Entité communale de Binche
Le territoire
Superficie: 357 ha
Altitude: de 125 à 150 m
Situation géographique : Le territoire est situé sur le versant sud de la vallée de la Haine. Le village s’est établi au bord d’un petit vallon créé par la Samme.
Cours d’eau : le ruisseau du bois de Hoyau et la Samme
Paysage préhistorique (après la dernière période glaciaire) : boisé et marécageux – quelques étangs
Nature du sol : limoneux
Nature du sous-sol : grès, houille
Préhistoire
Au lieu-dit « Ferme Wauthier » et dans le bois, auraient été trouvés des silex, taillés selon la méthode acheuléenne récente, au paléolithique inférieur.
Antiquité gallo-romaine
La même source évoque aussi des vestiges gallo-romains sans précision.
Premier Moyen-Age (période franque mérovingienne et carolingienne)
Le polyptique de l’abbaye de Lobbes de 886 mentionne le domaine d’Epinois dans ses possessions.
Deuxième Moyen-Age – le village
Première mention: 868
Toponymie (anciennes orthographes) :
- Spinetum, 868 (polyptique de l’abbaye de Lobbes)
- Spinethum, 1124
- Espinoit, 1181, 1299
- Spinoit, 1265
- Espinoit, 1347, 1355, 1357
- Espinois, 1372
- Espinoy
Etymologie (hypothèses d’origine du nom) :
On pense que le nom vient du latin Spinetum, « endroit couvert de ronces et de broussailles épineuses ».
Epoque de son apparition: XI ou XIIème siècle
Facteurs ayant favorisé son émergence :
– voies de communication: en dehors des voies antiques et médiévales
– sources d’eau ou cours d’eau: la Samme
– source de bois: région boisée
– proximité d’un lieu de pouvoir: château seigneurial
Paroisse dédiée à Sainte-Marie-Madeleine, dépendant à l’origine avec Binche de la paroisse de Waudrez. Lorsque Binche devint autonome, Epinois resta lié à Waudrez, avant d’être reliée à la paroisse de Buvrinnes en 1785.
Evêché: de Cambrai (jusqu’en 1804), puis de Tournai ensuite
Décanat/doyenné: Binche
Autel (dîmes, entretien de l’église, nomination des officiants) donné au chapitre épiscopal de Cambrai par l’évêque Burchard, ce qui fut confirmé en 1179 par le pape Alexandre.
Répartition des pouvoirs pendant la période féodale
Autorité supérieure: comté de Hainaut
Autorité sous-jacente (administrative et judiciaire): prévôté de Binche
Seigneuries et fiefs
Le village appartenait au IXème siècle à l’abbaye de Lobbes. Un premier castrum aurait existé dès le Xème siècle à Spinetum sur les terres de l’abbaye de Lobbes.
Seigneurie principale
Elle était constituée d’un village à clocher, d’un château, de terres. Le seigneur y exerçait toute justice et ses droits seigneuriaux par l’intermédiaire d’un bailli, d’un maïeur et d’échevins.
Sur des terres devenues propriété comtale, cette seigneurie apparaît au XIIème siècle. Il est assez difficile d’établir une liste des seigneurs, tant les questions sont nombreuses quant à sa cohérence. D’autant plus qu’il existe d’autres Epinois…
Les premières données connues font apparaître une certaine Marie d’Epinois qui serait aussi une Marie d’Esclaibes.
Eclaibes est aujourd’hui un village situé au sud de Maubeuge, donc en Hainaut.
Cette Marie serait la fille héritière d’un seigneur des deux lieux. On pourrait avancer l’hypothèse selon laquelle il existait dans la deuxième moitié du XIIème siècle une famille d’Eclaibes, sur laquelle les comtes pouvaient compter à une époque où ils mettaient en place des structures urbaines et défensives. Baudouin IV ou Baudouin V auraient pu donner le village d’Epinois à un membre de cette famille, dont Marie, indistinctement appelée d’Esclaibes ou d’Epinois, était l’héritière.
On cite parfois par la suite comme titulaires de la seigneurie d’Epinois des seigneurs de Houdeng. Selon Vander Elst, ils pourraient avoir été seigneurs d’Epinois-lez-Clerfayt et n’auraient rien à voir avec Epinois-lez-Binche. Cela paraît cohérent avec la suite.
- Cette Marie d’Esclaibes épousa Raoul de Saultain/Saultaing, seigneur d’un village situé au sud-est de Valenciennes. Ce personnage est cité seigneur d’Esclaibes et d’Epinois.
- Ils eurent une fille, parfois appelée Claire, parfois appelée Ide de Saultaing, dame héritière des deux seigneuries. Elle épousa Philippe de Gavere, fils cadet de Rasse V de Gavere, seigneur de Chièvres. Ce chevalier aurait choisi de reprendre le nom, les armes et le cri de guerre des Esclaibes. Lui succédèrent, comme seigneur d’Eclaibes et d’Epinois :
- Raoul I d’Esclaibes ( ?-1253, bataille de West-Capelle), leur fils
- Raoul II d’Esclaibes ( ?- ?), fils du précédent
- Raoul III d’Esclaibes ( ?- ?), fils du précédent
- Raoul IV d’Esclaibes ( ?- ?), fils du précédent
- Jean d’Esclaibes (v1271- ?), fils du précédent
- Gérard d’Esclaibes ( ?- ?), fils du précédent
- Fastré d’Esclaibes (v1360-v1415), fils du précédent, prévôt du Quesnoy
- Jean II d’Esclaibes ( ?-1415, bataille d’Azincourt), fils du précédent
- Gilles II d’Esclaibes (-apr1491), fils du précédent
- Prévôt de Maubeuge, il n’est plus cité comme seigneur d’Esclaibes.
- Gilles III d’Esclaibes ( ?- ?), fils du précédent
- Gilles IV d’Esclaibes ( ?-1532), fils du précédent, favori de Charles-Quint. Il semble correspondre à Jacques d’Esclaibes, écuyer, dont on dit qu’il tenait la terre d’Epinois en fief lige de la pairie de Beloeil (relief en 1503). Ce détail est assez troublant, car il est à priori difficile de comprendre le pourquoi de cette dépendance. Mais elle est réelle, car elle prend de l’importance par la suite. Ce personnage n’avait pas de postérité.
- Son frère Jean d’Esclaibes ( ?- ?) lui succéda.
- Une généalogie mentionne comme successeur ensuite son fils Elie d’Esclaibes
- Puis le fils de celui-ci, Pierre d’Esclaibes qui ne semble pas avoir eu d’enfant.
- La seigneurie serait alors revenue à Charles d’Esclaibes, un fils naturel de Jean d’Esclaibes. Il en fit relief (attesta de la propriété) en 1581, mais ceci donna lieu à des contestations familiales. Finalement le bien fut attribué vers 1591 à la famille de Ligne, détenant la pairie de Beloeil, suzeraine d’Epinois.
- Lamoral Ier (1563, Beloeil-1624, Bruxelles) fut le bénéficiaire de cette décision. Il était prince de Ligne et du Saint-Empire, aussi prince d’Epinois, mais ce titre lui venait de son épouse et concerne un autre Epinois (département du Nord). Il était seigneur d’un très grand nombre de domaines.
- Florent de Ligne (1588-1622), fils du précédent
- Albert-Henri (1615-1641), fils du précédent
- Claude-Lamoral I (1618, Beloeil-1679, Madrid), fils du précédent
- Henri-Louis-Ernest de Ligne (1644-1702), fils du précédent
Le domaine d’Epinois fut éclissé de la pairie de Beloeil et vendu à la famille le Boucq.
Famille le Boucq
- Philippe-Louis le Boucq ( ?-1721) acheta Epinois en 1689. Deux ans plus tard, il achètera Mont-Sainte-Aldegonde. Cette famille possédait déjà Leval-Trahegnies depuis le début de ce siècle. Lui succédèrent :
- François Joseph le Boucq ( ?-1763), fils du précédent
- Philippe Albert Léopold le Boucq ( ?-1777), fils du précédent. La terre d’Epinois fut érigée en comté.
- Dominique Alexandre Albert le Boucq ( ?-1789)
- Charles Léopold le Boucq. C’est avec ce dernier qu’en 1794 l’Ancien régime se termina.
Il existait aussi un Fief du bois de la Houssière, fief lige des comtes de Hainaut, tenu par des seigneurs qui dépendaient directement de ceux-ci.
La commune
On y suivait la coutume de Mons.
Période française (1794-1814)
Fin de l’Ancien Régime féodal en 1794
- Département: Jemappes
- Canton: Binche
Répartition des pouvoirs pendant la période contemporaine (à partir de 1814)
- Etat: Royaume des Pays-Bas (1814-1830), puis Royaume de Belgique
- Province: Hainaut
- Arrondissement administratif: Thuin
- Arrondissement judiciaire: Charleroi
- Canton: Binche
- Entité communale depuis 1977: Binche
Evènements et faits marquants sur le sol de la commune
Ce village, proche de Binche, a connu les affres des différentes guerres et sièges, à l’image du chef-lieu de la prévôté.
Economie
Longtemps elle reposa sur l’agriculture et l’élevage.
On exploita la houille au puits Saint-Georges, propriété des charbonnages de Leval-Trahegnies, puis de Ressaix.
Patrimoine
Eglise Sainte-Marie Madeleine. Elle est du XVème siècle en style gothique. Monuments funéraires des seigneurs du village.
Château du comte d’Espinoy. Quatre tourelles octogonales. Une vue de 1590 (ci-dessus) démontre une forteresse imposante avec un donjon-porche, des tours, des douves et une basse-cour. Il fut transformé par les Le Boucq en château de plaisance. Une grande partie de l’édifice actuel date de 1708. En 1796, Charles Léopold le Boucq le céda à Joseph Antoine George, son métayer. Ses descendants gardèrent le château jusqu’en 1914. Plusieurs d’entre eux furent bourgmestres d’Epinois. Pendant la Première Guerre Mondiale, Léopold Alfred George partit pour l’Angleterre et vendit le château à un entrepreneur qui dépeça le bâtiment. Ce qui en reste fut acheté par Armand Bizet qui le restaura. Puis il passa à la famille Bogaerts.
Son Carnaval ( gilles et Paysans + Fantaisies ) a lieu la semaine qui précède la Laetare