Le Quesnoy

Le territoire

Superficie: 1423 ha

Altitude: de 82 à 132 m

Situation géographique : Parc naturel régional de l’Avesnois. Sur un plateau encerclé par les vallées naissantes de l’Ecaillon et de la Rhonelle

Cours d’eau : l’Ecaillon et la Rhonelle, de part et d’autre de la ville

Paysage préhistorique (après la dernière période glaciaire) : la Forêt Charbonnière, dont la Forêt de Mormal est un vestige

Nature du sol : limoneux

Nature du sous-sol : grès, schistes

Préhistoire

Non documentée.

Antiquité gallo-romaine

Découverte de poteries en 1933 près de la Porte Fauroeulx.

Premier Moyen-Age (période franque mérovingienne et carolingienne)

Non documenté.

Jacques de Guyse, historien du XIVème siècle,  pense que la fondation du Quesnoy vers 800 (époque de Charlemagne) fut le fait d’un chevalier du nom d’Aymond, qui aurait été comte des pagus de Famars et d’Ardenne.

D’Oultreman, historien de Valenciennes (XVIème), vit en cet « Aymon » un gouverneur du Ponthieu. Pour Jules Duvivier, il s’agissait d’un régisseur du comte de Hainaut ou d’un leude (aristocrate) au service d’un roi franc dont il régissait les domaines. Certaines anciennes appellations de la ville y font référence.

Deuxième Moyen-Age – le village

Première mention: XIème siècle

Toponymie (anciennes orthographes) :

  • Caisnetum, dans des chartes latinisées entre le Xième et le XIVème
  • Haymonis Quercitum, 1193
  • Haismont-Caisnoit
  • Le Kaisnoit, 1186, 1330
  • Quercetum-Kaisnoy, 1201
  • Haimon-Quesnoy, 1245
  • Le Caisnoy
  • Caisnoit, 1301
  • Quesnoi, 1316
  • Kesnoit, 1348
  • Quesnoyt
  • Quesnoy-le-Comte, 1640
  • Quesnoit, 1740

Etymologie (hypothèses d’origine du nom) :

Quercitum vient de Quercus qui signifie « chêne » en latin. Le mot aurait été transformé par le roman picard en Quenoy.

Epoque de son apparition: XIIème siècle

Facteurs ayant favorisé son émergence :

voies de communication: l’ancienne chaussée romaine Bavay-Cambrai-Amiens, puis des chaussées médiévales reliant le Quesnoy à Mons et à Valenciennes

sources d’eau ou cours d’eau: les deux rivières évoquées plus haut

source de bois: région boisée

proximité d’un lieu de pouvoir: le château comtal

Paroisse dédiée à Notre-Dame

Evêché: de Cambrai

Décanat/doyenné: ?

Autel (dîmes, entretien de l’église, nomination des officiants) donné au chapitre de Cambrai

Répartition des pouvoirs pendant la période féodale (jusqu’en 1658)

Autorité supérieure: comté de Hainaut

Autorité sous-jacente (administrative et judiciaire): prévôté du Quesnoy

Historique de la ville

Pour mieux comprendre le contexte dans lequel évolua la ville du Quesnoy, il est conseillé de lire les chapitres généraux traitant de l’histoire de la région.

Après le passage des Vikings (880-890), le territoire du Quesnoy faisait partie d’un alleu relevant du chapitre épiscopal de Cambrai. Il répondait au nom de Noflius. L’évêque de Cambrai, Nicolas de Chièvres, le vendit en 1148 au comte Baudouin IV de Hainaut, dit « le Bâtisseur ».

Celui-ci menait une politique de fortification de son comté et d’urbanisation pour développer l’artisanat et le commerce dans les villes. Il ceignit son domaine du Quesnoy de remparts et de fossés et se fit construire un château à l’intérieur (actuellement à l’endroit du centre Cernay et de la caserne des pompiers). Ce château comportait un donjon et une chapelle dédiée à Saint Jean-Baptiste.

Le même comte, en 1161, accorda aux habitants de la ville de nombreux privilèges urbains afin d’y favoriser l’artisanat et le commerce. C’est le point de départ d’une ville qui commença à prospérer et qui se dota d’hôtels pour magistrats et riches bourgeois, d’un hôpital, d’une léproserie (maladrerie). Le comte et sa famille y résidèrent souvent.

C’est ici que Baudouin V, fils du Bâtisseur, se maria en 1169 avec la sœur du comte de Flandre, Thierry d’Alsace. A la différence de son père, il préférait résider à Valenciennes dans un palais que celui-ci avait aussi fait construire.

Le même Baudouin partagea son comté en districts administratifs et judiciaires appelés prévôtés ou châtellenies. Le Quesnoy devint siège d’une prévôté. Le prévôt présidait une assemblée de 32 jurés choisis en partie parmi les notables bourgeois de la ville.

En 1184, ce comte fut attaqué par une coalition regroupant le comte de Flandre, le duc de Brabant et l’archevêque de Cologne. De nombreux villages entre Binche et Maubeuge furent ravagés par leurs troupes. On dit que Baudouin V fit incendier Le Quesnoy pour qu’elle ne tombe pas dans les mains de l’ennemi, les habitants se réfugiant dans le château-forteresse qui résista aux assaillants. Mons et Maubeuge résistèrent aussi. On signa finalement la paix. Le Quesnoy se releva de ses ruines et redevint un lieu de séjour apprécié des comtes suivants.

Cette année-là, le chapelain du comte fonda un hôpital, bien doté de terres et de  revenus. Cette institution fut à l’origine de l’abbaye Sainte-Elisabeth pour des sœurs Augustines.

Au début du XIIIème siècle, on vit résider au Quesnoy la comtesse Jeanne « de Constantinople » qui fit restaurer le château et l’hôpital. Son second mari, Thomas de Savoie, fut un bienfaiteur pour la ville. Il y encouragea l’élevage de taureaux, de chevaux et de moutons importés de Savoie, d’Italie et d’Espagne. La fine laine des moutons catalans fit la renommée des tisserands du Quesnoy. On y développa la sayetterie.

Lorsque Marguerite « de Constantinople », sœur de Jeanne, succéda à celle-ci, elle rassembla en une redevance annuelle tous les impôts et les taxes que les habitants devaient payer pour leurs activités commerciales.

Son fils, Jean d’Avesnes, devint comte de Hainaut en 1279. Il favorisa la ville de Mons où il préférait vivre, alors que les habitants de ses autres villes devaient lui verser de lourdes redevances. Bourgeois et comte s’affrontèrent. Les premiers firent appel au duc de Brabant et au comte de Flandre. On négocia la paix, mais le comte fit payer très cher  leur opposition à certains. Les geôles du Quesnoy virent périr beaucoup d’entre eux. Les drapiers avaient fui la ville, emmenant leur savoir-faire, notamment en Champagne voisine.

En 1301, Jean d’Avesnes offrit la seigneurie du Quesnoy à son gendre Raoul de Clermont, connétable de France. L’année suivante, celui-ci périssait, avec une grande partie de la cavalerie royale française de Philippe IV le Bel, à la Bataille des Eperons d’Or près de Courtrai, face aux milices flamandes. La ville fut léguée à Gauthier d’Enghien et au sénéchal Jacques de Werchin.

Dès que Guillaume Ier, comte de Hainaut, succéda à son père Jean d’Avesnes en 1304, il revint habiter fréquemment au Quesnoy où il améliora les fortifications et encouragea le commerce, notamment en amenant les riches banquiers lombards à s’y installer.

En 1337, débuta la Guerre de Cent Ans. Le comte Guillaume II, pour des raisons économiques, s’allia à la Flandre et à l’Angleterre. Le roi de France Philippe VI de Valois envoya en 1340 son fils Jean, duc de Normandie et futur roi, punir les Hennuyers. Si les villageois eurent à subir les foudres de la guerre, les cités fortifiées, comme Le Quesnoy, résistèrent.

Marguerite « de Bavière » (elle avait épousé le duc de Bavière, futur empereur), sœur de Guillaume II, vint s’installer, dès son veuvage, au Quesnoy. L’industrie drapière était alors florissante.

Guillaume III de Bavière succéda à sa mère à la tête du Hainaut (mais aussi de la Hollande et de la Zélande). Devenu rapidement dément, il fut remplacé dans ses fonctions par son frère Aubert de Bavière. Il termina sa vie dans une tour du château du Quesnoy. C’est dans une geôle du même château qu’Aubert fit décapiter Sohier, seigneur d’Enghien, rebelle à son pouvoir.

A Aubert, succéda son fils Guillaume IV qui s’entendit à merveille avec les bourgeois du Quesnoy. Il fit aménager de nouvelles tours autour de la cité. Sa seconde épouse, Marguerite de Bourgogne, se fit remarquer par ses bonnes œuvres. La ville reçut encore de nouveaux privilèges. Elle put constituer un corps d’arbalétriers pour sa défense. Le Quesnoy atteignait ici son apogée tant sur le plan militaire qu’économique.

C’est ici que naquit la dernière de la famille, Jacqueline de Bavière, fille de Guillaume IV. Elle eut une vie conjugale mouvementée. Elle y perdit beaucoup de son autorité. On était alors dans une phase importante de la Guerre de Cent Ans, où le parti bourguignon montait en puissance, tentant de s’arroger une place importante, à côté des royaumes de France et d’Angleterre. La riche Flandre était déjà passée dans ses possessions. Les frasques de Jacqueline l’amenèrent à céder ses comtés (Hainaut, Hollande, Zélande, Frise) à son cousin, le puissant Philippe « le Bon » de Bourgogne.

Dans ces années d’insécurité, les campagnes étaient à la merci de bandes de brigands et de mercenaires, dénommés « les écorcheurs ».

Le Quesnoy ne perdit pas pour autant son importance aux yeux des nouveaux maîtres bourguignons qui s’y aménagèrent un lieu de villégiature à proximité des terrains de chasse de la giboyeuse forêt de Mormal. Le château fut attribué à Marguerite de Bourgogne, veuve de Guillaume IV, toujours vivante. Elle créa une fondation de bienfaisance pour les pauvres de la ville.

Après sa mort, le château devint la résidence de châtelains représentant les souverains des Etats Bourguignons. Par la suite, ils devinrent des capitaines-gouverneurs, puis des gouverneurs de la place forte, toujours de grande importance stratégique face au royaume de France. Ces gouverneurs partagèrent certaines fonctions avec les prévôts.

A partir de 1440, le châtelain du Quesnoy eut un pouvoir important, devant gouverner la place, en assurer la sécurité par des gardes organisées jour et nuit, maintenir les droits acquis et en rendre compte au duc de Bourgogne.

En 1442, une grande partie des habitations de la ville, toujours construites en matériaux périssables, fut détruite par un grave incendie. Un autre l’endommagea encore en 1449.

En 1444, le duc Philippe le Bon, qui avait déjà débarrassé la campagne de ses bandes d’écorcheurs, vint au Quesnoy, y établit un marché hebdomadaire et deux foires annuelles.

Charles « le Téméraire » succéda à son père en 1467. Il vint l’année suivante faire sa Joyeuse Entrée au Quesnoy. Son règne s’acheva assez rapidement au siège de Nancy en 1477. Son ennemi juré, le roi Louis XI de France profita de l’occasion pour s’attaquer au Hainaut. Il essuya un premier échec devant le Quesnoy en mai 1477. Il réessaya un peu plus tard et réussit à pénétrer dans la ville après l’avoir copieusement bombardée. Il évita à ses troupes le pillage en réclamant une grosse somme aux bourgeois de la ville.

Marie de Bourgogne, fille du Téméraire, épousa l’archiduc d’Autriche, Maximilien de Habsbourg. Celui-ci l’aida à reprendre les villes en refoulant les troupes royales hors de Hainaut en 1478. Le Quesnoy fut donné en douaire à Marguerite d’York, veuve du Téméraire.

Après son décès, avec le passage du Hainaut à la Maison d’Autriche (Maximilien, Philippe « le Beau » et Charles-Quint), les souverains se désintéressèrent de leur résidence du Quesnoy. Ce qui lui fut préjudiciable. La gouvernance du Hainaut (le bailli, la Cour Souveraine) se concentra à Mons. Le Quesnoy devint essentiellement une place-forte de type frontalier face à la France qui se montrait de plus en plus menaçante. On y trouvait d’assez nombreuses institutions ecclésiastiques.

Le château fut offert par Philippe le Beau en 1500 à sa sœur Marguerite d’Autriche. Sous Charles-Quint, qui était en guerre quasi continuelle avec le roi François Ier, les défenses de la ville furent renforcées par un régiment wallon. Les fortifications furent renforcées, notamment par des bastions aux angles et de nouvelles murailles.

Les troupes royales françaises, sans mener une guerre ouverte, faisaient de fréquentes incursions en Hainaut. Cependant en 1543, François Ier pénétra avec une armée de 40.000 hommes. Il s’empara de Landrecies, de Maubeuge et de quelques châteaux seigneuriaux. Il installa son état-major dans l’abbaye de Maroilles. Après quelques escarmouches, on signa une paix en 1544 à Crépy et les prises furent restituées.

En 1552, Henri II fit une nouvelle incursion. Il prit Le Quesnoy, puis s’enfonça jusqu’à Binche. Il se retira ensuite, laissant une région dévastée.

D’Adrien de Montigny (fin XVIème siècle)

Le climat s’alourdit encore avec les guerres religieuses. Les huguenots s’emparèrent de Valenciennes en 1566. La garnison du Quesnoy aida le grand bailli de Hainaut, Philippe de Noircame, et le gouverneur des Pays-Bas, le duc d’Albe, à reprendre la ville au prix d’une répression sanglante. L’année suivante, les troupes protestantes du duc d’Orange vinrent assiéger et prendre Le Quesnoy. Ils en furent chassés par Albe.

Durant plusieurs années, la région fut saccagée par les huguenots et par la soldatesque espagnole qui défendait les Pays-Bas. La population était révoltée par les agissements des uns et des autres. Elle était épuisée. L’économie était au plus bas.

Les choses se calmèrent quand les provinces protestantes du nord prirent leur autonomie et que les villes du sud, épuisées, décidèrent de rester catholiques et  fidèles à la couronne espagnole.

Ce fut le moment où le Magistrat de la ville décida de construire un Hôtel de Ville et un beffroi. Le contexte politique se calma pendant quelques décennies, permettant au commerce et à l’artisanat de reprendre vigueur. Cependant on ne baissa pas la garde. La garnison fut renforcée : 3000 hommes cantonnés dans les casernes et … chez l’habitant.

En 1625, le roi Philippe IV d’Espagne fit restaurer le château et permit à la ville de renflouer ses caisses.

Cela ne dura pas, car la France de Richelieu et de Louis XIII entra dans la Guerre de Trente Ans (1618-1648) avec l’espoir de repousser plus au nord les frontières du royaume. Le Hainaut était en première ligne. On vit passer dans les deux sens des troupes armées qui réquisitionnaient et pillaient au passage les campagnes. Une épidémie en 1639 fit de nombreuses victimes au Quesnoy. On renforça encore les défenses de la ville et les garnisons.

On se battit autour de la ville jusqu’en 1651. Et en 1654, le maréchal de Turenne, oeuvrant pour le nouveau roi Louis XIV vint s’emparer de la ville. Un nouvelle ère de guerres quasi continues commença.

En 1659 fut signé le Traité des Pyrénées. Le Hainaut espagnol fut dépecé une première fois. Les prévôtés d’Avesnes et du Quesnoy furent annexées au royaume de France.

D’Adrien de Montigny (fin XVIème siècle)
L’ancien régime dans le royaume de France (1659 à 1789)
  • Etat : le royaume de France
  • Prévôté : Le Quesnoy

La place-forte du Quesnoy qui défendait le Hainaut face à la France se mit alors à défendre la France contre le Hainaut (les Pays-Bas en fait). Vauban, le stratège du roi, vint renforcer les fortifications en ajoutant de nouveaux bastions.

Les guerres se continuèrent. Les troupes françaises s’emparèrent de nombreuses places fortes du Hainaut et des Pays-Bas. Le Traité de Nimègue de 1678 réduisit encore un peu plus le Hainaut (plus ou moins à ses frontières actuelles). Finalement, Louis XIV vieillissant, ayant épuisé son royaume, se fit battre en 1709 à Malplaquet. Les Autrichiens reprirent un certain temps les anciennes possessions espagnoles, dont Le Quesnoy en 1712. Villars reprit la ville. On signa un nouveau Traité à Utrecht en 1713 sans modifier tellement les frontières récemment dessinées.

Les Français vont encore améliorer les défenses de la ville. Mais les règnes de Louis XV et de Louis XVI n’entraîneront plus de conflits, du moins en ce qui concerne Le Quesnoy et sa région.

La Révolution arriva. Les pouvoirs féodaux furent abolis, avant que la monarchie le soit aussi.

Répartition des pouvoirs pendant la période contemporaine (à partir de 1789)
  • Etat: France dans ses divers régimes (républiques, monarchie, empire)
  • Département: Nord
  • Arrondissement : Avesnes-sur-Helpe
  • Canton: Avesnes-sur-Helpe

Le Quesnoy fut un chef-lieu de district de 1790 à 1795.

Les révolutionnaires français envahirent les Pays-Bas Autrichiens en novembre 1792. Ils en furent chassés quelques mois plus tard. La réaction autrichienne alla jusqu’à occuper quelques villes françaises de l’ancien Hainaut. Le Quesnoy tomba le 12 septembre 1793.

Puis les armées françaises revinrent pour libérer leurs villes (ce fut le cas du Quesnoy le 15 août 1594) et reprendre les Pays-Bas Autrichiens.

On verra de nouveau des troupes étrangères occuper Le Quesnoy

  • Juste après la bataille de Waterloo en juin 1815. Le Traité de Paris instaura une occupation du Quesnoy et d’Avesnes par des troupes russes pour une période de trois ans. Ce qui ne se passa pas mal.
  • Les Allemands s’emparèrent du Quesnoy le 23 août 1914 après la bataille de Mons qui vit Anglais et Français tenter de résister à l’invasion. Après quatre ans d’occupation derrière le front, la cité fut libérée le 4 novembre 1918 par une division néo-zélandaise.
  • Le 18 mai 1940, l’armée allemande qui avait traversé les défenses de la Sambre se présenta devant Le Quesnoy, défendue par un bataillon de tirailleurs marocains. Après trois jours, les défenseurs, en situation complète d’isolement (quasi tout le nord de la France avait déjà été envahi), se rendirent à des Allemands qui leur rendirent les honneurs.
Economie

Le commerce et l’artisanat occupèrent les habitants du Quesnoy pendant des siècles. Les paysans des campagnes environnantes venaient y vendre leurs productions. 

Comme la plupart des villes médiévales du nord, Le Quesnoy tira surtout profit de la draperie et de son commerce.

Au XIXème et XXème siècles, on pouvait voir fonctionner une laiterie, de très nombreuses cordonneries, une verrerie, une fabrique de poteries. Plus récemment, l’entreprise chimique Cofradec occupa de la main d’oeuvre avant de fermer ses portes.

Patrimoine

Eglise Notre-Dame de l’Assomption, détruite en 1794, reconstruite en 1829

Beffroi de l’hôtel de ville. 1583, mais détruit et reconstruit à plusieurs reprises

Château du XIIème . Il a laissé peu de vestiges : une porte d’entrée et des caves romanes. Le bâtiment actuel de Cernay date de 1681.

Remparts, vestiges du passé militaire de la ville. Sont remarquables:

  • La tour de Baudouin IV de Hainaut, la plus ancienne partie du complexe. Elle a perdu sa partie supérieure, mais abrite toujours une salle voûtée.
  • La Porte Fauroeulx, qui avait mis la ville en communication avec l’ouvrage à cornes
  • Le bastion César, érigé sous Louis XIV par Vauban
  • Le bastion vert et l’hôpital de siège. 1540 par Charles Quint, modifié par la suite

 

 

 

Soignies

Le territoire

Superficie: 2,274 ha

Altitude: de 80 m (niveau de la rivière) à 95 m

Situation géographique : sur le bas-plateau hennuyer de la Haute-Senne

Cours d’eau : la Senne (qui prend sa source à Naast et qui est aujourd’hui voûtée sous la ville) et quelques ruisseaux affluents (du Saulchoy, du Bercely, du Cognebeau, de la Cafenière)

Paysage préhistorique (après la dernière période glaciaire) : la Forêt Charbonnière

Nature du sol : limoneux

Nature du sous-sol : grès dévonien et important gisement de calcaire carbonifère (« pierre bleue ») constitué il y a plus de 320 millions d’années à partir de la sédimentation de squelettes d’animaux aquatiques qui vivaient dans les mers qui recouvraient la région.

Généralités

Première mention : 870

Toponymie (anciennes orthographes) : Sunniacum in Hannonia, 870 (acte du traité de Meersen)

Etymologie (hypothèses d’origine du nom) : Le nom viendrait de « Sonj-iacum », signifiant lieu sur la Senne

Epoque de son apparition: constitution progressive d’une communauté villageoise à partir de la fondation de l’abbaye au milieu du VIIème siècle

Facteurs ayant favorisé son émergence :

voies de communication: une chaussée romaine passait quelques kilomètres à l’ouest (Horrues)

sources d’eau ou cours d’eau: la Senne et ses ruisseaux affluents

source de bois: région boisée

proximité d’un lieu de pouvoir: l’abbaye

Préhistoire

Ages des métaux

Dans la rue du Tour (M. Dosogne, CAW, 2009), on a découvert une fosse dépotoir avec des tessons de céramique appartenant aux âges des métaux (sans possibilité de précisions), ainsi qu’un trou de poteau non daté

Antiquité gallo-romaine

Il existe de nombreuses traces d’occupation du territoire de Soignies à l’époque gallo-romaine , découvertes lors de fouilles par le Cercle royal d’histoire et d’archéologie du Canton de Soignies depuis les années ‘1980.

Les archéologues pensent qu’il existait ici un vicus gallo-romain au Ier et au IIème siècle, à proximité du ruisseau du Saussois (Saulchoix), près de son confluent avec la Senne. Pourquoi une petite agglomération à distance des grandes chaussées romaines ? Probablement qu’on y exploitait déjà (en surface) la pierre calcaire locale et qu’elle était traitée dans des fours à chaux, au lieu-dit « La Coulbrie », près du chemin des Théodosiens.

Une villa romaine aurait existé au lieu-dit « la Coulbrie », près du chemin des Théodosiens (fouilles par le Cercle archéologique du Canton de Soignies depuis 1979). On y a mis à jour un bâtiment quadrilatère de 25 sur 15m qui aurait subi un incendie à la fin du IIème siècle avant d’être abandonné. Nous n’avons pas d’autre précision sur le sujet.

Au hameau de l’Espesse, chaussée du Roeulx, à la limite de Naast (Fouilles en 1983, 1989 et J.P. Van den Abeele, CAW, 1993 ), on a trouvé des fondations en moellons en grés d’un bâtiment, avec des fosses, un canal d’évacuation, des fragments de verre à vitre, un hypocauste et un balneum. Il n’est pas précisé si ce bâtiment faisait partie d’une villa ou si c’étaient des thermes, plausibles dans un vicus.

Il faut cependant souligner que la chaussée romaine Bavay-Asse passait à Horrues (actuelle chaussée Brunehaut) à quelques kilomètres de Soignies. Il est possible qu’un diverticulum s’en échappait pour joindre ce vicus.

Premier Moyen-Age (période franque mérovingienne et carolingienne)

Soignies est né quelques siècles plus tard au bord d’un monastère, d’abord sous forme d’une petite communauté de paysans desservant l’institution, peut-être déjà dès le VIIème siècle. Celle-ci, avec l’essor du monastère aux XIème et XIIème, s’est urbanisée progressivement pour devenir une « bonne ville » du Hainaut au XIVème siècle.

Saint Vincent

Son véritable nom était Madelgaire de Famars. Il était fils de Mauger et d’Onugerra (Omigère), issu de la famille aristocrate franque des Wastoniens. C’étaient des leudes du royaume d’Austrasie sous Dagobert Ier. Madelgaire serait né vers 607 dans le domaine familial de Strépy.

Madelgaire épousa vers 637 Waudru de Lommois, fille de Walbert et de Bertille de Thuringe, famille de sang royal. Certaines généalogies anciennes rattachent la famille de Walbert au roi Clodion. Walbert était régent de la région de la Sambre et de la Meuse sous Clotaire II, soit intendant de grands domaines royaux. Il aurait été « gouverneur du Hainaut » sous le roi Dagobert I, sans qu’on sache ce que représentait exactement ce titre, d’autant plus que le Hainaut n’existait pas en tant que tel (c’était le pagus de Famars).

Madelgaire devint propriétaire de plusieurs domaines, à Givry, Haulchin, Mesvin et Soignies. Mesvin était une dépendance de Ciply où se trouvait un palais public. Haulchin était attenant au palais d’Estinne. A Soignies, il existait un oratoire tenu par l’évêque de Cambrai sur une terre fiscale soumise à l’évêque. Celui-ci était un fonctionnaire du roi.

Madelgaire fréquentait la cour des rois Dagobert et Sigebert III. Il aurait accompli des missions en Irlande. Il en serait revenu avec des moines évangélisateurs, dont Feuillien qui connut un triste sort dans la forêt du Roeulx.

Selon certaines sources, au décès de son beau-père Walbert en 646, le roi Sigebert III l’aurait nommé comte du pagus de Famars (futur Hainaut). Certaines sources lui donnent le titre de comte (selon Jacques de Guyse, XIVème), d’autres de duc. Mais aucun document d’époque n’affirme cela avec certitude. Le titre de comte de Hainaut n’avait pas la même signification que par la suite. Cependant les premiers comtes de Hainaut célébrèrent Saint-Vincent lors de leur serment d’inuaguration et avaient une dévotion particulière pour lui.

Madelgaire et Waudru, eurent quatre enfants :

  • Landry, qui aurait été évêque de Metz et puis abbé à Hautmont, puis à Soignies en remplacement de son père décédé
  • Dentelin, décédé en bas âge
  • Aldetrude qui devint abbesse à Maubeuge après sa tante Aldegonde
  • Malderbert qui succéda à sa sœur dans le même monastère.
St-Vincent et ses deux fils

Un jour, en rêve, un ange lui ordonna d’aller à Hautmont et d’y construire une église en l’honneur de Saint-Pierre. Il y réunit quelques moines qui suivirent la Règle. Puis il revint auprès de Waudru, sa femme, lui annonçant qu’il désirait mener une vie monacale et lui conseilla d’en faire autant.

Madelgaire  abandonna alors l’habit séculier et se retira d’abord à Hautmont, prenant le nom de Vincent. Quant à Waudru, elle alla fonder un monastère à Castrilocus Mons.

Cherchant une vie plus solitaire, Vincent vint, avec quelques compagnons, fonder un monastère à Soignies vers 670. Il y est décédé en 677. Son fils Landry lui succéda comme abbé.

Les sources historiques

Elles sont essentiellement hagiographiques, donc sujettes à caution, car ce sont des récits dont le but n’est pas de rapporter la réalité historique mais de favoriser un culte, source de revenus pour ceux qui l’organisent. Les livres qui citent Saint-Vincent sont :

  • La Vita Aldegundis Malbodiensis (uita prima), rédigée vers 715-718 (vie de Sainte-Aldegonde, sa belle-sœur qui fonda le monastère de Maubeuge)
  • La Vita Altedrudis et la Vita Waldetrudis, écrites au IXème siècle (vies des filles de Waudru et Vincent). Ces derniers écrits qui datent des deux siècles ayant suivi les œuvres des sœurs Aldégonde et Waudru, font peu mention des œuvres de St Vincent.
  • La Vita Vincentii Madelgarii Sonegiensis (uita prima), v. 1015-1024 (Vie de Saint-Vincent). Il s’agit d’une oeuvre plus étoffée, écrite presque trois siècles après sa mort, à partir de récits de la tradition orale, qui sont à la base de ce que l’on a rapporté de sa vie dans les siècles suivants. Jusqu’ici, il n’est nulle part fait mention de la fondation d’Hautmont par Madelgaire.

Quant à l’abbaye de Soignies, la première mention est tardive et date du Xème siècle. Il est probable que jusque-là, l’abbaye de Soignies avait une renommée réduite. Il semble alors qu’au XIème siècle, époque où cette première vie fut écrite, l’abbaye de Soignies était en pleine réorganisation. Les chanoines ont remplacé les moines au début du Xème et la tentative de Régnier III en 956 de les remplacer a échoué, alors qu’à Hautmont cela avait réussi justement vers 1015-1020. Cette vie aurait été écrite à Hautmont qui bénéficiait d’un statut plus prestigieux. L’hagiographe façonna l’image de Vincent selon la réforme monastique de l’époque, le but étant l’édification spirituelle et morale des pèlerins.

  • Vita Vicentii secunda, écrite dans la première moitié du XIIème siècle. Elle n’apporte pas tellement d’éléments biographiques nouveaux, insistant essentiellement sur les miracles, qui sont à la base du culte de se ses reliques et des pèlerinages. Elle fut probablement écrite à Soignies où le culte des reliques devenait florissant, alors que l’institution était en plein essor.
  • Au XIVème siècle, Jacques de Guyse rapporte ce qu’il a lu dans ces documents lorsqu’il écrit l’histoire du Hainaut. Et Jack Mennel, dit Manlius, fait de même lorsqu’il écrit des histoires de saints et de saintes issus de la famille de l’empereur Maximilien I à l’initiative de celui-ci. C’est lui qui attribue les titres de comte à Walbert, Vincent et son fils Landry, ainsi qu’à Waudru.
Deuxième Moyen-Age

Evêché: de Cambrai

Décanat/doyenné: Chièvres (sans doute parce que Soignies appartenait comme il est expliqué ci-dessous à l’origine au pagus de Burbant, parfois appelé aussi comté de Chièvres).

Paroisse Saint-Vincent dont l’autel (dîme, nomination des officiants, revenus divers) fut attribué au chapitre de Saint-Vincent.

Autorité supérieure: à la sortie de la période franque, le domaine de Soignies se trouvait dans le pagus Bracbatensis (ancien Brabant ou Burbant). Vers 950, l’empereur Othon Ier créa la marche d’Ename dans une partie de celui-ci. Une marche était un comté dont la mission était défensive (ici face au comté de Flandre, vassal de la France. Ename se trouvait au bord de l’Escaut face à Audenarde). Vers 1050, une partie de la marche d’Ename (avec Soignies) fut englobée par héritage dans le comté de Hainaut.

Autorité sous-jacente (administrative et judiciaire): la prévôté de Mons

L’abbaye Saint-Vincent de Soignies et la cité

On y suivait à l’origine la Règle de St Benoit.

Les reliques de Vincent furent l’objet de pèlerinages et la cause du développement de l’abbaye. On invoquait le saint pour diverses maladies et principalement pour les affections rhumatismales.

Xème et XIème siècles

Cette abbaye aurait été détruite lors des raids normands, en 881, malgré la résistance du comte Régnier I au Long Col qui avait sécurisé les reliques à Mons. Elle fut reconstruite en 959 à l’initiative de Brunon, archevêque de Cologne et duc de Lotharingie. L’abbatiale d’aujourd’hui en est le témoin.

Dès cette époque, elle fut régie par un chapitre de chanoines, placé sous la protection de l’empereur Otton I, du pape, et du duc de Lotharingie, Brunon, archevêque de Cologne. Et non pas du comte de Hainaut (il est vrai que le comté connaissait une crise à cette époque).

Le chapitre était composé de chanoines séculiers qui ne faisaient pas vœu de pauvreté et ne vivaient pas continuellement dans le monastère. Il avait à sa tête un doyen pour tout ce qui concernait la vie spirituelle et un prévôt, nommé par le souverain, pour les responsabilités temporelles. Le chapitre avait donc un pouvoir féodal : il nommait les baillis et magistrats de la ville, il possédait toutes les juridictions en matière de justice, il percevait le cens et les nombreuses redevances, il imposait des corvées aux paysans libres et aux serfs, il coordonna l’économie de la ville.

Les chanoines acquirent de grands territoires fonciers. Les abbés de Soignies détenaient plusieurs seigneuries : les villages de Horrues, Chaussée-Notre-Dame, Steenkerque, Masnuy-St-Jean, Erbaut, Cambron St-Vincent, Basilies, Evere, Buyzingen, Mesvin, ainsi que de nombreuses terres, bois et moulins. Les papes Lucius III et Urbain IV renforcèrent les prérogatives du chapitre.

Les Comtes de Hainaut, puis les membres de la famille de Bourgogne et de la maison d’Autriche avaient pour coutume de prêter le serment d’honneur sur les reliques de saint-Vincent ce qui en faisait des “avoués de saint-Vincent“.

La collégiale fut aussi réputée par la qualité de ses musiciens et de ses chantres.

Les bénéfices provenant des domaines fonciers, des rentes seigneuriales, furent renforcés par ceux qui découlaient des nombreux cultes, pèlerinages et processions organisés en l’honneur de Saint-Vincent dont les reliques étaient exposées à la vue des nombreux pèlerins. Cela commença dès la rénovation de l’institution au Xème siècle.

C’est vers l’an mil qu’on construisit une vaste église romane sur un petit promontoire en bord de Senne.

Deux fêtes en l’honneur du saint sont attestées dès le XIème siècle :

  • Le 14 juillet, jour du décès de Vincent (selon la tradition)
  • Le 20 septembre, commémoration de la première translation de ses reliques.

A la fin du XIème siècle, l’agglomération autour de l’institution était encore modeste, mais commençait à se développer.

XIIème et XIIIème siècles

Le culte en l’honneur de Saint Vincent prit un essor considérable. Les reliques furent placées dans deux reliquaires, chefs-d’œuvre d’orfèvrerie, l’un pour le corps et l’autre pour le chef (la tête). Un monument gothique fut construit dans le chœur de la collégiale pour qu’ils y reposent.

Les comtes de Hainaut semblaient jusqu’ici s’être peu intéressés à Soignies. Mais au milieu du XIIème siècle, l’un d’entre eux, Baudouin IV, dit « le Bâtisseur », mena une politique de développement militaire (construction de tours et d’enceintes dans quelques villes stratégiques) et économique (il favorisa l’artisanat et le commerce, créant même en certains endroits de nouvelles villes).

La ville naissante de Soignies attira naturellement son attention. Il accorda aux bourgeois de la ville une charte de privilèges (la Keure) en 1142. C’était la première charte-loi du Hainaut, qui consignait par écrit les lois et règlements divers. Ce fut pour les bourgeois de Soignies, commerçants et artisans, l’occasion de développer l’industrie drapière et son commerce. On institua un marché le mardi et deux foires annuelles. Ce comte fit fortifier l’abbaye par une première enceinte autour du quartier capitulaire et de la collégiale, protégeant celle-ci et la population de la ville qui s’y réfugiait en cas de conflit armé.

Un bailli (ou prévôt), nommé annuellement par le chapitre, exerçait le pouvoir sur la ville au nom de celui-ci. C’est lui qui rendait effectivement la justice en dehors de l’enceinte de l’abbaye. Le conseil communal comprenait un commis du chapitre, le bailli, le maïeur, sept échevins, un commis représentant les bourgeois et douze jurés. Une hostellerie ou « Maison de Dieu » fut instituée (un premier hôtel de ville). En 1200, le comte Baudouin VI confirma la charte de 1142.

Depuis 1262, le lundi de Pentecôte, les reliques du Saint sont portées en procession autour de la ville, tradition perpétuée jusqu’à nos jours (infra, Patrimoine).

A la fin du XIIIème siècle, la communauté comptait une trentaine de chanoines. C’était la plus importante du comté de Hainaut.

On construisit hors des limites de la ville, en direction de Mons, un « hôpital Saint-Jacques » où des béguines dans un premier temps et des sœurs grises (franciscaines) ensuite donnaient les soins aux malades.

Hospice Saint-Jacques

Une maladrerie (pour les lépreux) fut fondée au faubourg d’Enghien.

XIVème et XVème siècles

Durant les années 1348 et 1349, la « peste noire » qui traversa toute l’Europe semble avoir fait des ravages dans la population sonégienne, comme à Mons. C’est pourquoi le 7 octobre 1349 fut organisée à partir des deux villes des processions, accompagnées des reliques de Vincent et de Waudru, qui se rencontrèrent du côté de Maisières. 

Malgré tout, le développement urbain continua à progresser.

En 1364, Louis II de Male, comte de Flandre, mit la ville à sac. Il voulait se venger de l’exécution de Siger II d’Enghien par le comte Albert de Bavière. Ce fut l’occasion pour ce dernier d’encourager les habitants de Soignies à se doter d’une enceinte autour de la ville. Ce qui fut réalisé entre 1365 et 1379. Il s’agissait à l’origine d’un large fossé profond, alimenté par les eaux de la Senne et d’un ruisseau. A l’intérieur, était aménagée une levée de terres de plusieurs mètres. Un peu plus tard, on couvrit celle-ci d’une palissade, puis avec le temps cette dernière fut remplacée par une muraille, rythmée par des tours et parcourue par un chemin de ronde. L’enceinte était percée de quatre portes (Braine, Enghien, Neufvilles et Mons). On finança les travaux par de nouvelles taxes (les maltôtes) sur la vente de certains produits (surtout le vin et la bière, accises avant l’heure).

A la fin du siècle, Soignies était devenue une des 13 « bonnes villes » du Hainaut.

Plan de Deventer, 1560

XVIème siècle

L’économie de la ville fut ralentie dans la seconde moitié du siècle par les troubles religieux. Mais la Contre-Réforme de l’Eglise Catholique Romaine profita aussi au culte de Saint-Vincent. On encouragea sa dévotion. On édifia les fidèles par ses miracles.

Un grand nombre de confréries furent fondées, qui se firent toutes aménager une chapelle dans l’église. La plus illustre et la seule à avoir résisté aux affres révolutionnaires fut la Confrérie Saint-Vincent, qui vit le jour vers 1599.

D’Adrien de Montigny, fin XVIème siècle

XVIIème siècle

A partir de cette époque, le chapitre, qui jusque-là avait le monopole de l’enseignement, perdit celui-ci. On vit s’ouvrir d’autres centres éducatifs :

  • En 1629, s’installèrent les pères de l’Oratoire de Philippe de Neri qui organisèrent une école élémentaire. Ce couvent fut fondé par André de Trévigny, médecin de l’archiduchesse Isabelle, gouvernante des Pays-Bas Espagnols.
  • En 1709, un premier collège d’enseignement secondaire pour garçons fut institué.

Les Capucins vinrent aussi s’installer en 1616, alors que les Sœurs Grises continuaient à œuvrer à l’hôpital Saint-Jacques, soignant les malades, abritant les vieillards, les indigents et les orphelins.

La fin de ce siècle fut marquée par les guerres d’invasions de Louis XIV. Soignies fut à plusieurs reprises envahie par ses armées entre 1691 et 1713. Des campements étaient organisés aux confins de la ville et dans les villages voisins. Comme ailleurs, la ville fut ruinée. Les remparts devinrent obsolètes et ne furent plus entretenus. Les Français les firent démanteler en 1690. Quelques vestiges subsistent aujourd’hui (infra, Patrimoine).

Le quartier de la cathédrale en 1675 (de Gavres)

XVIIIème siècle

Malgré tout, sous le régime autrichien instauré en 1713, l’économie reprit. Le commerce et le transport furent favorisés par le pavage de la chaussée de Bruxelles à Mons dès 1704.

De nombreux artisans travaillaient dans la ville, les drapiers et les toiliers, ainsi que des tanneurs et des brasseurs rassemblés au bord de la rivière. On trouvait aussi des coutelliers et des cordonniers. Les finances de la ville s’améliorèrent après 1748. Durant la seconde moitié de ce siècle, la population quadrupla.

Plan de Ferraris, vers 1775

La période française (1792/1794-1814)

Puis arrivèrent les Révolutionnaires Français, une première fois en novembre 1792 pour quelques mois avant d’être chassés, et une seconde fois en juin 1794. Le chapitre Saint-Vincent fut aboli en 1793. Les religieux furent dispersés en 1796.

Soignies se retrouva dans le département de Jemappes. Sur le plan religieux, il passa en 1803 de l’archevêché de Cambrai à celui de Tournai.

La plupart des confréries furent supprimées. Celle de Saint-Vincent survécut. Les Sœurs Grises, après avoir été chassées, revinrent en 1810 pour continuer leurs œuvres de bienfaisance et l’enseignement.

La période hollandaise (1814-1830)

En 1825, pendant la période hollandaise, Soignies a obtenu le statut de ville.

En 1830, des Sonégiens ont combattu à Bruxelles les Hollandais pour l’indépendance de la Belgique.

La période contemporaine (à partir de 1930)
  • Etat: le royaume de Belgique
  • Province: Hainaut
  • Arrondissement administratif et judiciaire : Mons
  • Canton: Soignies

En 1841, on construisit la ligne de chemin de fer de Bruxelles à Mons. On voûta certains tronçons de la Senne en 1891 et 1936.

En 1916, 842 Sonégiens furent déportés en Allemagne.

Soignies fut libéré le 4 septembre 1944 par un régiment anglais.

En 1977, fut organisée la fusion des communes.

Economie

L’agriculture et l’élevage furent les premières activités développées par les moines et par la communauté de paysans installée autour du monastère de Saint-Vincent.

Au XIVème siècle, Soignies vit se développer une intense activité drapière dans le cadre de la Guilde des Drapiers, fondée en 1328, confirmée par le comte Guillaume I. Cette guilde imposait des règles strictes de fabrication. Une halle aux draps fut bâtie à la même époque. Elle disposait du monopole de la vente. Ce commerce fut florissant, car il exportait aussi à l’étranger. Il déclina avec les guerres religieuses du XVIème.

Exploitation du sous-sol

Soignies et sa région reposent sur un grand massif calcaire déposé à l’ère primaire pendant la période du Carbonifère (donc à peu près en même temps que les filons de houille déposés dans le Centre et le Borinage). 

Dès l’époque gallo-romaine, on exploita la pierre à fleur de sol, puisqu’on a trouvé des moellons de pierre de Soignies dans ce qu’on pense être une villa romaine au lieu-dit Coulbrie. Au Xème siècle, on utilisa de la pierre locale pour bâtir la collégiale et au XVème siècle pour édifier les remparts.

Une exploitation plus intense aurait commencé au milieu du XIVème siècle du côté de Feluy-Arquennes et des Ecaussinnes. Alors qu’à Soignies, on se contentait encore d’exploiter les bancs de pierre (« raches ») affleurant directement sous la couche arable, dans le fond et sur les flancs des vallées.

Ce n’est que vers 1720 que se développa réellement une exploitation industrielle à grande échelle par le creusement de carrières et le commerce de la pierre bleue locale, grâce à la famille Wincqz originaire de Feluy. La demande était alors très forte, car on commençait, sous le régime autrichien, à paver des chaussées entre les villes pour améliorer le transport par diligences et par chariots. Celle de Bruxelles à Mons fut réalisée à partir de 1704. On construisait aussi de nombreux bâtiments publics, religieux et privés.

Lors de la période française (1792-1814), l’exploitation ralentit.

Puis arriva le XIXème siècle, la révolution industrielle à son apogée et ses nouvelles technologies, telle la machine à vapeur qui permettait de pomper les eaux qui inondaient les carrières, mais aussi de scier et manœuvrer les pierres. Le chemin de fer donna un nouvel élan au transport de celles-ci. C’est en 1841 que la section Tubize-Soignies-Jurbise fut aménagée sur la ligne Bruxelles-Mons-Paris.

Les carriers purent faire valoir ainsi leur belle « pierre bleue de Soignies » (ou « petit granit »), qu’ils allaient extraire en profondeur avant de l’exporter sur les marchés belges et étrangers. En 1880, 1400 ouvriers étaient occupés dans les carrières de Soignies. Cette pierre convenait pour la construction de bâtiments publics et privés, de ponts, d’écluses, de digues de mer, pour la sculpture aussi. C’est une pierre dure, résistante au gel, à l’écrasement et aux agents chimiques.

De nouveaux filons de cette pierre furent encore découverts à l’ouest de la commune : carrière de Perlonjour, Grande Carrière de Pierre-Joseph Wincqz, les Carrières du Hainaut (SA en 1885). L’apogée de cette activité industrielle fut atteinte vers 1900. 2709 carriers travaillaient alors.

On a également extrait de la pierre à chaux. Des fours à chaux ont existé, dès l’Antiquité.

De nouveaux quartiers apparurent pour faire face à l’afflux d’immigrants venus des villages environnants et de Flandre. Principalement au sud-est de la commune. C’est ainsi que naquit le« hameau des Carrières » avec son église (de l’Immaculée Conception), sa paroisse, ses écoles, sa coopérative et sa maison du Peuple (1898).

A côté de cette activité majeure, on pouvait trouver :

  • Des tanneries le long de la Senne et du ruisseau de la Cafenière, qui exportaient le cuir en Belgique.
  • La sucrerie Wincqz

Toute cette belle industrie connut les affres des guerres (1914-1918 et 1939-1945) et de la grande dépression économique des années ‘1930. Certaines carrières fermèrent leurs portes. En 1935 la S.A. des Carrières et de la Sucrerie des Carrières P.J. Wincqz fusionna avec la Société Gauthier. Les tanneries cessèrent au début des années ‘1960.

Aujourd’hui subsistent :

  • Les Carrières du Hainaut, fondées en 1888
  • Les Carrières Gauthier-Wincqz, qui ont acheté les Carrière du Clypot à Neufvilles, et se nomment « la Pierre Bleue Belge s.a. » qui ont étendu leur surface d’exploitation vers Braine-le-Comte et Ecaussinnes
  • La gobeleterie Durobor, fondée en 1928, qui a remplacé la sucrerie Wincq
Patrimoine

Collégiale St Vincent

Une première église fut construite lors de la fondation de l’abbaye au VIIème siècle. A cet endroit, on y aurait découvert un sarcophage franc.

L’abbatiale actuelle fut commencée vers 965 et achevée au XIIIème siècle, sur le site de l’ancienne abbaye, par décision de Brunon, archevêque de Cologne, lorsque celui-ci participa à la refondation de l’institution, disparue avec les raids vikings. En réalité les travaux principaux commencèrent vers l’an mil, en pleine période romane, inaugurant le courant scaldien de ce style.

Il s’agissait à la fois de l’église du chapitre (d’où son appellation de collégiale) et de l’église de la paroisse. Elle était un but de pèlerinages et était destinée au culte de Saint-Vincent et de ses reliques.

Elle fut construite avec des moellons de grès et de calcaire mêlés selon un plan en croix latine. Le chevet du chœur est plat, comme dans le courant carolingien précédent. Les nefs comportent trois niveaux : les grandes arcades, des baies donnant sur des tribunes latérales couvrant les nefs latérales, des baies vitrées en haut pour l’éclairage. La couverture de la nef principale est constituée d’un plafond en bois de chêne. L’église possède deux transepts. Une tour-lanterne (pour l’éclairage), typique du roman scaldien, fut érigée à la croisée de la nef principale et des transepts. La tour occidentale n’a été élevée qu’au XIIIème siècle sur le porche roman. C’est pourquoi elle comporte des éléments gothiques (arcs brisés). L’aspect extérieur est massif et dépouillé, car elle pouvait avoir une fonction défensive en haut de la colline surplombant la ville.

De nombreuses transformations, sans réelles destructions par des incendies ou des guerres, ont eu lieu au cours des siècles, selon les courants stylistiques des époques traversées.

Pendant la période gothique, des bâtiments ont été greffés sur le plan initial:

  • La tour occidentale au XIIIème
  • Le cloître au XIIIème
  • La sacristie au XIIIème
  • La chapelle Saint-Vincent au XIVème
  • La chapelle de St Hubert au milieu du XVème, en gothique brabançon
  • La chapelle du Saint-Nom, bâtie dans le jardin du cloître à la fin du XVIème

Une riche parure baroque a été apportée au XVIIème siècle: 

  • Le maître-autel du chœur, fin XVIIème
  • Les stalles en bois sculptées, 1676
  • Le jubé (1635-1641), en marbre noir et rouge, avec des représentations des docteurs de l’Eglise (esprit de la Contre-Réforme), une Résurrection du Christ
La collégiale en 1822

Les dernières restaurations ont été effectuées en 2007-2009.

La décoration intérieure est riche :

  • Une Vierge allaitant l’Enfant Jésus, sculpture en grès polychrome du XIVème
  • Un Mise au Tombeau, sculptée vers 1450
  • Un Christ de Pitié, en pierre polychrome, début XVIème
  • Les châsses contenant les reliques de Saint-Vincent
    • Au XIème et XIIème siècles, elles furent conservées dans une crypte préromane sous le chœur
    • Au XIIIème (période gothique lumineuse), elles furent exposées au fond du chœur sur un support monumental en pierre noire de Tournai. C’est à cette époque qu’on réalisa les deux châsses, l’une pour le « chef » (la tête) et l’autre pour le corps. Le premier fut offert par la comtesse Marguerite.
    • Au XVIIème, avec le réaménagement baroque du chœur, on a mis en valeur les reliquaires dans une petite chapelle construite contre le mur du chœur.
    • Les châsses ont été détériorées lors des troubles révolutionnaires de la fin du XVIIIème siècle et ont été refaites dans le style néogothique.
    • Il est à noter que d’autres reliquaires existent, dont celui de Saint-Landry
  • chaire de vérité, 1670, œuvre du montois Baudouin Lalou

Le musée du Chapitre est un bâtiment attenant à la collégiale, construit  au XVIIème siècle par les chanoines pour abriter la salle des comptes, la salle des archives, la salle capitulaire, une antichambre. Il intègre le jardin de l’ancien cloître. On y trouve une collection d’art sacré :

  • des pièces de soie brodées dont « la chemise de Saint-Landry », en réalité un tissu rectangulaire brodé en hommage à un souverain, dans le style de la tapisserie de Bayeux
  • les objets sacrés en orfèvrerie et des reliquaires
  • des sculptures et des peintures
  • des manuscrits

Le vieux cimetière était adossé à l’enceinte urbaine de 1365.

C’est aujourd’hui un parc public. Une chapelle y avait été érigée au XIIème siècle, nef simple à chevet plat, construite en moellons locaux. On trouve à l’intérieur une piscine liturgique en grès et un autel de style Renaissance de 1607. Au bâtiment d’origine de style roman a été accolée une travée supplémentaire en briques en 1643. Ce bâtiment abrite aujourd’hui les collections du Cercle archéologique de Soignies, allant de la préhistoire au XXème siècle. Le jardin est « agrémenté » de monuments funéraires érigés entre le XVème et le XIXème.

L’église de l’Immaculée Conception, quartier des Carrières, 1907, néogothique

Les remparts de la ville entourèrent dès le XIVème siècle la ville, sa collégiale, le quartier du chapitre et le “centre commercial et artisanal”. La décision de les construire fut prise en 1365 de commun accord entre le comte Aubert de Hainaut-Bavière, le chapitre et les bourgeois de la ville. Celle-ci venait d’être mise à sac par le comte de Flandre Louis de Male, allié de Siger d’Enghien qui venait lui-même d’être condamné et décapité pour rébellion. Le but était de sécuriser le centre-ville et d’installer une ville-forte aux frontières du Brabant. Pour la construction et l’entretien, le magistrat de la ville instaura de nouveaux impôts, les maltôtes, sur la vente de certains produits, dont la bière et le vin. Quelques années plus tard, Soignies fut reconnue comme « bonne ville » du Hainaut.

A l’origine, l’enceinte se composait d’un large fossé, alimenté par les eaux de la Senne. A l’intérieur du fossé, se trouvait une levée de terre de plusieurs mètres de haut, interrompue par quatre portes d’accès :

  • La Porte de Braine (ou du Vieux Marché) en direction de Bruxelles
  • La Porte de Mons, près de laquelle se trouvait l’Hôpital Saint-Jacques (carrefour de la Belle-Vue)
  • La Porte de Neufvilles ou du Moulin (place Verte)
  • La Porte d’Enghien ou du Noeufbourg (rue Hachez)

Au début du XVème siècle, on éleva une palissade en bois sur la levée de terre et un peu plus tard on commença à ériger des murailles en pierre, des tours maçonnées et un chemin de ronde.

En réalité, ces remparts ne servirent jamais. Louis XIV s’empara très vite de la ville. Dès 1677, on commença à les démanteler et à boucher les fossés. Il en reste de rares vestiges à ce jour :

  • Au Vieux Cimetière
  • Une levée de terre, de l’autre côté de la Porte de Braine, est occupée par des maisons du XIXème siècle (en surplomb de la Place du Jeu de Balle)
  • Au coin de la rue Neuve et de de la rue F. Eloy (en fait une reconstruction de la muraille vers 1820)

Chapelle du Marais Tillériaux, début XVIIème

Chapelle Saint-Roch, début XVIIème

Chapelle de l’Hôpital Saint-Jacques, reconstruite entre 1761 et 1765

Hôtel de Ville, 1909, remplaça les tanneries Van Cutsem, près d’un méandre de la Senne

La halle aux draps (7, Grand-Place), transformée en 1797

Maison Nalis ou de Guise (3, ruelle Scaffart), une partie du milieu du XVIème et une autre du XVIIIème

Maison de l’Obit Rabutin (13, rue des Orphelins), ancienne maison de chanoine, XVIIIème

Maison du chanoine brasseur (6, rue des Orphelins)

Ancienne maison de chanoine (Rue Ferrer), XVIIIème

Maison du chanoine Pollio (9-10, rue d’Audiger), 1776

Maison du Vicaire (5, rue de la Régence), 1767

Maison décanale (Rue H. Leroy), 1759, maison du dernier doyen des chanoines

Athénée Royal Jules Bordet (rue Léon Hachez), 1873, à la place de l’ancien Couvent des Oratoriens, style éclectique

Collège Saint-Vincent, 1875-1880, style néogothique

Le Tour Saint-Vincent. Il s’agit d’une procession organisée le lundi de la Pentecôte depuis 1262 (première mention) et instaurée par l’évêque de Cambrai, Nicolas III de Fontaine, un ancien prévôt du chapitre de Soignies.

Les chanoines transportaient les châsses qui contenaient les reliques du Saint, tout autour de la ville (une douzaine de kilomètres). Des indulgences (remises de peines de purgatoire) étaient accordées à tous ceux qui se rendaient à la collégiale ce jour-là. C’était aussi l’occasion d’unir toute la population, de demander l’intercession su saint pour la protection de la cité et de dynamiser le culte en son hommage.

L’itinéraire a été modifié avec le temps et l’urbanisation progressive des faubourgs. Il est balisé par dix-sept chapelles votives, servant de stations pour les pèlerins.

Depuis la fin du XVIème siècle, une Confrérie Saint-Vincent s’est donné pour mission de perpétuer le culte du saint à travers cette manifestation dont l’organisation est rigoureusement programmée : les oriflammes entre les tours de la collégiale, la préparation du chemin du Tour la veille, la descente des reliquaires, le port de ceux-ci. Cette confrérie était réservée à l’origine aux notables de la ville. Elle s’est progressivement ouverte à tous.

A l’issue du Tour, les chanoines reprenaient les châsses pour les remettre dans la collégiale, alors que commençait dans la ville une procession historique. Dans son état actuel, la procession date de 1921. Ce sont des tableaux vivants illustrant les différents épisodes de la vie de Saint-Vincent.

Sources bibliographiques :

  • Wikipedia
  • Saint Vincent de Soignies, regards du XXème, éd. Musée du Chapitre de Soignies, 1999
  • Soignies, cité de Saint-Vincent et pays de la pierre bleue, C. Balate, J. Deveseleer et M. Maillard-Luypaert, Carté n°84 du Patrimoine, IPW, 2011

Péruwelz

Le territoire

Superficie: 1345 ha

Altitude: de 30 m (au niveau de la Verne) à 80 m (dans la Forêt de Bonsecours)

Situation géographique : dans la vallée de la Verne (Vernos signifie lieu bordé d’aulnes)

Cours d’eau : la Verne, affluent de l’Escaut via le canal du Jard. Elle prend sa source à Basècles. De nombreuses sources sur le territoire de Péruwelz alimentent plusieurs ruisseaux qui se rejoignent dans la Verne à Wiers près de l’actuelle frontière franco-belge.

Paysage préhistorique (après la dernière période glaciaire) : la limite occidentale de la Forêt Charbonnière, avec des zones humides en fond de vallée

Nature du sol : alluvionnaire en fond de vallée, sablonneux de part et d’autre

Nature du sous-sol : grès (dit de Grandglise) sur les crêtes, schiste, la roche calcaire affleure en fond de vallée

Légendes

L’historien Jaques de Guise (XIIIème siècle) rapporta dans ses annales des évènements qui, pour les historiens modernes, s’avérèrent inexacts. Selon lui (et ses sources), les Romains de Jules César établirent un camp sur le territoire de Péruwelz, alors qu’ils assiégeaient les villes de Fanum Mercurii (Blaton) et de Chièvres. Il y aurait eu à cette époque un fort gaulois sur le Mont-Brutus (actuellement Bon-Secours) pour protéger la ville de Mercure (Blaton). Celle-ci fut finalement prise et détruite par les Romains. Plus tard, Ablatonas se releva de ses cendres.

Quant au village antique de Péruwelz, établi au pied du Mont-de-Péruwelz, il aurait été détruit par les Burgondes en 413. On l’aurait reconstruit et il aurait encore été victime des Vikings au IXème siècle.

Tout ceci s’est révélé faux et provient d’une interprétation douteuse des écrits de Jules César lui-même.

Préhistoire

Paléolithique inférieur (Homo Heidelbergensis) : non documenté

Paléolithique moyen (Homo Neandertalensis) : On aurait trouvé dans l’ancienne carrière de sable du « Nouveau-Monde » (Bon-Secours) des vestiges datant de 75.000 ans, soit lorsque l’homme de Neandertal était le seul occupant de l’Europe : des outils de la culture moustérienne (bifaces, racloirs, pointes) et du débitage Levallois (pointes).

Paléolithique supérieur (Homo Sapiens) : non documenté

Mésolithique (Homo Sapiens) : non documenté

Néolithique (Homo Sapiens) : non documenté à Péruwelz même, mais des silex taillés de cette époque ont été trouvés sur le « Mont de la Garenne » à Wiers.

Ages des métaux : non documenté

Antiquité gallo-romaine

Dans tout le Péruwelzis, ont été découverts des vestiges de la période gallo-romaine, appartenant à des petits ensembles artisanaux. Jusqu’aujourd’hui, aucune découverte évoquant une villa romaine n’aurait été faite. Ce n’est pas exclu, car on aurait trouvé des sépultures gallo-romaines (site ?) allant du Ier au IIIème siècle.

En 1838 déjà, on aurait découvert un vase étrusque et des antiquités romaines. Au XIXème siècle, sans qu’on ait plus de précision, on aurait trouvé des structures appartenant à un fort au hameau d’Outre-l’eau (terre de la Citadelle). D’autres vestiges auraient encore été trouvés en 1825 lors du creusement du canal (sources : abbé Petit).

On aurait mis au jour au hameau de la Boitrie des traces d’occupation gallo-romaine du IIème siècle (pas de précision).
 
Sur le site de « Belle-Vue »,  le long de l’autoroute A16, (CAW, J. Dufrasnes, 1995), on a ramassé des fragments de tuiles, un tesson de céramique sigillée. A cet endroit, d’autres découvertes ont été réalisées antérieurement, pouvant faire penser à un petit site gallo-romain (sans précision).

Près du chemin de Sainte-Brigitte (CAW, J. Dufrasnes, 1999), fut trouvée dans un champ une fibule gallo-romaine en bronze (probablement Ier siècle).

Sur le territoire de Péruwelz, là où passe la Verne, il existait un passage à gué, qui aurait été empierré. Celui-ci se serait trouvé sur une chaussée romaine secondaire (diverticulum) joignant la chaussée Bavay-Tournai à celle de Bavay-Blicquy-Velzeke (Gand).


 Premier Moyen-Age (période franque mérovingienne et carolingienne)

Les vestiges d’époque mérovingienne paraissent assez rares. On sait que le territoire de Péruwelz se trouvait dans le Pagus Bracbatensis, ancien comté de Brabant, aussi appelé Burbant, qui s’étendait entre l’Escaut et la Haine.

Deuxième Moyen-Age – la localité

Première mention: 881

Toponymie (anciennes orthographes) :

  • Petra (881)
  • Pereweis (1026)
  • Petrae Boserae (1040, diplôme de l’empereur Henri III)
  • Petrewez (1183, bulle du pape Lucius III)
  • Mons  Petrorus (1185)
  • Piereweiz (1186, bulle du pape Urbain)
  • Pierwez (1191, bulle du pape Célestin)
  • Perues (1201, opera diplomatica)
  • Peyveves (1262)
  • Pierwees (1285)
  • Peruwelz.             

Etymologie (hypothèses d’origine du nom) : Péruwelz viendrait de petra– (pierre, en latin) et de –wez (plaine, en tudesque), ce qui correspondrait à « plaine aux pierres ». D’autres étymologistes pensent que « -welz » vient de –wadum, qui signifie « gué ». L’endroit s’appellerait alors « gué empierré ». Les deux hypothèses se tiennent. Le sous-sol de la région est riche en pierres. La localité est née à proximité d’un gué sur la Verne qui aurait été empierré. Y passait ce chemin romain qui joignait les deux chaussées citées plus haut, chemin qui, au moyen-âge et plus tard, relia Valenciennes à Gand.

Epoque de l’apparition d’une communauté villageoise : au Xème ou XIème siècle (probable) sur la rive gauche (sud) de la Verne, en un endroit non inondable, le long de la chaussée en direction de Condé. Il s’agissait à l’origine d’un noyau d’habitation de paysans et de quelques artisans.

Facteurs ayant favorisé son émergence :

voies de communication: l’ancien diverticulum romain, devenu voie de communication importante à partir du Moyen-Age

sources d’eau ou cours d’eau: la Verne

source de bois: région très boisée

proximité d’un lieu de pouvoir: le château local

Paroisse dédiée à Saint-Quentin

Evêché: de Cambrai jusqu’en 1803

Décanat/doyenné: Saint-Brice à Tournai

Autel (dîmes, entretien de l’église, nomination des officiants) donné en 1105 à l’abbaye d’Aubechies par Odon, évêque de Cambrai, puis en 1119 à celle de Saint-Ghislain quand l’institution d’Aubechies passa dans les possessions de celle de Saint-Ghislain.

Répartition des pouvoirs pendant la période féodale (jusqu’en 1792/1794)

Autorité supérieure: Le domaine de Péruwelz appartint dans un premier temps au « Pagus Bracbatensis » (en réalité une partie du Brabant primitif, appelé Burbant). La partie occidentale de celui-ci fut transformé en « marche d’Ename » en 951. Celle-ci fut rattachée en 1050 au comté de Hainaut.

Autorité sous-jacente (administrative et judiciaire): châtellenie d’Ath (à partir du XIIème siècle)

Seigneurie

La seigneurie de Péruwelz fut une des quarante-quatre baronnies du comté de Hainaut. La charge (plus symbolique que réelle) de bouteiller (ou d’échanson) du comté fut attachée au domaine de Péruwelz à partir du XIVème.

Selon Vinchant, la comtesse Richilde (milieu du XIème siècle) aurait attribué la charge de chambellan du Hainaut au seigneur de Péruwelz. On ne connait pas de seigneur à cette époque. Il n’est donc pas sûr que cette assertion soit exacte.

Plusieurs familles seigneuriales se succédèrent sur le domaine de Péruwelz.

Famille de Péruwelz

Elle apparaît au début du XIIème siècle à la tête de la seigneurie. S’agissait-il d’une famille locale à qui le comte de Hainaut confia la gestion seigneuriale du domaine ? S’agissait-il d’une famille extérieure à qui un comte de Hainaut, propriétaire du domaine, aurait confié la propriété et les droits seigneuriaux et qui aurait pris le nom du domaine ? Nous n’avons pas de renseignements à ce propos.

Cette famille est assez mal documentée. On en cite plusieurs personnages, sans que l’on puisse toujours savoir quels liens familiaux les unit et lesquels furent réellement seigneurs du lieu. De plus, certains généalogistes ont confondu les familles de Péruwelz (en Hainaut) et de Perwez (en Brabant), erreur qui peut s’expliquer par les anciennes façons d’orthographier ces deux domaines dont l’étymologie doit être semblable.

  • Gauthier de Perwez est cité dans un acte en 1105 où il donne quelques serfs à l’abbaye de Saint-Ghislain, coutume fréquente à cette époque. Il semble qu’il soit le plus ancien seigneur de Péruwelz, dans l’état actuel des connaissances.
  • Baudouin de Perwez est cité en 1137 et  en 1157.
  • Colard (ou Nicolas) de Péruwelz (1120- ?) a épousé Jeanne d’Antoing (1110-1162)
  • En 1172, un Nicolas de Pierewees/Peruwez accompagna le comte de Hainaut  Baudouin V lors d’un conflit avec le duc de Limbourg. Il pourrait être le fils du précédent. En 1190, il partit sous les ordres de Jacques d’Avesnes pour la troisième croisade. Il en revint et accéda à la demande de ses vassaux qui réclamaient la confirmation des libertés dont ils jouissaient déjà.
  • Au milieu du XIIIème, un autre Nicolas de Peruwez, chevalier, est aussi cité en 1243 dans un acte d’asservissement (don de serfs) au monastère de Saint-Ghislain.
  • A la même époque, il existe un Enguerran de Peruwez, mort sans postérité.
  • Il existait aussi un Allard de Péruwez (v1278-1308) seigneur du lieu, qui épousa Béatrix de Trazegnies.
  • Baudouin de Péruwelz (1270, Péruwelz- ?), écuyer, fut probablement le dernier seigneur mâle de la famille de Péruwelz. Il avait épousé Isabelle du Roeulx, fille d’Eustache V du Roeulx. Les époux fondèrent un hôpital en 1308. Selon les sources, ils eurent une ou deux filles: 
    • Marie de Péruwelz (1305- ?), qui épousa Gilles de Cordes (incertain)
    • Isabeau/Jeanne de Péruwelz (v1285-apr1346), dame héritière de Péruwelz, de Hierges, de Beauraing et de Glayon, qui épousa un membre de la famille de Berlaymont.

Famille de Berlaymont

Ses membres étaient des descendants de Gilles de Chin, célèbre chevalier du début du XIIème siècle. Ce sont eux qui apporent la charge de bouteiller du comté pour la lier au domaine de Péruwelz. Berlaimont est une localité située au sud de Bavay. Leurs seigneurs ne résidèrent pas au château de Péruwelz. Ils y nommèrent un bailli. Rifflars de Wachoeul est le premier bailli mentionné, cité en 1412.

  • Gilles VII de Berlaymont (v1325- ?), (parfois appelé Jean), déjà seigneur de son domaine, devint seigneur de Péruwelz par son mariage avec Jeanne/Isabeau de Péruwlez, héritière de son domaine. Lui succédèrent :
  • Gilles VIII de Berlaymont ( ?- 1415, Azincourt), fils du précédent
  • Lancelot de Berlaymont ( ?- 1484), fils du précédent, qui fut au service de l’archiduc Maximilien d’Autriche. Il mourut sans héritier.
  • Gilles IX de Berlaymont ( ?- ?), frère du précédent. Il eut une fille :
  • Gillette de Berlaymont ( ?-1546), héritière de ses domaines, dont Berlaimont et Péruwelz. Elle épousa Louis Rollin (v1447-1528), seigneur d’Aymeries et d’Houdeng-Aymeries, petit-fils de Nicolas, le célèbre chancelier de Philippe le Bon. Ils n’eurent pas d’enfant. Veuve, elle adopta un cousin éloigné d’une branche cadette à qui elle légua tous ses biens.
  • Charles de Berlaymont (1510-1578, Namur), cousin de Gillette. Il appartenait à la branche cadette Berlaymont-Floyon. Il fut élevé au grade de comte de Berlaymont en 1574. Il fut un conseiller de la gouvernante Marguerite de Parme pendant la période des guerres religieuses. Il assista à l’entrevue où les calvinistes vinrent demander un arrêt de l’inquisition à leur égard. On impute à Charles le mot de « gueux » qu’il aurait proféré et qui est resté l’attribut des réformistes révoltés dans les années qui suivirent.
  • Florent de Berlaymont (v1550-1626, Namur), fils du précédent, qui se mit au service des gouverneurs nommés par le roi d’Espagne, notamment des archiducs Albert et Isabelle. Il eut deux filles. L’aînée, Marie-Marguerite de Berlaymont (1589-1654), comtesse de Berlaymont et dame de Péruwlez, épousa Louis d’Egmont (v1600-1654).

Maison de Croÿ (branche de Solre)

  • En 1641, Philippe Emmanuel Antoine Ambroise de Croÿ (1611-1670), comte de Solre, seigneur de Condé, grand veneur de Hainaut, acheta le château de Péruwelz et la seigneurie. Dès 1643, il transforma le château qui devint la résidence d’été des de Croÿ. La demeure possédait encore des structures du XIIème (pont-levis, larges fossés, prisons, …). Le moulin banal à eau se trouvait à proximité. Cependant en 1649, il alla résider à Condé.
  • Philippe Emmanuel Ferdinand François de Croÿ (1641-1718, Paris), fils du précédent. Officier dans l’armée d’Espagne, il passa après le Traité de Nimègue de 1678 dans celle du roi Louis XIV.
  • Philippe Alexandre Emmanuel Ferdinand de Croÿ (1676-1723, Condé), fils du précédent. A ses seigneuries de Condé et de Péruwelz, il ajouta par son mariage celle de Bernissart.
  • Anne Emmanuel de Croÿ (1718, Condé-1784, Paris), fils du précédent, acheta la seigneurie de Blaton en 1752. En 1778, par lettre patente de l’impératrice Marie-Thérèse, la baronnie de Péruwelz fut réunie à celle de Condé pour former, avec d’autres seigneuries limitrophes, l’apanage de la maison de Croÿ.
  • Anne Emmanuel Ferdinand François de Croÿ (1743, Paris-1803, Le Roeulx), fils du précédent. Officier supérieur dans l’armée française, il émigra en 1791. Ses biens furent séquestrés et il perdit ses droits féodaux en 1791 en France et en 1795 en Belgique.
  • Le domaine de Péruwelz resta une propriété de la famille de Croÿ. En 1799, le château et les dépendances devinrent des biens nationaux et furent vendus aux enchères à Charles-Joseph Messine qui revendit le tout trente-neuf ans plus tard à Emmanuel-Maximilien de Croÿ-Solre
Carte de Ferraris, fin du XVIIIème
Evènements et faits marquants sur le sol de la commune

XIVème siècle

En 1308, Baudouin, sire de Péruwelz et son épouse Isabelle du Roeulx créèrent  un hôpital des pauvres à Péruwelz (emplacement de l’actuel Château Petit, rue Albert Ier). Il se trouvait donc à proximité du château seigneurial, du moulin et de l’église (square Albert Ier).

Progressivement le village se transforma grâce à l’artisanat et le commerce, sur la rive gauche de la Verne en direction de Condé, le long de la rue de Sondeville (rue « au-dessus de la ville »).

Pendant la guerre de Cent Ans (1337-1453), la majorité des seigneurs du Péruwelzis participèrent aux différents conflits. Certains d’entre eux (Péruwelz, Wiers) périrent lors de la bataille d’Azincourt en 1415. Leurs châteaux (Briffoeil, Biez, Péruwelz,  …) subirent quelques attaques et sièges. C’est au cours de ces années que la plupart des éléments défensifs furent construits ou améliorés.

XVème siècle

En 1477, le roi Louis XI de France, voulant se venger des avanies subies de la part de Charles le Téméraire, duc de Bourgogne et souverain des Etats Bourguignons (dont le Hainaut faisait partie), s’attaqua aux domaines de sa fille, Marie de Bourgogne. Il envahit la région de Valenciennes. Son objectif était de pousser la population à se rebeller contre l’autorité en place. Cantonné aux environs de Leuze, le roi de France envoya ses troupes piller les fermes et saccager les champs afin de mettre à mal l’économie hennuyère. Les lieux fortifiés subirent très peu de dommages, ce qui ne fut pas le cas des fermes seigneuriales. Après plusieurs mois, Maximilien d’Autriche, époux de la duchesse Marie de Bourgogne, finit par chasser les troupes de Louis XI.

XVIIème siècle

Péruwelz, grâce à son économie et son commerce, se transforma en une bourgade bourgeoise. Les familles principales, qui se consacraient à la fabrication de bas, à la teinturerie et au négoce, se firent construire de belles demeures autour de la place et des rues principales. On assécha les zones humides de la rive droite de la Verne (future Grand-Place). C’est là qu’on installa le pilori. Une grande partie des maisons en torchis et toit de chaume furent remplacées par des édifices construits en pierre et en brique. On produisait celle-ci à grande échelle dans le village voisin de Bury, dont le sol est argileux. On aménagea la forêt au sud du village par de larges drèves pour la promenade. On s’y rendait par l’une d’elle qui deviendra le boulevard Léopold III.

En 1627, le comte d’Egmont, seigneur de Péruwelz, céda l’hôpital des pauvres à la Congrégation des sœurs Brigittines (de l’ordre du Saint-Sauveur). Elles s’y installèrent en 1632 et fondèrent le Couvent de Sainte-Marie-aux-Fontaines (actuel Château Petit, 56, rue Albert Ier). On y trouvait une église, un enclos et un jardin.

En 1641, il vendit le château et la seigneurie à Ambroise de Croÿ, comte de Solre.

La deuxième moitié du siècle fut marquée par les guerres d’invasion de Louis XIV qui cherchait à agrandir son territoire aux dépens des Pays-Bas Espagnols. Il y parvint en partie, puisque le traité de Nimègue de 1678 lui attribua la prévôté de Valenciennes, dont Condé faisait partie. Péruwelz devint ville frontière. Les de Croÿ devenaient seigneurs des deux villages (et d’autres) de part et d’autre de la frontière, vassaux d’un côté du roi de France et de l’autre du roi d’Espagne, puis de l’archiduc d’Autriche (donc de l’empereur de Germanie) à partir de 1713.

XVIIIème siècle

Une longue période de paix s’ensuivit, favorable au commerce et à l’économie. Les familles de la bourgeoisie, occupées par la fabrication et le commerce de la laine, s’investirent dans d’autres domaines, notamment l’industrie du cuir (tanneries, cordonneries, pelleteries, …), la production de chaux, la transformation du métal.

Cette période faste fut interrompue, sans trop de mal, par une nouvelle guerre d’invasion, cette fois de la part du roi Louis XV. En 1745, lors de la bataille de Fontenoy, les villages durent verser des sommes d’argent aux belligérants afin d’éviter les pillages.

En 1774, avec l’accord de l’impératrice Marie-Thérèse, une nouvelle chaussée pavée relia Péruwelz à la barrière de Bury, financée par un impôt sur la vente de bière et de vin dans la seigneurie et par un droit de passage (tonlieu) à une barrière. La même année, on construisit aussi le pavé allant de Bon-Secours à Péruwelz, en partie aux frais du duc de Croÿ. En 1779, Bon-Secours fut relié à Condé.

En 1784, l’empereur Joseph II, dans sa politique de réforme, supprima le couvent des Brigittines, où l’on enseignait, ce qui fut préjudiciable pour l’éducation des jeunes de la cité. La propriété fut vendue par lots.
 
A la fin du siècle, à l’initiative des de Croÿ, on effectua divers forages en vue de trouver des veines de houilles.

Pendant ce siècle, l’habitat s’est densifié à Péruwelz, notamment avec l’arrivée d’ouvriers. Les fermes se sont également agrandies pour pourvoir à l’alimentation d’une population plus importante. De nouvelles terres furent asséchées. On y comptait près de 5000 habitants.

La commune

Une première loi, instaurant une commune (avec maïeur et échevins) fut mise par écrit dès le XIIème siècle. On y suivait la coutume de Valenciennes. Cette charte fut confirmée par le sire Nicolas de Péruwelz à son retour de la IIIème croisade. Elle permettait aux échevins de rendre la basse justice. Ce document fut brûlé dans un incendie. On la renouvela en 1419.

Deux marchés hebdomadaires et une foire annuelle ont été instaurés à Péruwelz à des dates non connues.

La période française (1792/1794-1814)

En 1792, des troupes autrichiennes furent cantonnées à Péruwelz. Dans le courant du mois d’octobre, des colonnes françaises de soldats révolutionnaires pénétrèrent dans la région de Blaton et de Péruwelz. Ils procédèrent à des réquisitions. Des témoignages font état de la destruction d’une partie des bâtiments du couvent des Brigittines à Péruwelz.

Avec la Révolution et l’abolition des droits féodaux, la bourgeoisie industrielle et commerçante locale s’émancipa de l’aristocratie des de Croÿ et fit prospérer Péruwelz. Elle racheta de nombreux « biens nationaux », soit d’anciennes propriétés seigneuriales ou religieuses confisquées par les occupants et leurs collaborateurs.

Sur le plan religieux, le Concordat, signé le 16 juillet 1801 par Bonaparte, redessina les diocèses. Le Hainaut fut transféré de celui de Cambrai à celui de Tournai.

En 1814, Napoléon et ses armées, après la défaite de la campagne de Russie, rentra au pays. Il était suivi par les troupes alliées qui le poursuivaient. Le 10 février 1814, des troupes de Cosaques pillèrent, pendant quatre jours, les commerces de la ville. Elles firent place, le 14 février, aux Prussiens qui resteront jusqu’au mois de juillet.

Période hollandaise (1814-1830)

Péruwelz obtint le titre de ville en 1816 sous le régime hollandais.

Le roi Guillaume Ier des Pays-Bas, dans son souci de favoriser l’économie, autorisa la construction du canal Pommeroeul-Antoing en 1823-1826. Il permettait de court-circuiter la douane française de Condé où de lourdes taxes d’importation grevaient le commerce fluvial. A Péruwelz, on aménagea des quais de déchargement (de matières premières). Ce qui aida le développement industriel.

Sous Napoléon, le blocus du commerce maritime français par les Anglais réduisit l’importation de sucre de canne. On commença à cultiver la betterave sucrière pour compenser. Quatre sucreries furent créées à Péruwelz. L’exportation du sucre fut favorisée par le roi Guillaume Ier des Pays-Bas. Cette industrie restera florissante jusqu’en 1870.

Le roi lui-même vint en visite dans la ville en 1829.

Un an plus tard, les Belges se révoltaient contre la tutelle hollandaise. Elle fut renversée lors des journées de septembre. De Péruwelz partit une compagnie de volontaires forte d’une septantaine d’hommes. Ils participèrent aux combats de Waelhem, Berchem, Anvers…

Répartition des pouvoirs pendant la période contemporaine (à partir de 1830)
  • Etat: le royaume de Belgique
  • Province: Hainaut
  • Arrondissement administratif et judiciaire : de Tournai
  • Canton: Péruwelz (chef-lieu)

Au XIXème siècle, se poursuivit la prospérité de la ville, grâce à son industrie et son commerce, grâce aussi à sa situation favorable comme ville-frontière sur l’axe routier allant de Gand à Valenciennes. Ce fut l’occasion de donner un nouveau cachet urbain à la cité.

En 1846, la Ville acheta une maison sur la Grand-Place pour en faire son hôtel de Ville et sa Justice de Paix (n°2). On la rénova et on lui donna une apparence classique.

Vers 1860, le curé fit appel à la Congrégation des Sœurs de Saint-Charles de Wez pour créer une école chrétienne. Elles achetèrent la maison Castiau (rue Pont-à-la-Faulx). On y aménagea un pensionnat et une chapelle.

En 1861, fut fondé un nouvel hôpital par Me Marie-Rosalie Petit.

L’école moyenne des garçons vit le jour en 1864.

De 1867 à 1870, le chemin de fer s’installa à Péruwelz. On aménagea d’abord une gare-baraquement à La Buissière. En 1868, Anzin fut relié à la frontière. En 1869 et 1870, on vit l’achèvement de la ligne Saint-Ghislain-Tournai, par Péruwelz et Antoing. Une nouvelle gare fut construite, avec un entrepôt (détruit en 1984), un bureau des recettes et un bureau des douanes. Un nouveau quartier apparut autour de cette gare, avec ses hôtels et ses commerces.

Le XIXème fut aussi prospère que les précédents et semble être resté à l’abri des grands mouvements sociaux que l’on connut dans les bassins houillers voisins. La population s’accrut. L’habitat continua de progresser à partir du centre. Des maisons bourgeoises, mais aussi des masures ouvrières virent le jour dans de nouveaux quartiers. On créa de nouvelles rues. La drève de Péruwelz à Bon-Secours se transforma en boulevard (appelé plus tard Léopold III), bordé de demeures bourgeoises. Le cimetière fut déplacé. 

La Belgique ne fut pas directement impliquée dans ce conflit de 1870 qui opposa la France voisine et l’Allemagne. Cependant, dès les 5 et 6 septembre, le Péruwelzis vit l’arrivée des habitants de Condé et de Valenciennes, suivis de ceux des villages avoisinants. Cet afflux était constant et, le 24 octobre, des gardes vinrent de Leuze renforcer le dispositif de contrôle. Cela resta insuffisant et, au mois de décembre, il fallut avoir recours à une compagnie de Tournai pour empêcher l’introduction de la peste bovine sur notre territoire.
En janvier 1871, on eut encore besoin de quelques 300 hommes supplémentaires pour maintenir l’ordre en ville.

C’est en 1880 que l’on construisit l’école moyenne des filles, en style renaissance.

En 1900, on comptait sur le plan industriel des sucreries, trois filatures, des manufactures du cuir (tanneries, cordonneries, fabriques de chaussures), une fonderie, des carrières, des scieries, … On se tourna aussi vers les produits chimiques, la fabrication d’objets en celluloïd et de produits en béton.

Première Guerre Mondiale

Le Péruwelzis n’échappa pas à l’occupation allemande. Excepté quelques escarmouches, le 23 août 1914, dans le bois de l’Hermitage à Condé, entre des Uhlans et des Français, aucun combat n’eut lieu sur le sol péruwelzien. Mais la ville fut traversée par le deuxième corps d’armée allemand. Le village fut occupé plus de quatre ans. Une sucrerie fut transformée en dépôt de munitions. Une tannerie servit de gare de transition. Le couvent des Bernardines de Bon-Secours fut aménagé en hôpital. Le château de l’Hermitage (côté français dans le bois) servit de Kommandantur.  
Les Allemands occupèrent les villages jusqu’au 7 novembre 1918, date à laquelle ils quittèrent la région en détruisant les ponts et les carrefours. Le lendemain, des troupes anglaises passaient la frontière.

Le 5 décembre de la même année, le roi d’Angleterre, George V, s’arrêta brièvement sur la Grand’Place de Péruwelz.

 Deuxième Guerre Mondiale

Dès 1938, les autorités militaires craignaient déjà une attaque allemande. Par précaution, des tranchées furent creusées et les ponts situés aux abords du canal à Roucourt furent constamment surveillés.
La population évacua en France sous les mitraillades des avions ennemis dès l’invasion allemande.

L’occupation s’ensuivit. Finalement, en septembre 1944, l’occupant se replia sous la pression des Anglais et des Américains.

 La fusion des communes en 1976 rassembla dans l’entité communale de Péruwelz les villages suivants : Baugnies, Bon-Secours, Braffe, Brasménil, Bury, Callenelle, Roucourt, Wasmes-Audemetz-Briffoeil et Wiers. 

Economie

Dans les villages, l’économie dominante était dès le Moyen-Age l’agriculture et l’élevage. On y associait des activités artisanales annexes.

Il existait un moulin à eau, attesté en 1302. La roue à aubes était actionnée à partir d’une réserve d’eau. On y a construit au XVIIIème siècle « la maison du moulin » (rue Albert Ier, 20) et on a comblé la mare d’eau en 1865. Les aménagements en façade datent de 1732. On y voit les armoiries de Marie de Milendonck, veuve du seigneur Alexandre de Croÿ. La propriété fut vendue comme bien national par les Révolutionnaires. Un certain Trufin l’acheta en 1809 pour continuer l’activité de meunerie. En 1885, on le fit fonctionner avec une machine à vapeur. Peu après, on y arrêta les activités, déplaçant le moulin le long du canal.

Des brasseries, associées à des estaminets, émaillaient le village.

Progressivement, comme dans beaucoup de villes de Flandre et de Hainaut, on instaura des activités textiles : traitement de la laine et du lin (filage, tissage, teintureries, bonneteries, fabrication de bas), ainsi que du cuir (tanneries, cordonneries, …)

Au XVIIIème siècle, la métallurgie pouvait compter ici sur des boulonneries et des chaudronneries.

Exploitation du sous-sol

Dès l’époque romaine, on a extrait du sous-sol de la pierre. Au hameau du Noeumoulin, le calcaire était extrait uniquement en surface à cause de la montée d’eau dans les carrières. Celles-ci serviront de viviers aux seigneurs de Péruwelz pendant le Moyen-Age.

La pierre de sable (ou grès de Grandglise) fut retirée des crêtes sableuses à Bon-Secours (le Manège), à Wiers (Mont-de-la-Garenne) et au Mont de Roucourt. On utilisa les moellons pour la construction.

Au XVIIIème siècle, Emmanuel de Croÿ entama une vaste campagne de prospection houillère sur ses terres. On découvrit plusieurs veines de charbon dans la forêt de Bon-Secours. Mais c’est surtout à Condé et à Fresnes qu’on commença à exploiter plus intensément. C’est lui qui fonda en 1757 la Compagnie des Mines d’Anzin, dont le siège se trouvait en son château de l’Hermitage à Condé.

Commerce

Péruwlez a beaucoup bénéficié du commerce de transit entre Valenciennes et Gand. La création d’une nouvelle frontière en 1678 (traité de Nimègue) a renforcé l’importance de la cité. Il faut aussi souligner que dans les deux derniers siècles de l’Ancien Régime, la famille de Croÿ était propriétaire de grands domaines de part et d’autre de cette frontière (Condé, Péruwelz, Bernissart, Blaton) et que cela favorisait le transport de marchandises.

Patrimoine

L’ancien château seigneurial. Il est attesté dès le XIIème siècle. Il se situait dans le parc où il reste quelques vestiges. Ses douves étaient alimentées par les ruisseaux et la Verne. Lorsque les Berlaimont devinrent seigneurs des lieux, ils ne résidèrent pas à Péruwelz et y laissèrent un bailli. Cependant au XVIIème siècle, le comte Louis d’Egmont commença à restaurer le château. Il fit aménager le parc et un étang. Il fit construire un nouveau corps de logis sur les assises médiévales. En 1641, le seigneur de Croÿ acquit le domaine et son château. Il acheva la restauration et les aménagements. Cette famille n’y résida que 8 ans. Elle alla ensuite s’installer à Condé, laissant un bailli sur place. Celui-ci ne semble pas s’être très soucié de l’édifice, car en 1719, Philippe Alexandre de Croÿ nota quelques interventions. Ce seigneur était un grand chasseur. Il fit construire un chenil pour ses meutes.

Lors de la Révolution, les de Croÿ se réfugièrent en Autriche. Leurs domaines furent vendus et laissés à l’abandon. Le bâtiment du château servit de résidence jusqu’en 1803 au juge de paix du canton nouvellement créé. A son retour, le duc de Croÿ racheta l’ensemble, conserva le château et vendit le domaine par parcelles dès 1809. Il fit raser les murs extérieurs, démolir le chenil, les tourelles et ce qui restait de la chapelle.

En 1842, Charles Tondreau acheta le château, puis le vendit en 1852 à une brasserie. On y fit d’importants aménagements pour en faire un bâtiment industriel.

En 1865, la Ville acheta une partie de l’étang pour en faire le parc communal. Elle acheta l’ensemble en 1982 et le domaine sera intégré au parc communal Edouard Simon. Il reste aujourd’hui la porte d’entrée (1642) et le cellier (début XVIIème).

Eglise Saint-Quentin,

Bâtiment de 1611, dont il reste la tour, gothique, qui porte encore les blasons de Berlaymont et d’Egmont. A cause de l’augmentation importante des paroissiens au XIXème siècle, on décida de raser le chœur et la nef et de reconstruire en 1847 un nouveau bâtiment en style renaissance.

La cure (rue de Sondeville, 2), deuxième tiers du XVIIIème, style tournaisien.

Basilique Notre-Dame de Bon-Secours

Selon la tradition orale, une personne au XVIème siècle plaça une « image » de la Vierge au sein d’un vieux et gros chêne. On venait s’y recueillir et demander le soulagement de ses maux. Cette époque était marquée par les guerres religieuses. Le curé Martin Lebrun préféra instaurer un culte « officiel » et édifia en 1606 un petit oratoire en l’honneur de « Notre-Dame de Bon-Secours », à la lisière du bois. On commença alors à organiser des processions et des pèlerinages depuis 1603. Une épidémie sévit dans la région en 1636. Une grande procession fut à nouveau organisée et l’année suivante on construisit une chapelle. L’endroit acquit rapidement de la renommée et son pèlerinage de la notoriété au cours des XVIIème et XVIIIème siècles.

Tout autour, un quartier de boutiques et d’auberges s’installa. On agrandit la chapelle en 1645.

En 1803, une paroisse fut érigée, succursale de celle de Péruwelz. Supprimée en 1808, elle fut finalement reconnue en 1842.

En 1885, on décida d’élever une basilique aux sorties des drèves de Péruwelz et de Condé pour en faire un véritable site de pèlerinage. Le bâtiment est construit suivant un plan centré octogonal, surmonté d’une tour-lanterne et entouré de chapelles. Deux clochers sont élevés en façade dans un style gothique scaldien. La statue de la Vierge domine le chœur. Le maître-autel a été financé par la famille de Croÿ.

Hôtel de Ville, 1846

Place

Elle est bordée de belles demeures construites à la fin du XVIIIème siècle et dans la première moitié du XVIIIème en style tournaisien, mélange d’architecture locale et classique, avec alternance de briques et de pierre bleue de Tournai (n°36-37-38 et 41). On y trouve également, en style rococo (proche du baroque), la demeure de François-Joseph Dubuisson, un négociant de bas (n°4, 1977), ainsi que celle de Nicaise Prévost, ancien maître teinturier et maïeur (1716).

Parc Communal Edouard Simon

En 1859, sous le mayorat d’Edouard Simon, on décida de combler une partie de l’étang du château, devenu un véritable égout, et d’y aménager un parc. On y planta des marronniers. Le reste de l’étang et du jardin du château (devenu brasserie) fut également acheté en 1885. Les différents cours de la Verne furent réunis en un seul qui fut voûté. En 1894, un architecte paysagiste redessina le parc pour en faire un espace de promenade. Un kiosque à musique, en style Art Nouveau, fut érigé en 1900.

Un lavoir communal (Dubuisson-Coppin) fut construit en 1860, recevant son eau de deux fontaines voisines. Il fut même couvert d’une galerie vitrée en 1912 (qui disparut plus tard). Un monument-fontaine est érigé en 1907 en l’honneur d’Edouard Simon.

Le pilori y a été placé. Il présente à son sommet une tête de lion sculptée.

D’autres parcs et squares ont également été aménagés : le square Albert Ier (1924, avec le mémorial de la Première Guerre), le parc de Keyser dans l’ancien jardin du château. L’hôtel de maître de la famille de Keyser fut acheté par la Ville en 1848 et transformé en hôtel de Ville.

Hôtels de maître

Le château Petit (rue Albert Ier, 56), édifié dans la seconde moitié du XIXème sur l’ancien couvent des Brigittines. Style des palais de la Renaissance italienne du XVIème. Edmond Petit était un industriel.

Le château Duez (bd Léopold III, 126), 1895. Style Renaissance flamande. Eugène Duez était un industriel de la filature.

Le château Beaumont (bd Léopold III, 108), 1898. Style Renaissance flamande.

Le château Marlot (bd Léopold III, 88), 1908. Style Renaissance flamande.

Maison (rue Astrid, 11), 1899. Art Nouveau (courbes végétales, emploi du fer)

Maison (rue Flament, 12). Art nouveau avec sgraffite de Cauchies.

Hôtel Simon (rue Astrid, 9), 1907. Art déco (formes géométriques). Actuel internat.

Hôtel Baugnies/Château de la Roseraie (bd Léopold III, 58). Art nouveau et art déco égyptisant. Edmond Baugnies était tanneur et homme politique. Actuel Centre de Dépaysement et de Plein Air de la Communauté Française.

Hôtel Mahieu (Vieux chemin de Leuze, 126), style anglais Arts and Crafts, 1922.

Bibliographie

Histoire de la Ville de Péruwelz, abbé Petit, Mémoires et publications de la société des sciences, des arts et des lettres du Hainaut T6, p97, Imprimerie Dequesne-Masquillier, Mons, 1871

Péruwelz, ville frontière, D. Kajdanski, Carnet du Patrimoine n°86, IPW, 2011

Fontaine-l’Evêque

Entité communale de Fontaine-l’Evêque

Le territoire

Superficie: 1144 ha

Altitude: 100 m

Situation géographique : le territoire est situé au sud du plateau brabançon dans le bassin hydrographique de la Sambre.

Cours d’eau : la rivière l’Ernelle, qui vient de Forchies et va vers Goutroux. Elle reçoit quelques ruisseaux dans le village : de la Charbonnière, du Bois, de Blanche Maison et de Belle-Fontaine, de la Babelonne, de Beaulieusart.

Paysage préhistorique (après la dernière période glaciaire) : la Forêt Charbonnière, dont il reste le “Bois de la Charbonnière” entre Fontaine et Goutroux.

Nature du sol : limoneux

Nature du sous-sol : grès (marbre), houille, pierre à chaux

Préhistoire

Une lame de silex, trouvée en 1929 près de l’étang de la panneterie de Beaulieusart, qui servait de grattoir ou de racloir.

Une autre lame a été trouvée en 1929 à proximité des anciens remparts au nord.

Antiquité gallo-romaine

Le territoire se trouvait à la limite orientale du territoire nervien. Selon Parée, il existait un oppidum dans le bois de la charbonnière dominant la vallée de l’Ernelle.

Il y aurait des vestiges d’une villa romaine à la limite de Forchies, au bord du ruisseau la Charbonnière, et des restes d’un cimetière romain, trouvé au Calvaire Mascaux en 1895 avec des monnaies de Néron.

Premier Moyen-Age (période franque mérovingienne et carolingienne)

On a découvert des des sépultures franques, en 1856 avec des objets de bronze et des poteries.

Deuxième Moyen-Age – le village

Première mention: 868 (polyptyque de Lobbes)

Toponymie (anciennes orthographes) :

Lerna Fontanis, 868

Etymologie (hypothèses d’origine du nom) :

Le nom primitif de ce village était « Ernel aux Fontaines  », c’est-à-dire le « désert aux fontaines » et c’est en latinisant ce nom qu’il devint « Lerne », forme sous laquelle il fut cité en 868 dans le polyptyque de l’abbaye de Lobbes  (Lerna Fontanis).

  • Fontanis fait référence aux nombreuses sources sur son sol.
  • Lerna signifie peut-être « désert »
  • ou vient du celte Lederna voulant dire « rivière bouillonnante »
  • Herna signifie « pierre ». Li herna fontalis ? Pierre aux fontaines ?

Le nom de Fontaine  apparut seul dans un acte de 1212 et il n’a pris son surnom que vers 1260, lorsque Nicolas, évêque de Cambrai (1249-1272), eut donné cette terre à une de ses parentes.

Epoque de son apparition: entre le Xème et le XIème siècle

Facteurs ayant favorisé son émergence :

voies de communication: le site primitif est à l’écart des grandes voies de communication antiques, mais y seraient passés des chemins médiévaux, notamment celui de Cambrai à Liège, passant par Binche et Anderlues.

sources d’eau ou cours d’eau: les sources et nombreux ruisseaux

source de bois: région boisée

proximité d’un lieu de pouvoir: château seigneurial

Paroisse dédiée à Saint-Christophe, dépendante à l’origine de la paroisse de Leernes. En 1246, les paroissiens de Fontaine désirèrent une paroisse propre. Ce qui fut approuvé par Guy de Laon, évêque de Cambrai, diocèse dont elle dépendait.

Evêché: de Cambrai (jusqu’en 1804), puis de Tournai ensuite

Décanat/doyenné: Binche

Autel (dîmes, entretien de l’église, nomination des officiants) donné à ?

Avec le développement de la ville, on créa plus tard (date ?) une paroisse Saint-Vaast, dépendant cette fois de l’évêque de Liège et du doyen de Thuin.

Répartition des pouvoirs pendant la période féodale

Autorité supérieure: comté de Hainaut

Autorité sous-jacente (administrative et judiciaire): prévôté de Binche

Seigneuries et fiefs

Le premier document écrit connu date de 868. C’est le cartulaire de l’abbaye de Lobbes où l’on trouve un inventaire de toutes leurs possessions. Le domaine de Lerna Fontanis était du nombre. Il s’agissait d’un don en 743 de Carloman, maire du palais d’Austrasie et frère de Pépin le Bref.

Au IXème siècle, Fontaine et Leernes ne formaient qu’une seule localité sous ce nom. Deux petites agglomérations de paysans s’y étaient constituées.  On sépara Fontaine de Leernes en 1234. La dénomination « Fontaine-l’Evêque » date de vers 1251. Du temps où le seigneur, Nicolas de Fontaine, devint évêque.

L’endroit était juste à la limite entre le comté de Hainaut et la principauté de Liège. Ce fut à la fois un avantage, car Fontaine put vivre longtemps en quasi autonomie. Mais cette situation amena toujours des conflits entre les deux provinces qui se disputaient la petite ville florissante.

La seigneurie principale

Si le domaine appartenait encore au IXème siècle à l’abbaye de Lobbes, comme ce fut souvent le cas, ce ne l’était plus le cas au XIème siècle. Entre-temps, les comtes de Hainaut se l’étaient appropriés. Ils créèrent alors un fief ample, dépendant de la cour féodale de Mons. Le village d’Anderlues en fut une dépendance.

Fontaine devint une baronnie du comté de Hainaut.  Elle prit assez rapidement des formes urbaines.  Plusieurs familles se succédèrent à la tête de cette seigneurie.

Famille de Fontaine

La première prit le nom du lieu.

Gilles I « Gillon » de Fontaine (1030- 1073) est le premier seigneur connu, nommé sans doute par la comtesse Richilde de Hainaut et son mari Baudouin I de Flandre. Lui succédèrent :

  • Gilles II de Fontaine (1050-1097), fils du précédent.  Deux de ces fils, Guy et Foulques, moururent lors de la première croisade. L’aîné lui succéda.
  • Gauthier I de Fontaine (1085- ?), fils du précédent
  • Gauthier II de Fontaine (1110-1183/1186, Aulne), fils du précédent
  • Gauthier/Wauthier III de Fontaine (1145, Fontaine – 1235, Fontaine), fils du précédent. Par son mariage, il devint aussi seigneur de Boussu, d’Hautrage, de Villerot et d’une partie de ville (-Pommeroeul).
  • Son fils Nicolas de Fontaine ( ?-1272) lui succéda. Mais ce dernier s’engagea dans une carrière ecclésiastique, où il fut successivement chanoine à Cambrai, archidiacre à Valenciennes, prévôt à Soignies et enfin évêque à Cambrai. Le pape lui confia une mission diplomatique dans le conflit Avesnes-Dampierre quant à l’héritage controversé des deux comtés de Flandre et de Hainaut.
  • Il confia ses seigneuries à sa sœur Mahaut de Fontaine-Boussu ( ?-1274).

Maison de Hennin-Liétard

  • Baudouin II de Quincy « de Hennin-Liétard » (v1202-1259). Seigneur de Quincy, il était devenu seigneur de Hénin-Liétard en épousant Marie, dame de ce village situé aujourd’hui à Hénin-Beaumont (Nord). Il n’en eut pas d’héritier. Il abandonna le nom de Quincy.
  • Il épousa en secondes noces vers 1225 Mahaut de Fontaine-Boussu ( ?-1274). Désirant partir à la Septième croisade (avec le roi Louis IX « le saint » de France), il vendit les terres de Hennin. Il fut fait captif avec le roi là-bas, mais revint en 1254 pour mourir en 1259. Sa veuve hérita en 1272 des biens de son frère, comte-évêque de Cambrai. Deux de leurs enfants se partagèrent les deux seigneuries de Boussu et Fontaine. Jean I hérita de Boussu.
  • Baudouin I de Hénin-Liétard (1238-1288) devint seigneur de Fontaine par héritage maternel. En épousant Isabeau de Hainaut, fille de Philippe de Hainaut, seigneur de Sebourg, Angre et Fayt, aussi frère du comte Baudouin V de Hainaut, il devint seigneur de ces lieux. Lui succédèrent :
  • Baudouin II de Hennin-Liétard (v1245-v1295), fils du précédent
  • Baudouin III « Gérard » de Hennin-Liétard (v1281-v1325), fils du précédent
  • Baudouin IV de Hennin-Liétard ( ?-apr1394), fils du précédent – sans postérité
  • Baudouin V de Hennin-Liétard ( ?-1399), neveu du précédent – sans postérité
  • Jean I de Hennin-Liétard ( ?-1415, à la bataille d’Azincourt), frère du précédent
  • Baudouin VI de Hennin-Liétard ( ?-apr.1422), fils du précédent. Il vendit Angre.
  • Baudouin VII de Hennin-Liétard ( ?-apr.1458), fils du précédent
  • Jean II de Hennin-Liétard ( ?-avt 1514), fils du précédent. Il vendit Sebourg.
  • Baudouin VIII de Hennin-Liétard ( ?- 1529), fils du précédent. Il semble qu’il y ait ici deux versions, à moins qu’il y ait eu une co-seigneurie.
  • Anne de Hennin-Liétard (1510-1587), fille de Baudouin VIII, qui épousa en 1532 Jacques de Croÿ, comte de Solre-le-Château.
  • Leur fils Antoine de Croÿ aurait hérité de Fontaine. Il n’eut pas de postérité. Après ?
  • Jean II de Hennin-Liétard aurait légué Fontaine, non pas à son fils Baudouin VIII, mais à la sœur de celui-ci, Jacqueline de Hennin-Liétard, ce qui permet le passage aux autres familles connues.

Famille de Hamal

  • Jean de Hamal ( ?-1533), déjà baron de Vierves, devint seigneur de Fontaine-l’Evêque après avoir épousé en secondes noces Jacqueline de Hennin-Liétard ( ?-1560). Gentilhomme à la chambre de Charles Quint, il devint par la suite gouverneur de Bois-le-Duc.
  • Ils eurent une seule fille Marie Valentine Clémence de Hamal ( ?-1596), qui, à sa troisième noce, épousa Jean II d’Argenteau (avt1540-1590).
  • Leurs deux enfants ne semblent pas avoir porté le titre de seigneur de Fontaine-l’Evêque. Le domaine a sans doute été vendu.

Famille de Herzele

Fontaine passa dans cette famille par achat.

  • Il semble que ce soit Philippe de Herzelles ( ?-1597), seigneur de Lillaere, qui l’acquit.
  • Lui succédèrent ses trois fils, Antoine de Herzelles, Philippe de Herzelles et Gabriel de Herzelles. Aucun n’a eu d’enfant.
  • Leur sœur en hérita.

Maison de Rodoan

  • Charles-Chrétien de Rodoan (avt1593- 1653), par mariage en 1617 avec Alardine de Herzelles ( ?-1637). Leur succédèrent :
  • François Gabriel de Rodoan ( ?-1639), fils du précédent, mort sans postérité.
  • Philippe Albert de Rodoan (avt1620- ?), frère du précédent
  • Michel Luc Camille de Rodoan (avt1654-1702), fils du précédent
  • Michel Camille Joseph ( ?- ?), fils du précédent, mort sans postérité. 
  • Antoine Adrien Joseph de Rodoan (v1698-1756), frère du précédent
  • Adrien François Isidore Joseph de Rodoan ( ?-1761), fils aîné du précédent. Il fut créé en 1755 comte Rodoan de Forchies la Marche.
  • Charles Amour Joseph Jean Népomucène François Régis (1759- ?). Ce chambellan de l’empereur d’Autriche fut le dernier seigneur féodal de Fontaine-l’Evêque. 

    Carte de Ferraris (XVIIIème)
La commune

Wauthier de Fontaine en 1212 accorda à ses sujets de Fontaine une charte reprenant un règlement écrit des droits seigneuriaux et des rapports avec les bourgeois (libertés, privilèges, …). Celle-ci fut confirmée en 1422 par Baudouin de Hennin et resta en vigueur jusqu’en 1794.

Le village s’était rapidement urbanisé dès le XIIème siècle, ce qui lui valut une charte urbaine. 

Le commerce et l’artisanat se développèrent. Une maison de ville fut bâtie sur la place. On instaura un marché sur cette place, par laquelle passait la route qui allait de Liège à Cambrai, route empruntée par les marchands allemands et français. On organisa des foires. La cité fut fortifiée au XIIe ou au XIIIe siècle sur un périmètre de 2800 m. Les seigneurs y avaient leur château. Un atelier de sculpture est mentionné.

Les bourgeois de Fontaine-l’Evêque se sentaient autonomes par rapport aux autorités liégeoises et hennuyères qui se disputaient la possession de la ville. On n’envoyait pas de députés aux Etats de Hainaut ni de Liège. On ne leur payait pas d’impôts. Le seigneur battait monnaie et exerçait la justice, indépendamment des prévôtés.

Les conflits furent interminables. Il fallut attendre 1757 pour que l’impératrice Marie-Thérèse, de façon autoritaire, après une brève occupation militaire, ne place définitivement la ville en Hainaut et dans la prévôté de Binche.

Evènements et faits marquants sur le sol de la commune

1146 – Saint-Bernard, voyageant entre Liège et Cambrai s’arrêta à Fontaine. Il y fit des miracles. Une chapelle a été édifiée à proximité pour rappeler le fait. Aujourd’hui disparue depuis la fin du XIXème.

1313 – la ville fut choisie comme lieu de réunion pour arbitrer les contestations entre le Hainaut et Liège. 

1395 – conflit entre les deux provinces – révolte locale. Les magistrats locaux formèrent une confédération avec les 13 villes de la Principauté liégeoise qui promettaient assistance.

1408 – révolte de ces villes contre le prince-évêque Jean de Bavière. Le seigneur de Fontaine soutenait l’évêque de Liège, d’où une guerre locale entre le châtelain et les vassaux. Les  bourgeois brûlèrent le château et les gens d’armes s’en prirent à la ville. Incendie de la maison de ville. Disparition de la charte de 1212. 

1441 – Baudouin VII de Hennin reconnut la souveraineté de la Principauté. Mais les querelles continuèrent.

1465 – Philippe le Bon, en guerre contre la Principauté, envoya des troupes défendre la ville contre les Liégeois. Il y laissa une garnison.

1502 – Marguerite d’York, veuve de Charles le Téméraire, confirma les droits de la ville.

1554 – les troupes d’Henri II incendièrent le château et l’église Saint-Christophe. 

1604 – pillage par des compagnies de Hollandais – l’église St-Vaast servit d’écurie pour les chevaux.

1608 – les troupes espagnoles se comportèrent de la même façon.

1629 – installation d’un couvent de religieuses Récollectines de Philippeville ; elles instruisirent les jeunes filles de la noblesse. 

1652 – campement de troupes françaises – réquisition de fourrage

1653 – arrivée de Récollets qui ouvrirent un couvent (endroit de l’actuel hôtel de ville et parc communal, sur un terrain d’Albert de Rodoan) avec une église et un collège pour humanités.

1693, après la bataille de Neerwinden, le maréchal de Luxembourg, commandant l’armée française, fit le siège de Charleroi. Une partie de l’armée campa à Fontaine, où elle se livra à des pillages et la dévastation des deux couvents. Ils y tinrent une garnison jusqu’en 1697 (paix de Rijswijck), lorsqu’il s’est agi de restituer la ville à l’Espagne. Nouveaux ravages au départ des troupes.

1698 et 1709  – grandes famines

1736 – démolition d’une partie des remparts sur ordre du seigneur (corvée)

1757 – jusqu’ici les conflits continuaient entre les deux provinces. L’impératrice Marie-Thérèse rattacha Fontaine définitivement au Hainaut.

1752 – nouvel hôtel de ville (actuel Palais de Justice) pour remplacer celui qui s’était écroulé avec son beffroi en 1712. 

1768 – ouverture d’une halle aux grains pour combattre la famine.

1789-1790 – Fontaine envoya des patriotes lors de la révolution brabançonne contre Joseph II.

1792 – durant les six semaines de la campagne de Sambre-et-Meuse, on connut prise et reprise de Fontaine par les Autrichiens et les Français. Du plateau de l’Espinette, les généraux français Pichegru et Charbonnier allèrent incendier Aulne, Lobbes et Mariemont.

1794 – reprise par les austro-hollandais, puis perte, puis reprise, puis encore perte.

Le 21 juillet 1794 – plantation de l’arbre de la Liberté

Période française (1794-1814)

Fin de l’Ancien Régime féodal en 1794

  • Département: Jemappes
  • Canton: Fontaine-l’Evêque

1795 – installation à Fontaine du siège du tribunal correctionnel de Thuin, jusqu’en 1798. Les couvents servirent d’écuries aux français. Le château seigneurial fut dévasté. 

La municipalité française de Fontaine accorda au comte Charles de Rodoan de vendre et d’exploiter le bois pour payer ses impôts et réparer le château.

Répartition des pouvoirs pendant la période contemporaine (à partir de 1814)
  • Etat: Royaume des Pays-Bas (1814-1830), puis Royaume de Belgique
  • Province: Hainaut
  • Arrondissement administratif: Charleroi
  • Arrondissement judiciaire: Charleroi
  • Canton: Fontaine-l’Evêque
  • Entité communale depuis 1977: Fontaine-l’Evêque

En juin 1815, avant la bataille de Waterloo, la commune dut abriter une armée prussienne. On installa une kommandantur à l’hôtel de ville. 

En septembre 1830, Fontaine envoya 28 volontaires à Bruxelles. Ils gardèrent une prison et combattirent Place Royale le 26 septembre, puis continuèrent en direction d’Anvers.

1914-1918

21 août – arrivée de soldats cyclistes français. Certains installèrent une garnison entre Leernes et Fontaine pour attendre les Allemands qui arrivèrent le 22 par milliers venant de Goutroux. Combat acharné des Français. Un hôpital avait été installé à Fontaine pour les blessés allemands et français. Une autre bataille eut lieu à Anderlues.

Puis, avec l’occupation on assista à des réquisitions, des famines, des déportations et des prises d’otages.

La libération eut lieu avec l’arrivée des Anglais et des Canadiens le 12 novembre 1918, soit le lendemain de l’Armistice.

1940-1944

Les premiers bombardements eurent lieu les 11 et 12 mai 1940. On vit le passage de troupes françaises en route  vers le front et celui des civils dans l’autre sens. Beaucoup d’habitants choisirent de s’exiler vers la France.  Les Allemands entrèrent le 13 mai dans une ville quasi vide.

Occupation – rationnements – couvre-feu – prisonniers et travail obligatoire – résistance (sabotages).

Le retrait allemand débuta au début septembre 1944. Les premières troupes américaines de libération arrivèrent le 4 septembre.

Economie

Jusqu’au XIXème siècle, Fontaine-l’Evêque connut une économie urbaine, faite d’artisanat et de commerce. L’agriculture et l’élevage se faisaient hors de la ville et alimentaient le marché de celle-ci. On décrit:

  • des brasseries
  • des moulins le long de l’Ernelle
  • une tannerie
  • une savonnerie
  • une entreprise de filage du lin
  • une fabrique de tabac en carotte

Deux marchés étaient organisés chaque semaine et deux foires par an.

Mais Fontaine s’est surtout distingué par ses clouteries dès le XIIIème siècle. On comptait encore 17 forges en 1764. Cette activité eut à souffrir des baisses d’exportation vers la France après 1814. Puis on constata une bonne reprise et une modernisation de l’outil après 1830, avec l’ouverture de nouveaux ateliers et de nouvelles forges. La ville détint le quasi-monopole de cette activité en Belgique jusqu’en 1914. Le déclin commença à partir de la crise de 1929. Cette sidérurgie fut reprise par les “Forges de la Providence” de Marchiennes-au-Pont en 1953. On la transforma en tréfilerie. Puis ce fut la fusion avec Cockerill-Ougrée en 1967. On fabriqua aussi des chaînes.

Une verrerie fonctionna à Leernes de 1438 à 1559. Puis elle émigra vers Jumet et Lodelinsart.

On exploita également

  • des carrières de pierre: du marbe blanc veiné de rouge.
  • des carrières de pierre à chaux, avec des fours à chaux dès le XVIIème, avec un fort développement au XIXème, avant le déclin après 1918. On connut cependant une reprise d’une carrière par les Frères Stenuick après 1950 avec une modernisation.

Exploitation du charbon

La première concession connue date de 1756, octroyée par le baron Michel Camille de Rodoan dans le bois de la Charbonnière. Quelques fosses appelées « cayats » fonctionnèrent dans la première moitié du XIXème siècle.

Mais la véritable exploitation commença à partir de 1866, qui aboutit en 1874 à la création de la « SA des Charbonnages de Fontaine-l’Evêque ». Elle s’agrandit avec la concession de Beaulieusart (1869) et celle de Leernes-Landelies (1872). En 1871, elle fut racccordée à la gare de Fontaine puis à celle d’Anderlues. On creusa de nouveaux puits et on construisit des corons ouvriers. On déplora deux coups de grisou, l’un en 1888 (14 morts) et l’autre en 1889 (5 morts). Cette industrie déclina à partir de 1930. Il y eut bien une petite reprise après la guerre, mais le déclin reprit jusqu’à la fermeture en 1964.

Les autres fabriques :

  • chandelles
  • d’armes de luxe
  • de serrures
  • chaudronnerie
Les voies de communication
  • Route Mons-Binche prolongée en Charleroi-Binche, pavée en 1810, sous Napoléon.
  • Puis en 1814 chaussée pavée vers Gosselies par Forchies pour écouler les productions locales vers le nord.
  • 1843 – route pavée Anderlues à Courcelles
  • 1864 – chemin de fer ligne n°112 Piéton-Marchienne-au-Pont (passagers et marchandises)
  • Gare privée du charbonnage
  • Voies vicinales
    • 90 : Charleroi-Fontaine-Binche-Mons
    • 30 : Charleroi-Fontaine-La Louvière
    • 92 : Charleroi-Fontaine-Anderlues-Thuin
    • 79 : Fontaine-Forchies-Trazegnies
Patrimoine

L’ancien château féodal fut construit par les premiers seigneurs de Fontaine sur un rocher entre l’Ernelle et la Babelonne. Il y avait une forge à proximité. Il fut vendu en 1852 par les Rodoan ruinés. Une démolition partielle eut lieu en 1928.

Eglise Saint-Vaast. Elle s’appelait chapelle de Boegnies en 1211. Détruite, elle fut reconstruite en 1785.

Eglise Saint-Christophe. La première fut construite en 1245 et dédiée au patron des voyageurs sur cette voie importante Cambrai-Liège.

Actuel hôtel de ville

Ancien couvent des Récollets, transformés en château par François Haussy (avocat, sénateur, ministre de la Justice en 1847) au XIXème.

Couvent des Sœurs de Sainte-Marie. Installé en 1847 pour enseignement. 

Bibliographie

Histoire de la ville de Fontaine-l’Evêque, J. Parée, 1986, on line: http://www.bivort.com/histoire/Histoire%20Fontaine-l’Ev%C3%AAque.pdf 

Leuze-en-Hainaut

Le territoire

Superficie: 1286 ha

Altitude: entre 45 m (la rivière) et 60 m

Situation géographique : dans la vallée de la Dendre occidentale.

Cours d’eau : la Dendre Occidentale au nord de la ville et le ruisseau d’Herseaux qui traverse la localité du sud vers le nord, venant de Willaupuis au sud et se jetant dans la Dendre Occidentale au nord. De nombreux courants (ruisseaux artificiels) drainent les prairies qui entourent la ville.

Paysage préhistorique (après la dernière période glaciaire) : paysage marécageux entouré de bois. La Forêt Charbonnière s’étendait au néolithique de la Dendre à la Nèthe.

Nature du sol : sablonneux, argileux

Nature du sous-sol : grès et schistes dévoniens, calcaires carbonifères

Préhistoire

Les fouilles ont été nombreuses depuis les années ‘1990, avec l’aménagement du TGV, d’un gazoduc, de la ZAE Europe et du contournement routier de la ville.

Du Paléolithique au Néolithique (Homo Sapiens) : non documenté

Age du bronze :

Fouilles de 2002 lors de l’aménagement d’un rond-point, à 2km au sud du centre sur une petite éminence arrondie  (A. Letor, SPW) : découverte de trois fosses-dépotoirs et une fosse/chablis, contenant des céramiques (bols, jattes, gobelets, vases), des traces de foyers. A proximité des trous de poteaux. Datation : âge du Bronze Final (liens avec la culture RSFO du nord et de l’est de la France).

Des vestiges identiques ont été trouvés à Tourpes et à Aubechies, ….

Ages du fer :

Un trésor de 18 monnaies celtiques a été déterré au Mont d’Or.

Fouilles lors de l’aménagement de la ZAE de l’Europe (Danese, Sornasse, SPW) : découverte de fossés entourant un enclos, pas de vestiges en son centre, fosses, des trous de poteaux (grenier de stockage), des céramiques (jattes, bols, jarres de stockage). On pense à un possible habitat dans une partie du site. Datation: La Tène B2 et C1 (fin IIIème-début Ier avtJC)

Antiquité gallo-romaine

Fouilles dans la même zone de la ZAE en 2011-2012 (Danese, Hanut, SPW):  Vestiges du Haut-Empire romain, près du site du Bronze final évoqué plus haut: céramiques locales, de Bavay et sigillées du Centre de la Gaule ; des mortiers de Bavay. Datation: première moitié du IIème (Letor, 2002, SPW)

Des structures de la seconde moitié du IIème siècle et de la première moitié du IIIème siècle : de nombreuses fosses, des trous de poteaux, des céramiques communes et sigillées (Lezoux), des amphores de Narbonnaise et de Bétique, des mortiers de Bavay, une fibule.

Couture de Bisoirt (gazoduc Ath-Leuze) : découverte de trois fossés et une fosse, contenant peu de céramiques, mais variées (sigillée d’Argonne, en vernis rouge pompéien, engobée de Cologne, mortiers, dolias, amphores – IIème)

Que peut-on en conclure ? Qu’à proximité de l’actuelle localité de Leuze, il exista plusieurs habitats, non définis, à différentes époques de la Protohistoire, soit à l’âge du bronze final et au deuxième âge du fer. Dans l’état actuel des connaissances, il n’est pas permis d’établir une continuité entre les deux périodes.

De la même manière, on ne peut le faire avec ce qui a été découvert, correspondant à la période gallo-romaine (IIème et IIIème siècle). On pense ici,  qu’une structure d’habitat existait au bord d’un tronçon de voie romaine secondaire, allant de Blicquy (chaussée romaine et sanctuaire) à Tournai (vicus au croisement de l’Escaut et d’une autre chaussée romaine). Aucune construction en dur ne semble être attestée, ce qui irait à l’encontre d’une villa gallo-romaine. Par contre, on y a découvert des poteries importées, ce qui évoque un certain niveau d’opulence des maîtres des lieux. Il n’est pas impossible que l’on se trouvait ici sur un grand domaine fiscal impérial.

Comme un peu partout ailleurs, la région s’est désertifiée au Bas-Empire romain et au début de la période mérovingienne.

Premier Moyen-Age (période franque mérovingienne et carolingienne)

Le domaine de Leuze et des alentours resta un domaine fiscal, appartenant aux rois mérovingiens. Il se situait dans le comté de Burbant (Pagus Bracbatensis), dont le chef-lieu était peut-être Chièvres (pas de preuve formelle).

Le monastère Saint-Pierre

Au VIIème siècle, Saint-Amand, évangélisateur de la région,  y fonda, sans doute avec la permission et les encouragements d’un roi franc, peut-être Dagobert, un monastère dans le Vieux Leuze (Lutosa). On le dédia à St Pierre et Paul. Celui-ci est considéré comme le berceau de la ville. Sans doute s’entoura-t-il d’un petit hameau de paysans travaillant pour les moines.

Charlemagne donna le domaine fiscal en 802 à Ludger, premier évêque de Munster, mais on ne semble pas connaître ce qu’il en advint ensuite.

A l’époque de Louis le Pieux, fils de Charlemagne, on y appliqua la Règle bénédictine.

Avec les partages de l’empire carolingien au IXème siècle, ce territoire fut inclus d’abord dans la Francia Media (Verdun, 843), puis dans la Lotharingie (Prüm, 855 ; Meersen, 870 ; Ribemont 880), c’est-à-dire dans l’empire. Ce pagus de Brabant fut administré par des comtes nommés par les empereurs.Parmi ceux-ci, on cite Gérard de Roussillon qui fit des dons importants à l’institution de Lutosa.

Une légende raconte qu’un certain Badilon rapporta de Jérusalem le corps de Sainte Marie-Madeleine à Verceil en Bourgogne. Ce personnage, béatifié, fut incinéré et ces cendres reposèrent dans la Collégiale (Quel est son rapport avec l’abbaye de Leuze?). 

L’abbaye eut à subir les raids des Vikings en 880 et 890, ce dont profitèrent surtout les comtes de Flandre et de Hainaut pour étendre leurs territoires.

L’abbaye s’en remit cependant et continua à prospérer. Elle se transforma en chapitre de chanoines, on ne sait pas exactement quand, mais c’était attesté en 1024.

Deuxième Moyen-Age

Première mention: 802 (pendant le règne de Charlemagne qui possédait le domaine).

Toponymie (anciennes orthographes) :

  • Lutosa (802)
  • Lintosa (807)
  • Lodousa (1070)
  • Leusa (1225)
  • Lose (1268)
  • Luthosensis (1277)
  • Leuse
  • Leuze (du XIIe au XVIIIe siècle).  Actuellement, c’est l’orthographe du 18e siècle qui a prévalu.
  • Le nom de « Leuze-en-Hainaut» a été pris lors des fusions de communes en 1977.

Etymologie (hypothèses d’origine du nom) : “Lutosa” (802) signifie “terre boueuse”, ce qui correspond au terrain marécageux de la région sur lequel des moines ont édifié un monastère dès le VIIème siècle.

Epoque de l’apparition d’une communauté rurale (village) : sans doute cela s’est-il fait de façon progressive depuis la fondation de l’abbaye et cela s’est peut-être accéléré après le passage des Vikings.

Facteurs ayant favorisé son émergence :

voies de communication: un diverticulum reliant les chaussées Bavay-Blicquy-Mer du Nord et Bavay-Tournai-Cassel-Boulogne

sources d’eau ou cours d’eau: la Dendre Occidentale et surtout son ruisseau affluent de Herseaux qui a alimenté en eau les moulins et les diverses activités domestiques et artisanales (foulons, tanneurs, …)

source de bois: la Forêt Charbonnière atteignait ici sa limite occidentale

proximité d’un lieu de pouvoir: le monastère et le château seigneurial

Paroisse dédiée à Saint-Pierre

Evêché: de Cambrai

Décanat/doyenné: Saint-Brice de Tournai

Autel (dîmes, entretien de l’église, nomination des officiants) donné au chapitre Saint-Pierre de Leuze.

Répartition des pouvoirs pendant la période féodale (jusqu’en 1792/1794)

Autorité supérieure: comté de Hainaut

Autorité sous-jacente (administrative et judiciaire): châtellenie d’Ath

Seigneuries et fiefs

Vers 969, face aux menaces du comte de Flandre qui ambitionnait ce territoire de Burbant, l’empereur Othon I décida de créer des marches (comtés militaires) sur la rive droite de l’Escaut. Le comté de Chièvres (entre Escaut, Haine et Maerke) devint la marche d’Ename, toujours administrée par un officier impérial. A l’ouest, Othon créa la marche de Valenciennes et à l’est les marches d’Alost et d’Anvers.

Au siècle suivant, la situation était trouble. Cette marche se trouvait enclavée entre l’Escaut, la Haine et la Senne. Au nord : le comté de Flandre de Baudouin IV, vassal du roi de France. Au sud : le comté de Hainaut de Régnier V, vassal de l’empire germanique. Les deux princes convoitaient ce petit comté devenu marquisat, dont le titulaire, Herman de Verdun, manquait d’autorité et de forces. Baudouin IV de Flandre s’attaqua à plusieurs reprises aux villes sur l’Escaut et au-delà. Il s’empara même de Valenciennes.

Quant à Régnier V, il préféra épouser la fille unique d’Herman de Verdun, ce qui lui assurait peut-être l’héritage de son comté. Les escarmouches continuèrent entre les deux comtes rivaux. L’empereur en arriva à arbitrer le conflit. La marche fut divisée. La partie nord-ouest avec Ename et Alost passa au comte de Flandre. La partie ouest-sud avec Chièvres, Leuze et Condé revint à Herman de Hainaut, qui avait succédé à son père Régnier V.

Cette transaction ne fut pas du goût d’un personnage ambitieux : Wédric le Sor (ou le Roux, vers 990-vers 1066). Celui-ci prétendait descendre par sa mère de Gérard de Roussillon, ancien comte de Burbant, qui avait autrefois été démis par le roi Charles le Chauve au IXème siècle. Il revendiquait donc pour lui tout ce territoire. Wédric était le fils du comte du Morvois (Aube).

Joignant le geste à la parole, il déboula dans la contrée avec des troupes armées et s’empara des plus grosses agglomérations naissantes : Condé, Leuze, peut-être Ville (-Pommeroeul). C’est Jacques De Guise, le chroniqueur du XIVème siècle, qui nous décrit ces faits  d’armes, les exagérant au passage, puisqu’il prête à Wédric le Sor la prise de Lessines, de Grammont, de Silly et de Chièvres. Pour ces deux dernières seigneuries, il semble que ce fut réel, mais qu’il en fut débouté. Il épousa cependant la fille du seigneur de Chièvres.

Il est possible qu’une partie de ces faits soit à mettre sur le compte de son fils, Wédric « le Barbu » d’Avesnes (v1020-v1075), tout aussi rebelle et revendicateur que son père. Face à ces évènements, Herman de Hainaut fit arrêter l’intrépide Wédric qui finit par lui rendre hommage. Cela rapporta à ce dernier quelques cités (Leuze, Condé et Landrecies principalement), mais aussi de nouvelles terres « vierges », propriétés comtales dans le futur Avesnois.

S’il semble que « le Sor » termina sa vie à Leuze, dont il avait fait sa résidence principale, par contre son fils « le Barbu » s’installa à Avesnes où il fit construire vers 1050 ou 1066 un donjon sur un éperon rocheux dominant la vallée de l’Helpe Majeure. Leuze resta quelques temps une propriété des Avesnes.

Avant 1057, la rive droite de l’Escaut face à la ville de Tournai (Saint-Brice) était une avouerie exercée par les châtelains de Leuze  au nom des comtes de Flandre.

Le chapitre Saint-Pierre de Leuze garda un domaine sur lequel il exerça les droits seigneuriaux.

La seigneurie principale de Leuze

Maison d’Avesnes

  • Wédric/Guéric le Sor (v990-v1066)
  • Wédric/Guéric II le Barbu (v1020-v1075), fils du précédent
  • C’est avec eux que commença la « dynastie des Avesnes ». On pourrait dire qu’elle fut courte. A Wédric le Barbu, succéda son fils Thierry I d’Avesnes (v1050-1106), aussi turbulent que le grand-père et le père. Car il s’attaqua ni plus ni moins au comte Baudouin II de Hainaut, se permettant de saccager Mons et Maubeuge, avec leurs monastères en 1093. Il finit assassiné en 1106, ne laissant pas de postérité.

Deuxième maison d’Avesnes (Oisy)

Ce furent les descendants d’Ide (Ade) d’Avesnes (1050-1075), sœur de Thierry, qui reçurent l’héritage (toujours Avesnes, Condé, Leuze et Landrecies). Ide avait épousé Fastré I d’Oisy (v1050- ?), avoué de Tournai. Théoriquement la seigneurie aurait dû porter le nom de ce dernier, mais les descendants préférèrent prendre le nom d’Avesnes. Les seigneurs suivants furent

  • Gossuin d’Oisy « le Borgne » ( ?-1120), fils du précédent. Mort sans postérité. Un brigand plus qu’un seigneur protecteur.
  • Fastré II d’Oisy (v1070-1127), frère de Gauthier
  • Gauthier I « Pulechel – le Beau » d’Avesnes (1110-1147), fils du précédent. C’est lui qui prit le nom d’Avesnes.
  • Nicolas I d’Avesnes (1129-1171), fils du précédent.
  • Jacques I d’Avesnes « le Beau » (1152-1191), fils du précédent
  • Gauthier II d’Avesnes (v1170-1244), fils du précédent. Avec lui la famille des Avesnes monta en importance dans la politique du comté, mais aussi dans le contexte politique de l’époque (guerres entre le roi de France Louis-Philippe et ceux d’Angleterre (Richard Cœur de Lion et Jean sans Terre). Par mariage, il devint comte de Blois et de Chartres. Il combattit à Bouvines en 1214, côté français. Il participa à la 5ème croisade où il fut fait prisonnier, puis il fut libéré. Il n’eut pas d’enfant mâle survivant.
  • Son frère Bouchard eut de gros démêlés dans le comté, avec le roi de France et avec le pape, lorsqu’il épousa “en cachette” l’héritière des comtés de Hainaut et de Flandre. Son histoire est racontée dans la « généalogie des Avesnes ». Il est cependant à l’origine de la lignée des Avesnes qui furent comtes de Hainaut.
  • Marie d’Avesnes, fille aînée de Gauthier II, mourut en 1241 avant son père. Elle avait épousé vers 1225 Hugues de Châtillon (1196-1248), comte de St-Pol et seigneur de Châtillon-sur-Marne. Jean de Châtillon, l’aîné de leurs enfants hérita en 1241 de Leuze, Condé-Château et probablement d’Avesnes et Landrecies.

Maison de Châtillon-St-Pol (1241-1335)

  • Jean I de Châtillon (v1226-1279). Fils de Hugues V de Châtillon-Saint-Pol et de Marie d’Avesnes, fille de Gauthier II d’Avesnes, nièce de Bouchard. 
  • Ils eurent une fille, Jeanne de Châtillon (1253/1254-1291) qui épousa Pierre de France, un fils du roi St Louis IX.
  • A sa mort, elle abandonna les terres de Condé et de Leuze à son oncle Guy II de Châtillon-St-Pol (apr1226-1289). Ensuite, on trouve :
  • Hugues VI de Châtillon(II)-Blois (1258-1307), fils aîné du précédent.
  • Il donna avant sa mort Leuze et Condé à son frère Jacques I de Châtillon ( ?-1302, Courtrai) qui la transmit à son fils Hugues III de Châtillon (v1270-1329).
  • Ce dernier eut deux filles, dont Jeanne de Châtillon (1320-1371), dame héritière de Leuze et de Condé qui épousa un Bourbon.

La maison de Bourbon (1335-1438)

  • Jeanne de Châtillon  (1320-1371) devint l’épouse de Jacques 1er de Bourbon (1319-1361),  troisième fils de Louis 1er, duc de Bourbon et comte de Clermont. Il était lui-même comte de la Marche et de Ponthieu, seigneur de Montaigu. Il devint par mariage seigneur de Condé, de Leuze et de Carency. La succession passa successivement à :
  • Pierre de Bourbon ( ?-1361)
  • Jean I de Bourbon ( ?-1393)
  • Jacques II de Bourbon (1370-1438) qui épousa Catherine de Vendôme dont il eut trois filles.
  • Les deux premières étant entrées au couvent, c’est la troisième, Eléonore de Bourbon-La Marche (1412-1464) qui hérita de quelques titres et possessions de son père, dont la seigneurie de Leuze.

Maison d’Armagnac (1438-1504)

  • Eléonore de Bourbon épousa en 1428 Bernard d’Armagnac (1400-1462), entre autres comte d’Armagnac et de Castres, et précepteur du jeune roi Louis XI.
  • Leur fils Jacques d’Armagnac « le pauvre Jacques » (1437-1477) fut leur successeur. Il fut impliqué à de nombreuses reprises dans des intrigues et des complots, ce qui le conduisit à l’échafaud et à la confiscation de ses biens par Charles le Téméraire, duc de Bourgogne. Ceux-ci furent récupérés en grande partie et partagés entre ses enfants.
  • En 1477, Louis XI de France vint s’emparer de Leuze et la donna à Jehan de Daillon, seigneur de Lude, qui s’y maintint peu de temps.
  • Au final, c’est Charlotte d’Armagnac ( ?-1504) qui, la dernière, posséda la seigneurie de Leuze. Mariée à Charles de Rohan, elle n’eut pas de postérité. En vertu du testament du dernier Bourbon, Jacques II, seigneur de Leuze, mort en 1438, Leuze et Condé retournèrent à Louis de Bourbon (1473-1520), arrière-petit neveu de Jacques II. Dans quel camp fut-il dans la guerre entre Charles-Quint et François I ? Son beau-frère, Charles de Bourbon, connétable de France, se rangea du côté de l’empereur, notamment lors de la bataille de Pavie où le roi de France fut fait prisonnier.
  • Il est probable que Leuze revint à l’empereur à  la mort de Louis de Bourbon.

Maison de Lalaing

  • En 1530, Charles-Quint fit donation de Leuze à Antoine de Lalaing (1480-1540), fils de Josse I de Lalaing. Il n’eut pas d’enfant légitime.
  • Ses biens allèrent à son neveu  Philippe de Lalaing (1510-1555), fondateur de la lignée Lalaing-Hoogstraeten.
  • Lui succéda son fils Antoine II (1533-1568) qui vendit en 1560 Leuze à son beau-frère Florent de Montmorency (1528-1570). Ce dernier, ayant pris le parti des Gueux (calvinistes) en pleine guerre de religions, s’en alla porter leur requête au roi Philippe II d’Espagne. Celui-ci la refusa, l’arrêta et le condamna à mort à Simancas. Le roi confisqua ses biens, puis les rendit à sa sœur Eléonore de Montmorency (1528-1585), veuve d’Antoine II de Lalaing. Leuze fut ensuite transmis à :
  • Guillaume de Lalaing (1563-1590), son fils
  • Antoine III de Lalaing (1588-1613), fils du précédent, décédé sans postérité
  • Charles III de Lalaing (1569-1626), neveu du précédent
  • Albert François de Lalaing (v1610-1643), fils du précédent, qui n’eut qu’une fille, Marie-Gabrielle de Lalaing ( ?-1709), héritière.

Maison de Salm (1709-1792)

  • Le mariage de Gabrielle de Lalaing  avec Karl Florentin, comte de Salm, Wild  et Rhingraff  ( ?-1676) fit entrer Leuze  dans cette famille.
  • Ils eurent Heinrich Gabriel zu Salm-Kyrburg (1674-1716) qui épousa Marie-Thérèse de Croÿ ( ?-1713).
  • Leur fils Philipp Joseph zu Salm-Kyrburg (1709-1779) leur succéda, qui épousa Marie Thérèse Josèphe de Hornes
  • Celle-ci lui donna Friedrich III zu Salm Kyrburg (1745-1794), mort à Paris sur l’échafaud.

La Révolution mit fin au régime seigneurial. Le fils, Friedrich IV, dilapida les biens de la famille après la mort de son père. Les créanciers vendirent le château en 1806

Les châtelains de Leuze

Les seigneurs de Leuze  ont rarement résidé dans la localité, se contentant du titre et des revenus de la seigneurie. Leuze a donc été souvent gouverné par les châtelains dont la fonction était le plus souvent héréditaire. Les châtelains de Leuze, vassaux directs du comte de Hainaut, exercèrent un titre d’avoué des droits domaniaux de Saint-Brice  à Tournai  et des chauffours (fours à chaux).

Par ailleurs, d’après le comte P.-A. du Chastel de la Howarderie, à la fin du XIIe siècle, une famille portant le nom de Leuze  et probablement issue d’un bâtard ou un cadet d’Avesnes, devint la branche des échevins maires héréditaires de Leuze.

Histoire de la commune

Leuze se distingua par son artisanat textile (infra). Par contre, elle n’avait pas les critères d’une ville: enceinte, hôtel de ville, halles, … Une foire fut cependant autorisée.

En 1477, la ville fut brûlée et la forteresse démolie par les troupes du roi Louis XI de France, qui s’en emparèrent quelques mois.

En 1558 et en 1581, elle fut livrée aux pillages et aux incendies par les Calvinistes.

En 1606, il y eut une tempête destructrice. La ville se vida d’une partie de sa population.

Le 19 septembre 1691, le « le combat de Leuze » ou « la bataille du Mont d’Or » se déroula à proximité de l’agglomération. Les Français, commandés par le maréchal de Luxembourg, y remportèrent une grande victoire sur l’arrière-garde des troupes de Guillaume III d’Angleterre et de Hollande. Le prince Henri d’Orléans y fut tué.

En 1741, un incendie détruisit une partie de la cité, de l’église et de ses archives. L’église sera reconstruite par les chanoines.

L’arrivée des Révolutionnaires Français en 1792 et en 1794 sonna le glas des droits féodaux seigneuriaux et du chapitre Saint-Pierre.

La période française (1792/1794-1814)
  • Etat : la République, puis l’Empire Français
  • Département : Jemappes
  • Arrondissement : Tournai
  • Canton : Leuze
La période hollandaise (1814-1830)

Leuze ne fut élevée au rang de ville que sous Guillaume Ier des Pays-Bas (1814-1830). 

Répartition des pouvoirs pendant la période contemporaine (à partir de 1792)
  • Etat: Belgique
  • Province: Hainaut
  • Arrondissement administratif et judiciaire : Tournai
  • Canton: Chef-lieu du canton de Leuze
Economie

Longtemps, l’activité principale des villageois fut consacrée à l’agriculture et à l’élevage. Mais dans ces terres humides et un peu sablonneuses (trois-quart de la surface de la commune), on privilégia surtout la seconde activité. On éleva surtout le mouton dont on prélevait la laine qui alimentait un artisanat local autour de la draperie, de la bonneterie et surtout de la fabrication des bas.

Longtemps, cette activité avait sa place dans les chaumières. Lorsqu’on atteignit l’apogée au XIXème siècle, des ateliers furent aménagés dans la cité.

En 1533, une franche foire fut accordée aux Leuzois.

Le textile connut à Leuze ses hauts et ses bas au grès des guerres qui émaillèrent les XVIème, XVIIème et XVIIIème siècles. La cité souffrit des pillages des calvinistes, puis des guerres de Louis XIV et de Louis XV.

Vers 1700, Leuze connut l’introduction des premières machines à tricoter, manœuvrées par des hommes, nommés les « Balotis ». Ceux-ci tricotaient essentiellement des bas, produits renommés et exportés. De la fabrication à domicile, on passa aux ateliers.

Pour favoriser l’exportation, l’impératrice Marie-Thérèse permit en 1744 de relier Leuze à Tournai (Escaut) par une chaussée pavée. Péruwelz s’y embrancha.

Au milieu du XVIIIème, les deux-tiers des habitants confectionnaient des bas. Mais aussi des draps.

Sous le régime napoléonien, la ville prospéra. Sa bonneterie doubla sa production. On fabriqua jusqu’à 50.000 paires de bas par an, pour les exporter vers la France.

La confection continua malgré tout de prospérer au XIXème et dans la première moitié du XXème. Elle déclina ensuite et disparut dans le dernier quart du XXème, sous les coups de la concurrence.

A côté de l’élevage et de l’industrie textile, on compta aussi à Leuze :

  • Des tanneries
  • Des moulins à huile et à farine (10 au XIXème)
  • Des brasseries (8 au XIXème) et des distilleries
  • Des raffineries de sel
  • Des fabriques de poterie, de tuiles, de carreaux (terres argileuses et sablonneuses)

Toutes ces activités disparurent au XXème siècle. Aujourd’hui, Leuze est fière des centres suivants :

  • Centre sportif « Leuz’Arena »
  • ZI « Leuze-Europe »
  • Projet d’un habitat mettant en valeur l’agriculture urbaine et semi-urbaine, les circuits-courts et le respect de l’écologie
Patrimoine

Eglise collégiale Saint-Pierre. L’actuel bâtiment date de 1741-1745, à la place de l’ancien édifice gothique détruit par l’incendie. Style classique Louis XV. Maître-autel de marbre exécuté en 1773 par le sculpteur Janssens. Chaire de vérité de l’architecte athois Florent. Lutrin-aigle de 1449. Trésor de Saint-Badilon.

A Vieux-Leuze : église Notre-Dame en style gothique, bâtie en 1863. 

 

Ath

Le territoire

Superficie: 1550 ha

Altitude: 34 m

Situation géographique :  sur le plateau d’Ath entre les vallées de l’Escaut et de la Haine

Cours d’eau : Ath est né au confluent des deux Dendre. La Dendre Occidentale longe l’agglomération à l’ouest, alors que la Dendre orientale traversait la ville, se séparant en deux bras au milieu de la ville. Ses eaux alimentaient les douves. Le bras occidental fut voûté et canalisé entre 1873 et 1874. Le bras oriental l’a également été en 1933-1934. Une partie des eaux de la rivière coule dans les fossés créés au XVIIème siècle. La carte de Ferraris ci-dessous date du XVIIIème (avec les fortifications du XVIIème). Elle permet de comprendre la situation de la ville par rapport aux deux rivières.

Paysage préhistorique (après la dernière période glaciaire) : forêts sablonneuses

Nature du sol : limoneux et sablonneux

Nature du sous-sol : grès, schiste

Préhistoire

Néolithique (Homo Sapiens) :

Sur l’actuel territoire d’Ath, un site du néolithique fut l’objet de fouilles en 2015 (entre le canal et la chaussée de Mons – site des Haleurs). Il s’agissait d’une zone habitée vers 5000 avt J.C., sur une étendue d’un hectare. L’habitat est prouvé par la découverte de trous de poteaux et de fosses. On y a ramassé des poteries, des bijoux en schiste, des objets en silex, des meules dans des fosses (I. Deramaix, SPW).

Ce site est contemporain de ceux trouvés à Irchonwelz, Ormeignies, Aubechies, Ellignies et Blicquy (bassin de la Dendre Occidentale, où les fouilles furent dirigées par L. Demarez). Les hommes qui y vivaient étaient de la culture de Blicquy, mais quelques éléments de la culture contemporaine rubanée ont également été ramassés. Le site est toujours en cours d’étude.

Age du fer – période de Hallstat (750-400)

Au Bois du Jardin, parmi un ensemble de structures d’époque gallo-romaine (ci-dessous), une fosse a révélé une abondante céramique du premier âge du fer.

Antiquité gallo-romaine  – Premier Moyen-Age (période franque mérovingienne et carolingienne)

Des fosses d’époque romaine et médiévale ont été découvertes et fouillées (pas de précision).

Au Bois du Jardin, des fouilles préventives ont été réalisées (I. Deramaix) . Elles ont permis d’y déceler des traces d’un habitat gallo-romain : des trous de poteaux, des fosses et fossés contenant du matériel d’époque (des fragments de céramique, de meule, de tuiles et une fibule en bronze). On pense qu’il s’agit de structures datant du Ier siècle après J.C.

A proximité, à Ghislenghien et Meslin-l’Evêque, de grandes fouilles préventives ont permis de mettre au jour d’importants vestiges gallo-romains (villas, fermes, nécropoles).

Deuxième Moyen-Age et Période moderne – le village, puis la ville

Légendes

L’historien du XIVème siècle, Jacques de Guise, attribue la fondation d’Ath aux Anténorides, descendants troyens d’Anténor.

Au XVIème siècle, Jean Zuallart, maïeur de la ville (1584-1634) prétendit, sur base d’autres légendes, qu’Ath avait été fondée par Attila, le roi Hun qui y aurait campé vers 450 avec son immense armée de cavaliers, avant d’aller se faire battre aux Champs Catalauniques. On sait aujourd’hui que les Huns n’ont pas atteint cette région. Le même Zuallart a ensuite penché vers d’autres fondateurs : le général romain Aetius (qui combattit le même Attila), un chef (inconnu) du peuple gaulois des Attuatiques. Un archiviste du XIXème pensa même à une origine slave.

On le voit, tous ces personnages tentaient d’expliquer l’origine du nom de la ville.

Première mention: 1076 (texte de l’évêque Lietbert)

Toponymie (anciennes orthographes) :

Athum

Etymologie (hypothèses d’origine du nom) : Elle semble encore inexpliquée. Le toponyme est celte, ce qui permet de penser que le territoire a été habité avant la période romaine.

Epoque de son apparition: au Xème ou XIème siècle

Facteurs ayant favorisé son émergence :

voies de communication: pas de chaussée romaine (la plus proche passait plus à l’ouest : Blicquy, Ligne, Mainvault). Au moyen-âge, la cité fut reliée par des chemins vers Tournai, Mons, Gand et Bruxelles.

sources d’eau ou cours d’eau: la Dendre et ses affluents

source de bois: bosquets

proximité d’un lieu de pouvoir: la ville et son donjon

Paroisse dédiée à Saint-Julien

Evêché: de Cambrai

Décanat/doyenné: Chièvres

Autel (dîmes, entretien de l’église, nomination des officiants) donné au chapitre épiscopal  de Cambrai en 1076 par l’évêque Lietbert

Répartition des pouvoirs pendant la période féodale (jusqu’en 1792/1794)

Période brabançonne (du Vème au XIème siècle)

Lors des périodes franques mérovingiennes et carolingiennes, le territoire entre l’Escaut et la Haine faisait partie du Pagus Bracbatensis (ou comté de Burbant). Il était administré par un comte qui résidait peut-être à Chièvres (pas de preuve formelle). Celui-ci était nommé par le roi des Francs, puis par l’empereur de Germanie.

Vers 950, l’empereur Othon Ier, pour se protéger des ennemis extérieurs (le roi de France et son puissant vassal le comte de Flandre), transforma le petit comté en marche d’Enaeme, attribuant au comte plus de pouvoir militaire. Un siècle plus tard, en 1047, par le jeu des mariages, ce petit comté de Burbant revint au comte de Hainaut, Régnier V et à son fils Herman.

A cette époque, se constituaient des communautés villageoises et paroissiales. Près du confluent des deux Dendre, il en existait deux : celle de Brantignies et celle d’Ath (Vieux Ath).

Période seigneuriale (XIème et première moitié du XIIème siècle)

Brantignies était administré par les moines de l’abbaye de Saint-Martin de Tournai. Le deuxième domaine l’était par une famille locale qui avait pris le nom du domaine : Ath.

Les abbayes de Liessies, de Saint-Martin de Tournai et d’Arbre y avaient également des possessions.

Maison d’Ath

Gauthier/Wauthier/Walter I d’Ath (v1010- ?) serait le premier seigneur connu à l’époque où le petit comté de Burbant passa sous influence hennuyère par le mariage du comte Régnier V de Hainaut avec la fille d’Herman de Verdun, marquis d’Enaeme.

Gauthier II d’Ath (v1035- ?), son fils, lui succéda

Gauthier/Walter III d’Ath (v1045, Ath-v1122) était le fils du précédent. A sa seigneurie d’Ath, la comtesse Richilde lui ajouta celle du Roeulx, un grand domaine comprenant plusieurs villages. Walter eut plusieurs filles, dont Béatrix d’Ath (v1075-1136) qui épousa en premières noces Arnould de Hainaut, deuxième fils du comte Baudouin II, puis en secondes noces Gilles Ier de Trazegnies. Cette version est contestée car il y a incohérence de dates. Béatrice aurait transmis le domaine d’Ath à une de ses filles, Gertrude de Hainaut-Roeulx, qui aurait épousé un Othon de Trazegnies, père de ce Gilles Ier de Trazegnies (hypothèse soutenue par le marquis Olivier de Trazegnies sur base de l’histoire de sa famille par l’abbé Plumat).

Maison de Trazegnies (v1150-1186)

Gilles Ier de Trazegnies (1118/1134-1161), fils ou petit-fils d’Othon Ier de Trazegnies. Il laissa une légende de vaillant et preux chevalier. Il organisa des tournois à Trazegnies auxquels participa notamment Gilles de Chin. Tombé en contradiction avec l’abbaye de Floreffe, il fut excommunié trois fois et commit plusieurs malveillances à l’encontre des moines. Les seigneurs des environs furent excédés par son comportement et ses actes. Ils firent le siège de son château. Il fut tué sur ses propres remparts.  Entretemps, il était parti pour la croisade. Pour la financer, il vendit sa seigneurie d’Ath au comte Baudouin IV vers 1150 qui était peut-être son tuteur durant son enfance.

Période comtale

XIIème siècle – la naissance du bourg

Baudouin IV de Hainaut « le bâtisseur », comte de Hainaut de 1120 à 1171, s’était donné pour but de renforcer la puissance défensive militaire de son comté face à ses voisins (Flandre, France, Brabant, Liège). Simultanément, il voulait stimuler le commerce et l’économie urbaine dans son comté.

En achetant la « petite » seigneurie d’Ath, il en renforça le rôle stratégique face à la Flandre et aux quelques seigneurs hennuyers voisins encore récalcitrants par rapport au pouvoir comtal centralisateur (les Avesnes à Leuze et Condé, les Gavere à Chièvres et les Enghien dans leur cité).

Il y fit bâtir un castrum (tour carrée entourée basse-cour, aujourd’hui appelée Tour Burbant) vers 1166, au nord-ouest du Vieux-Ath, entre la Dendre Occidentale qui vient de Leuze et la Dendre Orientale qui vient de Lens et de Chièvres.  Ces rivières alimentaient les douves.

Rasse de Gavere, seigneur de Chièvres, s’y opposa dans un premier temps et menaça le comte, avec l’appui du comte de Flandre, Philippe d’Alsace, son suzerain. Il dut ensuite s’incliner, car Baudouin rassembla son armée à Blicquy.

Dans le château, le comte installa un châtelain qui gouvernait en son nom.

A proximité du château, il fit aménager une « ville neuve » entourée d’une muraille : un burgus, avec une voirie et une place de marché. Ath reçut un statut juridique propre aux bourgs et fut ouvert à une immigration venant des campagnes amenant de la main d’oeuvre. Le comte fit lotir des parcelles pour développer l’habitat urbain.

Enfin, il semble que ce soit ce comte qui ait partagé son comté en divisions administratives et judiciaires (prévôtés, châtellenies, terres franches, …). Ath fut à la tête d’une châtellenie qui couvrait une bonne partie des villages et des villes de l’ancien Burbant. Le châtelain y exerçait des missions politiques, militaires et judiciaires au nom du comte et de son bailli.

XIIIème siècle

Le castrum comprenait le donjon entouré d’une cour et d’une basse-cour, protégées par une muraille et des fossés. Dans le bourg, en 1278, on comptait 171 masures. Les maisons étaient basses avec un petit jardin (courtil) clos de haies vives ou de piquets de bois.

Un petit artisanat s’y développa, à côté du travail agricole hors les murs. Une enceinte en palissade ou levée de terre entourait le bourg. Elle s’ouvrait dans les directions de Bruxelles, de Mons et de Tournai.

Il semble qu’un échevinage ait tout de suite été mis sur pied. Il avait à sa tête un villicus (maïeur, maire) et sept échevins, ainsi qu’un clerc et un sergent. Ils étaient choisis parmi les bourgeois de la ville. Ils avaient pour missions :

  • L’administration : ordonnances d’intérêt public, relatives à la voirie, au marché, aux professions, à la police, …
  • Recevoir les « œuvres de loi » : ils étaient garants des conventions conclues entre particuliers, quant aux biens mobiliers et immobiliers : ventes, rentes, baux, testaments, donations, contrats de mariage, …
  • L’exercice de la justice

On organisa des services féodaux:

  • Le moulin banal (à eau) où les Athois moulaient leurs grains contre une redevance au comte
  • On trouvait également un moulin (tordoir, affermé) à Brantignies, village situé juste à côté.

Jusqu’ici seuls les villages voisins de Brantignies et du Vieux Ath avaient une église. Les Athois de la ville neuve devaient sortir de leur ville pour aller suivre les offices. La première église appartenait à l’abbaye saint-Martin de Tournai, la seconde à celle de Liessies. En 1234, une communauté de cisterciennes s’installa sur les terres de l’abbaye de Liessies. Il s’agissait de l’abbaye Notre-Dame du Refuge.

XIVème siècle – le développement de la ville

Ce siècle marque véritablement l’accession du bourg au stade urbain. Des banquiers lombards vinrent s’y installer. Ils sont attestés en 1312. Le comte Guillaume Ier d’Avesnes (1304-1337) accorda divers privilèges par des franchises en 1325 et en 1336. En 1328, il instaura une draperie dans la ville, qu’il finança lui-même. Il lui accorda trois chartes.  On fabriquait des étoffes en laine fine sur métier à tisser. Les tisserands athois allaient vendre leurs produits sur les marchés étrangers, notamment à la foire du Landit à Saint-Denis, près de Paris. Sur le marché d’Ath, on voyait des marchands de la Ligue Hanséatique.

Le comte aurait également installé une compagnie (un serment) d’archers en 1325.

Il fit construire une enceinte urbaine de 1330 à 1350 munie de trois portes (porte du Gadre, porte des Moulins, porte de Brantignies). Le châtelain et les siens n’étaient plus les seuls à être protégés dans leur château. Les habitants le devinrent aussi derrière les murailles. Mais celles-ci servaient aussi à séparer la partie urbaine et la partie extra-muros, où les règlements n’étaient pas les mêmes. L’enceinte fut terminée en 1350 par sa fille Marguerite de Bavière (1345-1356).

Ath devint en 1365 une « bonne ville » du comté, mais aussi une puissante forteresse face à la Flandre toujours menaçante. La ville envoyait ses représentants aux Etats de Hainaut à Mons. Le comte y résidait souvent.

A la même époque, en zone rurale, se développait également la toilerie (en lin) qui s’écoulait sur le marché d’Ath.

La halle aux draps fut construite en 1358 et une halle aux grains avant 1386. Le marché du jeudi fut affranchi en 1368. Un marché de toiles fut instauré vers 1360, confirmé par le régent, Aubert de Bavière (1389-1404), frère cadet du comte Guillaume III malade (1356-1389).

La ville prospérait. La population s’accroissait. Dès 1359, à l’initiative d’Aubert de Bavière, on éleva une enceinte, plus large, qui ne sera achevée que vers 1400. Elle comportait également trois portes (de Pintamont, d’Enghien et la même de Brantignies), trente tours. La longueur de la défense avait triplé.

Ath devint la troisième ville du Hainaut, après Mons et Valenciennes.

L’Eglise Saint-Julien (1394-1415) fut construite intra-muros à la demande des paroissiens de la ville. Les Frères Mineurs s’étaient installés dans la ville en 1328.

XVème siècle

La charte de 1406 institua un Conseil de Ville adjoint aux échevins, deux sceaux et une ferme où l’on conserve les actes passés par les magistrats.

La ville d’Ath devint, grâce au duc Philippe le Bon (1419-1467), l’étape des toiles du Hainaut en 1458. Cette industrie et son commerce furent la base essentielle de l’économie athoise jusqu’au XIXème siècle. 

A côté d’autres métiers prospérèrent : tanneries, orfèvreries, merceries, brasseries, boulangeries, poteries en céramique et en étain.

On continua de construire dans la ville :

  • Ecole latine (1416)
  • Monastère de Nazareth (1416)
  • Hôpital St-Jacques (1421)
  • Couvent des Récollets (1446)
  • Hôpital de la Madeleine (1448)

XVIème siècle

On apporta des compléments de règlement à l’artisanat et au commerce : grains, sel, bière, toiles. En 1575, on mit sur pied des compagnies bourgeoises pour surveiller les portes et les postes de guet.

En 1578, en plein guerre de religion, Ath est occupée par les calvinistes.

XVIIème siècle

Sous les archiducs Albert et Isabelle, des bastions détachés prolongèrent les portes d’Enghien et de Pintamont, alors que la porte de Brantignies fut précédée d’un ouvrage à corne. Au milieu du siècle, on construit des bastionnets, parfois précédés de demi-lunes en avant du fossé, ce qui doubla la fortification.

La Contre-Réforme amena de nouvelles institutions religieuses:

  • Les Capucins (1608)
  • Les Jésuites (1621)
  • Les Sœurs Grises (1627).

L’église Saint-Martin fut reconstruite intra-muros entre 1585 et 1604. On réédifia aussi l’Hôtel de Ville  (1614-1624). Son maire, Jean Zuallart, écrivit la première histoire d’Ath.

Après plus d’un demi-siècle de paix et de prospérité, les guerres reprirent à l’initiative du roi Louis XIV de France. En 1667, il assiégea la ville et s’en empara.  Elle fut fortifiée par Vauban de 1668 à 1674 et prit l’aspect d’un octogone régulier flanqué de huit bastions. Des casernes furent construites. Ath resta française jusqu’en 1678 quand le Traité de Nimègue rendit les Pays Bas à l’Espagne.

Mais Louis XIV reprit la ville en 1697 après 13 jours de siège. Pourtant le Traité de Ryswick de la même année restitua la ville aux Pays-Bas. Des troupes hollandaises y furent laissées pour sa défense.

XVIIIème siècle

A nouveau en 1701, les Français revinrent prendre la ville et  y restèrent jusqu’en 1706, quand le duc de Marlborough la reprit après sa victoire de Ramillies. Le Traité d’Utrecht de 1713 fit passer les Pays-Bas de l’Espagne, alliée de la France défaite, à l’Autriche.

Louis XV, lors de la guerre de succession d’Autriche, reprit la ville en 1745, après un siège de 12 jours. La plupart des fortifications furent détruites par d’intenses bombardements, sauf le Pont de la Herse. Il s’en retira en 1746.

En ce siècle, Ath continua à produire et écouler les draps et les toiles, mais le textile n’était plus la première activité. Son économie s’était ouverte à d’autres activités : raffineries de sel, fabrication de chapeaux, tanneries, …  Le commerce était important sur les marchés de la ville (productions agricoles et manufacturières).

Sous l’impératrice Marie-Thérèse, des chaussées furent pavées en direction de Mons (1727), de Tournai (1744) et de Bruxelles (1769). L’empereur Joseph II démantela partiellement les fortifications. 

En 1792 une première fois, puis en 1794, les révolutionnaires français s’emparèrent des Pays-Bas Autrichiens.

XIXème siècle siècle

Après la longue parenthèse française (1794-1814), l’entièreté des Pays-bas fut reconstituée sous la souveraineté du roi Guillaume I de Hollande. En 1818, les Hollandais relevèrent les fortifications, selon les plans de Vauban, avec des aménagements tenant compte de l’armement moderne. Ils construisirent un fort pentagonal à l’extérieur de la place forte (Mont Féron), tournée contre la France, relié à la ville par un souterrain.

En septembre 1830, quelques Athois allèrent à Bruxelles soutenir la révolte pour l’indépendance de la Belgique. A Ath, la ville se souleva aussi contre la garnison hollandaise locale. Elle s’empara de la caserne le 27 septembre.

A partir de 1840, le commerce de la toile périclita. La ville s’appauvrit. De nouvelles entreprises apparurent dans l’industrie de la pierre et du bois (celle des frères Cambier et de Carton-Herman). On mécanisa les anciennes activités artisanales (meunerie, brasserie). La prospérité revint peu à peu, par moment entravée par les crises économiques.

La ville put se développer après que l’on ait démantelé complètement les fortifications (1853-1856). En 1858, dans l’ancien arsenal on aménagea la filature Philippart-Vendries.

Ath fut reliée par chemin de fer à Mons (1848), Tournai, Alost (1855), Bruxelles (1866), Blaton (1878) et Saint-Ghislain (1879).

Le canal Blaton-Ath (reliant celui de Mons-Pommeroeul-Antoing à celui de la Dendre) fut mis en service en 1865, favorisant le transport du charbon vers le nord.

A proximité du canal, apparurent en 1871 une sucrerie et des entrepôts.

Les tramways circulèrent de 1903 à 1957 vers Flobecq et Frasnes.

On atteignit une nouvelle apogée, accompagnée de la construction de cités ouvrières, d’une école communale, d’un Athénée. On réaménagea la voirie, les places, les parcs. La Dendre fut détournée, couverte et canalisée.

XXème siècle siècle

Cette prospérité fut freinée par la première guerre mondiale (1914-1918). La crise économique qui suivit fit disparaître les industries du meuble, du textile et de l’agro-alimentaire. Ath devint après la deuxième guerre mondiale (1939-1945) une ville de commerce et de services. Il reste une usine chimique, la Floridienne.

Deux zones industrielles sont créées, une au nord et l’autre à Ghislenghien-Meslin l’Evêque.

Une autoroute Bruxelles-Tournai-Lille fut construite.

Répartition des pouvoirs pendant la période contemporaine (à partir de 1830)
  • Etat: Belgique
  • Province: Hainaut
  • Arrondissement administratif : Ath
  • Arrondissement judiciaire : Tournai
  • Canton: Ath
  • En 1977, la ville s’est agrandie par la fusion de 18 communes.
Patrimoine

La Tour Burbant

Monument le plus ancien d’Ath, il s’agit du donjon du château construit en 1166 à l’initiative du comte Baudouin VI de Hainaut. En 1185, il fut entouré d’une enceinte délimitant une cour (20 ares) autour du donjon. Celui-ci avait pour modèle les tours normandes carrées de l’époque. L’accès s’y faisait par la porte du premier étage, accessible par une structure escamotable.

Une deuxième enceinte lui a été accolée au XIIIème siècle. A cette époque, le château était le siège de la châtellenie (supra).

Au XIVème siècle et dans les siècles suivants, des bâtiments lui furent annexés, notamment pour servir de résidence aux gouverneurs de la ville. Au XVIIIème, une partie des bâtiments servit d’arsenal, avant d’être rasés en 1788. D’autres bâtiment furent démolis au début du XXème siècle. A travers les siècles, le donjon fut l’objet de réaménagements et de restaurations diverses. L’architecte montois Jacques Dubroeucq dessina les plans d’un pavillon au sommet. Celui-ci, en ruines, fut démoli en 1828 et remplacé vers 1900 par une plate-forme. Le donjon servit, selon les époques, de résidence pour les châtelains, de celliers, de prisons.

Enceinte médiévale

La première date de 1330-1350. Elle englobait le château, le marché et le bourg. Elle comportait trois portes (du moulin, de Brantignies, du Gadre). A la fin du même siècle, elle fut agrandie et comporta deux nouvelles portes (Enghien, Pintamont). Il reste peu de vestiges de cette muraille (arrière des maisons bâties le long de l’Esplanade).

Dès 1668, Vauban, l’architecte-stratège de Louis XIV, redessina le plan des fortifications pour donner au bourg une forme octogonale avec huit bastions. Trois nouvelles portes sont bâties : Mons, Tournai, Bruxelles. Les sièges suivants et particulièrement celui de 1745 vont entraîner de lourds dommages. Cette année-là, Louis XV fit démanteler les défenses en partie, œuvre qui sera reprise aussi par l’empereur Joseph II vers 1780.

Il faut attendre les années hollandaises (1815-1826) pour voir une restauration. Un fort fut même construit sur le Mont Féron. Des fouilles ont été réalisées en 2015 sur le site de l’ancienne sucrerie contigu à une place d’armes d’époque hollandaise (I. Deramaix, SPW). 

Enfin, en 1854, pour agrandir la ville, on démolit ce qui restait de fortifications. Il ne reste aujourd’hui que le bastion de Flandre, le pont à la Herse, quelques éléments de la Porte de Bruxelles, une partie des casemates du Mont Féron.

L’Hôtel de Ville, 1614-1624, dû à l’initiative du maïeur Jean Zuallart, proche des archiducs Albert et Isabelle, dont l’architecte officiel, Wenceslas Coebergher, dessina les plans. Frontispice baroque.

L’église Saint-Julien

Il existait un oratoire dédié à Saint-Julien de Brioude, martyr du IVème siècle) dans le premier village d’Ath (Vieux-Ath) dès le XIème siècle (probablement déjà avant). Avec la création de la “ville neuve” par le comte Baudouin VI il se retrouva hors des murs. A la demande des paroissiens du bourg, une nouvelle église fut construite en style gothique entre 1395 et 1415, celle-ci. On lui adjoignit une tour et une flèche en 1462-1465.

Des tempêtes et des orages se sont acharné sur l’édifice à plusieurs reprises (1606, 1612, 1705, 1791, 1799, 1817, 1951, 2001), nécessitant des réparations diverses.

La flèche a aujourd’hui disparu. Subsistent du bâtiment médiéval : la tour, la façade occidentale et la structure du chœur. Le reste fut reconstruit entre 1819 et 1822 en style néoclassique. L’église est riche d’un carillon de 43 cloches, auteur de concerts. Elle abrite de nombreuses œuvres d’art (trésor sacré, peintures de Van Cleef, Ducorron, Mathieu, Hanneton).

Eglise Saint-Martin

La paroisse de Brantignies appartenait à l’abbaye Saint-Martin de Tournai depuis 1126. Elle y fit construire une église dédiée à Martin de Tours. Hors des murs, elle eut à subir les affres des guerres, celle de Louis XI en 1477 et celle des calvinistes en 1578. On la reconstruisit dans l’intra-muros en 1585-1603. Elle fut endommagée par les foudres révolutionnaires quand elle fut transformée en temple de la déesse Raison en 1796 avant de retrouver sa fonction première sous le Consulat de Napoléon.

Elle fut restaurée à plusieurs reprises, notamment à la fin du XXème siècle. Elle abrite une horloge du XVème siècle et lui est contigu un calvaire avec une Mise au Tombeau (1480-1520). Celui-ci date de 1754, bâti à l’initiative de la confrérie de la Passion.

Chapelle Notre-Dame de Lorette

Bâtie par Jean Gobert, un bourgeois athois du XVIème siècle. Abandonnée lors de la révolution, elle tomba en ruine et fut reconstruite en 1903. On y voit une Vierge à l’Enfant en bois polychrome du XVIème.

Chateau Bourlu, hôtel de maître du XVIIIème (1767-1773), de style Louis XV-XVI. Il tient son nom de la « Tour bourlue » qui se trouvait sur le rempart du XIVème à cet endroit. Aujourd’hui Justice de Paix.

Maison du Lombard (rue du Spectacle). Le bâtiment, construit au XIIIème, reconstruit au XVIème, fut démoli en 1953. Il en reste la façade d’entrée.

Maison « Espagnole » (Grand-Place), bâtie en 1564, démolie en 1963. La façade fut reconstruite à l’identique.

Les refuges d’abbaye :

  • De Ghislenghien (rue Haute), construit en 1535, acheté en 1645 par les bénédictines de l’abbaye à la famille de Jauche. Vendu comme bien national lors de la Révolution. Acheté par le maire d’Ath, Pierre Hannecart, en 1818. Il reste dans la famille de sa fille jusqu’en 1952, lorsqu’il est acheté par un commerçant qui en fait des appartements. On put sauver la façade en la classant en 1956. Le bâtiment fut acquis par la ville en 2004. Malheureusement, il fut endommagé par les bombardements de 1944.
  • De Saint-Martin de Tournai. Celui-ci fut construit en 1780 à la place de petites bâtisses appartenant aux moines. Vaste édifice Louis XVI. Occupé plus tard par un notaire, puis par une école et aujourd’hui un commerce.
  • De l’abbaye de Cambron, 1676, reconstruit en partie au XVIIIème. Occupé par la gendarmerie de 1797 à 1914. En 1929, Georges Empain en fut un entrepôt de denrées coloniales. Il fut ensuit affecté à des garages et mutilé.
  • De l’abbaye de Liessies (rue des Récollets). Louis XIV y a séjourné. Le bâtiment le plus ancien est du XVIème. Il fut plusieurs fois modifié. Tribunal de 1794 à 1795, il fut vendu comme bien national. Un enseignement, le Collège de Liessies, s’y installa en 1837.

Les musées d’Ath

La ducasse d’Ath

Elle fait suite à une fête religieuse avec procession qui avait lieu annuellement le 28 août à la Saint-Julien depuis la fondation de l’église. Elle mettait en scène les diverses confréries de la ville, dont les géants étaient leurs attributs symboliques. On y faisait des représentations de récits bibliques.

En 1819, la fête religieuse se mua en fête laïque et organisée dès lors le le 4ème dimanche d’août.

Le géant Goliath apparut déjà en 1481. On commença à le marier annuellement à partir de 1715 avec Madame Goliath. Dans le cortège sont apparus ensuite l’Aigle à deux têtes (XVIIème), Ambiorix, Mademoiselle Victoire (symbole de la ville depuis 1793), le cheval Bayard et les quatre fils Aymon.

http://www.ath.be/loisirs/folklore/ducasse-dath/historique 

Bibliographie

Le patrimoine d’Ath, Isabelle Deramaix et Adrien Dupont, Carnet du Patrimoine n°59, IPW

 

Avesnes-sur-Helpe

Le territoire

Superficie: 224 ha

Altitude: de 143 à 188 m

Situation géographique : sur le plateau des Ardennes dans la région paysagère de la Thiérache (vallonnée, bocages) inclus dans l’actuel Parc naturel régional de l’Avesnois

Cours d’eau : l’Helpe Majeure

Paysage préhistorique (après la dernière période glaciaire) : la Forêt Charbonnière (dont la Forêt de Mormal est un vestige)

Nature du sol : limoneux

Nature du sous-sol : grès, schistes

Préhistoire

Non documentée.

A proximité, à Flaumont-Waudrechies, se trouvait un oppidum gaulois, dont certains pensent qu’il pouvait servir de capitale des Nerviens avant l’arrivée des Romains. Ce site n’a jamais été fouillé méthodiquement, car il a été supplanté par une carrière de pierres.

Antiquité gallo-romaine

Non documentée. La chaussée romaine reliant Bavay, chef-lieu de la Cité gallo-romaine des Nerviens, à Reims, capitale de la province gallo-romaine de Belgique.

Premier Moyen-Age (période franque mérovingienne et carolingienne)

Non documentée.

Deuxième Moyen-Age – la localité

Première mention: au XIème siècle

Toponymie (anciennes orthographes) :

  • Avethnoe, 1100, 1220
  • Avisnis, 1107
  • Avesnis, 1131
  • Avesnes, 1174, 1232, 1303, 1473
  • Avesnoe, 1201, 1292
  • Avesne, 1247
  • Avennoe, 1248
  • Avènes, 1556
  • Advesnoe
  • Advesnes

Etymologie (hypothèses d’origine du nom)

Une première hypothèse est de faire dériver le nom du mot « avoine » (avena) au sens de « terre maigre ». Ce qui apparaît peu probable. La seconde hypothèse est reliée au mot avesna (latin), avisna, afisna (germanique), qui signifie pâturage. Ce qui est plus conforme au paysage.

Epoque de son apparition: XIème siècle

Facteurs ayant favorisé son émergence :

voies de communication: la chaussée romaine Bavay-Reims, la voie médiévale Maubeuge-Reims

sources d’eau ou cours d’eau: l’Helpe Majeure

source de bois: région boisée

proximité d’un lieu de pouvoir: le château seigneurial

Paroisse dédiée à Saint-Nicolas

Evêché: de Cambrai

Décanat/doyenné: ??? Avesnes ???

Autel (dîmes, entretien de l’église, nomination des officiants) donné à ???

Répartition des pouvoirs pendant la période féodale (jusqu’en 1658)

Autorité supérieure: comté de Hainaut

Autorité sous-jacente (administrative et judiciaire): la Terre d’Avesnes (qui était une prévôté judiciaire et administrative dépendant du comte)

La fondation d’Avesnes

Ces territoires de l’Avesnois appartenaient aux comtes de Hainaut au Xème siècle, probablement issus des domaines fiscaux royaux à l’époque franque.

A cette époque le tenant du titre était Régnier V. Comme pour ses prédécesseurs, sa tâche était de se bâtir un comté stable sur le plan politique, dans des temps difficiles. Le comte Baudouin IV de Flandre s’attaquait aux villes sur l’Escaut (dont Valenciennes). Entre la Flandre et le Hainaut, c’est-à-dire entre l’Escaut et la Haine, se trouvait l’ancien pagus de Brabant (ou Burbant), qui était devenu en partie, depuis le milieu du siècle précédent, la marche d’Ename (comté militaire) dont le but était de défendre l’empire germanique (tout ce qui se trouvait à l’est de l’Escaut relevait de celui-ci). Son marquis n’a pas toujours eu l’autorité suffisante pour y faire régner l’ordre.

Le comte Régnier V qui, entre autres, ambitionnait le territoire, avait d’ailleurs épousé la fille d’un de ceux-ci, Herman de Verdun.

A cette époque instable, quelques chefs guerriers tentèrent de se ménager des domaines privés. C’est ainsi que l’un d’entre eux, Wédric le Sor (le Roux), vers 990-vers 1066) prétendit qu’il descendait d’un des anciens comtes du Brabant, Gérard de Roussillon, démis par le roi Charles le Chauve au IXème siècle. Il revendiquait donc pour lui tout ce territoire. Son père était comte du Morvois (Aube).

Joignant le geste à la parole, il déboula dans la contrée avec des troupes et se mit à s’emparer des plus grosses agglomérations de ce Burbant : Condé, Leuze, peut-être Ville (-Pommeroeul).

C’est Jacques de Guyse, un chroniqueur du XIVème siècle, qui nous décrit ces faits  d’armes, les exagérant au passage, puisqu’il prête à Wédric le Sor la prise de Lessines, de Grammont, de Silly et de Chièvres. Pour ces deux dernières seigneuries, il semble que ce fut réel mais qu’il en fut débouté. Wédric épousa cependant la fille du seigneur de Chièvres.

Il est possible qu’une partie de ces faits soit à mettre sur le compte de son fils, Wédric « le Barbu » (v1050-v1075).

Face à ces évènements, le comte de Hainaut Régnier V, époux de la fille unique du marquis de Brabant, et donc héritier du petit comté, arrêta l’intrépide Wédric, qui finit par lui rendre hommage. Cela rapporta à ce dernier quelques cités (Leuze, Condé et Landrecies principalement), mais aussi de nouvelles terres « vierges », propriétés comtales dans le futur Avesnois, entre les deux Helpes.

S’il semble que « le Sor » termina sa vie à Leuze, par contre son fils « le Barbu » s’installa à Avesnes où il fit construire vers 1050 ou 1066 un donjon sur un éperon rocheux dominant la vallée de l’Helpe Majeure. Une petite communauté paysanne s’installa autour. C’est ainsi qu’Avesnes fut fondé.

La seigneurie d’Avesnes

Maison d’Avesnes

C’est donc avec ces personnages turbulents que commença la « dynastie des Avesnes » qui un jour s’installerait sur le siège comtal.

En réalité la destinée de cette première famille fut courte. A Wédric le Barbu, succéda son fils Thierry I d’Avesnes (v1020-v1075), aussi récalcitrant que le grand-père et le père. En effet,  il s’attaqua ni plus ni moins au comte Baudouin II de Hainaut, se permettant d’aller saccager Mons et Maubeuge, ainsi que leurs monastères en 1093. Il finit assassiné en 1106, ne laissant pas de postérité. C’est pourquoi les successeurs ont formé la “Deuxième maison d’Avesnes”.

Thierry d’Avesnes avait une soeur, Ide (Ade) d’Avesnes (1050-1075), qui reçut l’héritage (toujours Avesnes, Leuze, Condé et Landrecies). Condé, par contre, en 1114, fut partagé en deux par le comte Baudouin III, les Avesnes conservant le domaine du « Château » au confluent Escaut-Haine.

Ide avait épousé Fastré I d’Oisy (v1050- ?), avoué de l’abbaye Saint-Martin de Tournai, qu’il avait fondée. Théoriquement la seigneurie aurait dû porter le nom de ce dernier, mais les descendants préférèrent prendre le nom d’Avesnes. La comtesse Richilde éleva la seigneurie en pairie du comté de Hainaut en 1076. Les seigneurs d’Avesnes devenaient ainsi de proches conseillers à la cour de Mons. Il valait mieux s’allier ces puissants seigneurs, même rebelles, que de les considérer en ennemis. Les seigneurs suivants furent

  • Gossuin d’Oisy « le Borgne » ( ?-1120), fils du précédent. Un brigand plus qu’un seigneur protecteur pour ses sujets. Il commença à fortifier Avesnes sans l’autorisation du comte. Il n’eut pas d’enfant.
  • Fastré II d’Oisy (v1070-1127), frère de Gauthier
  • Gauthier I « Pulechel – le Beau » d’Avesnes (1110-1147), fils du précédent. C’est lui qui prit définitivement le nom d’Avesnes.
  • Nicolas I d’Avesnes (1129-1171), fils du précédent.
  • Jacques I d’Avesnes « le Beau » (1152-1191), fils du précédent. Encore un rebelle qui se retourna contre son comte Baudouin V en prenant le parti du comte de Flandre. Il fit même assassiner l’évêque de Cambrai, le seigneur de Fontaine. En représailles, le comte lui ravit son château, puis le lui rendit sous la pression du roi de France Philippe Auguste. Il participa à la 3ème croisade où il fut tué en 1191. Par son mariage, il avait ajouté Guise à ses possessions (Avesnes, Condé-Château, Leuze, Landrecies).
  • Gauthier II d’Avesnes (v1170-1244), fils du précédent. Avec lui la famille d’Avesnes monta en importance dans la politique du comté, mais aussi dans le contexte politique de l’époque (guerres entre le roi de France Philippe-Auguste et ceux d’Angleterre, Richard Cœur de Lion et Jean sans Terre). En 1200, il dota les habitants d’une charte de droits. Par mariage, il devint également comte de Blois, de Dunois et de Chartres. Il combattit à Bouvines en 1214, côté français. Il participa à la 5ème croisade où il fut fait prisonnier, puis fut libéré. Il n’eut pas d’enfant mâle survivant. Son frère Bouchard d’Avesnes, qui avait épousé Marguerite, la fille du comte Baudouin VI, eut de gros démêlés dans le comté, avec le roi de France et avec le pape. Son histoire est racontée dans la « généalogie des Avesnes ». Il est  à l’origine de la lignée des Avesnes qui furent comtes de Hainaut.
  • Marie d’Avesnes, fille aînée de Gauthier II, mourut en 1241 avant son père. Elle avait épousé vers 1225 Hugues de Châtillon (1196-1248).

Au XIIIème siècle, on construisit une enceinte plus large.

En 1247, la comtesse Marguerite dota les habitants des droits dont jouissaient ceux de Valenciennes (dont ceux de chasser, pêcher et de récolter le bois de la forêt de Mormal).

Maison de Châtillon-St-Pol

Jean I de Châtillon (v1226-1279) était le fils d’Hugues V de Châtillon-St-Pol et de Marie d’Avesnes, fille de Gauthier II d’Avesnes, nièce de Bouchard. Il était comte de Saint-Pol et de Châtillon-sur-Marne. Par son mariage, il devint seigneur d’Avesnes, de Condé-Château, de Leuze, de Landrecies et de Guise.

  • Ils eurent une fille, Jeanne de Châtillon (1253/1254-1291) qui épousa Pierre de France, un fils du roi “Saint” Louis IX. A sa mort, elle abandonna les terres hennuyères à son oncle Guy II de Châtillon-St-Pol, sauf Avesnes qui alla à son cousin Hugues VI de Châtillon-Blois (1258-1307). Ensuite, on trouva :
  • Guy I de Châtillon-Blois (1298-1342), fils du précédent
  • Louis I de Châtillon-Blois( ?-1346), fils du précédent
  • Louis II de Châtillon-Blois ( ?-1372), fils du précédent
  • Jean II de Châtillon-Blois ( ?-1381), frère du précédent
  • Guy II de Châtillon-Blois ( ?-1397), frère des deux précédents
  • Jean de Châtillon-Blois « de Bretagne » (1346-1404), descendant de Guy I
  • Olivier de Châtillon-Blois « de Bretagne » (1389-1433), fils du précédent. Il restaura les murailles et fit construire des tours crénelées.

C’est à cette époque, en 1430-1433, que le Hainaut fut englobé dans le grand duché de Bourgogne de Philippe le Bon. Celui-ci prit  le titre de comte de Hainaut et le transmit à ses descendants. Avesnes était alors une ville, dont les nombreux bâtiments publics (maison de paix, église, chapelles, fontaines, ….) étaient bien protégés par les fortifications.

  • Jean de Châtillon-Blois « de Bretagne » (1393-1454), frère du précédent
  • Guillaume de Châtillon-Blois (1400/1402-1455/1456), frère des deux précédents. Il eut trois filles, dont Françoise de Châtillon-Blois ( ?-1481) qui épousa Alain d’Albret.

En 1461, c’est à Avesnes que le roi Louis XI revêtit la pourpre royale, reçut les députés de la ville et fit organiser un office solennel dans l’église.

Maison d’Albret

Alain d’Albret « le Grand » (v1440-1522) devint seigneur d’Avesnes par mariage. Il était connétable du roi Louis XI de France. En ces années-là, Louis XI était en guerre contre Charles “le Téméraire”, souverain des Etats Bourguignons, guerre qu’il poursuivit avec la fille et le gendre de ce dernier, Marie de Bourgogne et l’archiduc Maximilien d’Autriche. Dans ce contexte, Louis XI décida d’abattre les places fortes du Hainaut. Il envoya son connétable Alain d’Albret s’emparer, tout en détruisant, la cité d’Avesnes, … dont il était le seigneur et donc le protecteur de ses habitants. La ville fut en partie détruite.

Gabriel d’Albret (1459-1503) succéda à son père et … fit réparer les dégâts, tout en rendant l’hommage à l’archiduc Maximilien qui autorisa la tenue d’une franche foire annuelle dans la ville. Son frère aîné était devenu roi de Navarre. N’ayant pas d’enfant, il légua ses biens, dont Avesnes, à sa soeur Louise d’Albret (?-1531). Elle fit à nouveau réparer l’église, en partie détruite par un incendie en 1514. Elle y créa un chapitre de chanoines, ce qui élevait l’église au rang de collégiale.

Maison de Croÿ

Charles I de Croÿ-Chimay (1455-1527) devint seigneur d’Avesnes par mariage avec Louise d’Albret. Il était le fils de Philippe I de Croÿ, seigneur de Chimay, de Quiévrain et d’Ecaussines (Lalaing). Il n’eut pas de fils survivant à son décès.

Sa fille Anne de Croÿ (1501-1539) devint son héritière. Elle épousa Philippe II de Croÿ (1496-1549), un cousin issu de la branche aînée de la famille, duc d’Aerschot et marquis de Renty.

Vers 1530-1540, des fortifications bastionnées furent construites à la demande de l’empereur Charles Quint. Son fils Philippe II, accompagné de son père, vint faire sa Joyeuse Entrée en 1549 à Avesnes. A cette époque, Charles-Quint était en guerre contre le roi de France François Ier. Avesnes, Landrecies et Le Quesnoy constituaient des places fortes importantes aux frontières.

Son fils Charles de Croÿ (1522-1551) lui succéda. N’ayant pas d’enfant, sa succession passa à son frère cadet, Philippe III de Croÿ (1526-1595). Le Hainaut, lors de l’abdication de Charles Quint passa à la Couronne d’Espagne, soit à Philippe II, fils de l’empereur. Philippe de Croÿ céda en 1556 au jeune souverain un quart des lieux alentours avec les droits de justice.

Ce fut ensuite Charles III de Croÿ (1560-1612), fils du précédent, qui en fut le seigneur. Il était le dernier membre de la lignée aînée des de Croÿ. Celle-ci s’était constituée d’immenses domaines qu’il partagea entre quelques neveux et nièces.

d’Adrien de Montigny (fin XVIème)

Maison d’Arenberg

Avesnes revint à Alexandre d’Arenberg (1590-1629), fils cadet d’Anne de Croÿ, soeur de Charles III de Croÿ, seigneur d’Avesnes entre autres. Anne de Croÿ avait épousé Charles de Ligne, prince d’Arenberg, dont les successeurs prirent le nom d’Arenberg. La seigneurie d’Avesnes passa ensuite successivement à ses fils :

  • Albert Alexandre d’Arenberg (1618-1643),

La reine Marie de Médicis, quittant la France, fut reçue à Avesnes en 1631 par le prince d’Epinoy, au nom de l’archiduchesse Isabelle.

  • Philippe d’Arenberg (1619-1675), frère du précédent

Avesnes était espagnole. Suite aux premières guerres de Louis XIV qui voulait repousser les frontières de son royaume vers le nord, on signa le Traité des Pyrénées (1659) qui fit passer les prévôtés d’Avesnes et du Quesnoy dans le royaume de France. Définitivement. En 1660, Damorasan, commissaire des guerres, vint prendre possession de la ville.

Celle-ci fut fortifiée par Vauban, qui intégra la place dans son réseau des places fortes du « Pré carré ». Il mit en place un réseau moderne d’ouvrages extérieurs (redoutes et demi-lunes) avec système d’inondation (Pont des Dames).

Avesnes forma un baillage du Hainaut français.

  • Ernest Dominique Alexandre (1643-1685), fils du précédent, qui mourut sans postérité et céda ses biens à son cousin Germain, Philippe de Hennin-Liétard (information prise dans une généalogie officielle des Arenberg).

En 1667, Louis XIV, en guerre contre les Pays-Bas Espagnols, résida quelques jours à Avesnes.

Maison de Hennin-Liétard

Philippe Louis de Hénin-Liétard (1646-1688) était le fils aîné d’Eugène de Hennin-Liétard, de la lignée aînée des comtes de Boussu. Il avait épousé Anne Isabelle d’Arenberg, sœur d’Albert et de Philippe d’Arenberg (cités plus haut).  C’est ainsi qu’Avesnes, mais aussi Chimay et Beaumont, entrèrent dans les biens des comtes de Boussu et y restèrent jusqu’à la Révolution.

Charles Louis Antoine de Hennin Liétard (1675-1740), fils du précédent.

En 1706, la terre et paierie d’Avesnes furent adjugées pour dettes, par un arrêt du Parlement, à Philippe II, duc d’Orléans, de qui elles passèrent de père en fils jusqu’à Philippe d’Orléans, « dit Egalité », l’une des victimes de la Révolution.

Maison d’Orléans

  • Philippe II d’Orléans (1674-1723), duc de Valois, d’Orléans, de Chartres, de Nemours et de Montpensier. Il fit l’acquisition d’Avesnes en 1706.
  • Louis III d’Orléans (1703-1752), fils du précédent
  • Louis Philippe I d’Orléans (1725-1750), fils du précédent
  • Louis-Philippe II « Egalité » d’Orléans (1747-1793), fils du précédent.

Fin de l’Ancien Régime féodal en 1789.

L’ancien régime dans le royaume de France (1659-1789)

En 1659, le Traité des Pyrénées annexa la prévôté d’Avesnes au royaume de France.

  • Etat : le royaume de France
  • Baillage : Avesnes, dès 1661. Avesnes devint le siège d’une maréchaussée en 1773.
Répartition des pouvoirs pendant la période contemporaine (à partir de 1789)

Avesnes n’eut pas trop à souffrir des événements révolutionnaires.

  • Etat: France dans ses divers régimes (républiques, monarchie, empire)
  • Département: Nord (sous-préfecture)
  • Arrondissement : Avesnes-sur-Helpe (chef-lieu dès l’an VIII)
  • Canton: Avesnes-sur-helpe

En octobre 1793, Avesnes fut le siège de l’état-major de Jourdan et de Carnot lors de la bataille de Wattignies.

En 1814, lors de la retraite de Russie, Avesnes fut prise par les Russes. La ville fut presque détruite en 1815 par l’explosion d’un magasin à poudre. Avesnes fut ensuite rebâtie en moins d’un an.

En juin 1815, Napoléon Ier y passa sa dernière nuit avant la bataille de Waterloo, dans le presbytère actuel. Après la défaite, les Russes occupèrent Avesnes de 1816 à 1818.

Evénements et faits marquants sur le sol de la commune

En 1621, un avesnois, Jesse de Forest, teinturier, originaire de la ville, demanda à l’ambassadeur d’Angleterre à La Haye l’autorisation d’émigrer en Virginie avec 55 huguenots de la région. Demande approuvée. Les immigrants débarquèrent dans le Nouveau Monde deux ans plus tard où ils fondèrent Neuf-Avesnes. Un monument rappelle le souvenir de Jesse de Forest à New-York, comme à Avesnes.

Les guerres mondiales du XXème siècle

En août 1914, après avoir envahi la Belgique, les Allemands entrèrent en France.  Les soldats Français cédèrent devant leur poussée. Les Allemands arrivèrent à Avesnes le 26 août 1914.

De mars à septembre 1918, le général Hindenburg installa son quartier général à Avesnes. C’est de là qu’il dirigea les dernières opérations allemandes. Le 15 juin, l’empereur Guillaume II y passa les troupes en revue sur la Grand’Place.

Les Allemands partiront d’Avesnes en novembre 1918 (armistice le 11 novembre 1918).

En mai 1940, venue de Belgique, la 7e Panzer (division blindée), commandée par le général Erwin Rommel, arriva dans l’Avesnois le 16 mai 1940 en passant par Clairfayt. Elle continua sa progression très rapidement en empruntant la route qui mène de Solre-Le Château au lieu-dit « Les 3 pavés », puis poursuivit en passant à Avesnes-sur-Helpe (en empruntant l’avenue du Pont-Rouge) et continua ensuite vers Landrecies.

Avesnes fut occupée par les Allemands. Elle fut libérée en septembre 1944. Le 2 septembre 1944, alors que les Allemands ont quitté Avesnes-sur-Helpe, des Français agitèrent un drapeau tricolore en haut de la Collégiale Saint Nicolas. Les Allemands qui battaient en retraite par la RN2 n’apprécièrent pas le geste et tirèrent sur le clocher qui sera détruit.

Economie

Longtemps elle fut basée sur l’agriculture (céréales) et l’élevage de la région environnante. Jusque dans les années 1950, la ville était un des plus importants marchés au beurre et fromages de France, au sein du bassin laitier de l’Avesnois.

On y vit des entreprises annexes (brasseries, moulin à blé), ainsi qu’une marbrerie, une savonnerie, une clouterie et des tanneries.

En 1786, le maire Gossuin installa une première école de filature ainsi qu’une première filature de coton.

Voies de communication

En 1901, eut lieu l’inauguration et la mise en service de la ligne de chemin de fer entre Avesnes-sur-Helpe et Sars-Poteries. Elle reliait Avesnes sur Helpe à Solre-le-Château, via le Flaumont-Waudrechies, Sémeries, Felleries, Beugnies, Sars-Poteries. Jusqu’à la Seconde Guerre mondiale (16 août 1941), le transport des voyageurs fut assuré. Ensuite, seul le transport de marchandises composé essentiellement par la livraison de fournitures agricoles (paille, engrais…) subsista jusqu’en 1953.

Le 28 octobre 1907 fut mise en service la ligne entre Avesnes et Solesmes (47 km) via Avesnelles, Etroeungt, Boulogne/Helpe, Cartignies, Landrecies… Un service régulier des voyageurs était assuré. En août 1914, le trafic voyageur fut interrompu. En 1916, pendant l’occupation allemande, les rails ont été démontés et le réseau a été dans l’impossibilité de fonctionner.

Aujourd’hui, Avesnes-sur-Helpe est surtout une ville administrative et de services (services municipaux, sous-préfecture, …), ainsi qu’un centre de commerces.

Patrimoine

Hôtel de Ville actuel (1757-1758)

Collégiale St-NicolasSelon de Guise, une première église rustique fut remplacée vers la fin du XIème par Thierry d’Avesnes. Au XIIIème, elle fut agrandie en style gothique. Elle fut incendiée par les troupes de Louis XI en 1477. Reconstruite, elle fut encore endommagée en 1514 par un autre incendie. C’est à Louise d’Albret qu’on doit sa reconstruction  en 1534. Cet édifice contenait les monuments funéraires de quelques seigneurs d’Avesnes, qui furent détruits par les révolutionnaires. Elle devint au XVIème siècle « église collégiale » avec un chapitre de chanoines.

D’Adrien de Montigny (fin XVIème)

Le bâtiment de l’ancien tribunal de grande instance, situé Place Guillemin, fut construit en 1828. Il est caractérisé par ses imposantes colonnes en façade et son style gréco-romain. Le tribunal fut transféré en 2007 sur le plateau Chémerault.

Anciens remparts du XVIème et du XVIIème (Vauban, entre 1690 et 1723).

Avesnes fortifiée par Vauban (plan en relief)

Porte de Mons, XVIIème

Bibliographie

http://anor2007.unblog.fr/category/histoire-de-la-terre-davesnes/

 

Beaumont

Le territoire

Superficie: 696 ha

Altitude: 220 m (moyenne)

Situation géographique : au nord de la « botte de la province du Hainaut » en bordure du plateau de l’Ardenne au sud de la Sambre

Cours d’eau : la Hantes (affluent de la Sambre) coule d’est en ouest au sud du territoire. Elle reçoit les eaux du ruisseau de Beaumont qui descend du nord.

Paysage préhistorique (après la dernière période glaciaire) : la Forêt Charbonnière

Préhistoire

Non documentée

Antiquité gallo-romaine

On aurait au XIXème siècle ramassé des objets d’époque romaine : substructions, vases, monnaies, tombeaux, urnes. Nous n’avons aucune précision à ce sujet (endroit, analyse). Ces éléments plaident pour un habitat.

Premier Moyen-Age (période franque mérovingienne et carolingienne)

Il semble qu’il existait un habitat d’importance sur le territoire de Beaumont dès l’époque mérovingienne. On évoque un atelier monétaire et une résidence fortifiée. Il s’agissait d’un endroit stratégique. Les fouilles ont permis de découvrir dans des tombeaux maçonnés : 

  • Des urnes avec des os
  • Un widerkom (récipient pour boire) de terre grise
  • Des framées (lances), un scramasaxe (glaive). Les armes dans les tombes plaident toujours pour des guerriers plutôt que pour des paysans.

Beaumont se situait dans le pagus moyen de la Sambre, qui comprenait le « canton » de Beaumont, une partie de ceux de Thuin et de Chimay.

Deuxième Moyen-Age – le village

Première mention: 1049

Toponymie (anciennes orthographes) :

  • Bellus Mons (1049)
  • Belmont  (1071)
  • Bellemont  (1086)
  • Bellumons  (1182)
  • Biaumont  (1273)

Etymologie (hypothèses d’origine du nom) : tout naturellement le « beau mont ».

Epoque de son apparition: au XIème siècle

Facteurs ayant favorisé son émergence :

voies de communication: pas de chaussée romaine sur le territoire, mais celle de Bavay-Trèves passait au nord

sources d’eau ou cours d’eau: la Hantes et son ruisseau affluent

source de bois: région boisée

proximité d’un lieu de pouvoir: le château seigneurial

Paroisse dédiée à Saint-Servais

Evêché: de Cambrai (comme tout le Hainaut)

Décanat/doyenné: Thuin (diocèse de Liège)

Autel (dîmes, entretien de l’église, nomination des officiants) donné à l’abbaye de Floreffe en 1150 par l’évêque Henri II de Liège.

Répartition des pouvoirs pendant la période féodale (jusqu’en 1792/1794)

Autorité supérieure: comté de Hainaut

Autorité sous-jacente (administrative et judiciaire): la prévôté de Beaumont

La baronnie

Vers 976, l’empereur Otton II restitua à Régnier IV (dont le père Régnier III avait été destitué du comté de Hainaut et de ses possessions) quelques possessions, mais pas le titre de comte. Parmi ces domaines, figuraient Beaumont et Chimay, pris aux dépens du Pagus (comté) de Lomme (Namur). Il n’est pas impossible que le même Régnier ait forcé la main de son empereur en s’emparant au préalable de certains de ces domaines.

Ce qui est certain, c’est qu’au début du siècle suivant, les comtes de Hainaut détenaient de grands domaines dans cette région qui constitue l’actuelle botte du Hainaut et aussi dans l’Avesnois voisin sur la rive droite de la Sambre. A partir de cette époque, Beaumont va toujours relever du comté de Hainaut, place forte défensive aux limites orientales du comté. A plusieurs reprises, les comtes donnèrent Beaumont en apanage à un membre de leur famille. Héritage qui revient au comte dès qu’il n’y a plus d’héritier mâle.

Il deviendra le chef-lieu d’une prévôté judiciaire au XIIème siècle.

Maison de Hainaut

Les seigneurs de Beaumont furent dans un premier temps les comtes de hainaut eux-mêmes.

Régnier IV de Hainaut (998-1013), fils de Régnier III, reçut de l’empereur de grands domaines dans la région. On ne sait pas s’il existait encore à Beaumont à l’époque un habitat fortifié. Peut-être un petit village qui se développait.

Régnier V de Hainaut (1013-1039), fils du précédent

Herman de Hainaut (1039-1050), fils du précédent, qui a épousé Richilde d’Egisheim. A la mort de son mari cette Richilde de Hainaut (1050-1083), épousa en secondes noces Baudouin VI de Flandre (Ier de Hainaut, 1051-1070), fils du comte Baudouin V de Flandre. Beaumont restait un site stratégique important, en ces temps de luttes féodales, face à la principauté de Liège. On doit à la comtesse Richilde d’y avoir fait construire un donjon (tour Salamandre) et des fortifications vers 1049 ou 1067 (selon les sources – la seconde date est plus vraisemblable, car elle semblait avoir plus de pouvoir à ce moment). Elle y plaça un châtelain. Les seigneurs de Beaumont y résideront en fait rarement. En 1071, les châtelains de Mons, de Beaumont et de Valenciennes durent faire hommage à l’évêque de Liège, devenu momentanément suzerain de Hainaut pour aider financièrement Richilde à combattre Robert le Frison qui revendiquait le comté de Flandre et lui faisait la guerre.

Arnould de Flandre-Hainaut (1070-1071), fils aîné du second mariage de Richilde, qui mourut précocement à la bataille de Cassel face aux troupes flamandes de Robert le Frison.

Baudouin II de Hainaut (1071/1087-1098), son frère cadet

Baudouin III de Hainaut (1098-1120), fils du précédent

Baudouin IV de Hainaut « le Bâtisseur »  (1120-1171), fils du précédent. Vers 1158, celui-ci, dans sa politique d’aménagement de son territoire (fortifications de villes, fondations de villes nouvelles), fit aménager le château.

Baudouin V de Hainaut et VIII de Flandre (1171-1195), fils du précédent, fit construire une enceinte vers 1185 autour du donjon (Tour Salamandre) donnant à Beaumont le statut de bourg.

Baudouin VI de Hainaut et IX de Flandre dit « de Constantinople » (1195-1205), fils du précédent,

Jeanne de Flandre et de Hainaut dite « de Constantinople » (1205-1244), fille aînée du précédent, d’abord sous la tutelle de son oncle Philippe le Noble, marquis de Namur, puis sous celle du roi de France, Philippe-Auguste, qui la maria avec Ferrant de Portugal. Ils n’eurent pas d’enfants.

Marguerite de Flandre et de Hainaut dite « de Constantinople » (1244-1278), sœur cadette de Jeanne, lui succéda. Elle épousa successivement Bouchard, frère du seigneur d’Avesnes (mariage annulé dont furent issus deux enfants, d’abord considérés comme bâtards, puis réhabilités plus tard par le pape), puis Guillaume de Dampierre (1223-1231). Veuve, elle continua à administrer les deux comtés, alors que les fils de ses deux unions s’étripaient pour  l’héritage. Entre-temps, Marguerite donna la seigneurie de Beaumont à son fils cadet Baudouin, issu de son premier mari, Bouchard d’Avesnes.

Maison de Hainaut-Avesnes

Baudouin d’Avesnes  (1215- 1289), fils cadet de Marguerite et de Bouchard d’Avesnes. Sa mère lui fit donation de la seigneurie de Beaumont. Il s’agissait d’un apanage, seigneurie qui pouvait être transmise à sa descendance mâle, mais devait revenir au comte en cas d’absence d’héritier mâle. Ce qui fut déjà le cas ici, car son fils Jean mourut avant lui en 1283. 

Cette coutume va persister un moment par la suite, Beaumont allant systématiquement au puîné (second fils) de la famille comtale.

C’est son petit-fils Baudouin d’Avesnes ( ?-1299) qui lui succéda. Il n’eut pas non plus de postérité. Beaumont rentra dans les possessions comtales de son oncle Jean d’Avesnes (1248-1304), petit-fils de Bouchard.

La seigneurie fut à nouveau remise en panage à son fils puîné Jean d’Avesnes « de Beaumont » (1288-1356), un aventurier qui batailla en Angleterre au service du futur Edouard III, puis en France au service du roi Philippe V de Valois, dont il sauva la vie à Crécy (1346), une des premières batailles de la Guerre de Cent Ans.

En 1340, au début de cette guerre de Cent Ans, l’armée française vint ravager les pays de Beaumont, de Chimay, d’Avesnes et du Quesnoy. Ces cités furent saccagées. A cette époque, le comte Guillaume II avait pris parti pour l’Angleterre. Le roi de France, Philippe V, pour se venger, envoya une armée commandée par son fils, duc de Normandie, et futur roi Jean II.

Maison de Blois-Châtillon

Jean de Beaumont n’avait eu qu’une fille, Jeanne de Hainaut-Avesnes, morte avant lui en 1350. Elle avait épousé en 1336 Louis I de Châtillon-Blois, qui mourut avant elle en 1346. Leur importante succession (Soissons, Blois, Beaumont, Chimay, Avesnes, Condé-Château, Leuze et autres lieux) passa de fils en fils. Les deux premiers, Louis II de Blois-Châtillon ( ?-1372) et Jean II de Blois-Châtillon ( ?-1381), n’ayant pas eu d’enfant, c’est le troisième Guy II de Blois-Châtillon ( ?-1397) qui hérita en dernier lieu de tous ces domaines.

Ce dernier épousa Marie ( ?-1412), la fille du comte Guillaume I de Namur, de qui il eut un fils qui mourut avant lui en 1391. Guy donna le fief de Beaumont à son beau-frère Jean de Namur ( ?-1429).

Maison de Bourgogne

Jean de Namur, entretemps devenu comte de Namur en succédant à son frère, criblé de dettes par une vie de luxe et de dépenses, vendit ses possessions en viager à Philippe le Bon, duc de Bourgogne, en 1421.

Maison de Croÿ

Antoine de Croÿ (1385/1390-1475), conseiller et chambellan de Philippe le Bon, se vit offrir par celui-ci la place forte de Beaumont en 1453.

Son fils Philippe I de Croÿ (1435-1511) lui succéda. Il fut au service de l’archiduc Maximilien d’Autriche, beau-fils de Charles le Téméraire. Mais l’archiduc souleva une campagne de révoltes locales lorsqu’il tenta de redresser par des impôts les finances de ses Pays-Bas. Il réprima ces mouvements avec violence. Beaumont fut entre autres prise et saccagée en 1479.

Puis vint Guillaume de Croÿ (1458-1521), fils cadet du précédent, précepteur puis conseiller influent et chambellan de Charles Quint qui l’en remercia entre autres en érigeant Beaumont en comté en 1519. Guillaume n’eut pas de postérité.

Son neveu Philippe II de Croÿ (1496-1549) lui succéda. Il augmenta et compléta le système de défense, avec l’accord de Charles Quint qui vint visiter la ville, avec son fils Philippe, en 1549.

Puis ce fut le tour de Charles I de Croÿ (1522-1551), fils du précédent, qui n’eut pas non plus d’enfant et qui transmit ses possessions à son frère Philippe III de Croÿ (1526-1595).

A celui-ci succéda son fils Charles III de Croÿ (1560-1612), mort sans enfant et le dernier de la lignée aînée des de Croÿ qui possédait alors un vaste domaine. Il le partagea avant sa mort. Beaumont étant devenue une des résidences préférées de cette famille au XVème siècle, la ville connut alors un véritable essor.

D’Adrien de Montigny (fin du XVIème)

Maison d’Arenberg

Beaumont passa à sa sœur Anne de Croÿ (1564-1635), qui avait épousé en 1587 Charles de Ligne (1550-1616), un cadet de cette famille, mais prince d’Arenberg (par héritage maternel à condition que leurs successeurs portent le nom d’Arenberg). C’est donc leur fils Alexandre d’Arenberg (1590-1629) qui reçut Beaumont et qui le transmit à ses fils Albert Alexandre d’Arenberg (1618-1643, mort sans enfant), puis Philippe d’Arenberg (1619-1675) et enfin au fils de ce dernier Ernest Dominique Alexandre d’Arenberg (1643-1685).

Le bourg, d’Adrien de Montigny (fin XVIème)

En 1632, une épidémie de peste dévasta la population.

Dans le contexte de la Guerre de Trente Ans, en 1637, le maréchal de Turenne, au service du roi de France Louis XIII et de son conseiller le cardinal Richelieu, envahit une partie des Pays-Bas Espagnols. Il assiégea Beaumont. Les armées françaises durent céder rapidement leurs conquêtes.

De 1655 à 1660, les armées de Louis XIV se lancèrent à l’assaut des Pays-Bas Espagnols. Ils s’installèrent dans de nombreuses places, dont Beaumont et Chimay. La cité fut occupée. La ville, l’église et la Tour Salamandre eurent à subir un incendie en 1655 en représailles.

Au Traité des Pyrénées de 1659, les prévôtés de Beaumont, Chimay et Avesnes furent octroyées à la France. Les deux premières furent restituées aux Pays-Bas lors du Traité de Nimègue de 1678 qui redessina les frontières en amputant le Hainaut des prévôtés de Valenciennes, Bavay et Maubeuge.

Cela ne dura que peu de temps, car la guerre reprenant ses droits, toujours à l’initiative de Louis XIV, la Paix de Ratisbonne de 1684 ramena encore Beaumont et Chimay au royaume de France.

La Ligue d’Augsbourg, constituée par Guillaume III, roi d’Angleterre et de Hollande, avec les Autrichiens (l’Espagne s’étant rangée aux côtés de la France)  tenta une première reconquête en 1684, qui s’acheva par une défaite. Avant cela, Guillaume III s’était emparé de la place forte de Beaumont, dont il fit sauter les fortifications. La Tour Salamandre fut encore très endommagée.

Les adversaires étant épuisés, on signa la paix à Rijswijck en 1697. Les Pays-Bas, toujours espagnols, récupéraient une grande partie de leurs villes, dont Beaumont.

La guerre reprit pourtant ensuite, d’abord à l’avantage des Français. Mais ceux-ci durent cependant céder du terrain jusqu’au Traité d’Utrecht de 1713 qui fit de nos Pays-Bas des Etats Autrichiens.

Plan de Beaumont en 1606

Maison de Hennin-Liétard

Ernest d’Arenberg n’ayant pas d’enfant, c’est vers la descendance de sa sœur aînée, Anne Isabelle Caroline d’Arenberg (1616-1658) que partirent ses possessions. Cette dernière avait épousé Eugène de Hennin-Liétard, comte de Boussu (1614-1656).

Leur fils Philippe Louis Antoine de Hennin-Liétard (1646-1688) hérita du comté de Beaumont en 1685. Lui succédèrent :

Charles Louis Antoine de Hennin-Liétard (1675-1740), fils du précédent, mort sans héritier

Alexandre Gabriel Joseph de Hennin-Liétard (1681-1745), frère du précédent

Thomas Alexandre Marc de Hennin-Liétard (1732-1759), fils du précédent

Thomas Alexandre Marc Maurice de Hennin-Liétard (1759-1761), fils du précédent, mort à l’âge de deux ans

Philippe Gabriel Maurice Joseph de Hennin-Liétard (1736-1804), son frère.

Plan de Ferraris, XVIIIème

En 1794, il perdit définitivement ses droits féodaux sur Beaumont qui devint une ville du département français de Jemappes jusqu’en 1814, puis de la province de Hainaut jusqu’à nos jours.

La propriété du château resta dans cette famille qui la transmit à un de ses descendants, Maurice Riquet de Caraman, également propriétaire de celui de Chimay. En 1815, avant la bataille de Waterloo, Napoléon logea à l’hôtel de Maurice de Caraman, situé sur la Grand-Place.

Répartition des pouvoirs pendant la période contemporaine (à partir de 1814)
  • Etat: Belgique
  • Province: Hainaut
  • Arrondissement administratif : Thuin
  • Arrondissement judiciaire : Charleroi
  • Canton: Beaumont

A parti du 13 août 1914, près de 100.000 soldats Français passèrent à Beaumont pour tenter de freiner l’armée allemande sur la Sambre. Repoussés, ils durent battre en retraite dans les jours suivants.

Economie 

Nous ne sommes pas documentés à propos des activités professionnelles des habitants du bourg de Beaumont. Sans doute étaient-ils tournés vers le petit artisanat traditionnel des petites villes (tannerie, boucherie, poterie, …). Il existait sans doute un marché où les paysans des villages alentour venaient vendre les surplus de leurs récoltes.

Patrimoine

Tour Salamandre

Elle fut bâtie sur un petit plateau dominant la vallée de la Hantes. C’était le donjon de l’ancien château, bâti au milieu du XIème siècle par la comtesse Richilde, qui fit également ériger des fortifications. Celles-ci furent agrandies par le comte Baudouin IV au siècle suivant, faisant de Beaumont un bourg. Elle fut incendiée vers 1340 par le duc de Normandie, mais sembla résister aux raids du roi Louis XI de France au XVème siècle.

Quand les de Croÿ obtinrent la seigneurie au XVème siècle, ils transformèrent la forteresse en château confortable où ils résidèrent souvent. C’est eux qui donnèrent l’élan nécessaire pour faire de Beaumont une véritable ville. La tour fut reconstruite en 1549 par le duc Philippe de Groÿ.

Actuel musée de l’histoire de la ville.

Vestiges de rempart et de l’ancien moulin banal

Eglise de Saint Servais. Le bâtiment actuel est du XVIIIème siècle.

Anciennes institutions de Beaumont

  • Couvent du Béguinage, 1287
  • Couvent des Récollets ( ?), 1476
  • Hôpital de St Nicolas 

L’hôtel des Caraman-Chimay a été construit en 1845. Il succède cependant à de nombreuses constructions depuis le moyen-âge. Une de celles-ci fut achetée en 1806 par le prince Maurice Riquet de Caraman, descendant du dernier seigneur de Beaumont. Napoléon y aurait séjourné en juin 1815 avant d’aller affronter la grande coalition à Waterloo. La façade est de style néo-gothique. On trouve encore à l’intérieur des parties plus anciennes.

 

 

 

Chimay

Le territoire

Superficie: 5171 ha

Altitude: entre 220 et 275 m (240 en moyenne)

Situation géographique : entre les forêts de Fagne et de Thiérache

Cours d’eau : L’Eau Blanche (qui rejoint l’Eau Noire pour former le Viroin, affluent de la Meuse) prend sa source dans un étang à cheval sur Chimay et Momignies. Le ruisseau de Bardompré est un affluent de l’Eau Blanche. Il passe au sud et à l’ouest de l’agglomération.

Paysage préhistorique (après la dernière période glaciaire) : Il y aurait ici eu une clairière de la grande Forêt Ardennaise

Nature du sol : La bande calcaire de la Calestienne (sous-région de la Fagne-Famenne) expliquerait pourquoi ce lieu était moins planté d’arbres.

Nature du sous-sol : pierre calcaire (dévonien moyen)

Préhistoire

Néolithique (Homo Sapiens) :

La préhistoire en général est peu documentée. Une hache en silex aurait été ramassée au XIXème siècle.

Ages du fer :

Le Pays de Chimay était aux frontières des territoires Nervien, Attuatique et Rème. On y aurait trouvé des systèmes défensifs gaulois (sans précision).

Antiquité gallo-romaine

Il n’y avait pas de chaussée antique à proximité, mais probablement des diverticulums.

On aurait trouvé au XIXème siècle une nécropole (Campagne de Verdria) avec des urnes cinéraires, des armes et des disques de terre cuite. Il n’est pas fait mention d’un habitat à proximité.

Premier Moyen-Age (période franque mérovingienne et carolingienne)

Le pays de Chimay appartenait au pagus de Lomme (Namur), peut-être dès la fin de l’antiquité romaine et plus sûrement lors de la période franque. On est peu documenté sur cette période.

Il semblerait qu’au VIIème siècle, un certain Wibert, beau-frère de Pépin de Landen, possédait de grands domaines dans la contrée. Il aurait fait bâtir une résidence fortifiée à Cousolre (ce personnage pourrait correspondre au père de Waudru et d’Aldegonde).

Il semble qu’à Salles, village voisin, il existait un domaine royal (fiscal) et que le centre de pouvoir fut déplacé dans le dernier quart du IXème siècle vers Chimay. Le site castral, sur un éperon rocheux, était mieux défendu, surtout en cette période d’insécurité due aux raids vikings, puis hongrois. De plus, au pied du rocher passait l’Eau Blanche et un chemin qui allait de Saint-Quentin (Vermandois) à Givet.

Un homme issu de la haute aristocratie lotharingienne, Erlebold, semblait détenir le pouvoir  dans la région. Ce même Erlebold ( ?-921) et sa femme Alpaïde, fondèrent un monastère bénédictin dans leur villa de Salles en 887. Gérard de Brogne vint le « réformer » (c’est-à-dire améliorer la gestion du lieu qui était tenue par le seigneur laïc). Mais pour des raisons inconnues, l’institution fut dissoute avant 940.

Dans la première moitié du Xème siècle, l’abbaye bénédictine de Sainte Monégonde fut fondée, après qu’on y ait amené les reliques de la sainte. On pense que c’est le même Gérard de Brogne qui s’en chargea. Cette sainte était tourangelle, mais Gérard de Brogne s’était rendu au chapitre Saint-Martin de Tours peu avant. Une telle institution apportait de la légitimité à celui qui la fondait et lui assurait aussi des revenus grâce aux pèlerinages qui étaient organisés. De plus, les habitants du bourg voisin pouvaient aussi profiter des retombées grâce au commerce local.

En 910 ou en 944, l’abbaye fut transformée en chapitre de chanoines par Albert, comte de Vermandois, qui avait épousé Horsinde, fille du seigneur de Chimay (d’Erlebold ?). L’église fut transformée en collégiale dédiée à Saint-Pierre-et-Paul. Un problème: à cette époque en Vermandois, il s’agissait d’Herbert II qui avait épousé Adèle de France

Vers 976, l’empereur Otton II restitua à Régnier IV (dont le père Régnier III avait été destitué du comté de Hainaut et de ses possessions) quelques possessions, mais pas le titre de comte. Parmi ces domaines, figuraient Beaumont et Chimay , pris aux dépens du Pagus (comté) de Lomme (Namur). Il n’est pas impossible que le même Régnier ait forcé la main de son empereur en s’emparant au préalable de certains domaines. Alors que l’abbaye bénédictine dépendait de la principauté de Liège, il semble que le chapitre de Sainte-Ménégonde fut mis sous l’autorité de l’évêque de Cambrai.

Deuxième Moyen-Age – le village

Première mention: 887

Toponymie (anciennes orthographes) :

  • Cimacum, en 887
  • Cimay, Cymai (1065)
  • Chimai (1248, 1258, 1276)
  • Chimay (XXème)

Etymologie (hypothèses d’origine du nom) :

  • Cimacum (gallo-romain) viendrait de Cimus, un hypothétique chef gaulois local, et de ­-acum, domaine ou lieu (H. Gröhler, J. Herbillon)
  • Cimacon (gaulois) convient pour une même hypothèse : domaine de Cimos (X. Delamarre)
  • Cymacum (gallo-romain) de Coimos et –acum, domaine de Coimos (A. Carnoy). Le mot « coimos) en celtique peut également signifier « joli, aimable »
Epoque de l’apparition d’une communauté rurale: entre le IXème et le XIème siècle

Facteurs ayant favorisé son émergence :

voies de communication: pas de voie majeure antique.

sources d’eau ou cours d’eau: l’Eau Blanche

source de bois: région boisée

proximité d’un lieu de pouvoir:  le château seigneurial

Paroisse dédiée à Saint-Pierre-et-Paul

Evêché: de Cambrai, puis de Tournai (en 1803)

Décanat/doyenné: Chimay

Autel (dîmes, entretien de l’église, nomination des officiants) donné à ?

Répartition des pouvoirs pendant la période féodale (jusqu’en 1792/1794)

Autorité supérieure: comté de Hainaut

Autorité sous-jacente (administrative et judiciaire):  le comte Baudouin IV créa une prévôté dont Chimay fut le siège. Elle administrait la ville et 17 villages autour.

La seigneurie principale.

Ce fut une des douze pairies du comté de Hainaut. Au cours des siècles, la seigneurie passa dans diverses familles successives :

  • Chimay
  • Nesle-Soissons
  • Châtillon
  • Croÿ
  • Arenberg
  • Hennin-Liétard

Famille de Chimay (début du XIème siècle -1226)

Elle serait issue de l’aristocratie champenoise (nous n’avons aucune précision à ce sujet). Pour certains, elle aurait pu prendre la place de la famille d’Erlebold dont il est question plus haut.

Le premier seigneur connu fut Alard I de Chimay (cité dans des actes de 1029 et de 1031, soit à l’époque de Régnier V). Vers 1029, son domaine appartenait aux avoués du chapitre de Sainte Monégonde. Il était vassal des comtes du Hainaut et sa seigneurie se composait aussi des terres de Saint-Rémy, de Spolt (actuel Forges), de Salles et une partie de Gonrieux. Lui succédèrent:

  • Wautier de Chimay (cité en 1065, 1070, 1071), peut-être le fils du précédent
  • Macaire de Chimay (cité en 1088), fils du précédent
  • Allard II de Chimay (cité en 1111, 1114, 1117, 1119), fils du précédent
  • Allard III « Pollière » de Chimay (v1090- apr.1119), fils du précédent. Il épousa Ide de Hainaut, fille de Baudouin II et de Richilde
  • Gilles de Chimay ( ?-1189), fils du précédent, de la famille comtale par sa mère
  • Allard IV de Chimay (1160 -1220), fils du précédent
  • Roger I de Chimay (1190-1226), fils du précédent.
  • A sa mort, seule sa fille Marie de Chimay ( ?-1241) lui survécut et devint l’héritière des terres de Chimay. Elle avait épousé Jean II de Nesle, comte de Soissons.

Chimay connut une organisation urbaine dès la fin du XIIème siècle. On ne semble pas mentionner un artisanat particulier. Un donjon y fut élevé au XIIème siècle sur l’escarpement dominant l’Eau Blanche (emplacement du château actuel).

Maison de Nesle-Soissons (1226-1317), aussi comtes de Soissons

  • Jehan II « le Bon » de Nesle-Soissons (avt 1213-1270) épousa Marie de Chimay. En 1258, il accorda à Chimay une charte qui supprimait le servage et détermina le mode d’élection des maïeurs et des échevins de Chimay.
  • Jehan III de Nesle-Soissons ( ?-1282), fils du précédent
  • Jehan IV de Nesle-Soissons ( ?-1289), fils du précédent
  • Hugues (Huon) de Nesle-Soissons ( ?-1307), fils du précédent
  • A sa mort, il n’avait qu’une fille, Marguerite de Nesles (1306-1350), qui hérita de ses biens et les transmit à son époux, Jean de Beaumont, troisième fils du comte Jean I d’Avesnes et frère du comte Guillaume Ier de Hainaut-Avesnes.

Maison des Avesnes-Hainaut (1317-1356)

  • Jean III d’Avesnes-Beaumont (1288-1356), seigneur de Beaumont, châtelain de Valenciennes et de Condé. Il devint comte de Soissons et seigneur de Chimay par mariage en 1317 avec Marguerite de Nesles-Soissons, fille d’Hugues de Nesle.
  • Ils eurent une fille unique, Jeanne de Beaumont, qui épousa en 1336 Louis I de Blois-Châtillon, cadet de cette maison.

Maison de Blois-Châtillon

Louis I de Blois-Châtillon ( ?-1346, Crécy) devint seigneur de Chimay et de Beaumont, comte de Soissons en épousant en 1336 Jeanne de Hainaut-Beaumont. Jeanne administra les domaines jusqu’en 1356. 

Le domaine des nouveaux époux était étendu : la terre de Trélon en relevait, les villages de Robechies, Macon, Villers, Seloignes, Salles, Baileux, Beauwelz, Monceau et Momignies sont nommément désignés comme en dépendant. Ceux de Bourlers, Forges et Spos, Bailièvre et St-Remy y sont compris également. On y comptait de même les viviers de Beauwelz et de Seloignes comme aussi un moulin entre Forges et Chimay. Enfin s’y trouvaient les bois de Fagne et de Thiérache où les seigneurs donnaient à leurs manants des droits de pacage et de glandée. A cette terre venaient s’adjoindre le comté de Soissons et la seigneurie de Beaumont.

Leur premier fils, Louis II de Châtillon ( ?-1372), devenu seigneur de Chimay en 1356, mourut célibataire. Les biens allèrent à son frère Jean II de Châtillon ( ?-1381), mort également sans postérité, ce qui fit passer tous les domaines familiaux dans les mains du troisième fils, Guy II de Châtillon ( ?-1397). Ce dernier n’eut qu’un fils, Louis III, mort avant lui en 1391.

Alors que les possessions françaises restèrent dans la famille et allèrent à un petit cousin, Jean de Châtillon, la veuve de Guy II, Marie de Namur ( ?-1412) se remaria en 1406 avec Pierre « Clignet » de Brébant-Landreville, amiral de France, partisan de Louis, duc d’Orléans et donc des Armagnac dans la lutte que ceux-ci livraient aux Bourgogne. Il devint le nouveau baron de Chimay. A la mort de sa femme en 1412, il ne parvint pas à se maintenir face au parti bourguignon et son fief fut partagé :

  • Une partie alla au comte de Hainaut, descendant de Jean de Hainaut-Beaumont, soit Guillaume IV de Bavière
  • Une autre partie, la ville de Chimay et son château, alla à Thibaut de Soissons-Moreuil (avt1380-1434) apparenté aux Nesle-Soissons. Ce personnage était chambellan du roi Charles VI de France et gouverneur de Soissons pour le duc d’Orléans. Il fut fait prisonnier au siège de Rouen en 1417. Pour payer sa rançon, il dut vendre la plupart de ses biens. Ce qu’il fit pour Chimay en le cédant à Jean II de Croÿ en 1434.

    Chimay en 1581

Maison de Croÿ-Chimay

Jean II de Croÿ (1380-1473), frère d’Antoine « le Grand », fonda la lignée des Croÿ-Chimay. Il acheta la seigneurie de Chimay en 1434. Il racheta au duc de Bourgogne Philippe le Bon, successeur des comtes de Hainaut, l’autre partie de Chimay en 1445, soit les neuf villes du Sart de Chimay. Les seigneurs de Chimay étaient aussi seigneurs de Quiévrain. Il servit les ducs de Bourgogne, comme son frère, encore qu’ils se lièrent d’amitié avec le roi Louis XI de France, ce qui leur valut une disgrâce momentanée sous Charles le Téméraire. De 1465 à 1469, ce dernier confisqua la cité, puis il la restitua à Jean II de Croÿ en l’élevant au titre de Comté en 1473. Louis XI s’en emparera un temps. Jean II fit bâtir un hôpital à Chimay. Lui succédèrent:

  • Son fils, Philippe I de Croÿ (1434-1482)
  • Puis Charles I de Croÿ (1455-1527) le fils du précédent. Ce dernier vit Chimay élevée en Principauté en 1486 par l’archiduc Maximilien d’Autriche. Il fut le parrain, le tuteur puis le gouverneur du jeune Charles Quint.
  • Ses fils étant morts jeunes, c’est sa fille Anne de Croÿ (1501-1539) qui hérita des domaines. Elle avait épousé son cousin Philippe de Croÿ.
  • Philippe II de Croÿ (1496-1549) était issu de la branche aînée, ce qui faisait de lui le seigneur de nombreux domaines et le porteur de nombreux titres : marquis, puis duc d’Aerschot, marquis de Renty, comte de Beaumont et de Porcien, auquel il ajouta par son mariage avec sa cousine Anne de Croÿ le titre de prince de Chimay et de baron de Quiévrain. 
  • Charles II de Croÿ (1522-1551), son fils, décédé sans postérité
  • Philippe III de Croÿ (1526-1595), frère du précédent
  • Charles III de Croÿ (1560-1612), fils du précédent. Sans postérité, Charles III dut partager avant sa mort son immense domaine. La principauté de Chimay passa à son neveu, Alexandre, fils de sa sœur Anne et de Charles de Ligne-Arenberg.

Pendant cette période, Chimay eut à subir quelques assauts. Lors de son raid de 1552, Henri II de France, en guerre contre Charles Quint, s’empara de la cité.

En 1578, on vit le gouverneur des Pays-Bas Espagnols, Don Juan d’Autriche, venir assiéger Chimay à un moment où Philippe III de Croÿ avait pris le parti des protestants Orangistes.

C’est à la fin du XVIème siècle que débuta, sous Philippe II et Charles III de Croÿ, la construction du château “en L” (de style Henri IV).

D’Adrien de Montigny (fin XVIème)

Maison d’Arenberg

  • Alexandre d’Arenberg (1590-1629) était le fils cadet d’Anne-Isabelle de Croÿ et de Charles de Ligne. Ce dernier avait reçu le titre de prince d’Arenberg de sa mère, à condition que ses successeurs prennent le nom d’Arenberg. Il devint entre autres Prince de Chimay en 1612.
  • Ses deux fils lui succédèrent : Albert Alexandre d’Arenberg (1618-1643), mort sans postérité, et Philippe d’Arenberg (1619-1675) qui transmit l’héritage à son fils Ernest Dominique Alexandre (1643-1685). Ce dernier n’eut pas non plus d’enfant et ses biens passèrent à la famille des comtes de Boussu, les Hennin-Liétard.

Le XVIIème fut lourd de conséquences pour Chimay. Assiégée et prise, elle fut pillée et incendiée en 1635 par le duc de Candale.

En 1684, Louis XIV l’annexa avant de la rendre en 1697.

Plan de la ville au XVIème siècle

Maison de Hennin-Liétard

Philippe Louis Antoine de Hennin-Liétard (1646-1688) était le fils d’Eugène-Liétard qui avait épousé Anne-Caroline d’Arenberg, fille d’Alexandre d’Arenberg, cité plus haut et dont la descendance mâle s’était éteinte. Comte de Boussu et seigneur de nombreux domaines, il hérita de son cousin ci-dessus les titres (et possessions) de Prince de Chimay et Comte de Beaumont. Les princes suivants furent :

  • Philippe Louis Antoine de Hennin-Liétard (1684-1688), fils du précédent
  • Charles Louis Antoine de Hennin-Liétard (1675-1740), fils du précédent, mort sans héritier
  • Alexandre Gabriel Joseph de Hennin-Liétard (1681-1745), frère du précédent
  • Thomas Alexandre Marc de Hennin-Liétard (1732-1759), fils du précédent
  • Philippe Gabriel Maurice Joseph de Hennin-Liétard (1736-1804).

En 1792, l’Ancien Régime féodal fut aboli, restauré quelques mois en 1793, puis de nouveau aboli définitivement en 1794. Le dernier Prince de Chimay et comte de Boussu mourut en 1804 sans héritier direct. Par un testament du 24 messidor de l’an XI (1803), il avait institué ses deux neveux, fils de sa sœur Marie Anne Gabrielle, Maurice-Gabriel et François-Joseph de Riquet de Caraman, légataires universels.Ces derniers n’exerçaient évidemment plus de droits féodaux, mais étaient propriétaires respectivement des deux domaines et châteaux de Boussu et de Chimay.

Chimay revint à François-Joseph-Philippe de Riquet, comte de Caraman (1771-1843). Après la période française, il obtint du roi des Pays-Bas le titre de prince de Chimay, transmissible par droit de primogéniture. 

Ce fut l’époque de Madame “Tallien” (1773-1835). Elle était de descendance espagnole et avait épousé en 1789 un député du Parlement de Bordeaux. Elle devint bien vite la maîtresse de Tallien, commissaire de la convention de Bordeaux et à ce titre obtint à plusieurs reprises la clémence des révolutionnaires pour de nombreuses personnes, ce qui lui valut le surnom de “Notre-Dame de Thermidor”. En 1801, devenue veuve, elle épousa François-Joseph de Caraman, ce comte qui devint en 1814 prince de Chimay. C’est à Madame Tallien que l’on doit une bonne partie de la vie de cour à Chimay, ainsi que la rénovation du château, notamment celle du petit théâtre de style néoclassique.

Depuis lors, le château continue à appartenir à cette famille :

  • Joseph-Philippe de Riquet (1808-1886)
  • Marie-Joseph-Guy-Henri-Philippe de Riquet (1836-1892)
  • Marie-Joseph-Anatole-Elie (1858-1937)
  • Joseph-Marie-Alexandre-Pierre-Ghislain (1921-1990)
  • Il renonça à ses titres belges en faveur de son frère cadet.
  • Elie-Marie-Charles-Pierre-Paul  (1924-1980), frère cadet du précédent
  • Philippe-Joseph-Marie-Jean (1948-)
Répartition des pouvoirs pendant la période contemporaine (à partir de 1792)
  • Etat: Belgique
  • Province: Hainaut
  • Arrondissement administratif : Thuin
  • Arrondissement judiciaire : Charleroi
  • Canton: Chimay (chef-lieu)
Evènements et faits marquants sur le sol de la commune

Plusieurs sièges et incendies endommagèrent la ville et son château :

  • En 1340, le duc de Normandie, futur roi Jean II de France, vint assiéger et brûler la ville, pour le compte de son père, le roi Philippe V de France. Celui-ci voulait se venger du fait que le comte Guillaume II de Hainaut avait pris le parti anglais au début de la Guerre de Cent Ans. Beaumont, Avesnes, Le Quesnoy, Landrecies connurent le même sort.
  • Un incendie grave au début du XVIème causa de gros dommages à la ville. A cette occasion, Charles Quint donna l’autorisation d’organiser une foire pour financer les réparations.
  • Dans sa guerre contre Charles-Quint, le roi de France Henri II vint en 1554 assiéger et causer de gros dégâts à Chimay, comme il le fit à Beaumont, Binche et Mariemont.
  • En 1578, don Juan d’Autriche, gouverneur des Pays-Bas s’en prit à Chimay, dont le seigneur avait pris le parti des protestants dans la guerre religieuse et civile de l’époque.
  • Le maréchal Turenne s’empara de Chimay en 1640

En novembre 1792, les armées françaises s’emparèrent des Pays-Bas autrichiens. La population au début mars 1793 vota pour un rattachement à la France. Finalement la ville sera rattachée au district de Binche dans le département de Jemappes. On vit un retour autrichien en mars 1793, puis à nouveau celui des Français en mai 1794.

Le premier Traité de Paris (1814) laissa une grande partie de l’Entre-Sambre-et-Meuse à la France. Chimay appartint au département des Ardennes (07).

Le second Traité de paris (novembre 1815) décida le retour aux frontières de 1790. Le canton de Chimay revint au royaume des Pays-Bas et dans la province de Hainaut le 1 janvier 1816.

Patrimoine

Le château des princes de Chimay fut bâti sur un promontoire rocheux dominant la vallée de l’Eau Blanche. Le premier édifice aurait été construit vers l’an 1000. Il s’agissait d’un donjon. Dans les siècles suivants, la tour et une basse-cour furent entourées d’une enceinte (palissade et levée de terre dans un premier temps). Au XIIIème et au XIVème, on construisit une muraille et des tours autour du bourg.

Le château fut à plusieurs reprises l’objet d’attaques. Il dut donc être réparé de nombreuses fois.

Le bâtiment actuel est un manoir résidentiel du XVIème siècle. Il fut réaménagé par le prince François Joseph de Riquet de Caraman. Un incendie en 1935 causa de grosses destructions et on le restaura en style Renaissance Henri IV. Il est toujours  habité par la famille princière de Chimay. A l’intérieur, on trouve un salon, un théâtre rococco, une chapelle et encore une cheminée gothique du XVème. De nombreuses peintures sont accrochées aux murs, surtout des portraits des princes et une copie de la Vénus d’Urbino du Titien.

Le théâtre a été construit à l’initiative de Madame Tallien (1773-1835), épouse du prince de Caraman-Chimay sous la Restauration. Il fut reconstruit en 1863. Il est la réplique de celui de Louis XV du château de Fontainebleau. On y organise de nombreux concerts.

La collégiale St Pierre-et-Paul. Le chœur actuel est du XIIIème siècle. L’église fut incendiée au XVème siècle et reconstruite au XVIème siècle en style gothique. Elle subit encore un incendie en 1640. La tour fut reconstruite en 1732. On trouve à l’intérieur des stalles du XVIIème, un gisant de Charles de Croÿ, chambellan de Charles Quint, décédé en 1552, ainsi que le tombeau de Jean Froissart, chroniqueur et chanoine à Chimay, mort en 1410.

Chapelle de l’ancien couvent des Récollets, 1734. Le couvent avait été fondé en 1668. On y enseignait.

Chapelle de St Etienne, au cimetière

Chapelle de St Jacques, à l’hôpital

Abbaye Trappiste Notre-Dame-de Scourmont (à Forges). Elle fut fondée en 1850 et occupée par les Pères Cisterciens Trappistes, venus de Westvleteren (près d’Ypres). L’église actuelle est de 1949. On y fabrique de la bière et des fromages

Statue de Jehan Froissart, historien chroniqueur né à Valenciennes vers 1337, ayant résidé et mort  à Chimay), sculptée par Jacquet en 1848

Le lac de Virelles. Réserve ornithologique.