Entité communale d’Hensies
Le territoire
Superficie: 983 ha
Altitude: 20 à 25m
Situation géographique : Hensies est situé en vallée de Haine, sur la rive gauche.
Cours d’eau : de nombreux courants de drainages en quadrillage (Grand Vivier, Saint-Roch, des Digues, Préelles, …) ont été réalisés pour pouvoir dessiner des étendues de prairies pour l’élevage. Le ruisseau des Préelles est à la limite de Montroeul-sur-Haine.
Paysage préhistorique (après la dernière période glaciaire) : marécageux, bosquets de peupliers, saules
Nature du sol : alluvionnaire, argileux et limoneux, sablonneux
Nature du sous-sol : grès, houille
Préhistoire
Néolithique (Homo Sapiens) :
On y aurait découvert, au XIXème siècle, deux menhirs (près d’un sentier entre la rue de Villers et la rue de Chièvres). On sait qu’il existait de nombreuses pierres levées le long de la chaussée entre Bavay et Gand (via Blicquy), celle-ci ayant repris le tracé de chemins plus anciens, celtiques ou même néolithiques. Pour rappel les mégalithes datent du néolithique, il y a plus de 5000 ans, bien avant les périodes gauloises et romaines. Les menhirs d’Hensies ont été détruits. L’un d’entre eux, appelé au moyen-âge « Caillou Saint-Georges », aurait été « récupéré » par le clergé local pour fonder un lieu de pèlerinage. Il aurait été ensuite transporté au centre du village, avant d’être remplacé par le pilori communal.
Selon Charles Debove, un pont de la Mottelette sur la Haine, à la limite de Bernissart, doit son nom à une butte qui aurait été un tumulus gaulois.
Ont été découverts au XIXème siècle des vestiges du néolithique (un fragment de hache polie) et de l’âge du bronze (un fragment de hache à douille). Sans aucune précision sur un éventuel habitat local datant de ces périodes lointaines.
Antiquité gallo-romaine
Par contre, les découvertes relevant de la période gallo-romaine sont importantes. Une chaussée romaine, allant de Bavay vers Blicquy (et Gand), passait à Hensies, venant de Quiévrain (par l’actuelle rue de Villers, puis se prolongeant par la rue de Chièvres, sans réaliser la courbe actuelle qui ramène la circulation vers la place communale). De là elle prenait la direction de Pommeroeul et de Harchies.
Au lieu-dit « Malmaison », au nord du village actuel, un embranchement rejoignait une autre chaussée romaine du côté de Quarouble, qui allait de Bavay vers Tournai et le Pas-de-Calais. Au-delà elle rejoignait le centre urbain et militaire de Famars (près de Valenciennes). Ce chemin fut ensuite appelé « Chemin des Postes ».
Le vicus de Malmaison
A cet embranchement, où on a retrouvé des vestiges de maçonnerie, s’était probablement constituée une petite agglomération : « un vicus », sans doute en lien avec le « portus » (embarcadère entouré d’ateliers artisanaux) sur la Haine qui est situé à proximité, à Pommeroeul. De nombreux vestiges y ont été retrouvés depuis 1975.
A proximité de la Haine, les Romains y auraient construit une digue pour contrer les nombreuses inondations de la rivière. Une vanne de sécurité y avait été installée. Le vicus de Malmaison servait de relais le long de la chaussée romaine. Les voyageurs pouvaient s’y arrêter, se reposer, éventuellement manger. Un atelier de forgerons et de charrons était aménagé pour d’éventuelles réparations. Il est possible que le nom de « malmaison » provienne du mot latin « mansio » qui correspondait à un relais au bord d’une voie romaine. On n’explique cependant pas le préfixe –mal.
Pas très loin, sur le territoire actuel de Montroeul-sur-Haine, un fossé des Poncheaux (ponts-chauds) servait de trop-plein aux eaux du Vivier de Montroeul, construit aussi par les Romains en direction de Bernissart-Condé.
D’autres vestiges ont été trouvés sur d’autres sites, prouvant l’existence d’autres habitats (Jean Dufrasnes, SPW). Au nord du « Calvaire des Six Chemins », à droite de la route venant de Bavay (1993). Une forte concentration de tuiles (tegulae) a été retrouvée, évoquant une habitation ou pour d’autres un petit camp militaire.
Au lieu-dit « La Préelle », à 800m de la chaussée romaine (1991, 2000), entre le centre d’Hensies et Montroeul-sur-Haine. De nombreux fragments d’éléments de toitures (tegulae, imbrices), un fragment de céramique sigillée (genre souvent importé du Centre de la Gaule), une monnaie en bronze du IVème siècle (ce qui est assez tardif dans l’occupation gallo-romaine).
Au lieu-dit « Prairies des Sartis » (extrémité nord du village en bordure de la réserve naturelle de Harchies, à une centaine de mètres au sud d’un ancien lit de la Haine – 1992). Des fragments de tuiles, un morceau de meule rotative en arkose, des tessons de céramique commune et sigillée, évoquent également un habitat.
Au hameau de la « Marchelle » (est du village, 1999-2000), découverte de tessons de céramique commune.
« Neuville », 1986 (Dufrasnes et Leblois) – vestiges d’une construction, connus depuis le milieu du XIXème : petits objets métalliques, fragments de meules en arkose, un sesterce, tête et fragments de fibules, bague, clef, fragments de céramique. Indices des II et IIIème siècle.
Pour résumer, le long ou à proximité de la chaussée romaine, ont existé dès les premiers siècles de notre ère
- Un habitat (relais, villa ou castrum) au croisement des Six-Chemins (Calvaire à la limite de Montroeul, Hensies et Quiévrain)
- Un habitat aux Préelles (commun avec celui signalé à Montroeul-sur-Haine)
- Une concentration de constructions près de Malmaison où il existait peut-être un vicus, pas très éloigné de l’embarcadère de Pommeroeul, ni des autres constructions signalées aux Sartis et à Neuville, ainsi que sur le site Franoé de Montroeul-sur-Haine.
- une nécropole importante sur le site Franoé
Premier Moyen-Age (période franque mérovingienne et carolingienne)
L’abbaye proche de Crespin fut fondée en 646. Elle était située un peu plus à l’ouest que l’actuel hameau du Séminaire. Ce lieu-dit tiendrait peut-être son nom d’une ancienne grange où les moines entreposaient leurs grains de semence (du latin « semen »). D’autres sources pensent qu’il y aurait eu à cet endroit une maladrerie (endroit où l’on donne des soins).
Les moines défrichèrent des terrains boisés (les “Sartis”) le long de la Haine et de la Honnelle/Hogneau, qu’ils détournèrent et endiguèrent pour protéger le village contre les inondations de l’hiver.
Un de ces moines au XIème siècle, Aybert, s’installa sur les bords de la Haine, sur le lieu-dit “Scopignies” (actuel village de Saint-Aybert). Il fut renommé pour ses miracles et on vint habiter à proximité, y créant le hameau de la Neuville dans une zone de forêts essartées et à l’abri des inondations de la Haine. On y cultivait le houblon et on y pêchait. On y fonda un petit port avec un embarcadère.
A notre connaissance, il n’a pas été retrouvé de témoignages d’un habitat franc mérovingien ou carolingien (objets, sépultures) qui aurait pu être la continuation, même interrompue, de celui qui exista pendant la période gallo-romaine.
Deuxième Moyen-Age – le village
Première mention: 870
Toponymie (anciennes orthographes) :
- Hensitiae, la plus ancienne mention, datant de 870, figurant dans l’acte du Traité de Meersen où fut partagée la Lotharingie entre les descendants de Charlemagne.
- Aisientiae
- Esentiae
- Hennesies
- Hansy (1110)
- Hancioe (1080)
- Haizy (1486)
- Hensies (1534)
Etymologie (hypothèses d’origine du nom) :
Ces différents termes pourraient évoquer le mot « Haine », accompagnés du suffixe -sies (“eau courante” en celtique) ou, comme ce fut également expliqué pour d’autres villages, le nom « Hansius, qui serait celui d’un légionnaire romain, ayant reçu des terres et qui y aurait fait bâtir une « Villa Hansia » à proximité de l’antique chaussée romaine.
Epoque de son apparition: le petit ermitage d’Aybert à la Neuville date du IXème siècle. L’apparition d’une communauté villageoise à distance de celui-ci est sans doute un peu plus tardif (entre le Xème et le XIIème siècle).
Facteurs ayant favorisé son émergence :
– voies de communication: la chaussée romaine antique, les chemins médiévaux reliant l’abbaye de Saint-Ghislain à celles de Crespin et de Condé
– sources d’eau ou cours d’eau: les nombreux rus, la Honnelle
– source de bois: les bosquets éparpillés. Ils étaient sans doute plus importants au sud du village, endroit plus sec.
– proximité d’un lieu de pouvoir: peut-être le château de Quiévrain et l’abbaye de Crespin
Paroisse dédiée à Saint-Georges
Evêché: de Cambrai (jusqu’en 1804), puis de Tournai ensuite
Décanat/doyenné: Hornu, puis Bavay, puis Boussu
Autel (dîmes, entretien de l’église, nomination des officiants) donné aux abbayes de Crespin et de Saint-Ghislain.
Répartition des pouvoirs pendant la période féodale
Autorité supérieure: comté de Hainaut
Autorité sous-jacente (administrative et judiciaire): prévôté de Mons
Seigneuries et fiefs
Les Hensitois n’eurent pas de seigneurie propre.
Quelques parties de leur territoire (champs, prairies, bois) appartenaient aux moines de l’abbaye de Crespin (hameau des Sartis, hameau du Séminaire, Neuville). L’abbaye possédait aussi une chapelle. Ces possessions furent confirmées en 1142 par le pape Innocent II. Une exploitation agricole se situait aux Sartis et un entrepôt de semences au Séminaire.
La plus grosse partie du village dépendait du seigneur de Quiévrain, quant aux corvées, cens et impositions diverses. La justice était rendue par ces mêmes seigneurs pour certains faits et pour d’autres par le Prévôt de Mons, représentant le Comte de Hainaut.
Il semblerait qu’il n’ait existé sur le territoire d’Hensies, pourtant érigé en commune avec un mayeur et des échevins, ni moulin ni four, ni forge ni tordoir. Les villageois s’adonnaient surtout aux cultures, notamment du houblon. Un brasseur y exerçait son métier.
Longtemps, de nombreux différends opposèrent les Hensitois aux moines de Crespin, principalement en raison des inondations dues au mauvais entretien des cours d’eau qui s’écoulaient sur les terres de l’abbaye. Un autre gros conflit éclata encore au début du XVIIème siècle, sous les archiducs Albert et Isabelle qui durent même intervenir pour le régler.
Il est à noter que le hameau de la Neuville (Nova Villa) était autonome sur le plan communal, géré par des échevins et des maïeurs pour l’abbaye de Crespin.
Période française (1794-1814)
Fin de l’Ancien Régime féodal en 1794
Département: Jemappes
Canton: Thulin, puis Boussu
Répartition des pouvoirs pendant la période contemporaine (à partir de 1814)
- Etat: Royaume des Pays-Bas (1814-1830), puis Royaume de Belgique
- Province: Hainaut
- Arrondissement administratif: Mons
- Arrondissement judiciaire: Mons
- Canton: Boussu
- Entité communale depuis 1977: Hensies
Evénements et faits marquants sur le sol de la commune
Hensies était à l’écart des grands axes routiers d’alors et la vie y fut relativement paisible pour ses habitants. Ce qui n’était pas le cas de Quiévrain et Boussu.
Cependant, à partir du XVIIème siècle, des guerres nécessitant le déplacement de grands corps d’armées, les firent passer à travers ses plaines. Pendant ces années où Louis XIV affrontait le roi d’Espagne sur ses terres du nord (Pays-Bas Espagnols), les troupes françaises furent souvent présentes à Hensies et dans les villages voisins. Le but était de repousser le plus au nord possible les frontières du royaume de France. Louis XIV n’arriva finalement pas à les établir sur la frontière naturelle du Rhin comme il l’espérait, mais il récupéra un grand nombre de régions et de villes des comtés de Flandre et de Hainaut. C’est ainsi qu’au Traité de Nimègues en 1678, les communes d’Hensies, Harchies, Bernissart, Thivencelles et St-Aybert se retrouvèrent dans le royaume de France. Il fallut attendre 1690 pour que les trois premières reviennent dans les Pays-Bas Espagnols. Cette année-là, le maréchal de Luxembourg, commandant une armée française, installa son Q.G. à Hensies, avant d’aller assiéger Mons et emporter une victoire importante à Fleurus.
En octobre 1792, les armées françaises du général Dumouriez, porteuses des idées de la Révolution Française, passèrent la frontière à Quiévrain et à Hensies, pour aller attaquer les troupes belgo-autrichiennes à Thulin et Elouges, avant d’aller livrer la bataille décisive de Jemappes.
C’est durant la période française que Napoléon Bonaparte décida la construction du canal Mons-Condé pour faciliter le transport de la houille boraine vers l’Escaut, car le gabarit de la Haine ne suffisait plus à assurer des exportations qui étaient en hausse. A cette occasion, Napoléon fut reçu en 1813 à Malmaison lors d’une première inauguration, là où une écluse avait été aménagée. Ce canal ne sera achevé pourtant qu’en 1818, sous les Hollandais.
En septembre 1830, des volontaires Hensitois, mêlés à des Dourois, s’en allèrent combattre à Bruxelles contre les Hollandais. Ils étaient menés par le commandant Constantin Lenne, qui par la suite devint conseiller communal.
En 1848, des républicains d’Hensies accueillirent Ledru-Rollin aux premiers temps de la Révolte contre le roi Louis-Philippe. Il y rédigea des articles pour son journal.
Le reste de l’histoire d’Hensies se confond avec sa vie économique et le développement de son habitat.
Dans le cadre de la bataille de Mons, en août 1914, une armée anglaise tente de maintenir l’envahisseur allemand au nord d’une ligne constituée par le canal Mons-Condé et celui du Centre. Le 23 août, à Hensies, ont pris position trois compagnies anglaises, dont l’une à proximité de Malmaison, point possible de passage (à Thulin, la situation est identique près du Pont du canal ; il en est ainsi à chaque point de passage le long de cette ligne de défense). Le pont de Malmaison est détruit par les défenseurs, alors que les deux autres compagnies restées jusque-là dans le village viennent la rejoindre. L’artillerie allemande se mit en branle vers 17h00. Une attaque eut lieu en pleine nuit qui fit reculer vers le village les défenseurs britanniques. La situation était identique à Thulin, où de vifs combats eurent lieu dans le village. A Hensies, les Anglais préférèrent se retirer plus vite vers Quiévrain, ce qui permit aux Allemands de pénétrer dans le village le 24 août au matin et de se livrer à des exactions contre la population. Trois maisons furent incendiées, cinq personnes furent tuées et une quinzaine fut blessée. A 11h00, les Allemands avaient atteint Quiévrain. Le lendemain eut lieu la bataille d’Audregnies qui clôtura la bataille de Mons au profit des envahisseurs.
Puis ce fut l’occupation avec ses privations, ses vexations et ses déportations (184 Hensitois en tout). A Hensies, les Allemands installèrent un « central à chevaux », section destinée à préparer les chevaux qui devaient monter au front.
Le 13 octobre 1918, l’autorité allemande décréta l’évacuation du village. 1623 Hensitois obtempérèrent. Les 6 et 7 novembre suivants, les Canadiens délivrèrent Baisieux, Quiévrain, Crespin et Hensies. Il faut attendre le 8 novembre pour que Saint-Aybert, La Neuville et les Sartis puissent connaître le même bonheur. Les évacués regagnèrent le village le 13 novembre, deux jours après l’armistice pour constater de nombreux dégâts (voies de tram, carrefours, maisons et fermes).
La guerre 1939-1945 a commencé par une invasion-éclair, ce qui a minimisé les combats réels dans notre région. Il est à noter que le 1 mai 1944, le jour même où Saint-Ghislain fut bombardée par l’aviation alliées, des bombes tombèrent sur le hameau de la Neuville, semble-t-il par erreur, car elles visaient avant tout les infrastructures ferroviaires.
Economie
Exploitations agricoles et industries dérivées
Comme cela a été écrit dans l’introduction géographique, Hensies, en bord de Haine, était constitué de prairies humides, drainées pour permettre le pâturage des animaux domestiques. Plus au sud, se trouvaient des champs consacrés à la culture des céréales et des betteraves. Hensies s’est distingué aussi par la culture de plantes médicinales (surtout mauve, guimauve, souci).
Quelques industries liées aux cultures se sont développées, essentiellement des brasseries, une fabrique de chicorée et une fabrique de tabac. Il existait à Hensies des moulins à vent et à eau. Nous n’avons pas d’indication quant à la qualification banale de l’un d’entre eux. Un moulin banal devait obligatoirement être utilisé par les cultivateurs de céréales. Son usage s’accompagnait d’une redevance au seigneur du domaine. Il en existait un à Quiévrain. Certaines sources affirment cependant qu’il n’y avait pas de moulin au moyen-âge.
Industrie houillère
Par rapport aux autres communes du Borinage, l’exploitation houillère s’est développée beaucoup plus tard, après la guerre 1914-1918. Le sol de Hensies était très aquifère et rendait difficile le creusement de puits.
Des premiers sondages furent effectués en 1838 à la demande du duc d’Arenberg, de la famille des anciens seigneurs de Quiévrain et d’Hensies. Ils furent repris en 1858-1862 et prouvèrent l’existence de veines de charbon sous la commune. Il fut alors décidé de créer une société d’exploitation. Avec de nouvelles techniques de forage, on réalisa encore des sondages en 1875. Une concession fut octroyée à la « Société d’Hensies-Pommeroeul ». Une autre société, formée par Mrs Lambert, Berneaux et Cie, qui prit le nom de « Société Civile du Nord de Quiévrain » débuta aussi des sondages un peu plus au nord. En 1899, les deux concessionnaires fusionnèrent en « Société anonyme des Concessions Houillères d’Hensies-Pommeroeul et du Nord de Quiévrain ».
La technique s’améliorant (congélation lors du creusement), la traversée des terrains meubles fut facilitée. Les sondages continuaient, avec l’aide de la Société Foraky, mais pas encore d’exploitation. En 1912, les deux sociétés fusionnèrent en une « S.A. des Charbonnages Hensies-Pommeroeul » dont le siège se trouvait aux Sartis, à proximité du canal de Mons-Condé. On commença l’exploitation en 1918 sur le site des “Sartis“. En 1923, on ouvrit un deuxième site d’extraction, le Charbonnage Louis Lambert, entre la rue de l’Eglise et la rue des Chiens. Il était relié au site précédent par une ligne de wagonnets tractés. On y traitait le charbon extrait. Ce charbon était maigre et adapté à l’usage domestique.
Des Sartis, le charbon partait par voie d’eau (canaux) et par une ligne de chemin de fer reliant le site à la gare de Bernissart. On n’a pas vu s’élever des terrils, les marais ayant absorbé tous les détritus.
Si le puits Louis Lambert ferma en 1966 en raison de veines trop profondes et de la menace constante du grisou, on continua à exploiter celui des Sartis jusqu’au 31 mars 1976, date de fermeture de ce qui était encore le dernier charbonnage du Borinage. Les mineurs encore en activité allèrent travailler dans les derniers puits de la région de Charleroi pour quelques années encore. En effet, beaucoup d’autres puits borains avaient fermé entre 1952 et 1961.
De ces deux sites, il reste encore aujourd’hui quelques vestiges en friche, dont la grille monumentale Art Déco du site Lambert, ainsi que des bureaux et des vestiaires aux Sartis. L’actuel bureau de police, à côté de l’église, était l’ancienne cantine du charbonnage et date du XIXème siècle.
L’exploitation de la houille à Hensies attira une forte immigration avant et après la guerre de 1939-1945.
- Ce furent d’abord des Polonais (entre 1920 et 1946),
- Puis les Italiens en deux vagues (une première, peu importante, avant la deuxième guerre mondiale qui fuyait le régime fasciste, puis une seconde nettement plus importante dans les dix années qui suivirent la fin de cette guerre,
- puis des Maghrébins (années 1960)
- et surtout des Turcs (dès 1963 – cfr infra)
- on trouvait également des Espagnols, des Grecs et bien d’autres qui constituent, eux et leur descendance, plus de la moitié de la population actuelle du village.
Une partie importante de ces immigrés quitta cependant le village pour aller s’installer dans d’autres centres industriels (entre 1958 et 1970)
Evolution de l’habitat
Il est le reflet de l’activité des habitants du village. Pendant des siècles, depuis la période romaine (et peut-être auparavant) jusqu’à la fin du XIXème siècle, la seule activité était agricole. Sans doute, au XIXème, vit-on quelques habitants aller travailler dans les charbonnages voisins ou dans les usines du nord de la France, mais la majorité restait au village.
Jusqu’à la fin du XIXème, on pouvait voir à Hensies des fermes, petites ou grandes, et des petites maisons basses le long de ses chemins. Le centre du village, avec sa place, se trouvait au croisement des chemins menant à Quiévrain, à Montroeul-sur-Haine (et plus loin Thulin, Boussu, Saint-Ghislain), à Harchies (et plus loin vers Chièvres) et vers Condé. Pas loin de la place, triangulaire et bordée d’érables, s’embranchait une rue vers l’église.
Aujourd’hui encore il reste quelques petites maisons basses datées de la fin du XVIIIème et du début du XIXème. Il en est de même pour les fermes, dont les plus anciennes sont :
- La ferme du Maïeur, quadrilatère, datant de 1788, au tournant de la rue de Chièvres
- Une ferme, datant de 1800, au 65, rue de Villers
- Une ferme à la Neuville, de la même période
- Une autre au Séminaire
Au XIXème et au début du XXème, des habitations de type urbain (mitoyennes et à étages), sont venues compléter le centre de l’agglomération, le densifiant et l’étendant. Au XXème, avec les activités d’exploitation houillère, le phénomène s’est amplifié. Sur les axes principaux d’abord, avec des maisons ouvrières et quelques bâtiments plus cossus pour les gérants du charbonnage (ex : le château Desailly, rue de Crespin, 76).
De nouveaux quartiers virent le jour :
- Celui des Sartis, entre 1913 et 1921, avec des maisons (une quarantaine) pour mineurs, pour employés, un hôtel, un magasin, une école
- Celui des Acacias (190 maisons), à proximité, rasé lors de l’élargissement du canal (vers 1920)
- Celui de la Rue de Crespin (1925), de la Cité Wauters (1934) et de la Nouvelle Cité (1951), au sud-est du centre, avec une école
- Celui de l’Europe, au nord du centre (1964)
- Celui du Champ de Fayau, au sud-ouest du centre (1972)
- Celui de la Herse, au sud (1981)
Depuis 1976, Hensies est en fait devenue une cité résidentielle.
La communauté turque d’Hensies
Les premiers travailleurs turcs sont arrivés à Hensies en 1956, à titre d’essai, mais l’expérience ne fut pas poursuivie immédiatement. On pense que les conditions de travail et que la catastrophe minière de Marcinelle (8 août 1956) en sont une raison.
C’est pendant la décennie ‘1960 que la majorité de ces immigrants s’intensifia vers la Belgique, suite à des accords belgo-turcs de 1962. A Hensies, les premiers arrivèrent en 1963. C’étaient des hommes seuls qui envoyaient leur épargne à leurs familles restées au pays. Ils furent logés dans l’hôtellerie des Sartis et dans l’ancien couvent de Pommeroeul.
Par la suite, ils furent rejoints par leurs familles. Eux et les suivants furent logés dans les cités ouvrières (Sartis, Acacias, rue des Chiens). Entre 1963 et 1965, plus de 700 travailleurs turcs sont arrivés à Hensies, mais tous n’y sont pas restés.
Lors de la fermeture du site des Sartis, 30% sont rentrés en Turquie. Certains furent réaffectés dans les charbonnages encore en activité en pays de Charleroi, qu’ils rejoignaient en car. Les autres connurent la retraite. On compte plus ou moins 1120 mineurs turcs ayant travaillé à Hensies.
Les Turcs hensitois se sont bien implantés dans la région. Beaucoup achetèrent un logement qu’ils restaurèrent ou qu’ils firent bâtir. Certains ouvrirent des commerces.
(d’après Les mineurs turcs des charbonnages d’Hensies-Pommeroeul, 2015, ASBL « Entraide des Travailleurs Turcs d’Hensies »)
Voies de communication
Longtemps, Hensies a conservé ses axes routiers antiques et médiévaux: la chaussée romaine Bavay-Blicquy et la voie secondaire vers Famars (Valenciennes), les chemins allant de Saint-Ghislain vers Condé et vers Crespin, auxquels se sont ajoutés un chemin vers Quiévrain et un autre vers Elouges (voie Elouges-Condé passant au Calvaire des Six-Chemins).
La Haine était navigable pour le transport de marchandises. Quelques petits embarcadères avaient été aménagés ici et là (Neuville, Sartis, Pommeroeul).
Le canal de Mons à Condé fut construit entre 1808 et 1818. Il fut fermé à la navigation en 1967 et fut supprimé au début des années 1970 pour servir de desserte à l’autoroute E19 qui n’offre pas d’entrée ni de sortie à Hensies même. Le poste-frontière y est situé depuis 1972.
Le chemin de fer n’est jamais passé à Hensies, sauf une ligne industrielle reliant les Sartis à la gare de Bernissart (ordonnée dès 1910), d’où une ligne permettait d’atteindre la gare de Blaton. Elle fut prolongée dans l’autre sens jusqu’au site Louis Lambert. Cette ligne fut supprimée en 1976.
Un tramway fonctionna quelques décennies entre la gare de Quiévrain et Pommeroeul. Il atteignait Hensies par la rue de Villers, puis par l’actuel site de l’avenue de l’Europe, il partait vers Montroeul-sur-Haine. Cette ligne fut supprimée en 1954.
A proximité des Sartis, un canal, creusé entre Pommeroeul et Condé, sert d’embranchement entre le canal Nimy-Péronnes et l’Escaut. De plus grand gabarit que l’ancien, il devait sans doute servir au transport de la houille, mais n’a jamais été entretenu du côté français. Des pourparlers sont toujours en cours pour le mettre en fonction.
Une nouvelle route, depuis la fin des années 1960, relie Thulin à Hensies (avenue des Droits de l’Homme).
Patrimoine
Eglise St Georges. L’édifice actuel est du XVIIème, hormis son chœur de 1781, restauré par l’abbaye de Crespin, peu de temps avant son abolition. Il existe encore des éléments antérieurs : une façade à pignons du XIIème, des chapelles du transept du XVème. La voûte de la nef est en berceau.
Le mobilier intérieur est du XVI-XVIIIème. Mais les fonts baptismaux datent sans doute d’un premier édifice du XIIème, à l’époque de la constitution de la paroisse. Autour de l’église, on trouve :
- L’ancien cimetière, désaffecté au début des années 1950 au profit d’un nouveau, hors du village, à la rue de Villers. On y voit encore quelques vieilles pierres tombales.
- Un monument aux morts de la première guerre mondiale
- Un monument aux morts de la seconde guerre mondiale
- Une chapelle, datant de 1834, avec un Crucifix en bois polychrome du XVIIIème
Chapelle St Roch, XIXème
Chapelle Notre-Dame-de-la-Pitié, deuxième moitié du XIXème, rue de Villers
Maison communale, bâtie à la fin du XIXème
Maison du Peuple, rue de Crespin, de 1911, de style éclectique avec un frontispice à sgraffites
Ecole Communale, implantée en 1923, près de l’ancienne ligne vicinale Quiévrain-Mainvault.
Bibliographie
Je remercie Madame Halina Wojtan pour la documentation qu’elle m’a aimablement prêtée et qui m’a aidé à compléter de nombreux paragraphes de ce chapitre. Ainsi que Michael Demoustier pour sa contribution sur la guerre 1914-1918.
Hensies, étude socio-économique – Lionel Gobert & Séverine Rousseau, 2002-2003 (TFE)
Site très intéressant, merci pour toutes les informations, ma famille y est originaire depuis 1677 dont mon ancêtre direct Claude (François) Bertin né 1677 et décédé le 22 janvier 1755
je relis de nouveau, c’est très bien documenté, je suis née au hameau de la Neuville, et mes arrière-grands parents maternels (Lepoint) et paternels (Damien) s’y sont établis au 19ème siècle. J’habite la maison des Lepoint, elle date de 1802, je suis passionnée par notre histoire locale.
Bonjour
Pouvez vous m en dire plus sur LA FERME DU MAIEUR de la rue de Chievres et sur ce maieur ?
A vous lire a votre convenance
J’ai fait suivre votre demande. Bien à vous.
Je suis née à la Cité des Acacias. Mon père était mineur polonais arrivé après la 2e guerre mondiale. Il y est mort dans un accident de mine en 1961.