Entité communale de Saint-Ghislain
Le territoire
Superficie: 1663 ha
Altitude: de 70 m (altitude moyenne) à 100 m (Happart)
Situation géographique : Le territoire, relativement étendu, se situe en rive droite de la vallée de la Haine sur le versant conduisant au plateau entre les vallées de la Haine et de la Dendre.
Cours d’eau : ruisseau des Fontaines
Paysage préhistorique (après la dernière période glaciaire) :
Nature du sol : argileux, sablonneux
Nature du sous-sol : grès, schiste, minéraux (fer, plomb), calcaire, houille (sud)
Préhistoire
Mésolithique (Homo Sapiens) :
Mr. Parent (CAW) a trouvé au lieu-dit « Le Happart » en 1988 des outils en silex taillés (lamelles, perçoirs, grattoirs et rabot) qui se rapporteraient à la période mésolithique (entre 10.000 et 6000).
Néolithique (Homo Sapiens) :
Dans le même secteur, on y a découvert aussi des témoignages en silex du néolithique moyen (Culture de Michelsberg) : fragments de haches polies, grattoirs, deux pointes de flèches. De la même période, on a ramassé :
- en 1998 au « Tri Maquette » une hache polie.
- En 2001 (Dufrasnes), sur le site de« La Muchoire » : nombreux artefacts en silex, dont certains en silex de type Spiennes (éclats, percuteur, grattoirs, denticulé, perçoirs, tranchet, éclat d’outil poli
- En 2001, à « La Prévôté » : éclat en silex d’un outil poli
- En 2009, sur le site des « Bruyères » : fragment de hache polie en silex de type Spiennes
- Sur la « Couture des Anglés », on a trouvé depuis 1999 plus de 8000 artefacts de silex
- Sur la « Couture de la Riche » : silex (armatures de flèches, lame, grattoirs, nucléus) – pas de précision
Ages du fer :
Les Gaulois Nerviens sont aussi passés par ici, même si les indices sont assez minimes (CAW, 2015) :
- un quart de statère en or (monnaie gauloise belge que l’on trouve entre Seine, Manche, Mer du Nord et Escaut, IIème et Ier avant JC)
- un potin gaulois nervien (Ier siècle avt JC) dans un endroit isolé
Antiquité gallo-romaine
Les indices de vie sur ce vaste territoire furent relativement nombreux.
Près de la Ferme de La « Chaude Fontaine » : un fragment de tuile (tegula) trouvé au XIXème.
Près des étangs entre Hautrage et Sirault (à 750m du site précédent) : découverte en 1994 d’un vaste site gallo-romain avec des tegulae (Dufrasnes, CAW)
Sur le plateau dominant l’étang du Maunier : tégulae dispersées (1994).
Au « champ des Mansarts » (J. Dufrasnes, CAW 1995, 2000, 2016), sur le flanc sud d’une colline, à 1km au sud-est du « Grand Point du Jour » où se rejoignaient des chemins antiques (ou médiévaux ?) venant de Condé et de Pommeroeul pour se diriger vers Chièvres, une autre venant de la « Croix Caillaux » de Baudour. Une fouille intensive a permis de ramasser de nombreux indices :
- Point A : fragments de tuiles, très peu de tessons
- Point B : tuiles, rares tessons du Haut-Empire,
- Point C : tessons de céramique commune, fragment de meules
- Point D : fragments d’imbrices et tegulae, peu de tessons
- Point E : fragment de meule
- Point F : rares fragments de tuiles, quelques tessons de céramique commune
- Point G : idem
- Point H : fragments de tuiles, quelques tessons
L’occupation y semblait intense au Haut-Empire romain. Ce site devait comporter des fours de potiers (centaines de tessons). On trouva des fibules (entre 50 et 200), un applique de ceinture ou de harnais
Il se pourrait que ces vestiges se situent sur un embranchement se dirigeant vers Blicquy, venant se greffer à la « Croix-Cailleaux » sur le diverticule Tournai- Mons.
A la « Pannerie Lupant » (1995): nombreux fragments de tuiles et imbrices, un tesson de poterie commune, à proximité d’un chemin venant du « Grand Point du Jour » : petite installation artisanale en rapport avec la fabrication de tuiles ?
Au « Tri Maquette » (1998), à 350m du site précédent : des fragments de tegulae.
A la « Couture de la Riche » (1994, Dufrasnes), à 150m au nord de la chapelle N-D de la Délivrance sur une pente dominant un ruisseau à proximité des étangs Franquet et du Maunier : fragments de tegulae et d’imbrices, pierres, tessons de céramique commune. Possibilité de nécropole à proximité.
Entre le « Le Happart » et « le Congo » (1998) où les terres sont propices à l’activité potière: four de potier avec des fragments de céramique commune (dolia, urnes, mortiers), céramiques à proximité de période 50-150, témoin d’un site gallo-romain ; polissoirs en quartz.
A l’ouest du village (2000 (Dufrasnes): traces d’occupation gallo-romaine : tessons de céramique commune, monnaie (as de Claude I, 41-45), possibilité d’un tour de potier à proximité.
Au nord-ouest, au sommet d’une pente (2001, Dufrasnes) : des vestiges gallo-romains témoins d’une petite construction: tegulae, tessons dont un fragment de sigillée.
A « La Prévôté » (2001 (Dufrasnes) : petit établissement d’époque gallo-romaine (fragments de tegulae, tessons de céramiques).
A la « Couture des Anglés » (2009) : matériel gallo-romain très dispersé sur l’ancien site néolithique:
- Monnaies du Haut-Empire et une du IVème siècle
- Rares fragments de tegulae
- Quelques dizaines de tessons (sigillée de la Gaule centrale, terra nigra 85-90, céramiques à vernis rouge II/III, céramique commune
Ceci indique la proximité d’une occupation romaine de l’époque flavienne, se prolongeant jusqu’au troisième quart du IIème. A proximité, concentration de tessons de céramique commune type Bliquy et de fragments de tegulae = peut-être un petit bâtiment II/III.
En conclusion, à l’époque romaine, il semble qu’il y ait eu quelques belles exploitations agricoles et surtout d’assez nombreux ateliers de poterie, attirés par la nature argileuse du sol propice à ce genre d’activités. Le nombre important de tuiles pourrait indiquer une forte production locale, qui se continua d’ailleurs dans les siècles suivants jusqu’au XXème.
Premier Moyen-Age (période franque mérovingienne et carolingienne)
Elle n’est pas documentée pour le village. Ce qui parait étonnant au vu de la présence importante à la période précédente. Il n’est pas impossible que tout cet habitat ait disparu avec les invasions qui ont précipité la chute de l’empire.
Deuxième Moyen-Age – le village
Première mention: 821
Toponymie (anciennes orthographes) :
- Securiaco en 821
- Securiacum en 847
- Securiacus en 899
- Saltus Cerasae, fin IXème
- Sirau en 1112
- Syrau en 1122,
- Sirau à la fin du XIIème
Etymologie (hypothèses d’origine du nom) :
- Serra Alta = haute colline (celle du Happart ?), selon Chotin, mais qui ne correspond pas aux formes anciennes sus-citées
- Saltus cerasae = bois aux cerisiers (peu probable)
- Securus = sûr – iacum = suffixe gaulois pour dénommer un lieu – donc endroit sûr
- Securus = peut-être aussi le nom d’un personnage propriétaire d’un domaine
Epoque de son apparition: IXème siècle
Facteurs ayant favorisé son émergence :
– voies de communication: des chemins antiques mal précisés mais sans doute importants, vu le nombre d’indices gallo-romaines sur le territoire; des chemins médiévaux reliant les grands centres du premier moyen-âge (Condé, Saint-Ghislain, Chièvres, Mons, Tournai)
– sources d’eau ou cours d’eau: ruisseau des Fontaines
– source de bois: tout le versant était boisé
– proximité d’un lieu de pouvoir: la prévôté
Paroisse dédiée à Saint-Amand
Evêché: de Cambrai (jusqu’en 1804), puis de Tournai ensuite
Décanat/doyenné: Chièvres
Autel (dîmes, entretien de l’église, nomination des officiants) donné à l’abbaye Saint-Martin de Tournai en 1112 par Odon, évêque de Cambrai.
Répartition des pouvoirs pendant la période féodale
Autorité supérieure: comté de Hainaut
Autorité sous-jacente (administrative et judiciaire): prévôté de Mons
Seigneuries et fiefs
L’empereur Louis le Débonnaire donna le village de Sirault à l’abbaye bénédictine de St Amand en 822. Cette abbaye y érigea une prévôté ecclésiastique et un prieuré au nord du village actuel.
L’abbé de Saint-Amand exerça les droits seigneuriaux et la justice à la Prévôté. La prévôté de St Amand fut abandonnée en 1678. Ruinée par les guerres, elle fut rebâtie en 1682. L’archiduchesse Marie-Elisabeth, gouvernante générale des Pays-Bas, la prit sous sa protection en 1734 et y bâtit une chapelle publique.
La commune
Les habitants de Sirault reçurent une charte communale en 1243.
Période française (1794-1814)
Fin de l’Ancien Régime féodal en 1794
Département: Jemappes
Canton: Lens
Répartition des pouvoirs pendant la période contemporaine (à partir de 1814)
- Etat: Royaume des Pays-Bas (1814-1830), puis Royaume de Belgique
- Province: Hainaut
- Arrondissement administratif: Mons
- Arrondissement judiciaire: Mons
- Canton: Lens
- Entité communale depuis 1977: Saint-Ghislain
Economie
L’agriculture domina les activités des habitants. Le nombre de fermes était assez important aux XVII et XVIIIème siècle. On y cultivait le colza, le sarrasin, le houblon, les pois, mais au XXème, la culture prédominante était celle des céréales et celle des betteraves.
La nature argileuse du sol a donc favorisé la fabrication de poteries, mais surtout de tuiles (« panne de Sirault). Depuis l’époque romaine, on l’a vu, jusqu’au milieu du XXème siècle. On a même implanté une usine moderne en 1908, mais elle déclina rapidement à cause du manque d’exportations.
Exploitation du sous-sol
Au XVIIIème, on a extrait de la houille du sous-sol, au sud du village, près d’Hautrage. Les couches n’étaient pas épaisses et le charbon n’y était pas de bonne qualité (sulfureux). L’activité s’arrêta en 1868.
Une carrière de calcaire exista au Cavin.
Patrimoine
Eglise de St Amand. La chapelle de la prévôté ecclésiastique de St Amand, à côté de la maison de la prévôté, fut sans doute à l’origine de l’église paroissiale. Reconstruite en 1785, elle fut restaurée en 1847.
La Prévôté
http://www.sirault.be/prevote.html
Calvaire néogothique
Moulin à papier. Sur le ruisseau des Fontaines, rue O. Rosier. Erigé à la fin du XVème siècle. Ancien moulin banal. On y aménagea une turbine au XIXème. Actuellement rénové pour une habitation.