Quiévrechain

Le territoire

Superficie: 471 ha

Altitude: de 24 à 118 m

Situation géographique : Quiévrechain s’étend sur le versant sud de la vallée de la Haine en direction du plateau de Bavay (Hauts-Pays)

Cours d’eau : Aunelle (affluent de l’Hogneau)

Paysage préhistorique (après la dernière période glaciaire) : la Forêt Charbonnière

Nature du sol : limoneux

Nature du sous-sol : grès, schistes, houille

Préhistoire

Non documentée.

Antiquité gallo-romaine

« Les piquets » d’un ancien camp romain auraient été mis au jour en 1888 lors du forage d’un puits minier. Ceci est donné sans plus de précision et parait plutôt contestable.

Premier Moyen-Age (période franque mérovingienne et carolingienne)

L’abbaye voisine de Crespin vit le jour vers 636. Le roi Lothaire I de Francie Médiane aurait accordé la terre de « Kiévrechin » aux moines, au milieu du IXème siècle. Ces derniers y auraient construit une chapelle qui fut brûlée lors des invasions vikings en 881 et fut par la suite reconstruite.

Deuxième Moyen-Age – le village

Première mention: ?

Toponymie (anciennes orthographes) :

  • Keviriciniacum
  • Caurecin
  • Kiévrechin
  • Kiévrechain

Etymologie (hypothèses d’origine du nom) :

  • Le préfixe « quiévre » viendrait de « capra » (chèvre en latin)
  • Le suffice « ain » viendrait de « heim » (village en germanique)

Epoque de son apparition:

A la fin du IXème ou pendant le Xème siècle, une communauté rurale s’installa autour de la chapelle mentionnée plus haut. La population s’y développa sans doute plus vite qu’à Crespin (dont on sait que l’abbaye fut détruite par les Vikings et ne reprit vigueur que bien plus tard).

Facteurs ayant favorisé son émergence :

voies de communication: pas de chaussée antique, mais un chemin médiéval qui allait de Valenciennes à Quiévrain.

sources d’eau ou cours d’eau: l’Aunelle

source de bois: région boisée

proximité d’un lieu de pouvoir: peut-être au début le château de Quiévrain

Paroisse dédiée à Saint-Martin.

Evêché: de Cambrai

Décanat/doyenné: Valenciennes

Autel (dîmes, entretien de l’église, nomination des officiants) donné à ?

Répartition des pouvoirs pendant la période féodale (jusqu’en 1678)

Autorité supérieure: comté de Hainaut

Autorité sous-jacente (administrative et judiciaire): prévôté de Valenciennes

Seigneuries et fiefs

Nous n’avons aucune information sur les premiers temps de la féodalité. Les premiers seigneurs cités le sont au XIIIème siècle. Ce sont des personnages de la famille de Quiévrain.

Nous pensons (sans preuve) qu’après les invasions vikings, alors que l’abbaye de Crespin avait disparu pour un temps, le village naissant passa sous l’autorité des seigneurs de Quiévrain. On sait qu’Hensies et Baisieux faisaient partie de leurs possessions. Si l’abbaye de Crespin retrouva des terres autour de ses bâtiments, d’autres territoires proches furent annexés par les comtes, dont la Terre d’Amblise, qui fut attribuée aux comtes de Chiny, puis aux de Looz, et ensuite aux Quiévrain.

Famille de Quiévrain

Nous avons choisi de commencer la liste seigneuriale avec Nicolas de Quiévrain (1233-1280), mais il est probable que Quiévrechain faisait partie des domaines de la famille depuis les premiers membres connus.

Sa fille Isabeau de Quiévrain épousa Godefroid III d’Aspremont, dont la descendance exerça les droits sur Quiévrain. Alors que son fils Gauthier de Quiévrain (1255- ?) semble avoir hérité de Baisieux et de Quiévrechain, probablement comme arrière-fiefs (dans un premier temps au moins), puisque des châteaux furent construits dans ces deux villages aussi. Lui succédèrent :

  • Gérard « des Prêt » de Quiévrain (1294-1342, Quiévrain, inhumé à Quiévrechain)
  • Jean Gillon/Gilles (ou « Hoyau ») de Quiévrain (v1310 /1320-1378, inhumé à Baisieux)
  • Gilles de Quiévrain  (1342-1378), fils du précédent
  • Guillaume « des Prêts » de Quiévrain (1371-1423, inhumé à Baisieux)
  • Wauthier « des Prêts «  de Quiévrain (1400-1455, inhumé à Valenciennes)
  • Guillaume « des Prêts » ( ?-1491), fils du précédent, qui semble n’avoir eu que des filles, au moins deux, qui se partagèrent ses possessions.
  • Chrétienne « Christine » de Quiévrain » (1462-1498), fille du précédent, héritière du domaine.

Cette Christine épousa Gilles van Heetvelde. Ils eurent trois filles, dont l’aînée Erasma van Heetvelde (1481-1526), hérita de Quiévrechain et épousa Baudouin de Neve (1473-1536), grand bailli de Termonde.

 Ils eurent deux fils, dont Jean III de Neve (v1503-1568), encore cité comme seigneur de Quiévrechain.

A ce moment, le domaine de Quiévrechain changea de propriétaire. A quelle date ? Héritage ? Achat ? Nous n’avons pas d’indication à ce sujet.

Famille de Le Samme

  • Gilles de le Samme (v1491-1557), fils du Bailli du Roeulx est cité en 1533 comme seigneur de Kievrechin. Ecuyer. Il fut secrétaire de Philippe de Clèves, seigneur de Ravenstein (1519), bailli de Binche, trésorier des châteaux de Binche et de Mariemont (1540), trésorier et garde des chartes de Hainaut.
  • Lui succéda son fils Philippe de le Samme (v1520-1615), qui fut échevin, puis Conseiller Pensionnaire à la Cour Souveraine du Hainaut à Mons.
  • Nous n’avons pas trouvé si l’un de ses fils, Philippe ou Jehan, fut seigneur de Quiévrechain.
  • Par contre, il semble que Charles de le Samme (v1580- ?) fils du premier, puis Philippe de le Samme (1587-1639 ou 1669), fils du second, le furent.
  • Ce dernier eut deux filles, dont la seconde, Marguerite de le Samme (1627-1706), hérita de Quiévrechain.

Famille de Colins

  • Elle épousa en 1655 Maximilien Colins (v1625- ?) seigneur de Leenbosch et militaire.Lui succédèrent à la tête de la seigneurie de Quiévrechain :
  • Maximilien Colins (v1657-1733), deuxième fils du précédent. Il mourut sans enfant.
  • Philibert Antoine de Colins ( ?- ?), fils de son frère Pierre François, hérita de Quiévrechain.
  • Jean Pierre Joseph Colins (1735-1795, Wurtzburg), fils aîné du précédent, capitaine d’infanterie au service de la France. Il fut le dernier seigneur de Quiévrechain, perdant ses pouvoirs féodaux en 1789. Il avait fait reconstruire le château en 1769. Celui-ci se situait au-delà de l’Aunelle, le hameau du Petit-Baisieux faisant toujours partie du territoire de Quiévrechain. Ce château, appelé aujourd’hui « Château Bracq » est toujours debout, mais tombe en ruines.

L’Abbaye des Dames de Beaumont, installée à Bavay, déclara en 1602 avoir des biens à Quiévrechain.

L’ancien régime dans le royaume de France (1678 à 1789)
  • Etat : le royaume de France
  • Prévôté : Valenciennes

Lors de la Révolution Jacques Joseph Toussaint, curé de Quiévrechain et de Marchipont, renonça à prêter serment à la République. En 1792, il se réfugia dans le Hainaut voisin. Il rentra en France en l’an V.

Répartition des pouvoirs pendant la période contemporaine (à partir de 1792)
  • Etat: France dans ses divers régimes (républiques, monarchie, empire)
  • Département: Nord
  • Arrondissement : Valenciennes
  • Canton: Marly
Evènements et faits marquants sur le sol de la commune

On mentionne en 1426 que le château fut brûlé par la garnison du Quesnoy et qu’il appartenait à Pierre de Luxembourg, seigneur d’Enghien et comte de Saint-Pol. Ceci parait étonnant, car nous n’avons pas mention d’une propriété de cette famille à Quiévrechain. Ce personnage, à l’époque, avait pris le parti du duc Jean de Brabant, époux et adversaire de la comtesse de Hainaut, Jacqueline de Bavière. Ce qui pourrait expliquer le fait, mais pas la propriété de la seigneurie.

En 1678, par le Traité de Nimègue, les villages de la prévôté de Valenciennes furent annexés au royaume de France. Quiévrechain devint française et village frontalier. La seigneurie conserva son hameau du Petit-Baisieux au-delà de l’Aunelle, où se trouvait le château. Il fallut attendre le Second Traité des Limites de 1779 et un arrangement entre Français et Autrichiens pour « simplifier » les frontières. Le Petit-Baisieux devint donc « autrichien » avant de redevenir française en 1792, autrichien en 1793, à nouveau français en 1794, et enfin belge en 1814.

Quiévrechain se trouvant au bord d’un axe routier d’importance depuis le Moyen-Age (Valenciennes-Quiévrain-Mons), ses habitants eurent à subir le passage de nombreuses troupes et armées qui, à leur habitude, réquisitionnaient, saccageaient, pillaient et humiliaient. A ce jeu, les comportements étaient identiques quelque fut le camp.

Il en fut de même après la constitution de la nouvelle frontière lorsque des troupes campaient à proximité de celle-ci.

Pendant la Guerre de Succession d’Autriche (1740-1748), des troupes du duc d’Escoufflers furent hébergées à Quiévrechain, ayant mission de s’opposer à l’exportation de grains. 

A la veille de la bataille de Fontenoy (22-23 juillet 1745), une centaine d’hommes vinrent rançonner le Mayeur et le Censier de la ferme du Corbeau.

A la suite de cette bataille, le roi Louis XV, en application de l’article XVIII du traité d’Aix-la-Chapelle, va entamer des négociations pour simplifier la frontière. On veut alors que celle-ci corresponde au cours de l’Aunelle (ou Honneau). Le désir était de la mettre le long de l’Honneau sur toute sa longueur. Ce qui fut décidé avec le Traité de 1779, mentionné plus haut.

Economie

Longtemps, agriculture et élevage furent les seules activités du village.

Exploitation du sous-sol

Il semble que l’on commence à chercher du charbon en profondeur dès 1728 (la Compagnie Désandrouin-Taffin) à Crespin et Quiévrechain. Sans succès. En 1785, le sire de Quiévrechain, Pierre de Colins, obtint une concession de 30 ans, mais ses recherches s’avérèrent infructueuses.

Après la Révolution, les terrains furent attribués à la Compagnie de Saint-Saulve, puis à celle d’Anzin. Mais au sud de la ligne Valenciennes-Crespin, une concession de plus de 2800 ha fut attribuée  à Grégoire-Joseph Libert, dont les sondages eurent plus de succès à partir de 1830. Il fonda en 1836 la Compagnie des Mines de Crespin sous les localités de Crespin, Quiévrechain, Quarouble, Onnaing, Rombies et Sebourg.

Pourtant, on n’exploita réellement qu’à partir de 1880 dans deux puits: le n°1, près de la frontière sur Crespin (de 1880 à 1949) et le n°2, plus au sud-ouest sur Quiévrechain (de 1902 à 1950), avec plusieurs interruptions en raison d’inondations. Des corons furent construits à proximité.

Fosse N° 1 de Crespin

En 1946, les mines furent nationalisées. Le Groupe de Valenciennes futt formé, intégrant Crespin, Anzin, Douchy et Thivencelle. Toute activité minière disparut en 1950.

La Verrerie Belote (ou de la Gare) fut à l’origine fondée par François Belotte à Aniche. Il détacha une partie de la production (verre à vitres) à Blanc-Misseron en 1898. Les deux unités fusionnèrent en 1906. Celle d’Aniche ferma ses portes en 1914. Celle de Quiévrechain fonctionna jusqu’en 1985. Il y eut également d’autres unités, notamment à Epinay-Sur-Seine.

Voies de communication

La voie routière la plus importante reste la route de Valenciennes à Mons par Quiévrain, où se trouvait le poste de douane. Longtemps le trafic routier, notamment les diligences, y passait. Cette chaussée a perdu de son importance avec la construction d’une autoroute (passant à Crespin) dans les années ‘1970.

Le train (ligne Valenciennes-Mons) passa à la limite des territoires de Crespin et de Quiévrechain, dès 1842. La ligne fut désaffectée, mais il est toujours question de la remettre en activité.

Un tramway faisait la liaison entre Valenciennes et Quiévrain le long de la chaussée. Il fut remplacé par une ligne d’autobus pendant quelques années.

Patrimoine

Eglise Saint-Martin, transformée à plusieurs reprises depuis le XIVème siècle pour faire face à l’augmentation de la démographie.

Eglise du Sacré-Cœur (du hameau de Blanc-Misseron), construite en 1892-1894, pour répondre également à l’augmentation de la population, conséquente de l’industrialisation. Elle fut très endommagée en juin 1918 par l’explosion d’un dépôt de munitions allemand. Elle fut cédée en 1919 à la Compagnie des Mines de Crespin, puis passa aux Houillères nationales avec la nationalisation de 1946.

 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *