Entité communale de Mons
Le territoire
Superficie: 367 ha
Altitude: de 35 m à 50m
Situation géographique: le village s’est constitué sur le versant sud de la vallée de la Trouille, au sud-ouest de Mons
Cours d’eau: la Trouille au nord fait la limite avec le territoire de Mons. Elle y reçoit peu avant deux affluents: le By et la Wampe
Paysage préhistorique (après la dernière période glaciaire): il était surtout fait de marécages dans la partie nord et d’espaces boisés en remontant vers le sud.
Nature du sol: alluvionnaire et limoneux
Nature du sous-sol: crayeux (ère secondaire) et houiller (ère primaire)
Préhistoire
Les premières traces d’activité humaine sur le territoire datent la fin du paléolithique supérieur. Nous n’avons pas de précisions, si ce n’est qu’on aurait trouvé des vestiges des cultures Ahrenbourgienne (8200-6800) et Tardenoisienne (6800-5500) de l’épipaléolithique (sans précision).
De la période néolithique, au « Trou au sable », en 1993, Mrs Leblois et Pacyna ont retrouvé quelques objets: herminette en silex poli, grattoirs, outil en os pour décoration de vases.
Pas de document archéologique à notre connaissance sur l’âge du fer, mais il existe des légendes qui font mention d’un culte druidique sur le mont Panisel.
Antiquité gallo-romaine
Hyon était traversé dans sa partie nord-est par la chaussée romaine Bavay-Utrecht qui passait au pied du Mont Panisel venant de Ciply. Elle n’est pas conservée sur la plus grande partie de son tracé. Un diverticule s’en détachait avant Ciply pour passer au pied de la colline de Mons via l’actuel quartier de Bertaimont.
Au lieu-dit « Trou au sable », à l’ouest d’Hyon, au pied du versant sud du Mont Heribus, à 150m à l’est du chemin de Bavay, qui est un diverticule de la chaussée romaine, s’est trouvé un établissement gallo-romain (fouillé à la fin du XIXème siècle). Il s’agissait peut-être d’une villa (du nom de Hido ou Odo) qui abritait entre autre un atelier de potier. On y a retrouvé un anneau, des boucles de harnais, des fibules, un fragment de tuile, de nombreux tessons de poterie datant du milieu du Ier siècle au milieu du IIIème, en partie de la sigillée, en partie commune.
Premier Moyen-Age (période franque mérovingienne et carolingienne):
Non documenté. A Cuesmes, à la limite sud-ouest du territoire d’Hyon, on a trouvé des vestiges d’une nécropole mérovingienne.
Deuxième Moyen-Age – le village
Première mention: 889 (polyptyque de l’abbaye de Lobbes).
Toponymie (anciennes orthographes): ???
Etymologie (hypothèses d’origine du nom)
Hido viendrait du nom d’une villa gallo-romaine
Epoque de son apparition: entre le IXème et le XIème
Facteurs ayant favorisé son émergence
– voies de communication: la chaussée romaine et son diverticulum vers Mons; probable chemin médiéval de Mons à Maubeuge
– sources d’eau ou cours d’eau: la Trouille
– source de bois: sur le hauteurs au sud
– proximité d’un lieu de pouvoir: Mons
Paroisse dédiée à Saint-Martin
Evêché: de Cambrai (jusqu’en 1804), puis de Tournai ensuite
Décanat/doyenné: Mons
Autel (dîmes, entretien de l’église, nomination des officiants) donné à l’abbaye de Lobbes. Il semblerait que les abbayes de Cambron, de Bélian (Mesvin), de l’Olive (Morlanwelz) et le chapitre St Germain (Mons) y touchaient également des dîmes.
Répartition des pouvoirs pendant la période féodale
Autorité supérieure: comté de Hainaut
Autorité sous-jacente (administrative et judiciaire): prévôté de Mons
Seigneuries et fiefs: le territoire d’Hyon était partagé entre au moins trois fiefs:
- la seigneurie principale (infra)
- la seigneurie du Bosquillon (infra)
- l’Ordre des Chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem possédait une ferme au hameau Favarte
La seigneurie principale
La mention d’Hyon dans le polyptyque de Lobbes de 889 peut signifier que ce territoire appartenait à cette abbaye. On sait que la plupart des domaines que Lobbes possédait dans le Hainaut furent réinvestis par les premiers comtes Régnier (IXème ou Xème siècle). Au début de la féodalité et lorsqu’une communauté rurale s’est constituée sur le territoire d’Hyon, le domaine dépendait directement des comtes. Ce sont sans doute eux qui l’ont partagé en plusieurs parties, attribuées à des familles particulières et des institutions. La seigneurie principale l’aurait été à une famille qui prit le nom de Hyon, mais dont on ne connait aucun membre. Il est possible que les comtes aient continué à exercer les droits féodaux, tout en se faisant représenter par un membre local de la communauté villageoise.
Famille de « Rumigny »-Peissant
Gilles « Gillion » de Rumigny-Peissant (avt1270-apr1328). Il est le descendant d’une branche de la famille des Rumigny qui avait acquis Peissant, d’où le nom. On ne sait apparemment pas comment ce Gillion est devenu seigneur d’Hyon. En a-t-il été fieffé par un comte ou est-ce par achat? Lui ont succédé:
Jean I de Rumigny-Peissant (aopr1328, Mons – 1393, Hyon), fils du précédent
Jean II de Rumigny-Peissant ( ?-1422/1441, Mons), fils du précédent, qui a probablement vendu Hyon en 1397.
Maison de Bailleul (Beloeil)
Elle est parfois citée comme propriétaire de Hyon. Si l’on s’en tient aux dates, cela parait assez difficile.
Cependant, il est certain que les Hamaide en devinrent propriétaires en 1397. Or ceux-ci étaient liés à la famille de Condé-Ligne-Bailleul. Thierry III de la Hamaide hérita en 1397 Condé (fief de Bailleul) de sa tante Catherine de Ligne. Lui-même décéda sans héritier et Condé alla à son neveu Jean IV de la Hamaide (1364-1415).
Il est donc possible, vu l’absence de relation entre les Peissant et les La Hamaide, que Thierry III ou Jean IV de la Hamaide aient acheté la seigneurie principale de Hyon en 1397 à Jean de Peissant, qui, au contraire de son père et de son grand-père n’est pas inhumé dans l’église d’Hyon.
Jean IV de la Hamaide (1364-1415), seigneur de La Hamaide, de Condé, de Renaix, d’Hyon, … Il fut partisan de Jean sans Peur dans sa lutte contre les Armagnac. Ce qui lui valut d’en devenir son chambellan. Il décéda à la bataille d’Azincourt en 1415.
Arnould IV de La Hamaide (1367-1426), frère du précédent
Jacques I de La Hamaide ( ?-v1484), fils du précédent qui fut au service du duc Philippe le Bon. Il mourut célibataire. Sa sœur Isabelle de La Hamaide hérita de ses biens, mais les transmit à son neveu, Arnould VI de La Hamaide ( ?-1484), fils d’Arnould V, mort avant Jacques. Il n’eut pas non plus de descendance. Son frère Michel Ier de La Hamaide ( ?-v1485) lui succéda, mais lui aussi mourut célibataire. Sa sœur Isabeau de La Hamaide (1469-1518) hérita de lui et entre autres de Hyon. Elle était l’épouse de Jean d’Oettingen, seigneur de Flobecq. Elle abandonna l’usufruit de sa terre d’Hyon à sa belle-sœur, Jeanne de Lille, dame de Fresnes-sur-Escaut, veuve de son frère Arnould VI de la Hamaide. A la mort de celle-ci, en 1510, Hyon revint de nouveau aux Oetingen.
Selon certaines sources, Hyon appartint aussi peu de temps en 1493 aux Rochefort (pas de précision).
Maison d’Oetingen
Jean d’Oettingen (1457-1515/1519). Il était originaire de Schwaben en Prusse. Comte d’Oettingen et de Flobecq. Il devint seigneur de Condé, puis d’Hyon, par son mariage avec Isabeau de la Hamaide (1469-1518), sœur d’Arnould et de Michel. Ils eurent Jean, qui continua la lignée comtale d’Oettingen, et Isabeau qui fut dotée d’Hyon et de Condé.
Maison de Roghendorf
Guillaume de Roggendorf (1481-1541). Il était déjà titulaire de la seigneurie de Condé-Château. Son mariage en 1526 avec Elisabeth d’Oetingen ( ?-1518), héritière de Condé-Bailleul, lui permit de réunir les deux seigneuries de Condé. Hyon y était lié. Leur fils Christian/Christophe de Roggendorf ( ?- ?), leur succéda. Il était capitaine de la garde allemande de Charles Quint. En 1544, il vendit Hyon à Julien Godin.
Julien Godin ( ?-1576). Fils de Jean Godin, bourgeois de Valenciennes. Echevin de Mons. Bailli d’Havré, de Ghlin, de Chimay. Il devint seigneur de Hyon par achat en 1544, avant de revendre, lui ou ses héritiers, ce domaine en 1576.
Charles Philippe de Croÿ (1560-1612). Ce marquis d’Havré était un militaire et un diplomate au service des rois d’Espagne. Il acheta Hyon à son ancien bailli. Il revendit cette seigneurie quelques mois plus tard à Philippe Franeau.
Maison de Franeau (1577-1794), qui a donné son blason au village.
Philippe Franeau (1539, Mons-1586) fut l’acheteur. D’origine montoise, il se distingua aux côtés des Espagnols lors des guerres religieuses. Il fut prévôt, puis échevin de Mons. Lui succédèrent:
Séverin de Franeau-Hyon (1564, Mons- ?), fils du précédent
Philippe François de Franeau-Hyon (1596 – ?), fils du précédent
Philippe François de Franeau-Hyon (1634, Cateau-Cambrésis -1681), fils du précédent
Michel François Joseph de Franeau-Hyon (1668-1706), fils aîné du précédent
Albert Michel Joseph de Franeau-Hyon (1669-1725), frère du précédent
François Philippe Joseph de Franeau-Hyon (1702- 1755), fils du précédent
François Ferdinand Joseph (1738-1792, Attre). Décédé sans descendance. Son frère hérita de ses biens.
François de Franeau (1739-1802), frère du précédent. Il fut dépourvu de ses droits de seigneurie en 1794 par les Révolutionnaires français. Ses biens à Hyon furent vendus comme bien privé.
La seigneurie du Bosquillon, située en partie sur Hyon, Cuesmes et Frameries. C’était un fief lige de la seigneurie d’Hyon, consistant en une exploitation agricole de 50 ha. Elle semble déjà exister au XIVème siècle. Elle occupait le site où fut découverte une nécropole mérovingienne. Le domaine aurait appartenu au XVème à la famille Le Merchier, drapiers et échevins à Ath. La ferme aurait été détruite lors du siège de Mons de 1691.
Commune
Hyon possédait un maire et des échevins depuis le XIIIème siècle, mais n’obtint du comte une charte loi qu’en 1416 ou 1410. En fait, les habitants étaient soumis aux les lois-chartes de Mons.
Période française (1794-1814)
Fin de l’Ancien Régime féodal en 1794
Département: Jemappes
Canton: Mons
Répartition des pouvoirs pendant la période contemporaine (à partir de 1814)
Etat: Belgique
Province: Hainaut
Arrondissement administratif: Mons
Arrondissement judiciaire: Mons
Canton: Mons
Entité communale depuis 1977: Mons
Evènements et faits marquants sur le sol de la commune
Les hauteurs d’Hyon furent utilisées par l’artillerie française à chaque fois que Mons fut assiégé au XVIIème siècle.
Le 23 août 1914, des combats eurent lieu sur le territoire de la commune, entre Allemands et Anglais lors de la bataille de Mons.
Les 2 et 3 septembre 1944, les troupes américaines sont entrées dans Mons par Hyon et Ciply.
Economie
L’agriculture domina jusqu’au XXème siècle. Elle était surtout maraîchère à destination du marché de Mons.
Les trois cours d’eau furent mis à profit pour y ériger des moulins au Moyen-Age.
- Le Moulin du By
- Le Moulin-au-Bois
D’autres activités y étaient concentrées : tordoir à huile, foulerie pour les drapiers montois, chamoiserie, tannerie
Il existait aussi un moulin Saint Pierre, mentionné au XIIIème siècle.
On trouva aussi sur le sol d’Hyon :
- Une genièvrerie, installée par les Etats de Hainaut, supprimée en 1788
- Une fabrique de gélatine
- une sucrerie jusqu’à la fin du XIXème
Il n’y eut pas directement d’exploitation du sous-sol à Hyon, mais on y trouvait des galeries liées
- aux houillères de Cache-Après (Cuesmes, Ciply)
- aux carrières souterraines de la Malogne (Cuesmes, Ciply) pour extraire la craie phosphatée
Voies de communication
Les voies d’eau n’étaient pas navigables au niveau d’Hyon. Lorsque le village est apparu, il se trouvait entre la chaussée romaine Bavay-Utrecht (à l’est) et son diverticulum vers Mons (à l’ouest). Un chemin allant de Mons à Maubeuge a sans doute existé lors de la fondation des abbayes. Il fut transformé plus tard en chaussée. Puis le village s’est relié à ses voisins (Cuesmes, Ciply, Frameries).
Hyon fut desservi par la ligne de chemin de fer vers Chimay (n°109), aménagée en 1865 et fermée en 1962. Il existait une gare de Hyon-Ciply, construite au début du XXème.
Patrimoine
Eglise St Martin
Il existait un édifice déjà à la fin du IXème siècle. Il fut reconstruit à plusieurs reprises, notamment en 1527. L’actuel bâtiment date de 1874-1876 et fut érigé en style néogothique. Le porche et la base du clocher sont des vestiges du bâtiment du XVIème. On y trouve la chapelle sépulcrale de la famille Chalon, ainsi que quelques dalles funéraires des premiers seigneurs d’Hyon.
Chapelle St Pierre, citée au XIIème, démolie en 1572 lors du siège de Mons. Elle jouxtait le moulin de St Pierre.
Chapelle Notre-Dame de Frasnes, elle aussi démolie
Le Moulin-au-Bois. C’était l’ancien moulin banal, déjà attesté en 1192. Il se situait au pied du Mont Panisel, au confluent de la Trouille et de la Wampe. En 1750, il était constitué de trois roues tournantes, dont deux pour la farine et un pour la foulerie. Le pont fut élargi en 1792. Le moulin fut vendu par la ville de Mons en 1823. Il fut converti en tannerie après 1918. Il reste aujourd’hui un pont-barrage (« cascade ») muni de 12 vannes.
Château
Construit au XIXème, sur un édifice datant de 1753. C’est aujourd’hui une résidence privée.
Bibliographie
Notice sur le village de Hyon, C. Rousselle, Annales du Cercle archéologique de Mons