Ciply

Entité communale de Mons

Blason de Ciply

Le territoire

Superficie:  238ha – Altitude: 60 à 81m

Situation géographique: au sud de Mons dans la vallée de la Trouille. Il s’élève du nord vers le sud (frange méridionale du plateau des Hauts-Pays)

Cours d’eau:

  • le ruisseau du By (affluent de la Trouille), autrefois appelé le ruisseau de Bélian (d’après un plan Ferraris)
  • le ruisseau des Rogneaux (venant de Noirchain) et celui du Temple (venant de Frameries) viennent par l’ouest se jeter dans le By au nord du village

Paysage préhistorique: probablement boisé (Grande Forêt Charbonnière)


Nature du sol: limoneux

Nature du sous-sol: couche épaisse de calcaire crayeux, déposé au Crétacé (ère secondaire), sur le socle houiller sédimenté au Carbonifère (ère primaire). Ces craies comportent beaucoup de phosphates de chaux en dessous de la craie blanche.

Lors de l’exploitation des carrières de craie, dans une couche de l’étage Maastrichtien (72 à 66 millions d’années), on y a découvert un fossile de mosasaure (Hainosaurus Bernadi), une carapace de tortue, des belemnites, … Le mosasaure était un reptile géant, comme un gros lézard,qui vivait au crétacé inférieur, apparu entre 145 et 100 millions d’années et disparu vers 66 millions d’années avec les dinosaures.

Hainosaurus bernardi (Musée d’Histoire Naturelle de Bruxelles)
Préhistoire

Néolithique (Homo Sapiens)

Site d’extraction de silex (de la culture de Michelsberg, comme à Spiennes) dans des carrières et des mines souterraines, dont une qui fut appelée au milieu du XIXème siècle « trou des Sarrazins » ou « grotte de Ciply ».

Age du fer (Culture de la Tène – Groupe de la Haine)

Au lieu-dit « Champ des Agaises » (situation?): découverte de tombes à incinération, sous un cimetière plus tardif – objets funéraires : couteaux

Antiquité gallo-romaine

L’actuel village est traversé par l’ancienne chaussée romaine de Bavay à Utrecht. Il ne semble pas qu’on y ait découvert des traces d’habitat, mais dans le village voisin de Nouvelles, se trouvait une villa romaine très opulente.

Premier Moyen-Age
Squelette trouvé dans la nécropole mérovingienne

Un habitat d’une certaine importance (palais fiscal ?) exista entre le Vème et le VIIème siècle (période des rois mérovingiens). En témoigne une importante nécropole qui recelait d’objets de richesse moyenne (par rapport aux nécropoles proches du palais d’Estinnes) : peu d’armes, des vases. Mais une grande partie des tombes avait été pillée. On estime le nombre de tombes à 1200. Certaines remontent même au IVème et au début du Vème, ce qui pourrait (comme à Elouges) évoquer une continuité de l’habitat depuis le Bas-Empire romain jusqu’au début de la période carolingienne, encore qu’on ne trouve pas mention d’un habitat gallo-romain sur Ciply.

La question est posée de savoir quelle était l’importance de Mons Castrilocus (Mons ) à la fin de la période gallo-romaine et à l’époque mérovingienne. Un probable castrum (camp militaire), mais peut-être un centre de pouvoir régional.

Deuxième Moyen-Age – le village

Première mention: 974 (acte de l’empereur Othon Ier)

Toponymie (anciennes orthographes):

  • Cipliacum (974, acte de l’empereur Othon Ier)
  • Cipleium (1083, charte de Gérard II, évêque de Cambrai)
  • Ciplis (1119, bref du pape Calixte II)
  • Cypli (1186)
  • Cipelhei (1232)
  • Aussi : Chipli, Ciply

Etymologie (hypothèses d’origine du nom)

  • Cippi-li viendrait de Cippus (cippe, colonne)
  • Clipiacum viendrait de Clip, clep qui en celtique signifierait la pierraie, la roche (référence aux anciennes carrières de pierre blanche ?) – cette hypothèse parait plutôt convaincante
  • Sipeliocum dériverait d’un personnage nommé Sipel ou Siebel ?

Epoque de son apparition: probablement dans le courant du Xème siècle

Facteurs ayant favorisé son émergence:

voies de communication:

  • la chaussée romaine qui traverse le territoire du sud-ouest au nord-est avant d’aller contourner Mons;
  • le vieux chemin de Binche (qui reliait Valenciennes à Estinnes et Binche en passant au sud de Mons)
  • la chaussée de Maubeuge est mentionnée comme ayant été aménagée au XVIème siècle, mais l’importance de l’abbaye Sainte-Aldegonde et son lien familial avec celle de Sainte-Waudru à Mons peut laisser importer qu’il exista peut-être un chemin qui reliait les deux sites

sources d’eau ou cours d’eau: le By (le long duquel s’est formé le noyau originel du village) et ses affluents

source de bois: la Forêt Charbonnière. Il existe encore aujourd’hui plusieurs zones boisées autour du village

proximité d’un lieu de pouvoir: au IXème siècle, Mons était déjà chef-lieu du comté

 

Paroisse dédiée à Sainte-Waudru, succursale (dépendance) de la paroisse de Mesvin.

Evêché: Cambrai jusqu’en 1804, puis Tournai

Décanat/doyenné: Mons

Autel (dîmes, entretien de l’église, nomination des officiants sous l’Ancien Régime) donné à diverses abbayes : Ste Waudru, Crespin (qui obtint l’autel par un acte d’Othon Ier en 974), Soignies et Lobbes. Partage des revenus ou succession dans le temps des propriétaires ? Il semble probable que Crespin en était le principal bénéficiaire. Confirmation du pape Innocent II et de l’empereur Conrad III.

Répartition des pouvoirs pendant la période féodale

Autorité supérieure: comte de Hainaut

Autorité sous-jacente (administrative et judiciaire): la prévôté de Mons

Seigneuries et fiefs – le territoire village comportait plusieurs domaines seigneuriaux :

  • Le principal, dépendait des comtes de Hainaut, appelé seigneurie de Ciply 
  • Un château y aurait été construit, abritant un châtelain régissant le domaine au nom du comte.
  • Une seigneurie de Montroeul, fief des seigneurs de Roisin, au sud-est de la commune
  • Un modeste oratoire, à proximité de la chaussée romaine, semble avoir été à l’origine du nom de Montroeul  (monasteriolum ?) donné à une ferme située à proximité en direction d’Asquillies. Ce domaine comporait une cense (ferme de Montreu) et des terres.
  • Ces deux seigneuries étaient séparées par la chaussée romaine.
  • Un fief des Hospitaliers de St Jean de Jérusalem, cité dès 1177, peut-être lié à la seigneurie du Temple de Frameries
  • Un fief de l’abbaye de Crespin, don de l’empereur Othon en 974, sur lequel se serait trouvée l’église paroissiale et un moulin à eau
Ciply à la fin du XVIème (Adrien de Montigny)

Nous manquons des éléments pouvant retracer l’histoire des deux seigneuries. En 1374, chacune des deux seigneuries avait son maïeur et ses échevins.

Au XIVème siècle, la première seigneurie appartenait en fief à la famille le Poure ou le Povre, dont des membres étaient magistrats à Mons. (Je n’ai trouvé aucun renseignement à propos de cette famille, pourtant présente à Valenciennes.)

Les deux seigneuries appartenaient en 1592 à Marie-Catherine de Rosne.

Celle de Ciply appartint ensuite à la famille Despretz (de Quiévrain ?).

Au XIXème siècle, Hugues-Joseph, seigneur de Montignies-sur-Roc, acheta la seigneurie (???).

La commune

Jacques de Hon, écuyer et échevin de Mons, accorda une loi-charte en 1418 à la seigneurie de Ciply-Roisin.

Carte Ferraris XVIIIème

Fin de l’Ancien Régime féodal en 1794

Période française (1794-1814)
  • Département: Jemappes
  • Canton: Mons

En 1805, il fallut refixer les limites entre Ciply et Noirchain, qui étaient contestées.

Répartition des pouvoirs pendant la période contemporaine (à partir de 1814)
  • Etat: Belgique
  • Province: Hainaut
  • Arrondissement administratif: Mons
  • Arrondissement judiciaire: Mons
  • Canton: Mons
  • Entité communale depuis 1977: Mons
Evènements et faits marquants sur le sol de la commune

Non documentés

Economie

Le sol limoneux était favorable à l’agriculture et à l’élevage. On y récoltait des céréales, du lin et des betteraves. Au XIXème, on mentionne un élevage de moutons.

Un moulin à eau exista, semble-t-il sur le ruisseau du Temple, à l’ouest, propriété de l’abbaye de Crespin.

Des distilleries existèrent au XIXème.

Exploitation des roches

Le sous-sol calcareux fut largement exploité.

Pour sa pierre blanche (tuffeau), au moins dès le Xème siècle, si l’on en croit l’historien Vinchant, selon qui ces pierres auraient servi à agrandir le château de Mons et à y bâtir les murailles.

Les Hollandais, installés à Mons entre 1815 et 1830, les auraient encore utilisées pour leurs fortifications (parements intérieurs), selon J. Cornet.

Pour sa craie phosphatée (carrières souterraines de la Malogne) qui entrait dans la fabrication d’engrais et qu’on extraya surtout entre 1877 et 1925, puis qu’on abandonna, malgré une vaine reprise en 1934. Ce site fut découvert en 1858 par le professeur des mines Charles le Hardy de Beaulieu. Ces carrières couvraient une surface de 67ha sous Ciply, Cuesmes et Hyon. Plusieurs usines se chargèrent de l’exploitation (Rolland dès 1877, Bernard, Colette).

Vue d’une galerie de la Malogne

Exploitation houillère

Sous la grosse couche de craie, on découvrit des veines de charbon, de constitution plus ancienne (ère primaire). Deux sociétés mentionnées :

  • Successivement: Charbonnages du Levant de Flénu, Charbonnages du Levant-Produits à Cuesmes, Charbonnages du Borinage: le site minier du Cache-Après, sous Ciply, Hyon et Mesvin
  • Successivement: Charbonnage de Ciply, Charbonnage du Midi de Mons, Charbonnages de Hyon-Ciply, SA Métallurgique de Sambre et Moselle, John Cockerill (dès 1947, exploité par les sites Crachet et Agrappe-Escouffiaux de Frameries): le site du Charbonnage de Ciply (1859-1928)

Plusieurs coups de grisou interrompirent l’extraction entre 1896 et 1902.

Il existait deux puits et un terril à côté, aujourd’hui aplati car il a servi entre autre à combler les puits. Quelques ruines émaillent encore le site.

Voies de communication principales

Les routes :

  • La plus ancienne est la chaussée romaine entre Bavay et Utrecht (rue Brunehaut). Au moyen âge, elle reliait le village à Mons. Actuellement interrompue sur le territoire de Noirchain.
  • Le Vieux Chemin de Binche (au sud du territoire) date du Moyen-Age (rue Goispenne et rue des Robiniers), interrompu à l’entrée du village en venant de Frameries
  • Ce n’est qu’en 1518 qu’un chemin fut tracé depuis Mons jusqu’à Maubeuge (aux frais de la ville) et qu’il fut pavé en 1771 (aux frais des Etats de Hainaut).

Le rail :

  • Train Mons-Chimay (ligne 109), en service de 1868 à 1882 – elle ne passe pas sur le territoire de Ciply, mais juste au nord où se situe la gare commune à Ciply et Hyon

Il fut financé par la Compagnie des chemins de fer des Bassins houillers du Hainaut jusqu’en 1871, puis par l’Etat Belge. Le premier tronçon fut construit en 1868 entre Cuesmes et Bonne-Espérance (Vellereille-les-Brayeux.

Le site de la Malogne fut desservi par une ligne de chemin de fer. Il existait aussi un train industriel entre le « Camp à Cayaux » et les carrières Bernard de Mesvin-Ciply.

  • Tramway Mons-Frameries, de 1907 à 1973, qui desservait les carrières
  • Tramway Mons-Quévy, qui chargeait aussi les betteraves vers la sucrerie de Quévy

Toutes ces lignes ont disparu pour être remplacées par des autobus.

Patrimoine

Eglise Sainte Waudru

Eglise Sainte-Waudru (dessin ancien)

Située sur un tertre proche de la place communale, elle fut érigée en style gothique en 1565. Elle laissa la place à une nouvelle construction, néo-gothique, en 1854. On y trouve, dans les murs extérieurs,  des dalles funéraires en pierre des XVI, XVII, XVIII et XIXème siècles. Le mobilier comprend principalement :

  • Une statue de Ste Waudru et ses filles, en bois polychromé du XVIIème
  • Une statue de Sainte Barbe, en bois peint, du XIXème

 

Le château de Zomberg

Le château

Construction du XVIIIème siècle en style classique Louis XVI.

 

4 réflexions au sujet de « Ciply »

  1. Bonjour, que s’est-il passé à l’abbaye de Bélian à Ciply. des soeurs auraient été emmurées ? peut être quelqu’un(e) aurais quelques informations sur cette histoire ?

  2. Bonsoir
    Il est question de l’église de Ciply (anciennement Cyphly) dans l’édition de 1848 d’un manuscrit de François Vinchant, “Annales de la province et comté du Haynau contenant les choses les plus remarquables advenues dans ceste province, depuis l’entrée de Jules César jusqu’à la mort de l’infante Isabelle” . L’auteur, né à Mons vers 1580, mourut dans cette ville le 20 août 1635. Son manuscrit autographe, conservé à la bibliothèque publique de Mons, a fait l’objet en 1848 d’une édition en 3 volumes, consultable sur Google Books.
    Voici ce qu’on découvre dans le tome 2, p. 331-332, à propos de Mons et de l’abbaye de Bethléem appelée aussi Bélian :

    “Près de ce monastère de Bélian est l’église du village dit Cyphly, où l’on dit vulgairement que la gaste a prind le loup. ”
    (“la chèvre a pris le loup”)
    Le dicton en question devrait faire référence à une légende analogue à celle de Froidlieu.
    Il est aussi question de la démolition de cette pittoresque église dans le tome XXI des Annales de l’académie de Belgique, 2e série, tome I, 1ere livraison, 1865, p. 509-510, également sur Google Books.
    Cordialement

      1. Je travaille actuellement sur un livre consacré aux églises d’Europe Occidentale “où la chèvre a pris le loup”. J’ai déjà collecté plus de 60 exemples de cette légende, dont 5 en zones frontalière de Belgique et de France : Ciply, Froidlieu, Arreux, Saulchy-l’Estrée et Papleux.
        La recherche continue ! Si quelqu’un à Ciply ou à proximité a connaissance d’une version contemporaine de la légende du village ce serait merveilleux.
        Merci de votre accueil.

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