Entité communale d’Estinnes
Le territoire
Superficie: 1426 ha
Altitude: 150-155 m
Situation géographique : sur le versant nord de la vallée de la Haine en bordure du plateau du Haut-Pays
Cours d’eau : ruisseaux affluents de la Haine
Paysage préhistorique (après la dernière période glaciaire) : boisé (Forêt Charbonnière)
Nature du sol : limoneux
Nature du sous-sol : grès
Préhistoire
Non documentée
Antiquité gallo-romaine
Selon Th. Bernier, on a trouvé au XIXème siècle des éléments de cette période : monnaies, tuiles, poteries. Pas de précision.
Premier Moyen-Age (période franque mérovingienne et carolingienne)
Non documentée
Deuxième Moyen-Age – le village
Première mention: ?
Toponymie (anciennes orthographes) : non mentionnée
Etymologie (hypothèses d’origine du nom) :
Villereillum est un diminutif de « villa », référence à une probable ancienne villa carolingienne.
« Les Brayeux » viendrait du roman brai qui signifie « humidité, boue, fange ». Le village est situé en bordure d’un plateau où coulent de nombreuses sources et rus. Ce nom fut donné au lieu en opposition à celui d’un village voisin, édifié sur une hauteur plus sèche, et dont l’origine apparaîtrait identique.
Epoque de son apparition: entre le IXème et le XIème siècle.
Facteurs ayant favorisé son émergence :
– voies de communication: pas de voie antique ou médiévale importante
– sources d’eau ou cours d’eau: des rus
– source de bois: région très boisée, où restent encore de nombreux vestiges de la forêt antique
– proximité d’un lieu de pouvoir: abbaye
Paroisse dédiée à Saint-Ursmer.
Evêché: de Cambrai (jusqu’en 1804), puis de Tournai ensuite
Décanat/doyenné: Binche
Autel (dîmes, entretien de l’église, nomination des officiants) donné à l’abbaye de Bonne-Espérance.
Répartition des pouvoirs pendant la période féodale
Autorité supérieure: comté de Hainaut
Autorité sous-jacente (administrative et judiciaire): prévôté de Binche
Seigneurie
Le domaine devint une seigneurie féodale au XIIème siècle. Elle appartenait à la famille de Barbençon (près de Beaumont), proche des comtes de Hainaut, détentrice de la fonction de châtelain de Beaumont dès le XIème siècle. Il est difficile de préciser quels personnages de cette famille furent seigneurs de Vellereille-le-Brayeux. Probablement :
- Ghislain I de Barbençon
- Isaac I de Barbençon (1022-1084), son fils, chevalier au service des comtes de Hainaut, pair de Hainaut, châtelain de Beaumont et déjà seigneur de nombreux villages.
- Ghislain II de Barbençon ( ?-1168), fils du précédent, ayant les mêmes titres et les mêmes domaines. C’est lui qui en 1165, céda sa seigneurie de Vellereille à l’abbaye de Bonne-Espérance.
L’abbaye de Bonne-Espérance
Fondation
Guillaume de Croix, fils du seigneur Raynard/Renaud de Croix (-lez-Rouveroy) fut séduit par une hérésie propagée au début du XIIème siècle par Tanchelm d’Anvers (ou « Tanchelin »). Ce personnage préconisait un retour à la pauvreté et à la simplicité et critiquait les pratiques de l’Eglise Catholique, la collation de la dîme, les prêtres indignes d’administrer les sacrements et l’accumulation de richesses. Tanchelin finira assassiné en 1115, mais ses théories persistèrent.
L’évêque Burchard de Cambrai invita en 1124 Norbert de Xanten (1085-1134), fondateur de l’Ordre des Prémontrés, à combattre l’hérésie en fondant une institution à Anvers qui restaurerait l’autorité du clergé. Ce même (Saint) Norbert ramena Guillaume de Croix à la foi catholique. Son père Raynard, en signe de reconnaissance, offrit à l’Ordre des Prémontrés la possibilité de fonder un monastère sur des terres qui lui appartenaient à Ramegnies, lieu-dit proche de Merbes-Sainte-Marie et de Peissant. C’était en 1127.
Le premier abbé fut Odon, chanoine de Laon. Guillaume s’y fit nommer diacre. Un an plus tard, la communauté déménagea pour s’implanter à Vellereille-le-Brayeux. Le nom de « Bonne Espérance » (Bona Spes) apparaît en 1131 dans un charte de l’évêque de Cambrai.
Evolution de la communauté prémontrée de Vellereille
Elle acquit, par des dons, des milliers d’hectares de terres dans le comté de Hainaut et le duché de Brabant. Les moines se livraient à la prière et la prédication. Les frères convers, aidés par des paysans, assuraient les activités agricoles.
Sous l’abbatiat de Philippe de Harveng ( ?-1183), théologien et hagiographe originaire d’un village voisin, deuxième abbé (1157-1182), elle connut une renommée internationale.
Ses grands domaines fonciers, bien gérés, firent la prospérité de l’abbaye jusqu’au XVIème siècle.
Comme tant d’autres institutions, elle eut à subir de graves dommages lors des guerres (1554) et des conflits religieux de la deuxième moitié du XVIème siècle. En 1568, le prince Guillaume d’Orange, vint piller les lieux. Il fit de même avec les refuges des moines à Mons (1572) et à Binche (1576).
Les dettes et la précarité entraînèrent du déclin. Quelques mécènes, dont les gouverneurs des Pays-Bas du XVIIème siècle, financèrent cependant la restauration des bâtiments. La paix et la prospérité du XVIIIème siècle permirent de nouvelles restaurations.
En fait, les guerres du XVIIème et même la révolution française ne parvinrent jamais à supprimer définitivement l’institution. Bonne-Espérance persista jusqu’à aujourd’hui. A la fin du XVIIIème siècle, ses domaines s’étendaient sur plus de 4000ha. Depuis 1830, le collège Notre-Dame de Bonne-Espérance dispense un enseignement primaire et secondaire.
La commune
Dans un premier temps, les habitants de Vellereille-les-Brayeux dépendaient de l’échevinat communal des Estinnes. Ils s’en détachèrent au XIVème siècle.
Période française (1794-1814)
Fin de l’Ancien Régime féodal en 1794
- Département: Jemappes
- Canton: Binche
Répartition des pouvoirs pendant la période contemporaine (à partir de 1814)
- Etat: Royaume des Pays-Bas (1814-1830), puis Royaume de Belgique
- Province: Hainaut
- Arrondissement administratif: Thuin
- Arrondissement judiciaire: Charleroi
- Canton: Binche
- Entité communale depuis 1977: Estinnes
Economie
Elle fut agricole.
Patrimoine
Eglise Saint-Ursmer. Construite au XVIIIème en style classique. Elle contient un reliquaire de St Ursmer, don de Louis de Berlaimont, archevêque de Cambrai, en 1593.
Abbaye de Bonne-Espérance. De l’abbaye romane, il ne reste rien. De l’abbaye gothique, il reste : le cloître, la salle capitulaire, la cuisine, la tour de la basilique. La majeure partie de l’actuel édifice est du XVIIIème siècle, en style néo-classique, auquel des annexes s’ajoutèrent aux XIX et XXème.