Entité communale de Frameries
Le territoire
Superficie: 657 ha
Altitude: de 60 à 126 m
Situation géographique : sur le versant sud de la vallée de la Haine et de la Trouille. Frameries s’étale en fait sur une double pente: au nord celle qui vient de Cuesmes et à l’est celle qui monte de Noirchain. Ces pentes mènent vers le plateau des Hauts-Pays.
Cours d’eau : plusieurs ruisseaux affluents du By (dont celui du Temple, du rieu à Cavins et du ruisseau de Cavalagne)
Paysage préhistorique (après la dernière période glaciaire) : boisé (Forêt Charbonnière qui recouvrait le plateau et ses versants)
Nature du sol : limoneux
Nature du sous-sol : houille, grès, schiste (dépôts de l’ère primaire)
Préhistoire
Cette période est peu documentée à Frameries.
On relève la découverte d’une hache en silex de type Spiennes (selon CAW, 1992), donc du néolithique moyen.
Un tesson de poterie du Ier siècle avant J.C. a également été trouvé, culturellement lié au deuxième âge du fer (La Tène final) d’époque nervienne.
Entre 2012 et 2016, des fouilles préventives ont été réalisées sur le site “de Belle Vue” (Crachet) où un zoning d’activités économiques va être installé. On y a découvert de nombreux éléments qui témoignent d’un habitat d’assez longue durée, depuis la fin de la période d’Hallstatt et pendant une large partie de la période de La Tène (soit du IVème au IIème siècle avant JC.). Plusieurs fosses ont révélé des vases en céramique destinés à la cuisson, au stockage et aux repas. Pas de structure d’habitat, mais une sépulture à incinération contenant des dépôts funéraires et du mobilier: des fragments de récipients en céramique et un couteau. De telles découvertes ont aussi été réalisées sur le Mont Eribus à Cuesmes et au Champ des Agaises à Ciply.
Antiquité gallo-romaine
A notre connaissance, il n’existe pas de vestige de cette époque.
Premier Moyen-Age (période franque mérovingienne et carolingienne)
Il est probable que Frameries se situait sur un alleu appartenant à la famille de Waudru, donné à son abbaye.
Deuxième Moyen-Age – le village
Première mention: 965
Toponymie (anciennes orthographes) : non trouvées.
Etymologie (hypothèses d’origine du nom) :
- « fabrique de framées » (hache franque), selon Chotin
- franc-meries, « terres des Francs », selon G. Descamps
Les vieux noms des champs de Frameries sont presque tous d’origine franque, (Gerardvol, Gerardcamp, Raimundcamp, Ranierbus, Herbertcamp, Lamberchies, Grinomont, …) déjà cités dès le XIIIème siècle.
- frameric, signifiant « pays du Fromant », nom d’un ancien propriétaire d’un des domaines à l’origine
- framahar, d’un homme nommé « Framaric » et du suffixe –ies (évolution du suffixe iacas, iacus signifiant « terre, lieu »)
Epoque de son apparition: Xème siècle
Facteurs ayant favorisé son émergence :
– voies de communication: Il n’y avait pas, à l’origine, sur le territoire de Frameries une route importante. A Noirchain, passait la chaussée romaine Bavay-Asse-Utrecht. A la limite de Cuesmes, passait le Vieux Chemin de Binche.
– sources d’eau ou cours d’eau: les ruisseaux affluents du By (Rieu à Cavins, Ruisseau de Cavalagne)
– source de bois: tout le territoire devait être boisé
– proximité d’un lieu de pouvoir: Il est probable que le village soit né en des points différents, correspondant aux grosses fermes seigneuriales (infra) et que par la suite, surtout au XIXème siècle, ces noyaux d’habitation se soient agglomérés.
Paroisse dédiée à Sainte-Waudru
Evêché: de Cambrai (jusqu’en 1804), puis de Tournai ensuite
Décanat/doyenné: Mons
Autel (dîmes, entretien de l’église, nomination des officiants) donné au chapitre de Sainte-Waudru de Mons.
Répartition des pouvoirs pendant la période féodale
Autorité supérieure: comté de Hainaut
Autorité sous-jacente (administrative et judiciaire): prévôté de Mons
Seigneuries et fiefs
Lors de la constitution des communautés villageoises, La Bouverie n’était qu’un petit hameau de Frameries. Il le restera jusqu’au XIXème siècle. Le territoire était divisé en plusieurs seigneuries, qui comportaient chacune une exploitation agricole:
- la seigneurie principale
- le fief de Lambrechies
- le fief de Fliemet ou du Temple
- un fief cité en 1300 ayant appartenu à ce moment à un certain Baudry de Rochefort, puis à la famille de Ligne, comportant une ferme (du Hazoir) située là où a été construit l’hôpital au XIXème siècle.
La seigneurie principale
Elle s’étendait au nord et au centre de l’actuel territoire, comprenant également une partie de La Bouverie et une partie de Pâturages. Ce domaine était issu de l’alleu du chapitre montois de Sainte-Waudru, dont les comtes étaient les abbés laïcs. Il aurait été donné (ou plutôt confirmé comme possession) en 965 par Aubert II, évêque de Cambrai. Une nouvelle confirmation eut lieu en 1182 (bulle du pape Lucien III). Les chanoinesses étaient représentées par un maire et des échevins. Et probablement par un bailli ou prévôt qui exerçait la justice.
Le fief de Lambrechies
Il était situé à l’ouest, en grande partie sur le territoire actuel de La Bouverie, à la limite de Quaregnon et de Flénu. Il appartenait à l’abbaye de Saint-Ghislain. Depuis quand? don royal lors de la fondation (VIIème siècle) ou de la refondation (Xème siècle)? don de Waudru à son “ami” Ghislain?
La seigneurie de Fliemet (ou de Feignies)
Elle aurait été accordée en 1142 à l’Ordre des Templiers par le comte Baudouin IV de Hainaut qui le dota de biens importants. Les comtes étaient-ils propriétaires d’une partie du territoire? Ou est-ce en avoué du chapitre de Sainte-Waudru, que Baudouin IV détacha une partie du domaine pour en doter l’Ordre naissant.
Il s’agissait d’une ferme (Maison de Fliémet ou Ferme du Temple), située à l’est, entre Frameries et Genly. Lorsque l’Ordre des Templiers fut aboli en 1312 par le pape Clément VII, allié du roi de France, ses biens furent repris, en dehors de la France, par l’Ordre des Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem, qui s’appela à partir du XVIème siècle Ordre de Malte.
Cette ferme servait de relais aux pèlerins qui tentaient de gagner la Terre Promise lorsque celle-ci fut aux mains des Croisés. Elle fut placée sous la dépendance de la commanderie principale du Hainaut à Piéton. Le commandeur était le seigneur des lieux. Il y exerçait les droits féodaux (justices, corvées, cens et taxes). Le domaine fut ensuite affermé à des intendants. Après la dissolution de la commanderie en 1795, les activités agricoles continuèrent.
La commune
Nous n’avons pas d’information à propos de l’institution d’une commune et d’éventuelles lois-chartes de privilèges. Il est possible que chaque grand fief se gérait en commune, avec son maïeur et ses échevins, à moins que ce soit le plus grand fief, celui de Sainte-Waudru qui ait monopolisé le contrôle des activités communales.
Le grand bailli de Hainaut permit la création d’un serment (association) des Archers de Saint-Sébastien en 1576.
En 1780, il existait une maison d’éducation pour les filles (« La Providence ») dirigée par des religieuses.
Période française (1794-1814)
Fin de l’Ancien Régime féodal en 1794
- Département: Jemappes
- Canton: Pâturages
Répartition des pouvoirs pendant la période contemporaine (à partir de 1814)
La Bouverie reçut son autonomie communale en 1845.
- Etat: Belgique
- Province: Hainaut
- Arrondissement administratif: Mons
- Arrondissement judiciaire: Mons
- Canton: Pâturages
- Entité communale depuis 1977: Frameries
Evénements et faits marquants sur le sol de la commune
En 1613, on dressa un bûcher pour y brûler une sorcière.
Lors des différents sièges de Mons, entre les XVIème et le XVIIIème siècles, la ville fut entourée d’une couronne de campements militaires, principalement sur des positions élevées. Un de ceux-ci se trouvait sur le site Belle-Vue (Crachet) à Frameries et fut fouillé entre 2012 et 2016 (fouilles préventives avant l’aménagement d’un zoning). On y a trouvé: des restes de feux de camp, des abris couverts et d’autres aménagés en creux dans le sol, des objets divers (balles, accessoires vestimentaires, pipes, monnaies, rejets alimentaires), de grandes excavations dotées de banquettes pour usage collectif (CAW, 2017).
Economie
L’agriculture a dominé l’économie jusqu’au XIXème siècle et s’est développée autour des grandes fermes seigneuriales, mais aussi dans des exploitations plus modestes.
On a trouvé à Frameries des moulins, des brasseries, une sucrerie.
Une fabrique réputée de pâte de fruits fut créée dans la ferme du Temple, rachetée par la famille Mirland. Elle ferma en 1979.
L’exploitation de la houille
Un acte de 1274 mentionne cette activité qui connut son essor dès la deuxième moitié du XVIIIème et surtout au XIXème.
Les charbonnages principaux furent:
Puits n°3 Grand-Trait à Frameries/La Bouverie (rue de l’Industrie). Un des puits les plus profonds du Borinage (1018m). Il devint en 1905 le siège de la centrale de sauvetage en cas de catastrophe minière. Il fut remplacé par l’entreprise Doosan qui fabriqua du matériel de génie civil dans les anciens ateliers.
Cour de l’Agrappe à Frameries (puits n°2), rue A. Defuisseaux. Un des plus meurtriers de tout le bassin borain (« la sinistre fosse »). On y compte, entre 1758 et 1892, une dizaine de catastrophes, ayant fait plus de 300 morts dont 112 en 1875 et 121 en 1879. On ferma en 1922 et on rasa le tout pour y laisser un espace ouvert, entouré des corons, avec au centre une pierre commémorative rendant hommage aux victimes du passé. A proximité : le terril du Mont des Ecureuils.
Charbonnage du Crachet. On y exploitait déjà le charbon au XIIIème siècle. C’est à la fin du XVIIIème et surtout au XIXème qu’il se développa. On y extrayait du charbon gras, bon pour le coke. On y trouvait plusieurs puits, dont le n°11 Saint-Ferdinand. On y fit encore un gros investissement en 1950 pour réaliser un puits à grande section et des aménagements annexes (cages, châssis à molettes, lavoir, …). Un tunnel sous la commune permettait de ramener vers le nouveau lavoir la houille extraite au Grisoeul (Pâturages) et au Grand Trait. A peine les travaux terminés, on ferma les puits en 1960. C’était le dernier site actif de la cité. Les installations furent classées en 1989. S’y est installé le PASS (Parc d’Aventures scientifiques et de Société). On y voit de loin le châssis à molettes du puits n°11 refait en 1947 ainsi que le terril du Mont-Ostène (ou du Crachet).
La Société “le Charbonnage de Frameries” rassembla plusieurs charbonnages de Frameries et de villages voisins (11 puits en activité en 1920):
- Le Sac à Hornu,
- Saint-Antoine à Wasmes
- Bonne-Espérance à Wasmes,
- Grisoeuil à Pâturages,
- Crachet-Picquery à Frameries,
- Noirchain à Noirchain,
- Sainte-Caroline à La Bouverie,
- Couteaux Sainte-Mathilde à La Bouverie.
- Charbonnage Picquery, à Frameries, fermé en 1904
- Puits n°7 Saint-Joseph, à Frameries, de l’Agrappe-Escoffiaux
D’autres entreprises se développèrent parallèlement aux charbonnages et périclitèrent avec eux:
- Aciéries, tréfilerie, usine de lampes pour mineurs
- Verreries
- Cordonneries
- Ateliers de chaussures, dont la pratique fut initiée en 1889 par Charlemagne Quenon
- Saboteries
- Ateliers de confection
- Cartonnerie
Plus récemment, Frameries s’est tournée vers le commerce. Y ont été aménagés deux zonings industriels.
Voies de communication
Routières
La voie romaine Bavay-Utrecht passait à l’est du territoire (actuelle N543).
Le vieux chemin de Valenciennes à Binche (ou de Famars à Estinnes) passait au nord de la commune. Il a disparu aujourd’hui, sauf en quelques endroits.
Deux chaussées se croisent au centre de la commune, la N544 venant de Mons vers la France et la N546 reliant Pâturages à Givry. Il s’agit d’anciens chemins reliant les villages entre eux. Ils ont été pavés au milieu du XIXème pour assurer le transport routier de la houille.
L’habitat s’est rapidement aggloméré sur leurs bords et s’est étendu à partir d’eux avec l’augmentation démographique du XIXème siècle.
Plus récemment, une liaison autoroutière R5, passant au nord du village, permet la liaison avec l’autoroute E19/E42.
A ce niveau, une route axiale boraine la relie à Boussu-Bois à travers le Borinage.
La liaison ferrée Mons-Haumont (n°96) date de 1855. La gare a été construite en 1857. Le bâtiment fut fermé en 2005. Frameries n’est plus qu’une halte sur cette ligne.
Des lignes privées industrielles y étaient reliées à partir des charbonnages.
Le tram s’arrêtait aussi à Frameries, venant de Mons par Cuesmes, allant vers Eugies et Sars-la-Bruyère d’une part, vers La Bouverie ou Noirchain de l’autre.
Patrimoine
Eglise sainte Waudru
Si la nef actuelle est toujours celle du XVème siècle, le reste fut refait en 1717 et en 1840. On y trouve un Tableau de Ste Barbe, par Germain Hallez.
Chapelle de Notre-Dame d’Ariette
Hôtel communal, 1895
Hôpital Notre-Dame, au coin de la rue de France et de la rue J. Dufrasne. Il fut construit en 1867 sur le site de l’ancienne ferme du Hazoir, fief de Ligne et Beaufort, cité au XIIIème siècle. Il subit d’importantes transformations en 1966. Il fut acquis par l’Hôpital du Grand Hornu et appartient actuellement au réseau hospitalier Epicura.
La Ferme des Templiers
Voir historique plus haut. Les bâtiments actuels sont des XVIIIème et XIXème siècles. Il s’agit d’un quadrilatère entourant une cour pavée dans laquelle on pénètre par un porche-colombier. On y trouve encore les vestiges d’une petite chapelle romane et un pilori dans la cour. La ferme fut achetée en l’an III par le notaire Emmanuel-Joseph Corbisier. Elle fut rachetée à ses descendants par Victor Mirland au XIXème. C’était un pharmacien qui y installa une fabrique de pâte de fruits (pommes, mirabelles, prunes). Cette fabrique cessa ses activités en 1979.
Monuments
Statue d’Alfred Defuisseaux (homme politique socialiste du XIXème), 1905, par le sculpteur Dubois (ci-contre)
Statue de Désiré Maroille (premier président du syndicat socialiste des mineurs borains), 1925, par le sculpteur De Winne