Entité communale de Mons
Le territoire
Superficie: 667 ha
Altitude: de 48 m (nord) à 80 m (sud)
Situation géographique: sur le versant sud de la vallée de la Trouille, en bordure du plateau de Bavay (Hauts-Pays).
Cours d’eau: le village est traversé par la Wampe et son affluent, le Ruisseau du Pré Rieu.
Paysage préhistorique (après la dernière période glaciaire): c’était ici la Forêt Charbonnière, traversée par les cours d’eau sus-dits. Aujourd’hui les prairies sont humides en contre-bas.
Nature du sol: limoneux
Nature du sous-sol: crayeux
Préhistoire
Elle est peu documentée à Harveng. La localité a offert aux archéologues quelques vestiges néolithiques (des outils en silex). Pas de précision.
Antiquité gallo-romaine
On rapporte l’existence d’une villa gallo-romaine. Sans précision.
Par contre, on a trouvé à la fin du XIXème siècle des fragments de tuiles et de poteries gallo-romaines à l’intersection des communes de Nouvelles, Harveng et Asquillies, peut-être en rapport avec la villa bien connue de Nouvelles.
Premier Moyen-Age (période franque mérovingienne et carolingienne)
Des sépultures y auraient été découvertes à la fin du XIXème siècle. Un cimetière franc y a été aménagé. Une fibule ansée aurait également été trouvée.
Deuxième Moyen-Age – le village
Première mention: 868 (polyptyque de l’abbaye de Lobbes)
Toponymie (anciennes orthographes)
- Harvinium, 869
- Hervenium, 1082
- Harven
- Harvaingt
Etymologie (hypothèses d’origine du nom)
Le nom pourrait venir de harwinja- (ancien germanique), dérivé de harwa qui signifiait « aigre, âpre ». Difficile de trouver une signification.
Epoque de son apparition: Xème ou XIème siècle
Facteurs ayant favorisé son émergence
– voies de communication: la communauté villageoise originelle s’est installée dans un territoire éloigné des voies de circulation, encore qu’il semble que l’on ait perdu le tracé du “vieux chemin de Binche” médiéval qui passait peut-être au nord du village (tronçon restant: la rue Notre-Dame de Tongres)
– sources d’eau ou cours d’eau: la Wampe et le ruisseau du Pré Rieu
– source de bois: la forêt, dont il persiste une bande le long de la Wampe au sud-ouest et peut-être le parc du château
– proximité d’un lieu de pouvoir: peut-être un château des premiers seigneurs de Harveng (XIIème)
Paroisse dédiée à Saint Martin
Evêché: de Cambrai (jusqu’en 1804), puis de Tournai ensuite
Décanat/doyenné: Mons
Autel (dîmes, entretien de l’église, nomination des officiants) donné à l’abbaye de Crespin en 1144 par l’évêque Nicolas de Chièvres. La paroisse voisine de Nouvelles en dépendait.
En 1082, Gérard II, évêque de Cambrai, détacha une partie de la paroisse (« Moncel » ou « Petit-Harveng ») pour l’unir à celle d’Harmignies. Ce petit territoire restera par la suite dans la commune.
Répartition des pouvoirs pendant la période féodale
Autorité supérieure: comté de Hainaut
Autorité sous-jacente (administrative et judiciaire): prévôté de Mons
Seigneuries et fiefs
Le territoire faisait partie des possessions de l’abbaye de Lobbes, ce qui est attesté par le polyptyque de 868. Pendant la période féodale, ce n’était plus le cas. Il est probable que les comtes Régnier se le soient appropriés, comme la plupart des propriétés de Lobbes en Hainaut.
Deux seigneuries se sont partagé le territoire:
- La seigneurie principale d’Harveng
- La seigneurie de Marchiennes
Deux châteaux en sont encore aujourd’hui les témoins.
La seigneurie d’Harveng
Les dates citées plus haut semblent prouver que le territoire était habité au moins au XIème siècle. Il appartenait encore probablement aux comtes. Une partie du domaine fut donnée au XIIème siècle, peut-être en apanage (fief héritable jusqu’à l’extinction de la branche mâle, puis repris par son suzerain) à une famille ayant pris le nom de Harveng (ou Harvengt). On en connait plusieurs personnages, mais il est difficile de désigner ceux qui en furent les seigneurs. Ils se situent presque tous au XIIème siècle et XIIIème siècle.
- Le plus connu est Philippe de Harveng (v1100-1183), un théologien très renommé à son époque, qui fut abbé de l’abbaye des Prémontrés de Bonne-Espérance
- On cite aussi Hugues de Harveng, cité en 1157 et 1177, comme seigneur de Harveng, peut-être frère du précédent
- Robert de Harveng, frère du précédent
- Widon/Guidon de Harveng, cité en 1194, fils d’Hugues
- Hugues de Harveng, cité en 1221, chevalier et seigneur de Harveng, qui fit don de terres et de la dîme du moulin
- Wautier de Harveng, moine à Bonne Espérance
- Fastré de Harveng et Baudouin de Harveng, cités en 1243, chanoines du chapitre de Saint-Germain – le premier fut aussi curé de Tirlemont
- Gilles de Harveng
- Ubald/Ulbaut de Harveng, peut-être frère du précédent. Il a ceci de particulier qu’il épousa une des trois filles, l’aînée, d’Henri de Mons (v1165/1173-apr1218), châtelain de Mons et seigneur d’Havré. Lui-même porta le titre de seigneur de Harveng. Il n’eut pas d’enfant et ses titres et domaines allèrent successivement à ses deux beaux-frères, Henri Berthout (qui épousa Sara de Mons et n’eut pas d’enfant non plus) puis à Englebert IV d’Enghien (qui avait épousé la troisième fille, Julianne de Mons)
- Moreau/Moriaus de Harveng (1261-1310), le dernier de la famille, sans postérité. Il aurait vendu le domaine d’Harveng au même Englebert d’Enghien. Ou bien, si apanage il y eut, il aurait été donné à ce dernier par le comte, également sous le même statut.
Il s’agit d’une branche cadette de celle qui continua à détenir Enghien. Ces seigneurs d’Harveng étaient donc aussi châtelains de Mons et seigneurs d’Havré. On cite :
- Englebert IV d’Enghien ( ?-1271), fils d’Englebert III, seigneur d’Enghien
- Sohier/Siger d’Enghien ( ?-apr1318), fils du précédent
- Gérard I d’Enghien ( ?-1361), fils du précédent
- Gérard II d’Enghien (v1320-1385), fils du précédent
- Jacques d’Enghien ( ?-1427), fils du précédent, sans postérité. Il est possible qu’il lègue Harveng, comme il le fit pour Havré, à sa tante Jeanne d’Enghien, qui épousa Jacques d’Harcourt.
Nous perdons alors la trace de la seigneurie de Harveng qui ne semble pas avoir connu les mêmes seigneurs que Havré (Harcourt, Orléans-Longueville, Croÿ). Il est possible qu’à l’origine le domaine ait été confié par les comtes en apanage et que l’extinction de cette branche d’Enghien ait provoqué son retour dans les possessions comtales.
Nous retrouvons trace de seigneurs particuliers à la fin du XVIIème siècle dans les personnages suivants :
- François Jacquot ( ?-1692)
- Jean Jacquot, cité en 1694
- Marie Robertine le Duc(q) ( ?-1711), d’origine X
- Siméon le Roy (v1630- ?), son mari. Il était avocat et conseiller-greffier pensionnaire de la ville de Mons. Aussi seigneur de la Berquière. Ils eurent une fille, Marie-Bonne le Roy (1668-1739), dame de Harveng.
Famille Hanot « d’Harveng »
Jean Charles Hanot (1658, Mons – 1715, Mons), fils de François Arnould Hanot (v1632-1689), seigneur de Bougnies, de Fleurus et de Harveng par mariage en 1683 avec Marie-Bonne le Roy (1668-1739), dame de Harveng. Ils eurent:
Charles François Joseph Hanot (1684-1731) Chevalier en 1725. Seigneur de Fleurus en 1715. Echevin de Mons (1710-1712). Il épousa en 1708 Marie Thérèse Malapert ( ?-1717), dame de Hasencourt ( ? Azincourt ?), dont il eut:
François Augustin Hanot (1714- ?), seigneur de Fleurus, de Harveng et de Hasencourt. Il épousa en 1742 Marie Bonne de Maleingreau, dont il eut:
Charles Augustin Hanot (1744- ?), seigneur d’Harveng et d’Hasencourt. Licencié ès lois. Il épousa en 1769 Hélène Françoise Joseph de Hennin, dont il eut:
Maximilien Charles Joseph Hanot « d’Harveng » (1774, Mons-1815, Mons), seigneur d’Harveng jusqu’en 1794. Il épousa en 1797 Victoire Maximilienne de Wolff, dont il eut:
- Isidore Maximilien Joseph Hanot d’Harveng (1799-1851), qui épousa Marie Désirée de Behault de Warelles, dont il eut:
- Marie Joséphine, ép. François Edouard Nonaert
- Alix Victoire Théodorine Hanot d’Harveng (1836-1913), qui épousa Adhémar Joseph Bonaventure de Bousies (1829, Mons-1914, Harveng). Comte. Bourgmestre d’Harveng et propriétaire du château d’Harveng de Bousies.
- Charlotte
La seigneurie de Marchiennes (nom probablement tardif). Il s’agit d’un fief qui relevait de la principauté de Chimay (depuis quand ?). Il consistait en un château, des terres et son châtelain pouvait y exercer les trois justices. Possédèrent le domaine en arrière-fief des seigneurs de Chimay :
- La famille d’Enghien – peut-être la branche aînée, puisque lui succède :
- La famille des Luxembourg
- La famille Jaquot-Jacquot
- La famille Hanot
- La famille Carondelet
- La famille Le Roy
- Les Fourneau de Virelles
- Les Bruneau
- Les De la Roche de Marchiennes
Période française (1794-1814)
Fin de l’Ancien Régime féodal en 1794
Département: Jemappes
Canton: Pâturages (ou Mons)
Répartition des pouvoirs pendant la période contemporaine (à partir de 1814)
Etat: Belgique
Province: Hainaut
Arrondissement administratif: Mons
Arrondissement judiciaire: Mons
Canton: Pâturages
Entité communale depuis 1977: Mons
Evènements et faits marquants sur le sol de la commune
En 1185, les armées de l’archevêque de Cologne et du duc de brabant brûlèrent le village en allant à Maubeuge rejoindre le comte de Flandre, Philippe d’Alsace.
En 1709, Harveng souffrit du siège de Mons.
En 1792, des Autrichiens y campèrent avant la bataille de Jemappes.
En 1794, un tiers du village fut brûlé lors de la reconquête française avant la bataille de Fleurus, y compris le château de Marchiennes
Economie
Elle fut essentiellement consacrée à l’agriculture (céréales, lin, betteraves) et à l’élevage. Trois grandes fermes en quadrilatère (rue de Spiennes) subsistent aujourd’hui, à côté de petites fermes :
- Celle du château de Marchiennes, 1797
- Deux autres de 1860 et 1861
Un ancien moulin à eau, sur la Wampe, fonctionna au « Point du Jour », déjà avant 1221 et encore après 1833.
Le paysage du village est resté essentiellement rural et résidentiel.
Voies de communication
Par la route: le village est traversé au sud par la route de Pâturages-Frameries à Givry. Je n’ai pas d’indication quant à l’époque de son aménagement. Il existait auparavant un autre chemin pour aller à Givry. Les villageois d’Harveng se sont reliés avec le temps par des chemins aux villages voisins (Harmignies, Nouvelles, Havay). L’absence d’une industrie explique sans doute cette situation.
Par le train: pas de liaison
Par le tramway: pas de liaison
Par le bus: ligne Mons-Quévy
Patrimoine
Eglise St Martin, bâtie en 1780-1784 en style classique. Fonts baptismaux du XVème. Ancien cimetière autour.
Presbytère, de la seconde moitié du XVIIIème.
Château d’Harveng « de Bousies ». C’est l’ancienne résidence des seigneurs de Harveng. Elle fut reconstruite en 1785 dans un style classique par les Hanot. Ecuries de 1785 et 1860. Tourelle d’angle, 1860. Maison du régisseur. « La fabrique » – petite tour carrée de 1860. A appartenu ensuite au comte du Chastel de la Howarderie.
Château de Marchiennes (sur la route d’Harmignies), bâti en style tournaisien. Il fut brûlé en 1794 avant la bataille de Fleurus. Il fut reconstruit à la fin du siècle et remanié dans les deux siècles suivants. Il comporte :
- Une tour-colombier du XVII-XVIIIème
- Une orangerie néoclassique 1843
- Des écuries 1873
- La Wampe y coule.