Le territoire
Superficie: 184 ha
Altitude: entre 10 et 52 m.
Situation géographique : Situé dans la vallée moyenne de l’Escaut, au bord de celui-ci, Condé se trouve aussi au confluent avec la Haine, à l’extrémité occidentale de la vallée de celle-ci.
Cours d’eau : Escaut et Haine
Paysage préhistorique (après la dernière période glaciaire) : marécageux.
Nature du sol : alluvionnaire, sablonneux
Nature du sous-sol : grès, schiste, houille
Préhistoire
Pas de document, hormis un menhir à Vieux-Condé (« le Gros Caillou ») de l’époque néolithique.
Antiquité gallo-romaine
Sur le territoire habité par les Nerviens, les Romains auraient établi le castrum de Condatum (hypothèse sans preuve) au confluent de la Haine et de l’Escaut. Une chaussée romaine passait l’Escaut à Ponte Scaldis (Escaupont) et une autre traversait la Haine à Hensies. La zone ici était sans doute trop marécageuse pour pouvoir y installer des exploitations agricoles.
Premier Moyen-Age (période franque mérovingienne et carolingienne)
Au VIIème siècle, Wasnon, un moine d’origine irlandaise ou écossaise, évangélisait le nord de la Gaule. On sait peu de choses de lui, si ce n’est qu’il était accompagné de ses frères ou disciples : Gobain (devenu St Gobain), Algis (devenu St Algis), Éloque, Boélian et Momble. Il s’arrêta à Condatum vers 633.
À l’époque, le territoire de la cité était un lieu inhabité environné de bois et de marais. Wasnon y bâtit, en haut d’une colline boisée, un petit oratoire, noyau d’un monastère, dédié à Notre-Dame. Il y fut inhumé à sa mort en 677.
Lui attribua-t-on des miracles ? Il fut en tout cas sanctifié et l’objet de vénérations. L’abbaye aurait été richement dotée par les rois mérovingiens (Dagobert II et Sigebert III).
A noter que certaines sources citent St Amand comme fondateur.
Au IXème siècle, Condé, situé sur la rive droite de l’Escaut et la rive nord de la Haine, se trouvait dans le Pagus de Brabant, versé dans la Lotharingie. Un comte de cette époque, Gérard de Roussillon, aurait favorisé l’agrandissement de l’abbaye. Il est dit aussi qu’il aurait construit un château sur le territoire de Condatum à proximité de l’abbaye.
Le nom de Condatum est cité dans le traité de Meersen de 870 qui répartit les territoires de Lotharingie entre le roi de France et celui de Germanie. Sous Charles le Chauve, le Brabant fit partie du royaume de France. Il reviendra un peu plus tard à la Germanie, englobé dans la Lotharingie.
Les Vikings
La situation stratégique de Condé, au confluent avec la Haine, attira les Vikings Danois.
Apparus une première fois en 855, ils s’y établirent provisoirement dans les années 880 dans un camp fortifié à partir duquel ils lançaient leurs raids dévastateurs dans la région, notamment à l’assaut des nombreuses abbayes fondées depuis le VIIème siècle. Remontant l’Escaut sous le commandement de leurs chefs Sigfred et Godfred, ils avaient déjà pillé Courtrai, Tournai et St Amand.
Mais au contraire de ce qui se passa en France, où la résistance fut faible, en Flandre et en Hainaut, ces pillards trouvèrent face à eux des comtes beaucoup plus résolus à se défendre et à vouloir les repousser. Ce fut le cas du comte de Hainaut, Régnier Ier « au Long Col » qui les combattit. Il fut même fait prisonnier dans un premier temps, puis libéré contre rançon. Les Vikings restèrent à Condé plus ou moins entre 880 et 884. Le comte les en chassa en 885. Insatiables, ils revinrent encore dès l’année suivante pour finalement être expulsés définitivement en 889.
Deuxième Moyen-Age – le village
Première mention: inconnue pour le village lui-même
Toponymie (anciennes orthographes) – Etymologie (hypothèses d’origine du nom) :
- Condate, en celtique, signifie confluent (de la Haine et de l’Escaut).
- Devint Condatum en latin.
- Puis plus tard Condé au XIVème.
Epoque de son apparition: une abbaye fut fondée au VIIème siècle. La première seigneurie apparut au XIème siècle, sans doute près d’une petite communauté villageoise constituée depuis plusieurs siècles, mais dont l’histoire n’est pas connue et qui eut sans doute à souffrir des raids vikings.
Facteurs ayant favorisé son émergence :
– voies de communication: pas de voie routière importante, mais des voies navigables
– sources d’eau ou cours d’eau: Escaut, Haine
– source de bois: quelques bosquets
– proximité d’un lieu de pouvoir: une, puis deux seigneuries
Paroisse originelle dédiée à Notre-Dame, dont l’église collégiale était celle du Chapitre Notre-Dame, issu de l’abbaye.
Evêché: de Cambrai
Décanat/doyenné: Bavay
Autel (dîmes, entretien de l’église, nomination des officiants) donné à l’abbaye, puis au chapitre de Condé.
Répartition des pouvoirs pendant la période féodale
Autorité supérieure: comté de Hainaut
Autorité sous-jacente (administrative et judiciaire): prévôté de Valenciennes
Seigneuries et fiefs
Régnier Ier en profita pour s’approprier de nombreux territoires dans la région qu’il réunit à son comté de Mons. Le comte de Hainaut devint le protecteur des abbayes et des domaines. Il se faisait représenter par un avoué.
Une résidence castrale fut occupée dès la fin du Xème siècle par des châtelains qui gouvernaient au nom du comte. On ne connait pas ces premiers seigneurs.
Par contre, l’abbaye, ravagée par les Normands, mit du temps à se relever. Il semble que ce fut Brunon, évêque de Cologne et duc de Lotharingie, qui la releva vers 960. A la même époque, l’abbaye fut transformée en chapitre Notre-Dame. Le pouvoir comtal en profita pour s’y implanter comme seigneur laïc (comme à Mons). Plus tard, à cet emplacement on éleva l’église paroissiale Notre-Dame, qui eut le rang de collégiale.
Au XIème siècle, à la suite de conflits entre la Flandre et le Hainaut, et avant que ces deux comtés ne fussent réunis par mariage, la partie occidentale de l’ancien Brabant, après avoir constitué la marche d’Ename, revint en 1049 au comté de Hainaut, sous le comte Herman. Il semble que Condé appartenait à cette entité politique.
Dans cette époque instable, quelques chefs guerriers tentèrent aussi de se ménager des domaines privés. C’est ainsi que l’un d’entre eux, Wédric “le Sor” (le Roux, vers 990-vers 1066) prétendit qu’il descendait d’un des anciens comtes du Brabant, Gérard de Roussillon, qui fut autrefois démis par le roi Charles le Chauve au IXème siècle. Wédric revendiquait donc pour lui tout ce territoire. Il descendait peut-être des seigneurs de Lens (Nord). Son père était comte du Morvois (Aube). Joignant le geste à la parole, il déboula dans la contrée avec des troupes et se mit à s’emparer des plus grosses agglomérations : Condé, Leuze, peut-être Ville (-Pommeroeul).
C’est De Guise, chroniqueur du XIVème siècle, qui nous décrit ces faits d’armes, les exagérant au passage, puisqu’il prête à Wédric le Sor la prise de Lessines, de Grammont, de Silly et de Chièvres. Pour ces deux dernières seigneuries, il semble que ce fut réel, mais qu’il en fut débouté. Il épousa cependant la fille du seigneur de Chièvres.
Il est possible qu’une partie de ces faits soit à mettre sur le compte de son fils, Wédric « le Barbu » d’Avesnes (v1050-v1106) qui lui succéda.
Face à ces évènements, le comte de Hainaut, qui, époux de la fille du marquis d’Ename, se comportait en prince des lieux, arrêta les méfaits de l’intrépide Wédric qui finit par lui rendre hommage. Cela rapporta toutefois à ce dernier quelques belles cités (Leuze, Condé et Landrecies principalement), mais aussi de nouvelles terres « vierges », propriétés comtales dans le futur Avesnois.
Les descendants directs de Wédric conservèrent Condé. Toujours aussi rebelles, ils eurent souvent maille à partir avec les comtes de Hainaut. Finalement en 1114, le comte de Hainaut divisa Condé en deux seigneuries :
- La seigneurie dite du « Propriétaire » à Vieux-Condé (? à confirmer!), donnée à une famille qui prit le nom de Condé (probablement fidèle au comte)
- Celle dite « du château », attribuée aux Avesnes.
Elles furent réunies bien plus tard en 1531.
La seigneurie du « Propriétaire » (ou de Bailleul)
En 1114, le comte Baudouin III divisa le domaine de Condé, que s’étaient approprié les Avesnes (supra), en deux seigneuries. Une famille qui prit le nom de Condé fut installée dans la première.
Héribaud de Condet (v1060-apr.1114) fut le premier seigneur connu de cette seigneurie, cité en 1114. Son ascendance et ses origines paraissent inconnues, mais il est probable que ce personnage était un proche des comtes, placé ici pour réprimer les ambitions des Avesnes. Lui succédèrent :
- Pierre de Condé (v1090, Condé-apr.1117/v1130), fils du précédent
- Roger de Condé (v1120-1171), fils du précédent. Il épousa une fille d’une des familles les plus puissantes de cette époque, celle des Gossuin, châtelains de Mons.
- (Michel-)Nicolas Ier de Condé (1171-1230, Beloeil), fils de Roger. Il épousa vers 1220 Isabeau de Morialmé-Beloeil, héritière de ces deux seigneuries et de leurs dépendances. Beloeil s’écrivait Bailleul à l’époque. D’où le nom de la seigneurie Condé-Bailleul et du château de Bailleul.
- Jacques I de Condé-Bailleul (1195/1211-1259), fils du précédent
- Nicolas II de Condé-Bailleul (1229/1231-1292/1293), fils du précédent
- Guillaume I de Condé-Bailleul (1262/1275-1302), fils du précédent
- Jean I de Condé-Bailleul (avt1304-1339, Venise), fils aîné du précédent – pas de postérité
- Robert de Condé-Bailleul (1300-1359), frère du précédent
- Jean II de Condé–Bailleul (1349-1391/1396), fils du précédent – pas de postérité
Tous les domaines (Condé, Beloeil, Morialmé furent hérités par sa tante Jeanne, sœur des deux précédents et épouse de Fastré de Ligne.
- Fastré III (1280-1337), époux de Jeanne de Condé. Il était le fils de Jean de Ligne et d’Isabelle de Zevengergen. Baron de Ligne.
- Michel 1er ( ?- 1345), fils aîné de Fastré III
- Michel II de Ligne ( ?-v.1387), fils de Michel I. A sa mort en 1387, quelques mois avant celle de son oncle Guillaume I, ses domaines passèrent en partie à celui-ci (Ligne et dépendances) et en partie à sa tante Catherine, chanoinesse à Maubeuge (Condé, Beloeil, Morialmé et dépendances).
- Catherine de Ligne ( ?-1397), fille de Fastré III, sœur de Michel I et de Guillaume I. Veuve à deux reprises. N’ayant pas d’enfant, elle devint chanoinesse à Maubeuge. En 1387, elle hérita des possessions de son neveu Michel II (Ligne, Condé, Beloeil, Morialmez, Ghlin). Elle les partagea entre ses neveux:
- À Jean II, fils de son frère Guillaume : Ligne, Beloeil (et dépendances)
- À son neveu Thierry III de la Hamaide, fils de Jean II : Condé et Morialmez (et leurs dépendances)
- Thierry III de La Hamaide ( ?- ?). Fils cadet de Jean II de la Hamaide et de Jeanne de Ligne. Sa tante Catherine de Ligne le fit héritier de ses terres (Condé, Morialmé) à sa mort en 1397. Il semble qu’il n’ait pas eu de postérité. A sa mort, Condé passa à son neveu Jean IV de la Hamaide.
- Jehan IV de La Hamaide (1364-1415), neveu du précédent
- Arnould IV de la Hamaide (1367-1426), frère de Jean IV
- Arnould V de la Hamaide ( ?- ?), fils du précédent
- Arnould VI de la Hamaide ( ?-1473/1484), fils du précédent – sans postérité
- Michel I de la Hamaide ( ?-1485), frère d’Arnould VI – sans postérité. Ses biens furent hérités par sa sœur Isabeau de la Hamaide.
Maison d’Oettingen
Jean d’Oettingen (1457-1515/1519). Originaire de Schwaben en Prusse. Ccomte d’Oettingen. Il épousa en 1498 Isabeau de la Hamaide (1469-1518), sœur d’Arnould et de Michel. Ils eurent comme enfants:
- Jean, qui continua la lignée comtale d’Oettingen
- Marie
- Isabeau/Elisabeth, infra
Maison de Roghendorf
Guillaume de Roggendorf (1481-1541). Déjà seigneur de Condé-Château (infra), par mariage en 1526 avec Elisabeth d’Oetingen ( ?-1518), il réunit tout le territoire de Condé, qu’il légua à son fils Christian de Roggendorf.
Voir plus loin la seigneurie réunie.
La seigneurie « du château de Condé» fut fondée à l’endroit où les Vikings se retranchèrent entre 882 et 884. C’est là que Wedric le Sor vers 1020 vint installer une fortification qui fut à l’origine du château de Condé (supra). En 1114, les Avesnes, par décret comtal, durent céder la partie occidentale du territoire à une autre famille décrite plus avant.
C’est ainsi aussi que commença la « dynastie des Avesnes ». On pourrait dire qu’elle fut courte.
A Wédric le Sor (v990-v1066) et Wédric le Barbu (v1020-1075), cités plus haut, succéda son fils Thierry I, aussi turbulent que le grand-père et le père. Car il s’attaqua ni plus ni moins au comte Baudouin II de Hainaut, se permettant d’aller saccager Mons et Maubeuge, et leurs monastères en 1093. Il finit assassiné en 1106, ne laissant pas de postérité.
Ce furent les descendants d’Ide (Ade) d’Avesnes (1050-1075), sœur de Thierry, qui reçurent l’héritage (toujours Avesnes, Condé et Landrecies).
Sans doute par répression comtale, Condé en 1114 fut partagé en deux par le comte Baudouin III, les Avesnes conservant le domaine du « Château » au confluent Escaut-Haine. Une autre seigneurie fut attribuée à la famille de Condé (supra).
Ide avait épousé Fastré I d’Oisy (v1050- ?), avoué de Tournai. Théoriquement la seigneurie aurait dû porter le nom de ce dernier, mais les descendants préférèrent prendre le nom d’Avesnes. Les seigneurs suivants furent:
- Gossuin d’Oisy « le Borgne » ( ?-1120), fils du précédent – sans postérité. Un brigand plus qu’un seigneur protecteur. Il commença à fortifier Avesnes sans l’autorisation du comte.
- Fastré II d’Oisy (v1070-1127), frère de Gauthier
- Gauthier I « Pulechel – le Beau » d’Avesnes (1110-1147), fils du précédent. C’est lui qui prit le nom d’Avesnes.
- Nicolas I d’Avesnes (1129-1171), fils du précédent.
- Jacques I d’Avesnes « le Beau » (1152-1191), fils du précédent. Encore un rebelle qui se retourna contre son comte Baudouin V en prenant le parti du comte de Flandre. Il fit assassiner l’évêque de Cambrai, seigneur de Fontaine. Le comte lui ravit son château puis le lui rendit sous la pression du roi de France Louis-Philippe. Il participa à la 3ème croisade où il fut tué en 1191. Par son mariage, il avait ajouté Guise à ses possessions (Avesnes, Condé-Château, Leuze, Landrecies).
- Gauthier II d’Avesnes (v1170-1244), fils du précédent. Avec lui la famille Avesnes monta en importance dans la politique du comté, mais aussi dans le contexte politique de l’époque (guerres entre le roi de France Philippe-Auguste et ceux d’Angleterre (Richard Cœur de Lion et Jean sans Terre). Par mariage, il devint comte de Blois et de Chartres. Il combattit à Bouvines en 1214, côté français. Il participa à la 5ème croisade où il fut fait prisonnier, puis fut libéré. Il n’eut pas d’enfant mâle survivant. Son frère Bouchard eut de gros démêlés dans le comté, avec le roi de France et avec le pape. Son histoire est racontée dans la « généalogie des Avesnes ». Il est cependant à l’origine de la lignée des Avesnes qui furent comtes de Hainaut.
- Marie d’Avesnes, fille aînée de Gauthier II, mourut en 1241 avant son père. Elle avait épousé vers 1225 Hugues de Châtillon (1196-1248), comte de St-Pol et seigneur de Châtillon-sur-Marne. Jean de Châtillon, l’aîné de leurs enfants héritera de Leuze, Condé-Château et Landrecies.
Maison de Châtillon-St-Pol (1241-1335)
- Jean I de Châtillon (v1226-1279) était le fils de Hugues V de Châtillon-St-Pol et de Marie d’Avesnes, fille de Gauthier II d’Avesnes, nièce de Bouchard.
- Ils eurentt une fille, Jeanne de Châtillon (1253/1254-1291) qui épousa Pierre de France, un fils du roi St Louis IX. A sa mort, elle abandonna les terres de Condé et Leuze à son oncle Guy II de Châtillon-St-Pol (apr1226-1289). Ensuite, on trouve :
- Hugues VI de Châtillon(II)-Blois (1258-1307), fils aîné du précédent, sans enfant.
- Il donna avant sa mort Leuze et Condé à son frère Jacques I de Châtillon ( ?-1302, Courtrai) qui la transmit à son fils Hugues III de Châtillon (v1270-1329).
- Ce dernier eut deux filles, dont Jeanne de Châtillon (1320-1371), dame héritière de Leuze et de Condé qui épousa un Bourbon.
La maison de Bourbon-La Marche (1335-1438)
- Jeanne de Châtillon (1320-1371) devint l’épouse de Jacques 1er de Bourbon (1319-1361), troisième fils de Louis 1er, duc de Bourbon et comte de Clermont. Comte de la Marche et de Ponthieu. Seigneur de Montaigu et par mariage seigneur de Condé, Leuze et Carency. La succession passa successivement à :
- Pierre de Bourbon ( ?-1361)
- Jean I de Bourbon ( ?-1393)
- Jacques II de Bourbon (1370-1438) qui épousa Catherine de Vendôme dont il eut trois filles.
- Les deux premières étant entrées au couvent, c’est la troisième, Eléonore de Bourbon-La Marche (1412-1464) qui hérita de quelques titres et possessions de son père, dont la seigneurie de Leuze.
Maison d’Armagnac (1438-1504)
- Eléonore de Bourbon épousa en 1428 Bernard d’Armagnac (1400-1462), entre autres comte d’Armagnac et de Castres, et précepteur du jeune roi Louis XI.
- Leur fils Jacques d’Armagnac « le pauvre Jacques » (1437-1477) fut leur successeur. Au service du roi de France Louis XI dans un premier temps, il fut impliqué à de nombreuses reprises dans des intrigues et complots, ce qui le conduisit à l’échafaud et à la confiscation de ses biens par Charles le Téméraire, duc de Bourgogne.
Pendant une période confuse, en pleine lutte entre Louis XI et les ducs de Bourgogne, Condé, ville stratégique, passa de seigneur en seigneur :
- Guy de Brimeu (1433-1477), comte de Meghen. Officier et diplomate au service de Charles le Téméraire, il fut accusé de trahison après la mort de celui-ci et décapité en 1477 à Gand. En 1478, Louis XI vint camper devant Condé avec son artillerie qui pilonna la ville. Celle-ci fut occupée un mois par les troupes royales, puis incendiée en grande partie.
- Louis XI donna la ville à Jehan de Daillon, seigneur de Lude.
- Lorsque les troupes françaises se retirèrent, Condé fut offert par l’archiduc Maximilien d’Autriche, beau-fils de Charles le Téméraire, à Jacques de Savoie (1478-1487), comte de Romont.
- A la mort de ce dernier, sa veuve, Marie de Luxembourg-St-Pol (1487-1488) hérita de Condé.
- Elle se remaria à François de Bourbon, comte de Vendôme.
- Ce dernier vendit Condé-Château à Philippe de Croÿ, comte de Porcien, qui le possédait déjà à titre viager depuis 1450 environ, par achat à la Maison de Nemours-Armagnac.
- Mais en 1503, il s’en acquitta en faveur de Louis II de Bourbon-La Marche-Vendôme fils de Marie de Luxembourg
- Il dut s’en séparer en 1529 au profit de Charles-Quint pour contribuer au payement de la rançon du roi François Ier, son oncle, fait prisonnier à Pavie en 1525 (d’où le nom parfois de « seigneurie gagère »).
- Pourtant, Condé fut érigé en principauté en 1557 par Henri II au profit de Louis de Bourbon-Vendôme. Le titre de prince de Condé resta dans cette famille jusqu’en 1830 alors qu’ils ne possédaient plus cette terre depuis 1529.
Condé-Château fut alors attribué à Guillaume de Roghendorf (1481-1541), grand écuyer de Charles-Quint. Celui-ci épousa Élisabeth d’Oettingen, dame héritière de la seigneurie voisine de Condé-Bailleul.
La seigneurie unique de Condé
Les deux seigneuries étaient ainsi réunies. Leur fils Christophe de Roggendorf (1510- ?) leur succéda en 1541 et revendit la seigneurie en 1560.
- En 1560, Marie de Montmorency ( ?-1570), sœur du comte de Hornes et veuve du comte Charles de Lalaing, acheta la seigneurie de Condé qu’elle légua à son fils Emmanuel Philibert de Lalaing (1547/1557).
- Celui-ci n’eut qu’une fille, Jeanne de Lalaing (1588-1649) qui épousa en 1608 Jean de Croÿ-Solre.
- Jean de Croÿ (1588-1640), fils de Philippe II, comte de Solre, devient seigneur de Condé par mariage avec Jeanne de Lalaing. Leur succédèrent :
- Philippe Emmanuel Antoine Ambroise de Croÿ (1611-1670), fils des précédents.
- Philippe Emmanuel François Ferdinand (1641-1718), fils du précédent
En 1676, Louis XIV assiégea et prit la Ville.En 1678, par le traité de Nimègue, Condé devint définitivement française. Les de Croÿ conservèrent leur seigneurie.
- Philippe Alexandre Emmanuel de Croÿ (1676-1723), fils du précédent
- Anne Emmanuel de Croÿ (1718-1784), fils du précédent
- Anne Emmanuel Ferdinand François (1743-1803), fils du précédent. Il fut fait prince de Croÿ. Avec lui se termina l’Ancien Régime féodal.
La commune
En 1249, Marguerite, comtesse de Flandre et de Hainaut, affranchit les serfs et serves de l’église Notre-Dame de Condé, des droits de morte-main et de meilleur cartel.
Condé-sur-Escaut, détaché des Pays-Bas Espagnols, fut rattaché à la France de Louis XIV par le traité de Nimègue de 1678.
Evènements et faits marquants sur le sol de la commune dans l’ancien régime
Un grand tournoi eut lieu à Condé en 1326.
En 1339, les flamands révoltés contre leur comte, Louis de Nevers, se fortifièrent à Condé et, de là, inquiétèrent les habitants de Tournai. La ville, très disputée, fut tour à tour prise par les troupes flamandes de Jacques van Artevelde.
En 1477, le roi de France Louis XI, en guerre contre les Bourguignons, essaya en vain de se rendre maître de cette place. A l’instigation des Tournaisiens (alors Français) dont elle gênait les communications, il la fit investir de nouveau l’année suivante et, cette fois, elle succomba. Mais à l’approche de l’archiduc Maximilien, les français l’abandonnèrent après avoir eu soin d’incendier ses principaux édifices.
En 1521, le musicien Josquin des Prés (1450-1521) fut inhumé sous le jubé devant l’autel de Notre-Dame de Condé.
En 1528, à la demande de Charles Quint, furent élevés des boulevards d’artillerie. Boulevards qui n’empêcheront pas en 1580 les huguenots de Tournai de pénétrer en ville pour se livrer au pillage de l’église, allant jusqu’à éparpiller les restes de St Wasnon patron de la cité.
Le 25 aout 1649, le comte d’Harcourt, au service du roi Louis XIV, prit Condé aux Espagnols, toujours défendue par son enceinte médiévale, puis l’abandonna presque aussitôt, craignant de ne pouvoir conserver sa conquête pendant l’hiver. Turenne y fit son entrée en 1655 avec les Français. Mais le Prince de Condé, au service des Espagnols, la reprit le 18 août 1656, après avoir fait lever le siège de Valenciennes. Les Espagnols renforcèrent les fortifications en 1660, notamment avec des bastions.
Vingt ans, plus tard, le 6 avril, elle retombait encore au pouvoir de Louis XIV, qui fut maintenu définitivement dans cette possession par le traité de Nimègue de 1678. Vauban renforça et améliora les fortifications. Il fit construite des casernes.
Répartition des pouvoirs pendant la période contemporaine (à partir de 1792)
- Etat: Divers régimes (républiques, monarchie, empire)
- Département: Nord
- Arrondissement : Valenciennes
- Canton: Marly
En 1792, les troupes françaises du général Dumouriez investirent les Pays-Bas Autrichiens, après leur victoire à Jemappes.
Mais en 1793, les Français furent chassés par les troupes autrichiennes et Condé fut assiégé. La défense de la ville fut assurée par le général Chancel qui avait installé son quartier général au château de Bailleul. Au bout de trois mois, la ville tomba. La collégiale fut détruite. A son emplacement, se trouve l’actuelle Place Verte.
Le général Scherer reprit Condé et les autres villes assiégées en août 1794. A la demande du député du Nord Gossuin, la Convention décida de donner à la ville le nom de « Nord Libre ». En 1809, la municipalité demanda que lui soit rendu son ancien nom, ce qui sera accordé par décret impérial du 8 octobre 1810.
Lors de la retraite napoléonienne en juin 1815, après la défaite de Waterloo, Condé retomba de nouveau aux mains des coalisés. L’occupation dura jusqu’en 1818. Par la suite, une garnison française fut installée dans de nouveaux casernements. Elle s’amenuisa avec le temps. En 1901, Condé perdit son statut de place forte militaire.
Après la première guerre mondiale, en 1923, une partie des fortifications fut démantelée pour faciliter le développement des usines.
En 1882, une voie vicinale (tramways) relia Condé à Valenciennes. Elle fonctionna jusqu’en 1966.
Condé fut occupé par les armées allemandes d’août 1914 à novembre 1918, puis de mai 1940 à septembre 1944. Les Allemands exploitèrent le charbon. La ville fut libérée exactement le 2 septembre 1944 par des troupes américaines.
La période qui suivit fut une période de prospérité.
Economie
Nous sommes mal documentés sur ce sujet, notamment en ce qui concerne l’exploitation du charbon, qui semble s’arrêter en 1989 à la fosse Ledoux.
Patrimoine
Eglise Saint Wasnon. Construite entre 1751 et 1755 à l’emplacement de l’ancienne église paroissiale Notre-Dame (du XIIème), elle-même bâtie à l’emplacement du premier oratoire édifié par le moine écossais Wasnon. Le clocher précédent (1608-1621) a été conservé.
Château de Bailleul. Siège de la seigneurie de Bailleul (en fait Beloeil), dite du « Propriétaire ». Bâti en grès. L’actuel édifice est le châtelet d’entrée de l’ancien château construit avant. Il comportait les armoiries de Jean de Hamaide, qui furent enlevées en 1469.
En 1544, Guillaume de Roggendorf avait fait tracer des jardins à la française qui s’étendaient jusqu’aux remparts ; une orangerie avait même été installée et la magnificence du parc contrastait régulièrement avec l’austérité du château.
Sous son aspect actuel, l’hôtel de Bailleul a subi, par rapport à son état originel, un certain nombre de transformations. Le toit a été refait à la Mansard, et les fenêtres à meneaux contrastent de façon anachronique avec les archères-canonnières des tourelles. La présence des armes de Jeanne de Lalaing à l’arrière du bâtiment laisse supposer que ces modifications sont intervenues au début du XVIIe siècle. A l’intérieur existe un escalier monumental construit en 1691 lors de la venue de Louis XIV, ainsi qu’une grande cheminée décorée des armes d’Emmanuel de Croÿ.
Château de l’Hermitage. Construit sous Louis XV par le Maréchal Emmanuel de Croÿ.
Hôtel de ville, du XVIIIème siècle.
Beffroi. L’ancien beffroi, plus élevé que l’actuel, est attesté dès 1410. Il surmontait un corps de garde que le roi décida, en 1788, de rebâtir. La ville reçut alors l’autorisation de reconstruire un beffroi, dont la hauteur fut limitée en raison de l’état des finances communales. La façade du corps de garde, datée de 1789, porte une sorte de cadran solaire.
L’Arsenal – ancien Château de Condé (seigneurie gagère des Avesnes). Ce château a été construit en 1147 puis rasé en 1174 par ordre de Baudouin V, comte de Hainaut, en représailles contre Jacques d’Avesnes. Le même comte de Hainaut l’aurait fait rebâtir en 1184. Il comprenait autrefois huit tours, sans compter le châtelet d’entrée, et un donjon carré appelé “tour de César”. Trois de ces tours et le donjon furent rasés en 1727, pour faire place à un hôpital militaire. Après la conquête française, en 1676, le prince de Croÿ avait en effet vendu le château au roi, qui en avait fait un arsenal. Le bâtiment a conservé ce nom, même s’il a surtout servi de caserne. Le châtelet d’entrée a gardé, côté rue, l’aspect d’origine, mais, côté cour, il a été profondément remanié dès la fin du XVIIe siècle et distribué en logement d’officier. Tour du Bonnet de Dragon, à l’angle nord-est. Elle présente une forme originale à rétreint, d’où son nom. Ses fenêtres grillées témoignent de son ancienne destination de geôle.
Jusqu’au XVIIe siècle, les bateaux pouvaient accéder dans la cour du château par un canal relié à l’Escaut qui y pénétrait jusqu’au pied du donjon en passant sous une arche dont on peut voir la partie supérieur dans la courtine sud.
La cour de l’Arsenal renferme un puits dont l’eau passe pour guérir les maladies d’yeux : il s’agit du puits de Sainte-Renelde, une sainte d’importation. De la même époque mérovingienne que saint Wasnon, Renelde est née à Kontich (Condacum) et non à Condé (Condatum).
Au cours de la dernière guerre, l’autorité allemande fit combler le bras de la Haynette qui passait devant l’Arsenal. L’existence de cette rivière explique la présence depuis toujours d’un moulin à eau à cet emplacement. L’ancien, qui contenait trois meules, était dans un tel état de vétusté qu’Emmanuel de Croÿ le fit reconstruire en 1775. Sa tour était un pigeonnier militaire.