Entité communale de Binche
Le territoire
Superficie: 894 ha
Altitude: 80 m (centre du village)
Situation géographique : sur le versant sud de la vallée de la Haine
Cours d’eau : Le territoire est parcouru par deux ruisseaux, celui de la Bruille, qui traverse le village et celui de la Princesse. Celui-ci a creusé un vallon au nord-est du village. Il est canalisé en partie (et dévié) depuis 1984. Venant de Buvrinnes et de Binche, il traversait la voie antique, recevait les eaux de la Bruille, avant d’aller se jeter dans la Haine à Péronnes-lez-Binche. Les deux ruisseaux confluent au nord de la chaussée. On y passait autrefois à gué.
Paysage préhistorique (après la dernière période glaciaire) : boisé (Forêt Charbonnière)
Nature du sol : limoneux
Nature du sous-sol : grès, schiste
Préhistoire
Néolithique (Homo Sapiens) : En 1977, on a trouvé une hache de silex.
Antiquité gallo-romaine
Sur la chaussée romaine Bavay-Cologne, à 28-29km de Bavay, se trouvait une petite agglomération, le vicus Vogdoriacum ou vogo Dorgiacum. Il s’agissait d’un relais-étape sur cette voie stratégique qui acheminait vers la frontière du Rhin des troupes, des marchands qui apportaient aux garnisons de la frontière de la nourriture, des vêtements et du matériel de toutes sortes. Ce site était indiqué sur les cartes routières de l’époque (Tables de Peutinger et Itinéraire d’Antonin).
Ce type de relais comportait toujours des infrastructures hôtelières, des écuries, des forges, des ateliers artisanaux et des commerces. Un marché y était organisé, achalandé par les fermiers habitant les exploitations agricoles de la région. Le ruisseau de la Princesse à proximité apportait l’eau nécessaire à certains artisans (boucherie, tannerie). La forêt charbonnière que la chaussée traversait fournissait le bois nécessaire à la construction et au chauffage. Aucune découverte archéologique ne permet de dire qu’un habitat antérieur existait à cet endroit.
Le site archéologique de Waudrez occupe une surface de 70 ha. On y a découvert depuis 1838, mais plus particulièrement depuis 1952 :
- une grande habitation romaine, avec installation de bains (villa gallo-romaine)
- d’autres vestiges d’habitat avec des détritus de boucherie (cornes de bœufs, ossements) et de forge (scories)
- un puits de 3 mètres de diamètre et 14 m de profondeur (1983), construit en pierres de grès local dans le premier tiers du Ier siècle.
- des céramiques en terre sigillée, témoignages d’une certaine opulence (car importées)
- des monnaies romaines et celtiques, qui indiquent souvent les périodes d’occupation.
- des milliers de fragments de poteries (« Champ du Canis », « chou crotté », rond-point du Prince d’Orange) :
- des vases en terre sigillée (officines de la Graufesenque, Lezoux),
- des assiettes en terra nigra de Champagne,
- des cruches, dolia, amphores – nombreuses d’importation méditerranéenne (Bétique/Andalousie II-III),
- des mortiers (Bavay),
- de la céramique commune
- des fragments de meules
- des objets en fer, en bronze : épingles à cheveux, bracelets, fibules, clous, armes
- une nécropole extérieure au site avec des tombes à incinération (urnes, vases, monnaies, fibules) près de la chaussée
- un fragment d’une statuette de Vénus
- des vestiges d’un moulin ou d’un barrage
- des fours de potier
- des traces d’activité de fours à chaux
On y aurait vécu entre le Ier siècle et la moitié du IIIème siècle. Le développement majeur eut lieu de la fin du Ier siècle au début du IIIème. Après Septime-Sévère (193-211), les monnaies à l’effigie des empereurs suivants sont rares : quelques unes de Constant (347-348).
Une vague de destruction a lieu vers 255-260, due aux premiers raids des Francs. Une grande partie du site fut alors abandonnée. On n’a pas trouvé trace à ce jour d’éléments fortifiés comme ce fut le cas à divers endroits de la chaussée romaine, notamment à Bavay, à Givry et Morlanwelz.
Une borne milliaire de l’époque d’Antonin, découverte à Péronnes-lez-Binche indique que l’on se trouve à XXII milles romains de Bavay.
Ce premier village antique est né au départ d’une petite agglomération gallo-romaine, point relais sur la chaussée stratégique Bavay-Cologne. Celui-ci devait se trouver au confluent de la Samme et de la Bruille.
Premier Moyen-Age (période franque mérovingienne et carolingienne)
Il est possible qu’après la destruction du site antique vers 250-260, un petit habitat se soit déplacé plus au sud, le long de la Bruille, sur une situation plus élevée, du nom de Walderiego. Mais il est impossible de le préciser.
Le village de Waudrez est sans doute né beaucoup plus tard. Seules quelques fermes gallo-romaines ont persisté ou ont été remplacées par des fermes franques, dispersées dans la région et fonctionnant en autarcie. Des tombes mérovingiennes (1952, 1999, 2010) ont été trouvées au sud de l’église actuelle : une quarantaine et sans mobilier funéraire. A la limite nord du cimetière, on a mis à jour une sépulture sous la fondation d’un petit bâtiment (avec des tessons céramique XIV-XV). A la limite sud, on a retrouvé une fosse antérieure au cimetière et déterré une arme-outil.
Deuxième Moyen-Age – le village
Le centre du village médiéval s’est déplacé un peu vers le sud de la chaussée.
Quelques hameaux y sont attachés : Bruille, Tout-Vent, La Commune, Champ Perdu, Mont-de-la-Justice et Waudriselle.
Au sud-ouest, un bois a échappé aux défrichements (« le Menu Bois »).
Première mention: 779
Toponymie (anciennes orthographes) :
- A l’époque romaine, l’agglomération s’appelait Vogdoriacum. Ecrit Vogo Dorgiaco sur la Table de Peutinger au IVème siècle
- Walderiego, 779
- Waldriaco, 844
- Waldreium, 868-9
- Waldrecho, 1124
- Gualdrei, 1150
- Wadret, 1238
- Wadre
Etymologie (hypothèses d’origine du nom) : Deux explications sont avancées.
- Le nom serait la contraction de “Vogo Dorgiacum“, venant lui-même de “Vicus Dorgiacum“. On reconnaît:
- le mot “vicus” : village
- le suffixe “-acum” : propriété de…
- mais pas le nom central “Dorgi”
- Waudrez signifierait alors “Le village qui est la propriété de … ?”.
- Une autre tentative d’étymologie se base sur la langue tudesque et décompose le mot latinisé en « vogdo » (princesse) et « acum » (ruisseau) pour justifier la présence de ce cours d’eau dans le village. Vogdoricum signifierait dans ce cas “Le ruisseau de la Princesse”.
Epoque de son apparition: le village médiéval est probablement plus tardif (entre le Xème et le XIIème siècle)
Facteurs ayant favorisé son émergence :
– voies de communication: la chaussée romaine
– sources d’eau ou cours d’eau: les ruisseaux évoqués plus haut
– source de bois: région boisée, sans doute déjà largement défrichée à l’époque romaine
– proximité d’un lieu de pouvoir médiéval: ? (Binche?)
Paroisse dédiée à Saint-Remy
Evêché: de Cambrai (jusqu’en 1804), puis de Tournai ensuite
Décanat/doyenné: Binche
Autel (dîmes, entretien de l’église, nomination des officiants) donné au chapitre épiscopal de Cambrai en 1124 par son évêque Burchard.
Répartition des pouvoirs pendant la période féodale
Autorité supérieure: comté de Hainaut
Autorité sous-jacente (administrative et judiciaire): prévôté de Binche
Seigneuries et fiefs
On distingue deux seigneuries :
- la principale qui fut le centre administratif de l’alleu de Binche sous l’autorité des comtes de Hainaut. Faisaient partie de cet alleu : Waudrez, Buvrinnes, les hameaux de Waudrelle, Bruille, Matée, Mont-Ste-Geneviève. Les représentants des comtes (prévôts) exerçaient les trois justices. Il existait un Mont de Justice où l’on pendait les condamnés.
- Un fief « du Bruille » en fut détaché dès le XIIème siècle, toujours dépendant de la cour comtale, mais administré par plusieurs familles successives (fief ample):
- Famille de Bruille – XII-XIII
- Beaufort
- De Sars
- De Harchies
- De Croix de Clerfayt – 1686 – élevée en comté de Clerfayt par Charles II d’Espagne
Période française (1794-1814)
Fin de l’Ancien Régime féodal en 1794
- Département: Jemappes
- Canton: Binche
Répartition des pouvoirs pendant la période contemporaine (à partir de 1814)
- Etat: Royaume des Pays-Bas (1814-1830), puis Royaume de Belgique
- Province: Hainaut
- Arrondissement administratif: Thuin
- Arrondissement judiciaire: Charleroi
- Canton: Binche
- Entité communale depuis 1977: Binche
Evénements et faits marquants sur le sol de la commune
Waudrez eut à souffrir des guerres, ne fut-ce que par proximité avec la ville-citadelle de Binche. Ce fut déjà le cas en 1572 de la part des troupes françaises d’Henri II.
Economie
Elle fut agricole.
« Le moulin par-dessous le mont », au bas du Mont de Justice, sur le ruisseau de la Princesse. Moulin banal appartenant aux comtes de Hainaut. Mentionné dès 1265. En 1705, il accueillit les installations d’une foulerie à draps. En 1797, on y installa un tordoir à huile et peu de temps après une savonnerie. Un incendie détruisit le moulin en 1863.
La savonnerie fut convertie en bâtiment rural. Toute l’exploitation devint une ferme (« ferme du Tordoir », devenue en 1980 « ferme de la Princesse »).
Fours à chaux, mentionnés dès 1413-1414
Fabrique de sel ammoniac (1766 par L.J. Lemerel)
Patrimoine
Eglise Saint-Remy. L’actuel édifice fut construit en 1780. Chaire de Vérité du couvent des Récollets de Binche
L’église de Waudrez fut au Moyen-Age une étape du pèlerinage de St-Jacques de Compostelle, sur la via gallia Belgica. Celle-ci rejoignait la via Turonensis (étape précédente : Seneffe ou Roeulx – suivante : Estinnes)
Château de la seigneurie de Bruille. Il s’agissait d’une ferme au XIVème siècle. François Sébastien Charles Joseph de Croix, comte de Clerfayt fit construire un nouveau château en 1770. Il fut par la suite vendu à des propriétaires successifs: barons de Spangen, baron Coppens, comtes de Robiano, Looz-Corswrem
Musée gallo-romain: http://www.statioromana.org/