L’Ostrevent est un pays traditionnel du nord de la France, entre la Flandre gallicane et le Hainaut français. Il s’agissait d’un petit comté (pagus) constitué dès la période mérovingienne. On trouve aussi l’orthographe ” Ostrevant ».
Géographie
Aujourd’hui la plus grande partie se trouve dans le département du Nord, le reste est situé dans le Pas-de-Calais. Il avait pour frontières :
- au Nord : la Scarpe – cette rivière prend sa source en Artois, arrose Arras, Douai, Hasnon, St Amand et se jette dans l’Escaut à Mortagne-du-Nord
- Est – Sud : Escaut et la Sensée
Sa capitale était Bouchain, situé sur l’Escaut au sud de Valenciennes. S’y développèrent d’autres villes : Douai, Denain, Raismes, Anzin, Beuvrages, Auberchicourt, Lourches, Aniche, …
Etymologie
Le nom du vieux latin Austrebantum. Austr = est ; bant = lien, zone (comme dans Brabant) = contrée de l’est (du sud-est de la Flandre).
Origines
L’Ostrevant constituait un pagus dans le Haut Moyen Age et peut-être déjà sous le Bas-Empire romain: Pagus Austrebantum de la Civitas des Atrébates (Artois). Il fut une division administrative sous les Mérovingiens, avec à sa tête un comte nommé par le roi. Bouchain était le siège du comté dès 880.
On connait peu les comtes de l’époque franque. On cite au VIIème siècle :
- Autbaldus et sa femme Grimoara
- Leur fils Jean, qui fonda l’abbaye de Hasnon
VIIIème siècle :
- Adalbert d’Ostrevent (670-730), maire du palais de Pépin le Bref. Lui et son épouse Regina fondèrent en 764 l’abbaye de Denain.
- Pauline d’Ostrevent (v700- ?), leur fille, épousa Adalbald d’Artois (710-v778), qui devint comte d’Ostrevent. Ils eurent:
- Adalbert II d’Ostrevent (v740-821), écuyer, qui épousa Reine de Francie, fille de Charles Martel. Ils eurent: Bava d’Ostrevant, qui épousa Hugues III de Tours
Pour rappel, la charge comtale jusqu’à la fin du IXème siècle n’était pas héréditaire. Chaque comte était nommé et éventuellement révoqué par le roi.
IXème siècle :
Les traités de Verdun (843) et de Ribemont (880) placèrent l’Ostrevent dans la Francie occidentale de Charles le Chauve.
Pour ce siècle, on mentionne encore:
- Gérard II de Roussillon (795-870), fils de Leuthard I de Fézensac de la famille des Girardides. Fait chevalier, il fut nommé, par l’empereur Lothaire Ier, comte de Paris (comme son père), comte de Roussillon, de Vienne, d’Ostrevent, de Brabant (Burbant) et de Senlis. Il eut des démêlés avec le roi Charles le Chauve et plusieurs de ses comtés lui furent retirés.
- Waltcaudus, cité en 853, également comte du Pagus Atrebatensis voisin (Artois, Arras), nommé par le roi Charles le Chauve, probalement à la place de Gérard de Roussillon
- Effroy, cité en 892, nommé par le roi Eudes
Hucbald d’Ostrevent de Senlis (v850-apr890/894). Il était le fils de Gérard II de Roussillon. Déjà seigneur de Senlis et de Gouy (Aisne), il “récupéra” le comté d’Ostrevent. Il épousa Edwige de Frioul (848-v895), fille du marquis de Frioul et petite-fille par sa mère de Louis Le Pieux. Ils eurent:
- Helvide de Senlis, ép. Roger I de Laon (860-926), comte de Laon ==> lignée des comtes de Laon
- Raoul I de Gouy-en-Arrouaise « Taillefer» (v870, Gouy St-André –v.926), infra ==> lignée d’Ostrevent
- Hucbald von Dillingen, comte de Dillingen
- Wido de Senlis (850-927) ==> lignée des seigneurs de Senlis
Raoul I de Gouy-en-Arrouaise « Taillefer » (v870, Gouy St-André –v.926). Comte d’Ostrevent, par héritage de son père vers 894 (après les invasions vikings). Comte d’Amiens, par mariage. Comte de Vexin et de Valois. Comte de Cambrai. Seigneur de Gouy et de Chartres. Il fut tué au combat par Herbert de Vermandois qui en profita pour s’emparer du comté d’Amiens. Il avait épousé Aleidis Hildegarde d’Amiens, fille ou sœur d’Ermenfred de Frioul, comte d’Amiens. Ils avaient eu:
- Berthe de Cambrai, qui épousa Isaac de Valenciennes (900, Valenciennes – 941), châtelain de Valenciennes, comte de Cambrai
- Humbert de Chartres (v910- ?), seigneur de Chartres
- Raoul II d’Ostrevent/Gouy (v905/915-v944) infra
- Ermentrude d’Arras (v920- ?), ép. Gauthier II de Douai
- Geoffroy de Bourges (v920- ?), vicomte de Bourges
Raoul II de Gouy “d’Ostrevent” (v915, Amiens ou Cambrai-v944, Amiens), fils du précédent. Seigneur de Gouy. Comte d’Ostrevent, de Valois, de Vexin et d’Amiens (par héritage de son père Raoul I). En 943, il tenta d’envahir le Vermandois. Il fut tué par les fils d’Héribert de Vermandois. A la mort de Raoul II, le comte Arnoul Ier de Flandre s’empara de Douai. Mais le reste de l’Ostrevent resta à ses comtes. Il épousa Hildegarde de Flandre (925/935-990), fille d’Arnould I de Flandre et frère de Baudouin III:
- Gauthier I d’Amiens-Valois (v940-v998), comte de Valois, Amiens et Vexin
- Hilduin de Vexin (v941- ?)
Raoul II perd apparemment l’Ostrevent avant 931 au profit de:
Roger II de Laon (900, Laon-942), fils d’Helvide d’Ostrevent et de Roger de Laon (supra). Comte d’Ostrevent (attesté en 931) et de Laon. Chevalier. Il fut investi avec ses frères du château de Mortagne, mais en fut délogé en 931 par Arnoul Ier, comte de Flandre, qui occupait toujours Douai. Hugues le Grand, comte de Paris, duc des Francs, père d’Hugues Capet, réussit à récupérer Douai. En 941, Roger II fut évincé par le roi Louis IV d’Outremer qui rendit Douai à Arnould. Roger II avait épousé v940 Constance de Chaumont-en-Vexin, dont il eut:
- Helvide de Laon (940- ?), ép. 971 Hilduin de Ponthieu-Montdidier
- Roger III de Laon (946, Laon-987), écuyer, comte de Laon
- Adeline de Laon (950- ?), ép. Robert I de Béthune
Ici également on perd la trace des descendants. On la retrouve un peu plus tard chez les seigneurs de Ribemont (en Vermandois), descendants des comtes de Vermandois, eux-mêmes descendant de Charlemagne.
Le premier de cette famille à être mentionné comme comte d’Ostrevent fut Henri de Ribemont (935-?). Son fils Godefroid de Ribemont (965-?) lui succéda.
En 1006, Baudouin IV de Flandre s’empara de Valenciennes, de l’Ostrevent et de Ribemont (en Vermandois).
Hugues de Ribemont d’Ostrevent (960, Cambrai- 1020 ou 1041), fils de Godefroid, fut comte d’Ostrevent, seigneur de Ribemont. Châtelain de Valenciennes et de Saint-Quentin. Cité en 980. D’une épouse inconnue, il eut:
Anselme I de Ribemont “d’Ostrevent” “le Vieux” (v1021/1025-1071, Cassel). Comte d’Ostrevent. Seigneur de Ribemont, de Château-Porcien et de Bouchain. En 1047, Valenciennes et Ribemont, jusque là occupés par les Flamands, revinrent au comte Herman de Hainaut, notamment avec l’aide d’Anselme. Nommé châtelain héréditaire de Valenciennes en 1070. Chef des armées de la comtesse Richilde de Hainaut contre le prétendant au comté de Flandre, Robert le Frison. Celui-ci est soutenu dans cette lutte par Wautier de Douai. Pendant la minorité d’Hugues d’Oisy, dont il était l’oncle maternel, il géra la châtellenie du Cambrésis. En 1071, il périt devant Cassel face aux armées flamandes de Robert le Frison. Il avait épousé Berthe Agnès de Bouchain, dont il eut:
- Anselme, infra
- Agnès d’Ostrevant, ép. Gautier de Longueville ou Giffard de Bolbec (1063-1102)
Anselme II de Ribemont “d’Ostrevent” « le barbu »/III (v1050-1099, Liban), fils du précédent. Comte d’Ostrevent. Seigneur de Bouchain, de Ribemont, de Château-Porcien, … Il résidait au château de Bouchain. Châtelain de Valenciennes. Fidèle de Baudouin II de Hainaut. Ce dernier vengea son frère Arnould en 1079 en infligeant une défaite à Denain aux troupes de Robert le Frison. En 1081 Robert le Frison céda Douai aux comtes de Hainaut. Cession transitoire, car le comte Robert II de Flandre obtint de Baudouin III de Hainaut, dont le père était mort aux croisades, la restitution de cette place. Douai et son voisinage immédiat revinrent donc à la Flandre. Anselme II accompagna Robert II de Flandre en Palestine et mourut en 1099 en Terre Sainte (première croisade). Auparavant, il avait été en ambassade chez Alexis Comnène, empereur de Constantinople et avait participé au siège d’Antioche en 1098. Avant son départ, il organisa en 1096 un tournoi à Anchin, présidé par le comte de Hainaut lui-même, où participèrent plus de 300 chevaliers, parmi lesquels un certain Othon de Bernissart, que je ne rattache pas à l’arbre généalogique familial, mais qui pourrait être un de ses fils. Il avait épousé Berthe de Valenciennes, fille d’Isaac I de Valenciennes et de Cambrai (890-941) et de Mathilde d’Ittre. Il en eut:
- Godefroid III, infra
- Hugues, seigneur de Denain et châtelain de Valenciennes, qui, d’une épouse inconnue, eut:
- Etienne (1140-1205), seigneur de Denain, qui épousa Rose de Mons, héritière de Hainin ==> Maison de Haynin
- Agnès de Ribemont de Bouchain ( ?-1127), ép. Gossuin d’Oisy
- Jean, seigneur d’Auberchicourt, de Bernissart et d’Hordaing.
Godefroid III (avt 1099- ?), fils d’Anselme II. Comte d’Ostrevent. Seigneur de Bouchain et de Ribemont. Châtelain de Valenciennes. Porte-étendard de St Quentin sous Raoul de Vermandois. Il épousa en 1122 Yolande de Gueldre (« de Wassemberg »), veuve de Baudouin III, comte de Hainaut, dont il eut:
- Godefroid IV, infra
- Berthe de Bouchain (1123- ?), ép. Nicolas I de Barbençon, puis Otto II de Looz-Duras
Godefroid IV d’Ostrevant (1127-1163), fils du précédent. Comte d’Ostrevent. Seigneur de Bouchain et de Ribemont. Châtelain de Valenciennes. D’une épouse inconnue, il eut deux enfants décédés en bas âge. A sa mort de ceux-ci, il céda à son demi-frère Baudouin IV de Hainaut, issu du premier lit de Yolande de Gueldre et de Baudouin III, tous les droits qu’il tenait de son père sur le comté d’Ostrevant et la châtellenie de Valenciennes.
En 1257, la comtesse Marguerite de Hainaut et de Flandre et son mari Guy de Dampierre renoncèrent à l’Ostrevent au profit du Hainaut et des Avesnes. Pour rappel, tout comme la Flandre et l’Artois, l’Ostrevent se situait dans le royaume de France (depuis Verdun, 843).
Depuis lors, le fils aîné du comte de Hainaut porta le titre de comte d’Ostrevant par apanage. C’est sous ce nom qu’était connu Jean d’Avesnes “sans merci”, fils du comte Jean d’Avesnes, qui fut tué en 1302 à Courtrai.
Philippe le Bel enleva plus tard Douai à la Flandre.
À la fin du XIIIème apparut un différend au sujet des limites. On n’aboutit à aucune entente. Le différend portait probablement sur des localités situées sur la rive gauche de l’Escaut, telles que Saint-Amand en Pévèle. L’affaire n’était pas terminée en 1398.