Mesvin

Entité communale de Mons

Le territoire

Superficie: 224 ha – Altitude: de 41m (au nord) jusqu’à 70m (au sud)

Situation géographique : Village situé dans la vallée de la Trouille, sur son versant sud en pente vers le plateau de Bavay (hauts-Pays), établi le long de son affluent le By.

Cours d’eau : le By et le ruisseau de Nouvelles

Paysage préhistorique (après la dernière période glaciaire) : le bas était marécageux, le versant était couvert d’arbres appartenant à la Forêt Charbonnière

Nature du sol : limoneux

Nature du sous-sol : crayeux, grès (pierre bleue)

Préhistoire
Hainosaurus Bernardi (Musée d’Histoire Naturelle de Bruxelles)

Lors de l’exploitation des carrières de craie phosphatée à la fin du XIXème siècle, on a découvert à Mesvin des ossements fossiles d’un grand saurien de l’époque des dinosaures. On l’a dénommé Hainosaurus Bernardi). Il faisait 12m de long et était muni de nageoires, car il vivait dans la mer.

Le grand intérêt de ce village est son passé préhistorique.

Paléolithique inférieur (Homo Heidelbergensis) :

Au XIXème siècle, lors de la mise en place de la ligne de chemin de fer Mons-Chimay (1867), une tranchée fut creusée sur le territoire de Mesvin, sur le petit plateau entre le By et la Wampe, qui permit de mettre à jour des vestiges remontant à la jonction du paléolithique inférieur et du paléolithique moyen. Les archéologues plus récemment ont dénommé ce site « Mesvin IV » qu’ils ont daté de 250.000 ans (entre 350.000 et 225.000, selon Baudet). Cette période est intermédiaire entre la période interglaciaire Mindel-Riss (réchauffement humide du climat) et la période glaciaire Riss (refroidissement sec). C’est à ce moment que les Homo Erectus, du genre Homo Heidelbergensis, présents sur le sol ouest-européen, se sont progressivement transformés en Homo Neandertalensis.

Ce qui a intéressé les chercheurs, c’est la nature des silex taillés. Delvaux (1885) et Rutot (1914) les ont décrits et les ont même attribués à une technique nouvelle de taille, dénommée « mesvinienne ». En fait, celle-ci est à rattacher à une autre plus connue dans le milieu préhistorique, la « technique clactonienne », décrite à Clacton-on-Sea (Grande-Bretagne), et remontant à 500.000 ans. Les silex de Mesvin sont en fait le résultat d’une évolution de cette technique vers la « technique de débitage Levallois », propre aux Hommes de Neandertal. Cette technique permettait d’obtenir de grands éclats réguliers qui servaient à découper la viande, les peaux, …

Il semblerait qu’à cette époque, un groupe humain de culture commune nomadisait entre l’Angleterre et l’Elbe, dans le nord de la France (au nord de la crête de l’Artois), la Belgique et les Pays-Bas, directement au sud des grands glaciers. Ceux-ci avaient absorbé de grandes quantités d’eau, ce qui abaissait fortement le niveau des mers, notamment la Mer du Nord. On passait à sec le Pas-de-Calais. Ce groupe pratiquait ce type de débitage des blocs de silex pour fabriquer leurs outils quotidiens.

Au même moment, plus au sud, dans la Somme et le Bassin Parisien, un autre groupe humain pratiquait la technique « acheuléenne » de façonnage des silex, obtenant notamment des bifaces pouvant servir de racloirs et de couteaux. Certains d’entre eux sont remontés vers la Champagne et la vallée de la Sambre et se sont mêlés aux premiers.

Lors d’un réchauffement, le niveau des mers est remonté, ce qui a induit une « submersion maritime » du territoire, chassant les humains plus à l’est. Lorsqu’elle s’est retirée, avec la période glaciaire du Riss (Campinien), elle a laissé de grosses couches de sédiments sableux.

A nouveau, lors de la période suivante (Hesbayenne), la fonte des glaciers rissiens provoqua une grande crue qui a déposé une importante couche de limon sur le sol Campinien. Ce limon ne contient pas d’artéfacts humains, démontrant par-là que la région était inhabitée pendant la période glaciaire.

De nombreux artefacts lithiques ont été retrouvés à Mesvin: des éclats Levallois abondants à préparation centripète ou unipolaire, des nucleus de type discoïde après emploi qui ont servi à façonner des racloirs, des grattoirs, des silex à encoches, des denticulés et quelques bifaces à dos. Ces outils servaient au travail du bois et de la peau, ainsi qu’à la découpe de la viande.

Pour rappel, au paléolithique, les hommes se contentaient, dans leurs pérégrinations, de ramasser les silex qui convenaient à la confection de leurs outils. On en retrouve des témoignages dans les zones les plus riches et c’était le cas dans le bassin sud-est de Mons. Ils ne s’installaient pas alors pour creuser profondément.

Néolithique (Homo Sapiens) :

Comme à Spiennes, les hommes de cette période, qui a vu naître la sédentarisation, l’agriculture et l’élevage, ont également creusé le sol pour extraire du silex.

Dès 1957, on a retrouvé des structures d’extraction (cinq puits), datées entre 4250 et 3750, sur le site « Sans Pareil », près de la chaussée de Maubeuge, au sud du territoire. De nouvelles fouilles préventives réalisées en 2006 ont confirmé la présence d’une autre galerie. Elles furent l’œuvre d’Homo sapiens de la Civilisation de Michelsberg, qui dominait à cette époque la région. On y a découvert de belles haches de silex et des outils en bois de cerf (A. Lemonnier, XIXème). Les outils en bois de cerf et en os servaient à creuser les galeries et à détacher les blocs de silex.

Antiquité gallo-romaine

La chaussée romaine Bavay-Utrecht passait sur l’actuel territoire de Mesvin. On a trouvé à proximité des vestiges gallo-romains (non précisés).

Premier Moyen-Age (période franque mérovingienne et carolingienne)

Des tombes mérovingiennes ont été trouvées et fouillées en 1892 sur la rive gauche du ruisseau de Nouvelles (affluent de la Trouille) qui pourraient dater du la fin du VIème siècle.

Au VIIème siècle, Vincent Madelgaire, originaire (dit-on) de Strépy, y possédait des terres qu’il légua vers 650 à l’abbaye de Soignies qu’il venait de fonder. Ce qui fut confirmé en 965 par un diplôme du pape, alors que l’empereur Othon Ier et son frère Brunon, archevêque de Cologne et duc de Lotharingie, relevaient l’abbaye de Soignies, détruite lors des raids vikings du siècle précédent, et la transformaient en chapitre royal Saint-Vincent.

Deuxième Moyen-Age – le village

Première mention: ?

Toponymie (anciennes orthographes) : ???

Etymologie (hypothèses d’origine du nom) :

Machtwinus fundus, terme germanique latinisé, signifierait la propriété de Machtwin.

Epoque de son apparition: ?

Facteurs ayant favorisé son émergence :

voies de communication: la chaussée romaine (actuelle rue Brunehaut)

sources d’eau ou cours d’eau: By

source de bois: toute la zone était boisée et fut défrichée. Il en reste de rares vestiges (sud-ouest)

proximité d’un lieu de pouvoir: ferme de l’abbaye de Soignies

Paroisse dédiée à Saint-Vincent (dépendance de celle de Ciply, dont le curé venait célébrer les offices à Mesvin). Avec le décret du 23 vendémiaire an XII (16 octobre 1803), sous Napoléon, le territoire du village fut placé sous la juridiction spirituelle du curé d’Hyon. Cela dura jusqu’en 1835, date à laquelle les habitants de Mesvin eurent une paroisse autonome.

Evêché: de Cambrai (jusqu’en 1804), puis de Tournai ensuite

Décanat/doyenné: Mons

Autel (dîmes, entretien de l’église, nomination des officiants) donné à l’abbaye de Lobbes.

Abbaye de Bélian. D’Adrien de Montigny (fin XVIème)

Abbaye de Bélian (dit aussi de Monastère de Bethléem). Située le long de la chaussée romaine, elle fut fondée en 1244 par Wauthier Harduin, chanoine de la Collégiale Sainte-Waudru. Cet établissement fut destiné à des moniales qui suivaient la Règle de Saint-Augustin (vie contemplative). C’était une abbaye-fille de l’abbaye de Saint-Victor de Paris, dont certaines religieuses vinrent résider à Bélian. Elle fut supprimée par la Révolution.

Répartition des pouvoirs pendant la période féodale

Autorité supérieure: comté de Hainaut

Autorité sous-jacente (administrative et judiciaire): prévôté de Mons

Seigneuries et fiefs

Les droits fonciers et seigneuriaux (rentes, corvées) étaient détenus par le chapitre royal St-Vincent de Soignies, qui y détenait les trois justices et y entretenait une ferme abbatiale. Ceux-ci étaient vassaux des comtes de Hainaut, puis des souverains qui leur ont succédé.

Le village était administré par un maire héréditaire et des échevins, au nom de l’abbé de Soignies. Les comtes ont exempté les habitants de Mesvin du tonlieu de Mons, leur permettant de venir vendre leurs produits sur le marché de la ville.

La commune

La population étant insuffisante, il n’y eut pas d’institution communale.

D’Adrien de Montigny (fin XVIème)
Période française (1794-1814)

L’abbaye de Soignies perdit ses droits seigneuriaux sur les terres de Mesvin par le décret du 15 fructidor an IV (1 septembre 1796).

Département: Jemappes

Canton: Mons

Carte de Ferraris (XVIIIème)
Répartition des pouvoirs pendant la période contemporaine (à partir de 1814)
  • Etat: Belgique
  • Province: Hainaut
  • Arrondissement administratif: Mons
  • Arrondissement judiciaire: Mons
  • Canton: Mons
  • Entité communale depuis 1977: Mons
Evènements et faits marquants sur le sol de la commune

Le village souffrit, comme ses voisins (Cuesmes et Hyon) des sièges de la ville de Mons. Ce fut particulièrement le cas lors de celui de 1572 par le duc d’Albe.

Economie

Elle était essentiellement agricole (céréales, lin, colza, cultures maraîchères pour le marché de Mons). Les abbayes de Soignies et de Bélian y entretenaient des fermes.

Dans le but de rendre la Trouille navigable dans Mons, le comte Guillaume IV, au XIVème siècle, fit creuser à Mesvin et dans les environs de vastes viviers pour régulariser le débit de la rivière. Ces viviers ont disparu.

Exploitation du sous-sol

Du XVIIème au XIXème, on a extrait de la pierre bleue du sous-sol de Mesvin, qui a servi à renforcer les fortifications montoises. Cette activité a cessé en 1830.

On y aussi, comme à Ciply et Cuesmes, extrait de la chaux phosphatée entre 1879 et 1924.

Il exista à cette époque deux fabriques d’engrais chimiques.

La Société des Charbonnages de Ciply obtint la concession des mines sous Mesvin. Cependant il n’y eut jamais de puits dans le village. Des habitants de Ciply allèrent au XIXème siècle travailler dans les mines de Flénu.

Voies de communication

Par la route: Mesvin est née au bord de l’ancienne chaussée romaine. Dès le VIIIème siècle, le chemin qui reliait Mons à Maubeuge passait au sud du village. Il fut aménagé en chaussée pavée au XVIIIème siècle. D’autres chemins ou sentiers  reliaient Mesvin aux villages voisins (Ciply, Spiennes, Nouvelles).

Par le train: la ligne Mons-Chimay passait sur le territoire de Mesvin (je n’ai pas la notion d’une gare)

Par le tramway: le tram passait aussi, venant de Ciply et allant à Spiennes

Patrimoine

Eglise St Vincent

Une chapelle, secours de la paroisse de Ciply, exista avant d’être agrandie en 1895 pour donner l’église actuelle, de style néo-gothique.

 

 

 

 

 

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