Entité communale de Beloeil
Le territoire
Superficie: 819 ha
Altitude: 60 m à 70 m (moyenne)
Situation géographique : le territoire est situé sur le versant nord de la vallée de la Haine
Cours d’eau : ?
Paysage préhistorique (après la dernière période glaciaire) : boisé
Nature du sol : sablonneux, argileux
Nature du sous-sol : grès, marbres, pierre calcaire, schistes
Préhistoire
Paléolithique supérieur (Homo Sapiens) :
Quelques découvertes sans précision de dates et de lieux ont été faites se rapportant au diverses cultures qui ont traversé les premiers temps de l’homo sapiens:
- Culture aurignacienne : des lames et lamelles, des grattoirs, des pointes de harpon, des nuclei
- Culture gravettienne : des lames à dos rabattu, un harpon
- Culture solutréenne : pointes de flèches et de lances
- Culture magdalénienne : des perçoirs, des percuteurs et des nucleus
Mésolithique – Néolithique (Homo Sapiens) :
En divers endroits non précisés ont été ramassés:
- Des grattoirs, des faucilles, des perçoirs (selon CAW, 2009)
- Des haches polies (Tourneur, CAW ; Verpoort, CAW)
En des endroits précisés :
- Au « Champ de Haignois » (sortie de Quevaucamps vers Ellignies et à une centaine de mètres de la chaussée Bavay-Blicquy, en marge d’une zone marécageuse) : trois haches polies (Haubourdin, 1898 ; Braeckeleer, 1983 ; Cauwe, 1995) et un percuteur en silex (Verpoort)
- A « La Bergette » (2010, M. Verpoort) : une hache polie de type Spiennes
- Au lieu-dit « Le Lancier » : une hache polie du néolithique moyen
- Aux « Marlières » : un éclat de silex
- Sur le « Chemin des vaches » : des pointes de flèches en silex
- Au « Moulin d’en Haut » : des pointes de flèches (J. Dufrasnes)
Age du bronze – Ages du fer :
- Au lieu-dit « Rosuelles » : une hache à douille en bronze (v1910, E. Delhaye)
- « Les Marlières » (1991, prospection): des fosses domestiques ont été individualisées qui contenaient du matériel de La Tène ancien : plus de mille tessons, des fusaïoles, une perle, un objet en bronze, des fragments de poids de métier à tisser, des fragments de meules). Pas d’habitat découvert.
- A la Rue de Stambruges, une monnaie nervienne (potin rameau de type A) a été ramassée (CAW, 2017)
Antiquité gallo-romaine
Le village actuel de Quevaucamps est situé sur la chaussée romaine qui va de Bavay, via Blicquy, vers Gand et le littoral (d’où on ramenait du sel). Celle-ci est encore bien conservée à cet endroit. Elle fut bien explorée sur un tronçon en 1989. De nombreuses découvertes furent faites sur le territoire:
- Des monnaies romaines, des vases, des urnes en divers endroits non précisés
- Au « Bois de la Berlière » (nord-est du village, XIXème, Haubourdin) : un caveau funéraire, avec du mobilier : urne funéraire, monnaies, écuelle, assiette, cruche (fin Ier, début II), pièces de monnaie (naulum). Plus récemment (CAW 2017), une fibule du Ier siècle a été trouvée.
- Au lieu-dit « Le Lancier » (est du village, 1990) : des traces d’occupation gallo-romaine en deux endroits distincts, le long de la chaussée Bavay-Blicquy : des tessons de céramique commune, de dolia, un gobelet en céramique sigillée, quelques rares fragments de tegulae, des sesterces (Antonin le Pieux, Faustine I, 141-161)
- A l’est du « Le Lancier » (1990 , Dufrasnes) : d’autres traces d’occupation le long de la chaussée (tessons de céramique commune, de dolia, fragments de gobelet en sigillée, fragments de tegulae, un sesterce d’Antonin le Pieux
- (où ?) 1993 : un fragment de meule en arkose
- (où ?) : des fragments de fours de potier (fin IIème, début IIIème)
Les deux sites suivants, situés de part et d’autre de la chaussée romaine au nord de l’actuel village ont donné des indices démontrant un habitat très structuré :
- « Champs du Haignois » (sortie de Quevaucamps vers Ellignies, à une centaine de mètres à l’ouest de la chaussée Bavay-Blicquy, en marge d’une zone marécageuse (1987, de Braekeleer): un site gallo-romain d’une dizaine d’ares est désigné par de grandes quantités de tegulae, d’imbrices, des bases de colonnes en grès de Grandglise, des pierres. Il s’agit d’une construction gallo-romaine, pour laquelle on a aussi trouvé :
- Des tessons de céramique Ier et IIème, y compris de la céramique sigillée (importée)
- Quelques objets en bronze (cheville, anneau, cuillères, fibule),
- Des monnaies (Hadrien, Trajan)
Il s’égit d’une probable villa imposante et somptueuse datant au moins du IIème siècle.
- « Les Marlières (Paradis des Qu’vaux), à l’est de la chaussée. A proximité du site de la Téne (cité plus haut), un site qui mélangeait des indices des deux périodes (pouvant indiquer la continuation d’exploitation d’une ferme gauloise après la conquête romaine). Le nom du site vient de « marnières » ou « marlières », endroits où l’on extrayait de la marne. On y a trouvé :
- Des statuettes en bronze de Mercure et de Mars, fin Ier – IIème siècle
- Un puits romain à double cuvelage (fouillé par Mr Demarez)
- Des tessons de céramiques (dont de la sigillée), fragments de meules
- Des traces de foyer et de torchis
- Des objets en fer (lance, rasette à pétrin)
Il pouvait s’agir d’un autre habitat ou plus probablement d’une dépendance du site précédent.
- « Les Rosuelles » (où ?) : quelques traces d’habitation, d’après des fragments de céramique commune et sigillée, des tegulae, des fragments de plat en bronze, de meule en arkose. Une hache de bronze à emmanchement par douille du Ier siècle (découverte par E. Delhaye v.1900). A proximité :
- Des statuettes (1845)
- Une monnaie de Commode (1966)
- Une meule laténienne (Rosuelles, 1985)
- À la plage de sable ( 1968) : un puits romain profond de 6m, avec cuvelage en pierres de Basècles
En conclusion, de cette période on peut retenir un habitat gallo-romain relativement important sur l’actuel territoire de Quevaucamps, avec des vestiges en divers lieux plus ou moins éloignés l’un de l’autre, mais à proximité de la chaussée romaine. Sans doute une villa gallo-romaine d’un personnage relativement riche, au Haignois. Il est difficile de donner d’autres précisions sur les vestiges plus éloignés ni sur la persistance dans le temps. Probablement que ces habitats ont périclité puis disparu, comme beaucoup d’autres, au IIIème siècle lors de la grande crise économique de l’empire romain.
Premier Moyen-Age (période franque mérovingienne et carolingienne)
Au lieu-dit « Les Saudrillons », des fouilles (mal organisées) ont révélé des tombes d’époque mérovingienne du VIIème et VIIIème siècle (sur base de datation C14 d’ossements).
Deuxième Moyen-Age – le village
Première mention: ?
Toponymie (anciennes orthographes) : ?
Etymologie (hypothèses d’origine du nom) :
La signification du nom provient de « camp » ou « champ » de chevaux.
Epoque de son apparition: entre le Xème et le XIIème siècle
Facteurs ayant favorisé son émergence :
– voies de communication: la chaussée romaine antique, les chemins médiévaux de Saint-Ghislain à Tournai et de Condé à Chièvres
– sources d’eau ou cours d’eau: ?
– source de bois: tout ce versant était boisé
– proximité d’un lieu de pouvoir: ?
Paroisse dédiée à Saint Jean-Baptiste. Elle était une dépendance (secours) de celle de Stambruges. Les villageois suivaient la messe dans une chapelle, dédiée à St Jean-Baptiste, messe dite par le curé de Stambruges qui s’occupait du culte et entretenait les lieux grâce à la dîme (impôt en nature) prélevée dans chaque foyer.
Evêché: de Cambrai (jusqu’en 1804), puis de Tournai ensuite
Décanat/doyenné: Chièvres
Autel (dîmes, entretien de l’église, nomination des officiants) donné à l’abbaye de Saint-Ghislain en 1138 par Nicolas II, évêque de Cambrai. ce qui fut confirmé par une bulle du pape Lucius en 1183.
Répartition des pouvoirs pendant la période féodale
Autorité supérieure: comté de Hainaut
Autorité sous-jacente (administrative et judiciaire): prévôté de Mons
Seigneuries et fiefs
Comme pour les villages voisins (Stambruges, Grandglise, Wadelincourt), Quevaucamps se trouvait au XIIème siècle dans de vastes domaines qui appartenaient aux comtes de Hainaut. Tous ces villages avec une partie de Bernissart et de Harchies (Préaux) furent intégrés dans la grande seigneurie de Blaton et donnée en fief aux seigneurs de Caudry, une famille proche du pouvoir comtal.
Issue d’un village du Cambrésis. Quelques-uns de ces seigneurs sont mentionnés dans le chapitre consacré à Blaton.
Comtes de Hainaut
Au début du XIIIème siècle, le comte Baudouin VI de Hainaut (IX de Flandre) partit à la Croisade (4ème) où il participa à la prise de Constantinople (1204). Il y fut choisi comme empereur et il décéda l’année suivante. Ayant laissé deux filles mineures, il donna la tutelle de celles-ci et la régence du comté à son frère Philippe « le Noble ». Ce dernier s’est emparé de la seigneurie de Blaton au détriment des Caudry. Par une charte de mars 1204, Philippe le Noble, céda aux habitants de Quevaucamps et de Grandglise le pâturage de cette localité contre une rente. Il mourut sans héritier et la seigneurie fut administrée par les comtes eux-mêmes jusqu’à la fin du siècle.
Jean d’Avesnes, fils de Bouchard d’Avesnes et de la comtesse Marguerite de Hainaut-Flandre, donna la seigneurie de Blaton et ses dépendances au fils cadet de Siger I, seigneur d’Enghien. Trois Arnould vont se succéder sur un quart de siècle. Le troisième ayant connu des vicissitudes, la seigneurie revint de nouveau à la famille comtale. Elle « transita » un peu, puisqu’elle se retrouva aux mains du roi de France, Philippe V de Valois, puis dans celles des comtes Guillaume I et Guillaume II de Hainaut, avant d’être donnée au comte de Flandre, Louis de Nevers.
Maisons de Flandre, de Bourgogne et d’Autriche
En l’espace de deux siècles, la seigneurie de Blaton et ses dépendances vont être administrées par ceux qui porteront le titre de comte de Flandre, sans doute par l’intermédiaire d’un prévôt. Louis de Nevers et son fils Louis de Male furent les derniers comtes de Flandre à part entière. La fille héritière du deuxième, Marguerite de Male épousa le duc de Bourgogne, Philippe le Hardi. Leurs descendants vont leur succéder: Jean-sans-Peur, Philippe le Bon, Charles le Téméraire, Marie de Bourgogne et son époux Maximilien archiduc d’Autriche, Philippe le Beau, leur fils et Charles Quint, leur petit-fils.
Dans le chapitre consacré à Blaton, tout ceci est repris plus en détail.
Le 16 décembre 1545, Charles Quint accorda à Philippe II de Croÿ (1496-1549), duc d’Aerschot, les terres et seigneuries de Quevaucamps, Grandglise, Fegnies, Wadelincourt, démembrées de la seigneurie de Blaton, pour être tenues en un seul fief à relever du comte de Hainaut, en échange de la ville et de la terre de Landrecies. Lui succédèrent :
Charles de Croÿ (1522-1551), fils du précédent, mort sans postérité
- Philippe III de Croÿ (1526-1595), frère du précédent
- Charles III de Croÿ (1560-1612), mort sans postérité. Son vaste domaine fut partagé.
Il semblerait qu’en 1611, les terres de Quevaucamps passèrent dans les possessions de Charles de Failly, seigneur de Bernissart, probablement par achat. Lui succédèrent :
- Jean IV de Failly (1584-1633), son fils
- Jacques de Failly ( ?- ?), fils du précédent
En 1667, Quevaucamps a été acheté par Philippe de la Barre (1614-1670). Il était le fils de Philippe de la Barre, seigneur de Maurage, d’Erquelinnes et député des Etats de Hainaut, issu d’une famille de magistrats enrichis. Chevalier. Lui succédèrent:
- Philippe Ignace de la Barre (1649-1702)
- François Léonard de la Barre (1699-1759)
- Emmanuel Joseph de la Barre (1736-1793)
Quevaucamps a été vendu aux Ligne, mais la date n’est pas précisée.
Claude Lamoral II de Ligne (1685-1766) est vraisemblablement l’acheteur du domaine de Quevaucamps. A cette époque, cette famille possédait dans la région Ligne (et Maulde), Beloeil (et Ellignies, Thumaide, …), Quevaucamps, Stambruges, Grandglise, Hautrage, Villerot, Baudour, Pommeroeul et Ville-Pommeroeul, Montroeul-sur-Haine et Thulin. Lui succéda:
Charles-Joseph Lamoral de Ligne (1735, Bruxelles – 1814, Vienne), fils du précédent
En 1792 et 1794, les pouvoirs féodaux furent abolis. Les titres seigneuriaux disparurent. Si Charles Joseph termina sa vie à Vienne, par la suite, sa famille put récupérer quelques biens confisqués dont le domaine de Beloeil et de vastes terres et bois dans la région.
En, 1768, la Grand-route vers Tournai fut pavée à l’initiative de l’impératrice Marie-Thérèse que Charles Joseph servit comme officier.
Période française (1794-1814)
Département: Jemappes
Canton: Quevaucamp devint chef-lieu de canton (19 villages), dépendant de la sous-préfecture de Tournai.
Les habitants de la région furent enrôlés dans l’armée française pour se battre contre les Autrichiens, leurs anciens maîtres. Ils durent également fournir à l’armée française du foin, de céréales, de la viande, des chevaux et du charbon.
Sur le plan religieux, le village put obtenir une paroisse autonome en 1803, lors du Concordat qui la plaça aussi dans l’évêché de Tournai.
Répartition des pouvoirs pendant la période contemporaine (à partir de 1814)
- Etat: Royaume des Pays-Bas (1814-1830), puis Royaume de Belgique
- Province: Hainaut
- Arrondissement administratif: Ath
- Arrondissement judiciaire: Tournai
- Canton: Quevaucamps
- Entité communale depuis 1977: Beloeil
Quevaucamps est resté le siège d’une justice de paix.
La guerre 1914-1918 ne donna pas lieu à des combats sur son sol, mais les habitants durent subir les humiliations de l’occupation (déportations, réquisitions, ravitaillement).
Quant à la guerre 1940-1945, Quevaucamps fut le témoin d’un massacre le 4 septembre 1944 lors de la libération par les Anglais et les Canadiens.
Economie
L’agriculture et l’élevage furent longtemps les activités dominantes des habitants de Quevaucamps. Jusqu’au XIXème, on pouvait trouver des champs à l’ouest de la Grand-Rue actuelle et des pâturages plus humides à l’est.
On trouva quelques entreprises liées à ce secteur économique :
- Des moulins à grains (trois)
- Une manufacture de tabac
- Une fabrique de chicorée (Bertin, 1902-1966)
- Des brasseries (Gosselin, XXème)
- Du travail de l’osier (aux Rosuelles)
Le sol et le sous-sol du village de Quevaucamps permirent diverses exploitations. Extraction de :
- Pierre à chaux, avec des fours à chaux jusqu’à 1958
- De calcaire bleu et de marbre noir
Essor au XIXème (entreprises Trivier, Roland):
- De schistes pyriteux, d’alun, de couperose (riche en sulfate de fer).
- Argile pour briqueteries
On trouvait aussi :
- Des saboteries
- Des fabriques d’engrais
- Des bonneteries depuis le XVIIIème : serges, bas, tricots (ateliers familiaux jusqu’au milieu du XIXème, puis fabriques).
Toutes ces activités connurent un déclin accéléré dès la deuxième guerre mondiale.
Le XIXème siècle vit l’aménagement de nouvelles voies de communication.
Voies vicinales :
- Quiévrain – Mainvault (1843)
- Saint-Ghislain – Stambruges – Quevaucamps
Chemin de fer (ligne Blaton-Ath) – la gare (1903)
Patrimoine
Eglise St Jean-Baptiste. Bâtie en pierres de Grandglise et en dalles de marbre de Basècles, au XVIIIème siècle. L’actuelle fut agrandie en 1875. Croix gothique, XVIème. Retable en bois, peint, XVIIème.
Chapelles (Notre-Dame-de-Tongres, Saint-Joseph)
Le musée de la Bonneterie
Kiosque à musique, 1901
Bibliographie
Si Quevaucamps m’était conté… Catalogue de l’exposition
Je suis en train de faire un relevé des bonneteries de Quevaucamps jusqu’à ce jour. La liste provisoire s’arrête pour le moment à 40 bonneteries mais il y en avait sans doute bien plus.
Bonjour,
Je me suis installée à Quevaucamps il y a maintenant six ans. Le bâtiment que j’ai investi aurait été une bonneterie. Laissée à l’abandon avec le déclin de l’activité … C’est un chancre qu’a acheté un entrepreneur de la région. Il l’a entièrement rénové au début des années 1990.
L’histoire de ce bâtiment me passionne. Il a une âme et mon jardin porte encore les traces de cette activité économique. Peut-être pourriez-vous m’aider à en savoir plus à ce sujet ?
Je vous remercie pour l’attention que vous porterez à ce mot.
Je ne peux pas vous répondre pour ce bâtiment précis. J’ai fait la même démarche pour des bâtiments ayant trait à l’économie pour mon village. C’est dans les extraits cadastraux que j’ai trouvé le plus de renseignements. On les trouve aux Archives de l’Etat à Mons.
Né sur la Grand place voici 77 ans et de nationalité française et résident près de Lille (France) depuis 53 ans je reviens souvent à Quevaucamps voir l’évolution de la commune et me recueillir sur la tombe de mes parents.
Un grand regret est la disparition du kiosque sur la grand-place, mais…
Une palette de photos historiques seraient la bienvenue.