Maisières

Entité communale de Mons

Le territoire

Superficie: 603 ha (dont 225 ha de bois)
Altitude:  de 37 à 89m
Situation géographique: Le village s’est constitué sur le versant nord de la vallée de la Haine.

Cours d’eau: le Rissouris traverse le village du nord-ouest vers le sud-est avant d’aller se jeter dans la Haine (aujourd’hui le canal du Centre). Il reçoit les eaux du ruisseau des Brognons. Tous deux descendent des bois.

Paysage préhistorique (après la dernière période glaciaire): il devait être complètement boisé, faisant partie de la Forêt de Broqueroie, elle-même composante de la Forêt Charbonnière. Il en reste de grandes portions au nord et à l’ouest.

Nature du sol: sablonneux

Nature du sous-sol: grès, craie, silex

Préhistoire

Paléolithique supérieur

Cette période est particulièrement intéressante ici, car on y a découvert et soigneusement fouillé le site de Maisières-Canal (sur la berge nord-est du canal du Centre), lors de travaux effectués en 1966-68 (de Heinzelin, Haesaerts). Ces fouilles ont été reprises en 2000. Ce site est daté de 30-28.000. Il correspond à la Culture gravettienne (30.000-22.000) des Homo Sapiens.

Les derniers Néanderthaliens venaient de disparaître (sans doute plus au sud de l’Europe). La période était particulièrement rigoureuse. Il s’agit de la dernière période glaciaire dont l’apogée se situe entre 22.000 et 18.000. A cette époque, ces hommes préféraient des grottes et les abris-sous-roches (comme dans les vallées de la Meuse et de ses affluents). Le site de Maisières est un des deux sites gravettiens connus de plein air en Belgique.

L’homme était encore nomade, à la recherche des moyens de subsistance, végétaux rares en ces temps glaciaires, animaux de troupeaux (rennes, mammouths, bisons) et silex de qualité pour fabriquer ses outils. Et cela, ils le trouvaient dans le bassin crayeux de Mons où le silex affleurait sur les versants des vallées. Les archéologues ont mis en évidence deux zones :

  • « le champ de fouilles » : 34.000 artefacts lithiques (objets en pierre), objets en os, ivoire et bois de cervidés
  • « l’atelier de taille », dégagé en 1967 et mieux étudié entre 2000 et 2003 : ensemble de lames, déchets de taille, racloirs, burins, (en silex d’Obourg)

Une grande partie de ces vestiges dateraient même de la période précédente de la Culture aurignacienne (v.32-33.000), la première des cultures d’Homo Sapiens en Europe. Cette occupation est contemporaine de celles des grottes mosanes. Ceux de là-bas allaient chercher le matériel lithique en Hesbaye.

A Maisières, on travaillait le silex ramassé en bordure de Haine, on préparait des nucleus qui étaient soit exportés tels quels, soit débités pour en faire des outils de découpage de la viande et des peaux (burins, grattoirs).

De la période néolithique (4500-2000), contemporaine des mines de Spiennes et d’Obourg, on a dégagé de la terre des haches et des outils en silex.

Antiquité gallo-romaine

La chaussée romaine Bavay-Asse-Utrecht, qui contournait la colline de Mons (Castriclocus Mons) , remontait vers le nord à travers les actuels territoires de Nimy et Maisières.

On pense qu’un vicus s’est développé à proximité de la chaussée, sur le lieu-dit de « l’Espiniau », au départ probablement d’un relai (mansio), selon Leblois (2005). On y découvert des fragments de tuiles, des tessons de céramique sigillée importée d’Argonne et de céramique commune de Trèves et d’origines diverses, des objets en bronze, des clous, des clefs et des objets en fer. Ces vestiges de fouilles peuvent également correspondre à ceux d’une villa gallo-romaine, relativement aisée (capacité d’acheter des objets de luxe importés).

En d’autres endroits, on a également récolté lors de fouilles

  • Au « Mur des païens » : des monnaies romaines, des tuiles, des poteries, des urnes
  • Dans la Grand-rue : des tessons de récipients en céramique (sigillée, commune, répandu dans la seconde moitié IIème et IIIème).

En 2008, on a mis à jour une fosse-dépotoir, comblée au IIIème siècle, et qui recelait de poignées de meuble en alliage cuivreux (IIIème siècle), de céramique sigillée du centre de la Gaule et d’Argonne, de céramique commune. On en conclut à l’existence de deux niveaux d’occupation :

  • L’un antérieur à l’époque flavienne (céramiques), soit au Ier siècle après J.C.
  • Un plus tardif du IIème et IIIème siècle : des céramiques notamment d’origine italique, des objets en bronze.
Premier Moyen-Age (période franque mérovingienne et carolingienne)

Le territoire appartenait à la famille de Saint Aye, cousine de Sainte-Waudru, à qui elle a succédé à la tête de l’abbaye. Elle en fit don à son établissement.

Deuxième Moyen-Age – le village

Première mention: 1181
Toponymie (anciennes orthographes): ???

Etymologie (hypothèses d’origine du nom).

Maceria, qui en latin signifie « murs, bâtisses ». Cette appellation fait-elle référence au « Mur des Païens », vestige subsistant d’une villa gallo-romaine ?

Epoque de son apparition: XIème ou XIIème siècle
Facteurs ayant favorisé son émergence:
voies de communication: la chaussée romaine et le chemin de Mons à Soignies (reliant les deux abbayes)
sources d’eau ou cours d’eau: le Rissouris
source de bois: le territoire en était couvert et fut défriché pour permettre la constitution de la communauté villageoise
proximité d’un lieu de pouvoir: abbaye

Paroisse dédiée à: Saint-Martin. Elle fut longtemps un secours (dépendance de celle de Nimy).
Evêché: de Cambrai (jusqu’en 1804), puis de Tournai ensuite
Décanat/doyenné:
Autel (dîmes, entretien de l’église, nomination des officiants) donné au chapitre épiscopal de Cambrai.

Répartition des pouvoirs pendant la période féodale

Autorité supérieure: comté de Hainaut
Autorité sous-jacente (administrative et judiciaire): prévôté de Mons

Seigneuries et fiefs

Le village qui s’est constitué était donc un domaine appartenant à l’abbaye, puis au chapitre de Sainte Waudru de Mons. Celui-ci en assurait les droits seigneuriaux (justice, corvées, impôts). Il y entretenait une exploitation agricole, qui remontait peut-être à la période franque mérovingienne.

Il est mentionné pour la première fois en 1181 (confirmation par le pape Lucius III de l’appartenance du village au chapitre montois) et encore en 1194 (acte de partage de la Forêt de Broqueroye). Le duc Philippe le Bon confirma cette appartenance en 1458.

D’Adrien de Montigny (fin XVIème siècle)

Ses habitants avaient un droit d’usage dans la forêt de Broqueroye qui couvrait alors tout le nord et l’est du village. Au XIIIème siècle, ses marchands maraîchers qui allaient vendre leurs produits sur le marché de Mons furent exemptés du droit de passage (tonlieu).

Commune

En fait, Maisières était considéré comme un hameau de Nimy et fut administré par le maire et les échevins de ce lieu, fait déjà évoqué à la fin du XIIème siècle par le chroniqueur Gislebert de Mons.

La commune obtint sa charte-loi en 1388, lui accordant des privilèges et la possibilité de se gérer. Cette charte fut développée en 1512.

Cependant Maisières et Nimy étaient considérés comme des fiefs distincts.

Les deux villages restèrent réunis jusqu’en 1868 (loi de démembrement). Maisières devint ensuite autonome, avant d’être réunie à Mons en 1971.

Période française (1794-1814)

Fin de l’Ancien Régime féodal en 1794

Département: Jemappes
Canton: Mons

Répartition des pouvoirs pendant la période contemporaine (à partir de 1814)
  • Etat: Belgique
  • Province: Hainaut
  • Arrondissement administratif: Mons
  • Arrondissement judiciaire: Mons
  • Canton: Mons
  • Entité communale depuis 1971: Mons
Evènements et faits marquants sur le sol de la commune

En 1821, le prince Frédéric d’Orange, fils du roi Guillaume Ier, vint inspecter un polygone d’artillerie établi sur Maisières (« Camp de Casteau »), là où les garnisons de Mons venaient faire des exercices. On y réalisa aussi des grandes manœuvres en 1825.

Le 25 septembre 1831, on vit sur la plaine de Nimy-Maisières un grand rassemblement de troupes françaises, commandées par le maréchal Gérard, venues au secours des forces belges pour contrer l’invasion hollandaise.

Economie

Exploitation forestière (chênes). La forêt, sur les territoires de Nimy et de Maisières, fut presque totalement défrichée en 1827-1828.

Agriculture plutôt réduite, due à un sol relativement pauvre. On y trouvait plutôt des prairies consacrées à l’élevage.

Moulins à farine, déjà mentionnés en 1343, appartenant au chapitre (dont le Moulin des Dames, encore présent au XIXème).

Deux petites fabriques de chicorée (XIXème).

Exploitation du sous-sol

Carrières de grès pour production de pavés et de revêtements pour fours de cimenterie (jusqu’en 1960). Cette carrière était déjà exploitée par les chanoinesses en 1447, notamment pour la construction de l’église Saint-Germain.

Le silex fut exploité aussi tardivement pour fabriquer de la pierre à fusil.

Piperie (XIXème).

En 1967, le SHAPE s’est installé en partie (127ha) sur le territoire de Maisières.

Voies de communication

Par la route:

  • la chaussée antique romaine,
  • le chemin médiéval de Mons à Soignies, qui fut pavé au début du XVIIIème siècle
  • l’autoroute A7

Par le tramway: ligne 15 entre Mons et Soignies, arrêtée en 1859

Le canal du Centre

Patrimoine

Eglise St Martin. Un édifice roman fut démoli en 1851 au quartier de « La Fontaine », en bas du village et plutôt éloigné du centre de celui-ci. Le site fut déplacé et reconstruit en gothique dès 1852 à l’emplacement actuel au centre du village, près de la Grand-Route. Les briques ont été confectionnées avec de l’argile locale.

Un château médiéval exista sur le territoire de Maisières. Y habitaient sans doute les baillis représentant le chapitre. Au XVIème, ils appartenaient à la famille de Roisin. Il fut réaménagé au XIXème par les comtes Cornet d’Elzius.

2 réflexions au sujet de « Maisières »

  1. J’ai adoré ce récapitulatif de ce village que je porte dans mon coeur !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

    1. Quel honneur d’accueillir le premier homo sapiens de la région! (selon nos connaissances actuelles bien sûr)

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