Maubeuge

Le territoire

Superficie: 1885 ha

Altitude: de 122 à 167 m

Situation géographique : le plateau de Bavay qui se continue vers celui d’Ardenne

Cours d’eau : la Sambre

Paysage préhistorique (après la dernière période glaciaire) : la Forêt Charbonnière

Nature du sol : limoneux

Nature du sous-sol : grès, schistes

Préhistoire

Non documentée

Antiquité gallo-romaine

Maubeuge est situé à proximité de la chaussée romaine qui allait de Bavay à Trèves et y traversait la Sambre. Pas d’habitat documenté. C’était le lieu idéal pour l’établissement d’un vicus, mais sans doute le site était-il trop proche de la ville de Bavay.

Premier Moyen-Age (période franque mérovingienne et carolingienne).

La fondation de Maubeuge correspondrait à celle de l’abbaye fondée par Sainte-Aldegonde. Celle-ci était la fille de Walbert IV, gouverneur et intendant de domaines austrasiens entre Sambre-et-Meuse. Elle était aussi la sœur de Waudru qui fonda l’abbaye de Mons, où Aldegonde passa quelques années. Elles étaient donc issues de la noblesse franque mérovingienne christianisée et nées dans le domaine familial de Cousolre.

Vers 657, Aldegonde installa d’abord un ermitage, fait de branchages, dans un lieu inculte en bord de Sambre, auquel on donna l’appellation Malbodium. Saint-Amand consacra sa vocation et lui donna le voile. D’autres jeunes femmes la rejoignirent. On édifia le premier monastère de sœurs bénédictines avec un petit oratoire. Celui-ci était desservi par un second monastère de prêtres réguliers.

Aldegonde mourut en 684, après avoir légué à son institution les terres dont elle avait hérité de ses parents. Elle fut inhumée dans le domaine familial de Cousolre. On lui rendit un culte dès cette époque. Elle aurait été canonisée en 1039 et est fêtée le 30 janvier. On pense qu’elle serait décédée d’un cancer du sein, ce qui explique qu’elle est vénérée pour diverses maladies dont le cancer. Ses reliques ont été conservées dans l’église paroissiale de Maubeuge.

Ses nièces Aldetrude et Madelberte, filles de Waudru et de Vincent, lui succédèrent comme abbesses du monastère. La première ramena le corps de la sainte à Maubeuge afin d’y promouvoir des pèlerinages.

L’abbaye resta sous la protection des rois francs, ce qui en fit une abbaye royale ou impériale selon les époques.

En 876 et 881, elle eut à subir les pillages des Vikings. Ce fut encore le cas du fait des Hongrois en 953.

Deuxième Moyen-Age – le bourg

Première mention: 646

Toponymie (anciennes orthographes) :

  • Malbodium, 646, testament de Sainte-Aldegonde(752-68)
  • Melbarium, 870, traité de Meersen
  • Melbodio (869-875)
  • Melbodii, Xème
  • Melbodiensis, Xème
  • Villa Malbodiensis, 963, lettre de l’archevêque Brunon, duc de Lotharingie
  • Melbodium, 1186
  • Malboege
  • Melboege
  • Mabuge
  • Mabeughe
  • Maubeuge, 1293, XVème

 Etymologie (hypothèses d’origine du nom) :

Certains pensent que le nom de Maubeuge vient d’un personnage franc, appelé Malbodus. D’autres optent pour une dérivation du mot Malboden qui viendrait de mahal (assemblée annuelle judiciaire franque) et de Boden (lieu-dit du siège de celle-ci). Mais cela pourrait encore signifier “endroit malsain ou inculte”.

Epoque de son apparition: un village de paysans est d’abord né à proximité de l’abbaye, comme c’était souvent le cas.

Facteurs ayant favorisé son émergence :

voies de communication: la chaussée antique romaine Bavay-Trèves et les chemins médiévaux de Maubeuge vers Mons, vers Cambrai et vers Valenciennes.

sources d’eau ou cours d’eau: la Sambre

source de bois: région boisée

proximité d’un lieu de pouvoir: l’abbaye

Paroisse dédiée à Saint-Pierre et Saint-Paul

Evêché: de Cambrai

Décanat/doyenné: Maubeuge

Autel (dîmes, entretien de l’église, nomination des officiants) donné à l’abbaye Sainte-Aldegonde

Histoire de l’abbaye et du bourg pendant la période féodale (jusqu’en 1678)

Autorité supérieure: comté de Hainaut

Autorité sous-jacente (administrative et judiciaire): la prévôté de Maubeuge

Seigneurie

Les habitants du petit bourg qui s’était constitué autour du monastère Sainte-Aldegonde furent soumis aux droits seigneuriaux exercés par les abbesses : cens, redevances, diverses, corvées, justice.

Xème siècle

La période qui suivit les invasions vikings fut très instable pour toutes les abbayes fondées dans les siècles précédents. La morale n’y avait plus vigueur. Il fallut des réformes. Il revint à Brunon, frère de l’empereur Othon Ier, archevêque de Cologne et duc de Lotharingie, de réformer certaines d’entre elles. Il vint à Maubeuge en 963 et transforma l’abbaye en chapitre de chanoinesses. La Règle imposée était beaucoup plus souple que la Règle bénédictine. Les chanoinesses, comme à Mons et ailleurs, étaient choisies dans les familles nobles.

L’abbaye s’enrichit de nombreux domaines terriens. Les bénéfices étaient répartis sous forme de prébendes entre les chanoinesses. Elle resta sous l’autorité des comtes de Hainaut et plus tard des différents souverains des Pays-Bas. L’église collégiale était desservie également par un chapitre de chanoines.

Avec le temps, les vœux et les  mœurs se relâchèrent. Les libertés et les privilèges se multiplièrent. On battait monnaie dans l’enceinte de l’institution.

XIème et XIIème siècles

Le bourg de Maubeuge et ses chapitres furent souvent victimes des guerres.

Dès 1078, Thierry, seigneur d’Avesnes, en conflit avec le comte Baudouin II de Hainaut, pilla Mons, Maubeuge et leurs monastères.

En 1182, une coalition armée regroupant la Flandre, le Brabant et l’archevêque de Cologne s’est attaquée au comte de Hainaut et à ses villes. De Binche à Maubeuge, ils se livrèrent à des pillages et des incendies ravageurs.

XIIIème siècle

Un bourg s’est formé progressivement autour du monastère. Ses habitants se sont consacrés à l’artisanat et au commerce. Les paysans des environs venaient y vendre leurs produits. La vieille cité, habitée par les plus aisés, était perchée sur une hauteur, alors que les quartiers ouvriers pauvres dans le bas de la ville étaient souvent à la merci des inondations de la Sambre. On protégea la villa naissante par une enceinte.

Parmi les activités industrielles, la draperie a pris beaucoup d’importance, comme dans les autres villes flamandes et hennuyères de l’époque. Les bourgeois obtinrent des comtes et des abbesses des privilèges et libertés pour commercer et gérer leur ville en commune. On ne sait pas très bien quand, mais ce fut au cours de ce XIIIème siècle.

En 1254, en pleine lutte entre Dampierre et Avesnes pour les comtés de Hainaut et de Flandre, la comtesse Marguerite fit appel à Charles d’Anjou, frère du roi de France Louis IX. Il assiégea la ville qui s’était rangée comme beaucoup d’autres en Hainaut du côté de Jean Ier d’Avesnes. Comme à Valenciennes et au Quesnoy, il pénétra à Maubeuge. La paix fut rapidement signée entre les belligérants et le duc d’Anjou se retira des villes investies.

Une cinquantaine d’années plus tard, le comte Jean d’Avesnes, fils du précédent, favorisa la ville de Mons aux dépens de Valenciennes et de Maubeuge. Il tenta d’y réduire les libertés de commerce et de lever de nouveaux impôts, ce qui lui valut des révoltes qu’il parvint à soumettre facilement par la menace.

XIVème siècle

En 1339, le comte Guillaume II, dans un contexte international menaçant (à la veille de la Guerre de Cent Ans) autorisa l’édification de remparts plus vastes, rythmés par six portes et vingt-deux tours pour un périmètre de 3 km. Son père Guillaume Ier avait permis la construction de halles pour la vente de la laine.

Il semble que cette dernière industrie eut à souffrir d’une mauvaise gestion par les drapiers locaux. Leurs produits, de moins bonne qualité, s’écoulèrent plus difficilement sur les marchés étrangers. La prospérité de la ville s’en ressentit et connut un déclin.

En 1387, un incendie détruisit une grande partie du domaine du chapitre et de la ville. On dénombra beaucoup de victimes et il fallut la repeupler. Le comte Aubert de Bavière pour ce faire lui accorda des exemptions fiscales et des privilèges judiciaires.

XVème siècle

En 1424, durant la lutte entre la comtesse Jacqueline de Bavière et son mari Jean de Brabant, la garnison anglaise du duc de Gloucester, amant de la comtesse, s’installa à Maubeuge, Avesnes, le Quesnoy et Landrecies.

En 1466, face à un dépeuplement issu du déclin de l’industrie drapière à Maubeuge, le duc Philippe le Bon accorda à la ville de nouveaux privilèges.

Lors des guerres entre Louis XI et les Bourguignons, le premier s’attaqua au Hainaut, assiégea et incendia des villes en 1478, dont Maubeuge. Il pilla les campagnes et détruisit les récoltes. Il fallut des aides accordées par Maximilien d’Autriche pour que la ville puisse se reconstruire.

D’Adrien de Montigny (fin XVIème)

XVIème siècle

Maubeuge eut encore à subir les affres des guerres entre Charles-Quint et François Ier. L’armée française s’empara en 1543 de Landrecies et de Maubeuge. En 1552, c’était au tour des armées royales d’Henri II de mettre le feu à la ville.

Les guerres religieuses de la deuxième partie du siècle affectèrent aussi Maubeuge.

XVIIème siècle

Puis vint 1637 lorsque les armées de Louis XIII et de Richelieu entrèrent dans la Guerre de Trente Ans. Ils s’emparèrent à nouveau de Landrecies et de Maubeuge et y placèrent une garnison qui fut attaquée par les armées espagnoles des Pays-Bas.

En 1649, Louis XIV, entré en guerre contre les Espagnols, s’attaqua aux citadelles des Pays-Bas. Il s’empara de Condé et de Maubeuge. Il y resta un an, puis s’en retira avant de revenir en 1655.

Les années qui suivirent se passèrent en combats, en paix signées, vite oubliées, au grand dam des populations des villes et des campagnes.

Finalement, les villages des prévôtés de Valenciennes, Bavay et Maubeuge furent annexés au royaume de France par le Traité de Nimègue de 1678. Vauban, stratège du roi Louis XIV, aménagea de nouvelles fortifications plus adaptées aux guerres modernes. On y travailla plus de huit ans à partir de 1679.

D’Adrien de Montigny (fin XVIème)

L’ancien régime dans le royaume de France (1678 à 1792)

Etat : le royaume de France

Prévôté : Maubeuge

En 1699, l’abbaye fut donnée par le roi Louis XIV à Madame de Noyelles, une chanoinesse. Par la suite, Maubeuge fut à l’abri des guerres pendant un siècle. Le roi Louis XV vint la visiter en 1744.

Répartition des pouvoirs pendant la période contemporaine (à partir de 1789)
  • Etat: France dans ses divers régimes (républiques, monarchie, empire)
  • Département: Nord
  • Arrondissement : Avesnes-sur-Helpe
  • Canton: Maubeuge

Dès 1789, la Révolution s’empara de la ville.

Après la première tentative d’invasion des Pays-Bas Autrichiens par Dumouriez en novembre 1792, une réaction autrichienne repoussa les armées révolutionnaires françaises. Les troupes autrichiennes s’emparèrent et assiégèrent quelques villes du Hainaut français, dont Maubeuge en septembre 1793. Un mois plus tard, les armées de Carnot et de Jourdan les repoussèrent, avant de reconquérir à nouveau les Pays-Bas en juin 1794.

En 1791, le chapitre des chanoinesses avait été abolie. L’institution devint un couvent.

XIXème siècle

Après la déroute napoléonienne de Russie en 1814, les armées coalisées (Prusse, Russie, Autriche) tentèrent de reprendre quelques villes dans le Nord. Maubeuge résista.

En juin 1815, Napoléon rassembla ses armées dans la région de Maubeuge avant de pénétrer dans le nouveau royaume des Pays-Bas. Il s’y fit battre à Waterloo et à nouveau une armée prussienne pénétra en France, assiégea Maubeuge et la prit. La ville resta occupée trois ans.

XXème siècle

En août 1914, Maubeuge résista quelque peu à l’avancée allemande avant d’être occupée pendant quatre ans. Elle fut délivrée par les Britanniques au début novembre 1918.

C’est cependant en mai 1940 que la ville eut à subir le plus de dégâts sous les bombardements incendiaires allemands. Plus de 90% du centre urbain fut détruit. Et cela, malgré la ligne de fortification Maginot qui avait été installée quelques années auparavant et qui ne tint que cinq jours.

Après quatre nouvelles années d’occupation, Maubeuge fut libérée par une division blindée américaine le 2 septembre 1944.

Il fallut alors tout reconstruire dans le cadre d’une relance économique et de la conservation du patrimoine ancien. Les travaux dureront jusqu’en 1970.

Economie

Il s’agit d’une économie urbaine à l’origine: commerce, artisanat, marchés paysans. La draperie s’y installa mais ne connut pas le même essor qu’à Valenciennes.

Au XIXème siècle, la révolution industrielle s’est emparée de la région. On canalisa la Sambre de Maubeuge jusqu’à Namur, permettant au charbon du pays de Charleroi d’être amené à Maubeuge pour y alimenter ses entreprises.

En même temps, on aménagea des lignes de chemin de fer. Maubeuge fut reliée à Mons (charbon borain) et Bruxelles, à Charleroi, à Paris, à Lille et à Thionville (minerai lorrain).

Se développèrent à partir de 1837:

  • des hauts-fourneaux (dans le Quartier Sous-Bois récemment défriché pour l’occasion). Ils fonctionnèrent jusqu’en 1852.
  • des entreprises sidérurgiques et des laminoirs (production de tôles et de rails)
  • des faïenceries (dont les Céramiques de Montplaisir, entreprise crée en 1882 et produisant des carrelages)
  • des fabriques de quincaillerie et de machines-outils (Sculfort 1852-1960)

Un nouvel élan industriel accompagna les reconstructions après 1945. Mais comme ailleurs, les industries reposant sur le charbon et l’acier eurent à subir de nouvelles concurrences. On diversifia les activités, notamment les constructions automobiles (Renault).

Cependant les années ‘1970 virent disparaître de nombreuses entreprises anciennes et les reconversions manquèrent de vigueur comme dans les bassins houillers proches.

Voies de communication

De nouvelles liaisons routières apparurent dans les deux derniers siècles.

Si certaines lignes ferroviaires se sont maintenues, d’autres ont disparu après la dernière guerre et plus récemment avec la construction des TGV.

Cinq lignes de tramways existèrent entre 1902 et 1951.

Enfin, on aménagea un aérodrome dans le village voisin d’Elesmes.

Patrimoine

Eglise Saint-Pierre et Saint-Paul, reconstruite en style contemporain en 1955 après sa destruction en 1940. Eglise paroissiale, elle conserve le trésor de Sainte-Aldegonde.

Certains bâtiments du monastère de Sainte Aldegonde sont encore visibles, dont le chapitre (actuel lycée Notre-Dame de Grâce).

Le béguinage des Cantuaines, XVIème siècle. Ce bâtiment fut donné en 1562 par le doyen du chapitre à des femmes de la bourgeoisie déchue (les Cantuaines) afin d’y exercer l’aide aux malades et aux pauvres.

Chapelle des Sœurs Noires, XVIIème, vestige de l’ancien couvent des religieuses de Saint-Augustin, fondé en 1455

Les vestiges des aménagements de Vauban à la fin du XVIIème siècle: les remparts, fortifications de Vauban, l’arsenal, le magasin à poudre.

Plan des fortifications de Vauban.

 

 

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