Le territoire
Superficie: 1764 ha (544 ha de bois)
Altitude: de 134 à 161 m
Situation géographique : sur le plateau de Bavay à la limite des deux bassins hydrographiques de la Haine (affluent de l’Escaut) et de la Sambre (affluent de la Meuse)
Cours d’eau : Le Hogneau, qui est un affluent de la Haine, prend sa source dans le bois Delhaye au sud de la localité. Le ruisseau de l’Airette se jette dans le Hogneau au nord-ouest. Le ruisseau de Sainte-Aldegonde s’y jette au niveau du Pont Poirette.
Paysage préhistorique (après la dernière période glaciaire) : la Forêt Charbonnière, dont il reste des vestiges au sud et à l’est du territoire
Nature du sol : limoneux, argileux, sables landéniens (ère tertiaire)
Nature du sous-sol : grès, schistes (ère primaire)
Préhistoire
Non documentée
Antiquité gallo-romaine
Longueville est située sur l’ancienne chaussée romaine allant de Bavay (cité des Nerviens) à Trêves (cité des Trévires). Le site était occupé à l’époque romaine (pas de précision).
L’aqueduc qui alimentait Bavay passait par La Longueville.
Premier Moyen-Age (période franque mérovingienne et carolingienne)
Non documenté (il est probable que l’abbaye Sainte-Aldegonde de Maubeuge y avait des terres – pas mentionné)
Deuxième Moyen-Age – le village
Première mention: 1186
Toponymie (anciennes orthographes) :
- Longuéville, 1186
- Longua Villa, 1221 (cartulaire de l’abbaye d’Aulne), 1295 (cartulaire de l’évêché de Cambrai), 1349
- Longueville, XVIIIème
- La Longueville
Etymologie (hypothèses d’origine du nom) :
La villa dont il est question peut être d’époque romaine ou d’époque carolingienne, faisant allusion à un grand domaine agricole.
Epoque de son apparition: au XIème ou XIIème siècle
Facteurs ayant favorisé son émergence :
– voies de communication: la chaussée romaine Bavay-Trèves
– sources d’eau ou cours d’eau: le Hogneau et ses ruisseaux affluents
– source de bois: région boisée
– proximité d’un lieu de pouvoir: le château local
Paroisse dédiée à Sainte-Aldegonde
Evêché: de Cambrai
Décanat/doyenné: Bavay (1186)
Autel (dîmes, entretien de l’église, nomination des officiants) donné au chapitre de Maubeuge
Répartition des pouvoirs pendant la période féodale (jusqu’en 1678)
Autorité supérieure: comté de Hainaut
Autorité sous-jacente (administrative et judiciaire): prévôté de Bavay
Seigneuries et fiefs
La seigneurie faisait partie des pairies du comté de Hainaut. Le seigneur de Longueville était, à partir du XIème siècle, un proche conseiller du comte et participait à l’organisation du pouvoir central.
S’il est vrai que La Longueville fut élevée au rang de pairie à l’époque de Richilde et de Baudouin I ou II, il est probable que ce le fut au profit d’une famille qui porta le nom du domaine. Nous n’avons pas trouvé de documentation à ce propos.
Ce qu’on sait, c’est que vers 1155-1160 une certaine Helvise de la Longueville (1140- ?), héritière du domaine, épousa Wallerand III de Werchin (1136- ?), seigneur entre autres de Werchin (aujourd’hui Verchain-Maugré au sud de Valenciennes). Succédèrent à celui-ci :
- Hugues « Hugon » de Werchin (1157-1208, en Thessalonique, lors de la quatrième croisade), leur fils. L’empereur Baudouin de Constantinople (en réalité le comte de Hainaut Baudouin VI qu’il accompagnait) le nomma Grand-Sénéchal
- Gérard II de Werchin (1186-1211), fils du précédent. Il mourut célibataire et céda ses domaines à sa sœur :
- Elkine de Werchain (1182- ?) qui épousa Gérard de Hainaut, petit-fils du comte Baudouin IV, par un fils bâtard de celui-ci, Guillaume « l’Oncle » de Hainaut. Il prit le nom de Gérard III de Werchin ( ?-v1246), devint seigneur de Werchin et de La Longueville.
- Jean de Werchin ( ?-1250), leur fils aîné, mort célibataire
- Jacques Ier de Werchin ( ?-avt1274), leur fils cadet qui aurait acheté le titre de sénéchal héréditaire qui se trouvait jusque-là dans la famille éteinte de Saint-Aubert. Ce titre restera attaché au domaine pendant plusieurs siècles.
- Jacques II de Werchin (v1250-1323), fils du précédent
- Gérard IV de Werchin ( ?-1340, Mons, grièvement blessé dans un tournoi), fils du précédent
- Jean « le goutteux » de Werchin ( ?-1375), fils du précédent
- Jacques III de Werchin ( ?-1383), fils du précédent
- Jean II de Werchin ( ?-1415), fils du précédent, mort à la bataille d’Azincourt, sans postérité
- Jeanne de Werchin( ?-1442), sa sœur aînée, qui mourut aussi sans enfant
- Philippotte de Werchin, sœur cadette des deux précédents
- Jean III de Barbençon-Jeumont (1354-1415), déjà seigneur de Roubaix, de Jeumont, d’Erquelinnes, pair de Hainaut. Il devint seigneur de Werchain, de la Longueville et sénéchal de Hainaut par son mariage en secondes noces avec Philippotte de Werchain. Il mourut aussi à Azincourt.
- Jean IV de Barbençon-Jeumont (1402, Verchain-1470), leur fils. Chambellan du duc Philippe le Bon
- Jean V de Barbençon ( ?-1472), fils du précédent. Mort célibataire
- Jeanne de Barbençon (1400- ?), sœur de Jean IV, citée dame de La Longueville, qui épousa en 1432 Jacques de Ghistelles (1395-1452).
- Jacques III de Barbençon ( ?-1478), frère du précédent
- Nicolas de Barbençon (v1470-1513), fils du précédent
- Pierre de Barbençon (v1497-1556/1557, Tournai), fils du précédent. Il eut trois filles.
- Yolande de Barbençon (1521-1593) hérita des nombreux domaines de son père, dont Werchin et La Longueville
Parallèlement à ces quatre derniers Barbençon, on cite aussi comme seigneurs de La Longueville des descendants de Jacques de Ghistelles, époux de Jeanne de Barbençon (supra). S’agissait-il d’une co-seigneurie ? Nous ne sommes pas documentés à ce propos. Sont cités :
- Leur fils, Jacques de Ghistelles ( ?-1488), cité somme seigneur des lieux en 1473. Conseiller et chambellan de Maximilien. Il épousa Catherine de Stavele.
- Jean de Ghistelles, fils du précédent
- Antoine de Ghistelles ( ?-1537), fils du précédent, échanson de Charles-Quint, grand bailli de Furnes
- Robert de Ghistelles, fils du précédent, toujours seigneur de Longueville
- Puis sa sœur, Marguerite de Ghistelles, citée comme baronne de Longueville. Elle épousa Robert de Canteleu « de Douvrin ». Ils eurent une fille, Léonore de Douvrin, mariée à Gilles de Lens. Il semble qu’ici s’arrête la fonction de seigneur de La Longueville pour cette branche.
Maison de Melun-Antoing
- Hugues de Melun-Antoing (1520-1553), prince d’Epinoy, connétable de Flandre. Il épousa en 1545 Yolande de Barbençon.
- C’est cependant leur fille Anne-Marie de Melun (1552-1634) qui hérita de sa mère en 1593 les domaines et titres de celle-ci.
Maison de Ligne et Maison de Croÿ
- Lamoral Ier (1563, Beloeil-1624, Bruxelles), prince de Ligne, seigneur de très nombreux domaines. Par son mariage avec Anne-Marie de Melun (1552-1634), il devint aussi prince d’Epinoy, seigneur de Werchin et de La Longueville, ainsi que sénéchal de Hainaut.
- Yolande de Ligne (1585-1611), leur fille, qui épousa en 1600 Charles Alexandre de Croÿ, prince de Croÿ, marquis d’Havré
- Marie-Claire de Croÿ (1605-1664), leur fille qui épousa en 1627 Charles Philippe Alexandre de Croÿ (1600-1640), de la branche des marquis de Renty
- Marie Ferdinande de Croÿ (1636-1683), leur fille
Familles diverses
- Philippe Louis d’Egmont (1623-1682), comte d’Egmont, prince de Gavre, marquis de Renty, seigneur de Chièvres. Officier et ambassadeur au service du roi d’Espagne. Il devint seigneur de La Longueville par son mariage en 1659 avec Marie Ferdinande de Croÿ (1636-1683)
- Sa fille Marie-Claire-Angélique d’Egmont (1661-1714) hérita de certains biens et titres, dont La Longueville, qu’elle transmit à son mari Nicola Pignatelli Bisaccia (1658-1719, Paris)
- Procopio Pignatelli d’Egmont (1703, Bruxelles – 1743), leur fils
- Henriette Nicole Pignatelli (1719-1782), sa fille aînée, héritière de La Longueville, dame d’honneur de la reine, qui épousa en 1738 Marie Charles Louis d’Albert de Luynes (1717-1771), duc de Luynes et de Chevreuse, militaire au service du roi de France.
- Ils eurent un fils Louis Joseph Charles Aimable d’Albert de Luynes (1748-1807). On ne sait s’il hérita de La Longueville. Aristocrate, il représente les Etats de Touraine en 1789 et se rallie au Tiers-Etats. Deux ans plus tard, il se retire à Dampierre où il resta à l’écart de la politique.
Il est mentionné qu’en 1789 un sire Bady, comte de Normond, était seigneur de La Longueville.
L’ancien régime dans le royaume de France (1678 à 1789)
Etat : le royaume de France
Prévôté : Bavay
Répartition des pouvoirs pendant la période contemporaine (à partir de 1790)
Etat: France dans ses divers régimes (républiques, monarchie, empire)
Département: Nord
Arrondissement : Avesnes-sur-Helpe
Canton: Aulnoye-Aymeries
Evènements et faits marquants sur le sol de la commune
En novembre 1918, eurent lieu ici des combats lors de la libération. Six soldats britanniques sont enterrés au cimetière communal.
En mai 1940, La Longueville souffrit des bombardements.
Un avion américain s’est écrasé en janvier 1945
Economie
L’agriculture, l’élevage et la sylviculture furent les activités dominantes. On note encore aujourd’hui de nombreuses fermes (dont quelques unes du XVIIIème)
Il fut signaler deux fabriques de chicorée au XIXème siècle.
Sur le sol de la commune, on trouva par le passé deux moulins à eau et une brasserie, deux briqueteries et quatre carrières de sable.
Patrimoine
Eglise Sainte-Aldegonde : le chœur est du XVème et le reste a été réamnéagé entre le XVème et le XVIIIème.
Château médiéval, démoli au cours du XVIIIème
Moulin en bois du XVIIIème, reconstruit en 1846