Famars

Situation géographique

Le village de Famars est marqué par sa situation stratégique sur un relief dominant, entre l’Escaut et la Ronelle. Il est implanté sur un plateau situé à environ 80 mètres d’altitude, dominant Valenciennes, distante de 5km, et la vallée de l’Escaut au nord.

Le terrain est argileux et limoneux (près des grandes zones de culture du Cambrésis et des terres d’élevage de la Thiérache).

Le sous-sol du Mont-Houy contient du grès (pierre ayant servi aux monuments).

On y a découvert un site antique couvrant 150 ha.

Préhistoire

Dans l’état de nos connaissances, il ne semble pas avoir eu de présence humaine préhistorique sur le site de Famars.

Haut empire romain

Les fouilles menées jusqu’à ce jour prouvent l’existence d’un habitat romain, dont le début date d’au moins 50 ans avant Jésus-Christ, soit à l’âge du fer.

Le site n’apparait pas sur les cartes d’époque romaine (itinéraire d’Antonin, carte de Peutinger). Il n’est d’ailleurs pas situé sur une des grandes chaussées romaines qui partaient de Bavay. Il est à mi-chemin entre la chaussée Bavay-Tournai-Cassel et la chaussée Bavay-Cambrai. Cependant il leur est relié par des voies secondaires :

  • Vers Bermerain/Hermoniacum sur la voie Cambrai-Bavay
  • Vers Onnaing et Crespin – elle traversait la chaussée vers Escaupont-Tournai-Cassel – puis continuait vers Hensies où elle rejoignait la chaussée Bavay-Blicquy
  • Une autre voie rejoignait Denain en traversant l’Escaut à Trith-Saint-Léger.

Cette situation est donc particulière. Ce qui pourrait s’expliquer par une présence plus ancienne dont on n’a pas retrouvé les vestiges, par exemple celle d’un sanctuaire gaulois d’avant la conquête (comme à Blicquy).

De plus Famars n’est pas documenté dans les écrits antiques. Ce qui contraste avec les découvertes archéologiques qui font de Famars un centre majeur de la cité des Nerviens dans la province de Gaule Belgique.

Une agglomération de type urbain (vicus) s’érigea dès le premier siècle après J.C., sous l’empereur Tibère. On lui appliqua le classique quadrillage de rues, délimitant des parcelles orthogonales. On y construisit des bâtiments publics, qui jouxtaient un habitat privé.

Un sanctuaire y figurait où l’on constate un abandon progressif des dieux gaulois au profit des dieux romains (d’après les statuettes retrouvées, notamment celles de Mars et Vénus). Le culte principal fut dédié au dieu Mars, ce qui aurait donné son nom au lieu : Fanum Martis.

La surface du site occupait un cercle de 900 m de rayon, centré sur l’emplacement de l’église actuelle. Les fouilles ont permis de dégager :

  • Un théâtre
  • Un aqueduc
  • De vastes thermes publics, décorés de riches mosaïques
  • Des vases avec plus de 27.000 pièces de monnaie romaine, les plus récentes datant du IVème siècle (d’Auguste à Constance)
  • De nombreux objets d’usage gallo-romain (fibules, épingles, polissoirs, …)
  • Un cimetière gallo-romain
  • Un quartier d’habitat et d’artisanat dense et structuré
  • Des enduits peints raffinés dans de riches maisons, dont une peinture avec un joueur de cithare (IIème)

    Reconstitution du bourg antique

L’artisanat y était assez intense et le commerce de Famars rayonnait dans tout le nord de la Gaule. On y exploitait des matières du sol et du sous-sol: l’argile et le fer. L’extraction du fer se faisait au nord de l’agglomération. On le réduisait et on le travaillait dans des forges au cœur de l’habitat. On travaillait aussi d’autres matières : le bronze, l’ivoire.

Famars, comme souvent les vicus, était spécialisée dans le travail des matières animales : abattoir, boucherie, fabrication de colle à partir des os, tannerie, laine, …

On y fabriquait de la poterie dans des fours : de la vaisselle courante, des mortiers, …

Une économie commerciale l’accompagnait, basée sur l’échange des produits manufacturés (poterie, laine) et alimentaires.

Bas-Empire

L’insécurité de cette période, à partir de la fin du IIIème siècle, obligea les habitants à se retrancher derrière une enceinte flanquée d’une dizaine de tours. On y construisit un castellum, auquel fut jointe une grande salle souterraine.

D’une localité à l’origine religieuse, qui s’est développée en centre artisanal et commercial, on est alors passé à un bourg essentiellement militaire sur la nouvelle ligne de défense érigée le long de la chaussée vers Cologne. La construction de l’enceinte réduisit la superficie de la ville de 50 ha  à 1.8 ha, soit l’ancien forum. Famars devint le siège d’une préfecture des Lètes Nerviens de la Belgique Seconde. Les Lètes étaient des anciens prisonniers germains, essentiellement Francs, à qui l’administration romaine offrait des terres en échange d’une participation à la défense de l’empire.

Au même moment, Bavay (Bagacum) perdait sa fonction de chef lieu de la Cité des Nerviens au profit de Cambrai (Camaracum).

Haut Moyen Age

On ne semble pas connaître le sort de la ville pendant les grandes invasions de 406/407 (Vandales, Suèves, Alains), mais celles-ci n’apportèrent pas un réel déclin, car avec les Francs dès le Vème siècle, Famars connut une période prestigieuse à l’époque mérovingienne. Chef-lieu du Pagus Fanomartensis (ancêtre du comté de Hainaut), il avait vocation de centre militaire, religieux et commercial.  L’Evêque St Géry de Cambrai, au VIème siècle, y fit bâtir une résidence fortifiée.

Puis le château perdit de son importance sous les Carolingiens (de l’an 750 à l’an 1000). Simultanément, Valenciennes, mieux située sur l’Escaut, joua un rôle résidentiel (fisc royal) et commercial (portus) qui supplanta Famars. Les fortifications furent démantelées au IXème-Xème siècle.

Période féodale

Famars devint le siège d’une seigneurie dépendant directement du comté de Hainaut et de la prévôté de Valenciennes. Nous n’avons pas trouvé la liste des seigneurs du domaine.

La paroisse dépendait du doyenné de Valenciennes et du diocèse de Cambrai.

Vers 1050, Baudouin V, comte de Flandres et de Hainaut, acheta au seigneur de Famars la moitié du village d’Artres, et d’autres biens sur Valenciennes.

En 1308, les terres et le château appartenaient à Jean de Monchaux.

Sont aussi mentionnés comme seigneurs de Famars:

  • Arnould de Bassecourt (?-?), écuyer, prévôt de Valenciennes
  • la famille Le Changeur de Lamelin, dont Philippotte de Lamlin, dame de Famars, qui épousa:
  • Jacques de Liévin/Levin ( ?-1562, Landrecies), fils d’Henri de Liévin. Chevalier. Officier de Charles Quint, puis de Philippe II. Gouverneur de Cambrai, puis gouverneur et prévôt de Landrecies. Seigneur de Famars par mariage
  • Charles de Liévin/Levin ( ?-1592), leur fils. Cité comme seigneur de Famars. Gouverneur de Heusden. Il se mit du côté des Calvinistes et servit dans l’armée des Provinces Unies de Guillaume d’Orange. Il épousa Catherine de Hinekart, dont:
  • Philippe de Liévin ( ?- ?), fils du précédent. Seigneur de Famars. Gouverneur de Heusden.  Colonel d’un régiment d’infanterie wallonne. Il épousa Louise de Marnix, fille de Philippe de Marnix de Sainte-Aldegonde. Il ne semble pas qu’un de ses enfants devint seigneur de Famars, encore qu’ils en portaient le surnom, dont:
    • Guillaume de Liévin « de Famars » ( ?-1659), qui acheta la seigneurie de Mont-Sainte-Aldegonde (Morlanwelz).

Il est possible que la seigneurie de Famars fut confisquée à Charles ou Philippe de Liévin pour leur engagement dans la cause protestante. Il est possible aussi qu’ils l’aient vendue.

  • On retrouve cette seigneurie au XVIIème siècle dans la famille Le Hardy (magistrats) avec:
    • Antoine Le Hardy (1618-v1680). Fils de Nicolas le Hardy, bourgeois de Valenciennes, seigneur de Rengis, qui ne semble pas avoir été seigneur de Famars. Chevalier. Cité comme seigneur de Famars, probablement par achat. Conseiller de la ville de Valenciennes. Il épousa sa cousine Marie Hardy, dame d’Aulnoy – plusieurs enfants, dont :
    • Charles Albert Le Hardy (v1661-1745, Valenciennes). Il est possible qu’il fut le fils de Jacques Le Hardy, lui-même fils d’Antoine Le Hardy. Ecuyer. Seigneur de Famars, … Prévôt de Valenciennes. Il épousa Marie Anne Françoise de Valicourt. Nombreux enfants, dont :
    • Alexandre Valentin Le Hardy (v1701-1745/1759). Ecuyer. Seigneur de Famars. Il épousa Marie Françoise Le Duc, dont:
    • Charles Alexandre François Le Hardy (1733, Valenciennes – apr1759 ). Ecuyer. Seigneur de Famars. Il épousa Marie-Thérèse Le Boucq dont il eut deux filles. 
    • La trace de la seigneurie disparait pour les dernières décennies de l’Ancien Régime
Evénements importants

En 1340, au début de la Guerre de Cent Ans, le château brûla, il fut reconstruit.

Charles-Quint y passa en 1552 et 1553, alors qu’il guerroyait contre Henri II de France.

Le château fut de nouveau brûlé, puis réédifié en 1662 (on le voit entouré du village, en gravure dans un album de Croÿ issu de cette époque).

En 1677, Louis XIV établit son camp sur les hauteurs du mont Houy avant d’assiéger Valenciennes.

En 1678, par le Traité de Nimègue, Famars (et toute la prévôté de Valenciennes) fut incorporé dans le royaume de France.

Période contemporaine

En octobre 1792, l’armée du nord, commandée par le Maréchal Luckner, campa sur les hauteurs de Famars face aux autrichiens, avant d’envahir les Pays-Bas autrichiens (future Belgique). La Fayette et Dumouriez vinrent y visiter l’armée.

En 1918, le château, reconstruit en 1662, fut détruit par un bombardement.

La famille Harpignies, propriétaire, édifia avant la deuxième guerre mondiale le château actuel mais ne l’acheva pas.

Economie

Une sucrerie (XIXème)

Patrimoine

Eglise Notre-Dame de l’Assomption. Aménagée à partir de la chapelle des châtelains de Famars. Elle existait en 1657. Lors de la révolution elle fut vendue comme bien public, puis rachetée par la municipalité en 1825.  Elle fut presque totalement détruite en octobre 1918 par des bombardements.  Elle fut ensuite reconstruite entre 1926 et 1929.

Références

http://bsa.biblio.univ-lille3.fr/blog/2013/06/site-antique-famars/  – rapport des fouilles de 2009 et 2011-2014

http://hanwide.unblog.fr/2012/06/06/castellum-chateau-manoir/ 

4 réflexions au sujet de « Famars »

  1. La sucrerie de FAMAR/Marli est célèbre parce qu’elle était la première à utiliser la betterave sucrière dans son entièreté et la pulpe donnée aux animaux des fermes des alentours. Louis RICHARD propriétaire/directeur de la fabrique a remplacé la canne à sucre par la betterave et répondait ainsi au blocus des ports de Napoléon. Louis RICHARD et ses fils, tous nés à Famar sont ensuite devenus les directeurs de la célèbre Sucrerie de Tirlemont (aujourd’hui Südzucker)

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