Roisin

Entité communale des Honnelles

Le territoire

Superficie: 1225 ha

Altitude:  de 63 m (la Grande Honnelle à l’est) jusqu’à 123 m (Bois de Fayau)

Situation géographique : Le territoire de Roisin est situé sur le versant sud de la vallée de la Haine, au début du plateau de Bavay (Haut-Pays). Il descend en pente d’ouest en est sur le versant occidental du vallon creusé par la Grande Honnelle. 

Cours d’eau :  La Grande Honnelle vient de France. Elle pénètre au hameau du Piémont, s’étire dans le bois du Boutenier et tombe en cascade près de l’ancienne marbrerie Cordiez. Elle suit ensuite la crête du bois d’Angre jusqu’au Moulin d’Angre, en passant à proximité du « Caillou-qui-Bique » qu’elle a érodé. 

Elle reçoit à Angre le ruisseau de Roisin, lui-même grossi d’un ruisseau venant de la Flamengrie. Ce ruisseau passe à proximité du château de Roisin dont il alimentait autrefois les douves. Quittant le village par l’ouest, il devient le ruisseau d’Angreau qui borde ce village à l’ouest (dans les « Fonds »), avant de reprendre la direction nord-est, passant sous la route d’Angreau à Angre, pour venir se jeter dans la Grande Honnelle avant le centre du village.

Paysage préhistorique (après la dernière période glaciaire) : il était boisé (Forêt Charbonnière).

Nature du sol : argileux, limoneux

Nature du sous-sol : grès, marbre

Préhistoire

Néolithique (Homo Sapiens) – Age du bronze – Ages du fer : Un habitat néolithique ou protohistorique aurait existé sur le territoire actuel de Roisin. On y a retrouvé au XIXème des silex taillés, des armes de bronze et de fer (source : Th. Bernier).

Antiquité gallo-romaine

L’actuel village se trouve à proximité de deux chaussées romaines : celle allant de Bavay à Tournai à l’ouest et celle qui va de Bavay à Blicquy à l’est. La première, dans son court trajet belge (rue de la Ligne), passe par les hameaux du Calotin et de Beauregard.  

Un cimetière romain aurait été retrouvé aux Bargettes.

Il n’est pas fait mention d’indices d’habitat, mais l’un accompagne toujours l’autre. On a écrit que le château de Roisin se trouvait sur la propriété d’une villa romaine. Je ne pense pas que des fouilles archéologiques aient permis d’affirmer cela.

Au lieu-dit « Boutinier » ou « Trente Saules » (entre Meaurain et Bettrechies), ont été ramassés lors de différentes prospections (J. Dufrasnes) :

  • Des bronzes : deux fragments de plaques représentant un putto (possible pièce décorative d’un coffre)
  • Des fragments de tegulae
  • Des monnaies (allant d’un Rameau D à une follis Urbs Roma des années 330-335
  • Deux appliques figurant une tête de Méduse
  • Une poignée métroaque
  • Une applique représentant un Silène

Il est donc possible qu’un habitat exista près de ce site.

Premier Moyen-Age (période franque mérovingienne et carolingienne)

Des seigneurs, propriétaires vraisemblablement d’une grosse ferme, peut-être fortifiée, existaient déjà dès la période franque mérovingienne. Leur liste n’est pas connue.

Le premier d’entre eux n’est connu que par la légende de Saint-Ghislain qui aurait été écrite au Xème ou XIème siècle et transmise ensuite par les Bollandistes. En 633, Ghislain, fondateur de l’abbaye de St Ghislain, passa par Roisin, lorsqu’il fut mandé par l’évêque de Cambrai. Il s’y arrêta dans la villa mérovingienne du seigneur local, dont l’épouse était en train d’accoucher avec beaucoup de difficultés. Le (futur) saint posa son baudrier (ceinture) sur le ventre de la parturiente, facilitant la naissance du bébé qu’on nomma naturellement “Baudri”, prénom que l’on retrouva très souvent dans la descendance de la famille seigneuriale. En reconnaissance, le seigneur donna à la nouvelle abbaye une terre qu’il possédait à Ursidungus, près de l’endroit où le saint venait de fonder celle-ci (voir histoire de Saint-Ghislain).

A notre connaissance, on n’a pas découvert à Roisin d’indices d’habitat mérovingien.

Deuxième Moyen-Age – le village

Première mention: 965

Toponymie (anciennes orthographes) : 

  • Reclem (dans un texte concernant Saint-Ghislain) 
  • Resinus (charte de 965)
  • Racemus (en latin, connu dès 600 – ref. le sceaux original de Guillaume de Roisin ???)
  • Roisini (1084)
  • Raisinus, ce qui aurait dû être RACINUS ROSSINO (1095)
  • Rosgin (1096)
  • Resinium, cité en 1125 et 1131
  • Rosgel, en 1107 (forme romane du nom) 
  • Roysin, 1119 ;
  • Roisinh, 1139 ;
  • Rozoin 1167 ;
  • Roizin, 1541,
  • Raijsin
  • Raysin, par le duc de Savoie 1613
  • pour devenir ROISIN

Etymologie (hypothèses d’origine du nom) :  

Le village de Roisin tirerait son nom du vignoble qui s’y touvait au lieu-dit “Champs du Vignoble”. Les habitants actuels de la région prononcent de la même manière le nom du village (Reusin) que celui du fruit de la vigne.

Epoque de son apparition

On pense qu’à l’origine un premier noyau de village s’est constitué à Meaurain, autour d’une église, sur un grand domaine appartenant à un seigneur qui avait sa résidence (ferme-château) là où est l’actuel centre de Roisin. Dans un deuxième temps, un deuxième noyau se serait constitué à proximité du château.

Facteurs ayant favorisé son émergence :

voies de communication: les deux chaussées romaines évoquées plus haut.

sources d’eau ou cours d’eau: le ruisseau de Roisin

source de bois: tout le versant et le plateau étaient boisés

proximité d’un lieu de pouvoir: le château seigneurial

Paroisse dédiée à Saint-Brice et Saint-Amand. Les habitants de Roisin dépendaient de la paroisse de Meaurain. Ce qui renforce l’idée que cette dernière est antérieure. Il est probable que le premier édifice se trouvait dans l’enceinte du château.

Evêché: de Cambrai (jusqu’en 1804), puis de Tournai ensuite

Décanat/doyenné: Bavay jusqu’en 1803, puis Dour

Autel (dîmes, entretien de l’église, nomination des officiants) donné au chapitre épiscopal de Cambrai, selon un acte de son évêque Lietbert en 1132. Ce qui fut confirmé par le pape Eugène III en 1148.

Répartition des pouvoirs pendant la période féodale

Autorité supérieure: comté de Hainaut

Autorité sous-jacente (administrative et judiciaire): prévôté de Mons

Seigneuries et fiefs

Le territoire de Roisin fut occupé pendant la période féodale par au moins deux seigneuries :

  • La seigneurie principale, instaurée par la famille locale
  • Un fief appartenant à l’abbaye de Saint-Ghislain

La seigneurie principale

Roisin fut le siège d’une puissante baronnie du comté de Hainaut. Ses seigneurs étaient bannerets (porteurs d’une bannière à la guerre et dans des manifestations officielles) et devaient pouvoir répondre à l’appel du comte lorsque celui-ci avait besoin de soldats pour gérer ses conflits.

Ils possédaient non seulement les villages de Roisin et de Meaurain, mais, avec le temps, ils acquirent également d’autres fiefs : Blaregnies, Angre, Audregnies, Wargnies, la seigneurie de Montroeul à Ciply, … Ils  avaient de nombreuses possessions sur les coteaux qui descendaient de Bavay vers la Honnelle. Ils possédaient le vignoble qui s’étalait du côté de Meaurain. D’où le raisin dans les emblèmes et les écussons familiaux.

Plusieurs familles successives furent titulaires de cette seigneurie.

Maison de Roisin (Xème siècle – 1607)

La légende de Saint-Ghislain nous apprend qu’une riche famille d’exploitants agricoles détenait une résidence-ferme et de nombreuses terres sur le territoire de « Reclem » au milieu du VIIème siècle. Il y a toujours une part de vérité dans les légendes, même si celle-ci ne fut écrite que bien plus tard (Xème siècle).  

Une véritable seigneurie féodale n’apparait que bien plus tard à Raisinus. Un document de 976 cite le nom d’un baron. Le premier ? Il est difficile de trancher à ce sujet, d’autant plus que l’on prétend (sur quelles preuves ?) que neuf autres le précédèrent. Les descendants de ce seigneur, appelé naturellement Baudry, vont régir la communauté villageoise et d’autres jusqu’au début du XVIIème siècle.  

Selon des auteurs anciens, la famille des Roisin aurait été liée aux maisons royales d’Austrasie et de Neustrie, où siégeaient des nobles francs à côté du roi ou du maire du palais. Ce qui n’est pas impossible vu son ancienneté et sa place au début de la féodalité.  

Dans la liste qui suit, la numérotation des différents seigneurs, leurs filiations et les dates sont à prendre avec beaucoup de précautions, car elles varient d’une généalogie consultée à une autre.

Baudry I « du Riom »

Il est déjà cité en 976 comme baron du comte de Hainaut (à l’époque Godefroid de Verdun). Il est aussi cité, ainsi que ses successeurs, comme pair du Cambrésis, semble-t-il par son mariage avec une Dame de Blaregnies, ce qui fit entrer ce village dans les possessions de Roisin. Lui succédèrent:

  • Allard II de Roisin (v990-1049), fils du précédent
  • Baudry II de Roisin (v1040- ?), fils d’Allard. Au service de Godefroid de Bouillon, duc de Basse-Lotharingie
  • Baudouin ou Baudry III de Roisin (v1070- ?), fils du précédent. Il aurait participé à la première croisade auprès de Godefroid de Bouillon et du comte Baudouin II de Hainaut.
  • Baudri IV de Roisin (v1110- ?), fils du précédent. Il servit le comte Baudouin IV de Hainaut.
  • Baudri V de Roisin  (v1140-), fils du précédent. Il a peut-être participé à la quatrième croisade, auprès de Baudouin VI de Hainaut, futur empereur de Constantinople, du chevalier Gilles de Chin et de son fils :
  • Baudry VI de Roisin (v1158-v1208). Rentré de croisade, il épousa Béatrix de Mons, fille du chevalier Gossuin III de Mons, un des plus puissants seigneurs du Hainaut à l’époque.
  • Baudry VII de Roisin (1195/1200-v1271), fils du précédent
  • Baudry VIII de Roisin (1226-1274), fils du précédent, peut-être sans postérité
  • Giller Ier  de Roisin (v1234-1320/1332), frère du précédent
  • Baudry IX de Roisin (v1260/1270-v1318), fils du précédent. Il fut grand bailli du Hainaut au service du comte Jean d’Avesnes.
  • Baudry X de Roisin (v1298-v1348), fils du précédent. Grand bailli de Hainaut au service du comte Guillaume I (ou Guillaume II).
  • Jean de Roisin (v1320/1323-1378), fils du précédent, sans postérité
  • Evrard de Roisin (v1330-1373ou 1412), frère du précédent
  • Baudry XI de Roisin (v1352/1378- v1422/1440), frère du précédent. Officier, puis grand bailli de Hainaut au service d’Aubert de Bavière et de ses successeurs.
  • Baudry XII de Roisin  (v1410-v1472), fils du précédent. Grand bailli de Hainaut. 
  • Baudry XIII de Roisin (avt1435-apr1455), fils du précédent. Par sa mère, il hérite aussi d’Angre, de Rampemont (qu’il revendit) et de la Flamengrie.
  • Baudry XIV de Roisin, (1489 ???-1535), fils du précédent. Gouverneur de la citadelle d’Ath.
  • Baudry XV de Roisin ( ?-1545), fils du précédent. Il devint aussi seigneur d’Audregnies par mariage.
  • Baudry XVI de Roisin ( ?-1607), fils du précédent, mort sans postérité. Avec lui s’éteint la Maison de Roisin. Ce sont les descendants de sa tante Jacqueline de Roisin (1500-1553), fille de Baudri XIV, qui vont hériter des domaines familiaux. Elle avait épousé Antoine de la Fosse. Ils eurent deux filles, dont l’aînée, Anne-Marie de la Fosse (1540- ?) avait épousé Robert de la Tramerie.

    D’Adrien de Montigny (fin XVIème)

Famille de la Tramerie

Robert de la Tramerie (1535/1550-1612). Par son mariage avec Anne-Marie de la Fosse, il devint en 1607 seigneur de Roisin, d’Angre, d’Audregnies, de la Flamangrie, … Lui succédèrent:

  • François de la Tramerie (v1565-1612, soit la même année que son père), fils du précédent
  • Ignace-Philippe François Baudry de la Tramerie (v.1593 – v1640), frère du précédent
  • Jean François Ghislain de la Tramerie (v1635-1708 ?), fils du précédent. Il mourut sans enfant. La seule héritière vivante était sa cousine Marie-Hélène, fille de Ghislain, frère d’Ignace. Elle avait épousé Eugène de Sainte Aldegonde. 

Maison de Sainte Aldegonde (1708-1773)

Eugène de Sainte Aldegonde (v1640-apr1670). Il est le petit-fils de Philippe de Sainte-Aldegonde, grand bailli de Hainaut, qui se distingua, lorsqu’au service du duc d’Albe, il réprima dans le sang des huguenots qui avaient investi quelques villes, dont Mons et Valenciennes. Eugène est comte de Sainte-Aldegonde et de Noircames. Il devint baron de Roisin en épousant Marie-Hélène de la Tramerie. Lui succédèrent:

  • Philippe Eugène de Sainte Aldegonde (1672-1707), fils du précédent
  • Louis Bon Joseph Ghislain de Sainte Aldegonde (1708/1714- 1769)
  • Philippe Louis Maximilien Ernest de Sainte Aldegonde (1747-1773). Ce dernier n’a qu’une fille, Aglaé, qui épousa Joseph de Louvencourt.

    Carte de Ferraris (XVIIIème)

 Famille de Louvencourt

Joseph Marie François de Louvencourt (1770? – 1841, Roisin). Marquis de Louvencourt. Chevalier de l’Ordre de Malte et de Saint Louis. Baron de Roisin par mariage. 

Il abandonna ses droits seigneuriaux et ses privilèges féodaux lors de la Révolution française. Avec sa famille, il se réfugia en Hollande dès 1792, puis en Allemagne. Il semblerait que de nombreux royalistes en route vers l’exil passèrent par le château de Roisin.

Il fit produire un certificat en 1800 prouvant que son épouse était restée à Roisin et qu’elle ne pouvait pas être considérée comme émigrée, ce qui aurait entraîné la perte de leurs biens. Il mourut en 1841 et fut enterré dans le mausolée de l’église avec son épouse, Aglaé Charlotte Félicité de Sainte Aldegonde (1773-1848), comtesse de Sainte-Aldegonde Noircames.

Parmi leurs enfants, il faut citer Camille Louis Ernest Adolphe de Louvencourt (1812-1885), châtelain de Roisin, diplomate, célibataire. Camille fit bâtir le château des Bargettes, où Emile Verhaeren viendra résider. Il fut aussi industriel et développa les marbreries dans le bois d’Angre.

Période française (1794-1814)
  • Département: Jemappes
  • Canton: Dour
Répartition des pouvoirs pendant la période contemporaine (à partir de 1814)
  • Etat: Royaume des Pays-Bas (1814-1830), puis Royaume de Belgique
  • Province: Hainaut
  • Arrondissement administratif: Mons
  • Arrondissement judiciaire: Mons
  • Canton: Dour
  • Entité communale depuis 1977: Honnelles
Evènements et faits marquants sur le sol de la commune

On relève vers 1565-1570, en pleine guerre de religion, des bûchers où furent brûlées des habitantes de la région pour raison de sorcellerie et d’hérésie.

Le drame de la Houlette. Antoine Moneuse (1768, Marly-1798) et sa bande des chauffeurs du Nord semaient la terreur dans la région en ces temps d’anarchie sous le Directoire (1795-99). De nombreux méfaits et crimes leur furent attribués dont le massacre de neuf personnes dans cette ferme-cabaret de la Houlette en novembre 1795. Mais ayant présenté un alibi, il échappa à la condamnation.  Suite à d’autres méfaits, Moneuse fut fait prisonnier en février 1797, jugé et exécuté en juin 1798 à Douai.

Economie

L’agriculture fut dominante. On cultiva la vigne (dès le XIIème siècle) et le tabac.

On relève des industries annexes au secteur agricole

  • Brasseries
  • Exploitation du bois, scieries
  • Un moulin sur la Honnelle, qui fut reconverti en turbine hydraulique productrice de courant électrique pour Roisin, Maurain et Autreppe, en 1914-1920

 Exploitation du sous-sol

Il existait déjà des carrières de grès et de calcaire bleu (marbre), dès les temps gallo-romains. Elles furent  encore actives sous les comtes de Louvencourt. Au XIXème, cette industrie s’est développée près du « Pont Rouge », à la limite des trois communes d’Angre, d’Autreppe et de Roisin.

 La « Carrière de la Fosse » fut mise en route dès 1573 par Jules Lembourg, puis son fils Nicolas. Elle devint “S.A. des Carrières et Marbrerie de la Honnelle », à l’initiative du comte Camille de Louvencourt (1812-1885) en 1857. En 1868, il y établit une scierie de pierre. L’entreprise sera ensuite vendue à Jean Gilleau, Désiré Ernest, Henry Ernest. Elle fut reprise par Mr Arthur Delsart avant 1914, puis par son fils Henri, associé aux frères Marcel et Ursmar Cordiez. Henri assassina Marcel en 1920 et la marbrerie fut léguée à Ursmar. Elle prospéra alors jusqu’à employer plus de 150 ouvriers et employés. Ursmar Cordiez la légua ensuite à sa fille qui avait épousé Pierre Anselin. On la raccorda à la ligne ferroviaire Dour-Roisin. Elle s’arrêta de fonctionner en 1970. 

Marbrerie Cordiez
Voies de communication

Roisin, comme dit au début du chapitre, se trouvait à proximité de deux chaussées romaines, dont on sait qu’elles furent longtemps empruntées.

Des chemins secondaires reliaient le centre castral aux seigneuries voisines : La Flamangrie, Maurain, Bry, Eth, Sebourg, Angre et Angreau, Autreppe, Rampemont et Fayt. Tous ces villages ont à un certain moment partagé leur histoire avec Roisin.

 A la fin du XIXème siècle, une ligne de chemin de fer relia Dour à Roisin et Bavay, mais elle ne fonctionna pas longtemps côté français.

Une ligne vicinale de tramways fonctionna aussi entre Quiévrain et Roisin jusque dans les années ‘1950.

 Patrimoine

Château féodal

Il occuperait l’emplacement d’une villa romaine et était au milieu d’un domaine viticole. Il fut construit à proximité d’un ruisseau qui traversait le village, affluent de la Grande Honnelle à Angre.

C’était peut-être une grosse ferme du temps des Francs (celle où serait passé Ghislain), dont des substructions auraient été retrouvées lors de travaux en 1971. Une nouvelle construction la remplaça vers l’an mil ou à la fin du XIème siècle. On en trouve encore quelques vestiges : quelques moellons repris dans le château suivant. 

Il persiste aujourd’hui un donjon et quelques murailles datant de 1565 (ancienne porte de Bavay). L’entrée se trouvait du côté du « Point du Jour ». Des chemins en partaient vers Meaurain et la Flamengrie.  

En 1640, un nouvel édifice fut bâti, imitant les châteaux de la Loire. Il en subsiste le castelet d’entrée, conservé aujourd’hui avec des éléments de toutes les époques, dont des constructions de 1565 de style renaissance. Il subit un incendie vers 1650 au centre. Les ailes furent conservées.  

Une nouvelle construction vit le jour dès 1762, pour remplacer les parties détruites en 1650. Un blason des Louvencourt persiste dans la paroi sud-ouest. C’est un édifice néoclassique en U, avec une rampe d’escalier copiée sur celle de Fontainebleau.  Une des annexes était la chapelle du manoir.

Un nouvel incendie en 1785 détruisit une partie, qui fut restaurée en 1907 par l’architecte Saintenoy. On y aménagea un parc avec un étang.

 Il fut mis en vente au XXème siècle et ne trouva pas d’acquéreur immédiat. Il fut utilisé pour un élevage de porcs. Enfin, il fut racheté par la famille Maire qui a aménagé en restaurant l’ancien manoir au sud et le château et ses étangs comme lieu de plaisance.

 Eglise St Brice-et-St Amand

Elle fait suite à un premier édifice dont la tradition le fait remonter au temps légendaire de St Ghislain (VIIème siècle), mais aucun vestige ne vient prouver la chose. Il y eut toujours à Roisin un culte pour ce saint depuis le miracle qu’il aurait effectué au VIIème siècle. Un oratoire aurait été construit dès sa mort vers 670 par le seigneur du lieu. On y organisait des pèlerinages, où les femmes enceintes venaient implorer le saint afin d’avoir un bon accouchement.  

En fait, plusieurs oratoires successifs furent bâtis à partir du moment où le village de Roisin commença à supplanter celui de Meaurain, grâce à l’afflux de pèlerins sur les lieux où officia St Ghislain. Un cimetière existait dans l’enclos. L’extérieur est gothique en briques et en pierres, alors que l’intérieur est classique, refait au XVIIIème. Le clocher est de 1734. Le reste ne fut achevé qu’en 1842 pour les nefs. Elle contient un riche mobilier.  On lui a annexé une chapelle dédiée à St Ghislain.

Il existe aussi une chapelle seigneuriale, ogivale, depuis la deuxième moitié du XVIème siècle. On y trouve un autel Renaissance, ainsi que les tombeaux de Baudry XVI (décédé en 1607), de sa femme Eléonore de Boussu, fille du comte Jean, et de leurs enfants, ainsi que celui de Jean-François de la Trémerie (1708). On y trouve aussi d’autres mémoriaux funéraires (Ste Aldegonde, Louvencourt).

Rappelons que la plupart des Baudry ont été inhumés à Valenciennes où ils résidaient.

 Le château des Bargettes

Il fut bâti en 1859, à proximité de la Honnelle et du Caillou-qui-Bique, par le comte Camille de Louvencourt (1812- ?), pour en faire sa maison de campagne. Ce comte était diplomate et travailla dans plusieurs ambassades. 

Verhaeren

En 1898, Emile Verhaeren (1855-1916), poète flamand écrivant en langue française, fit un séjour à Roisin suite à une dépression. Il s’y plut et y acquit une résidence où il venait passer de nombreux moments durant les années qui suivirent, où il se lia avec quelques personnalités locales (Charles Bernier, graveur et aquafortiste d’Angre) et y invita quelques personnages célèbres: Camille Lemonnier, Jules Destrée, Stephan Zweig, … Avec la guerre en 1914, il s’absenta de Roisin. Il mourut le 27 novembre 1916 d’un accident en gare de Rouen.

Hameau de Meaurain

On dit (sans preuve) que Meaurain était le siège d’un roitelet gaulois lié aux légendaires « rois de Bavay ».   

Etymologie et toponymie

  • « Melrengh », 1132 (acte de donation de l’autel au chapitre de Cambrai par son évêque)
  • « Meauraing » (mauvais ring, mauvais anneau)

 Moyen Age

Il semble que Maurain, en tant que village (noyau d’habitat autour d’une église) est antérieur à celui de Roisin. Celui-ci se forma autour de la ferme-château des seigneurs de Roisin, qui semblent avoir eu des droits sur Maurain dès la mise en place de la féodalité. Par contre, l’église de Roisin resta longtemps une annexe de la paroisse de Maurain.

L’abbaye de Saint-Ghislain y possédait des terres.

 Patrimoine

Eglise St Amand. Actuel édifice du XIXème siècle.  Ancienne chapelle castrale (il y aurait eu un château autrefois). Chapelle St Eloi avec retable du XVème en albâtre.  

Le Pré Belem, entre Maurain et Autreppe. Bel ferait référence au dieu celtique de la Lumière. On retrouve ce préfixe dans Bellignies. Et tout cela fait encore référence aux légendes de Bavay.

 Bibliographie

Le château et les sorcières de Roisin – Ch. De Marchy, Ed. les amis des Cocars, Dour

L’industrie de la pierre à Roisin, à Wihéries et la région, Alain Jouret, Annales du Cercle d’histoire et d’archéologie de Saint-Ghislain, T.XI, 2008

3 réflexions au sujet de « Roisin »

  1. Quand on a “de Roisin” dans son arbre comment ne pas s’intéresser à cette région emplie de souvenirs historiques?
    Puis, avoir vécu près de Valenciennes, le désir d’en savoir plus s’aiguise…

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