Entité communale d’Estinnes
Le territoire
Superficie: 941 ha
Altitude: entre 100 et 120 m
Situation géographique : Le territoire est situé sur le versant sud de la vallée de la Haine, en bordure de la large crête qui sépare les vallées de la Sambre et de la Haine.
Cours d’eau : Le village est parcouru par le ruisseau de Haulchin (ou de Ville) qui va se jeter dans la Trouille à Givry.
Paysage préhistorique (après la dernière période glaciaire) :
Nature du sol : limoneux
Nature du sous-sol : grès, calcaire
Préhistoire
Sans donner plus de précision, Th. Bernier évoque la découverte d’outils de silex (néolithique ?) et des armes de bronze (âge des métaux ou antiquité ?).
Un mégalithe (contesté) fut déterré au lieu-dit « l’Aulnois », à proximité de témoignages romains. Il s’agissait d’une dalle de 7 tonnes. Elle fut transportée sur la place du village.
Antiquité gallo-romaine
Des indices d’habitat (substructions, tuiles) et des tombes romaines auraient été trouvées au XIXème siècle. Ces éléments peuvent être mis en rapport avec les découvertes d’Estinnes. On aurait aussi trouvé un puits au « Champ des Agaises ».
Premier Moyen-Age (période franque mérovingienne et carolingienne)
Un cimetière franc au lieu-dit « Tombois » (avec des urnes et des armes) confirme que la région autour d’Estinnes et de Mons était plus ou moins densément peuplée lors de la période mérovingienne.
Selon les Bollandistes, rappelle Th. Bernier, « Vincent » Madelgaire possédait ici des terres qu’il légua vers 650 à son abbaye de Soignies. Soit l’information est fausse (mais la paroisse porte pourtant son nom), soit, plus probablement, ces terres lui furent reprises par des aristocrates ou des rois au VIIIème siècle, puisque l’on trouve dans un diplôme de Charlemagne, daté de 779, que le domaine d’Haulchin appartenait à l’église d’Aix-la-Chapelle.
Deuxième Moyen-Age – le village
Première mention: 779 (diplôme de Charlemagne)
Toponymie (anciennes orthographes) :
- Achinagiae, 779
- Halcinus, au moyen-âge
Etymologie (hypothèses d’origine du nom) :
- De Monastérium aqua cinctum = monastère entouré d’eau – monastère d’eau-ceint
- Ou de locus alnis cinctus, lieu entouré d’aulnes
- Ou encore un lieu cultivé en hauteur
- -Chin = champ
- Altus- = haut
Epoque de son apparition: indéterminée
Facteurs ayant favorisé son émergence :
– voies de communication: le village est situé au sud de la chaussée romaine Bavay-Cologne
– sources d’eau ou cours d’eau: le ruisseau d’Haulchin
– source de bois: la région était boisée
– proximité d’un lieu de pouvoir: indéterminée
Paroisse dédiée à Saint-Vincent
Evêché: de Cambrai (jusqu’en 1804), puis de Tournai ensuite
Décanat/doyenné: Binche
Autel (dîmes, entretien de l’église, nomination des officiants) donné à l’abbaye de Lobbes.
Répartition des pouvoirs pendant la période féodale
Autorité supérieure: comté de Hainaut
Autorité sous-jacente (administrative et judiciaire): prévôté de Binche
Seigneuries et fiefs
Au Moyen-Age, on ne trouve plus trace, selon notre documentation, de terres appartenant à l’abbaye de Soignies. Par contre, l’abbaye de Lobbes en a détenu dès 868 jusqu’à la fin de l’Ancien Régime.
Il existe aussi une ferme d’Epinlieu qui aurait pu appartenir à cette abbaye montoise. Ces terres, un alleu, auraient été données en 1219 par Roger I de Chimay à l’abbaye.
Il est possible que les premiers comtes de Hainaut se soient réapproprié le domaine principal d’Haulchin avec son village. Il aurait pu être ainsi donné en fief à une famille qui a pris le nom d’Haulchin au XIIème siècle. Celle-ci se serait rapidement éteinte et le domaine fut partagé en deux.
Une partie alla à la famille de Barbençon dont les seigneurs étaient châtelains de Beaumont et pairs de Hainaut. Cette famille s’éteignit au XIVème siècle. Qu’est alors devenue la seigneurie ?
Une autre partie du village passa successivement à divers personnages plus modestes, dont il est difficile de faire une liste cohérente quant aux liens entre eux ou les raisons d’être titulaire de la seigneurie :
- François d’Ailly « de Sains », seigneur de Haulchin (cité en 1522). Ecuyer. Il aurait épousé successivement Catherine Dubois de Hoves; puis Jeanne de Lannoy ( ?-1516), dame d’Ogimont et de Préseau, qu’il aurait enlevée à Wiers pour l’épouser à Flines-lez-Mortagne en 1515. Pour cela, il fut condamné puis gracié.
- Nicolas de Buzegnies/Busegnies (v1492, Mons-apr1552, Mons). Cité seigneur de Haulchin, peut-être après François d’Ailly, car il fonda en 1522 à Haulchin une confrérie d’archers de Saint-Vincent, avec l’autorisation de François d’Ailly, alors encore seigneur d’Haulchin. De son épouse Charlotte Malapert, il eut:
- Gilles de Busegnies (v1522, Mons- ?), dont on ne sait s’il fut seigneur, lui ou un de ses descendants.
- Pierre de le Court acheta la seigneurie de Haulchin
- Jean de le Court, son fils ou son frère, est cité en 1613 comme seigneur d’Haulchin
- Antoine Carbon (1594- ?) est cité comme seigneur d’Haulchin, ainsi que son fils:
- Jean Carbon (v1620-)
Ensuite on perd encore la trace des seigneurs d’Haulchin.
La commune
Le village fut doté d’une institution communale dès 1189.
Période française (1794-1814)
Fin de l’Ancien Régime féodal en 1794
- Département: Jemappes
- Canton: Binche
Répartition des pouvoirs pendant la période contemporaine (à partir de 1814)
- Etat: Royaume des Pays-Bas (1814-1830), puis Royaume de Belgique
- Province: Hainaut
- Arrondissement administratif: Thuin
- Arrondissement judiciaire: Charleroi
- Canton: Binche
- Entité communale depuis 1977:
Economie
Elle fut essentiellement agricole. Quelques grandes fermes en témoignent encore:
- La cense du château (dépendance de l’ancien manoir seigneurial)
- La ferme d’Epinlieu
Plus récemment, le « Vignoble des Agaises » fut créé en 2002. Il produit une cuvée selon la méthode champenoise sur un sol contenant de la craie.
Patrimoine
Eglise Saint-Vincent. L’édifice fut incendié en 1709, puis reconstruit. On conserva l’ancienne tour.