Entité communale des Honnelles
Le territoire
Superficie: 413 ha
Altitude: de 60 m (au nord) à 95 m (au sud)
Situation géographique : Le territoire d’Onnezies est situé sur le versant sud de la vallée de la Haine, à proximité du plateau du Haut-Pays (ou de Bavay). Il est situé sur un point culminant de la ligne de partage des eaux entre les deux Honnelles.
Cours d’eau : le ruisseau Saint-Pierre et son affluent, le Carioteu. Leurs eaux se jettent dans la Grande Honnelle à Angre.
Paysage préhistorique (après la dernière période glaciaire) : boisé
Nature du sol : argileux, limoneux
Nature du sous-sol : grès, schiste
Préhistoire
Paléolithique: On a trouvé sur ce plateau des vestiges de vie lointaine. Ces découvertes sont anciennes (XIXème ou début du XXème siècle) et sont donc mal documentées. Outils en silex de culture acheuléenne (paléolithique inférieur) : bifaces, racloirs, …
Néolithique (Homo Sapiens) : Des outils en silex polis et taillés (haches, couteaux, grattoirs, pointes de flèches) témoigneraient d’une présence pendant la période néolithique.
Ages du fer : On y aurait aussi trouvé des vestiges de l’âge du fer (sans précision).
Antiquité gallo-romaine
En 1862-63, découverte d’un vase orné d’une tête d’homme barbu, portant des petites cornes de bœuf et ayant un corps se terminant en poisson (Musée royal de Bruxelles).
Fouilles de 1868-69 au lieu-dit « la Motte », fiole en verre, une fibule, agrafe en bronze et un vase en céramique – possible emplacement d’une villa.
Des tombes gallo-romaines, ainsi que quelques fragments de vases et des objets non précisés (dans les collections du) indiqueraient un habitat du début de notre ère.
Premier Moyen-Age (période franque mérovingienne et carolingienne)
Aucun témoignage de la période franque n’a été retrouvé.
Deuxième Moyen-Age – le village
Première mention: 1139
Toponymie (anciennes orthographes) :
- Oignezies (1139, dans une charte de Nicolas, évêque de Cambrai)
- Honestat (1150, cité par Jacques de Guise)
- Honsies en 1181
- Honezies (1181, bref du pape Lucius)
- Onnezies (1186)
- Onesies (1200, 1700)
- Onnisies et Onzies, XIIIème
- Ounezies, XIIIème
- Honnechies ou Oignezies (XIVème)
- Onesy (1548)
- Donnezy (1616)
- Onnezies (1630)
Etymologie (hypothèses d’origine du nom) :
- Ce serait une forme romane de Huniciacas, nom d’un personnage appelé « Hunico » (Carnoy)
- Hon vient aussi de Honnelle, mais qui ne passe pas par le village.
- ies = pays -> Pays des Ons ?
Epoque de son apparition: entre le Xème et le XIème siècle
Facteurs ayant favorisé son émergence :
– voies de communication: la chaussée romaine Bavay-Blicquy passe à proximité (sur les territoires contigus d’Autreppe, de Montignies-sur-Roc et d’Audregnies. A Angre, passait un chemin qui venait du Quesnoy pour aller vers Saint-Ghislain. Il rejoignait le vieux chemin médiéval de Valenciennes à Binche.
– sources d’eau ou cours d’eau: les ruisseaux Saint-Pierre et Carioteu
– source de bois: toute la région était boisée (Forêt Charbonnière)
– proximité d’un lieu de pouvoir: ?
Paroisse dédiée à Saint-Pierre. Elle dépendait de celle d’Angre. En 1803, on la rattacha à celle d’Autreppe. Elle ne devint autonome qu’en 1856.
Evêché: de Cambrai (jusqu’en 1804), puis de Tournai ensuite
Décanat/doyenné: Bavay jusqu’en 1803, puis Dour
Autel (dîmes, entretien de l’église, nomination des officiants) donné au chapitre de Cambrai (comme celui d’Angre).
Répartition des pouvoirs pendant la période féodale
Autorité supérieure: comté de Hainaut
Autorité sous-jacente (administrative et judiciaire): prévôté de Mons
Seigneuries et fiefs
Lors de la féodalisation, plusieurs fiefs ont été constitués sur le territoire d’Onnezies:
- La seigneurie principale dépendait de celle de Roisin (attesté dès le XIème siècle). Il existait cependant une résidence fortifiée à Onnezies (près de l’église, qui en fut peut-être la chapelle castrale).
- La partie orientale du village appartenait, avec une partie de Montignies-sur-Roc, à la seigneurie de Rampemont, dont la ferme se trouvait sur le territoire de Fayt-le-Franc (infra)
- Un fief appartenait à l’abbaye de Vicoigne, cité à la fin du XVème
- Un fief des seigneurs de Roisin (infra)
- Un fief de l’abbaye de Vicoigne, autonome jusqu’à la fin de l’Ancien Régime
- Il existait au XVIème siècle des terres appartenant aux la Motte
- Des terres dépendant des seigneurs de Quiévrain, s’étendant sur Angre, Onnezies et Autreppe (autour du hameau du Petit-Quiévrain)
- Des terres appartenant aux seigneurs d’Angre
La seigneurie principale, dite “d’Enghien”
Elle dépendait des comtes de Hainaut. Ils la déléguèrent à plusieurs familles successives. Ces seigneurs pouvaient exercer la haute justice.
Famille d’Onnezies
Une famille, habitant le château, prit le nom du village. On cite en 1071 Berthe, dame d’Onnezies, qui s’asservit, avec ses quatre filles, à l’abbaye de St Ghislain, du temps de l’abbé Widry. L’absence de renseignements par la suite peut en partie s’expliquer par la présence discontinue d’un seigneur ou une restitution (probable) à la famille comtale. De plus, cette seigneurie ne devait pas être étendue, puisque le village ne l’était pas et qu’il était partagé entre au moins quatre fiefs.
Montignies-sur-Roc, comme Onnezies et Athis, apparaissent dans les possessions de Louis d’Enghien (v1323-1390). Ce n’est pas un héritage. Ce grand seigneur féodal fut, après avoir été en lutte contre le régent Aubert de Bavière, fit la paix avec celui-ci et se mit à son service, ainsi qu’à celui du roi de France Charles VI et du comte d’Anjou qui se battait dans le sud de l’Italie. Louis d’Enghien, devenu comte de Conversano et de Lecce, termina sa vie dans ses terres des Pouilles en Italie. Il est probable qu’il ait reçu ces seigneuries en fief en récompense de services rendus.
Sa fille Marguerite d’Enghien (1365-1397) hérita d’Enghien et des seigneuries de la prévôté de Mons, dont Montignies et Onnezies. A sa mort, sa sœur Isabeau d’Enghien (v1365-1399) semble avoir hérité de ses possessions hennuyères. Il est possible qu’elle n’ait eu qu’à gérer en l’absence de sa sœur qui vivait en Italie. Marguerite avait épousé Jean II de Luxembourg, comte de Ligny et de Saint-Pol, qui mourut la même année qu’elle.
C’est donc leur fils, Pierre I de Luxembourg (1390-1433) qui reçut l’héritage hennuyer. D’Italie, il revint en Hainaut où il se mit au service du comte Guillaume IV, puis du duc Jean de Brabant, notamment dans le conflit conjugal de ce dernier avec la comtesse Jacqueline de Bavière. Il se mit au service du roi Henri V d’Angleterre dans le contexte de la Guerre de Cent Ans.
Son fils Louis de Luxembourg (1418-1475) lui succéda. Il fut au service des ducs de Bourgogne, de Philippe le Bon d’abord, de Charles le Téméraire ensuite. Mais comme les de Croÿ, il fut aussi un ami du roi Louis XI de France. Il intrigua tant entre le Téméraire, Louis XI et le roi d’Angleterre que finalement il fut capturé, remis à la France, condamné et décapité à Paris.
Charles le Téméraire (1433-1477) lui confisqua ses biens, dont ses seigneuries hennuyères.
Marie de Bourgogne (1457-1482) succéda à son père et rendit leurs biens aux Luxembourg, en l’occurrence ici à Pierre II de Luxembourg (v1440-1482), qui s’était remis à son service et à celui de son mari, l’archiduc Maximilien d’Autriche.
Sa fille Françoise de Luxembourg (v1468-1523) hérita de ses biens hennuyers. Elle épousa Philippe de Clèves (1459-1527), un gentilhomme au service des rois de France d’abord (ceux qui combattaient en Italie), de Charles Quint ensuite. Ils n’eurent pas d’enfants.
A la mort de Françoise, ses possessions allèrent à sa sœur aînée Marie de Luxembourg (v1467-1547), épouse de Jacques de Savoie.
Ils n’eurent pas de garçon et les trois villages hennuyers furent repris (ou achetés) par Charles Quint qui s’empressa de les remettre à son ami, Jean V de Hennin-Liétard (1499-1562), comte de Boussu.
Ce dernier en fit don à sa fille Eléonore de Hennin-Liétard (1548-1603) qui avait épousé Baudry XVI de Roisin ( ?-1607). A leur décès, ils n’avaient plus d’enfants. Ceux-ci les avaient précédés dans la tombe.
Le grand héritage des Roisin alla aux descendants de Jacqueline de Roisin (1500-1553), une grand-tante de Baudry XVI. Elle avait épousé Antoine de la Fosse, à qui elle donna deux filles. L’une d’elles, Anne-Marie de la Fosse, avait épousé Robert de la Tramerie, dont le fils François de la Tramerie (v1565-1612) devint seigneur d’une grande partie de « l’héritage Roisin ». Il revendit Montignies-sur-Roc et Onnezies en 1611.
Famille Mainsent
C’est Etienne Mainsent ( ?-1655) qui racheta ces deux seigneuries, en réalité pour sa mère, Jeanne Monissart, veuve de Louis Mainsent, le 17 août 1611. Juriste, il était magistrat à Mons.
Son fils Louis-Ferdinand Mainsent ( ?- 1683) hérita de ses biens. Officier, puis receveur général des Etats de Hainaut, il s’endetta fortement au point d’hypothéquer certains de ses fiefs.
L’hypothèque sur Onnezies mise par Mainsent fut achetée par Jean-François le Duc (1607-1679), échevin et magistrat à Mons, seigneur de Masnuy-Saint-Pierre. Après sa mort, en 1684, sa veuve obtient un jugement qui fit de la seigneurie d’Onnezies la propriété de son fils Charles Ignace Le Duc (1655-1697).
Ce dernier étant resté célibataire, à sa mort la seigneurie passa à son frère Adrien Dominique Le Duc (1663-1722) qui racheta aussi le fief de Rampemont-Onnezies (infra).
Sa fille Marie Anne Josèphe le Duc (1711-1742) hérita de ses domaines qui comprenaient aussi Hainin, Angreau et Autreppe. Elle avait épousé Sébastien Nicolas Joseph de Croix « de Drumez » (1693-1738), comte de Clerfayt.
Leur fils François Sébastien Charles Joseph de Croix, (1733– 1798) hérita des biens. C’était un officier, fin stratège, qui eut une carrière prestigieuse au service des empereurs d’Autriche. Il fut un des vaincus de Jemappes, mais gagna d’autres batailles importantes avant de se retirer à Vienne pour y terminer sa vie, ses droits féodaux et ses biens fonciers lui ayant été enlevés par les Révolutionnaires. Le château et les terres furent achetés par la famille Demarez d’Onnezies, puis passèrent dans d’autres familles (Mérode-Westerloo).
La seigneurie de « Rampemont d’Onnezies »
La partie sud-est du village appartenait, avec une partie de Montignies-sur-Roc, à la seigneurie de Rampemont, dont la ferme se trouvait sur le territoire de Fayt-le-Franc. Toute la partie à l’ouest de la chaussée romaine fut éclissée du reste de la commanderie par Bernard/Bernier de Rampemont en 1382 et vendue à Baudouin IV de Hennin-Liétard, seigneur de Fontaine, d’Angre, de Fayt-le-Franc et Sebourg. Ces terres , qui devaient former un couloir reliant Fayt-le-Franc à Angre, relevaient toujours de l’Ordre de Saint-Jean, dont la “maison-mère” se trouvait à Piéton. Rapidement, en 1385, elles furent l’objet d’un litige entre Louis d’Enghien, seigneur haut-justicier d’Onnezies, et Baudouin de Fontaine, pour des problèmes de juridiction. Lui succédèrent :
- Baudouin V de Hennin-Liétard ( ?-1399), son neveu
- Jean de Hennin-Liétard ( ?-1415), frère du précédent
- Baudouin VI de Hennin-Liétard ( ?-apr.1422), fils du précédent. Il revendit Angre à Guillaume de Sars. Est-ce lui qui revendit Rampemont-Onnezies ou un de ses descendants ?
En 1473, elle était la propriété de Pierre Favereau, bourgeois de Mons. Elle passa ensuite à :
- Henri Favereau, son fils, cité en 1509, en conflit avec son voisin Philippe de Clèves
- Nicolas « Favrel » Favereau ( ?-1554), seigneur de Lassus, secrétaire et receveur du Conseil privé et du Grand Conseil de Malines, cité en 1518
- Il eut deux filles, dont Marguerite « Favrel » ( ?-1558), dame de Lassus, qui épousa Jérôme Pieters van Cats ( ?-1574), écuyer, demeurant à Malines. Ils eurent une fille, Marguerite Pieters ( ?-1630) qui épousa Nicolas van der Laen ( ?-1629), chevalier. Elle lui donna quatre enfants, dont Nicolas van der Laen ( ?-1642), échevin, puis bourgmestre de Malines, qui épousa Eléonore de Gottignies ( ?-1666). Leur fils, Nicolas van der Laen, aussi bourgmestre de Malines, vendit le fief en 1672.
Louis Nicolas Petit (1632-1711), de Mons, l’acheta. Juriste, il fut greffier du grand baillage de Hainaut de 1668 à 1702. Célibataire, il légua avant sa mort la plus grande partie de ses biens aux pauvres de Mons.
Sa seigneurie de Rampemont-Onnezies fut mise aux enchères en 1711 et rachetée par Adrien Dominique le Duc (supra) qui la réunit à sa seigneurie d’Onnezies en 1711.
Le fief de Roisin
En 1299, Aldegonde de Roisin (non située dans la généalogie de cette famille) est citée comme dame de Selles et d’Onnezies (soit un petit fief sur le territoire du village).
Ce fief passa à Jean de Goegnies, cité en 1473. Il était aussi écuyer et seigneur d’Erquennes (par mariage avec Jeanne de Castellois), du petit fief de Courteville à Elouges, de la seigneurie de Fayt-lez-Seneffe, un fief sur Peissant, de la seigneurie de Sotteville sur le territoire de Strépy-Bracquegnies.
Son fils Guillaume de Goegnies, lui succéda, cité en 1502 à Elouges, mais pas à Onnezies.
En 1503, Jean II de Hamal-Trazegnies (1439-1513) acquit le fief. Il était entre autres baron de Trazegnies et de Silly, et seigneur de Dour. Il transmit le fief à son fils Charles de Hamal-Trazegnies (v1470-1550) qui le passa à un fils cadet, Robert de Trazegnies (1523-v1580).
Le fief revint ensuite aux seigneurs de Roisin , propriétaires de la seigneurie principale d’Onnezies. La plupart des biens fonciers furent vendus à la Révolution à des particuliers, le plus souvent des nobles, notamment de la famille Mérode-Spangen.
Période française (1794-1814)
Fin de l’Ancien Régime féodal en 1794
- Département: Jemappes
- Canton: Dour
Répartition des pouvoirs pendant la période contemporaine (à partir de 1814)
- Etat: Royaume des Pays-Bas (1814-1830), puis Royaume de Belgique
- Province: Hainaut
- Arrondissement administratif: Mons
- Arrondissement judiciaire: Mons
- Canton: Dour
- Entité communale depuis 1977: Honnelles
Economie
Onnezies se trouve sur un plateau dont le sol est arable, ce qui lui valut une économie tournée essentiellement vers l’agriculture. Il y eut de nombreuses fermes.
Le village est à l’écart des voies de communication, encore que peu éloigné de la chaussée romaine. Mais naguère le chemin vers Montignies était privé, installé par les seigneurs de Montignies pour unir leurs terres. Les accès étaient donc difficiles et les terrains boueux en cas de pluie.
On mentionne des sabotiers.
Patrimoine
Eglise St Pierre. Pas de style propre, mais un intérieur partiellement ogival. Elle était au début une dépendance du château. Elle fut reconstruite en 1847. Son clocher-porche est trapu. Mobilier:
- Maître-autel classique du XVIIIème
- Statue de Notre-Dame avec Enfant, XVIIème
- Statue de sainte, bois polychrome, XVème
- Trois statues de St Pierre: XVème en bois polychrome, XVème et XVIIème
- Statue de St Paul, XVIème
Cimetière autour de l’église (encore actuellement)
Ancien château ou ferme du château, dont il subsiste le colombier, tour carrée de la fin du XVIIème (ci-contre)
Chapelle St Pierre. Sur le chemin vers Autreppe, à la limite des seigneuries.
La Rue des Juifs rappelle qu’une communauté ancienne s’y installa au XIIIème siècle.
Bibliographie
Monographie d’Onnezies, Marc Coquelet
Chronologie des seigneurs d’Onnezies, F. Martin, Annales du Cercle d’Histoire et d’Archéologie de Saint-Ghislain, T.IV, 1986