Entité communale de Dour
Le territoire
Superficie: 500 ha. Lors de la fusion des communes en 1977, 158 ha de prairies furent rattachées à Honnelles.
Altitude: de 90 à 110 m
Situation géographique : L’habitat ancien fut bâti sur le versant sud de la vallée de la Haine, en partie en plateau, en partie en vallonnements creusés par des ruisseaux, dont le Rieu d’Elouges.
Cours d’eau : Il y existait de nombreuses sources qui alimentaientles ruisseaux et des viviers (« Vivroeulx ») appartenant aux moines de Saint-Ghislain.
Paysage préhistorique (après la dernière période glaciaire) : boisé. Il persiste le bois de Cocars entre Elouges et Wihéries.
Nature du sol : limon, argile
Nature du sous-sol : grès rouge, pierre à chaux
Préhistoire
Pas de vestige documenté.
Antiquité gallo-romaine
Selon les écrits d’historiens du XIXème, on aurait retrouvé sur le territoire de Wihéries des vestiges de villa(s) gallo-romaine(s), dont il ne semble plus être fait mention par la suite. Il est vrai qu’il existait une villa à Elouges Monceau.
Premier Moyen-Age (période franque mérovingienne et carolingienne)
Le territoire sur lequel est apparu le village de Wihéries faisait partie d’un fisc royal, appartenant aux rois francs, mérovingiens, puis carolingiens. Il est d’ailleurs curieux qu’on n’y ait pas retrouvé des témoignages de cette époque. Mais les nécropoles mérovingiennes étaientt nombreuses à Elouges et que les Francs de Wihéries y ont peut-être été inhumés.
Il est dit qu’une résidence fiscale y servait de point de transit, notamment pour ceux qui se rendaient à la résidence royale de Leptina (Estinnes), où eurent lieu des conciles (cités au VIIIème siècle), et à Famars, où se trouvait le chef-lieu du pagus (comté).
Vers 805, l’abbé de Saint-Ghislain, un certain Eléphas, que l’on dit parent de Charlemagne, possédait les terres à Wihéries. Il en fit don à son abbaye. Peut-être était-il membre d’une famille aristocratique franque qui était tenancière, puis propriétaire, des terres de Wihéries et d’Elouges.
Deuxième Moyen-Age – le village
Première mention: 1118
Toponymie (anciennes orthographes) :
- Gathiride (1118)
- Guilleries et Guisseries (1119)
- Wuileries et Wileries (1181)
- Waherioe (1184, 1186)
- Wéhéries,
Etymologie (hypothèses d’origine du nom) :
- Wi/gui = chêne
- Erie = cours d’eau rapide ou terrain
- terre plantée de vignes (vignerie), de saules, de chênes (wi/gui)
- ou terre habitée par Wis/Gui ou Guilain ou Guillaume/Wihlem (nom normand)
- Guisseries se rapproche de Gussignies
Epoque de son apparition: le village lui-même n’est sans doute apparu qu’entre le Xème et le XIIème siècle, mais il abritait déjà depuis plusieurs siècles un habitat franc et ensuite une ferme abbatiale
Facteurs ayant favorisé son émergence :
– voies de communication: pas de voie antique ni médiévale importante, mais des chemins qui reliaient Wihéries aux villages voisins et à Saint-Ghislain
– sources d’eau ou cours d’eau: le ruisseau d’Elouges et divers rus
– source de bois: toute la région était boisée
– proximité d’un lieu de pouvoir: la ferme abbatiale (la Courte)
Paroisse dédiée à Notre-Dame.
Evêché: de Cambrai (jusqu’en 1804), puis de Tournai ensuite
Décanat/doyenné: Bavay jusqu’en 1803, puis Dour.
Autel (dîmes, entretien de l’église, nomination des officiants) donné au chapitre Saint-Géry de Cambrai en 1174.
Répartition des pouvoirs pendant la période féodale
Autorité supérieure: comté de Hainaut
Autorité sous-jacente (administrative et judiciaire): prévôté de Mons
Les abbés de Saint-Ghislain étaient les seigneurs des lieux. Ils exerçaient la justice sur les habitants du village, exigeaient les corvées et les taxes. Ils bénéficiaient surtout des revenus de la ferme (« courtil ») qui était gérée par un intendant. La justice était rendue au pied des chênes (rue des chênes) à proximité de la « Court » dans un « champ de Justice ». La ferme aurait été fortifiée dès la période des invasions normandes à la fin du IXème siècle.
En 1040, par diplôme de l’empereur Henri III, l’abbé de St Ghislain put prendre le titre de “prince de Wihéries”, ce qui fut confirmé à l’abbé Roger en 1289 par l’empereur Rodolphe de Habsbourg (concession impériale). Ce n’était qu’un titre qui ne donnait droit à aucune rente ou terre nouvelle. Mais ces titres étaient appréciés autrefois. L’abbé Etienne de Warelles (1317-1366) reçut de l’empereur Louis de Bavière le titre de « Prince du Saint-Empire).
La commune
En 1410, le village fut élevé, par une loi-charte, au rang de commune, administrée par un mayeur et des échevins. Le mayeur héréditaire, nommé par l’abbé, était le tenancier de la « ferme de la Court ». On connaît ainsi quelques familles de maïeurs (de Lattre, Papin, François, Chevalier – ces derniers rachetant la ferme à la fin du XVIIIème siècle). Quant aux échevins, c’étaient aussi des censiers de la commune.
De nombreux conflits émaillèrent les relations entre les religieux et les villageois à propos de l’extraction de la pierre locale.
Période française (1794-1814)
Département: Jemappes
Canton: Dour
La seigneurie fut abolie en 1796 (loi du 15 Fructidor an V) par les révolutionnaires français. La ferme fut vendue comme bien national par Justin Plivier de Mons, pour Marie-Françoise Lévèque, veuve de Jean-François Chevalier, dernier mayeur de la seigneurie.
Répartition des pouvoirs pendant la période contemporaine (à partir de 1814)
- Etat: Royaume des Pays-Bas (1814-1830), puis Royaume de Belgique
- Province: Hainaut
- Arrondissement administratif: Mons
- Arrondissement judiciaire: Mons
- Canton: Dour
- Entité communale depuis 1977: Dour
Evénements et faits marquants sur le sol de la commune
Le 24 août 1914, les Allemands, après avoir livré combat contre les Anglais à Audregnies, entrèrent dans Wihéries et y procédèrent à de nombreuses déportations, notamment des membres des services de renseignements du réseau Edith Cavell. Les Anglais blessés étaient soignés dans un couvent reconverti en hôpital.
Economie
Le village est essentiellement agricole (céréales, betteraves, élevage).
Le sol est constitué de pierre rouge (du grès), se lamant facilement. Cette pierre fut extraite au cours des siècles, dans des “trous” d’extraction (appelés ici « trous de Sarrasins », on ne sait pourquoi). Elle servait de pierre à paver et à construire.
Trois carrières furent exploitées jusqu’au début du XXème siècle (1930). Un train du type Decauville transportait les pierres vers la gare de Wihéries (ligne Dour-Roisin) jusqu’à 1950. La « SA des Carrières de Wihéries « fut dissoute en 1929. Le site fut vendu à Mr Vilain-Detaille de Denain. Ce dernier fit faillite et Mr Racheneur de Wasmes le racheta.
On a aussi exploité de la marne et de la chaux (fours à chaux).
On n’a pas extrait de houille à Wihéries, mais de nombreux habitants aux XIXème et XXème siècles ont travaillé dans les mines des villages voisins (Dour, Elouges, Audregnies).
Au XIXème et au début du XXème, on trouvait encore quelques briqueteries, une fabrique de textile, une de tabac, trois brasseries.
Moyens de communication
Wihéries n’était pas desservie par une grande chaussée romaine, encore que celle qui allait de Bavay à Blicquy ne passait pas loin, à Audregnies.
Mais des chaussées secondaires passaient sur son territoire, ce qui peut expliquer le fisc royal franc du haut moyen-âge. La ferme de la Courte fut construite sur l’ancien édifice mérovingien, au croisement de deux axes (l’un allant par Angre-Audregnies-Dour et l’autre venant d’Elouges).
En 1882, la ligne de chemin de fer Mons-Dour-Roisin put desservir Wihéries et surtout les carrières de grès, avec l’aménagement d’une gare au nord, à la limite d’Elouges. Cette ligne fut abandonnée en 1960.
Un tramway reliait Wihéries à Dour d’un côté, Wihéries à Audregnies, Baisieux et Quiévrain de l’autre.
Patrimoine
L’église Notre-Dame
Elle fut construite entre 1723 et 1766, pour remplacer l’ancienne qui tombait en ruine et dont certaines pierres existent toujours dans le soubassement actuel. Elle fut restaurée en 1965. Elle contient un reliquaire de St Eloi, une Mise au Tombeau de l’école de Van Dyck ainsi que la Mort de St Eloi par Joachim de Soignies.
La Court (ou Courte)
Elle fut aussi appelée plus tard « ferme Chevalier » du nom d’un des derniers tenanciers-mayeurs du XVIIIème siècle. L’ancienne ferme de l’abbaye de St Ghislain fut fortifiée au Moyen Age (comme à Dour et à Wasmes). Le bâtiment actuel date de 1720, à l’époque de l’abbé Havines. Mais on peut encore y trouver quelques vestiges plus anciens, dont une pierre avec la date « 1607 ». Cette ferme est un quadrilatère de briques blanchies. Elle comportait un porche-colombier, démoli à la Révolution.
La Maison du Peuple
Elle fut bâtie sur les plans de l’architecte Maurice Mailleux pour la coopérative « La Ruche Boraine », entre 1914 et 1922. Sa façade est en style éclectique, avec une décoration Art Nouveau.
Merci de m’avoir faut mieux connaître une des communes de mes ancêtres. Bravo pour votre travail très intéressant.