Entité communale de Mons
Le territoire
Superficie: 944 ha – Altitude: 42 à 89m
Situation géographique:
Partant de la vallée de la Trouille qui le sépare de Mons, le village dans sa partie sud-ouest monte en pente douce vers Frameries.
A l’est, il est séparé d’Hyon et de Ciply par le Mont Héribus qui culminait à 60m. Un terril y a été surajouté qui s’élève à 107m.
Cette colline joua un rôle stratégique probablement dès la protohistoire.
A l’ouest, se situe le Mont Genestroit (de « terrain à genêts ») qui en fait la partie orientale du Mont Flénu, d’altitude 85m.
Cours d’eau: la Trouille au nord du village. Au nord du village, dans le quartier “Marais”, de nombreux courants drainent l’eau vers la Trouille.
Paysage préhistorique: Le nord du village, au bord de la rivière, était marécageux. Raison pour laquelle le village s’est constitué au sud-est, dans un premier temps au pied du Mont Heribus. L’actuelle Grand-Place était autrefois une terre à joncs (“joncquois”). Elle devint une vaste prairie privée et ne sera aménagée qu’en 1840, après qu’elle fut léguée par son propriétaire aux autorités communales. En s’éloignant vers le sud, la pente était boisée et faisait partie de la Forêt Charbonnière.
Nature du sol: limoneux
Nature du sous-sol: Il comporte deux étages qui furent exploités: une couche riche en calcaire et en craie (déposée au Crétacé pendant l’ère secondaire) et une couche plus profonde contenant du charbon de houille (déposée au Carbonifère pendant l’ère primaire).
Préhistoire
Paléolithique et néolithique:
Vestiges (outils en silex) paléolithiques et néolithiques (non précisés).
Néolithique:
Il y aurait eu sur le territoire de Cuesmes un menhir « La Longue Bonne ».
Age du bronze final:
A lieu-dit « Tir aux Pigeons » (là où sera établi un cimetière mérovingien), on aurait découvert une fosse datant de la Civilisation des Champs d’Urnes (entre 1100 et 800).
Deuxième âge du fer (Période de La Tène)
Sur le Mont Eribus, furent découvertes en 1864 deux nécropoles dont l’utilisation s’étendit sur toute cette période et entrant dans ce qu’on a appelé le «Groupe de la Haine ». On y a trouvé des vases, des écuelles, des accessoires de chars et de harnachement, une parure. Ce qui témoigne de l’inhumation d’un personnage important de rang aristocratique.
Un cimetière nervien lui aurait succédé.
Antiquité gallo-romaine
Le territoire de Cuesmes était traversé par un diverticule reliant la chaussée Bavay-Asse-Utrecht à la colline de Mons, où un castrum romain (camp militaire) exista à une période non précisée (Bas-Empire probablement).
Au lieu-dit « Pont de Pierre », on aurait trouvé en 1856 une tombe romaine du IVème siècle.
Sur les pentes du Mont Eribus, furent découverts (1988, 1993) un peigne en bronze, des armes, des monnaies du Ier siècle, des monnaies de type Avaucia, des monnaies de Galère de 300-301.
Selon Mariën (1961), une nécropole fut retrouvée, contenant des céramiques (pas de précision). Nous n’avons pas trouvé mention d’un habitat.
Premier Moyen-Age (période franque mérovingienne et carolingienne):
Au lieu-dit « Tir-aux-Pigeons », on a découvert en 1958 une nécropole mérovingienne.
Elle fut fouillée de 1959 à 1962 (Y. Leblois, D. de Gennaro), puis encore en 1966 et en 1980 (construction de l’autoroute).
Ce cimetière se trouve sur un plateau en déclivité vers le sud, pas loin des anciens vieux chemins de Bavay et de Binche, ainsi que du ruisseau du Temple, sur un sol calcaire.
La surface semble couvrir une trentaine d’ares. Plus de 140 tombes y ont été trouvées. On pense que de nombreuses autres tombes avaient déjà été détruites auparavant.
Un grand nombre de ces tombes étaient sans mobilier funéraire. Les corps (hommes, femmes, enfants) étaient inhumés directement dans la fosse (sans cercueil ni coffre), sur le dos, la tête vers l’ouest. Parfois une banquette était taillée sur la paroi, sur laquelle reposaient d’autres ossements humains (regroupement familial par manque de place ?).
Quelques tombes contenaient du mobilier, que l’on a daté du VIème et du VIIème siècle.
On y a trouvé peu d’armes (fers de lance, pointes de flèches, scramasaxes, couteaux), mais surtout des parures d’habillement (perles de colliers, pendentifs, bracelets, bagues, fibules, pièces de ceinture et de baudrier, boutons), ainsi que des poteries (souvent des urnes biconiques), des plaques métalliques, des clous, des coquilles d’escargot, …
Aucune trace de christianisation.
Tout cela évoque plutôt une communauté paysanne, plutôt qu’un groupe militaire, les armes pouvant appartenir aux maîtres de la communauté, mais celles-ci ont pu aussi être volées par pillages ultérieurs des tombes. On n’a pas découvert d’habitat à proximité, mais on sait que c’est rarement le cas pour l’époque, les bâtiments étant construits en matériaux périssables (bois, torchis). Quelques photos aériennes ont montré quelques structures et des fosses à quelques centaines de mètres au nord.
Il ne semble pas y avoir eu à cet endroit au préalable une villa gallo-romaine. Une petite villa cependant aurait pu exister à 500m au nord-est, sur base de photos aériennes. Les Francs se seraient donc installés ici sur une terre inoccupée.
On estime, sur base du nombre de tombes et de la durée d’utilisation, que cette nécropole a permis l’inhumation d’une petite communauté paysanne d’une dizaine de foyers, correspondant plus ou moins aux unités agricoles qui essaimaient le pays à l’époque sous forme de hameaux.
Le cimetière ne fut plus utilisé après le VIIème siècle. Il est possible que cette communauté ait disparu ou que le mode d’inhumation se soit modifié (cimetières près des églises).
Au moyen âge, ces terres appartenaient à la ferme seigneuriale du Bosquillon (infra).
Le territoire de Cuesmes appartenait à Sainte-Aye, cousine de Waudru, à qui elle succéda comme abbesse du monastère, à la fin du VIIème siècle. Elle en fit don à l’abbaye en 691. Selon certaines sources, elle aurait fait édifier vers 650 un couvent sur le versant nord du Mont Genestroit. Il n’est d’ailleurs pas impossible qu’une ferme, relevant de l’abbaye, y ait existé, dont les membres auraient été inhumés à proximité, mais l’absence de signes chrétiens ne plaide pas en cette faveur.
Deuxième Moyen-Age – le village
Première mention: X ou XIème siècle (sans précision)
Toponymie (anciennes orthographes): Cömoe, Coesmes, Coesnes, Coeme, Kuesmes, Quesmes, Quemmes, Quesnes, Quennie, Comis (bulle du pape Serge III, 1181)
Etymologie (hypothèses d’origine du nom):
- Cumma (celtique) signifiant vallée ou au pied de la colline (de Mons)
- Quesnes signifie chêne, évoquant les grandes forêts qui occupaient les lieux avant les défrichements de l’Antiquité et du Moyen Age
- Cuma signifie pente douce.
Epoque de son apparition: entre le Xème et le XIIème siècle, éventuellement plus tôt si l’hypothèse d’une ferme abbatiale est vraie, encore qu’il n’est pas sûr qu’elle aurait été à l’origine de la communauté villageoise.
Facteurs ayant favorisé son émergence
- voies de communication:
- le chemin de Bavay (diverticulum se détachant de la chaussée romaine à son approche de Mons et passant par Cuesmes), d’origine antique, peut-être tardive
- le “vieux chemin de Binche“, ayant relié à la fin de la période franque Valenciennes à Estinnes, prolongé jusqu’à Binche au XIIème siècle
- sources d’eau ou cours d’eau: la Trouille
- source de bois: la forêt Charbonnière sur la pente sud)
- proximité d’un lieu de pouvoir: l’abbaye (puis chapitre) Sainte-Waudru de Mons
Paroisse dédiée à: Saint-Remy (évêque de Reims au VIème siècle)
Evêché: de Cambrai (jusqu’en 1804), puis de Tournai ensuite
Décanat/doyenné: Mons
Autel (dîmes, entretien de l’église, nomination des officiants), partagé entre le chapitre Sainte-Waudru et le chapitre Saint-Germain de Mons
Répartition des pouvoirs pendant la période féodale
Autorité supérieure: comté de Hainaut
Autorité sous-jacente (administrative et judiciaire): la prévôté de Mons
Seigneuries et fiefs:
La plus grande partie du territoire de Cuesmes appartenait au chapitre Sainte-Waudru de Mons, don d’Aye, deuxième abbesse. Une ferme abbatiale existait au pied du Mont-Héribus, mais on ne sait pas à partir de quelle période. Le premier noyau d’habitation se trouvait dans cette partie du territoire.
Rappelons que le chapitre montois eut de tout temps un abbé laïc (ou avoué) qui n’était autre que le comte lui-même (et les souverains des Pays-Bas qui lui succédèrent) pour ce qui était de la gestion temporelle des lieux.
L’abbaye d’Haumont, pour rappel fondée à la même époque par Vincent, mari de Waudru, y avait aussi des terres, peut-être également données par Aye.
Fin de l’Ancien Régime féodal en 1794
Période française (1794-1814)
- Département: Jemappes
- Canton: Mons
Répartition des pouvoirs pendant la période contemporaine (à partir de 1814)
- Etat: Belgique
- Province: Hainaut
- Arrondissement administratif: Mons
- Arrondissement judiciaire: Mons
- Canton: Mons
- Entité communale depuis 1977: Mons
Evènements et faits marquants sur le sol de la commune
Vers 1245, fut bâti au nord de la cité, à la limite de Mons, le béguinage de Cantimpret, sous l’autorité du chapitre noble de Sainte Waudru.
En 1290, une partie du territoire de Cuesmes, au nord, fut englobé dans l’enceinte de Mons. Pour rappel, la Trouille passait plus au nord qu’aujourd’hui et traversait le sud de la ville.
Le comte Jean d’Avesnes attribua à la commune de Cuesmes une charte de franchises en 1297.
En 1478, Cuesmes et la région eurent à subir les dommages des bandes armées du roi Louis XI, en guerre contre la duchesse Marie de Bourgogne. Son mari, Maximilien, archiduc d’Autriche vint au secours avec une armée qui campa à Cuesmes, puis à Hornu, avant de vaincre les Français à Crespin.
Au XVIème siècle, des prêches protestantes eurent lieu sur le Mont Héribus.
Alors qu’en 1572, Mons était aux mains des huguenots de Louis de Nassau, le duc d’Albe vint y mettre le siège et installa son artillerie sur le Mont Héribus. Le bombardement de Mons força ses habitants à capituler. Entretemps, les remparts, la porte du Rivage et le prieuré du Vals des Ecoliers furent endommagés. La reprise de Mons s’accompagna d’exactions et de pillages par la soldatesque espagnole à Mons et à Cuesmes. Ici, la Maison communale fut mise à sac.
En 1615, une épidémie régionale de peste toucha durement Cuesmes.
Malgré tout, la période de paix de cette première moitié du XVIIème, vit s’installer de la prospérité et une augmentation de la démographie. C’est ainsi que le village commença à prendre de l’extension (vers le centre actuel du village).
1672 vit la création de l’association des « Archers de Saint-Sébastien ».
Lors des différents sièges de Mons (1691, 1709, 1746), les armées françaises installèrent des batteries d’artillerie sur le Mont Héribus pour bombarder les remparts de la ville.
Economie
Agriculture et élevage: L’activité économique principale était l’agriculture, organisée autour de la cense abbatiale de Sainte-Waudru.
Entreprises annexes:
Moulin (s): Entre Cuesmes et la porte montoise de Bertaimont (du côté de l’actuelle avenue de Gaulle), se trouvait un moulin à vent, appelé « Moulin de Cuesmes » (visible sur la peinture d’Adrien de Croÿ plus haut)
Exploitation du sous-sol
Les houillères
Selon certaines sources, on découvrit du charbon à Cuesmes dès 1099.
Ce n’est que vers 1410 que les « fourfeyeux » commencèrent à extraire le charbon qui affleurait au sol. Il fut exploité par le chapitre de Mons dès le Moyen-Age.
Au XIXème siècle, l’exploitation fut intense. Elle fut le fait des sociétés suivantes qui se succédèrent: S.A. des charbonnages du Levant de Flénu (1835), puis les Charbonnages du Levant-Produits à Cuesmes
On comptait cinq sièges d’extraction :
- N° 14 « Sainte-Zoé » ( ?-1960) – dès 1959, le siège social des la S.A. des charbonnages du Borinage après la fusion des sociétés encore en activité.
- N° 15 « Saint-Ferdinand » ( ?-1960)
- N° 17 « Saint Guillaume », voie de Wasmes, ( ?-1957)
- N° 19 « La Warocquière » (1835-1924)
- « Héribus » (44ha) (1910-1968). Ici, deux puits, plus tardifs, étaient équipés des derniers perfectionnements pour obtenir une puissance extractive de 1 000 t. par jour. Son terril est accolé au Mont du même nom qui est reboisé, classé et aménagé pour les promenades. Le site fut complètement rasé et remplacé par une déchetterie.
Les carrières
En 1858, Charles le Hardy de Beaulieu découvrit la présence de roches phosphatées dans le sous-sol de Cuesmes et de Ciply. Cette craie brune convenait pour produire de l’engrais.
L’exploitation commença en 1873 dans des galeries souterraines, qui prirent le nom de « Carrières de la Malogne » et qui s’étendirent sous les villages de Cuesmes, Hyon et Ciply, soit sur une superficie de 80ha (3km de long et 450m de large).
Plusieurs exploitants se succédèrent : Emile Rolland (1876), Mortiau, Heidet-Legrand, Scouflaire, Solvay, Quintens, ainsi que quelques sociétés anonymes.
On cessa les activités en 1934.
Aujourd’hui, une partie de ces galeries, inondées, servent à la plongée sous-marine.
On exploita aussi des carrières souterraines de craie blanche pour fours à chaux.
Autres types d’entreprises
– Arsenal du chemin de fer (ateliers de répration), aménagé vers 1875-1880
– Dans la seconde moitié du XXème siècle, on aménagea un zoning artisanal et commercial au nord-ouest du village.
Voies de communication
Routes
Pour rappel (supra): le diverticulum reliant la chaussée romaine (entre Noirchain et Mons) et le vieux chemin de Valenciennes à Estinnes/Binche.
Le village fut ensuite relié à ses voisins (Jemappes, Flénu, Frameries, Ciply, Hyon, …).
Autoroute R5 du contournement sud de Mons
Axiale boraine N550
Le chemin de fer
Ligne Mons – Quévy – France (96) – Il s’arrêtait à la gare de Cuesmes-Trieu (appelée plus tard Cuesmes-Etat). Celle-ci fut fermée en 1994.
Ligne Mons – Warquignies – Saint-Ghislain/Dour-Quiévrain (98), – aménagée en 1872, elle desservait les sites miniers du Borinage. Elle cessa ses activités au début des années ‘1970.
Ligne Mons-Chimay (n°109), créée en 1865, par la Compagnie du Chemin de Fer des Bassins Houillers du Hainaut, rachetée par l’Etat Belge en 1871, s’arrêtant dans la même gare, destinée au transport du charbon vers la France – La ligne fut abandonnée en 1962.
Le tramway
Ligne Mons – Cuesmes – Frameries (aménagement? – cessation en 1793)
Patrimoine
Eglise Saint-Remy, reconstruite en 1847 et démolie en partie en 1989.
Vincent van Gogh à Cuesmes
Ce fils de pasteur néerlandais, qui avait énormément de talent pour dessiner et peindre, tenta d’abord de devenir lui-même pasteur. Peu doué pour suivre assidûment ses études, il remplit malgré tout quelques missions évangéliques. C’est ainsi qu’il vint s’installer à Cuesmes dans le milieu des mineurs, accueilli par la famille Decrucq. Il y resta d’août 1879 à octobre 1880.
Il y dessinait et envoyait ses œuvres à son frère Théo, en réalité son tuteur, avec qui il correspondait.
On le vit également à Pâturages et à Wasmes. Il n’hésitait pas à descendre dans les puits.
Sa véritable carrière de peintre viendra plus tard lorsqu’il ira s’installer à Paris, puis à Arles, puis à Auvers-sur-Oise où il mourra.
La maison de Cuesmes (« Maison du Marais ») a été restaurée et transformée en musée.
Vestiges des sites miniers
Il persiste quelques bâtiments et terrils.
La Lampe du Mineur, monument reproduisant une lampe, sur la Grand-Place, qui relie le centre du village actuel avec les anciens sites miniers (Flénu, Ciply, Frameries).
Les cités ouvrières : cité Hoyaux (1880, pour les ouvriers de l’Arsenal), cité Gaillez
Maison du Peuple, bâtie en 1919.
Bonjour,
Nous sommes un bureau d’étude en architecture du paysage qui a pour mission le réaménagement du parc de la Ferme Cuche (à côté du Corluyt). Nous aimerions connaître l’histoire du lieu et savoir si quelqu’un possède de la documentation (photo, cartographie, textes, ….).
Merci d’avance,