierre avec encadrement sculpté de la porte

Le Hogneau à Hon

Houdeng-Aimeries

Entité communale de La Louvière

Le village s’est appelé « Houdeng » jusqu’en 1441. Il prit ensuite le nom de Houdeng-Aimeries.

Le territoire

Superficie: 782 ha

Altitude: de 110 à 125 m

Situation géographique : 

Ce village est né sur le versant nord de la vallée de la Haine en bordure du plateau du Brabant.

Cours d’eau : le Thiriau

Paysage préhistorique (après la dernière période glaciaire) : région boisée (Forêt Charbonnière)

Nature du sol : limoneux

Nature du sous-sol : grès, houille

Préhistoire

Vestiges non précisés

Antiquité gallo-romaine

A Bosquetville, on a découvert quelques vestiges (céramique, tuyaux en terre cuite) insuffisants pour conclure à un type précis d’habitat.

Premier Moyen-Age (période franque mérovingienne et carolingienne)

Non documentée.

Deuxième Moyen-Age – le village

Première mention: Les premières mentions de Houdeng apparaissent au XIIème siècle, dans le cartulaire de Saint-Denis (1100-1119).

Toponymie (anciennes orthographes) : Le mot Houdeng ne s’écrivit comme tel que dans une charte de 1400. Mais on l’écrivit autrement bien avant.

  • En 1119, Hosden
  • En 1157, Houdenc
  • En 1158 et 1168, Hosdaing
  • En 1190, Hosdenc
  • En 1191, Hosdain
  • En 1203, Hosdaing
  • En 1306, Hosdeing
  • En 1612, Houdez
  • Houdain
  • En 1779, Houdé.

Etymologie (hypothèses d’origine du nom) :  Ce nom est roman, langue officialisée en 813. Il n’a aucune consistance latine ni celtique. Le site villageois n’est donc pas antérieur à cette date, même si le territoire était sans doute habité auparavant. Les significations qu’on lui donne sont :

  • le radical Hos-, hou-, hous rappelle le bas latin hossura qui signifie «  le houx »
  • la lettre « d » intercalée est présente par euphonie ou par abus
  • les suffixes –ein, –ain, –en, -eng, -aing aussi présents dans le bas-latin expriment l’idée d’une réunion d’objets de même espèce (J.Monoyer).

Houdeng aurait été, selon cette hypothèse, un endroit couvert de houx.

Houdeng pourrait aussi provenir de hout et heim signifiant « demeure dans les bois » (Chotin), ce qui correspondait à l’aspect médiéval du paysage.

Certains pensent plutôt qu’Hosdenc vient du vieux bas francique Husiden qui signifie « maison sur une hauteur ». Huis en néerlandais signifie « maison »

« Aimeries » fut ajouté vers 1441 par le seigneur du lieu, Nicolas Rollin, aussi seigneur d’Aymeries-lez-Berlaimont (département du Nord). En fait il s’agissait de distinguer sa seigneurie de celle que les seigneurs du Roeulx possédaient sur Houdeng.

Epoque de son apparition: au XIème ou XIIème siècle

Facteurs ayant favorisé son émergence :

voies de communication: pas de voie antique ni médiévale d’importance, hormis un probable chemin entre Le Roeulx et Morlanwelz

sources d’eau ou cours d’eau: le Thiriau

source de bois: région boisée

proximité d’un lieu de pouvoir: château seigneurial

Paroisse dédiée à Saint-Jean-Baptiste

Evêché: de Cambrai (jusqu’en 1804), puis de Tournai ensuite

Décanat/doyenné: Binche

Autel (dîmes, entretien de l’église, nomination des officiants) donné à  l’abbaye de Saint-Denis-en-Broqueroie par l’évêque Burchard de Cambrai en 1119.

Répartition des pouvoirs pendant la période féodale

Autorité supérieure: comté de Hainaut

Autorité sous-jacente (administrative et judiciaire): baillage du Roeulx

Seigneuries et fiefs

Dans cette région, la plupart des domaines d’époque carolingienne appartenaient aux comtes de Hainaut au moment de la constitution des villages et du début de la féodalisation. Une partie autour du Roeulx (« Terre du Roeulx ») fut donnée à une famille qui porta le nom du lieu. Elle démembra une part de ce grand territoire en accordant des fiefs (villages et biens fonciers) à quelques familles locales. Ce fut le cas pour le village voisin de (Houdeng)-Goegnies. Quant aux comtes, ils firent de même sur les territoires qui relevaient de leur juridiction.

Sur l’actuel territoire d’Houdeng-Aimeries, on comptait plusieurs fiefs et seigneuries :

  • La seigneurie principale (infra)
  • Des biens relevant de la terre du Roeulx, rattachés à la juridiction civile de Goegnies.
  • Des fiefs attribués à diverses périodes à des institutions religieuses
    • Abbaye Saint-Feuillien du Roeulx
    • Abbaye d’Aulnes
    • Abbaye de Saint-Denis-en-Broqueroie
    • Abbaye de Bonne-espérance.

Quant à la seigneurie principale de Houdeng (Aimeries), elle étendait sa juridiction sur les arrières-fiefs qu’étaient les villages de Saint-Vaast, de Mignault et de Haine-Saint-Paul.

Famille de Houdeng

Elle apparait dès la fin du XIème siècle. Plusieurs personnages sont cités dans divers documents d’époque, sans qu’il ne soit nécessairement écrit s’ils étaient seigneurs des lieux ni quels liens de parenté les reliaient. Les généalogies online ne sont pas claires non plus sur ce sujet.

  • Hubert de Houdeng, le premier personnage cité vers 1100, au service du comte Baudouin II ou de son épouse Ida.
  • Allard de Houdeng, cité en 1119, lors de la donation de la paroisse de Houdeng à l’abbaye de Saint-Denis-en-Broqueroie par l’évêque de Cambrai.
  • Guidon de Houdeng, cité aussi la même année, dans une donation de biens à l’abbaye d’Aulne
  • Wauthier de Houdeng et son fils Allard de Houdeng, cités dans une donation à la même abbaye, acte ratifié par le comte Baudouin IV.
  • Raoul de Houdeng fut un  auteur de romans de chevalerie et un trouvère renommé, à l’époque du comte Baudouin V.
  • Simon de Houdeng, chevalier, cité avec sa mère, en 1200 et 1203 dans des actes de donation l’abbaye de Saint-Denis.
  • Un autre Guidon de Houdeng, chevalier, aurait accompagné le comte Baudouin VI à la quatrième croisade. Il en serait revenu.
  • Nicolas de Houdeng, chevalier, ami et conseiller du comte Jean d’Avesnes. Ce dernier aurait accru ses possessions en lui offrant le fief de Saint-Vaast à Houdeng, ainsi qu’un autre à Epinois. Il aurait acheté en 1294 le Bois-de-Luz (futur Bois-du-Luc ») à Jean de Goegnies. Il possédait un hôtel à Mons, qu’il légua en 1309 aux magistrats de la ville pour en faire un hôpital. Le jardin de cet établissement fut converti en un établissement d’instruction publique : le « Collège de Houdain ».
  • Son fils, Nicolas de Houdeng, fut conseiller de la comtesse, Marguerite de Bavière.
  • Cette famille aurait disparu en 1336.

Le domaine d’Houdeng revint dans les possessions du comte de Hainaut. Vers 1340, le comte Guillaume II d’Avesnes l’octroya aux Walcourt, qui détenaient la charge héréditaire de maréchal de Hainaut. Ce titre semble alors passer au propriétaire de la seigneurie d’Houdeng.

Maison de Walcourt

  • Le bénéficiaire en fut Thierry de Walcourt « de Rochefort » ( ?-1345), fils du seigneur de Walcourt et de Rochefort, qui était aussi comte de Montaigu.
  • Ces titres et ces biens passèrent à son fils. Ce dernier était au service du comte Guillaume II, avec qui il alla soumettre une révolte des Frisons en 1345. Leur armée fut écrasée à la bataille de Staveren où ils moururent tous les deux.
  • Son fils Jean de Walcourt ( ?-apr1356) lui succéda.
  • Il n’eut qu’une fille, Marie.

Maison d’Abcoude de Gaesbeeck

  • En épousant Marie de Walcourt ( ?-1402), Guillaume d’Abcoude, seigneur d’Abcoude et de Gaesbeeck, devint, entre autres, seigneur de Houdeng.
  • Ils léguèrent leurs biens à leur fils Sweeder III van Abcoude ( ?-1400).
  • Celui-ci les transmit à son fils Jacob (Jacques) van Abcoude van Gaesbeeck (1391, Bruxelles-1459, Utrecht), baron au  service du duc Jean IV de Brabant, puis de Philippe le Bon. Endetté, il dut vendre quelques biens, dont Houdeng, en 1441.

Maison Rolin

Le chancelier Rolin, par Van Eyck

C’est un autre personnage, très proche du duc Philippe « le Bon » de Bourgogne, puisqu’il en était le conseiller et le chancelier, Nicolas Rolin (1376-1462), qui acheta la seigneurie haute-justicière de Houdeng et ses dépendances (fiefs de Saint-Vaast, de Mignault, d’Erbaut et de Haine-Saint-Paul).

Issu de la haute bourgeoisie d’Autun en Bourgogne, grâce à ses hautes fonctions, Nicolas Rolin s’enrichit, acheta de nombreux domaines et se montra un grand mécène. Il fut le fondateur des Hospices de Beaune. Il avait acquis la seigneurie d’Aymeries près de Berlaimont et du Quesnoy. Avec la seigneurie de Houdeng, il devenait maréchal héréditaire de Hainaut. Avec celle de Raismes, aussi achetée, il obtenait le titre héréditaire de grand veneur du Hainaut. Il fut convenu alors que la seigneurie d’Houdeng, avec l’enclave de Goegnies-lez-Houdeng, réunies, se dénommerait désormais « Houdeng-Aimeries » pour distinguer l’étendue de sa juridiction de celle du Roeulx.

  • Son fils Antoine Rolin (1424-1497, Aymeries) lui succéda dans ses domaines du Hainaut. Il fut au service de Charles le Téméraire, puis de Marie de Bourgogne et de l’archiduc Maximilien d’Autriche.
  • Puis ce fut son fils Louis Rolin (v1447-1528, Marly) qui obtint les mêmes biens et titres, lui-même au service des mêmes personnages. Il n’eut pas d’enfant légitime.
  • Son cousin Georges Rolin (v1491-1566, Valenciennes) hérita tous ses biens et titres.
  • Ce dernier n’eut qu’une fille Anne Rolin (v1535-1603), qui, malgré deux mariages, n’eut pas d’enfant. Elle légua ses biens qu’elle partagea entre deux nièces, dont Jeanne Rolin en ce qui concerne Houdeng.

Famille le Danois

  • Charles le Danois ( ?- ?), gentilhomme du duc de Lorraine, il hérita de Houdeng et des titres afférents par son mariage en 1560 avec Jeanne Rolin ( ?-1626).
  • Ils les transmirent à leur deuxième fils Jean le Danois ( ?-1627). Lui succédèrent :
  • Joseph François le Danois « de Neufchâtel »( ?-apr1685), son fils. Seigneur de Houdeng et de Raismes. Vicomte de Hainaut. Grand maréchal héréditaire de Hainaut. En tant que haut justicier, il octroya en 1685 la concession d’exploitation du sous-sol aux « comparchonniers du Grand Conduit » contre un cens (location) et un entre-cens (pourcentage sur les ventes de charbon).
  • François Marie le Danois, fils aîné du précédent, qui ne se maria pas.
  • Jean François le Danois, son frère. Ce dernier vendit en 1740 la seigneurie haute justicière de Houdeng, ainsi qu’une partie de ses droits de charbonnage. Il quitta la région. Il garda le titre de maréchal héréditaire de Hainaut, mais la famille suivante le récupérera.

Famille Biseau

  • Nicolas François Joseph de Biseau de la Motte ( ?-1774), déjà seigneur de Bougnies, acquit Houdeng.
  • Son fils Antoine François de Biseau (1735-1785) lui succéda. N’ayant pas de postérité, il légua ses biens à sa sœur, Marie Françoise.

Famille de Wavrin-Villers

Alphonse François de Wavrin ( ?-1802), fait marquis de Wavrin en 1767 par le roi Louis XV, était aussi baron de Villers-au-Tertre et du Saint-Empire.  Il devint vicomte de Houdeng et grand maréchal de Hainaut en épousant Marie Françoise Eugénie Louise Ursule de Biseau (1746-1817).

La féodalité se termina avec eux. Leurs titres disparurent. Ce sont leurs enfants et leurs successeurs qui hériteront des propriétés mais aussi des quatre dixièmes de part de charbonnage de Bois-du-Luc qui étaient dans la famille, rachetés aux le Danois.

Carte de Ferraris (XVIIIème)
Période française (1794-1814)

Fin de l’Ancien Régime féodal en 1794

  • Département: Jemappes
  • Canton: Le Roeulx
Répartition des pouvoirs pendant la période contemporaine (à partir de 1814)
  • Etat: Royaume des Pays-Bas (1814-1830), puis Royaume de Belgique
  • Province: Hainaut
  • Arrondissement administratif: Soignies
  • Arrondissement judiciaire: Mons
  • Canton: Le Roeulx
  • Entité communale depuis 1977: Le Roeulx
Evènements et faits marquants sur le sol de la commune

Lors des guerres de Louis XIV, les campements et passages des troupes armées entraînèrent de lourds dommages pour Houdeng et les villages avoisinants.

Economie

Elle fut essentiellement consacrée à l’agriculture et l’élevage pendant longtemps.

Exploitation houillère

La chronique de l’abbaye de Bonne Espérance dit qu’en 1299 on y exploitait déjà la houille. Gilles I du Roeulx permit à l’abbaye de Bonne-Espérance d’extraire du charbon pour ses possessions de Houdeng et Goegnies (un des premiers documents prouvant l’exploitation de la houille dans l’actuel bassin du Centre).

En 1685 fut créée la « Société du Grand Conduit et du Charbonnage d’Houdeng ». Les couches superficielles, jusque-là exploitées, s’épuisaient. Il fallait creuser plus en profondeur, mais aussi résoudre le problème des inondations des puits. Dans un premier temps, on aménagea en profondeur (une trentaine de mètres) une canalisation en troncs de chênes évidés pour évacuer l’eau vers le Thiriau qui passait en contrebas. Ce stratagème permit de multiplier les fosses.

En 1779, les concessionnaires firent installer la première machine à feu de la région du Centre. Elle permit de creuser jusqu’à 112m.

En 1807, ils mirent en route une des premières machines à vapeur d’Europe. Cette année-là la société devint la « Société du Bois du Luc ».
A cette époque, on comptait cinq puits. La société continua d’investir dans de nouveaux équipements technologiques. Elle racheta les charbonnages de Trivières, de la Barette (Houdeng-Goegnies), de Saint Denis ainsi que ceux d’Obourg et d’Havré. Par la suite, elle fit creuser quatre nouveaux puits : le Saint Patrice, le Saint Charles, le Saint Emmanuel et le Saint Amand.

La société exploitait alors une concession de 6.000 hectares. Elle devint la « Société Civile des Charbonnages du Bois du Luc, la Barette, Trivières, Saint Denis, Obourg et Havré ». Avec la fosse Saint-Emmanuel sur la rive gauche du Thiriau, ouverte en 1846, elle atteignit de très hauts rendements, en creusant à plus de 500m.

Puits Saint-Emmanuel

De 1838 à 1853, la société fit construire la cité de Bosquetville (corons), un ensemble de 162 maisons ouvrières,  auxquelles on ajouta des magasins, des cafés, une salle des fêtes, un kiosque, une église Sainte-Barbe, une école et un hôpital. On favorisa les mouvements associatifs. Reprenant ainsi l’exemple du Grand Hornu construit vers 1830. Ce site a été restauré et figure au patrimoine mondial de l’UNESCO.

Cité du Bois-du-Luc vers 1850

En 1846, on construisit un premier four à coke.

Un chemin de fer privé industriel fut aménagé en 1855.

Dans les années 1930, le Bois du Luc fut victime de la crise. Elle perdit la totalité de ses bénéfices avant de finalement redresser la situation quelques années plus tard. Mais par manque de rentabilité, la société dut fermer ses puits en 1959, à l’exception du siège du Quesnoy à Trivières qui fonctionna jusqu’au 15 juin 1973, date de la fin de la société. Ce fut le dernier charbonnage à fermer dans le bassin du Centre.

Autres entreprises :

  • Verreries
  • Fonderies
  • Constructions métalliques, dont l’atelier Eidenschenck, fondé en 1932 par Charles Eidenschenck, fils d’un ouvrier alsacien, du même nom, arrivé ici en 1893. 
Voies de communication

Au milieu du XIXème siècle, on construisit le Canal du Centre qui desservit toutes les entreprises de la région.

Ascenseur n°2

En 1986, on installa « Garocentre », une plateforme multimodale (eau-route-rail) pour les échanges économiques internationaux.

Patrimoine

Eglise St Jean Baptiste. Erigée en 1779, elle est de style semi-classique. 

On pense que la ferme de la Tourre située à proximité de l’église était le manoir de la famille de Houdeng. Cette ferme possédait une tour de guet puis élément d’ornementation.

Bibliographie

Le site http://chemin-des-loups.skynetblogs.be/ m’a beaucoup aidé pour constituer les chapitres consacrés aux villages de La Louvière.

Ostrevent

L’Ostrevent est un pays traditionnel du nord de la France, entre la Flandre gallicane et le Hainaut français. Il s’agissait d’un petit comté (pagus) constitué dès la période mérovingienne. On trouve aussi l’orthographe ” Ostrevant ».

Géographie

Aujourd’hui la plus grande partie se trouve dans le département du Nord, le reste est situé dans le Pas-de-Calais. Il avait pour frontières :

  • au Nord : la Scarpe – cette rivière prend sa source en Artois, arrose Arras, Douai, Hasnon, St Amand et se jette dans l’Escaut à Mortagne-du-Nord
  • Est – Sud : Escaut et la Sensée

Sa capitale était Bouchain, situé sur l’Escaut au sud de Valenciennes. S’y développèrent d’autres villes : Douai, Denain, Raismes, Anzin, Beuvrages, Auberchicourt, Lourches, Aniche, …

Etymologie 

Le nom du vieux latin Austrebantum. Austr = est ; bant = lien, zone (comme dans Brabant) = contrée de l’est (du sud-est de la Flandre). 

Origines

L’Ostrevant constituait un pagus dans le Haut Moyen Age et peut-être déjà sous le Bas-Empire romain: Pagus Austrebantum de la Civitas des Atrébates (Artois). Il fut une division administrative sous les Mérovingiens, avec à sa tête un comte nommé par le roi. Bouchain était le siège du comté dès 880. 

On connait peu les comtes de l’époque franque. On cite au VIIème siècle :

  • Autbaldus et sa femme Grimoara
  • Leur fils Jean, qui fonda l’abbaye de Hasnon

VIIIème siècle :

  • Adalbert d’Ostrevent (670-730), maire du palais de Pépin le Bref. Lui et son épouse Regina fondèrent en 764 l’abbaye de Denain. 
  • Pauline d’Ostrevent (v700- ?), leur fille, épousa Adalbald d’Artois (710-v778), qui devint comte d’Ostrevent. Ils eurent:
  • Adalbert II d’Ostrevent (v740-821), écuyer, qui épousa Reine de Francie, fille de Charles Martel. Ils eurent: Bava d’Ostrevant, qui épousa  Hugues III de Tours

Pour rappel, la charge comtale jusqu’à la fin du IXème siècle n’était pas héréditaire. Chaque comte était nommé et éventuellement révoqué par le  roi.

IXème siècle :

Les traités de Verdun (843) et de Ribemont (880) placèrent l’Ostrevent dans la Francie occidentale de Charles le Chauve.

Pour ce siècle, on mentionne encore:

  • Gérard II de Roussillon (795-870), fils de Leuthard I de Fézensac de la famille des Girardides. Fait chevalier, il fut nommé, par l’empereur Lothaire Ier, comte de Paris (comme son père), comte de Roussillon, de Vienne, d’Ostrevent, de Brabant (Burbant) et de Senlis. Il eut des démêlés avec le roi Charles le Chauve et plusieurs de ses comtés lui furent retirés.
  • Waltcaudus, cité en 853, également comte du Pagus Atrebatensis voisin (Artois, Arras), nommé par le roi Charles le Chauve, probalement à la place de Gérard de Roussillon
  • Effroy, cité en 892, nommé par le roi Eudes

Hucbald d’Ostrevent de Senlis (v850-apr890/894). Il était le fils de Gérard II de Roussillon. Déjà seigneur de Senlis et de Gouy (Aisne), il “récupéra” le comté d’Ostrevent. Il épousa Edwige de Frioul (848-v895), fille du marquis de Frioul et petite-fille par sa mère de Louis Le Pieux. Ils eurent:

  • Helvide de Senlis, ép. Roger I de Laon (860-926), comte de Laon ==> lignée des comtes de Laon
  • Raoul I de Gouy-en-Arrouaise « Taillefer» (v870, Gouy St-André –v.926), infra ==> lignée d’Ostrevent
  • Hucbald von Dillingen, comte de Dillingen
  • Wido de Senlis (850-927) ==> lignée des seigneurs de Senlis

Raoul I de Gouy-en-Arrouaise « Taillefer » (v870, Gouy St-André –v.926). Comte d’Ostrevent, par héritage de son père vers 894 (après les invasions vikings). Comte d’Amiens, par mariage. Comte de Vexin et de Valois. Comte de Cambrai. Seigneur de Gouy et de Chartres. Il fut tué au combat par Herbert de Vermandois qui en profita pour s’emparer du comté d’Amiens. Il avait épousé Aleidis Hildegarde d’Amiens, fille ou sœur d’Ermenfred de Frioul, comte d’Amiens. Ils avaient eu:

  • Berthe de Cambrai, qui épousa Isaac de Valenciennes (900, Valenciennes – 941), châtelain de Valenciennes, comte de Cambrai
  • Humbert de Chartres (v910- ?), seigneur de Chartres
  • Raoul II d’Ostrevent/Gouy (v905/915-v944) infra
  • Ermentrude d’Arras (v920- ?), ép. Gauthier II de Douai
  • Geoffroy de Bourges (v920- ?), vicomte de Bourges

Raoul II de Gouy “d’Ostrevent”  (v915, Amiens ou  Cambrai-v944, Amiens), fils du précédent. Seigneur de Gouy. Comte d’Ostrevent, de Valois, de Vexin et d’Amiens (par héritage de son père Raoul I). En 943, il tenta d’envahir le Vermandois. Il fut tué par les fils d’Héribert de Vermandois. A la mort de Raoul II, le comte Arnoul Ier de Flandre s’empara de Douai. Mais le reste de l’Ostrevent resta à ses comtes. Il épousa Hildegarde de Flandre (925/935-990), fille d’Arnould I de Flandre et frère de Baudouin III:

  • Gauthier I d’Amiens-Valois (v940-v998), comte de Valois, Amiens et Vexin
  • Hilduin de Vexin (v941- ?)

Raoul II perd apparemment l’Ostrevent avant 931 au profit de:

Roger II de Laon (900, Laon-942), fils d’Helvide d’Ostrevent et de Roger de Laon (supra). Comte d’Ostrevent (attesté en 931) et de Laon. Chevalier. Il fut investi avec ses frères du château de Mortagne, mais en fut délogé en 931 par Arnoul Ier, comte de Flandre, qui occupait toujours Douai. Hugues le Grand, comte de Paris, duc des Francs, père d’Hugues Capet, réussit à récupérer Douai. En 941, Roger II fut évincé par le roi Louis IV d’Outremer qui rendit Douai à Arnould. Roger II avait épousé  v940 Constance de Chaumont-en-Vexin, dont il eut:

  • Helvide de Laon (940- ?), ép. 971 Hilduin de Ponthieu-Montdidier
  • Roger III de Laon (946, Laon-987), écuyer, comte de Laon
  • Adeline de Laon (950- ?), ép. Robert I de Béthune

Ici également on perd la trace des descendants. On la retrouve un peu plus tard chez les seigneurs de Ribemont (en Vermandois), descendants des comtes de Vermandois, eux-mêmes descendant de Charlemagne.

Le premier de cette famille à être mentionné comme comte d’Ostrevent fut Henri de Ribemont (935-?). Son fils Godefroid de Ribemont (965-?) lui succéda.

En 1006, Baudouin IV de Flandre s’empara de Valenciennes, de l’Ostrevent et de Ribemont (en Vermandois).

Hugues de Ribemont d’Ostrevent (960, Cambrai- 1020 ou 1041), fils de Godefroid, fut comte d’Ostrevent, seigneur de Ribemont.  Châtelain de Valenciennes et de Saint-Quentin.  Cité en 980. D’une épouse inconnue, il eut:

Anselme I de Ribemont “d’Ostrevent” “le Vieux” (v1021/1025-1071, Cassel). Comte d’Ostrevent. Seigneur de Ribemont, de Château-Porcien et de Bouchain. En 1047, Valenciennes et Ribemont, jusque là occupés par les Flamands, revinrent au comte Herman de Hainaut, notamment avec l’aide d’Anselme. Nommé châtelain héréditaire de Valenciennes en 1070. Chef des armées de la comtesse Richilde de Hainaut contre le prétendant au comté de Flandre, Robert le Frison. Celui-ci est soutenu dans cette lutte par Wautier de Douai. Pendant la minorité d’Hugues d’Oisy, dont il était l’oncle maternel, il géra la châtellenie du Cambrésis. En 1071, il périt devant Cassel face aux armées flamandes de Robert le Frison. Il avait épousé Berthe Agnès de Bouchain, dont il eut:

  • Anselme, infra
  • Agnès d’Ostrevant, ép. Gautier de Longueville ou Giffard de Bolbec (1063-1102)

Anselme II de Ribemont “d’Ostrevent” « le barbu »/III (v1050-1099, Liban), fils du précédent.  Comte d’Ostrevent. Seigneur de Bouchain, de Ribemont, de Château-Porcien, … Il résidait au château de Bouchain. Châtelain de Valenciennes.  Fidèle de Baudouin II de Hainaut. Ce dernier vengea son frère Arnould en 1079 en infligeant une défaite à Denain aux troupes de Robert le Frison. En 1081 Robert le Frison céda Douai aux comtes de Hainaut. Cession transitoire, car le comte Robert II de Flandre obtint de Baudouin III de Hainaut, dont le père était mort aux croisades, la restitution de cette place. Douai et son voisinage immédiat revinrent donc à la Flandre. Anselme II accompagna Robert II de Flandre en Palestine et mourut en 1099 en Terre Sainte (première croisade). Auparavant, il avait été en ambassade chez Alexis Comnène, empereur de Constantinople et avait participé au siège d’Antioche en 1098. Avant son départ, il organisa en 1096 un tournoi à Anchin, présidé par le comte de Hainaut lui-même, où participèrent plus de 300 chevaliers, parmi lesquels un certain Othon de Bernissart, que je ne rattache pas à l’arbre généalogique familial, mais qui pourrait être un de ses fils. Il avait épousé Berthe de Valenciennes, fille d’Isaac I de Valenciennes et de Cambrai (890-941) et de Mathilde d’Ittre. Il en eut:

  • Godefroid III, infra
  • Hugues, seigneur de Denain et châtelain de Valenciennes, qui, d’une épouse inconnue, eut:
    • Etienne (1140-1205), seigneur de Denain, qui épousa Rose de Mons, héritière de Hainin ==> Maison de Haynin
  • Agnès de Ribemont de Bouchain ( ?-1127), ép. Gossuin d’Oisy
  • Jean, seigneur d’Auberchicourt, de Bernissart et d’Hordaing.

Godefroid III (avt 1099- ?), fils d’Anselme II. Comte d’Ostrevent. Seigneur de Bouchain et de Ribemont.  Châtelain de Valenciennes. Porte-étendard de St Quentin sous Raoul de Vermandois. Il épousa en 1122 Yolande de Gueldre (« de Wassemberg »), veuve de Baudouin III, comte de Hainaut, dont il eut:

  • Godefroid IV, infra
  • Berthe de Bouchain (1123- ?), ép. Nicolas I de Barbençon, puis Otto II de Looz-Duras

Godefroid IV d’Ostrevant (1127-1163), fils du précédent. Comte d’Ostrevent. Seigneur de Bouchain et de Ribemont. Châtelain de Valenciennes. D’une épouse inconnue, il eut deux enfants décédés en bas âge. A sa mort de ceux-ci, il céda à son demi-frère Baudouin IV de Hainaut, issu du premier lit de Yolande de Gueldre et de Baudouin III, tous les droits qu’il tenait de son père sur le comté d’Ostrevant et la châtellenie de Valenciennes.

En 1257, la comtesse Marguerite de Hainaut et de Flandre et son mari Guy de Dampierre renoncèrent à l’Ostrevent au profit du Hainaut et des Avesnes. Pour rappel, tout comme la Flandre et l’Artois, l’Ostrevent se situait dans le royaume de France (depuis Verdun, 843).

Depuis lors, le fils aîné du comte de Hainaut porta le titre de comte d’Ostrevant par apanage. C’est sous ce nom qu’était connu Jean d’Avesnes “sans merci”, fils du comte Jean d’Avesnes, qui fut tué en 1302 à Courtrai. 

Philippe le Bel enleva plus tard Douai à la Flandre. 

À la fin du XIIIème  apparut un différend au sujet des limites. On n’aboutit à aucune entente. Le différend portait probablement sur des localités situées sur la rive gauche de l’Escaut, telles que Saint-Amand en Pévèle. L’affaire n’était pas terminée en 1398.

 

 

 

Tertre

Entité communale de Saint-Ghislain

Le territoire 

Superficie: 850 ha

Altitude: de 20 à 35 m

Situation géographique : Le territoire de Tertre, anciennement hameau de Baudour, est situé sur la rive droite de la vallée de la Haine.

Cours d’eau : la Haine, les ruisseaux du Pied de la Vache et de la Gronde

Paysage préhistorique (après la dernière période glaciaire) : la plaine était jadis un grand marécage, inondé régulièrement par la rivière. Le hameau s’est installé sur une douce pente vers le nord qui faisait partie de la forêt allant de Bonsecours à Saint-Denis-en-Broqueroye.

Nature du sol : alluvionnaire, sablonneux

Nature du sous-sol : grès, schistes, houille

Préhistoire – Antiquité gallo-romaine

Non documentées.

Premier Moyen-Age (période franque mérovingienne et carolingienne)

On aurait trouvé, lors de la construction d’un four à coke, une sépulture de soldat franc.

Deuxième Moyen-Age – le village

Première mention: ?

Toponymie (anciennes orthographes) : – 

Etymologie (hypothèses d’origine du nom) : 

Le nom du village viendrait soit de la situation plus élevée du noyau original, soit d’un tertre sur lequel se trouvait avec certitude un moulin (« Au Tiette »).

Epoque de son apparition: ?

Facteurs ayant favorisé son émergence :

voies de communication: les chemins qui passaient à Baudour.

sources d’eau ou cours d’eau: la Haine

source de bois: le versant boisé

proximité d’un lieu de pouvoir: le château de Baudour

Paroisse dédiée à Saint-Christophe, constituée en 1782. Auparavant, les habitants du hameau étaient paroissiens de Baudour. Mais il existait une chapelle dédiée à Saint-Christophe, avant la construction de l’église.

Evêché: de Cambrai (jusqu’en 1804), puis de Tournai ensuite

Décanat/doyenné: Mons

Répartition des pouvoirs pendant la période féodale

Autorité supérieure: comté de Hainaut

Autorité sous-jacente (administrative et judiciaire):

Seigneuries et fiefs

On cite des seigneurs de Tertre, sans doute vassaux de ceux de Baudour, à moins que ce ne furent que des maïeurs :

  •  les Le Louchier
  •  les Charlart
  •  les de la Houssière
  •  les Masy (à partir du mariage de Marie de la Houssière et de Pierre Masy; un de leurs fils, Jean-Baptiste Masy, devint bailli des terres et seigneuries du Prince de Ligne en 1690).
La commune

Elle fut créée en 1883. Sur décision du roi Léopold II, Tertre fut détaché de Baudour et devint commune autonome. Le premier bourgmestre en fut Louis Escoyez, industriel en réfractaires.

Les services communaux furent installés dans l’actuelle école des filles de la rue Wauters. Elle sera ensuite, en 1924, transférée dans celle des garçons de la rue de Douvrain (actuelle rue du Peuple), avant de s’installer définitivement dans des locaux propres en 1958. 

Avant la fusion de 1977, la commune de Tertre comprenait aussi une partie d’Hautrage-Etat.

Période française (1794-1814)

Fin de l’Ancien Régime féodal en 1794

  • Département: Jemappes
  • Canton: ?
Répartition des pouvoirs pendant la période contemporaine (à partir de 1814)
  • Etat: Royaume des Pays-Bas (1814-1830), puis Royaume de Belgique
  • Province: Hainaut
  • Arrondissement administratif: Mons
  • Arrondissement judiciaire: Mons
  • Canton: Lens
  • Entité communale depuis 1977: Saint-Ghislain
Evènements et faits marquants sur le sol de la commune

Lors d’une de ses guerres en 1655, Louis XIV passa et logea dans une ferme de Tertre.

Le 23 août 1914, Tertre se trouvait sur la ligne de front dans la bataille de Mons. Le village fut pris par l’armée allemande ce jour-là. 

Le 1 mai 1944, des bombardements alliés atteignirent l’orphelinat des Oblates qui firent 45 morts parmi les enfants et deux parmi les religieuses.

Economie

Les habitants du hameau initial de Tertre devaient s’adonner à l’agriculture et l’élevage, autour de quelques fermes d’importance variable. 

Tertre prit de l’ampleur (ce qui explique son autonomie communale et paroissiale) avec la révolution industrielle au XIXème siècle et sa continuation au XXème. 

Les fabrications de produits réfractaires

Les « Etablissements Escoyez » furent fondés en 1842 par Louis Escoyez, près de la gare. Ce dernier fut le premier bourgmestre, de 1883 à 1893. On ferma après la deuxième guerre mondiale.

La « Société des produits Réfractaires de Saint-Ghislain » fut fondée en 1834 pour fournir des briques aux fours de l’industrie verrière et sidérurgique. En 1955, elle prit le nom de « Belref ». Elle fut rachetée en 1987 par Hepworth Refractories (UK). Puis en 1992 « Premier Refractories Belgium », avec des capitaux américains. Reprise en 1998 par le groupe anglais Vesuvius Cookson. Nombreux licenciements. En 2004, rachetée par Preiss-Daimler. Menace de fermeture en 2017.

Les « Etablissements Lescot-Ducobu » furent fondés en 1922. Ils se sont reconvertis dans les années ‘60 dans la production de carrelages en grès rustique. 

Exploitation de la houille

Les sondages commencèrent en 1927 et l’exploitation fut mise en route en 1937. Il s’agit d’une concession de près de 5000ha sous les villages de Tertre, Baudour, Hautrage, Villerot, Boussu, Quaregnon et Jemappes, exploitée par la “SA des Charbonnages du Hainaut de Tertre” (Concession Espérance-Hautrage). On y extrait de la houille grasse pour fours industriels. Les installations y étaient performantes. Dans les puis N°2 et n°3 (“Espérance”), on exploita de 1913 à 1966. Un accident (chute d’une cage) provoqua la mort de 12 mineurs en 1953. La société ferma en 1971.

Industrie chimique

La « SA Carbochimique » fut créée en 1928 par la Société Générale de Belgique. Elle devint opérationnelle en 1931. Il s’agissait de valoriser le charbon borain en vue de la fabrication de coke et pour la production d’engrais ammoniaqués à partir du gaz de cokerie (plus récemment à partir de gaz naturel importé). Elle racheta en 1955 la Société des Colorants de Tertre. Elle fut elle-même rachetée en 1986 par « Kemira ». En 2007, le site devint « Yara », acheté par le groupe norvégien Yara.

La « SA Carbonisation Centrale » fut fondée aussi en 1928. Il s’agissait de fours à coke. C’était la plus grande cokerie de Belgique. Pour l’utilisation du charbon borain, en vue de la production de gaz de cokerie, de produits benzolés, des colorants, des ammoniacs. L’usine fut occupée par les Allemands pendant la deuxième guerre. Elle fut rachetée en 1970 par Hainaut-Sambre, puis cédée à « Carcoke » en 1975. Elle finit ses activités en 1997. Elle a fait l’objet d’une décontamination des terrains par la Spaque.

L’Ecozoning Hautrage-Villerot-Tertre est composé en 2017 de :

  • ADVACHEM SA – chimie (formaldéhyde et résines pour l’industrie des panneaux en bois)
  • CARBODOUR SA – production et distribution de dioxyde de carbone
  • ERACHEM COMILOG SA – production et recyclage d’oxydes de manganèse et de cuivre
  • POLYOL BELGIUM SPRL – production de polyéther polymère
  • SHANKS HAINAUT et SHANKS SA Division Villerot – collecte et regroupement de déchets toxiques et non toxiques
  • WOS HAUTRAGE – traitement, collecte, recyclage de déchets hydrocarbonés, production de produits pétroliers

On y trouve aussi d’autres entreprises (travaux publics, stockage de marchandises, commerce de combustibles

Voies de communication

On ouvrit une ligne de chemin de fer de Saint-Ghislain vers Ath en 1879. On aménagea une gare à Tertre et des raccordements vers le charbonnage et la Société Carbochimique.

Le canal Nimy-Blaton-Péronnes fut creusé dans les années ‘1950.

Patrimoine

Eglise Saint-Christophe. Elle fut édifiée en 1852, en style néogothique. Elle remplaça une chapelle du même nom.

Maison communale (ancienne). Dans le château Escoyez, ayant appartenu à la famille du premier bourgmestre, et construit en 1904.

 

Saint-Ghislain

Entité communale de Saint-Ghislain

Le territoire

Superficie: 397 ha

Altitude:  25 m

Situation géographique : Saint-Ghislain est apparu dans la plaine de la vallée de la Haine, au bord de la rivière. C’est un des seuls exemples d’une telle proximité.

Cours d’eau : la Haine

Paysage préhistorique (après la dernière période glaciaire) : Il faut s’imaginer une vallée relativement large, au cours lent (vu sa faible déclivité) depuis que la rivière a contourné Mons jusqu’à son embouchure dans l’Escaut à Condé. Le débit est variable selon les saisons et les inondations  sont nombreuses. L’eau se faufile entre des petits îlots. Ceux-ci étaient peut-être plus nombreux du côté de saint-Ghislain, car c’était considéré comme un lieu de passage à gué. Il y avait çà et là quelques bosquets de peupliers et de nombreux saules.

Nature du sol : alluvionnaire, argile

Nature du sous-sol : grès, schistes

Préhistoire – Antiquité gallo-romaine

Il semble qu’on n’ait pas trouvé à ce jour de témoignages de passage ou d’habitat avant le Moyen-Age. Sans doute le caractère marécageux y est-il pour quelque chose. Il fallut le courage des moines au Moyen-Age pour aménager l’endroit en un site habitable.

Aucune chaussée romaine ne passait à Saint-Ghislain. A la fin de l’empire romain et durant toute la période franque mérovingienne, la Haine faisait frontière entre les petits comtés (pagus) de Hainaut et de Brabant (Burbant). Au-delà des marécages, les versants de la vallée étaient parsemés de fermes éparpillées.

Premier Moyen-Age (période franque mérovingienne et carolingienne)

Raconter Saint-Ghislain pourrait se résumer en l’histoire de son abbaye qui prit fin avec la Révolution française et qui fut suivie de deux siècles où le bourg se consacra essentiellement au commerce, à l’industrie et à l’enseignement.

Quant à l’histoire de son abbaye, elle réunit à la fois des éléments légendaires et des éléments historiques réels reflétant l’Histoire de la région au cours des siècles. Cette abbaye ne fut jamais reconnue comme un centre intellectuel rayonnant. Par contre elle joua un rôle politique et économique important dans le comté de Hainaut.

Fondation de l’abbaye d’Ursidongus

Selon la tradition hagiographique

Saint Ghislain, dit la tradition, aurait été fondée par un athénien nommé Ghislain en 648.

Hormis la tradition, rien ne vient confirmer ces faits dans des documents d’époque (qui étaient, il est vrai, rarissimes). L’abbaye, telle qu’elle rayonna économiquement pendant le Moyen Age, semble n’avoir été fondée qu’au Xème siècle.

Ce qui s’est passé auparavant n’est connu que par des récits hagiographiques écrits au Xème et XIème siècle. Comme toujours, ces récits ont pour but de magnifier un ou des personnages, ainsi que leurs faits, rapportés comme miraculeux. Le but étant alors d’entretenir un culte et des pèlerinages autour des reliques de saints, cultes qui sont sources de gros bénéfices pour l’abbaye.

Ces récits hagiographiques sont, pour les plus connus, une Vita Gisleni (Xème siècle, par des moines bollandistes), une biographie écrite en 1015 par un moine inconnu, et une Vita Tertia d’un certain Rainerus, moine de l’abbaye même, écrite en 1038.

Au XIVème siècle, ces récits ont été repris par le chroniqueur Jacques de Guise qui y ajouta quelques éléments, sans doute repris dans des documents aujourd’hui disparus.

Le fondateur de l’abbaye serait donc un certain Ghislain, issu d’une famille noble athénienne, mais au nom plus germanique que grec. Il serait né vers 600. Après avoir fait des études de philosophie, il entra au monastère de St Basile. Une fois prêtre, il vint en pèlerinage à Rome. C’est là qu’il aurait reçu l’ordre divin d’aller en Gaule, en pays de Haine, dans le lieu appelé Ursidongus, pour y fonder une église dédiée aux deux apôtres Pierre et Paul.

Arrivé en Gaule septentrionale, il y rencontra Saint Amand qui venait de fonder un monastère. Circulant dans la région, il crut voir en “Castrilocus Mons” (colline de Mons fortifiée à l’époque mérovingienne) l’endroit indiqué. Il commença, avec ses deux compagnons, à défricher les lieux pour y installer sa cellule (« cella »). A cette époque, le roi Dagobert chassait l’ours en bord de Haine. Une ourse vint se réfugier sous le manteau de Ghislain, suspendu à un arbre. Les chiens refusèrent de s’attaquer à leur proie, ce qui mit en colère le roi. Mais les paroles sereines du Saint remuèrent l’âme du bon roi qui se mit à genoux.

Par la suite, l’ourse s’en sauva avec les objets sacrés des moines. Un aigle apparut dans le ciel qui guida les moines vers l’ourse, réfugiée sur le lieu-dit « Ursidongus », une petite éminence dans des marais du bord de Haine. Ghislain lui enjoignit d’emmener ses petits dans la forêt lointaine (le bois de St Ghislain où allait naître Dour et Boussu-Bois) et de ne plus faire de mal aux hommes. Ce fut la fin des ravages des ours dans le pays.

Les moines, ayant retrouvé leurs objets sacrés, décidèrent d’installer leur cellule et leur oratoire dans ce lieu qu’on appela plus tard (au XIIème siècle seulement) Saint-Ghislain en hommage au fondateur. Ils avaient tant impressionné les habitants de la région que ceux-ci se laissèrent facilement christianiser.

« Ursidongus », selon une explication germanique latinisée, signifierait « petite émergence dans un marais ». Mais les moines préférèrent le “tombeau de l’ourse”, d’où la persistance de cet animal sur les armoiries et sur les sceaux de l’abbaye.

Ghislain y bâtit donc sa cellule (“cella”), qui donna l’appellation « Celle Gisleni » au monastère dans ses premiers siècles d’existence. Les travaux avancèrent. Ghislain alla demander à son supérieur, l’évêque Aubert de Cambrai, l’autorisation de fonder un monastère. Ce lui fut accordé. Pour rappel, c’est dans ces mêmes années que de nombreux monastères furent fondés. Parmi eux : Crespin, Condé, Mons, Maubeuge, Hautmont, Soignies, Saint-Amand, …

Sur le chemin du retour, passant par Roisin, Ghislain y fit un miracle (voir histoire de Roisin) chez le seigneur du lieu. Ce dernier, en récompense, lui offrit des terres de son domaine de Rachem (Roisin).

L’église d’Ursidungus fut dédiée à Saint Pierre et Paul. Ghislain obtint aussi de Dagobert un vaste territoire pour son abbaye, s’étendant dans une grande partie de l’actuel Borinage (Wasmes, Wasmuel, Warquignies, Hornu, une partie de Boussu et probablement une partie de Dour).

La fondation de l’abbaye semble donc dater des années 625-649, si l’on en croit ce qui a été écrit trois siècles plus tard. On dit aussi que c’est Ghislain qui poussa Waudru à se retirer à Castrilocus Mons pour y fonder une abbaye. Le saint homme était si convaincant qu’il amena Vincent, le mari de Waudru, à faire de même à Hautmont, puis à Soignies. Il conseilla aussi la soeur de Waudru, Aldegonde, qui fonda le monastère de Maubeuge.

On dit aussi que Waudru et Ghislain se rencontraient fréquemment et voyageaient ensemble. La sainte montoise, qui avait acheté le domaine de Frameries, en donna une grande partie à Ghislain. A la fin de leur vie, ils firent bâtir un oratoire à mi-chemin entre Mons et St Ghislain,  sur un site qui devint Quaregnon. C’est là qu’ils se rencontraient encore.

Le saint mourut en 684 ou 685. On aurait placé son corps dans une châsse vers 894 et fixé au 9 octobre la fête annuelle du saint. Ghislain aurait été, par son opiniâtreté et sa conviction, un grand évangélisateur. Il est donc normal que sa tombe, en l’église édifiée d’Ursidungus, devint un lieu de pèlerinage pour les paysans de la région.

Sous Charlemagne, en 808, l’abbé Elephas, que l’on dit de la famille de l’empereur, reçut l’ordre de rebâtir l’église en plus grandiose. Elle fut consacrée par l’évêque Halicaire de Cambrai en 822 qui conseilla de mettre les reliques du saint en un endroit sûr. Eléphas donna à l’abbaye des terres qui lui appartenaient près de Soissons, où un petit prieuré dédié à Saint-Ghislain fut construit. Il fit de même avec la moitié du village d’Elouges et avec le village de Wihéries. Il décéda en 839.

Bien cachées, les reliques du Saint ne furent pas saccagées par les raids normands entre 881 et 892, alors que l’abbaye fut démolie. Lorsque ceux-ci cessèrent, on remit en grandes pompes les reliques dans l’église. La levée du corps s’accompagna, comme il se doit, de nombreux miracles.

Les éléments certains de la fondation

Comme on l’a vu, tout ce qui s’est passé entre le VIIème et le Xème siècle appartient à une tradition orale qui a été magnifiée dans des récits tardifs.

Il est vraisemblable qu’un petit monastère a été fondé antérieurement au Xème siècle. On sait que les Vikings ont pillé la région entre 881 et 890, à partir d’un camp qu’ils avaient installé à Condé. Toutes les églises, les monastères et les belles demeures furent pillées. Il y eut des massacres. Mais sur l’importance réelle de ces faits, on a peu d’éléments. Selon les historiens d’aujourd’hui, on aurait parfois exagéré les exactions. Le petit monastère de Saint-Ghislain aurait cependant été détruit. Les moines qui avaient fui seraient revenus  pour réparer les dégâts, mais, en ces temps difficiles, auraient commis des abus pour financer leurs travaux et s’enrichir au passage (commerce de reliques, d’indulgences, de sacrements, …).

C’est à cette époque que les comtes de Hainaut prirent de l’importance. Régnier I « au Long Col », nommé par l’empereur Louis le Jeune vers 880, eut pour mission de lutter contre les Vikings. Ce qu’il fit, non sans mal, mais en gagnant de plus en plus d’autonomie par rapport à ses suzerains successifs et en s’accaparant de grands territoires fiscaux qui devinrent sa propriété.

Depuis 843 (Traité de Verdun), le petit comté de Hainaut avait été versé, au gré des partages héréditaires des successeurs de Charlemagne, dans la Francie Médiane et puis dans la Lotharingie, sous suzeraineté tantôt de l’empereur Lothaire, tantôt du roi de France Charles le Chauve, et finalement des empereurs de Germanie.

Au début du Xème siècle, après que les invasions normandes furent jugulées dans la région, l’église de Saint Ghislain fut desservie par le prêtre Teutfrid qui habitait Hornu. Des « gens venus de loin » lui parlèrent d’un saint homme reposant dans l’église. Un miracle et une vision lui permirent de découvrir le corps de ce saint. La relatio miraculorum S. Gisleni (Xème) relate ces évènements.

C’est alors que, vers 925-930, Gislebert (v880-939), duc de Lotharingie, fils de Régnier I et frère du comte Régnier II, décida de remettre de l’ordre dans l’abbaye malade de Saint-Ghislain. Il manda Gérard de Brogne (931-959), un réformateur, et lui donna mission d’introduire de la discipline parmi les moines (on suivit la Règle Bénédictine), de restaurer les bâtiments et de mettre sur pied un culte autour des reliques du saint. Entre-temps, celles-ci avaient disparu… pour réapparaître à l’abbaye de Maubeuge où l’on espérait en obtenir de bons profits. Il fallut l’intervention de l’évêque de Cambrai pour que les précieuses reliques soient ramenées à Saint-Ghislain. L’évêque de Cambrai Etienne délégua un archidiacre afin d’y procéder à « l’élévation des reliques ».

Deuxième Moyen-Age

L’abbaye, source de convoitises comtales

L’abbaye renaissait de ses cendres grâce à l’intervention du duc de Lotharingie, frère du  comte de Hainaut. Après la mort de Gislebert et de son frère Régnier II, Régnier III, comte de Hainaut, sembla devenir propriétaire de l’abbaye. Personnage ambitieux, comme ses ancêtres d’ailleurs, il se révolta contre l’empereur Othon I qui l’obligea à l’exil et confisqua tous ses biens et domaines. Il mourut en Bohême. L’abbaye devint « royale », c’est-à-dire dépendant directement de l’empereur et gérée par un abbé nommé par lui.

Les fils de Régnier III, Régnier et Lambert, revendiquèrent les biens de leur père (comté, propriétés, ainsi que l’abbaye). Ce qui amena de nombreux conflits entre eux et les comtes nommés par les empereurs. Les moines obtinrent pourtant d’Othon III la confirmation de leur statut d’abbaye royale, ce qui fut encore confirmé en 1018 par l’empereur Henri II.

Malgré tout, Régnier IV et ses descendants, continuèrent de revendiquer l’abbaye (les revenus qui en découlaient, soit les droits d’avouerie, et le droit de nommer les abbés). Les abbés demandèrent et obtinrent la protection de l’empereur et de l’évêque de Cambrai.

En 1053, le Comte Baudouin I de Hainaut et V de Flandre, second époux de la comtesse Richilde, contesta les limites de la propriété, d’autant plus qu’il n’existait aucun acte écrit prouvant la donation. Celui-ci, selon les moines, aurait été détruit lors des raids normands du IXème siècle. Des faux circulaient, mais…

Par dépit, le comte ravagea le monastère, la ville et les villages alentour, du moins les fermes abbatiales qui s’y trouvaient. L’abbé Widric s’en plaignit à l’empereur qui vint attaquer et défaire Baudouin. Celui-ci dut réparer ses injustices en donnant à l’abbaye le dixième chêne du Bois de Baudour (soit le dixième des arbres abattus) ainsi que des moulins sur la Haine.

La fin du Xème siècle fut aussi marquée par la réforme clunisienne. Celle-ci rejetait l’immixtion du temporel (donc des souverains laïcs) dans les affaires de l’Eglise. Cette idée fut reprise par le Pape Grégoire et ses successeurs et fut à l’origine de la « Querelle des Investitures » entre papes et empereurs. Les papes contestaient à ces derniers la nomination des évêques et des abbés, mais aussi leurs ingérences dans les affaires temporelles (propriétés et revenus) de l’Eglise. Les papes gagnèrent cette lutte.

L’évêque Gérard de Cambrai fut convaincu par ces idées. A l’instar du prince-évêque de Liège, Gérard se retrouva ainsi à la tête d’un fief épiscopal puissant, qui ne relevait que du Pape. Son pouvoir était uniquement spirituel : nomination des curés, répartition des dîmes prélevées par ceux-ci chez leurs paroissiens, édiction des règles liturgiques, etc… Dès la fondation de l’évêché de Cambrai, celui-ci s’étendait sur l’ancien territoire de la Cité des Nerviens (le Cambrésis, le Hainaut et le Brabant jusqu’à l’estuaire de l’Escaut). Il compta entre autres sur les abbés de Saint-Ghislain pour parvenir à ses fins. Ceux-ci firent pression sur les seigneurs locaux pour agrandir leurs domaines.

La bourgade de Saint-Ghislain – seigneurie et paroisse

Comme souvent, des habitations se groupèrent autour du monastère, dès ce Xème siècle, sur des terrains appartenant à l’abbaye. L’abbé de St Ghislain devint donc le seigneur du village qui s’y développa. En tant que seigneur temporel sur ses nombreux domaines, l’abbé était soumis au comte de Hainaut et au prévôt de Mons.

Une paroisse y fut fondée, mais elle resta une dépendance (« un secours ») de celle d’Hornu qui lui était sans doute antérieure, sur des domaines appartenant aussi à l’abbaye. Une chapelle fut bâtie, dédiée à Saint-Martin. Il fallut attendre 1589 pour que la paroisse de Saint-Ghislain devint autonome, car entre-temps le nombre de paroissiens de Saint-Ghislain avait largement dépassé celui d’Hornu.

Au XIème siècle, le village de Hornu était plus important que celui de Saint-Ghislain. Le marché s’y organisait tous les mercredis depuis que le comte Régnier V l’eut autorisé en 1018. Y était vendu le surplus des récoltes des moines et des paysans.

Vers 1002, Godefroid, un des fils du comte Régnier III, fut guéri d’une maladie après avoir imploré Saint-Ghislain. Il fit entourer la ville d’une enceinte munie de deux portes. Ceci a cependant été mis en doute.

Une abbaye prospère et une puissance économique dans le Hainaut

A peine remise sur ses pieds par Gérard de Brogne et ses successeurs, grâce à une meilleure administration des domaines, la prospérité s’installa, ce qui expliqua aussi la convoitise des comtes.

Dès le Xème siècle, l’abbaye commença à s’enrichir de grands domaines. Godefroid « le Captif », comte de Hainaut, qui remplaça un temps les Régnier bannis par l’empereur, donna ses terres de Villers (devenues Villers-Saint Ghislain). La collation (la dîme) des paroisses de Villers et d’Harmignies passa aux abbés.

Une charte de l’empereur Othon en 965 énuméra les biens appartenant à l’abbaye, sous le deuxième abbé Widon. Il est dit que cette charte était un faux. Elle faisait référence à un document écrit par le roi Dagobert qui avait fait de grandes donations à l’abbaye, document qui aurait disparu lors des invasions normandes.

En 978, toujours sous Widon, l’abbaye édicta une « charte des serfs » qui lui furent assujettis. Il s’agissait d’une liste écrite de  droits et de règles se substituant à l’arbitraire du non écrit. Nombreux serfs y furent affranchis. De nombreux actes de cette époque, dits « actes d’asservissement », existent encore aujourd’hui, révélant que tel seigneur, son épouse et ses fils faisaient actes d’asservissement à l’abbaye. En fait, ils donnaient à celle-ci quelques-uns de leurs serfs. C’était une façon pour les seigneurs d’affranchir quelques-uns de leurs serfs. Ce fut le cas pour le comte Baudouin en 1093, pour les seigneurs de Quiévrain entre 1101 et 1314, ceux de Roisin (1223-1226), Renier d’Athis (1190), Alard d’Audregnies (1233) et le sire de Blaugies (1241). Cette coutume perdit de son importance durant le XIIIème siècle avec la disparition progressive du servage au profit du salariat.

On dit qu’un peu plus tard, l’abbé Simon fit des achats jugés inconsidérés. Mais les « affaires » reprendront néanmoins avec de nouveaux abbés talentueux, Henric et Winéric notamment. Ce dernier avait été nommé par l’empereur Henri II. Ceux-là instaurèrent la Règle de Benoit, qu’avait inaugurée déjà Gérard de Brogne en son domaine, au détriment de la Règle de Basile, introduite par Ghislain.

Les abbés suivants furent Guidon en 1023 et Hitfrid, encore nommés par le comte Régnier IV. Ils opéraient des trafics de tout genre. L’évêque et l’empereur Conrad remplacèrent le deuxième en 1029 par Poppon.

C’est sous Widric (1051-1081) que le comte Baudouin II vint ravager l’abbaye qui en fut ruinée.

Après la Querelle des Investitures, de nombreuses familles seigneuriales du Hainaut léguèrent une partie de leurs terres à l’abbaye. Ainsi les abbés obtinrent-ils des biens sur Wasmes de la part de Gilles de Chin et de son père Gontier.  Gilles de Chin, tué au siège de Roucourt en 1137, fut enterré à Saint-Ghislain.

Guillaume de Dour, vers 1150, céda la moitié de ses terres de Dour (une partie du village, le futur Boussu-Bois et le bois de Saint-Ghislain à Dour).

Le territoire de l’abbaye s’étendit ainsi sur de larges domaines où furent le plus souvent bâties des fermes dont les bénéfices revenaient à l’abbé, mais aussi des bois, des étangs, des moulins, … Ce fut le cas à Blaugies (un quart du village), Dour, Erquennes, Athis, Roisin, Eth, Bry, Sebourg, Angre, Angreau, Audregnies, Wihéries (le village entier), Elouges, Quiévrain, Warquignies, Wasmuel, Mainvault, Ville-Pommeroeul, Baudour, Basècles, Villers-Saint-Ghislain, Vellereille, Harmignies, Boussoit et des lieux encore plus éloignés.…

De plus, vers 1080, sous l’abbatiat d’Oduin, les évêques de Cambrai,  Gaucher et Odon, rattachèrent de nombreuses paroisses (et leurs dîmes) à l’abbaye de Saint-Ghislain: Hornu, Quaregnon, Dour, Blaugies , Erquennes, Athis, Elouges, Villers-Saint-Ghislain, Harmignies, Beugnies, Wasmes, Basècles et Wadelincourt, Ellignies et Vaudignies, Hautrage et Vile, Baudour et Villerot. Le pouvoir sur les revenus lui était de droit divin. Cette dîme était un impôt en nature et correspondait à un dixième de la production des paroissiens paysans.

Une abbaye prospère se devait d’être riche. Il fallait payer les nombreux moines, ainsi qu’un receveur général qui se chargeait de récolter les impôts. D’autres fonctionnaires monastiques travaillaient encore sous l’autorité de l’Abbé: un maître des bois, un maître des rentes seigneuriales, …

L’Abbé, comme seigneur temporel sur les terres qui lui appartenaient, exerçait la justice. Il employait pour cela un bailli, assisté d’une garnison et d’un bourreau. Cela rapportait beaucoup d’argent en amendes. De plus l’abbaye touchait des droits de passage sur l’ancienne route de Mons à Valenciennes, ainsi qu’en d’autres points d’entrée sur son vaste territoire.

Lorsque l’abbé Allard s’en alla assister au concile de Clermont en 1096, concile qui vit le pape Urbain II convoquer la première croisade en Terre Sainte, il reçut du pape la confirmation des biens du monastère. Ces propriétés furent encore confirmées par le pape Gélase II en 1118 et 1119 sous l’abbatiat d’Oduin II « le Vénérable » ( ?-1142). Ce dernier fut d’ailleurs le premier abbé de Saint-Ghislain élu par sa communauté de moines. Le pape Pascal II, ayant excommunié l’empereur Henri IV lors de la Querelle, lui donna l’investiture à Rome.

Ce phénomène ne concernait pas seulement Saint-Ghislain dans la région. Il en était de même avec les autres abbayes : Saint-Amand (à Sirault), Maubeuge, Sainte-Waudru (la plupart des villages autour de Mons), Saint-Denis, Crespin, …

Les abbayes étaient parmi les principaux propriétaires fonciers à l’ouest de Mons. Les comtes de Hainaut aussi, dans la mesure où ils étaient devenus abbés laïcs de l’abbaye de Mons, transformée en chapitre. En face de ces domaines abbatiaux et comtaux, il restait les possessions des baronnies du Hainaut, petites ou grandes, dont la plupart passèrent plus tard dans les mains de quelques grandes familles (de Croÿ, Ligne, Arenberg, Lalaing, Mérode entre autres).

En ce XIIème siècle, l’abbé Egéric (1142-1160) reçut à plusieurs reprises Bernard de Clervaux, ce prédicateur qui organisa les communautés cisterciennes.

En 1151 survint un incendie grave. Ce fut à l’abbé Lambert, élu en 1170, de faire réparer les dommages et notamment les châsses-reliquaires.

XIIIème siècle – la commune

C’est au cours de ce siècle que les habitants de Saint-Ghislain reçurent de l’abbé le privilège de s’ériger en commune. La ville eut alors son bailli, son maïeur et ses échevins, tous sous les ordres de l’abbé. Le bailli exerçait la justice et avait à son service des officiers. Il pouvait requérir des soldats pour ses poursuites.  Le premier bailli connu, Seuwars de Saint-Pierre, exerça cette fonction entre 1308 et 1317.

Le marché d’Hornu fut transféré à Saint Ghislain en 1286, lorsque cette bourgade eut pris plus d’importance que la première sur le plan démographique. Deux foires annuelles apparurent entre 1234 et 1360, organisées sur les pâturages des marais, placées sous l’autorité du Conseil de Hainaut. On y vendait des marchandises soumises à un impôt que l’on appelait “tonlieu”, taxe qui ne favorisait pas le commerce. A la demande du mayeur, du conseil échevinal et des bourgeois, elle fut supprimée par l’abbé en 1430 seulement.

En 1226, l’abbaye fut pillée par une troupe envoyée par la comtesse Jeanne.

Un peu plus tard, l’abbé Guillaume ( ?-1271) dilapida de nombreux biens. Ce fut à Pierre de Quaregnon (1271-1281) de rétablir la discipline et les finances. Il obtint que Baudouin d’Avesnes, fils de la comtesse Marguerite, devint le protecteur de l’abbaye. Roger de Sart (1289-1310), ancien prévôt de l’abbaye de Crespin, ami du comte Jean d’Avesnes, continua à rééquilibrer les comptes de l’abbaye et put même acheter de nouvelles terres, notamment à Dour et Genly. Son successeur, Philippe, continua la même politique de prudence et de zèle. Le comte Guillaume lui fit encore don en 1311 de terres entre Tertre et Boussu.

XIVème siècle

L’abbaye était alors à son apogée. L’empereur Louis de Bavière, époux de la comtesse Marguerite de Hainaut, fit d’Etienne de Warelles (1317- 1366), abbé de Saint-Ghislain, et par ailleurs seigneur de Wihéries, prince du Saint-Empire pour ce domaine. Avec le temps, les abbés de Saint-Ghislain accumulèrent 17 titres, dont la plupart d’ailleurs étaient contestés et donnèrent lieu à des procès. Ceci en ce qui concerne le temporel (droits seigneuriaux). Etienne continua à acquérir des biens et des chapelles, à Neufvilles, Quaregnon, Wasmes et Blaugies.

Tout n’était pas toujours pour le mieux entre les bourgeois de Saint-Ghislain et les paysans des campagnes environnantes. En 1319, les paysans de Baudour attaquèrent l’abbaye et la pillèrent le jour du marché. En 1388, il y eut encore un conflit entre le village de Hornu et la ville à propos d’un partage de terres. 

A Etienne I succéda Etienne II de Morenfayt (1366-), élu et nommé par le pape Urbain IV, qui réitéra à l’empereur Charles IV de ne plus intervenir dans les nominations des abbés, comme ses prédécesseurs le faisaient de nouveau. 

En 1366, le comte de Hainaut, Aubert de Bavière, demanda aux moines et aux bourgeois de la ville de s’entourer de remparts. On était alors en pleine Guerre de Cent Ans. Même si celle-ci ne concerna que le royaume voisin de France pour les événements militaires, elle eut des répercussions politiques sur les comtes et les puissants seigneurs de Hainaut. Il valait donc mieux se protéger. La configuration des lieux (marais des alentours, la Haine) était déjà une protection en soi. On pouvait ouvrir des vannes qui inondaient les alentours et isolaient le bourg. Mais des remparts s’avéraient plus efficaces. Ils eurent d’ailleurs leur utilité dans les siècles suivants face aux convoitises des souverains français. St Ghislain devint alors une place forte puissante, dotée d’une garnison. Comme c’était aussi le cas à Condé, à Valenciennes, à Mons, à Chièvres, à Ath et au Quesnoy. Elle entra dans la catégorie des « bonnes villes » du Hainaut. On fit également creuser un grand étang dans l’enceinte de la ville, relié aux fossés.

A cette époque, les abbés étaient souvent au service des comtes pour différentes missions.

Guillaume II de Ville (-1401) continua une administration sage, tout en augmentant encore la liste des propriétés. C’est ainsi qu’il acquit le fief de Fontenoy à Wasmes qui outre des terres et une cense comprenait des houillères. En effet, depuis plus d’un siècle on commençait à extraire la houille au Couchant de Mons. Ces exploitations rapportaient de beaux bénéfices aux seigneuries.

XVème siècle

Jean II de Layens (1402-) était un théologien érudit qui fut envoyé par le comte aux conciles de Pise et de Constance à l’époque du Grand Schisme qui touchait la papauté (époque des doubles papes). La Guerre de Cent Ans sévissait toujours. Il fut envoyé en ambassade auprès du roi d’Angleterre pour tenter d’obtenir la paix avec le roi de France.

Par ailleurs, l’abbaye continuait à acheter des terres, celle de l’Avouerie de Basècles, à Quaregnon, à Baudour, à Elouges et à Roisin. En 1414, on dit que l’abbaye reçut en ses murs le comte Guillaume IV qui chassait avec le duc de Touraine dans la région, invitation qui aurait coûté des sommes énormes à l’abbaye. 

1432 vit encore un conflit entre le seigneur de Boussu et le monastère au sujet de la dîme que la paroisse de Boussu devait payer aux abbés. En fait, entre les deux cités, les conflits furent fréquents, le plus souvent à propos de contestations de terres entre les deux domaines.

Pierre II (1432-1443), continua la politique d’acquisitions, ici la collation de la chapelle de l’hôpital d’Hautrage. 

On déplora en 1427 un grand incendie dans la ville et en 1437 une grande famine (comme dans tout le Hainaut). La ville fut inondée en novembre 1445 à cause d’une grande crue de la Haine dont les digues avaient rompu sous de fortes pluies.

On commençait à prendre des habitudes aristocratiques à l’abbaye. Dom Thierry du Château (1456-1466), également abbé à Hautmont, obtint du pape Calixte III le privilège de porter la mitre et l’anneau, de se servir d’ornements pontificaux et de donner des bénédictions solennelles. On se doute que les dépenses commençaient à grever les finances de l’abbaye, qui s’endommageait avec le temps.

Louis XI, roi de France, dans sa guerre contre Charles le Téméraire, duc de Bourgogne et entre autres comte de Hainaut, tenta de prendre la ville en 1477, mais échoua devant la résistance des habitants. Il venait de prendre auparavant Le Quesnoy et Maubeuge. Les dommages furent réparés aux frais de Marie de Bourgogne, fille du Téméraire, et de son époux Maximilien d’Autriche. Le roi de France, après avoir pris Condé, Beloeil, Boussu et Ligne, fit une seconde tentative devant Saint-Ghislain en 1478 et échoua tout autant, d’autant plus que Maximilien avait envoyé une troupe commandée par le comte de Romont.

Ce fut à Dom Juan Fabry (1466-1491) et à son coadjuteur, Dom Quentin Benoit (1491-1528) qui lui succéda de réparer en 1484 tous les édifices du monastère. Les dettes furent apurées. On reconstruisit ainsi le cloître, le quartier abbatial, la voûte de l’église et la chapelle de la ville. On orna l’abbatiale de nouvelles stalles, de tableaux, d’une nouvelle châsse. Des manuscrits vinrent enrichir la bibliothèque. Il continua à acheter des terres. Il fit construire un hôtel à Mons qui pourrait servir de refuge aux moines en temps de guerre.

A l’époque, les abbés vivaient en seigneurs, à l’image des aristocrates. Ils se faisaient conduire en voiture attelée par quatre chevaux. La vie était luxueuse. Un moine leur servait de maître d’hôtel. Ils étaient à la tête de dix-sept seigneuries où ils prélevaient des taxes et des impôts (la taille), imposaient des corvées et rendaient toute justice. En fait celle-ci était exercée par un bailli qui les représentait et résidait à Saint-Ghislain.

D’Adrien de Montigny (fin XVIème)
XVIème siècle

De grandes épidémies survinrent en 1510, 1557 et 1572, alors qu’en 1559 un incendie détruisit de nombreux bâtiments, dont l’hôpital. 

Charles de Croÿ, évêque de Tournai en 1525, devint abbé de Saint-Ghislain de 1529 à 1564.

Don Mathieu Moulart (1565-1576) lui succéda. Personnage important dans les Etats du Hainaut, il fut envoyé chez le roi Philippe II d’Espagne pour lui demander d’intervenir auprès du duc d’Albe, gouverneur des Pays-Bas Espagnols, en plein conflit avec les Réformistes Calvinistes. En effet, celui-ci imposait des impôts qui mettaient en danger l’économie hennuyère. Philippe II se rangea à son avis. En tant que député du Hainaut, l’abbé Moulart se trouva à Gand pour la signature de la Pacification. 

Puis en 1576, il fut nommé évêque d’Arras et remplacé par Dom Jérôme Liétard (1576-1586), nommé par Philippe II lui-même. En 1581, des Huguenots  de Tournai (« les Hurlus ») pillèrent la ville et le monastère de Saint-Ghislain la nuit du 7 au 8 septembre. Il fallut l’intervention du gouverneur, le duc de Parme, et un siège de cinq jours pour la leur reprendre.

L’abbé suivant, Dom Jean Hazart (1587-1604) donna en 1587 son autonomie à la paroisse de Saint-Ghislain qu’il détacha de celle d’Hornu. Il fit embellir le tombeau de Saint-Ghislain et l’église abbatiale (tableaux, ornements sacerdotaux). C’est lui qui célébra la messe dans la collégiale Sainte-Waudru de Mons lorsque les archiducs Albert et Isabelle, nouveaux gouverneurs des Pays-Bas, firent leur entrée solennelle.

XVIIème siècle

Dom Amand d’Anvaing (1604-1616) continua l’œuvre d’embellissement de son prédécesseur.

Gaspard de Boussu (1616-1628) lui succéda et continua l’œuvre d’ornementation du monastère, notamment en faisant réaliser une nouvelle châsse pour les reliques du saint fondateur.

De l’ornementation et de la restauration, c’est à quoi s’attacha encore Pierre Trigaut (1628-1640). L’architecte Jacques du Broeucq le Jeune fut engagé.

L’abbé suivant, Augustin Crulay (1640-1648) décida d’établir une nouvelle Règle, celle du Mont-Cassin (qui préconisait l’abstinence perpétuelle de viande). Il déclencha une opposition de son évêque et d’autres prélats, ce qui lui valut de comparaître en justice, mais le pape en 1643 confirma la réforme.

Lui succéda Jérôme Marlier (1648-1681) qui entra aussi dans le Conseil Souverain du Hainaut à la demande du roi Philippe IV. C’est sous son abbatiat que commencèrent les guerres menées par Louis XIV contre les Pays-Bas Espagnols. Le 19 août 1655, des troupes de Louis XIV, commandées par Turenne et La Ferté, s’emparèrent de la ville, après un siège d’une semaine. Le roi, âgé de 17 ans, y fit son entrée, suivi du cardinal Mazarin et d’une cour de trois mille gentilshommes. Il y laissa un gouverneur et une garnison, après avoir chassé les moines qui se réfugièrent à Mons. Le 7 février 1656, un entrepôt de poudre, dans la tour du colombier de l’abbaye, explosa et détruisit de nombreux bâtiments dans l’abbaye et alentour. Saint-Ghislain fut reprise le 21 mars 1657 par les troupes espagnoles du gouverneur des Pays-Bas, Don Juan, après un siège de six jours. Il rétablit les moines dans leur monastère.

En décembre 1677, le maréchal français de Humières, assisté par le stratège architecte Vauban, s’en rendit de nouveau maître. Les Français occupèrent la ville et démolirent les fortifications, avant de la quitter en 1678 selon les décisions du Traité de Nimègue. Mais l’abbaye était ruinée et endettée lorsque les moines rentrèrent.

Ghislain Molle (1681-1700) rétablit la discipline monastique et remit de l’ordre dans les finances et l’organisation des domaines. Il supprima tout ce qui pouvait être luxueux et dispendieux.

XVIIIème

Saint-Ghislain fut à nouveau réoccupée le 6 février 1701 par les Français qui rétablirent les fortifications. A l’intérieur de son abbaye, Joseph Havinne (1700-1726) fit raser tous les bâtiments délabrés et en fit reconstruire de nouveaux. Le bourg fut finalement repris le 10 septembre 1709 par les alliés conduits par le duc de Marlborough, à la veille de la bataille décisive de Malplaquet. On y laissa une garnison hollandaise.

Le nouvel abbé, Ghislain Levêque (1726-1740) continua les travaux de restauration, d’autant plus qu’un incendie en 1728 avait à nouveau créé des dommages. Ils furent terminés en 1730. Il fit ensuite bâtir une chapelle à l’Hôpital Sainte-Elisabeth. Un refuge fut également construit à Mons dans la rue Fétis (actuelle Athénée).

C’est Dom Nicolas Brouwet (1740-1762) qui fit bâtir un nouvel Hôtel de Ville (encore présent aujourd’hui en bordure de la Grand-Place), achevé en 1752. Auparavant, le 25 juillet 1746, Louis XV, lors de sa guerre contre les Autrichiens, à l’occasion de la Succession Impériale, s’empara encore de la ville, après avoir pris Mons, et décida de démolir les fortifications et les systèmes de défense, ne maintenant que les écluses sur la rivière qui servaient à la navigation, mais aussi à inonder les alentours (Boussu, la Chasse, Hornu, Wasmuel) pour protéger la ville. Le château de Boussu avait déjà été démantelé dès 1690. Les plans d’un nouveau canal entre Mons et Condé étaient prêts, mais ne furent réalisés que beaucoup plus tard. La ville, dépourvue de défenses, garda encore une garnison jusqu’en 1762.

Son successeur, Armand de Cazier (1762-1783) laissa aller la discipline. 

Lors de ses réformes, l’empereur Joseph II fit faire des inventaires en 1786-1787. L’ensemble du domaine foncier de Saint-Ghislain était évalué à 1564 ha de terres, prairies et bois.

La fin de l’abbaye

La fin de l’abbaye se situa, comme beaucoup d’autres, à l’arrivée des Révolutionnaires Français. C’était sous l’abbatiat de Jean-Baptiste-Antoine Leto (1783-1795). Saint-Ghislain fut occupée par les armées françaises à deux reprises, en 1792, juste avant la bataille de Jemappes, puis en 1794. Les occupants réquisitionnèrent les logements, des vivres et des transports. 

Le 3 novembre 1795 (14 brumaire de l’an IV), le Directoire à Paris publia un décret abolissant le régime seigneurial des justices et des dîmes. L’abbé de Saint-Ghislain cessa d’être le seigneur de la ville. Son bailli et ses officiers perdirent leur autorité.

Un décret du 23 novembre 1795 (2 frimaire an IV) établit les justices de paix. Saint-Ghislain fut versée dans le canton de Thulin.

Toutes les maisons conventuelles furent supprimées le 1 septembre 1796 (15 fructidor an IV). La plupart des moines avaient fui vers l’Allemagne dès l’arrivée des armées françaises. L’abbé revint à Baudour et resta caché. Plus tard, en 1803, l’évêque de Tournai le nomma chanoine de sa cathédrale.

Le patrimoine énorme de cette abbaye fut vendu comme bien public à des propriétaires fonciers. Il se dispersa. Il existe une description parfaite de l’abbaye et de ses domaines, réalisée par le Commissaire du Directoire du Canton de Thulin, Jean-Baptiste Defrise. C’est un certain Paulée, originaire de Douai et négociant à Paris, qui se porta acquéreur des bâtiments abbatiaux de Saint-Ghislain, lors de la mise en vente en 1797. L’évêque de Tournai racheta les stalles sculptées. La chaire de vérité, due à Claude de Bettignies, partit dans l’église de Saint-Amand-les-Eaux. 

Une nouvelle circonscription de cantons fut établie sous Napoléon le 28 novembre 1801 (7 frimaire an X). Boussu devint chef-lieu de canton et siège de la Justice de Paix. Un décret de Napoléon en 1807 établit deux foires.

Vestiges actuels

On ignore quand les bâtiments de l’abbaye furent démolis. Il semble que c’était fait au moment de la construction du canal Mons-Condé (1806-1818). Il ne restait alors que l’orangerie, la brasserie abbatiale et la fontaine « El’Puche » (ci-contre). Cette dernière (1785), située dans le Grand Jardin,  fut déplacée à plusieurs reprises et se trouve actuellement derrière la vieille église. 

La brasserie fut démolie vers 1930. L’Orangerie, située aussi dans le Grand Jardin près de la Haine, abrita l’école gardienne communale entre les deux guerres. Elle subit le bombardement destructeur du 1 mai 1944. La tour de l’ancienne église abbatiale a persisté, ainsi que des piliers conservés au Grand Hornu. La Vanne médiévale de la rue du Moulin sur la Haine persista, vestige de l’ancien système de défense. On la démolit en 1951.

Période française (1794-1814)

Fin de l’Ancien Régime féodal en 1794

  • Département: Jemappes
  • Canton: Thulin en 1794, puis Boussu en 1803.
Répartition des pouvoirs pendant la période contemporaine (à partir de 1814)
  • Etat: Royaume des Pays-Bas (1814-1830), puis Royaume de Belgique
  • Province: Hainaut
  • Arrondissement administratif: Mons
  • Arrondissement judiciaire: Mons
  • Canton: Boussu
  • Entité communale depuis 1977: Saint-Ghislain
XIXème siècle

En septembre 1830, la ville envoya une soixantaine de volontaires à Bruxelles contre les troupes hollandaises. 

Au XIXème et surtout au XXème, les habitants de Saint-Ghislain se consacrèrent surtout au commerce. On y vit se développer également des structures enseignantes.

Un train industriel, le premier en Belgique, fut construit entre le Grand Hornu et le rivage du nouveau canal Mons-Condé en 1830 pour y amener le charbon. Au XXème, il fut remplacé par un téléphérique.

La ligne entre Mons et Quiévrain fut réalisée en 1842. Une gare fut construite qui deviendra un nœud ferroviaire important pour toutes les industries du Borinage.

Ce fut le début de l’expansion commerciale et industrielle de Saint-Ghislain, accompagné d’une hausse de sa population. Dès 1848, on raccorda à la gare le « chemin de Fer du Haut et du Bas-Flénu » et en 1867 on reliait Saint-Ghislain à Frameries. Ces lignes étaient encore privées. L’Etat Belge les racheta en 1870.

Le corps des pompiers a été installé en 1843.

XXème siècle

Saint Ghislain eut aussi à souffrir des guerres du XXème et particulièrement de la seconde guerre mondiale. 

La première commença le 4 août 1914. Le 22 et le 23, des soldats anglais passèrent, se positionnant face aux Allemands qui avaient atteint Mons. La ville fut bombardée le 24. Le même jour, les Anglais firent retraite. Les Allemands entrèrent à Saint-Ghislain le 25 août. Les habitants furent obligés d’héberger les soldats et les notables furent pris en otage. Les jours suivants, les occupants réquisitionnèrent pour deux compagnies laissées sur place, logeant à l’Ecole Moyenne et chez les habitants. Puis la vie reprit, malgré les perquisitions et les déportations.

Le 9 novembre 1918, lors de leur retraite, les Allemands firent sauter les ponts de la ville et le passage à niveau près de la gare. Le 10 au matin, arrivèrent des unités canadiennes. Le lendemain, l’Armistice était signé. 

Le 10 mai 1940, les avions allemands mitraillaient des soldats français qui se trouvaient aux Quatre Pavés de Hornu. Du 14 au 20 mai, des bombardements atteignirent la gare et plusieurs quartiers de la ville, faisant des victimes.

Puis ce fut l’occupation semblable à celle de la guerre précédente. Cette fois, des mouvements de résistants se formèrent à Saint-Ghislain. Un de leurs groupes fut arrêté par la Gestapo alors qu’ils se réunissaient le 13 septembre 1943 au Café des Arcades. Certains furent directement tués, d’autres déportés. 

Au printemps 1944, les Alliés décidèrent de détruire les nœuds ferroviaires sur les lignes qui reliaient l’Allemagne à la Normandie afin de freiner l’acheminement de troupes et de matériel en vue du débarquement. La gare de Saint-Ghislain et la région, se trouvant sur la ligne directe, eurent à subir des bombardements dès avril. D’abord le 15, puis encore le 22, le 23, le 26 avril et surtout le 1 mai. Furent ainsi touchés de nombreux quartiers entre la gare et la Place, entre la gare et Hornu, ainsi que des voies de chemin de fer et des convois de trains (pas la station elle-même). On eut à déplorer de nombreux morts, dans les maisons particulières, dans un hospice et une école. Une grosse partie de la ville fut détruite : 722 maisons, 10 bâtiments publics dont des écoles, l’église, le cimetière. Le 3 mai, Saint-Ghislain reçut la visite de la reine-mère Elisabeth.

La libération eut lieu le 3 septembre 1944. On réalisa une reconstruction planifiée de la ville (infra).

En 1961 et 1962, Saint-Ghislain jumela avec la ville normande de Saint-Lô. Pourquoi ce choix ? Parce que les deux villes eurent à subir également des assauts de Vikings en 890, parce qu’elles eurent aussi leur abbaye, parce qu’elles furent aussi bombardées en juin 1944.

Saint-Ghislain devint le 1 janvier 1977 le centre d’une entité communale comprenant Baudour, Hautrage, Neufmaison, Sirault, Tertre et Villerot.

Economie

Dès le XIVème siècle, Saint-Ghislain était connue pour sa manufacture de toile, son commerce de cuirs et de bestiaux. 

Les industries les plus connues datent en fait du XIXème siècle. La plupart ont disparu soit lors de la guerre 1940-1944, soit dans les décennies suivantes.

En 1841, on construisit plusieurs fours à coke sur la rive droite du canal (actuel Belref). D’autres furent mis en activité de l’autre côté du chemin de fer vers 1976. Tous ont disparu vers 1900.

Théodore Boucher aménagea en 1853 une usine de produits réfractaires. L’entreprise appartint à plusieurs propriétaires successifs. En 1955, elle fut reprise par la S.A. Belref (voir Tertre). Un gazogène fut installé à côté pour éclairer la fabrique et fournir de l’éclairage au gaz à la ville.

Autres entreprises :

  • Verrerie-gobeleterie (1887-1940), bâtiments rachetés par Belref
  • Vinaigrerie (1867)
  • Compagnie générale des produits céramiques (1867-v1940)
  • Verrerie (verre plat, 1907-1923)
  • Faïencerie (1892-1964), plusieurs propriétaires
  • Scierie (1850)
  • Abattoir (1882-1964)
  • Bouchonnerie
  • Fabrique de liqueurs (1880-1967)
  • Deux tanneries ( ?-1944)
  • Briqueterie
  • Manufactures de tabac
  • Fabrique de parapluie ( ?-1944)
  • Deux ateliers de carrosserie
  • Chaudronnerie
  • Construction et réparation de bateaux, près du canal
  • Cinq brasseries, dont une depuis la fin du XVIIIème
  • Deux tonneliers
  • Savonnerie
  • Poêlerie
  • Corderie
  • Pétrolifère (vente de pétrole pour l’éclairage)
  • Usine de colorants
  • Quatre imprimeries
  • Construction métallique pour les charbonnages

Dès 1843, on vit s’implanter à proximité de la nouvelle gare le Magasin Thierry, maison-mère d’une chaîne de magasins de vêtements. Les frères Thierry étaient originaires de Longwy en Lorraine. Le commerce se développa autour et dans l’axe reliant la gare à la place.

La population augmenta pendant le XIXème et le XXème siècle. Il fallut construire de nouvelles rues autour du noyau central.

Patrimoine – urbanisme

Eglise St Martin. Elle fut bâtie en 1565 en style gothique. Jusque-là les paroissiens assistaient aux offices dans une chapelle de l’abbaye, dépendant de la paroisse d’Hornu. Il n’y avait qu’un seul curé pour les deux communautés. Au départ, la paroisse relevait de l’abbaye (pour la dîme et la nomination du curé) et de l’évêque de Cambrai. A partir de 1803, elle dépendit de l’évêque de Tournai et du doyen de Boussu. 

Avant 1944

L’église fut restaurée et agrandie entre 1885 et 1891. Elle fut détruite le 1 mai 1944 par les bombardements. Ne restait debout que la tour. On rasa le reste après la guerre et la tour devint une salle d’exposition. On rebâtit à proximité une nouvelle église, d’architecture contemporaine, entre 1956 et 1961.

Chapelle des Sept Douleurs, début XVIème, adossée au départ au moulin de l’abbaye, celui-ci disparaissant en 1936. Elle fut démolie d’abord par des malandrins, puis par les bombardements de 1944.

Chapelle Notre-Dame de Bonsecours

L’ancien Hôtel de ville et la halle aux blés, 1752 (toujours présent près de la Place). Propriété de l’abbaye avant la Révolution. Elle fut vendue comme bien national, mais rachetée par la ville. Elle servit jusqu’en 1878 et occupa ensuite divers services administratifs.

Le nouvel Hôtel de ville, 1875-1878

Hôpital Sainte-Elisabeth. Il fut aménagé sous l’abbatiat de Jean Hazart (1587-1604) vers 1595 dans un ancien collège. Il était tenu par une congrégation de sœurs hospitalières, non liées par des vœux au début, mais qui décidèrent dès 1612 de suivre la Règle de Saint Augustin. Les bâtiments s’avérant trop étroits, les Sœurs achetèrent un terrain plus vaste, y établirent leur couvent et une église dès 1725, ainsi que l’hôpital lui-même. Ce bâtiment est devenu Maison de Repos (« Foyer Sainte Elisabeth ») en 1949. Il fut restauré et agrandi.

L’habitat

Saint-Ghislain, à l’intérieur de son enceinte, resta longtemps un petit bourg comprenant des maisons, modestes ou bourgeoises,  autour du monastère. Il fallut attendre le XIXème siècle, avec le développement industriel et l’augmentation de la population, pour que de nouvelles habitations remplissent les rues et pour que l’on en crée de nouvelles, aux dépens des pâturages. 

La reconstruction après la guerre se fit selon un plan d’urbanisation  se référant à la « Charte d’Athènes » qui prônait une séparation des fonctions urbaines.  L’épine dorsale en était la grand-rue commerciale. On agrandit la place de la gare, bordée d’hôtels, de restaurants et de cafés, réservée à des manifestations festives. Le centre civique et religieux se concentra près de la Grand-Place. Des écoles furent aménagées à l’ouest, ainsi qu’une piscine. Les terrains de sport sont situés à l’est. Les zones résidentielles sont réparties de part et d’autre de l’axe central, notamment à l’ouest sur d’anciennes prairies humides, asséchées et remblayées : maisons individuelles, villas, immeubles à appartements. La circulation entre Mons et Tournai fut déviée par le couronnement est.

L’église ancienne, dont il ne reste que la tour-clocher, fut réaménagée en local culturel, et remplacée par un édifice moderne.

Les voies de communication

La navigation

Longtemps, elle se fit sur la Haine et fut le moyen de transport pour la houille du Couchant de Mons, depuis Jemappes jusqu’à Condé. La Haine était navigable depuis Mons et se jetait dans l’Escaut à Condé, permettant le transport vers le nord. 

Avec l’invention de la machine à eau, qui permit le développement des houillères, par le creusement de puits profonds, la production de charbon devint plus importante et le transport par la Haine s’avéra insuffisant pour l’exportation. Napoléon décida, encore que le projet ait déjà été évoqué au milieu du XVIIIème siècle, de construire un canal entre Mons et Condé. Les travaux commencèrent en 1808 et s’achevèrent en 1818, après Waterloo. On vit l’empereur et son épouse venir visiter les travaux en 1810. On l’a vu dans le chapitre économie, c’est ce canal qui favorisa l’implantation d’industries à Saint-Ghislain, ainsi qu’un centre de batellerie.

Il est à noter qu’en ce début de XIXème siècle, les péniches étaient encore halées par des hommes qui se déplaçaient sur les « chemins de halage » de part et d’autre du canal. Il fallait être assermenté auprès d’une compagnie pour être haleur. Ils furent remplacés par des chevaux en 1900, puis par des tracteurs dès 1936. Ce n’est que lorsque les bateaux en bois furent remplacés par des bateaux en fer que la motorisation fut effective.

Le chemin de fer

Le premier, sur le territoire, fut construit en 1829-1830 par Henri Degorge, propriétaire du Grand-Hornu, pour acheminer la houille vers le canal, dont il avait acheté des quais. Les wagonnets étaient tractés par des chevaux. Ce qui lui valut une révolte de la part des charretiers qui effectuaient ce travail auparavant. La locomotive prit le relai des chevaux dès 1835.

Quant à la ligne du Midi, de Bruxelles à Paris, elle fut inaugurée entre Mons et Quiévrain le 7 août 1842. Il fut décidé d’installer à Saint-Ghislain une station et une place de stationnement. Le bâtiment de la gare fut reconstruit en 1890, tel qu’on le voit aujourd’hui. Il fut épargné lors des bombardements de 1944.

D’autres lignes furent aménagées :

  • vers Ath et Gand, 1879
  • vers Tournai, vers 1860
  • vers Mons, via Boussu-Route, Warquignies, Wasmes, Pâturages, Cuesmes (desservant les houillères du Borinage). Cette ligne disparut à la fin des années 1960 après la fermeture des charbonnages.

Entretemps la gare était devenue un vaste espace de triage et de formation.

Le tramway

D’abord à vapeur, puis électrique au début du siècle.

  • Vers Baudour, en 1888, partant de la gare et traversant la ville.
  • Vers Hornu, Wasmes et Eugies, 1905

Ces lignes disparurent après la guerre.

L’enseignement

Dès 1460, on sait qu’une école existait déjà à Saint-Ghislain, tenue par un prêtre que la ville payait.

Le premier collège fut à l’initiative de l’abbé Moulart qui le fonda en 1560 en mettant à sa tête le curé d’Elouges, Nicolas Stiévenart. On y enseignait les branches humanistes.

Dès 1601, les Sœurs Augustines de l’Hôpital Sainte-Elisabeth s’occupèrent aussi de l’éducation des enfants à l’intérieur de leur couvent. Ceci dura jusqu’à 1796.

Il faut cependant attendre le XIXème siècle pour voir apparaître des embryons de ce qui ferait une des caractéristiques de Saint-Ghislain, l’enseignement.

  • En 1848, on fonda une école industrielle et commerciale, dans le nouvel environnement de l’époque. Elle était gérée entre autres par le bourgmestre et le curé. Une loi de 1850 la transforma en Ecole Moyenne de l’Etat. Les locaux accueillirent en 1868 une nouvelle Ecole industrielle communale. Cette école fut confisquée par les occupants entre 1914 et 1918, et les cours se donnèrent à l’hôtel de ville. En 1926, on commença à y accueillir les filles, puis en 1938, on leur créa une école moyenne indépendante. De nouveau réoccupée par les Allemands en 1940, elle fut récupérée l’année suivante, puis fut détruite lors des bombardements de 1944. Les cours furent dispensés en divers endroits. En 1949, un arrêté royal érigea cette école en Athénée. De nouveaux locaux furent inaugurés en 1952. 
  • Quant à l’école des filles, après avoir émigré dans les locaux de l’école de batellerie après la guerre, elle devint le Lycée Charles Plisnier dans les années ‘1970.
  • Quant aux Ecoles primaires communales, dont l’enseignement était gratuit, celle des garçons s’ouvrit en 1862 et celle des filles vers 1870.
  • En 1866, pour lutter contre l’analphabétisme, la commune créa une école pour adultes qui aura du succès.
  • Une école maternelle fut aménagée après 1918 dans l’Orangerie de l’ancienne abbaye. Plusieurs de ces écoles furent fortement endommagées en 1944.
  • Une école libre, tenue par des Frères de la doctrine chrétienne, s’ouvrit aussi en 1860. Cet établissement fut supprimé en 1900.
  • Par contre, l’école ouverte par les Augustines, fermée par les révolutionnaires français, rouvrit par la suite. Elle accueillit une école professionnelle en 1903. Cette école prit de l’extension entre les deux guerres et devint l’Institut Saint Joseph. Bombardée en 1944, elle fut reconstruite en plusieurs étapes.
  • C’est en 1908 que naquit l’Ecole des Arts et Métiers, rue de l’industrie dans une ancienne bouchonnerie. Elle devint provinciale. Prenant de l’extension, elle fut transférée à Hornu pour devenir les Ecoles techniques du Hainaut.
  • Quant à l’E.T.H., il naît en 1936 d’une école de confection et de mode, qui s’étendit quelques années plus tard à d’autres sections d’enseignement technique. Les bâtiments en face de la gare datent de 1957.
  • Enfin, une école pour enfants de bateliers vit le jour en 1927. On lui construit en 1935 le « Home Désiré De Meyer » le long du canal. Avec la suppression du canal, elle fut déplacée et servit de dortoir pour l’internat de l’Athénée.
  • A l’emplacement de l’ancienne faïencerie, fut construit en 1964-1965 le Collège Sainte-Marie.
  • On vit aussi apparaître à Saint-Ghislain une académie de musique, ainsi qu’un institut de chimie (1905).
Jean Ockeghem (v1420-1497)

Il s’agit d’un musicien compositeur de l’école bourguignonne de la Renaissance. Il fut l’auteur de nombreuses oeuvres religieuses et profanes qui firent sa renommée à l’époque. Il débuta sa carrière comme chantre à la Collégiale d’Anvers (1443-1444). Il fut remarqué par le duc de Bourbon qui l’engagea comme chantre à Moulins (1448). Ensuite il devint chapelain de la chapelle royale à Paris, engagé en 1452 par le roi Charles VII. Il le resta jusqu’à sa mort sous Louis XVI et Charles VIII. Il faut aussi trésorier (garde du trésor et des reliques) de l’abbaye Saint-Martin de Tours. Il fut nommé prêtre à Cambrai avant 1472.  Il mourut à Tours.

Le problème de son lieu de naissance a soulevé plusieurs hypothèses:

  • à Okegem d’abord, sur la Dendre, près de Ninove, mais il semble qu’il s’agisse ici du berceau de sa famille
  • à Termonde, un peu plus au nord (pas très loin d’Anvers où il aurait débuté sa carrière)
  • à Bavay, selon Jean Lemaire des Belges, historiographe local contemporain
  • à Saint-Ghislain enfin, selon des comptes de l’abbaye du XVIème siècle.
Bibliographie

Saint-Ghislain, Choses et autres du passé, M. Honnis, 1984, Cercle d’histoire et d’archéologie de Saint-Ghislain

Le lieu de naissance de Jean Ockeghem (v1420-1497) : une énigme élucidée, D. Van Overstraeten, Annales du Cercle d’Histoire et d’Archéologie de Saint-Ghislain, T.VI, 1993

Neufmaison

Entité communale de Saint-Ghislain

Le territoire

Superficie: ?

Altitude: 72m

Situation géographique : le territoire est situé au nord de la vallée de la Haine sur un plateau

Cours d’eau : la Petite Hunnelle, affluent de la Dendre (Neufmaison n’est plus situé dans le bassin hydrographique de la Haine).

Paysage préhistorique (après la dernière période glaciaire) : boisé

Nature du sol : sablonneux

Nature du sous-sol : grès, craie marneuse

Préhistoire

Non documentée

Antiquité gallo-romaine

On a trouvé en 2002, sur le site « Les Hautes Montagnes » des traces d’une construction d’époque gallo-romaine : fragments de tegulae, pierres (CAW).

Premier Moyen-Age (période franque mérovingienne et carolingienne)

Le même site a révélé un fragment de fibule mérovingienne (CAW).

Deuxième Moyen-Age – le village

Première mention: ?

Toponymie (anciennes orthographes) : ?

Etymologie (hypothèses d’origine du nom) :

De Nova Deomus, maison neuve

Epoque de son apparition: vers le XIIème siècle

Facteurs ayant favorisé son émergence :

voies de communication: au croisement de deux chemins médiévaux reliant Chièvres à Saint-Ghislain d’une part, Chièvres à Condé d’autre part.

sources d’eau ou cours d’eau: la Petite Hunnelle

source de bois: région boisée

proximité d’un lieu de pouvoir: la prévôté de Saint-Amand à Sirault

Paroisse dédiée à Saint-Martin (probable secours de celle de Sirault)

Evêché: de Cambrai (jusqu’en 1804), puis de Tournai ensuite

Décanat/doyenné: Chièvres

Autel (dîmes, entretien de l’église, nomination des officiants) donné à l’abbaye de Saint-Amand, puis à l’abbaye Saint-Martin de Tournai.

Répartition des pouvoirs pendant la période féodale

Autorité supérieure: comté de Hainaut

Autorité sous-jacente (administrative et judiciaire): prévôté de Mons

Seigneuries et fiefs

Comme à Sirault, et sans doute à la même période, ce sont les moines de l’abbaye de Saint-Amand, qui ont acquis ces terres qui furent défrichées essentiellement au XIIème siècle. Elles dépendaient depuis le IXème siècle de la prévôté ecclésiastique de Sirault.

Par la suite, au moins deux seigneuries s’y développèrent. Pour quelle raison? attribuée en arrière-fiefs par les moines de Saint-Amand?

De la première, dite seigneurie principale, on sait qu’elle releva des familles qui détinrent Condé au moins depuis 1498, soit :

  • Les Oettingen (1498-1526)
  • Les Roghendorf (1526-1559)
  • Les De Croÿ. Neufmaison fut racheté par Anne de Croÿ, dame de Chièvres, en 1559. Celle-ci épousa en secondes noces en 1592 son cousin Philippe II de Croÿ-Solre
D’Adrien de Montigny (fin XVIème)

Au contraire de Chièvres qui passera aux Egmont, puis aux Pignatelli, Neufmaison serait restée dans les propriétés des Croÿ-Solre jusqu’à 1795, fin de l’Ancien Régime.

Quant à la seigneurie de la Motte, elle fut aussi un arrière-fief et fut tenue par des familles moins connues :

  • Le Senne (1474)
  • Brougnart (1537)
  • Dutrieu (1575)
  • Duquesnoy (jusqu’au XVIIIème)
Période française (1794-1814)

Fin de l’Ancien Régime féodal en 1794

  • Département: Jemappes
  • Canton: ?
Répartition des pouvoirs pendant la période contemporaine (à partir de 1814)
  • Etat: Royaume des Pays-Bas (1814-1830), puis Royaume de Belgique
  • Province: Hainaut
  • Arrondissement administratif: Mons
  • Arrondissement judiciaire: Mons
  • Canton: ?
  • Entité communale depuis 1977: Saint-Ghislain
Economie

Elle fut essentiellement agricole : lin, céréales, élevage. Quelques fermes quadrilatères existent encore aujourd’hui.

Quelques artisans s’y installèrent :

  • Une saboterie
  • Une briqueterie

Ancienne exploitation de la marne.

Patrimoine

Eglise St Martin

Wargnies-le-Grand

Le territoire

Superficie: 509 ha

Altitude: de 57 à 116 m

Situation géographique : sur le versant sud de la vallée de la Haine en bordure du plateau de Bavay

Cours d’eau : l’Aunelle

Paysage préhistorique (après la dernière période glaciaire) : la Forêt Charbonnière (dont la Forêt de Mormal est un vestige)

Nature du sol : limoneux

Nature du sous-sol : grès, schistes

Préhistoire

Non documentée

Antiquité gallo-romaine

Wargnies-le-Grand est situé au sud de l’ancienne chaussée romaine qui va de Bavay à Boulogne, passant par la Flamengrie, Roisin, Bry, Eth, …)

Des vestiges romains auraient été retrouvés, dont nous n’avons pas la teneur. Si nous nous référons au texte de Vercauteren (*), il s’agissait peut-être d’une villa importante. Mais nous n’en avons pas trouvé de preuve.

Au sud se trouve actuellement le village de Wargnies-le-Petit, qui, selon le même Vercauteren, appartenait dans l’antiquité au même domaine que celui de Wargnies-le-Grand. Mais cette zone n’était pas encore défrichée. Au sud passait une autre chaussée romaine qui allait de Bavay à Amiens en franchissant l’Escaut à Cambrai.

Premier Moyen-Age (période franque mérovingienne et carolingienne)

Wargnies fut une propriété de l’abbaye de Saint-Amand, fondée au VIIème siècle. Il n’est pas précisé s’il s’agissait du territoire des deux villages actuels ou seulement de l’actuel Wargnies-le-Grand. La suite nous fait penser que seul le territoire de celui-ci était concerné. Les moines y entretenaient une ferme.

Deuxième Moyen-Age – le village

Première mention: En 847, le nom de Wargnies se trouvait sur un diplôme du roi de Francie Occidentale, Charles le Chauve, qui répartissait les biens et les domaines de l’abbaye de Saint-Amand « in pago hagnuensi Wariniacum », confirmation d’un document semblable de Louis le Pieux.

Toponymie (anciennes orthographes) :

  • Warniacus, 899 (Cartulaire de l’abbaye de Saint-Amand – diplôme du roi Charles III « le Simple » qui cite Wargnies dans les possessions de l’abbaye)
  • Wariniacum, 921 (id)
  • Warini (Chronique de Gislebert)
  • Guariniacum, 1107
  • Grant-Wargny, 1186
  • Gariniacum, 1210 (Cartulaire de l’abbaye de Saint-Amand)
  • Warigniacum, 1246
  • Waregni, 1285
  • Waregny, 1302
  • Grand-Waregni, 1349
  • Wargny, 1354, pierre tombale du lieu, sculptée et armoriée
  • Warny-le-Grand
  • Grand-Warnies

Etymologie (hypothèses d’origine du nom) :

Wargnies pourrait venir, en ce qui concerne le préfixe –warn du latin Varinius ou du germain Warin, qui aurait pu être un personnage, maître du domaine. Le suffixe –gnies vient de –iacus/Iaca qui signifie « lieu, demeure, résidence ». Il s’agirait donc du domaine de Varinius ou de Warin. Personnage pour lequel nous n’avons aucun renseignement, même pas l’époque où il vécut (gallo-romaine ou franque). Il a de toute façon laissé son nom au site sur lequel plus tard un village s’est constitué.

Epoque de son apparition: il est toujours difficile de préciser quand une communauté rurale s’est regroupée à proximité d’une ferme tenue par des moines, ici ceux  de Saint-Amand. Probablement ici au Xème ou XIème siècle.

Facteurs ayant favorisé son émergence :

voies de communication: la chaussée romaine au nord

sources d’eau ou cours d’eau: l’Aunelle

source de bois: région boisée

proximité d’un lieu de pouvoir: un château (-ferme ?) local

Paroisse dédiée à Saint-Amand

Evêché: de Cambrai

Décanat/doyenné: de Valenciennes (1186)

Autel (dîmes, entretien de l’église, nomination des officiants) donné à l’abbaye de Saint-Amand

En 1237, Gauthier, trésorier de Cambrai, affecta les dîmes de Wargny à l’entretien de la chapelle qu’il avait fondée et fait construire près de Condé.

Répartition des pouvoirs pendant la période féodale (jusqu’en 1659)

Autorité supérieure: comté de Hainaut

Autorité sous-jacente (administrative et judiciaire): prévôté du Quesnoy

Wargnies (-le-Grand) ou une partie du territoire appartenait toujours à l’abbaye de Saint-Amand, car un document écrit par son père abbé en 1123 évoque le départ de moines vers différents domaines, dont celui de Wargnies.

Peu auparavant, des bulles papales de Pascal II (1107) et de Calixte II (1119) avaient confirmé les biens et privilèges de l’abbaye à Guariniacus.

Il semble que durant ce XIIème siècle, après avoir défriché une partie de la forêt au sud, quelques communautés villageoises se sont constituées, autonomes par rapport à Wargnies-le-Grand (qui s’appelait encore Wargnies à cette époque). Ce sont les villages de Wargnies-le-Petit, Preux-au-Sart et Amfroipret.

Le village (communauté rurale et paroissiale) de Wargnies-le-Petit est avéré dès 1173, dépendant au spirituel du chapitre de Cambrai. Ce vocable le distingue de Wargnies. Il semble que ce dernier village acquit le nom de « Wargnies-le-Grand » en 1229.

Seigneuries

Le temps des hypothèses

Il est difficile de reconstituer des listes seigneuriales, autant pour Wargnies-le-Grand que pour Wargnies-le-Petit. Dans de nombreuses généalogies, seul le mot Wargnies est utilisé. Des personnages différents sont cités comme seigneurs de l’un ou l’autre Wargnies pour la même période. De plus, il ne faut pas y mêler des personnages issus d’un autre Wargnies dans la Somme.

Nous faisons donc appel à toute personne qui aurait des documents pouvant préciser ou corriger ce qui va suivre.

La première question qui se présente est de savoir si l’abbaye de Saint-Amand continua à entretenir une ferme sur le territoire de Wargnies. Était-ce le cas et alors elle céda les droits seigneuriaux à des familles laïques qui s’y succédèrent ? N’a-t-elle occupé qu’une portion du territoire ? Ou alors a-t-elle disparu ? Nous serions heureux de trouver une explication à ce sujet.

Ce qui apparait certain c’est que pendant tout le moyen-âge une famille dite de Wargnies détint les droits seigneuriaux sur les habitants de Wargnies-le-Grand.

A partir de quand celle-ci a-t-elle donné des seigneurs féodaux au village ? Le premier personnage cité est Dreux de Wargnies (v1130-v1193).

Ce qui nous fait déjà réagir, c’est qu’au siècle précédent une « Berthe de Wargnies » apporta « le domaine de Wargnies » à son mari Baudry II de Roisin (v1040- ?) et qu’il resta dans cette famille pour quelques siècles. Nous pensons d’abord qu’il pourrait s’agir ici du village de Petit-Wargnies. Nous émettons comme hypothèse ensuite que ce domaine appartenait encore à une famille de Wargnies qui existait déjà à l’époque et exerçait les droits féodaux sur les villageois de Wargnies-le-Grand. Enfin à l’occasion de ce mariage on aurait détaché le domaine en cours de défrichement de Wargnies-le-Petit pour le mettre dans la dot de cette Berthe de Wargnies. Nous serions heureux de pouvoir obtenir plus d’éclaircissements à ce sujet.

Le temps des vagues certitudes 

Revenons à Wargnies-le-Grand et à ce premier personnage connu que fut Dreux de Wargnies (v1130-avt1193). Son prénom s’écrivait avec des orthographes différentes : Druon, Drogon, Drogo. Il en était de même de son nom : Warini, Waregni, Wargni, Wargny. Il est présenté comme miles  de Wargnies, donc militaire au service du comte de Hainaut, propriétaire de la terre du village et de son église Saint-Amand. On peut penser que son prénom rappelait celui de ce saint confesseur qui exerçait ses offices à Sebourg et qui mourut en 1186.

Dreux aurait fait don au chapitre épiscopal de Cambrai de terres qu’il possédait encore à Wargnies-le-Petit. Son fils cadet Thierry, après avoir été archidiacre à Tournai, devint d’ailleurs chanoine à Cambrai.

Lui succéda son fils  Gauthier/Wauthier/Watier de Wargnies ( ?-apr1192), cité comme seigneur de Wargnies. Il est d’ailleurs cité à plusieurs reprises entre 1174 et 1192. Ce fut un compagnon d’armes du comte Baudouin V. Il partit à la troisième croisade avec le comte de Flandre Philippe d’Alsace et mourut en Palestine.

On trouve ensuite dans la succession comme seigneur de Wargnies (le-Grand) (sans toujours de certitude quant à la filiation) :

  • Dreux II de Wargnies, fils du précédent. Cité en 1197, vers 1200 et 1219. Ses deux fils lui succédèrent.
  • Robert de Wargnies (v1243) d’abord
  • Wattier/Gauthier II de Wargnies, ensuite. Ce dernier occupe une place importante, car il fut l’auteur de la Charte-loi de 1245, document qui mettait par écrit les rapports entre le seigneur et ses manants, ainsi que les codes de justice pénal et civil.
  • Dreux III de Wargnies. Peut-être le fils du précédent. Cité en 1278, 1283, 1285, 1293, 1295
  • Gauthier III de Wargnies, fils aîné du précédent. Chevalier. Cité en 1281, 1285, 1293, 1306, 1307, 1308, 1323, 1324.
  • Guillaume I de Wargnies (1291-apr1337), peut-être fils de Dreux III. Cité en 1337 (présent à la Chambre du Conseil).
  • Robert II de Wargnies ( ?- ?), fils du précédent. Ecuyer. Cité en 1354.
  • D’Oultreman, historien de Valenciennes, cite  Jean « le Borgne » de Wargny (v1280/1300- v1346). Était-il le fils de Gauthier III ? Fut-il seigneur de Wargnies ?
  • On trouve ensuite Guillaume III de Wargnies ( ?-apr1371). Cité comme chevalier et seigneur de Wargnies en 1363 et 1371. Peut-être le fils de Robert II.
  • Son fils Huon I de Wargnies ( ?- ?) lui succéda, puis son petit-fils Gauthier IV de Wargnies, déjà cité en 1368.
  • Le dernier seigneur mâle de cette famille fut Sandrart de Wargnies ( ?- ?). Il fut aussi prévôt de Valenciennes. Il n’eut pas d’enfant et légua ses biens à sa tante, sœur de Gauthier IV, Nicole (Colle) de Wargnies.

Famille d’Esne

  • Robert « Mansart » d’Esne (v1380-1424) devint seigneur de Wargnies-le-Grand, ayant épousé Colle de Wargnies, dame héritière de ce domaine. C’était un fils cadet de Jean I « Mansart » d’Esne. Un autre frère cadet, Jean II « le Borgne » devint baron de Gommegnies par mariage.  Robert était chevalier et fut grand bailli d’Amiens. Lui succédèrent :
  • Jean « Baudrain » d’Esne (1390- 1415, Azincourt), fils du précédent. Il devint aussi grand bailli du Cambrésis.
  • Jean Robert « le Borgne » d’Esne  ( ?-1455), fils du précédent et grand bailli du Cambrésis. Il semble qu’il ait vendu le domaine de Wargnies-le-Grand.

Maison de Croÿ

  • Jean II de Croÿ « à la Housette » (1380/1395 – 1473, Valenciennes) acheta la seigneurie de Gommegnies, ainsi que celles de Wargnies-le-Grand et de Wargnies-le-Petit, dont il est cité comme seigneur en 1470. Il était comte de Chimay, baron de Quiévrain et seigneur d’Ecaussinnes. Lui succédèrent :
  • Philippe Ier de Croÿ-Chimay (1436-1482, Bruges), fils du précédent
  • Charles Ier de Croÿ-Chimay (1455-1527, Beaumont), fils du précédent.

En 1506, Charles de Croÿ  vendit Gommegnies, Wargnies-le-Grand et Wargnies-le-Petit à Claude de Bonnard ( ?-1521 ?) gouverneur de Béthune, grand écuyer de l’archiduc Philippe le Beau. Ce dernier eut une fille, Marie de Bonnard, dame héritière des trois domaines sus-mentionnés. Ceux-ci passèrent dans la famille de son époux Henri de Montfort, comte de Helfenstein.

De cette famille, nous savons peu de choses. Furent barons de Gommegnies (et probablement seigneurs de Wargnies-le-Grand et de Wargnies-le-Petit) :

  • Schweikhard de Helfenstein (1539-1599), dont le lien familial avec Henri n’est pas précisé
  • Froybem de Helfenstein, cité en 1606 comme seigneur de Gommegnies. Peut-être le fils du précédent.

Il est probable que ce Froybem von Helfenstein vendit en 1613 la baronnie de Gommegnies à Guillaume, « bâtard » de Hamal (avt1596- ?), fils de Guillaume de Hamal et de Cornille de Lalaing. Il était aussi baron de Monceau-sur-Sambre (Monchaux). En 1614, Gommegnies  fut érigé en comté par l’archiduc Albert.

Nous ne savons pas quel fut le sort des deux Wargnies à l’époque. En parcourant l’histoire des seigneurs de Petit-Wargnies, on peut y lire qu’à partir de la fin du XVème siècle, les deux villages étaient déjà réunis sous les Nouvelles, les Montigny et les Glymes. Une incohérence de données qu’il nous faut résoudre à partir de documents qui ne sont pas en notre possession.

Les deux seigneuries unies furent élevés au rang de marquisat au profit des Anneux-Crèvecoeur en 1630 par le roi d’Espagne Philippe IV.

D’Adrien de Montigny (fin XVIème)

Maison d’Anneux-Crèvecoeur

Jean d’Anneux ( ?-1629), seigneur de Crèvecoeur et de Rumilly, devint seigneur des deux Wargnies par mariage. Il fut, sous le roi Philippe II d’Espagne, gouverneur d’Avesnes, puis fut conseiller de guerre de l’archiduc Albert, gouverneur des Pays-Bas Espagnols.

Son fils Philippe d’Anneux ( ?-1660) lui succéda et fut fait marquis de Wargnies, le marquisat couvrant les deux villages. Il fut gouverneur d’Avesnes et d’Ath.

Lui succéda Philippe Guillaume Albert d’Anneux (1635- ?), marquis de Wargnies, baron de Crèvecoeur, seigneur de Rumilly, commandant d’un régiment de cavalerie.

Philippe Jean d’Anneux (1665- ?), fils du précédent, fut aussi marquis de Wargnies.

Il eut deux filles, dont l’une Marie-Louise d’Anneux (1695-1755) fut la marquise héritière de Wargnies. Elle épousa un autrichien, Maximilien Joseph (1670-1736), comte de Tauffkirchen-Guttenburg et alla sans doute résider dans son pays. Il ne semble pas qu’elle ait conservé ses deux domaines de Wargnies et qu’elle les vendit vers 1745. Les deux domaines furent à nouveau séparés.

Wargnies-le-Petit alla à Ferdinand de l’Epine. Nous ne connaissons pas le sort de Wargnies-le-Grand.

L’ancien régime dans le royaume de France (1659 à 1789)

Les villages de la Prévôté du Quesnoy furent annexés au royaume de France en 1659.

  • Etat : le royaume de France
  • Prévôté : prévôté du Quesnoy
Répartition des pouvoirs pendant la période contemporaine (à partir de 1789)
  • Etat: France dans ses divers régimes (républiques, monarchie, empire)
  • Département: Nord
  • Arrondissement : Avesnes-sur-Helpe
  • Canton: Aulnoye-Aymeries
Evénements et faits marquants sur le sol de la commune

En 1340, le duc de Normandie, le futur roi Jean II le Bon , tenta de s’emparer du Quesnoy. N’y réussissant pas, il se retira en brûlant quelques villages, dont les deux Wargnies.

La Grande Aumône. Par ce système, le percepteur distribue de l’argent aux habitants de la commune. On ne sait pourquoi elle fut instituée. Peut-être après un désastre naturel, peut-être après les destructions du village par le duc de Normandie. Cet argent provenait des revenus d’une terre (d’environ 15 ha) réservée pour ce besoin. La gestion en était faite par le maïeur et les échevins. Elle le sera plus tard par un bureau de bienfaisance, puis par la municipalité.

Economie

Elle repose essentiellement à travers le temps sur l’agriculture (blé, seigle, orge, avoine), l’élevage et les activités annexes (un moulin à grains, un moulin à huile, des brasseries) .

 Patrimoine

Eglise Saint-Amand. Le premier édifice daterait du XIIIème siècle, au centre du jardin public actuel. Il en reste quelques vestiges, dont les chapiteaux du parvis de l’église actuelle. L’actuel bâtiment date de 1892-1898.

L’ancien château seigneurial, déjà en ruines après les guerres de Louis XIV, fut converti en ferme. 

Bibliographie

Vercauteren, La charte-loi de Wargnies le Petit de 1245

Gussignies

Gussignies

Le territoire

Superficie: 342 ha

Altitude: de 63 (au bas du vallon encaissé de la rivière) à 131 m

Situation géographique : sur le plateau de Bavay (Hauts-Pays)

Cours d’eau : le Hogneau qui dévale de 70 m d’est en ouest

Paysage préhistorique (après la dernière période glaciaire) : La Forêt Charbonnière, dont il reste quelques zones boisées (Bois d’Encade)

Nature du sol : limoneux

Nature du sous-sol : grès, schistes (dépôts de l’ère primaire), pierre calcaire (dépôts du début de l’ère secondaire)

Préhistoire

Non documentée

Antiquité gallo-romaine

Le village est traversé par la chaussée romaine reliant Bavay à Blicquy et plus loin la Mer du Nord.

Près de la frontière, au « Champ des Combles » (Autreppe), on a ttrouvé en 1852 des sépultures romaines avec des vases, des armes, des bijoux et des monnaies.

Premier Moyen-Age (période franque mérovingienne et carolingienne)

Non documenté

Deuxième Moyen-Age – le village

Première mention: 1088

Toponymie (anciennes orthographes) :

  • Guis-Geniis, 1088 (lettre de l’évêque Gérard de Cambrai)
  • Gussegnies, 1186 (Annales du Hainaut)
  • Guisegnies, 1199 (Cartulaire du Mont Saint-Martin)
  • Ghusegnies, 1304 (cartulaire du Hainaut)
  • Guizegnies, 1323 (id)
  • Guissignies, XIVème
  • Gussegny,
  • Guseigny
  • Gussegnies, XVIIIème
  • Gusseignies, 1804

Etymologie (hypothèses d’origine du nom) :

Le préfice Guss- fait peut-être référence à un ancien guerrier franc, dont le nom aurait été romanisé.

Le suffixe –ignies remonte au suffixe –iacas qui est d’origine gauloise et désigne la propriété. Ce suffixe aurait connu des transformations phonétiques.

En Hainaut picard, « iacus » devient « ies » dès le XIIème.

Epoque de son apparition: au Xème ou XIème siècle

Facteurs ayant favorisé son émergence :

voies de communication: la chaussée romaine

sources d’eau ou cours d’eau: le Hogneau

source de bois: région boisée

proximité d’un lieu de pouvoir: Roisin et Bavay

Paroisse dédiée à Saint-Médard

Evêché: de Cambrai

Décanat/doyenné: de Bavay (texte de 1186)

Autel (dîmes, entretien de l’église, nomination des officiants) donné à l’abbaye de Saint-Ghislain

Répartition des pouvoirs pendant la période féodale (jusqu’en 1678)

Autorité supérieure: comté de Hainaut

Autorité sous-jacente (administrative et judiciaire): la prévôté de Bavay

Seigneuries et fiefs

On compte plusieurs seigneuries et fiefs sur le territoire de Gussignies

  • La seigneurie principale (infra)
  • Des terres appartenant au prieuré d’Aymeries, données en 1088 par Ermengarde de Mons, épouse de Gossuin de Mons, châtelain de Mons
  • Des terres de l’abbaye Sainte-Aldegonde de Maubeuge
  • Des terres de l’abbaye de Saint-Ghislain, confirmées en 1118 par l’évêque Bouchard de Cambrai et le pape Gélase II.

La seigneurie principale

Elle se composait de la partie du territoire qui n’appartenait pas aux institutions religieuses nommées ci-avant. Avant tout du village et de son église, ainsi que de nombreuses terres à cultiver et à pâturages, ainsi que des bois.

Nous sommes peu documentés sur les titulaires avant le XIVème siècle. Il est probable que la plupart du temps, les comtes y exerçaient les droits féodaux par l’intermédiaire d’un officier local, appelé prévôt ou bailli, qui y habitait le premier château. Celui-ci gérait la commune avec un maire et des échevins.

Mais il semble qu’à certaines époques, des membres de la famille comtale ont eu des droits seigneuriaux sur Gussignies :

  • Ainsi la famille de Mons, qui détenait la charge de châtelain de Mons et qui possédait de nombreux domaines dans la région. Ce qui expliquerait ce don d’Ermengarde de Mons au prieuré d’Aymeries
  • Ensuite la famille de « Beaumont », en réalité la branche cadette issue du comte Jean d’Avesnes. Il est mentionné qu’en 1336, Jean de Hainaut, fils de ce comte, sire de Beaumont, se déshérita de tout ce qu’il possédait à Gussignies et d’autres biens, en faveur de sa fille unique Jeanne d’Avesnes (1323-1350) pour former sa dot. Celle-ci épousa en premières noces Louis I de Châtillon-Blois (3 garçons) et en secondes noces Guillaume I de Namur.

Apparemment le domaine seigneurial de Gussignies n’a pas suivi les possessions qui allèrent à ces deux familles. Car on le retrouve rapidement dans les propriétés du seigneur de Roisin, en la personne de:

Jean de Roisin (1323- 1378), fils de Baudry X de Roisin, déjà titulaire des seigneuries villageoises de Roisin, Wargnies, Blaregnies, Bettrechies. A-t-il acheté Gussignies ? Ou hérité ce domaine ? Il a épousé une Marie-Louise de Beaumont, mais il s’agirait ici de Beaumont-sur-Oise. Ils n’auraient eu qu’une fille unique, Marie de Roisin, dite de « Wargnies », héritière de Bettrechies et de Gussignies, qu’elle transmit dans la famille de son mari. Son oncle Evrard continua la lignée à Roisin.

Maison de Haynin

Jean III « Broignart » de Haynin (v1340-1402). Il était seigneur d’Hainin et d’Amfroipret. Par mariage avec Marie de Roisin, il le devint aussi pour Gussignies et Bettrechies. Lui succédèrent :

  • Pierre I « Broignart » de Haynin (v1360-1431), fils du précédent. Outre ces nombreux titres seigneuriaux, il devint aussi grand bailli du Hainaut et conseiller du comte Guillaume IV.
  • Nicolas/Collard de Haynin (v1418-1471), deuxième fils du précédent, châtelain d’Ath, conseiller des ducs Philippe le Bon et Charles le Téméraire. Mort sans héritier.
  • Philippe de Haynin (1451-1517), troisième fils de Pierre. Maître d’hôtel de Maximilien d’Autriche. Chambellan de Philippe le Beau, puis de Charles Quint. Prévôt de Valenciennes. Resté célibataire, il légua ses biens à son neveu.
  • François de Haynin (1464-1537), fils de Jean V de Haynin, petit neveu du précédent. De la lignée aînée, il était seigneur de Hainin. Il hérita en 1517 d’Amfroipret, de Bettrechies et de Gussignies, entre autres. Lieutenant capitaine du château de Lille.
  • François de Haynin (1510- ?), son troisième fils, hérita Amfroipret, Gussignies et Bettrechies.
  • Le domaine de Gussignies alla à Antoine de Haynin,  deuxième fils de son deuxième mariage. Celui-ci, resté sans doute célibataire, légua ses biens à son demi-frère du premier mariage.
  • Claude de Haynin (v1540- ?), fils de François, fut seigneur d’Amfroipret, de Bettrechies et de Gussignies.
  • Charles de Haynin (1567- ?), son deuxième fils, hérita Gussignies et Bettrechies. Par mariage, il devint aussi seigneur d’Eth.
  • Son fils aîné, Antoine de Haynin ( ?- ?), devint seigneur de Gussignies et d’Eth. Fortement endetté, ses biens furent saisis en 1638.
D’Adrien de Montigny (fin XVIème)

On semble assez ma renseigné sur la suite immédiate. Sans plus de précision, on cite un ou des membres d’une famille de Cordes à la tête de la seigneurie.

Ce n’est qu’en 1711 que l’on retrouve trace d’un titulaire.

Famille Fourmestrau(l)x

  • Pierre Alexis de Fourmestraulx Saint Denis (1652-1718) est ce titulaire. Fils de Robert, marchand et bourgeois de Lille, seigneur de La Lotterie. Il devint prévôt-le-Comte de Valenciennes en 1696, après l’avoir été à Lille. Il est probable qu’il ait acheté la seigneurie de Gussignies. La date ne semble pas être connue.
  • Pierre Hyacinthe Joachim de Fourmestraux Saint-Denis (v1671-1743), son fils, devint aussi seigneur de Gussignies, où il fit construire le pavillon de chasse, et prévôt de Valenciennes. Il eut plusieurs enfants.
  • Le second fils, Pierre Lamoral Joseph de Fourmestraux (1718-1755), lui succéda comme seigneur de Gussignies et prévôt de Valenciennes. Il exerça aussi un rôle de conseiller du roi Louis XV. Il ne semble pas avoir eu d’enfant.
  • C’est pourquoi son frère aîné, Pierre Joseph Hiacynthe de Fourmestraulx Saint Denis ( v1723- 1810, Gussignies), qui avait fait une carrière militaire, lui succéda à la tête de la seigneurie de Gussignies. En 1790, il perdit ses droits féodaux, mais la famille conserva la propriété.

On cite aussi un certain M. Benaret, officier au service du roi, qui aurait été seigneur de Gussignies en 1860 (Soc. Archéol. et histor. d’Avesnes, 1973). Nous ne comprenons pas ce fait. Peut-être n’était-il qu’un châtelain-prévôt qui gérait le domaine au profit de la famille Fourmestraux.

L’ancien régime dans le royaume de France (1678 à 1792)
  • Etat : le royaume de France
  • Prévôté : Bavay
Répartition des pouvoirs pendant la période contemporaine (à partir de 1792)
  • Etat: France dans ses divers régimes (républiques, monarchie, empire)
  • Département: Nord
  • Arrondissement : Avesnes-sur-Helpe
  • Canton: Aulnoye-Aymeries
Economie

Agriculture et élevage furent longtemps les principales activités de ce village. On y trouva aussi: 

– Un moulin à eau

– Une brasserie

Exploitation du sous-sol

On exploita la pierre calcaire, principalement au début du XIXème siècle. Un scierie de marbre fonctionna, installée par Anthime-Hyacinthe de Fourmestraulx.

On a aussi extrait de la pierre à chaux pour un four local.

Patrimoine

Eglise Saint-Médard. Elle fut construite fin XVIIIème (1772). Elle subit plusieurs restaurations et aménagements au XIXème, en 1907 et 1921

Calvaire Notre-Dame de Bon-Secours, 1833

Château. La construction médiévale a disparu.

L’actuel bâtiment date de la fin du XVIIIème. C’était un pavillon de chasse construit par le comte de Fourmestraulx. Il fut agrandi entre 1805 et 1831.

Le comte Anthime Hyacinthe de Fourmestraulx Saint-Denis a eu deux filles qui se partagèrent le château.  Mathilde (1809-1894) épousa Bertrand Delpoux de Nafines et Zoé (1817-1885) épousa le comte Anne Philippe Picot de Moras. Le château était en mauvais état et trop petit pour accueillir les deux familles. Il fut transformé en 1865. À la mort de la comtesse Picot de Moras, le château représentait une part trop importante dans le partage et dut être vendu.  Le Vicomte de Lourmel du Hourmelin l’acheta en 1887 et à son tour le vendit en 1912 au Comte Édouard Le Mesre de Pas pour sa fille Marie-Thérèse, épouse de René de Witte. Le château actuel est la propriété de la famille de Witte depuis 1912.