Flénu

Entité communale de Mons

Le territoire

Superficie: 390 ha – Altitude: de 75 à 85m

Situation géographique: Le village de Flénu est situé sur le versant sud de la vallée de la Haine, sur une pente du plateau du Haut-Pays

Cours d’eau: (pas de ruisseau mentionné)

Paysage préhistorique: A partir de la fin de la dernière période glaciaire, il y a 10-12.000 ans, ce territoire était couvert de bois, faisant partie de la Forêt Charbonnière

Nature du sol: limoneux
Nature du sous-sol: filons de houille dans le massif de grès et de schiste de l’ère primaire; craie

Préhistoire

On y aurait découvert des silex sur les hauteurs (fouilles par Neerinck, 1873 – coll. Musée royal de Bruxelles) – sans précision du type ou de la période.

Néolithique

Au « Champ de l’Espinette » (entre Cuesmes et Flénu, déjà connu en 1890), soit sur le  flanc ouest du plateau crayeux,  on mit à jour en 2001 un puits minier, un atelier de taille du silex, datant, comme à Spiennes de l’époque néolithique

Antiquité gallo-romaine:

Non documentée

Premier Moyen-Age (période franque mérovingienne et carolingienne) :

Non documentée

Deuxième Moyen-Age Et PERIODE MODERNE- le village

Flénu, se situant sur les hauteurs boisées de Jemappes, fut probablement le siège d’un habitat plus tardif que celui de Jemappes, dont il resta longtemps un hameau.

Première mention: 1181

Toponymie (anciennes orthographes):

Flénut, XIIème, première citation en 1181 (acte du comte Baudouin V)

Etymologie (hypothèses d’origine du nom)

Ce terme viendrait d’un dialecte local flin signifiant « silex », à moins que ce soit du germain Flunöth : « bois d’érables ou de frênes ».

Certains proposent une dérivation du mot roman flenne, belette. Endroit abondant en belettes ?

Le village a donné son nom à une variété de houille très prisée qu’on a trouvé dans son sous-sol, le « flénu », un charbon gras.

Epoque de son apparition: Longtemps hameau de Jemappes, Flénu s’est développé réellement au XIXème siècle avec l’intensification de l’exploitation houillère

Facteurs ayant favorisé son émergence

  • voies de communication: le territoire était parcouru par le “Vieux chemin de Binche à Valenciennes”, aménagé, semble-t-il à la fin du VIIème ou au VIIIème siècle. Ce chemin reliait au départ Famars et Valenciennes à Estinnes.
  • sources d’eau ou cours d’eau: non mentionnée
  • source de bois: Forêt Charbonnière qui fut complètement défrichée avec l’exploitation du charbon
  • proximité d’un lieu de pouvoir: abbaye (puis chapitre) de Sainte-Waudru. La présence ou non d’une ferme abbatiale ne semble pas précisée.

Paroisse: Longtemps, les quelques habitants du hameau étaient paroissiens de Jemappes. Il faut attendre 1868 pour que les habitants de Flénu (essentiellement des mineurs) aient une paroisse autonome, dédiée à Sainte-Barbe.

Evêché: de Cambrai (jusqu’en 1804), puis de Tournai ensuite

Décanat/doyenné: Mons

Répartition des pouvoirs pendant la période féodale

  • Autorité supérieure: comté de Hainaut
  • Autorité sous-jacente (administrative et judiciaire): prévôté de Mons

Seigneuries et fiefs

Le territoire de Jemappes (et donc de Flénu) appartenait (alleu) à Sainte-Waudru, qui le légua à l’abbaye. Celle-ci assura ensuite les droits féodaux. Les comtes, en tant qu’avoués, y exerçaient les pouvoirs temporels.

Fin de l’Ancien Régime féodal en 1794

Période française (1794-1814)
  • Département: Jemappes
  • Canton: Mons
Répartition des pouvoirs pendant la période contemporaine (à partir de 1814)
  • Etat: Belgique
  • Province: Hainaut
  • Arrondissement administratif: Mons
  • Arrondissement judiciaire: Mons
  • Canton: Pâturages
  • Commune :

Les habitants (en fait les patrons des houillères qui se plaignaient de la fiscalité jemappienne) ont demandé une autonomie communale en 1866, ce qu’ils obtinrent quatre ans plus tard en 1870. La maison communale fut édifiée en 1879 et les écoles communales furent ouvertes la même année. Le cimetière date de 1875.

En 1971, Jemappes et Flénu fusionnèrent, avant d’entrer en 1977 dans l’entité communale de Mons.

Evènements et faits marquants sur le sol de la commune

La bataille de Jemappes de 1792 se déroula sur le territoire de Flénu.

Une bataille eut lieu le 23 août 1914 entre Anglais et Allemands. Des civils furent fusillés, des maisons détruites. Les Allemands y laissèrent 67 morts et les Anglais 17.

Flénu fut libéré le 9 novembre 1918 par les Canadiens.

Les Flénutois ont aussi participé aux luttes sociales du XIXème et du XXème. En 1932, des grèves furent ici violentes. La commune devint socialiste lors des premières élections communales au suffrage universel en 1921.

Le Parti Ouvrier local connut une figure de proue: Walther Dauge, de tendance trotskyste. En 1936, il provoqua une scission du parti socialiste et remporta les élections communales en 1939. Il fut assassiné en 1944 pour des raisons inconnues.

En 1944, la gare de formation fut bombardée par les alliés. La libération fut le fait de troupes anglaises et américaines le 2 septembre 1944.

Economie

L’économie première aux origines était agricole et forestière.

Exploitation du charbon de houille

Ce fut l’activité économique principale du village, celle qui provoqua son développement au XIXème siècle. Mais on commença déjà à extraire le charbon en surface dès le Moyen-Age. Il en est fait mention en 1405. Des exploitants travaillaient sur des concessions cédées par les chanoinesses du chapitre de Sainte-Waudru contre une participation aux bénéfices (un septième). On creusait des mines dans les bois qui couvraient le territoire et dans les clairières, ce qui ne manqua pas de provoquer des conflits avec les paysans locaux.

Beaucoup de ces houillères furent abandonnées au cours des siècles. L’exploitation semble prendre plus d’ampleur à partir de 1740. Le charbon extrait reçut le nom de “flénu”. Il avait la caractéristique d’être gras et inflammable. Il convenait très bien pour les fours et les chaudières, pour produire du gaz d’éclairage, pour cuire les faïences et les tuiles, pour fabriquer du verre.

Dès le début du XIXème siècle, les nombreuses sociétés exploitantes fusionnèrent en se transformant en sociétés anonymes, ce qui leur donnait accès à plus de capitaux pour investir.

La Société des Produits naquit en 1787 à l’initiative d’André Colenbuen et de la Société de Commerce de Bruxelles. Elle devint Société Anonyme des Produits de Flénu en 1835. C’était alors une des plus grandes entreprises belges côtées à la Bourse de Bruxelles. La Société Générale de Belgique, fondée un peu plus tôt, en était le principal actionnaire.

Elle exploitait les puits suivants :

  • Puits n°8 Sainte-Henriette, dont le site est devenu un parc public, fermé en 1932. C’est un des premiers puits qui aient atteint la profondeur de 1000m. Un coup de grisou en 1860 fit 9 victimes. Un autre en 1868 en fit 55.
  • Puits n°23, fermé en 1935
  • Puits n°12 Saint-Louis, près de la gare, fermé en 1933, avec sa cité du dernier quart du XIXème
  • Puits n°21
  • Puits n°25, fermé en 1933
  • Puits n°26, fermé en 1933

Cette société avait sa propre gare industrielle (aujourd’hui reconvertie en logements).

Elle racheta en 1922 la Société du Nord du Rieu du Coeur et en 1928 la Société du Charbonnage du Nord de Flénu.

Charbonnages du Levant de Flénu

En 1835, naquit aussi la S.A. du Levant de Flénu

Cette deuxième grosse société fut fondée par le regroupement de trois petites sociétés: Cache-Après, Ostennes  et Crachet. Les puits N°4, 14, 15 et 17 étaient déjà exploités depuis le XVIIIème siècle.

Cinq puits furent exploités sur le site du Levant:

  • Sainte Zoé n°14
  • Saint Ferdinand n°15, avec son terril (156m de haut, le plus haut du Borinage)
  • Saint Guillaume n°17
  • Puits n°2
  • La Warocquière n°19 (1863-1939). Ses installations furent fortement endommagées par un ouragan le 18 mars 1876.

C’était un site très vaste, à mi-chemin entre Cuesmes et Flénu, entre la voie ferrée Cuesmes-Flénu et la rue de Flénu au nord. On trouvait à proximité toutes les infrastructures d’exploitation : puits et chevalements, installations de pompage des eaux, lavoir, ateliers, écuries, bureaux, centrale électrique (v1900), terril, chemin de fer industriel. Cette société fit appel à de nombreuses innovations technologiques et devint un modèle industriel à l’époque. Elle fut représentée à l’Exposition Universelle de Paris en 1878.

Une salle de fête a été aménagée dans un ancien atelier, après la fermeture. La plupart des bâtiments et des châssis à molette ont été rasés.

En 1843, elle acheta Belle-Victoire (ou Trois Frères). En 1856, elle revendit Ostennes et Crachet à la Société du Couchant de Flénu.

Les deux sociétés précédentes fusionnèrent en 1932 en S.A. Charbonnage du Levant et des Produits de Flénu dont le siège était à Cuesmes. En 1933, il restait encore quatre puits en exploitation. Ils furent fermés pour épuisement de filon. La société s’éteignit en 1939.

Il existait aussi une S.A. du Couchant de Flénu qui ferma ses portes en 1920.

En quelques années, 4000 mineurs perdirent leur travail et le village fut plongé dans la pauvreté, car les mineurs constituaient 90% de la population active.

D’autres industries, en partie liées aux charbonnages, fonctionnèrent au XIX-XXème siècle:

  • Des fours à coke et des fours à chaux
  • Un atelier de construction mécanique, qui ferma avec les mines en 1933
  • Une chaudronnerie

On mentionne aussi :

  • Une fabrique de chaussures (Malengret)
  • Des briqueteries
  • Une distillerie

Ces sociétés furent à l’origine de certaines cités ouvrières. Flénu devint après 1945 un village résidentiel pour les ouvriers travaillant sur Quaregnon, Cuesmes et Jemappes. Beaucoup d’immigrés, surtout des Italiens, en faisaient partie et logeaient dans des baraquements

Voies de communication

Longtemps, le hameau de Flénu fut tenu à l’écart des grandes voies de communication. Il était probablement relié aux villages voisins (Jemappes, Frameries, Cuesmes, Quaregnon) par des sentiers, qui furent aménagés en chaussées au XIXème siècle. Celui vers Jemappes (et la Haine) probablement à la fin du siècle précédent.

Le “Vieux Chemin de Binche”, datant du VIIIème siècle, passe tout au sud du village, et ne semble pas avoir joué de rôle dans le développement du village. Son tracé aujourd’hui est discontinu.

Dans les années ‘1990, fut construite l’axiale boraine N550.

Flénu fut avantagé par le chemin de fer au XIXème siècle. Il eut sa gare industrielle. Des lignes privées reliaient les sites charbonniers à la ligne Mons-Cuesmes-Warquignies-Dour/Saint-Ghislain, qui fonctionna de 1872 à 1973 (?).

Cependant, le chemin de fer fut présent plus tôt à Flénu. Dès 1833, on aménagea une liaison de trains tractés par des chevaux entre les sites du Bas et du Haut-Flénu au canal Mons-Condé à Jemappes. Rapidement, une vingtaine de charbonnages s’y relièrent. Les sociétés louaient des quais à l’embarcadère de Jemappes.

Le tramway fut aussi présent, reliant Flénu à Jemappes, Frameries et Cuesmes (manque de données!!!).

Trains et trams furent les victimes du déclin économique et de l’importance prise par le transport routier.

Patrimoine

Eglise Sainte-Barbe, bâtie dans la deuxième partie du XIXème siècle, en style néo-gothique.

La Maison Communale date de 1879.

 

3 réflexions au sujet de « Flénu »

  1. D’où vient l’origine du mot Levant pour le charbonnage du Levant ? Je ne vois nullement mentionnée cette origine qui m’interpelle.
    Et pourquoi société du Couchant.
    Levant et Couchant par rapport à quoi ?

    1. Anciennement, on donnait l’appellation de Levant (Est) et de Couchant (Ouest) aux groupes de charbonnages par rapport à Mons. Ainsi le Couchant correspond au Borinage et le Levant au Centre.

    2. bonjour,

      levant de flenu = à l’est de flénu
      couchant de flénu = à l’ouest de flénu

      les charbonnages étaient implantés dans les champs et patures sans désignations particulière, si ce n’est la position géographique par rapport à un lieu connu.

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