Le territoire
Superficie: 1345 ha
Altitude: de 30 m (au niveau de la Verne) à 80 m (dans la Forêt de Bonsecours)
Situation géographique : dans la vallée de la Verne (Vernos signifie lieu bordé d’aulnes)
Cours d’eau : la Verne, affluent de l’Escaut via le canal du Jard. Elle prend sa source à Basècles. De nombreuses sources sur le territoire de Péruwelz alimentent plusieurs ruisseaux qui se rejoignent dans la Verne à Wiers près de l’actuelle frontière franco-belge.
Paysage préhistorique (après la dernière période glaciaire) : la limite occidentale de la Forêt Charbonnière, avec des zones humides en fond de vallée
Nature du sol : alluvionnaire en fond de vallée, sablonneux de part et d’autre
Nature du sous-sol : grès (dit de Grandglise) sur les crêtes, schiste, la roche calcaire affleure en fond de vallée
Légendes
L’historien Jaques de Guise (XIIIème siècle) rapporta dans ses annales des évènements qui, pour les historiens modernes, s’avérèrent inexacts. Selon lui (et ses sources), les Romains de Jules César établirent un camp sur le territoire de Péruwelz, alors qu’ils assiégeaient les villes de Fanum Mercurii (Blaton) et de Chièvres. Il y aurait eu à cette époque un fort gaulois sur le Mont-Brutus (actuellement Bon-Secours) pour protéger la ville de Mercure (Blaton). Celle-ci fut finalement prise et détruite par les Romains. Plus tard, Ablatonas se releva de ses cendres.
Quant au village antique de Péruwelz, établi au pied du Mont-de-Péruwelz, il aurait été détruit par les Burgondes en 413. On l’aurait reconstruit et il aurait encore été victime des Vikings au IXème siècle.
Tout ceci s’est révélé faux et provient d’une interprétation douteuse des écrits de Jules César lui-même.
Préhistoire
Paléolithique inférieur (Homo Heidelbergensis) : non documenté
Paléolithique moyen (Homo Neandertalensis) : On aurait trouvé dans l’ancienne carrière de sable du « Nouveau-Monde » (Bon-Secours) des vestiges datant de 75.000 ans, soit lorsque l’homme de Neandertal était le seul occupant de l’Europe : des outils de la culture moustérienne (bifaces, racloirs, pointes) et du débitage Levallois (pointes).
Paléolithique supérieur (Homo Sapiens) : non documenté
Mésolithique (Homo Sapiens) : non documenté
Néolithique (Homo Sapiens) : non documenté à Péruwelz même, mais des silex taillés de cette époque ont été trouvés sur le « Mont de la Garenne » à Wiers.
Ages des métaux : non documenté
Antiquité gallo-romaine
Dans tout le Péruwelzis, ont été découverts des vestiges de la période gallo-romaine, appartenant à des petits ensembles artisanaux. Jusqu’aujourd’hui, aucune découverte évoquant une villa romaine n’aurait été faite. Ce n’est pas exclu, car on aurait trouvé des sépultures gallo-romaines (site ?) allant du Ier au IIIème siècle.
En 1838 déjà, on aurait découvert un vase étrusque et des antiquités romaines. Au XIXème siècle, sans qu’on ait plus de précision, on aurait trouvé des structures appartenant à un fort au hameau d’Outre-l’eau (terre de la Citadelle). D’autres vestiges auraient encore été trouvés en 1825 lors du creusement du canal (sources : abbé Petit).
On aurait mis au jour au hameau de la Boitrie des traces d’occupation gallo-romaine du IIème siècle (pas de précision).
Sur le site de « Belle-Vue », le long de l’autoroute A16, (CAW, J. Dufrasnes, 1995), on a ramassé des fragments de tuiles, un tesson de céramique sigillée. A cet endroit, d’autres découvertes ont été réalisées antérieurement, pouvant faire penser à un petit site gallo-romain (sans précision).
Près du chemin de Sainte-Brigitte (CAW, J. Dufrasnes, 1999), fut trouvée dans un champ une fibule gallo-romaine en bronze (probablement Ier siècle).
Sur le territoire de Péruwelz, là où passe la Verne, il existait un passage à gué, qui aurait été empierré. Celui-ci se serait trouvé sur une chaussée romaine secondaire (diverticulum) joignant la chaussée Bavay-Tournai à celle de Bavay-Blicquy-Velzeke (Gand).
Premier Moyen-Age (période franque mérovingienne et carolingienne)
Les vestiges d’époque mérovingienne paraissent assez rares. On sait que le territoire de Péruwelz se trouvait dans le Pagus Bracbatensis, ancien comté de Brabant, aussi appelé Burbant, qui s’étendait entre l’Escaut et la Haine.
Deuxième Moyen-Age – la localité
Première mention: 881
Toponymie (anciennes orthographes) :
- Petra (881)
- Pereweis (1026)
- Petrae Boserae (1040, diplôme de l’empereur Henri III)
- Petrewez (1183, bulle du pape Lucius III)
- Mons Petrorus (1185)
- Piereweiz (1186, bulle du pape Urbain)
- Pierwez (1191, bulle du pape Célestin)
- Perues (1201, opera diplomatica)
- Peyveves (1262)
- Pierwees (1285)
- Peruwelz.
Etymologie (hypothèses d’origine du nom) : Péruwelz viendrait de petra– (pierre, en latin) et de –wez (plaine, en tudesque), ce qui correspondrait à « plaine aux pierres ». D’autres étymologistes pensent que « -welz » vient de –wadum, qui signifie « gué ». L’endroit s’appellerait alors « gué empierré ». Les deux hypothèses se tiennent. Le sous-sol de la région est riche en pierres. La localité est née à proximité d’un gué sur la Verne qui aurait été empierré. Y passait ce chemin romain qui joignait les deux chaussées citées plus haut, chemin qui, au moyen-âge et plus tard, relia Valenciennes à Gand.
Epoque de l’apparition d’une communauté villageoise : au Xème ou XIème siècle (probable) sur la rive gauche (sud) de la Verne, en un endroit non inondable, le long de la chaussée en direction de Condé. Il s’agissait à l’origine d’un noyau d’habitation de paysans et de quelques artisans.
Facteurs ayant favorisé son émergence :
– voies de communication: l’ancien diverticulum romain, devenu voie de communication importante à partir du Moyen-Age
– sources d’eau ou cours d’eau: la Verne
– source de bois: région très boisée
– proximité d’un lieu de pouvoir: le château local
Paroisse dédiée à Saint-Quentin
Evêché: de Cambrai jusqu’en 1803
Décanat/doyenné: Saint-Brice à Tournai
Autel (dîmes, entretien de l’église, nomination des officiants) donné en 1105 à l’abbaye d’Aubechies par Odon, évêque de Cambrai, puis en 1119 à celle de Saint-Ghislain quand l’institution d’Aubechies passa dans les possessions de celle de Saint-Ghislain.
Répartition des pouvoirs pendant la période féodale (jusqu’en 1792/1794)
Autorité supérieure: Le domaine de Péruwelz appartint dans un premier temps au « Pagus Bracbatensis » (en réalité une partie du Brabant primitif, appelé Burbant). La partie occidentale de celui-ci fut transformé en « marche d’Ename » en 951. Celle-ci fut rattachée en 1050 au comté de Hainaut.
Autorité sous-jacente (administrative et judiciaire): châtellenie d’Ath (à partir du XIIème siècle)
Seigneurie
La seigneurie de Péruwelz fut une des quarante-quatre baronnies du comté de Hainaut. La charge (plus symbolique que réelle) de bouteiller (ou d’échanson) du comté fut attachée au domaine de Péruwelz à partir du XIVème.
Selon Vinchant, la comtesse Richilde (milieu du XIème siècle) aurait attribué la charge de chambellan du Hainaut au seigneur de Péruwelz. On ne connait pas de seigneur à cette époque. Il n’est donc pas sûr que cette assertion soit exacte.
Plusieurs familles seigneuriales se succédèrent sur le domaine de Péruwelz.
Famille de Péruwelz
Elle apparaît au début du XIIème siècle à la tête de la seigneurie. S’agissait-il d’une famille locale à qui le comte de Hainaut confia la gestion seigneuriale du domaine ? S’agissait-il d’une famille extérieure à qui un comte de Hainaut, propriétaire du domaine, aurait confié la propriété et les droits seigneuriaux et qui aurait pris le nom du domaine ? Nous n’avons pas de renseignements à ce propos.
Cette famille est assez mal documentée. On en cite plusieurs personnages, sans que l’on puisse toujours savoir quels liens familiaux les unit et lesquels furent réellement seigneurs du lieu. De plus, certains généalogistes ont confondu les familles de Péruwelz (en Hainaut) et de Perwez (en Brabant), erreur qui peut s’expliquer par les anciennes façons d’orthographier ces deux domaines dont l’étymologie doit être semblable.
- Gauthier de Perwez est cité dans un acte en 1105 où il donne quelques serfs à l’abbaye de Saint-Ghislain, coutume fréquente à cette époque. Il semble qu’il soit le plus ancien seigneur de Péruwelz, dans l’état actuel des connaissances.
- Baudouin de Perwez est cité en 1137 et en 1157.
- Colard (ou Nicolas) de Péruwelz (1120- ?) a épousé Jeanne d’Antoing (1110-1162)
- En 1172, un Nicolas de Pierewees/Peruwez accompagna le comte de Hainaut Baudouin V lors d’un conflit avec le duc de Limbourg. Il pourrait être le fils du précédent. En 1190, il partit sous les ordres de Jacques d’Avesnes pour la troisième croisade. Il en revint et accéda à la demande de ses vassaux qui réclamaient la confirmation des libertés dont ils jouissaient déjà.
- Au milieu du XIIIème, un autre Nicolas de Peruwez, chevalier, est aussi cité en 1243 dans un acte d’asservissement (don de serfs) au monastère de Saint-Ghislain.
- A la même époque, il existe un Enguerran de Peruwez, mort sans postérité.
- Il existait aussi un Allard de Péruwez (v1278-1308) seigneur du lieu, qui épousa Béatrix de Trazegnies.
- Baudouin de Péruwelz (1270, Péruwelz- ?), écuyer, fut probablement le dernier seigneur mâle de la famille de Péruwelz. Il avait épousé Isabelle du Roeulx, fille d’Eustache V du Roeulx. Les époux fondèrent un hôpital en 1308. Selon les sources, ils eurent une ou deux filles:
- Marie de Péruwelz (1305- ?), qui épousa Gilles de Cordes (incertain)
- Isabeau/Jeanne de Péruwelz (v1285-apr1346), dame héritière de Péruwelz, de Hierges, de Beauraing et de Glayon, qui épousa un membre de la famille de Berlaymont.
Ses membres étaient des descendants de Gilles de Chin, célèbre chevalier du début du XIIème siècle. Ce sont eux qui apporent la charge de bouteiller du comté pour la lier au domaine de Péruwelz. Berlaimont est une localité située au sud de Bavay. Leurs seigneurs ne résidèrent pas au château de Péruwelz. Ils y nommèrent un bailli. Rifflars de Wachoeul est le premier bailli mentionné, cité en 1412.
- Gilles VII de Berlaymont (v1325- ?), (parfois appelé Jean), déjà seigneur de son domaine, devint seigneur de Péruwelz par son mariage avec Jeanne/Isabeau de Péruwlez, héritière de son domaine. Lui succédèrent :
- Gilles VIII de Berlaymont ( ?- 1415, Azincourt), fils du précédent
- Lancelot de Berlaymont ( ?- 1484), fils du précédent, qui fut au service de l’archiduc Maximilien d’Autriche. Il mourut sans héritier.
- Gilles IX de Berlaymont ( ?- ?), frère du précédent. Il eut une fille :
- Gillette de Berlaymont ( ?-1546), héritière de ses domaines, dont Berlaimont et Péruwelz. Elle épousa Louis Rollin (v1447-1528), seigneur d’Aymeries et d’Houdeng-Aymeries, petit-fils de Nicolas, le célèbre chancelier de Philippe le Bon. Ils n’eurent pas d’enfant. Veuve, elle adopta un cousin éloigné d’une branche cadette à qui elle légua tous ses biens.
- Charles de Berlaymont (1510-1578, Namur), cousin de Gillette. Il appartenait à la branche cadette Berlaymont-Floyon. Il fut élevé au grade de comte de Berlaymont en 1574. Il fut un conseiller de la gouvernante Marguerite de Parme pendant la période des guerres religieuses. Il assista à l’entrevue où les calvinistes vinrent demander un arrêt de l’inquisition à leur égard. On impute à Charles le mot de « gueux » qu’il aurait proféré et qui est resté l’attribut des réformistes révoltés dans les années qui suivirent.
- Florent de Berlaymont (v1550-1626, Namur), fils du précédent, qui se mit au service des gouverneurs nommés par le roi d’Espagne, notamment des archiducs Albert et Isabelle. Il eut deux filles. L’aînée, Marie-Marguerite de Berlaymont (1589-1654), comtesse de Berlaymont et dame de Péruwlez, épousa Louis d’Egmont (v1600-1654).
Maison de Croÿ (branche de Solre)
- En 1641, Philippe Emmanuel Antoine Ambroise de Croÿ (1611-1670), comte de Solre, seigneur de Condé, grand veneur de Hainaut, acheta le château de Péruwelz et la seigneurie. Dès 1643, il transforma le château qui devint la résidence d’été des de Croÿ. La demeure possédait encore des structures du XIIème (pont-levis, larges fossés, prisons, …). Le moulin banal à eau se trouvait à proximité. Cependant en 1649, il alla résider à Condé.
- Philippe Emmanuel Ferdinand François de Croÿ (1641-1718, Paris), fils du précédent. Officier dans l’armée d’Espagne, il passa après le Traité de Nimègue de 1678 dans celle du roi Louis XIV.
- Philippe Alexandre Emmanuel Ferdinand de Croÿ (1676-1723, Condé), fils du précédent. A ses seigneuries de Condé et de Péruwelz, il ajouta par son mariage celle de Bernissart.
- Anne Emmanuel de Croÿ (1718, Condé-1784, Paris), fils du précédent, acheta la seigneurie de Blaton en 1752. En 1778, par lettre patente de l’impératrice Marie-Thérèse, la baronnie de Péruwelz fut réunie à celle de Condé pour former, avec d’autres seigneuries limitrophes, l’apanage de la maison de Croÿ.
- Anne Emmanuel Ferdinand François de Croÿ (1743, Paris-1803, Le Roeulx), fils du précédent. Officier supérieur dans l’armée française, il émigra en 1791. Ses biens furent séquestrés et il perdit ses droits féodaux en 1791 en France et en 1795 en Belgique.
- Le domaine de Péruwelz resta une propriété de la famille de Croÿ. En 1799, le château et les dépendances devinrent des biens nationaux et furent vendus aux enchères à Charles-Joseph Messine qui revendit le tout trente-neuf ans plus tard à Emmanuel-Maximilien de Croÿ-Solre.
Evènements et faits marquants sur le sol de la commune
XIVème siècle
En 1308, Baudouin, sire de Péruwelz et son épouse Isabelle du Roeulx créèrent un hôpital des pauvres à Péruwelz (emplacement de l’actuel Château Petit, rue Albert Ier). Il se trouvait donc à proximité du château seigneurial, du moulin et de l’église (square Albert Ier).
Progressivement le village se transforma grâce à l’artisanat et le commerce, sur la rive gauche de la Verne en direction de Condé, le long de la rue de Sondeville (rue « au-dessus de la ville »).
Pendant la guerre de Cent Ans (1337-1453), la majorité des seigneurs du Péruwelzis participèrent aux différents conflits. Certains d’entre eux (Péruwelz, Wiers) périrent lors de la bataille d’Azincourt en 1415. Leurs châteaux (Briffoeil, Biez, Péruwelz, …) subirent quelques attaques et sièges. C’est au cours de ces années que la plupart des éléments défensifs furent construits ou améliorés.
XVème siècle
En 1477, le roi Louis XI de France, voulant se venger des avanies subies de la part de Charles le Téméraire, duc de Bourgogne et souverain des Etats Bourguignons (dont le Hainaut faisait partie), s’attaqua aux domaines de sa fille, Marie de Bourgogne. Il envahit la région de Valenciennes. Son objectif était de pousser la population à se rebeller contre l’autorité en place. Cantonné aux environs de Leuze, le roi de France envoya ses troupes piller les fermes et saccager les champs afin de mettre à mal l’économie hennuyère. Les lieux fortifiés subirent très peu de dommages, ce qui ne fut pas le cas des fermes seigneuriales. Après plusieurs mois, Maximilien d’Autriche, époux de la duchesse Marie de Bourgogne, finit par chasser les troupes de Louis XI.
XVIIème siècle
Péruwelz, grâce à son économie et son commerce, se transforma en une bourgade bourgeoise. Les familles principales, qui se consacraient à la fabrication de bas, à la teinturerie et au négoce, se firent construire de belles demeures autour de la place et des rues principales. On assécha les zones humides de la rive droite de la Verne (future Grand-Place). C’est là qu’on installa le pilori. Une grande partie des maisons en torchis et toit de chaume furent remplacées par des édifices construits en pierre et en brique. On produisait celle-ci à grande échelle dans le village voisin de Bury, dont le sol est argileux. On aménagea la forêt au sud du village par de larges drèves pour la promenade. On s’y rendait par l’une d’elle qui deviendra le boulevard Léopold III.
En 1627, le comte d’Egmont, seigneur de Péruwelz, céda l’hôpital des pauvres à la Congrégation des sœurs Brigittines (de l’ordre du Saint-Sauveur). Elles s’y installèrent en 1632 et fondèrent le Couvent de Sainte-Marie-aux-Fontaines (actuel Château Petit, 56, rue Albert Ier). On y trouvait une église, un enclos et un jardin.
En 1641, il vendit le château et la seigneurie à Ambroise de Croÿ, comte de Solre.
La deuxième moitié du siècle fut marquée par les guerres d’invasion de Louis XIV qui cherchait à agrandir son territoire aux dépens des Pays-Bas Espagnols. Il y parvint en partie, puisque le traité de Nimègue de 1678 lui attribua la prévôté de Valenciennes, dont Condé faisait partie. Péruwelz devint ville frontière. Les de Croÿ devenaient seigneurs des deux villages (et d’autres) de part et d’autre de la frontière, vassaux d’un côté du roi de France et de l’autre du roi d’Espagne, puis de l’archiduc d’Autriche (donc de l’empereur de Germanie) à partir de 1713.
XVIIIème siècle
Une longue période de paix s’ensuivit, favorable au commerce et à l’économie. Les familles de la bourgeoisie, occupées par la fabrication et le commerce de la laine, s’investirent dans d’autres domaines, notamment l’industrie du cuir (tanneries, cordonneries, pelleteries, …), la production de chaux, la transformation du métal.
Cette période faste fut interrompue, sans trop de mal, par une nouvelle guerre d’invasion, cette fois de la part du roi Louis XV. En 1745, lors de la bataille de Fontenoy, les villages durent verser des sommes d’argent aux belligérants afin d’éviter les pillages.
En 1774, avec l’accord de l’impératrice Marie-Thérèse, une nouvelle chaussée pavée relia Péruwelz à la barrière de Bury, financée par un impôt sur la vente de bière et de vin dans la seigneurie et par un droit de passage (tonlieu) à une barrière. La même année, on construisit aussi le pavé allant de Bon-Secours à Péruwelz, en partie aux frais du duc de Croÿ. En 1779, Bon-Secours fut relié à Condé.
En 1784, l’empereur Joseph II, dans sa politique de réforme, supprima le couvent des Brigittines, où l’on enseignait, ce qui fut préjudiciable pour l’éducation des jeunes de la cité. La propriété fut vendue par lots.
A la fin du siècle, à l’initiative des de Croÿ, on effectua divers forages en vue de trouver des veines de houilles.
Pendant ce siècle, l’habitat s’est densifié à Péruwelz, notamment avec l’arrivée d’ouvriers. Les fermes se sont également agrandies pour pourvoir à l’alimentation d’une population plus importante. De nouvelles terres furent asséchées. On y comptait près de 5000 habitants.
La commune
Une première loi, instaurant une commune (avec maïeur et échevins) fut mise par écrit dès le XIIème siècle. On y suivait la coutume de Valenciennes. Cette charte fut confirmée par le sire Nicolas de Péruwelz à son retour de la IIIème croisade. Elle permettait aux échevins de rendre la basse justice. Ce document fut brûlé dans un incendie. On la renouvela en 1419.
Deux marchés hebdomadaires et une foire annuelle ont été instaurés à Péruwelz à des dates non connues.
La période française (1792/1794-1814)
En 1792, des troupes autrichiennes furent cantonnées à Péruwelz. Dans le courant du mois d’octobre, des colonnes françaises de soldats révolutionnaires pénétrèrent dans la région de Blaton et de Péruwelz. Ils procédèrent à des réquisitions. Des témoignages font état de la destruction d’une partie des bâtiments du couvent des Brigittines à Péruwelz.
Avec la Révolution et l’abolition des droits féodaux, la bourgeoisie industrielle et commerçante locale s’émancipa de l’aristocratie des de Croÿ et fit prospérer Péruwelz. Elle racheta de nombreux « biens nationaux », soit d’anciennes propriétés seigneuriales ou religieuses confisquées par les occupants et leurs collaborateurs.
Sur le plan religieux, le Concordat, signé le 16 juillet 1801 par Bonaparte, redessina les diocèses. Le Hainaut fut transféré de celui de Cambrai à celui de Tournai.
En 1814, Napoléon et ses armées, après la défaite de la campagne de Russie, rentra au pays. Il était suivi par les troupes alliées qui le poursuivaient. Le 10 février 1814, des troupes de Cosaques pillèrent, pendant quatre jours, les commerces de la ville. Elles firent place, le 14 février, aux Prussiens qui resteront jusqu’au mois de juillet.
Période hollandaise (1814-1830)
Péruwelz obtint le titre de ville en 1816 sous le régime hollandais.
Le roi Guillaume Ier des Pays-Bas, dans son souci de favoriser l’économie, autorisa la construction du canal Pommeroeul-Antoing en 1823-1826. Il permettait de court-circuiter la douane française de Condé où de lourdes taxes d’importation grevaient le commerce fluvial. A Péruwelz, on aménagea des quais de déchargement (de matières premières). Ce qui aida le développement industriel.
Sous Napoléon, le blocus du commerce maritime français par les Anglais réduisit l’importation de sucre de canne. On commença à cultiver la betterave sucrière pour compenser. Quatre sucreries furent créées à Péruwelz. L’exportation du sucre fut favorisée par le roi Guillaume Ier des Pays-Bas. Cette industrie restera florissante jusqu’en 1870.
Le roi lui-même vint en visite dans la ville en 1829.
Un an plus tard, les Belges se révoltaient contre la tutelle hollandaise. Elle fut renversée lors des journées de septembre. De Péruwelz partit une compagnie de volontaires forte d’une septantaine d’hommes. Ils participèrent aux combats de Waelhem, Berchem, Anvers…
Répartition des pouvoirs pendant la période contemporaine (à partir de 1830)
- Etat: le royaume de Belgique
- Province: Hainaut
- Arrondissement administratif et judiciaire : de Tournai
- Canton: Péruwelz (chef-lieu)
Au XIXème siècle, se poursuivit la prospérité de la ville, grâce à son industrie et son commerce, grâce aussi à sa situation favorable comme ville-frontière sur l’axe routier allant de Gand à Valenciennes. Ce fut l’occasion de donner un nouveau cachet urbain à la cité.
En 1846, la Ville acheta une maison sur la Grand-Place pour en faire son hôtel de Ville et sa Justice de Paix (n°2). On la rénova et on lui donna une apparence classique.
Vers 1860, le curé fit appel à la Congrégation des Sœurs de Saint-Charles de Wez pour créer une école chrétienne. Elles achetèrent la maison Castiau (rue Pont-à-la-Faulx). On y aménagea un pensionnat et une chapelle.
En 1861, fut fondé un nouvel hôpital par Me Marie-Rosalie Petit.
L’école moyenne des garçons vit le jour en 1864.
De 1867 à 1870, le chemin de fer s’installa à Péruwelz. On aménagea d’abord une gare-baraquement à La Buissière. En 1868, Anzin fut relié à la frontière. En 1869 et 1870, on vit l’achèvement de la ligne Saint-Ghislain-Tournai, par Péruwelz et Antoing. Une nouvelle gare fut construite, avec un entrepôt (détruit en 1984), un bureau des recettes et un bureau des douanes. Un nouveau quartier apparut autour de cette gare, avec ses hôtels et ses commerces.
Le XIXème fut aussi prospère que les précédents et semble être resté à l’abri des grands mouvements sociaux que l’on connut dans les bassins houillers voisins. La population s’accrut. L’habitat continua de progresser à partir du centre. Des maisons bourgeoises, mais aussi des masures ouvrières virent le jour dans de nouveaux quartiers. On créa de nouvelles rues. La drève de Péruwelz à Bon-Secours se transforma en boulevard (appelé plus tard Léopold III), bordé de demeures bourgeoises. Le cimetière fut déplacé.
La Belgique ne fut pas directement impliquée dans ce conflit de 1870 qui opposa la France voisine et l’Allemagne. Cependant, dès les 5 et 6 septembre, le Péruwelzis vit l’arrivée des habitants de Condé et de Valenciennes, suivis de ceux des villages avoisinants. Cet afflux était constant et, le 24 octobre, des gardes vinrent de Leuze renforcer le dispositif de contrôle. Cela resta insuffisant et, au mois de décembre, il fallut avoir recours à une compagnie de Tournai pour empêcher l’introduction de la peste bovine sur notre territoire.
En janvier 1871, on eut encore besoin de quelques 300 hommes supplémentaires pour maintenir l’ordre en ville.
C’est en 1880 que l’on construisit l’école moyenne des filles, en style renaissance.
En 1900, on comptait sur le plan industriel des sucreries, trois filatures, des manufactures du cuir (tanneries, cordonneries, fabriques de chaussures), une fonderie, des carrières, des scieries, … On se tourna aussi vers les produits chimiques, la fabrication d’objets en celluloïd et de produits en béton.
Première Guerre Mondiale
Le Péruwelzis n’échappa pas à l’occupation allemande. Excepté quelques escarmouches, le 23 août 1914, dans le bois de l’Hermitage à Condé, entre des Uhlans et des Français, aucun combat n’eut lieu sur le sol péruwelzien. Mais la ville fut traversée par le deuxième corps d’armée allemand. Le village fut occupé plus de quatre ans. Une sucrerie fut transformée en dépôt de munitions. Une tannerie servit de gare de transition. Le couvent des Bernardines de Bon-Secours fut aménagé en hôpital. Le château de l’Hermitage (côté français dans le bois) servit de Kommandantur.
Les Allemands occupèrent les villages jusqu’au 7 novembre 1918, date à laquelle ils quittèrent la région en détruisant les ponts et les carrefours. Le lendemain, des troupes anglaises passaient la frontière.
Le 5 décembre de la même année, le roi d’Angleterre, George V, s’arrêta brièvement sur la Grand’Place de Péruwelz.
Deuxième Guerre Mondiale
Dès 1938, les autorités militaires craignaient déjà une attaque allemande. Par précaution, des tranchées furent creusées et les ponts situés aux abords du canal à Roucourt furent constamment surveillés.
La population évacua en France sous les mitraillades des avions ennemis dès l’invasion allemande.
L’occupation s’ensuivit. Finalement, en septembre 1944, l’occupant se replia sous la pression des Anglais et des Américains.
La fusion des communes en 1976 rassembla dans l’entité communale de Péruwelz les villages suivants : Baugnies, Bon-Secours, Braffe, Brasménil, Bury, Callenelle, Roucourt, Wasmes-Audemetz-Briffoeil et Wiers.
Economie
Dans les villages, l’économie dominante était dès le Moyen-Age l’agriculture et l’élevage. On y associait des activités artisanales annexes.
Il existait un moulin à eau, attesté en 1302. La roue à aubes était actionnée à partir d’une réserve d’eau. On y a construit au XVIIIème siècle « la maison du moulin » (rue Albert Ier, 20) et on a comblé la mare d’eau en 1865. Les aménagements en façade datent de 1732. On y voit les armoiries de Marie de Milendonck, veuve du seigneur Alexandre de Croÿ. La propriété fut vendue comme bien national par les Révolutionnaires. Un certain Trufin l’acheta en 1809 pour continuer l’activité de meunerie. En 1885, on le fit fonctionner avec une machine à vapeur. Peu après, on y arrêta les activités, déplaçant le moulin le long du canal.
Des brasseries, associées à des estaminets, émaillaient le village.
Progressivement, comme dans beaucoup de villes de Flandre et de Hainaut, on instaura des activités textiles : traitement de la laine et du lin (filage, tissage, teintureries, bonneteries, fabrication de bas), ainsi que du cuir (tanneries, cordonneries, …)
Au XVIIIème siècle, la métallurgie pouvait compter ici sur des boulonneries et des chaudronneries.
Exploitation du sous-sol
Dès l’époque romaine, on a extrait du sous-sol de la pierre. Au hameau du Noeumoulin, le calcaire était extrait uniquement en surface à cause de la montée d’eau dans les carrières. Celles-ci serviront de viviers aux seigneurs de Péruwelz pendant le Moyen-Age.
La pierre de sable (ou grès de Grandglise) fut retirée des crêtes sableuses à Bon-Secours (le Manège), à Wiers (Mont-de-la-Garenne) et au Mont de Roucourt. On utilisa les moellons pour la construction.
Au XVIIIème siècle, Emmanuel de Croÿ entama une vaste campagne de prospection houillère sur ses terres. On découvrit plusieurs veines de charbon dans la forêt de Bon-Secours. Mais c’est surtout à Condé et à Fresnes qu’on commença à exploiter plus intensément. C’est lui qui fonda en 1757 la Compagnie des Mines d’Anzin, dont le siège se trouvait en son château de l’Hermitage à Condé.
Commerce
Péruwlez a beaucoup bénéficié du commerce de transit entre Valenciennes et Gand. La création d’une nouvelle frontière en 1678 (traité de Nimègue) a renforcé l’importance de la cité. Il faut aussi souligner que dans les deux derniers siècles de l’Ancien Régime, la famille de Croÿ était propriétaire de grands domaines de part et d’autre de cette frontière (Condé, Péruwelz, Bernissart, Blaton) et que cela favorisait le transport de marchandises.
Patrimoine
L’ancien château seigneurial. Il est attesté dès le XIIème siècle. Il se situait dans le parc où il reste quelques vestiges. Ses douves étaient alimentées par les ruisseaux et la Verne. Lorsque les Berlaimont devinrent seigneurs des lieux, ils ne résidèrent pas à Péruwelz et y laissèrent un bailli. Cependant au XVIIème siècle, le comte Louis d’Egmont commença à restaurer le château. Il fit aménager le parc et un étang. Il fit construire un nouveau corps de logis sur les assises médiévales. En 1641, le seigneur de Croÿ acquit le domaine et son château. Il acheva la restauration et les aménagements. Cette famille n’y résida que 8 ans. Elle alla ensuite s’installer à Condé, laissant un bailli sur place. Celui-ci ne semble pas s’être très soucié de l’édifice, car en 1719, Philippe Alexandre de Croÿ nota quelques interventions. Ce seigneur était un grand chasseur. Il fit construire un chenil pour ses meutes.
Lors de la Révolution, les de Croÿ se réfugièrent en Autriche. Leurs domaines furent vendus et laissés à l’abandon. Le bâtiment du château servit de résidence jusqu’en 1803 au juge de paix du canton nouvellement créé. A son retour, le duc de Croÿ racheta l’ensemble, conserva le château et vendit le domaine par parcelles dès 1809. Il fit raser les murs extérieurs, démolir le chenil, les tourelles et ce qui restait de la chapelle.
En 1842, Charles Tondreau acheta le château, puis le vendit en 1852 à une brasserie. On y fit d’importants aménagements pour en faire un bâtiment industriel.
En 1865, la Ville acheta une partie de l’étang pour en faire le parc communal. Elle acheta l’ensemble en 1982 et le domaine sera intégré au parc communal Edouard Simon. Il reste aujourd’hui la porte d’entrée (1642) et le cellier (début XVIIème).
Eglise Saint-Quentin,
Bâtiment de 1611, dont il reste la tour, gothique, qui porte encore les blasons de Berlaymont et d’Egmont. A cause de l’augmentation importante des paroissiens au XIXème siècle, on décida de raser le chœur et la nef et de reconstruire en 1847 un nouveau bâtiment en style renaissance.
La cure (rue de Sondeville, 2), deuxième tiers du XVIIIème, style tournaisien.
Basilique Notre-Dame de Bon-Secours
Selon la tradition orale, une personne au XVIème siècle plaça une « image » de la Vierge au sein d’un vieux et gros chêne. On venait s’y recueillir et demander le soulagement de ses maux. Cette époque était marquée par les guerres religieuses. Le curé Martin Lebrun préféra instaurer un culte « officiel » et édifia en 1606 un petit oratoire en l’honneur de « Notre-Dame de Bon-Secours », à la lisière du bois. On commença alors à organiser des processions et des pèlerinages depuis 1603. Une épidémie sévit dans la région en 1636. Une grande procession fut à nouveau organisée et l’année suivante on construisit une chapelle. L’endroit acquit rapidement de la renommée et son pèlerinage de la notoriété au cours des XVIIème et XVIIIème siècles.
Tout autour, un quartier de boutiques et d’auberges s’installa. On agrandit la chapelle en 1645.
En 1803, une paroisse fut érigée, succursale de celle de Péruwelz. Supprimée en 1808, elle fut finalement reconnue en 1842.
En 1885, on décida d’élever une basilique aux sorties des drèves de Péruwelz et de Condé pour en faire un véritable site de pèlerinage. Le bâtiment est construit suivant un plan centré octogonal, surmonté d’une tour-lanterne et entouré de chapelles. Deux clochers sont élevés en façade dans un style gothique scaldien. La statue de la Vierge domine le chœur. Le maître-autel a été financé par la famille de Croÿ.
Hôtel de Ville, 1846
Place
Elle est bordée de belles demeures construites à la fin du XVIIIème siècle et dans la première moitié du XVIIIème en style tournaisien, mélange d’architecture locale et classique, avec alternance de briques et de pierre bleue de Tournai (n°36-37-38 et 41). On y trouve également, en style rococo (proche du baroque), la demeure de François-Joseph Dubuisson, un négociant de bas (n°4, 1977), ainsi que celle de Nicaise Prévost, ancien maître teinturier et maïeur (1716).
Parc Communal Edouard Simon
En 1859, sous le mayorat d’Edouard Simon, on décida de combler une partie de l’étang du château, devenu un véritable égout, et d’y aménager un parc. On y planta des marronniers. Le reste de l’étang et du jardin du château (devenu brasserie) fut également acheté en 1885. Les différents cours de la Verne furent réunis en un seul qui fut voûté. En 1894, un architecte paysagiste redessina le parc pour en faire un espace de promenade. Un kiosque à musique, en style Art Nouveau, fut érigé en 1900.
Un lavoir communal (Dubuisson-Coppin) fut construit en 1860, recevant son eau de deux fontaines voisines. Il fut même couvert d’une galerie vitrée en 1912 (qui disparut plus tard). Un monument-fontaine est érigé en 1907 en l’honneur d’Edouard Simon.
Le pilori y a été placé. Il présente à son sommet une tête de lion sculptée.
D’autres parcs et squares ont également été aménagés : le square Albert Ier (1924, avec le mémorial de la Première Guerre), le parc de Keyser dans l’ancien jardin du château. L’hôtel de maître de la famille de Keyser fut acheté par la Ville en 1848 et transformé en hôtel de Ville.
Hôtels de maître
Le château Petit (rue Albert Ier, 56), édifié dans la seconde moitié du XIXème sur l’ancien couvent des Brigittines. Style des palais de la Renaissance italienne du XVIème. Edmond Petit était un industriel.
Le château Duez (bd Léopold III, 126), 1895. Style Renaissance flamande. Eugène Duez était un industriel de la filature.
Le château Beaumont (bd Léopold III, 108), 1898. Style Renaissance flamande.
Le château Marlot (bd Léopold III, 88), 1908. Style Renaissance flamande.
Maison (rue Astrid, 11), 1899. Art Nouveau (courbes végétales, emploi du fer)
Maison (rue Flament, 12). Art nouveau avec sgraffite de Cauchies.
Hôtel Simon (rue Astrid, 9), 1907. Art déco (formes géométriques). Actuel internat.
Hôtel Baugnies/Château de la Roseraie (bd Léopold III, 58). Art nouveau et art déco égyptisant. Edmond Baugnies était tanneur et homme politique. Actuel Centre de Dépaysement et de Plein Air de la Communauté Française.
Hôtel Mahieu (Vieux chemin de Leuze, 126), style anglais Arts and Crafts, 1922.
Bibliographie
Histoire de la Ville de Péruwelz, abbé Petit, Mémoires et publications de la société des sciences, des arts et des lettres du Hainaut T6, p97, Imprimerie Dequesne-Masquillier, Mons, 1871
Péruwelz, ville frontière, D. Kajdanski, Carnet du Patrimoine n°86, IPW, 2011
Toujours aussi bien résumé et documenté, merci !
Fort utile à mes futures balades guidées 🙂