Le territoire
Superficie: 203 ha
Altitude: de 108 à 132 m
Situation géographique : sur le plateau de Bavay
Cours d’eau : le ruisseau de la Flamengrie
Paysage préhistorique (après la dernière période glaciaire) : la Forêt Charbonnière
Nature du sol : limoneux
Nature du sous-sol : grès, schistes
Préhistoire
Non documentée
Antiquité gallo-romaine
La chaussée romaine Bavay-Tournai-Boulogne y passe. Nous ne sommes pas documentés sur d’éventuels vestiges de cette époque sur l’actuel territoire de La Flamengrie.
Premier Moyen-Age (période franque mérovingienne et carolingienne)
Non documenté
Deuxième Moyen-Age – le village
Première mention: 1186
Toponymie (anciennes orthographes) :
- Flamengrie, 1186 (Annales du Hainaut)
- Flamengheria, 1197 (Cartulaire du Hainaut)
- Flamengries, 1199 (Archives du Mont-Saint-Martin
- Flamigeria, v1200 (cartulaire de l’abbaye d’Aulne)
- Flammigeria, 1174
- Flamingeria, 1208
- La Flamengherie, 1308
- Flamengry, XVIIème
- Flamengries, XVIIIème
- La Flamengrie
- La Flamengrie-lez-Bavai
Etymologie (hypothèses d’origine du nom) :
Elle évoque le mot « flamand », ce qui fait penser à certains que le village aurait été fondé par des Flamands à l’époque (Xème-XIème siècle), où le comte de Flandre cherchait à s’imposer en Hainaut et occupa Valenciennes.
Epoque de son apparition:
Un autre domaine, appelé Roubais, ayant appartenu à l’abbaye de Saint-Denis (près de Paris). Où un village fut créé à l’initiative de colons flamands et brabançons en 1156 (selon M.A. Arnould, citée par Dereck (1)). Ce qui donne une signification plausible au nom du village. La Flamengrie (départ du Nord) porte la même appellation.
Facteurs ayant favorisé son émergence :
– voies de communication: chaussée romaine
– sources d’eau ou cours d’eau: le ruisseau de la Flamengrie
– source de bois: région boisée
– proximité d’un lieu de pouvoir: Roisin ?
Paroisse dédiée à Saint-Gilles
Evêché: de Cambrai
Décanat/doyenné: Bavay (1186)
Répartition des pouvoirs pendant la période féodale
Autorité supérieure: comté de Hainaut
Autorité sous-jacente (administrative et judiciaire): la prévôté de Bavay
La seigneurie principale
Nous sommes mal documentés sur les seigneurs de La Flamengrie. D’autant plus qu’il existe un autre village du même nom en Thiérache, au sud d’Avesnes.
Des membres des familles d’Avesnes, de Berlaimont et d’Esclaibes sont cités comme seigneurs de La Flamengrie. Nous pensons, sans preuve, et nous ne pouvons donc l’affirmer avec certitude, que ces familles sont plutôt liées à la Flamengrie en Thiérache.
Par contre, nous trouvons au XVème siècle que les seigneurs de Roisin le sont aussi pour La Flamengrie. La proximité des deux villages plaiderait même pour que cette situation perdure depuis que le domaine et le village de La Flamengrie existent. Il n’est pas impossible non plus que le domaine resta longtemps la possession des comtes de Hainaut et qu’il fut attribué au XVème aux Roisin (ou même acheté).
La liste seigneuriale est donc la même que celle de Roisin, au moins à partir du XVème jusqu’à la fin de l’Ancien Régime féodal.
Toute documentation serait bienvenue à ce propos. J’ai reçu de la part de Monsieur Jean-Louis Renteux cet e-mail dont la copie suit:
Ce ne serait qu’au 14e siècle que La Flamengrie serait entrée en possession des seigneurs de Roisin: Baudry XIII l’aurait héritée de sa mère Jeanne de Sars. J’ai lu la même information dans des généalogies de la famille de Sars.
Mais, cette information est en contradiction avec les chartes de franchise accordées dès le 13e siècle (si pas le 12e) par Baudry IX.
Le regretté Paul FRANÇOIS (érudit et historien d’Angre) avait transcrit et traduit en français contemporain un document exceptionnel conservé aux Archives Départementales du Nord, à Lille (cote : 1H/20/469), une charte de franchise de 1293. Cette charte commence par: “Moi Baudry, seigneur de Roisin et de la Flamengrie” et fait référence à une charte antérieure accordée par son père (Baudry!).
Pour moi, il ne fait pas de doute que La Flamengrie a appartenu aux seigneurs de Roisin dès l’origine (12e siècle).
Mon hypothèse est même que les Flamands à l’origine de La Flamengrie seraient issus de ceux “donnés” à l’abbaye de Crespin en 1094 par Baudouin II, comte de Hainaut. Le seigneur de Roisin, qui faisait partie des protecteurs de l’abbaye, aurait pu faire venir ces Flamands de Crespin pour défricher la forêt au sud de son château.
La Maison des Templiers (Cense de la Commanderie) ou Domus de Flamengeria, releva de l’Hôpital de Saint-Jean de Jérusalem (plus tard Ordre de Malte). Les sources les plus anciennes datent du XIVème siècle.
Il existe cependant une charte (abîmée) de la fin du XIIème (analysée par Dereck) par laquelle Gérard, seigneur de Saint-Aubert, fait savoir que son vassal, Gérard de Saint-Python, a donné à l’Hôpital de Jérusalem deux muids de froment (un fief) à cet ordre. Selon l’analyse du texte (latin), l’institution daterait du milieu du XIIème, époque où d’autres institutions semblables se sont installées en Hainaut (Chiply, Ecuelin, Saint-Symphorien, Ville-sur-Haine, Chièvres). Elle se situait sur la voie romaine antique. L’actuel bâtiment fut construit en 1681 au lieu-dit « le Calotin ». Cet ordre des Templiers protégeait les pèlerins qui allaient de Bavay à Sebourg sur le tombeau de Saint-Druon.
Le royaume de France
En 1678, par le Traité de Nimègue, toute la Prévôté de Bavay, à laquelle appartenait le domaine seigneurial de La Flamengrie, fut détachée du comté de Hainaut pour être annexée au royaume de France du roi Louis XIV. Pendant les guerres que ce dernier menait, on déplora le pillage de la chapelle de la cense de la Commanderie.
En 1709, eut lieu à proximité la bataille de Malplaquet.
En 1779 et 1781, avec le deuxième Traité des Limites, on redessina les frontières en posant 65 bornes sculptées (dont il en reste une vingtaine). Les délimitations géographiques particulières de ce village frontalier, enclavé en territoire belge, sont le résultat d’échanges nombreux de parcelles entre le Royaume de France et les Pays Bas Espagnols, puis Autrichiens.
La chaussée romaine, depuis 1678 comprenait des tronçons français et des Pays-Bas à travers de grandes zones boisées infestées de contrebandiers. Les chemins transfrontaliers resteront longtemps le domaine de la contrebande (café, sucre, tabac de Roisin, alcool).
Répartition des pouvoirs pendant la période contemporaine (à partir de 1792)
- Etat: France – Divers régimes (républiques, monarchie, empire)
- Département: Nord
- Arrondissement : Avesnes-sur-Helpe
- Canton: Aulnoye-Aymeries
La Flamengrie souffrit des guerres révolutionnaires entre France et Autriche.
En 1888, lors de la tentative de coup d’Etat du général Boulanger, le village de La Flamengrie fut le seul à voter 100% pour la république… après avoir enfermé les deux seuls boulengistes. L’Etat leur offrit une statue dorée de Marianne.
Economie
Elle resta dominée par l’agriculture et l’élevage.
La route Maubeuge – Bavay – Valenciennes a été pavée en 1746.
Patrimoine
Eglise Saint-Gilles, 1859. L’église précédente a peut-être servi de chapelle à la Maison des Templiers.
Les anciennes bornes frontières qui séparaient France et Pays-Bas.
Chapelle des Français, en mémoire des réfugiés français de la guerre de 1870.
Bibliographie
- La première mention connue du village de La Flamengrie et de sa maison de l’Ordre de Saint-Jean de Jérusalem, Daniel Dereck, Annales du Cercle d’Histoire et d’Archéologie de Saint-Ghislain, T.III, 1982
- http://hannoniensis.unblog.fr/2016/08/30/5-la-flamengrie/