Superficie: 500 ha. Lors de la fusion des communes en 1977, 158 ha de prairies furent rattachées à Honnelles.
Altitude: de 90 à 110 m
Situation géographique : L’habitat ancien fut bâti sur le versant sud de la vallée de la Haine, en partie en plateau, en partie en vallonnements creusés par des ruisseaux, dont le Rieu d’Elouges.
Cours d’eau : Il y existait de nombreuses sources qui alimentaientles ruisseaux et des viviers (« Vivroeulx ») appartenant aux moines de Saint-Ghislain.
Paysage préhistorique (après la dernière période glaciaire) : boisé. Il persiste le bois de Cocars entre Elouges et Wihéries.
Nature du sol : limon, argile
Nature du sous-sol : grès rouge, pierre à chaux
Préhistoire
Pas de vestige documenté.
Antiquité gallo-romaine
Selon les écrits d’historiens du XIXème, on aurait retrouvé sur le territoire de Wihéries des vestiges de villa(s) gallo-romaine(s), dont il ne semble plus être fait mention par la suite. Il est vrai qu’il existait une villa à Elouges Monceau.
Premier Moyen-Age (période franque mérovingienne et carolingienne)
Le territoire sur lequel est apparu le village de Wihéries faisait partie d’un fisc royal, appartenant aux rois francs, mérovingiens, puis carolingiens. Il est d’ailleurs curieux qu’on n’y ait pas retrouvé des témoignages de cette époque. Mais les nécropoles mérovingiennes étaientt nombreuses à Elouges et que les Francs de Wihéries y ont peut-être été inhumés.
Il est dit qu’une résidence fiscale y servait de point de transit, notamment pour ceux qui se rendaient à la résidence royale de Leptina (Estinnes), où eurent lieu des conciles (cités au VIIIème siècle), et à Famars, où se trouvait le chef-lieu du pagus (comté).
Vers 805, l’abbé de Saint-Ghislain, un certain Eléphas, que l’on dit parent de Charlemagne, possédait les terres à Wihéries. Il en fit don à son abbaye. Peut-être était-il membre d’une famille aristocratique franque qui était tenancière, puis propriétaire, des terres de Wihéries et d’Elouges.
Deuxième Moyen-Age – le village
Première mention: 1118
Toponymie (anciennes orthographes) :
Gathiride (1118)
Guilleries et Guisseries (1119)
Wuileries et Wileries (1181)
Waherioe (1184, 1186)
Wéhéries,
Etymologie (hypothèses d’origine du nom) :
Wi/gui = chêne
Erie = cours d’eau rapide ou terrain
terre plantée de vignes (vignerie), de saules, de chênes (wi/gui)
ou terre habitée par Wis/Gui ou Guilain ou Guillaume/Wihlem (nom normand)
Guisseries se rapproche de Gussignies
Epoque de son apparition: le village lui-même n’est sans doute apparu qu’entre le Xème et le XIIème siècle, mais il abritait déjà depuis plusieurs siècles un habitat franc et ensuite une ferme abbatiale
Facteurs ayant favorisé son émergence :
– voies de communication: pas de voie antique ni médiévale importante, mais des chemins qui reliaient Wihéries aux villages voisins et à Saint-Ghislain
– sources d’eau ou cours d’eau: le ruisseau d’Elouges et divers rus
– source de bois: toute la région était boisée
– proximité d’un lieu de pouvoir: la ferme abbatiale (la Courte)
Paroisse dédiée à Notre-Dame.
Evêché: de Cambrai (jusqu’en 1804), puis de Tournai ensuite
Décanat/doyenné: Bavay jusqu’en 1803, puis Dour.
Autel (dîmes, entretien de l’église, nomination des officiants) donné au chapitre Saint-Géry de Cambrai en 1174.
Répartition des pouvoirs pendant la période féodale
Autorité supérieure: comté de Hainaut
Autorité sous-jacente (administrative et judiciaire): prévôté de Mons
Les abbés de Saint-Ghislain étaient les seigneurs des lieux. Ils exerçaient la justice sur les habitants du village, exigeaient les corvées et les taxes. Ils bénéficiaient surtout des revenus de la ferme (« courtil ») qui était gérée par un intendant. La justice était rendue au pied des chênes (rue des chênes) à proximité de la « Court » dans un « champ de Justice ». La ferme aurait été fortifiée dès la période des invasions normandes à la fin du IXème siècle.
En 1040, par diplôme de l’empereur Henri III, l’abbé de St Ghislain put prendre le titre de “prince de Wihéries”, ce qui fut confirmé à l’abbé Roger en 1289 par l’empereur Rodolphe de Habsbourg (concession impériale). Ce n’était qu’un titre qui ne donnait droit à aucune rente ou terre nouvelle. Mais ces titres étaient appréciés autrefois. L’abbé Etienne de Warelles (1317-1366) reçut de l’empereur Louis de Bavière le titre de « Prince du Saint-Empire).
La commune
En 1410, le village fut élevé, par une loi-charte, au rang de commune, administrée par un mayeur et des échevins. Le mayeur héréditaire, nommé par l’abbé, était le tenancier de la « ferme de la Court ». On connaît ainsi quelques familles de maïeurs (de Lattre, Papin, François, Chevalier – ces derniers rachetant la ferme à la fin du XVIIIème siècle). Quant aux échevins, c’étaient aussi des censiers de la commune.
De nombreux conflits émaillèrent les relations entre les religieux et les villageois à propos de l’extraction de la pierre locale.
Adrien de Montigny (fin XVIème)
Période française (1794-1814)
Département: Jemappes
Canton: Dour
La seigneurie fut abolie en 1796 (loi du 15 Fructidor an V) par les révolutionnaires français. La ferme fut vendue comme bien national par Justin Plivier de Mons, pour Marie-Françoise Lévèque, veuve de Jean-François Chevalier, dernier mayeur de la seigneurie.
Répartition des pouvoirs pendant la période contemporaine (à partir de 1814)
Etat: Royaume des Pays-Bas (1814-1830), puis Royaume de Belgique
Province: Hainaut
Arrondissement administratif: Mons
Arrondissement judiciaire: Mons
Canton: Dour
Entité communale depuis 1977: Dour
Carte de Ferraris (XVIIIème)
Evénements et faits marquants sur le sol de la commune
Le 24 août 1914, les Allemands, après avoir livré combat contre les Anglais à Audregnies, entrèrent dans Wihéries et y procédèrent à de nombreuses déportations, notamment des membres des services de renseignements du réseau Edith Cavell. Les Anglais blessés étaient soignés dans un couvent reconverti en hôpital.
Economie
Le village est essentiellement agricole (céréales, betteraves, élevage).
Le sol est constitué de pierre rouge (du grès), se lamant facilement. Cette pierre fut extraite au cours des siècles, dans des “trous” d’extraction (appelés ici « trous de Sarrasins », on ne sait pourquoi). Elle servait de pierre à paver et à construire.
Trois carrières furent exploitées jusqu’au début du XXème siècle (1930). Un train du type Decauville transportait les pierres vers la gare de Wihéries (ligne Dour-Roisin) jusqu’à 1950. La « SA des Carrières de Wihéries « fut dissoute en 1929. Le site fut vendu à Mr Vilain-Detaille de Denain. Ce dernier fit faillite et Mr Racheneur de Wasmes le racheta.
On a aussi exploité de la marne et de la chaux (fours à chaux).
On n’a pas extrait de houille à Wihéries, mais de nombreux habitants aux XIXème et XXème siècles ont travaillé dans les mines des villages voisins (Dour, Elouges, Audregnies).
Au XIXème et au début du XXème, on trouvait encore quelques briqueteries, une fabrique de textile, une de tabac, trois brasseries.
Moyens de communication
Wihéries n’était pas desservie par une grande chaussée romaine, encore que celle qui allait de Bavay à Blicquy ne passait pas loin, à Audregnies.
Mais des chaussées secondaires passaient sur son territoire, ce qui peut expliquer le fisc royal franc du haut moyen-âge. La ferme de la Courte fut construite sur l’ancien édifice mérovingien, au croisement de deux axes (l’un allant par Angre-Audregnies-Dour et l’autre venant d’Elouges).
En 1882, la ligne de chemin de fer Mons-Dour-Roisin put desservir Wihéries et surtout les carrières de grès, avec l’aménagement d’une gare au nord, à la limite d’Elouges. Cette ligne fut abandonnée en 1960.
Un tramway reliait Wihéries à Dour d’un côté, Wihéries à Audregnies, Baisieux et Quiévrain de l’autre.
Patrimoine
L’église Notre-Dame
Elle fut construite entre 1723 et 1766, pour remplacer l’ancienne qui tombait en ruine et dont certaines pierres existent toujours dans le soubassement actuel. Elle fut restaurée en 1965. Elle contient un reliquaire de St Eloi, une Mise au Tombeau de l’école de Van Dyck ainsi que la Mort de St Eloi par Joachim de Soignies.
La Court (ou Courte)
Elle fut aussi appelée plus tard « ferme Chevalier » du nom d’un des derniers tenanciers-mayeurs du XVIIIème siècle. L’ancienne ferme de l’abbaye de St Ghislain fut fortifiée au Moyen Age (comme à Dour et à Wasmes). Le bâtiment actuel date de 1720, à l’époque de l’abbé Havines. Mais on peut encore y trouver quelques vestiges plus anciens, dont une pierre avec la date « 1607 ». Cette ferme est un quadrilatère de briques blanchies. Elle comportait un porche-colombier, démoli à la Révolution.
La Maison du Peuple
Elle fut bâtie sur les plans de l’architecte Maurice Mailleux pour la coopérative « La Ruche Boraine », entre 1914 et 1922. Sa façade est en style éclectique, avec une décoration Art Nouveau.
Situation géographique : Ce village s’étend sur une légère crête qui court entre deux vallons, formés par les ruisseaux de Fontigny (source au lieu-dit Ruinsette) et le ruisseau d’Elwasmes (limite avec le hameau de Petit-Dour). Cette crête est en fait la ligne de partage entre la vallée de la Petite Honnelle et celle du ruisseau Elwasmes, tous deux affluents de la Haine.
Cours d’eau : les deux ruisseaux cités
Paysage préhistorique (après la dernière période glaciaire) : Il s’agissait autrefois de bois, dont il reste encore aujourd’hui le Bois de Blaugies à l’est du village, en lien avec la forêt domaniale de Colfontaine. Le paysage est aujourd’hui plus aéré, ce qui est dû aux défrichements qui ont permis l’installation de groupes humains dans cette zone. Prairies et champs ne font pas oublier des petits bosquets, des saules isolés et des haies. De nombreuses sources alimentent les ruisseaux et expliquent la nature humide des pâturages. On pense que Blaugies, jusqu’au Moyen-Age, était séparé du quartier Morenfayt de Dour par un bois de hêtres.
Nature du sol : limoneux, argileux
Nature du sous-sol : grès, schistes
Préhistoire
Non documentée.
Antiquité gallo-romaine
Il y avait sur le territoire de Blaugies deux tumuli, que Debove attribue aux Gaulois, mais que Cambier et Audin pensent être d’origine franque.
Mottelette (aucune antiquité recueillie lorsqu’on prélevait de la terre argileuse pour en faire des briques pour le salon de la Concorde)
l’autre dans le ravin de la Tessonnière, près de Petit-Dour – on y a élevé une chapelle dédiée à St Pierre
On aurait trouvé des indices d’habitat gallo-romain (substructures, tessons de céramiques) à la limite du village, près d’Offegnies d’une part et près du « Rouge Bonnet » en haut de Morenfayt, d’autre part.
Premier Moyen-Age (période franque mérovingienne et carolingienne)
On y aurait trouvé des vestiges francs (sans précision).
Deuxième Moyen-Age – le village
Première mention: 1018
Toponymie (anciennes orthographes) :
Blegeias (1018, la plus ancienne mention, qui pourrait être un faux des moines de St-Ghislain)
Blelgiae (1018)
Blengies (1096)
Blelgiae (1110)
Blehelgiae (1159)
Bliaugies (1106)
Behelgiae (1150)
Belelgiae (1183)
Bliagiae (1197)
Etymologie (hypothèses d’origine du nom) :
Bladawalcias : domaine du sieur Bladawald ou source du pays bleu (Champ bleu, selon Hocq)
Blel- Bliau- pourrait être un nom de famille (mais Bliaut signifie aussi un manteau); -gies signifiant demeure, lieu
Epoque de son apparition: Probablement au Xème ou XIème siècle
Facteurs ayant favorisé son émergence :
– voies de communication: pas de voie importante à proximité
– sources d’eau ou cours d’eau: le ruisseau de Fontigny
– source de bois: toute la région était boisée
– proximité d’un lieu de pouvoir: la ferme Morenfayt à Dour.
Paroisse dédiée à Saint-Aubin. C’était une dépendance de celle de Dour.
Evêché: de Cambrai (jusqu’en 1804), puis de Tournai ensuite
Décanat/doyenné: Bavay jusqu’en 1803, puis Dour
Autel (dîmes, entretien de l’église, nomination des officiants) donné à l’abbaye de Saint-Ghislain.
En 1887, Petit-Dour fut rattaché sur le plan paroissial à Blaugies, puis devint paroisse autonome.
Répartition des pouvoirs pendant la période féodale
Autorité supérieure: comté de Hainaut
Autorité sous-jacente (administrative et judiciaire): prévôté de Mons
Seigneuries et fiefs. Deux étaient d’importance:
le domaine de l’abbaye de Saint-Ghislain. Probablement sur des territoires qui étaient en continuité avec ceux qu’elle possédait sur Dour. Ces terres auraient été attribuées à l’abbaye en 1096 par le pape Urbain II, ce que contesta le comte Baudouin II, mais ce qui fut confirmé en 1110 par l’évêque Odon de Cambrai et le pape Gélase II en 1118. Il semble que l’abbaye entretenait une cense sur son domaine.
une seigneurie laïque (infra)
Les deux seigneuries avaient chacune leur échevinage particulier (mayeurs et échevins). Elles rendaient la justice, le plus souvent par l’intermédiaire d’un bailli représentant l’abbé ou le seigneur, en ce qui concerne la basse et la moyenne justice, et à certaines époques la haute justice. Il existait un pilori pour chaque juridiction.
On relève quelques fiefs secondaires, probablement constitués de terres de culture ou de bois et cités à peu de reprises, ce qui ne donne pas une bonne idée de leur extension dans le temps ni de leur situation :
Wuillaume Antoine, 1450
D’Elouges, au chemin de Robehaye (Ropaix), 1321
De Warquignies, 1640
De Villon de Lessies, 1402
De Colart Dienstmet et de Jean Boudin
Jean Anthone, 1410, aussi propriétaire d’un fief à Dour, puis son fils Guillaume
Il s’agissait sans doute d’arrières-fiefs dépendant d’une des deux seigneuries principales.
La seigneurie laïque était tenue du comte à l’origine par une famille qui avait pris le nom de Blaugies, à qui succéda jusqu’en 1795 la famille des Hénin-Liétard de Boussu.
La Maison de Blaugies est assez mal documentée. Quelques noms sont cités:
Jehan, seigneur de Blaugies en 1115. Lui ou un autre Jehan aurait été à la croisade.
Alman de Blaugies, cité en 1180, lorsqu’il fit une donation de serfs au monastère.
Egrix de Blaugies, cité en 1190
Jehan Bliaut, cité en 1198. En 1196, le comte Baudouin VI/IX signa une charte pour mettre un terme à un différend entre l’abbaye de Saint-Ghislain et Jean Bliaut.
Pierre Bliaut, de 1221 à 1241
Gille Bliaut, de 1245 à 1251
Henri de Blaugies (1212-1267), qui épousa en 1239 Marguerite de Halluin, et qui eut une fille, Marie, héritière des lieux.
Vers 1280 ou en 1264, Marie de Blaugies ( ?-1300) épousa Jean I de Hénin-Liétard (v1235-1300), fils de Baudouin de Hénin-Liétard, le premier de cette famille à être seigneur de Boussu par son mariage avec Mahaut de Fontaine.
Il est cependant à noter que le titre de seigneur de Blaugies a parfois été porté par un cadet de la famille, notamment par:
Gilles « le Persan» de Hénin-Liétard (1374-1400, mort à Rome à 26 ans, apparemment non marié), fils de Jean III de Hennin-Liétard et frère de Wautier, seigneur de Boussu
Thierry de Hénin-Liétard (1406-1430), qui s’est marié en 1429, apparemment sans enfant, et qui est mort à Venise en 1430 au retour d’un pèlerinage en Terre Sainte.
Par la suite et jusqu’à la fin de l’Ancien Régime, les seigneurs et comtes de Boussu ont conservé la seigneurie de Blaugies pour eux-mêmes.
D’Adrien de Montigny (fin XVIème siècle)
La commune
On n’a pas connaissance d’une charte de privilèges, mais ceux-ci furent accordés par les seigneurs respectifs. La charte de Saint-Ghislain fut même augmentée en 1414.
Au XIVème siècle, il existait pour les démunis une « Table des Pauvres » (mentionnée dès 1321) et une léproserie, qui fut supprimée au milieu du XVIème siècle.
En 1779, le lieu-dit « Coron » est détaché du village de Hon-Hergies sur le plan civil. En 1889, il est rattaché à Blaugies sur le plan paroissial.
Evènements importants
En 1657, lors de la première guerre déclarée par Louis XIV, la cense de l’abbaye de Saint-Ghislain fut très endommagée.
Avec le traité de Nimègue de 1678, Blaugies devint village-frontière avec le royaume de France, puisque la prévôté de Bavay (avec le village voisin d’Hon Hergies) fut rattachée à celui-ci.
Le 11 septembre 1709, eut lieu la bataille de Malplaquet entre les armées françaises, commandées par les maréchaux Boufflers et Villars, et les armées alliées du prince Eugène de Savoie et du duc de Marlborough. Une partie de la bataille eut lieu, dès le 9 septembre, sur le territoire de Blaugies, alors que les Français, installés à Quiévrain, tentaient de venir barrer la route aux alliés. Blaugies fut occupée par les troupes alliées qui se laissèrent aller à des pillages.
Carte de Ferraris (v1770)
Période française (1794-1814)
Fin de l’Ancien Régime féodal en 1794
Département: Jemappes
Canton: Dour
Répartition des pouvoirs pendant la période contemporaine (à partir de 1814)
Etat: Royaume des Pays-Bas (1814-1830), puis Royaume de Belgique
Province: Hainaut
Arrondissement administratif: Mons
Arrondissement judiciaire: Mons
Canton: Dour
Entité communale depuis 1977:
Economie
Ce sont les activités agricoles et peut-être forestières qui occupèrent les habitants de Blaugies.
Patrimoine
Château féodal. Il s’agissait autrefois d’une ferme fortifiée, qui fut reconstruite au centre du village en 1720. C’est devenu ensuite une exploitation agricole. Les bâtiments furent au XXème siècle aménagés en home pour personnes âgées. Il ne subsiste que le pavillon d’entrée (armoiries des Hennin-Liétard).
Eglise St Aubin. Ce saint était évêque d’Angers. Le bâtiment, de style gothique, date du XVIème siècle, bâti sur une ancienne structure du XIIème. Le clocher date encore du XVème siècle. La richesse de cette église provient de ce qu’elle était possédée par l’abbaye de St Ghislain. Elle fut restaurée en 1763 et en 1811. Elle conserve des fonts baptismaux du XIIème siècle en style roman. On y trouve un retable gothique polychromé: « Mise au tombeau », du début XVIème, et une Croix reliquaire en argent, XVIIème.
Chapelle Notre-Dame de la Paix. Construite probablement au moment des guerres de Louis XIV. Elle fut restaurée en 1778. On y organisait des pèlerinages.
Place St Aubin. S’y trouvaient un moulin et un vieux chêne, qui brûla en 1842. La statue de St Aubin qui y reposait ne brûla pas.
Ancienne maison communale, néo-classique, 1821
Bibliographie
Pour connaître et aimer le vieux Blaugies, Le curé de Blaugies, 1957
Situation géographique : Le territoire d’Elouges est situé sur la rive gauche de la vallée de la Haine, sur le versant du Haut-Pays.
Cours d’eau : Il est traversé du sud au nord par le Rieu d’Elouges qui creuse un vallon sur les versants duquel se sont étalés à l’origine les deux noyaux ruraux qui ont constitué le village. Ce ruisseau a deux sources: une au “Préfeuillet” près d’Athis et l’autre à Wihéries. Le premier ru s’appelle aussi “ruisseau de Cocars” sur la traversée de ce petit bois à la limite de Dour. Le rieu d’Elouges est aujourd’hui couvert sous une grande partie du village. Il contourne ensuite le Mont d’Elouges avant d’atteindre Thulin. Un autre ruisseau, le Grand Séquisse, passe tout à l’est du village, venant de Dour en direction de Thulin.
Paysage préhistorique (après la dernière période glaciaire) : le versant était boisé avec des clairières humides le long du ruisseau. Au nord de l’actuel village se trouve une petite éminence, nommée “Mont d’Elouges” (altitude 50m).
Nature du sol : limoneux, argileux
Nature du sous-sol : pierre à chaux, grès, houille
Préhistoire
Ce que nous savons aujourd’hui de la préhistoire, de l’antiquité et du haut Moyen Age sur l’actuel territoire d’Elouges, nous le devons surtout à l’historien et archéologue Charles Debove, qui, seul ou avec Mr Hecquet, a passé une bonne partie de sa vie, au milieu du XIXème siècle, à fouiller le sol de son village natal. Il a consigné ses découvertes dans des livres ou articles de revues.
L’archéologue, Madame Cécile Ansieau a ramassé en 2004 des silex de facture paléolithique lors de travaux de réaménagement sur le site du Roseau Vert). Ce type de découverte est plutôt rare dans notre région et attesterait du passage d’humains très anciens sur le Mont d’Elouges. Cependant, il n’est pas précisé de quelle période paléolithique il s’agit. Sans doute l’artefact n’était-ils pas suffisamment parlant pour le faire.
Néolithique (Homo Sapiens) :
Ch. Debove, essentiellement sur le site du Mont d’Elouges et à proximité (nord de l’actuel village), a trouvé de nombreux témoignages de la période néolithique (5000-2200), essentiellement des silex taillés :
340 haches ou fragments de hache, en silex, dont les deux tiers étaient polies.
Des haches en jaspe et en porphyre.
Un millier de racloirs en silex (pour travailler les peaux pour vêtements ou tentes)
Huit pointes de flèches
90 marteaux à éclater le silex
300 couteaux (lamelles de silex), certains en pointe pour forer des trous
7 fores (lamelles de silex épaisses et étroites) pour travailler le bois et 175 forets de forme triangulaire
Des polissoirs en grès, sur lesquels on polissait les haches de silex
De nombreux outils en silex ont été travaillés à la flamme.
Plus près de nous, quelques fouilles ont encore été réalisées, permettant de découvrir sur ce même Mont d’Elouges, une hache polie (G. Di Domenico, 2003).
Ch. Debove pense que les habitats néolithiques se situaient sur des collines, comme au Mont d’Elouges. Il compare celui-ci avec le Mont Panisel à Mons et les plateaux riches en silex de la vallée de la Trouille (Spienne, Harmegnies), ainsi que les sites du Bois de Baudour. L’historien a divisé son domaine de recherche en points de fouille numérotés. Le point 19 pourrait être à l’origine un habitat sédentaire, situé dans une cavité en forme de triangle allongé, d’une surface de 1000m², avec au centre un monticule sur lequel on a retrouvé de nombreux déchets et outils de silex. C’est une position protégée contre les intempéries, avec vue sur les environs. Les habitants y auraient établi leurs cabanes. Ils pratiquaient l’agriculture et l’élevage et travaillaient aussi le silex. Mr Debove ne fait pas mention de poteries pouvant classer ses découvertes en cultures néolithiques.
Ages du fer :
Mr. Debove aurait également trouvé des objets datant de la période gauloise dans cette zone du Mont d’Elouges : des haches celtes, des fragments de poterie grossière le long du ruisseau, des pièces de monnaie et un tumulus d’inhumation.
Georges Mulpas rapporte qu’on aurait trouvé « quelque part » à Elouges un casque macédonien en bronze, 311 avt JC. Ce qui apparaît surprenant, mais qui permettrait d’échafauder l’hypothèse qu’un « Gaulois de Slogia », ayant combattu dans les Balkans à cette période (ce fut le cas), aurait rapporté ce « trophée de guerre » de son périple mercenaire en ces régions lointaines.
Antiquité gallo-romaine
Des découvertes ont été réalisées concernant cette période sur plusieurs sites : Mont d’Elouges, Monceau, Préfeuillet, …
Premier établissement (villa). Sur le Mont d’Elouges, on peut conclure qu’un établissement de type villa y a existé dans l’antiquité. Ch. Debove pense que cet habitat a été construit à la fin du Ier siècle à l’époque de Trajan (début IIème siècle). Des traces d’incendie (cendres, bois brûlé…) permettent de penser qu’il termina son existence lors d’un incendie, peut-être à l’époque où des incursions franques eurent lieu le long de l’axe Cologne-Bavay (entre 260 et 280).
Cette villa aurait été construite sur la pente ensoleillée (au sud-ouest) du Mont, à proximité du ruisseau. Dans un puits, on retrouva des pierres plates de Wihéries et des objets romains (crochet de fer, grains de verroterie, une pièce de monnaie de Septime Sévère en bronze, une de Philippe en argent, empereurs du IIIème siècle). Ce puits aurait été comblé 70 ans après la ruine de la villa (selon Debove). Un établissement à destination défensive aurait pu se trouver au sommet de la colline. Th. Bernier évoque un castrum. Celui-ci aurait pu précéder la construction de la villa pendant la période de consolidation de la paix après la conquête romaine ou plus tard lors de la fortification le long de la chaussée Bavay-Cologne. On retrouva également :
Des objets en terre cuite, de débris de vase
Des dalles et des pierres de taille (sur la propriété de Mr Marin), des pierres de Wihéries, d’Angre et de Montignies-sur-Roc
Des fragments de marbre, des traces de peinture murale, pouvant faire évoquer une habitation luxueuse
Des tuiles, des clous
Des structures de thermes avec hypocaustes et des bâtiments s’y rattachant (foyer avec dalles agglomérées par le feu).
Statuette en argile près du ruisseau, une Vénus Capitoline en bronze, un Mars en bronze
Un vase tricéphale (trois figures barbues)
Une amphore en pointe (dolium) enfoncée dans la terre (pour conserver de l’huile ou du vin).
Des fibules en bronze, des boutons en bronze, des anneaux, des aiguilles, une broche, des épingles en os, des clefs en fer, des faucilles en fer
Des objets de toilette, en bronze
Une épée, des haches
Des restes alimentaires : ossements d’animaux, mollusques et huîtres
Des débris d’urnes en terre grise
De nombreuses monnaies : Auguste, Vitellus, Néron, Domitien, Trajan, Hadrien, Antonin, Faustine (épouse d’Antonin), Marc-Aurèle, Faustine la Jeune (épouse de Marc-Aurèle), Commode, Alexandre Sévère, Héliogabale, Alexandre Sévère, Philippe et Postumus (usurpateur gaulois). Elles évoluent donc du Ier siècle jusqu’au troisième quart du IIIème siècle.
Deux aqueducs venaient alimenter en eau les thermes de cette villa. L’un partait du site la « Noire Geulene » (près des Viviers de Wihéries). Il longeait le chemin de Wihéries à Elouges, passait près de l’actuelle église de Monceau, puis passait dans l’actuelle propriété du Dr Pépin (où se trouvait un cimetière franc), il coupait la rue d’Audregnies, traversait le chemin de fer de Ferrand et de Tournelle, puis prenait la direction du Mont d’Elouges. Charles Debove découvrit des éléments du deuxième dans sa propriété. Cet aqueduc allait vers le Mont en passant par la ferme Nicolas Doye.
Deuxième établissement. A Monceau, il existait également un établissement romain, près de la fosse de la Tournelle. On y a retrouvé :
Une poignée de tiroir ou de coffret (sujet mythologique du culte de Cybèle ou Vesta) en bronze
une autre plaque en bronze
un fragment de cuillère, une spatule pour cure-oreille
un couvercle de lampe en bronze,
un style (tige en bronze), des styles à écrire
huit fibules
des feuilles de bronze enroulées
des clefs en fer, un mors de cheval, des crochets de porte, des fers de râteau, des couteaux, un plateau de balance, un cadenas, des anneaux,
des vases en terre, des fragments d’amphores
des dalles, des tuiles, des fragments de tuyaux en terre cuite, des poids en pierre, dont certains d’époque néolithique, récupérés par les Gallo-Romains. Pas de monnaie permettant de dater l’édifice. Debove pense qu’il est postérieur à la villa du Mont d’Elouges. En 2011, on y a encore fait la découverte d’éléments romains: des fragments de céramique du IIIème siècle. Il devait sans doute s’agir aussi d’une villa gallo-romaine, apparemment moins cossue que la première.
Troisième établissement. Il semble qu’il y ait eu également une exploitation agricole sur le site du Préfeuillet (parcelle de territoire élougeois, entre Dour et Wihéries). Les structures d’un troisième aqueduc furent trouvées. Il partait de Plantis (Dour) et passait successivement près du Locheniot (place de Dour), dans la fondrière de St Jean, sur le terrain des câbleries actuelles, le Chemin de Fer du Sept, les chaufours, Bellevue, Champs des Avoines.
Après Charles Debove, d’autres monnaies ont encore été trouvées sur le sol d’Elouges et sont rapportées par G. Mulpas : Antonin (138-161 ; 140-144), Faustine I (141-161), Marc-Aurèle (176-177), Faustine II (161-175), Lucille (161-169), Philippe I l’Arabe (244-249), Postumus (259-261), Tétricus (272), Dioclétien (300-305), Magnence (350). Ainsi que quelques fragments de poterie en terre cuite, de tuiles, d’aqueduc, de meule. Tous ces vestiges ont été retrouvés au Mont d’Elouges entre le chemin du Vieil Empire, le ruisseau et la route vers Thulin-Pommeroeul.
La construction du chemin de fer Dour-Quiévrain a révélé un puits gallo-romain (en pierres cimentées – bouché mais dans lequel on a retrouvé des tessons) au sommet du dernier plateau de la chaîne de collines du Borinage vers la France. Il est placé sur Elouges, à 20 mètres du côté de Quiévrain, à partir de la traverse du chemin dit de la Blanche-Maison.
Tous ces éléments démontrent qu’un habitat gallo-romain a persisté à Elouges, au moins jusqu’au milieu du IVème siècle, et qui aurait donc résisté aux invasions franques du siècle précédent et à la grande crise économique de la même période. Ce qui renforce l’hypothèse d’un habitat fortifié ou d’un castrum, édifié à la fin du IIIème siècle, sur la petite éminence stratégique du Mont d’Elouges. Celui-ci aurait donc pu être habité par un personnage d’importance militaire. Mais était-il encore gallo-romain ou était-ce déjà un franc admis en terre impériale?
Premier Moyen-Age (période franque mérovingienne et carolingienne)
Comme souvent pour le haut Moyen-Age, les témoignages les plus probants viennent des nécropoles franques. Les Francs vénéraient leurs morts et construisaient plus soigneusement leurs tombes que leurs maisons. Ces dernières, bâties en matières périssables (torchis, bois), ont totalement disparu. Dans ces sépultures, sont enterrés des hommes, des femmes et des enfants, le plus souvent les pieds tournés vers l’est. Les accompagnaient pour l’au-delà des objets funéraires qui dénotaient la position sociale des personnages inhumés.
Une première tombe fut découverte en 1808, attenante aux fondations des bâtiments de la villa gallo-romaine du Mont d’Elouges, antérieurement détruite par un incendie (supra) et peut-être récupérée par un chef franc, de la suite de Clodion, vers 430-450 (simple hypothèse naturellement !). Elle était maçonnée en pierres sèches. Le fond était pavé de dalles romaines de grandes dimensions. Les pieds du mort étaient tournés vers le sud, un poignard au côté gauche.
A Elouges, Ch. Debove découvrit trois nécropoles (398 tombeaux, 40 tombeaux et 27 tombeaux) utilisées sur une période de 500 ans, depuis le Bas-Empire romain jusqu’à l’époque de Charlemagne. Ce dernier, à une époque plus christianisée, interdit ce type d’inhumation et favorisa l’enterrement près des églises.
Ceci en fait un des sites funéraires francs les plus importants de la vallée de la Haine (après Estinnes et Ciply). A Elouges, les dépôts sont semblables malgré la longue période d’utilisation. Les chefs étaient enterrés dans des tombes au sol pavé à fond rouge (dalles, fragments de tuiles) et aux murs tapissés de dalles ou de tuiles romaines de réemploi, dans des cercueils en bois de chêne. Les autres tombes comportaient des parois latérales tapissées d’argile verte. Les dépôts funéraires comportaient :
des vases en pâte grise (souvent des poteries grossières) avec des restes de nourriture
des armes : lances, épées, poignards, scramasaxes, haches, des boucles de ceinture, des cônes de bouclier, pointes de flèche, pierres à feu en silex, clefs (pour les hommes)
des bijoux : des agrafes en or, argent ou bronze, anneaux, bracelets, colliers en verroterie, fibules en or ou bronze, des bagues (pour les femmes)
un fragment de plaque pour polir des haches (dans le mur d’un tombeau)
des monnaies s’étalant depuis 270 (Julia Mamaea) jusque vers 800, période où s’arrêtèrent les inhumations hors de la zone habitée.
Beaucoup de ces tombes avaient déjà été profanées. Il est possible que certaines coutumes aient changé avec la christianisation de certaines élites, après le baptême de Clovis, vers 490-500. Les Francs inhumaient leurs morts les pieds vers le soleil levant, mais ce mode variait selon les saisons, et aussi selon la hiérarchie. Les inhumations ont eu lieu, s’échelonnant avec le temps du nord vers le sud, à partir du Mont d’Elouges. Mais ce sont toujours les mêmes ornements, les mêmes armes, les mêmes urnes. Seules les pièces de monnaie changent et peuvent permettre la datation.
Les habitations des chefs francs s’appelaient des « Korons » (terme ayant évolué vers « courtil, courte » selon Cambier & Audin). Ces courtils étaient des bâtiments avec cour et enclos. C’étaient des grandes fermes dispersées sur le territoire d’Elouges et des environs. On ne pouvait donc pas parler de village au sens strict du terme. Il s’agissait probablement d’un clan ou d’une communauté partageant un même territoire et les mêmes nécropoles. Ces fermes étaient soit d’anciennes exploitations abandonnées par les Gallo-Romains au moment des invasions ou de la grande crise économique du IIIème siècle, soit des fermes confisquées lors de la grande migration franque du Vème siècle, soit de nouveaux établissements. Les Francs délimitaient avec soin leurs domaines par des sortes de processions, ancêtres des Rogations de printemps qui virent le jour au VI-VIIème siècle. Les cimetières se trouvaient en dehors, mais à proximité de leur habitat.
Selon Cambier et Audin, certains des hameaux actuels datent de cette époque et se sont développés au départ d’une ferme, d’importance variable :
Coron de la Marlière (au nord de l’actuel zoning Dour-Elouges). Il fut le siège d’un fief au moyen âge. On y a retrouvé deux tombes franques en 1845. Une d’homme avec scramasaxe (glaive) et une de femme, reposant sur des dalles romaines saupoudrées d’argile de tuiles romaines broyées. Les tombes avaient des murs de pierres sèches mal équarries, mêlées à des débris de tuiles. Elles étaient orientées vers l’ouest.
A proximité, se trouvait la vieille ferme seigneuriale des Doye (cense du Coron).
Coron avec la Maison Debove et Grand-Rue comme centre
Ferme des Andrieux (les André). Tombe découverte en 1840 lors de l’exploitation d’une fosse. Elle était orientée au midi et dallée de pierres plates. Un poignard et des autres ferrailles accompagnaient la dépouille.
Coron Martin Chêne (haut du Monceau). Groupe de maisons ouvrières sises en haut du Monceau, à proximité de la fosse de la Tournelle où se trouvent les fondations d’une villa romaine. Deux tombeaux en pierre sèche furent découverts en 1871. Cambier pense qu’elle indique la prise par un chef franc d’une résidence romaine en ruines. Elle était éloignée du cimetière commun du Mont d’Elouges et des autres tombes isolées.
Près de l’église de Monceau. Découverte en 1842 d’un grand nombre de squelettes mis simplement en terre, avec des lances et des épées, selon une manière d’inhumer au VIII-IXème siècle. La population franque était assez nombreuse dans cette partie du village. Découverte en 1873 près de la ferme Derveau d’une tombe franque, orientée les pieds vers le levant du soleil, avec un scramasaxe. Pas de tombeau. A proximité, un bronze d’Hadrien (venant sans doute de la villa du Monceau), des poteries noires et des fondations du XIIème avec des matériaux gallo-romains.
Au Préfeuillet. Près du champ du Préfeuillet (à 4km du Mont d’Elouges) : des fondations romaines, tessons de poteries, clous. Cinq tombeaux francs avec un pavement en tuiles romaines broyées. Identiques à ceux d’Elouges.
Corons des Faidherbe, de la Rosière et de la Citadelle
En 2011, à Monceau, on découvrit encore quatre sépultures en pierres à inhumation d’époque mérovingienne, dont une contenait un tesson de céramique (datation 570-660 et 615-685). Elles faisaient partie d’un probable ensemble plus vaste sur le versant occidental du ruisseau d’Elouges, à proximité des sites déjà fouillés par Ch. Debove.
On peut déduire de ces fouilles que, dans la villa du Mont d’Elouges, vécurent des militaires francs de haut rang, entourés d’une communauté d’une certaine importance pour l’époque. Quand on sait qu’à Wihéries, il existait probablement un domaine fiscal royal, on peut penser qu’il pouvait y avoir un lien avec les Francs d’Elouges. Ceux-ci étaient en partie des militaires, peut-être des aristocrates à l’époque des rois mérovingiens, mais aussi des propriétaires d’exploitations agricoles d’importance variable. Avec eux vivaient des serfs, prisonniers de guerre ou descendants de ceux-ci.
On n’est pas sûr d’une continuité absolue entre l’habitat gallo-romain et l’habitat franc, mais elle n’est pas impossible. On sait que dès 280, sous l’empereur Maximien, celui-ci a permis à des Francs Saliens de s’installer en Gaule septentrionale, sous autorité romaine, avec pour mission de défendre la frontière contre de nouvelles incursions. La précocité d’utilisation de la nécropole franque à Elouges pourrait en être un témoignage.
Dès qu’ils furent christianisés, les Francs auraient édifié un oratoire au centre de leurs possessions, centre qui devint progressivement le village d’Elouges dans les siècles suivants (probablement seulement au IXème ou Xème siècle). En se regroupant au milieu de toutes les fermes, certains manants formèrent le noyau du village sur des terrains vagues octroyés par les maîtres, terrains les moins propres à la culture.
Cette période a subi de grands changements hydrographiques, à cause du défrichement des bois séparant le Monceau et Wihéries et du dessèchement des étangs que la roche entretenait sur ce plateau. Un champ concave entre Wihéries et Athis a gardé le nom de Vivier, et la vallée entre Wihéries et le Monceau celui de Vivroeulx (viviers). Ces viviers s’écoulaient vers Elouges en une rivière poissonneuse. Les moines de St Ghislain y prélevaient leur poisson.
Les ruines des trois villas servirent probablement d’habitation à des chefs francs. D’autres, moins riches, furent construites à proximité. Des pierres de ces édifices servirent à construire l’église. Deux églises furent construites dès l’époque mérovingienne.
Pour Debove, les fermes isolées furent saccagées par les Normands et disparurent, les fermiers s’installant dans le village. Les noms des fermes abandonnées restèrent aux champs et lieux-dits. Nous pensons que la situation fut mixte : persistance de fermes isolées et regroupement en deux noyaux villageois, celui d’Elouges-au-Val et celui d’Elouges-au-Mont (Monceau).
On pourrait en conclusion avancer l’hypothèse que Wihéries était une terre fiscale, où avait été bâtie une résidence fortifiée pour un seigneur plus important, peut-être proche de la famille royale de Neustrie. Dans les environs, et particulièrement à Elouges, existaient un nombre assez important de villas, certaines assez cossues, et de fermes plus petites. Ces Francs furent enterrés dans de grandes nécropoles situées surtout au nord d’Elouges.
Deuxième Moyen-Age – le village
Première mention: 965
Toponymie (anciennes orthographes) :
Slogia (965, « faux » document des abbés de Saint-Ghislain)
Heslogio (1118, confirmation de ce document par le pape Gélase), distinguant « Cum Monticulo » (Monceau)
Escolgium (1131, 1142)
Ellogio (1186, sentence de l’évêque de Cambrai à propos d’un litige entre les abbayes de St Ghislain et d’Haumont)
Esluges, Esloges (1211)
Eslouges (1214 et à plusieurs reprises par la suite)
Louges, 1400
Esloges (1455)
Etymologie (hypothèses d’origine du nom) :
Logeion, du mot grec signifiant : temple. Selon l’abbé Lambiez (1843), un temple romain dédié à Cérès ou Eleusine/Eleusis, fut peut-être construit sur le mont d’Elouges. Aucun vestige de construction n’y a été découvert, permettant de privilégier cette étymologie. A. Debove rejette cette hypothèse. Seules des médailles et des pièces de monnaie attestent de la présence romaine dans les environs
– ell, lug, du celtique, signifiant : choc et rivière, soit un point de rencontre de deux cours d’eau. Il est peu plausible que ce confluent de deux petits ruisseaux, éloigné du centre du village, ait donné un nom à ce dernier (Hypothèse de Piérard et A. Debove, rejetée par Mulpas)
– Slogia, Elogia (1118), Eslogium, Logia, Esloges (1213), du latin : loge, demeure princière, fisc royal (selon Chotin) – parait plus vraisemblable
– sloha, du germanique : marais (selon Carnoy)
– loodse, qui en teuton signifie : loge, demeure, résidence – loges de bûcherons travaillant dans la forêt?
Epoque de son apparition: A la fin de la période carolingienne, deux noyaux villageois, constitués peut-être par les serfs des propriétaires fermiers, s’installèrent le long du vallon du ruisseau, y créant deux communautés rurales avec paroisses.
Facteurs ayant favorisé son émergence :
– voies de communication: Elouges n’est pas éloigné de la chaussée romaine antique Bavay-Blicquy, dont des diverticulums s’échappaient pour rejoindre les villas des environs. A la période franque, on aménagea de nouveaux chemins entre les centres politiques, ainsi qu’entre les abbayes. Ainsi la communauté franque d’Elouges-Wihéries vit passer près du Mont d’Elouges un chemin qui reliait Famars (chef-lieu du comté) à Estinnes (résidence royale) en passant par les grosses communautés franques d’Elouges, de Quaregnon, de Ciply et d’autres autour de Mons. Plus tard, ce chemin relia Valenciennes à Binche. Il était rejoint sur le territoire d’Elouges par un autre qui venait du Quesnoy par Sebourg, Angre et Audregnies, et un autre encore qui venait de Quiévrain. Elouges fut encore relié par d’autres chemins à Crespin, à Saint-Ghislain, puis aux villages voisins (Dour, Wihéries).
– sources d’eau ou cours d’eau: le rieu d’Elouges
– source de bois: les versants étaient boisés
– proximité d’un lieu de pouvoir: les fermes-villas dont certaines ont dû être fortifiées.
Paroisses dédiées toutes deux à Saint-Martin
Evêché: de Cambrai (jusqu’en 1804), puis de Tournai
Décanat/doyenné: Bavay jusqu’en 1803, puis Dour
Autel (dîmes, entretien de l’église, nomination des officiants) donné à l’abbaye de Saint-Ghislain, pour ce qui concerne la paroisse de Monceau, selon un acte d’Odon de Cambrai de 1190. Cette paroisse était une dépendance (secours) de la paroisse Saint-Victor de Dour. Elle était desservie par un curé ou vicaire venant de Dour par « la voie du prêtre » et le chemin de Cocars. Les nouveaux nés étaient baptisés à Dour. Elle ne devint paroisse autonome qu’en 1842.
La paroisse d’Elouges-au-Val fut attribuée à l’abbaye de Crespin. Il semble que la dîme y était déjà collectée en 965. Elle fut confirmée par le pape Gélase en 1118. L’abbaye d’Haumont recevait aussi une partie de la dîme.
Répartition des pouvoirs pendant la période féodale
Autorité supérieure: comté de Hainaut
Autorité sous-jacente (administrative et judiciaire): prévôté de Mons, mais une partie des villages couverts par celle-ci fut administrée à partir d’Elouges (infra).
Seigneuries et fiefs
Avec le développement du comté de Hainaut, tout le territoire d’Elouges, fut partagé en plusieurs fiefs. Il s’agissait de seigneuries foncières qui appartenaient à :
Abbaye de St-Ghislain, le plus étendu des fiefs. Au début du IXème siècle, l’abbé Eléphas de l’abbaye de Saint-Ghislain, dont la famille aurait été proche de celle de l’empereur Charlemagne, offrit à son abbaye, tout le territoire de Wihéries, où se situait sa résidence, sans doute devenue avec le temps « la Courte », ainsi que la moitié du village d’Elouges, qui lui appartenait.
Abbaye de Crespin
Abbaye d’Hautmont, dont le moulin est cité en 1083
Abbaye de St Germain de Mons
Abbaye de Ste Ménégonde de Chimay (ferme du Préfeuillet – infra)
Abbaye du Val des Ecoliers de Mons (ferme du fief de la Rosière)
Ces domaines agricoles furent offerts à ces établissements religieux par des aristocrates francs, soit par les rois eux-mêmes, soit par les premiers comtes du Hainaut, qui s’étaient rendus maîtres de ces abbayes. La plupart de ces fiefs étaient constitués de terres, et le plus souvent d’une ferme. Ces fermes étaient donc nombreuses au Moyen Age sur le territoire d’Elouges.
La seigneurie laïque “principale”. Il est vraisemblable qu’une partie du village resta propriété des comtes, car ceux-ci y « délocalisèrent » une partie de leur prévôté de Mons (tribunal comtal). La prévôté d’Elouges étendait ses compétences sur 27 villages (actuel canton de Dour, Hornu, Wasmes, Wasmuel, Boussu et dépendances, Saint-Ghislain). Un prévôt comtal subalterne y exerçait l’autorité. Un pilori figurait au milieu de la place. Cette seigneurie comtale d’Elouges avait son château où résidaient des représentants du comte, située dans la “ferme Doye”, du nom d’un des derniers seigneurs. Ont été cités, parmi ces seigneurs:
Ide d’Elouges, 1107
François et Jean d’Elouges, 1190
Francon d’Eslouges, 1211
Gilles d’Elouges, 1251
Adam de Warelles, 1332
Veuve de Warelles, 1428
Berthe de la Sauch, 1473
Jean d’Espiennes, 1578
Joseph Doye, 1716
Les prévôts rendaient justice à Elouges mais ils ne laissèrent pas de traces, résidant sans doute ailleurs. Quelques noms connus de prévôts :
Jehan de Condé, 1318
Willaume Maures, mort en 1400. Il avait une pierre tumulaire dans l’église d’Elouges
Jean Lefèvre, 1605.
Philippe de Gorrain
Jean de Bruyus, mort en 1673 – tombe dans l’église
Hercule de Ronquier, 1675
Marie de Ronquier, qui épousa Antoine Belhomme, seigneur d’Ophain. Elle mourut en 1702.
D’Adrien de Montigny (fin XVIème siècle)
Le fief du Préfeuillet. « L’Ancienne ferme du Préfeuillet » (ou « cense du Pont », car il fallait franchir un pont sur le ruisseau Saussez pour y accéder) avait son domaine sur un territoire étendu (2km) qui partait du centre du village vers le bois de Cocars et le lieu-dit Rosières, puis qui se prolongeait entre les territoires de Dour et de Wihéries vers Athis. Le chemin du Préfeuillet continuait le chemin de la Rosière vers le Préfeuillet. Une villa romaine y aurait existé. Deux tombes mérovingiennes attestent d’une certaine continuité entre la période gallo-romaine et le Moyen Age. La propriété de ce fief ne semble pas connue avant le XVème siècle, peut-être était-ce un domaine comtal, donné ou vendu à une famille, peut-être celle de Quiévrain.
Ce fief et sa ferme furent donnés en 1449 par Jeanne de Lalaing, dame de Quiévrain, au chapitre de Ste Monégonde de Chimay et au cantuaire St Jean de Quiévrain. Elle était dame héritière de Quiévrain par son père et comtesse de Penthièvre par son mariage avec Olivier de Châtillon. Sa sœur Marie épousa Jean II de Croÿ, comte de Chimay. Ce fief fut tenu par des intendants de diverses familles :
Bady
Rouneau
François Debove. Son gendre, l’historien Charles Debove, y aurait habité au XIXème siècle
La ferme fut vendue à la Révolution comme bien public.
La seigneurie de Courteville. C’était un fief lige relevant du comte de Hainaut. Elle fut tenue entre autres par :
Jean Brumiel, 1332
Jean Dujardin, bourgeois de Valenciennes, 1410
Colart de Castellois, 1420
Nicolas de Beauffort, 1594, prévôt du Quesnoy
1685, comte de Souastre, par mariage
La seigneurie de Leval ou du Val. Là où se trouve l’actuelle ferme Roucoux, bâtie en 1492 puis reconstruite en 1649. Près de l’église du Val. Elle fut tenue entre autres par Marie Godemart, héritière, qui épousa Henry de Dessus-les-Moustier.
La seigneurie d’Epinois. Située dans le bois de Cocars, entre Elouges et Dour. Nous ne sommes pas documentés sur l’origine du nom (Epinois est un village près de Binche, mais il existe aussi Epinoy dans le département du Nord). Il est possible que ce domaine ait appartenu à certaines époques aux seigneurs de Dour, notamment les de Royer à la fin de l’Ancien Régime. L’histoire de l’ermitage est décrite dans le paragraphe « patrimoine » (infra).
Le fief de Robert Li Dus, cité en 1328
La commune
Aucune mention d’une charte de privilèges, de maïeurs ou d’échevins ou de l’administration de cette commune (une ou deux?) par rapport aux deux paroisses.
Carte de Ferraris (XVIIIème)
Période française (1794-1814)
Fin de l’Ancien Régime féodal en 1794
Département: Jemappes
Canton: Quiévrain, puis Dour
Répartition des pouvoirs pendant la période contemporaine (à partir de 1814)
Etat: Royaume des Pays-Bas (1814-1830), puis Royaume de Belgique
Province: Hainaut
Arrondissement administratif: Mons
Arrondissement judiciaire: Mons
Canton: Dour
Entité communale depuis 1977: Dour
Evénements et faits marquants sur le sol de la commune
Le château de la seigneurie principale est surtout connu pour les dommages qu’il subit à plusieurs reprises. Le comte Aubert de Bavière s’en serait emparé en 1396. Pour quelles raisons ? Cette année-là, il combattait les Frisons, assisté par plusieurs seigneurs de la région (Trazegnies, Audregnies, Boussu, Roisin). Un vassal local se serait-il rebellé, profitant de son absence?
Il en fut de même en 1423 avec la comtesse Jacqueline de Bavière, qui était en conflit avec son mari, le duc Jean de Brabant. S’était-elle réfugiée à Elouges, raison pour laquelle le château fut attaqué?
Le château fut définitivement détruit en 1578 par le duc d’Alençon. Ce dernier était au service de son frère, le roi de France. Tout catholique qu’il fût, en ces temps de troubles religieux, le roi venait en aide aux Réformés des Pays-Bas qui étaient en guerre contre Philippe II, roi d’Espagne, ennemi de la France. Repoussé par les troupes du comte de Boussu, Maximilien de Hénin-Liétard, le duc d’Alençon se mit à piller la région, détruisant les châteaux d’Elouges et de Baisieux.
Economie
Exploitation du sol. Le sol d’Elouges, étant très limoneux (sédiments éoliens), ses habitants, depuis le néolithique, s’adonnèrent à l’agriculture et à l’élevage.
On trouva plusieurs moulins à grains.
Un premier existait déjà, avec une brasserie, dès 1083 sur la terre possédée par « l’abbaye d’Hautmont » (chartes des évêques de Cambrai Gérard et Odon, et du pape Innocent II). Pas de vestige retrouvé.
« Moulin à vent de la Rosière », bâti en 1621. Aucune mention après 1772.
Un autre moulin à vent est cité en 1699, puis en 1743. Il appartenait à « Mr Belhomme », probablement à la Taule (Mont d’Elouges).
Un moulin était placé sur une éminence le long du chemin d’Audregnies, anciennement connu sous le nom de chemin du Quesnoy, ou de St-Ghislain au Quesnoy. Cette voie fut appelée plus tard Cavée Bryelle (cavin de Gabriel). Des vestiges de fondationde ce moulin furent retrouvés au XIXème.
« Moulin au Trieu du Monceau » construit en l’an VIII (période révolutionnaire française), près du waressaix (pâturages communs). Muni d’une machine à vapeur en 1861 puis électrifié en 1911. Abandonné en 1944.
« Moulin de la Chapelle », 1764, endommagé en 14-18, disparu en 1930, il appartenait à la famille Williot depuis 1861.
Moulin sur le terrain de « Narcisse Debove », 1848
Moulin au n°18 de la rue de Dour, à vapeur, sur le terrain de « Mr Labbé-Moreau », 1859
Des entreprises étaient liées aux productions agricoles :
Des brasseries – plusieurs sont connues au XIXème. Elles desservaient 198 cabarets au XIXème pour 4224 habitants
Des sucreries existèrent dès 1839 à partir de betteraves
La première utilisait d’abord du sucre exotique et fut créée en 1819 par les frères Tellier (importation de sucre roux débarqué à Anvers). On y raffinait le sucre. En 1851, on créa la « Fabrique et Raffinerie de Sucre » avec machines à vapeur, gazomètre, liaison au chemin de fer. Elle fut remplacée (en ?) par la SA Verreries d’Elouges et plus tard par une « Fabrique Nationale des produits chimiques et explosifs ».
Jouveneau et Cie, route de Bavay, à la limite avec Wihéries et Athis, au croisement avec le Rieu Saussez (1870-1910)
Une vinaigrerie
Des fabriques de chicorée
Exploitation de la chaux. Il y avait un affleurement de pierre à chaux sur une surface étendue et profonde. On y mit en valeur la marne pour l’amendement des sols cultivables acidifiés. Il y avait de nombreuses exploitations à ciel ouvert en divers endroits du village (zone du Terpied à l’ouest, Taule, Bellevue, champ des Avoines). Au XIXème, on compta plus de 55 carrières (à ciel ouvert et souterraines). La dernière arrêta ses activités en 1967. Il y avait des fours à chaux à proximité. On exploitait aussi la craie. Le sous-sol à l’est du village était un véritable gruyère. Des effondrements se produisirent sous des habitations ou sur des chemins.
Exploitation de la houille avant le XIXème siècle
Lors de la démolition de l’église de Monceau, Ch. Debove dit que l’on découvrit dans le ciment des incrustations d’une substance noire et brillante, datant donc de l’époque de la construction de l’église romane. On commença à extraire la houille au XIIIème siècle selon des documents de 1248, 1251 et 1274. Des documents d’avant le XVIème siècle ont été perdus. L’exploitation a probablement été aussi ancienne ici qu’à Dour et Boussu.
En 1402, on cite les lieux « Buisson » et « Champ des Trauweurs ». Fin du XVème, il existe les veines dites « Berteaux ». En 1545, il y a déjà les fosses « Désirée » et « Longterne ». Vers 1560-1575, sont encore citées « Semaillères », « Dure-Veine », « Engleuse », » Grande Veine ».
On trouve des concessions de part et d’autre du ruisseau au XVIIème siècle au Bois d’Epinois et dans les Cavains (vers Audregnies).
Les seigneurs d’Elouges, abbés et laïcs, louaient des concessions à des exploitants, qui, en retour, leur payaient une location (cens) et un pourcentage des revenus (contre-cens). Le charbon était vendu sur place ou était transporté vers des villages voisins ou encore vers la Haine. Chaque traversée de seigneurie se faisait contre un droit de douane (tonlieu).
De nombreux noms de concessionnaires apparurent au XVIIIème, dont Andrieux, Longterne, Grande Veine, Désirée, Belle Vue et bien d’autres. Cette industrie connut des périodes de déclin. Elles furent quasi à l’arrêt lors des guerres de Louis XIV. Dès le XVIIIème, le Borinage connut un développement important des sociétés charbonnières qui regroupaient les concessions. On y notait à cette époque 31 fosses en activité. Beaucoup de sites ont été abandonnés avant la fin du XVIIIème, dont la Fosse du Champ des Avoines (1782-1788) et celle de Sainte-Catherine (1775-1782).
Exploitation de la houille aux XIXème et XXème siècles. Les regroupements continuèrent.
Le charbon n’affleurait nulle part à Elouges. Par contre il était abondant en profondeur. Mais là, les infiltrations d’eau empêchaient d’exploiter en profondeur. Les premières pompes à feu à Elouges n’apparurent qu’en 1809 aux Andrieux, en 1818 à Bellevue, en 1835 à la Grande Veine. C’est en 1816, qu’on utilisa au Tapatout 2 la lampe de sécurité Davy qui ne pouvait être allumée qu’au jour. La première pompe d’extraction à vapeur de Watt à Elouges fut utilisée en 1807. En 1846, on installa des échelles hélicoïdales à la Grande Veine.
La “Société de Belle-Vue” était le fruit du regroupement de 10 exploitations. En 1785, Guillaume Castiau se fit octroyer par le prince de Ligne une concession charbonnière s’étendant sur les terres et les seigneuries de Baudour, Hautrage, Imbrechies, Montroeul, Stambruges, Thulin, Ville-Pommeroeul et Villerot. Il fonda une société. Il racheta ensuite une dizaine de concessions de charbonnages à Elouges et à Dour.
Le site de Belle-Vue
Le nom du site viendrait de sa situation au sommet d’un plateau d’où l’on pouvait admirer un vaste paysage, surtout vers le nord, moins enfumé et noir que les cités ouvrières de Dour, Elouges et Boussu-Bois.
En 1792, la nouvelle association d’actionnaires créée fixa son siège social à Elouges. Elle fut baptisée « Société de Belle-Vue » par référence au nom du champ sur lequel fut construit le « Grand Bureau », vaste immeuble destiné à abriter les services administratifs du charbonnage, un des plus anciens du Borinage encore debout. Autour du bâtiment principal, on construisit des maisonnettes pour une vingtaine de familles d’ouvriers en plusieurs étapes, entre 1810 (donc avant le Grand-Hornu) et 1874. Le tout entoure une grande cour, accessible par un porche. Ce site servit parfois de caserne pour les forces de l’ordre chargées de réprimer les mouvements sociaux au XIXème siècle.
Le site a été rénové. En 1823, le charbonnage fut vendu, car la société ne se releva pas d’une série de coups de grisou qui avaient fait plus de vingt victimes et avaient détruit une partie des installations. En 1874, des travaux d’agrandissement furent réalisés : de nouvelles maisons furent construites autour d’une cour rectangulaire. Ce modèle, appelé “phalanstère » répondait à une conception ouvriériste de l’époque. Avec la fermeture des charbonnages, les bâtiments furent abandonnés et se détériorèrent. En 1980, un entrepreneur décida de les restaurer, mais le projet échoua.
Le charbonnage de Belle-Vue se développa rapidement au point d’être le plus puissant du Borinage au début du XIXème siècle. Les puits:
« Belle-Vue n°2 », au bois d’Epinois (1792-1877). On y déplora des accidents en 1831 (36 morts) et 1862 (25 morts). Après la cessation, le site fut transformé en atelier de traitement du charbon, avant sa transformation en coke dans les 80 fours. Une station électrique fut alimentée par les gaz produits par les fours à coke, dès 1911. Elle alimentait le triage et les lampes portatives du puits n°7.
« Belle-Vue n°7, » rue des Canadiens et route Dour-Elouges (1837-1936). Site ouvert par Marc Lefebvre-Meuret. Il subit un incendie en 1838. Une machine à vapeur y fonctionna dès 1844. Deux coups de grisou : 1861 (12 morts) et 1874 (15 morts). Le site fut raccordé au chemin de fer en 1860.
« Belle Vue n°8 », près du Pont du Bibelot (1844-1922). En 1894, 53 fours à coke y étaient en activité. Entre 1908 et 1921, l’exploitation de la veine Grande Godinette à 695 mètres de profondeur provoque 32 coups de grisou dont plusieurs sont meurtriers. Une seconde centrale électrique y sera construite.
Sainte-Catherine sous Elouges
Ruisseau
Champ des Avoines
La Société de Belle-Vue absorba ensuite deux charbonnages dourois :
Grande Veine à Dour
Longterne du côté de Dour
La société Belle- Vue-Baisieux
Elle est le fruit d’une fusion en 1823 entre la “Société de Belle-Vue” et le « Charbonnage de Baisieux ». C’était alors la plus importante du Borinage. Jusqu’à 1000 ouvriers en 1830. Elle devint propriété de la Banque Nationale en 1843. Elle couvrait alors 3939 ha. En 1860, fut créée une liaison ferroviaire de Belle Vue à Saint-Ghislain. En 1873, fut créée la liaison de chemin de fer de l’Etat Dour-Quiévrain, et en 1882, celle de Dour-Roisin.
S.A. des Charbonnages unis de l’ouest de Mons (CUOM)
Elle résulte de la fusion en 1868 de la « Société Belle Vue-Baisieux” et des charbonnages de Boussu (qui englobaient les sociétés Ste Croix-Ste Claire, Longterne-Trichères, Grand Hainin). Elle absorba successivement d’autres sociétés existantes:
Société Longterne-Ferrand, fondée en 1768, dont le siège se trouve à la rue d’Audregnies. Avec ses trois puits, elle couvrait 415ha:
Puits N°1 « Ferrand » et « Longterne-Ferrand », rue d’Audregnies (1801-1959/1961, le dernier à fermer à Elouges). Plusieurs catastrophes, parmi les plus meurtrières du bassin borain, dues à une présence importante de grisou:
Le 6 mars 1852 : mort de 63 mineurs, deux autres sont noyés et 14 sont blessés.
Le 4 octobre 1856 : 16 morts et blessés
Le 30 août 1862, 19 morts et blessés.
Le 3 avril 1930 : 20 morts.
Elle fut reliée au chemin de fer des Houilles Grasses en 1858. Le charbon passait sur un viaduc au-dessus de la route Elouges-Wihéries. Il en reste la cheminée, des bâtiments en briques (vestiaires, douches, salle des machines, magasins, station de triage) et le terril exploité. Une partie des bâtiments a été transformée en logements.
Puits n°2 La Tournelle (1801-1861)
Puits n°3 Sainte-Odile (1882-1892). On y déplora aussi plusieurs coups de grisou : 1852 (59 morts), 1856 (16 morts), 1862 (29 morts), 1930 (20 morts). On construisit à proximité la cité Sainte-Odile.
Société des Houilles grasse du Levant d’Élouges, avec le Puits N°4 « Grande-Veine » (1752-1952), rue de la Grande Veine. Déjà mentionnée de 1736 à 1745. Elle fut exploitée d’abord par la Société de la Grande Veine du Bois d’Epinois, née en 1752. Superficie de 399 ha. Coups de grisou en 1763, 8 morts et en 1784, 3 morts. Une inondation en 1775 (12 morts). Elle se transforma en « SA des Houilles Grasses du Levant d’Elouges » en 1838. C’est le premier charbonnage borain éclairé à l’électricité par une dynamo Dulait. Il fonctionnait avec les fours à coke à proximité. Ce fut aussi le premier charbonnage à fermer avec le plan CECA en 1952. Les autres puits de la Grande Veine avaient déjà tous fermés au XIXème. Il fut relié au chemin de fer vers Saint-Ghislain en 1846, puis vers Thulin en 1856. En 1882, cette société fut absorbée par la CUOM (supra).En 1905, 50 fours à coke y sont en activité. Il y existe une pompe souterraine pouvant refouler l’eau d’un seul jet de 552 mètres à la surface.
??? Le puits des Andrieux, petit exploitation
Activités conjointes
D’autres activités étaient liées aux charbonnages, qui utilisaient du charbon ou pour fabriquaient du matériel :
Fours à coke dès 1855 à la Grande Veine et à Belle Vue (N°2 : 8 ; n°4 :53). Pour la production de gaz et de coke.
Usines chimiques:
carbonisation de noir animal (Tellier, 1851)
superphosphate (Faidherbe)
engrais chimiques (Faidherbe, 1903)
carbonate ammoniaqué (Bochon, 1870)
Corderies et vanneries dès 1450 à partir d’osier récolté à Elouges
Charrons pour la construction de véhicules destinés au transport (houille, chaux, céréales)
Les autres entreprises
Travail du métal (ferronnerie) et du cuivre, chaudronneries, ferblanteries
Travail du bois : menuiserie, scierie, tonnelier
Tanneurs, cordonniers, selliers-bourreliers
Une savonnerie
Carrières
De pierre à chaux et de marne, actives jusqu’à la fin du XIXème. Avec des fours à chaux, rue de Dour, dont le dernier s’est arrêté en 1967.
D’argile pour briqueteries (André)
Les voies de communication
A l’origine, Elouges n’était pas au bord d’une chaussée romaine, mais celle-ci ne passait pas bien loin et était sans doute reliée aux villas locales par des chemins praticables. Les villas étaient aussi reliées entre elles: celles d’Elouges, de Dour, d’Audregnies, de Thulin, de Quiévrain et de Montroeul-sur-Haine. On n’était ici pas très loin du vicus d’Hensies, couplé à l’embarcadère de Pommeroeul, sur la Haine.
Dès le VIIème siècle, on sait que les communautés mérovingiennes étaient assez nombreuses en vallée de Haine. Il y en avait une à Wihéries-Elouges. On en connaît d’autres à Quaregnon, au sud et à l’est de Mons (Ghlin, Cuesmes, Ciply, …). De plus, trois abbayes furent fondées : Crespin, Saint-Ghislain, Mons, sans parler de Condé, Haumont et Maubeuge. Des résidences royales existaient aussi à Valenciennes, peut-être à Wihéries et à Chièvres, et sûrement à Estinnes. Le comté (pagus) était administré à Famars (près de Valenciennes).
Tous ces centres devaient probablement être reliés entre eux par des routes qui desservaient au passage les communautés paysannes ou militaires, d’importance variable.
Elouges (cela révèle peut-être l’importance de l’endroit à cette époque) se trouvait au bord du “Vieux chemin de Binche” (ou du “Vieil Empire”). En fait, au départ, il reliait Famars et Valenciennes à Estinnes, en desservant les communautés franques du sud de la Haine et l’abbaye de Mons. Elouges fut aussi reliée aux abbayes de Crespin et de Saint-Ghislain.
Quelques siècles plus tard, si Famars et Estinnes perdirent leur importance, on vit apparaître d’autres centres importants: Valenciennes, Le Quesnoy et Binche. C’est pourquoi le Vieux Chemin de Binche devint le “Vieux chemin de Valenciennes à Binche”. Il passait l’Aunelle à Marchipont, rejoignait l’actuel centre de Baisieux, se dirigeait par le lieu-dit “Carochette” vers le sud du Mont d’Elouges et se continuait, par le “Plat-Pied” au sud de l’actuelle grand-route (qui n’existait pas alors!) vers Boussu et Hornu. Il était rejoint à hauteur d’Elouges par une autre voie qui venait du Quesnoy par Sebourg, Angre et Audregnies, chemin lui-même rejoint par un autre qui descendait de Roisin. Enfin, un autre chemin, venant de Valenciennes par Quarouble, passait à Quiévrain, au Saulçoir pour rejoindre le “vieux chemin de Valenciennes à Binche”.
Il paraît que ce chemin de Binche (ou du Vieil Empire – sans doute une appellation plus tardive) était dédoublé en gravissant le Mont d’Elouges pour éviter des rencontres de chariots allant en sens contraire, fait habituel chez les Romains. A cet emplacement, la partie supérieure du dédoublement est actuellement cultivé. Cette voie a disparu en de nombreux endroits, mais de nombreux tronçons subsistent, qui s’appellent souvent « chemin ou rue de Binche ».
Les deux pôles du village d’Elouges se sont constitués à la fin de la période franque (entre le IXème et le XIème siècle). Ils étaient reliés en ligne droite entre eux, puis ils se sont étendus le long du ruisseau. Des voies transversales menaient vers les villages voisins :
Vers Crespin, l’actuelle rue de Quevauville
Vers Audregnies (ancien chemin du Quesnoy), devenue rue des Canadiens en 1919, suite à la libération d’Elouges en novembre 1918 par des soldats canadiens. Au bas de cette rue se trouvait une barrière de péage, avec un bureau.
Vers la seigneurie laïque de Dour, l’ancienne rue de Dour, devenue rue des Andrieux.
Vers la seigneurie abbatiale de Dour, le chemin de Cocars et la voie du Prêtre
vers Quiévrain, l’actuelle rue Victor Caudron, près de la gare. Ce chemin a disparu en grande partie. Il rejoignait la ferme seigneuriale du Saulçoir et entrait dans le village de Quiévrain par la rue de Dour. A mi-route, s’en détachait un autre chemin qui allait rejoindre le “Calvaire des Six Chemins” situé à la limite Quiévrain-Hensies-Montroeul-Haine. A cet endroit existait le hameau de la Cattoire, aujourd’hui disparu. Ce chemin de Quiévrain croisait également un autre chemin qui reliait Saint-Ghislain au Quesnoy, passant par les villages d’Hainin et de Thulin (rue d’Audregnies), et passait à l’ouest du Mont d’Elouges au lieu-dit « les profonds chemins » ou aussi « Cavée Bryelle » (cavin de Gabriel). Un moulin à vent y aurait existé.
L’intensification du trafic de diligences entre la Belgique et la France, et du transport du charbon, fit qu’on doubla l’ancien chemin de Valenciennes à Binche vers 1750 par une route pavée parallèle tracée quelques centaines de mètres plus au nord. Elle reliait Mons (et au-delà Bruxelles) à Valenciennes. Elle était aussi appelée “route thérésienne”, car autorisée par l’impératrice Marie-Thérèse.
En 1758, la même impératrice octroya au mayeur, aux échevins et aux habitants d’Elouges le droit de construire une chaussée pavée depuis le corps de garde du village (« Marlière ») jusqu’à la chaussée Mons-Quiévrain, récemment construite. Cette chaussée fut construite par les Elougeois en pavés de Wihéries. Pour subvenir à la dépense, un droit de péage avec barrière fut affermé. Les Elougeois en étaient exemptés.
Il y avait plusieurs barrières sur le territoire d’Elouges :
un corps de garde à la « Marlière » où un employé percevait les droits de passage dus par les étrangers
un contrôle sur la route vers Audregnies-Roisin, au carrefour rue grande – rue de Dour – rue des Canadiens
une aussi au carrefour rue grande – rues Ferrer et Joseph Wauters
En 1868, on supprima les barrières sur les routes de l’Etat. En 1877, l’Etat reprit ses droits sur la route St Homme-Elouges-Roisin et supprima ce droit de chausséage. Les routes furent désormais entretenues par un fonds provincial.
La Grand-Rue fut également pavée à cette époque et le Ruisseau (Rieu) fut canalisé et voûté sous cet axe au XIXème siècle.
L’augmentation de la démographie fut surtout intense au XIXème et au XXème siècle. Des quartiers à Elouges se sont développés et le réseau initial des voies de communication s’est étoffé. Ainsi sont apparues la cité « Sainte Odile » en 1949, les cités ouvrières des rues François André (1924), Edouard André (1934), Paul Pastur, Cantineau (1954).
Au XIXème siècle, le chemin de fer est venu compléter ce réseau, surtout pour le transport du charbon et des marchandises. C’est pourquoi des voies industrielles relièrent les sites miniers vers la gare charbonnière de Dour. Le transport des humains n’a pas été oublié, puisqu’une ligne venant de Mons par Dour fut aménagée en 1882 et prolongée d’une part vers Quiévrain et d’autre part vers Roisin et Bavay. Une gare fut alors construite.
Patrimoine
Le château comtal
Pour Debove, il y eut deux châteaux à Elouges, correspondant aux deux noyaux villageois et aux deux paroisses. Du château comtal, au Val, on ne sait pas grand-chose. Il fut détruit et rasé en 1578 par les troupes françaises du duc d’Alençon, au moment du siège de Mons. La ferme Doye, du nom du dernier seigneur, aurait peut-être été reconstruite sur ses ruines.
L’autre château, au Monceau, fut tenu par les de Castellois entre autres. Il aurait pu disparaître au XIVème siècle déjà.
Eglise St Martin(d’Elouges au Val). Elle aurait changé plusieurs fois d’emplacement. A la place de l’actuelle, il y eut un édifice roman au XIIème siècle. Il fut rebâti en style néogothique en 1865, sur les bases anciennes. De plan en croix latine, elle comporte une tour, trois nefs de cinq travées et un chœur à chevet plat.
Eglise St Martin (d’Elouges au Mont ou du Monceau). On parle parfois de Monceau-Rosières. Elle aurait été construite à l’origine avec des matériaux provenant des villas romaines. Un second édifice fut reconstruit au XVème, puis un troisième en 1870. On y aurait retrouvé la trace d’inhumations datant de vers 900 (selon Debove) près de l’église, donc d’époque franque.
Chapelle du Bon Dieu. Elle se situe au croisement des chemins de Quiévrain et d’Audregnies. Elle fut bâtie en 1721 au milieu des champs, non loin du coron Faidherbe. Quelques années après, on construisit, à proximité, un moulin à vent. Un petit habitat de quelques maisons est apparu en 1853 (actuelle rue des Canadiens). Cette chapelle contient une statue d’un Christ flagellé (Bon Dieu de Pitié) en bois polychrome du XVIIème, objet d’une vénération profonde au XVIIIème, principalement la nuit du 31 décembre. La chapelle fut détruite par les Allemands lors de leur retraite de 1918. La statue fut épargnée et reposée dans la nouvelle chapelle érigée en 1933 dans la même rue.
L’ermitage de Notre-Dame de Cocars. Il était situé dans un petit vallon du bois d’Epinois, aux confins de Dour, Elouges et Wihéries. Le site appartenait aux seigneurs d’Epinois depuis le XIème siècle (???). Ils y érigèrent une demeure. Cette famille était issue d’une branche cadette des Lalaing et des Enghien, alliée aux barons d’Athis et de Quiévrain. La résidence fut détruite lors d’un conflit familial pour un héritage. Le site fut réoccupé au XIVème par Ferdinand d’Epinois qui y fit bâtir une ferme-château. Celle-ci fut détruite par la foudre, à l’exception d’un petit oratoire dédié à la Vierge Marie.
Cet édifice fut restauré par un frère de Saint-Ghislain et d’autres moines. Il en résulta une appellation fallacieuse d’ermitage. Cette petite institution dépendait d’une maison-mère de Fontaine-aux-Bois, près de Landrecies. L’ermitage fut placé sous le patronage de St Jean-Baptiste et St Antoine. La chapelle dépendait de la paroisse de Dour. En 1628, le chapelain Derodé, vicaire de Dour, y installa sa résidence.
En 1661, les moines construisirent un pensionnat pour les enfants de la région, soit un bâtiment abritant une salle d’études, un réfectoire et un étage-dortoir pour les pensionnaires. Des élèves externes suivaient aussi les cours. Les « ermites », depuis 1720, avec la permission de l’évêque, se faisaient enterrer sous la chapelle castrale, dans une crypte. Ce qui fut interdit par l’empereur Joseph II. Le dernier moine mourut en 1818. L’enseignement continua encore jusqu’en 1842.
Des travaux importants furent engagés par le baron de Royer en 1842. Il fit abattre les bâtiments de l’école. La façade fut restaurée. Les armoiries des Royer y sont inscrites. En 1862, Charles-Ignace de Royer fit creuser une nouvelle crypte sous le chœur pour les membres de sa famille. Des pèlerinages furent organisés à Notre-Dame-au-Bois. Cette chapelle est la seule subsistance aujourd’hui de cet ancien domaine.
Pierre d’Or. Il s’agit d’une habitation se situant à la limite entre Hainin, Thulin et Elouges. Un boulet de canon est scellé dans le mur en souvenir d’une bataille qui eut lieu le 4 novembre 1792 entre Autrichiens et Révolutionnaires Français sur les terres situées entre ces villages. Un moulin se trouvait à côté, et plus bas, « l’auberge des trois fillettes » et celle de « Belle Croix » (au croisement entre le vieux chemin de Mons à Valenciennes et la voie descendant de Pierre d’Or vers Thulin). Il y avait là les terres de la Capellerie (lieu-dit près de l’ancien café du Bleuet). A proximité passe le ruisseau Séquisse, descendant de Dour entre Hainin et Thulin. Il était longé par un petit chemin, « la Voie des Croix » (emprunté par la Procession des Rogations).
Bibliographie
Elouges, ses antiquités et son histoire – Charles Debove, 1885
Recherches historiques sur les communes du canton de Dour, Debove, 1860
Histoire d’Elouges – G. Mulpas, Impr. Manteau, Thulin, 1968
Situation géographique : Le territoire de Dour s’est implanté sur le versant sud de la vallée de la Haine, en bordure du Haut-Pays (ou plateau de Bavay).
Cours d’eau : Ce versant de vallée est parcouru par plusieurs ruisseaux, dont certains ont joué un rôle dans la constitution du village primitif en se réunissant presque au centre de celui-ci, dans une petite cuvette, au lieu-dit « Locheniot », près de la Grand-Place.
Le Rieu Saussez. Il doit son nom à l’abondance de saules qui le longeaient. Il prend sa source au Préfeuillet, entre Dour et Wihéries, depuis la limite du hameau d’Offegnies avec le village de Blaugies. Il descend le coteau vers l’ancienne brasserie Cavenaile. Il coupe la route Dour-Athis-Bavay (rue du Préfeuillet). Il longe à Elouges le bois de Cocars, dont il prend le nom. Il en sort pour venir se jeter dans le Ruisseau d’Elouges au sud de ce village. Ce dernier est un affluent de la Haine.
Le Ruisseau Delval. Il traverse le centre de la cité. Il a été formé par la rencontre de trois ruisseaux au lieu-dit « Locheniot ». Le Rieu Declaret qui a sa source en haut des Plantis (aussi nommé “Rau Plantis Jacquette”). Il est rejoint par celui des Fondvarts, puis par le Ruisseau des Longprés au même endroit. Il prend alors le nom de ruisseau Delval et il descend jusqu’à l’ancienne gendarmerie où il alimentait les douves du château. Il devient le Ruisseau des Prés pour traverser le charbonnage de la Machine-à-feu et devient le Séquisse avant d’entrer sur le territoire de Thulin où il va aller affluer dans la Haine.
Le Rieu de la Bonne Fontaine. Il vient du bois de Saint-Ghislain, entre Warquignies et Dour. Il descend au Cauderloo près de l’ancienne ferme de Morenfayt. Il continue à longer le bois de St-Ghislain pour rejoindre le ruisseau de Hanneton qui prend sa source dans ce bois.
L’Elwasmes longe la limite de Dour et de Blaugies, traverse Petit-Dour, puis le bois de Colfontaine vers Warquignies, Wasmes, Wasmuel et la Haine
Paysage préhistorique (après la dernière période glaciaire) : Toute cette région était boisée jadis et fut défrichée à différentes périodes (gauloise, gallo-romaine, Moyen-Age et période moderne) avec l’extension de l’habitat. De cette forêt antique, il ne reste aujourd’hui, sur Dour, que le Bois de Saint-Ghislain à l’est de la commune. Il se continue dans la forêt domaniale de Colfontaine, vestige de la Grande Forêt Charbonnière antique. Le bois de Cocars se trouve en grande partie sur Elouges et en partie sur Dour.
Nature du sol : limoneux
Nature du sous-sol : affleurement de roches crayeuses et calcaires au nord-ouest; en profondeur se trouvent des grès, des schistes et des veine de houille.
Préhistoire
Néolithique (Homo Sapiens) : Un lieu-dit « Pierre levée » (ou Pierre Lée) pourrait évoquer un mégalithe, détruit plus tard.
Une herminette en pierre polie aurait été découverte (pas de précision – source A. Jouret selon un témoignage ancien – ramassée dans la rue A. Danhier).
Ages du fer : Les auteurs anciens évoquent la découverte d’ustensiles de l’âge du fer.
Antiquité gallo-romaine
Des fouilles ont été réalisées par Mrs Debove et Hecquet, dans la seconde partie du XIXème, lors du réaménagement de la place et de l’installation de la ligne de chemin de fer Dour-Bavay. Ils évoquent plusieurs établissements gallo-romains.
Une luxueuse villa romaine aurait occupé l’actuel quartier de Morenfayt (encore appelé Morandifagetum en 1240). On y aurait trouvé une monnaie d’Antonin.
Un autre établissement se trouvait dans le quartier du Petit-Hainin.
Pour le reste, on a trouvé sur le territoire de Dour
Quelques pièces de monnaies (Auguste, Faustine, soit du Ier siècle)
Des vestiges de cimetière romain et d’une habitation cossue, avec un bronze de Marc-Aurèle (sous le terril de la fosse St Charles, donc dans le quartier de Morenfayt)
Des restes d’un aqueduc entre Dour et le Mont d’Elouges, qui irriguait la villa romaine de cet endroit.
Premier Moyen-Age (période franque mérovingienne et carolingienne)
Sur le site de Morenfayt, des vestiges de cimetière franc ont également été trouvés. En 1870, Mr Hécquet a découvert sur le site Saint-Charles les restes de tombes franques. Deux sarcophages mérovingiens en pierre (un personnage aisé et son épouse) ont été mis à jour lors des travaux de reconstruction de l’église en 1842. Les objets qu’ils contenaient furent dispersés, à l’exception d’une fibule du VIème siècle décrite par Ch. Debove en 1878. On peut en déduire un habitat à proximité, à peu de distance du ruisseau Delval, berceau possible de l’actuelle localité.
Au lieu-dit « Tombois », on a retrouvé quelques éléments d’un habitat rural en 2003.
Deuxième Moyen-Age – le village
Première mention: 965 (date de l’apocryphe des moines de Saint-Ghislain)
Toponymie (anciennes orthographes) :
Durnum
Durth (1110),
D’ours
Doure
Dors (1204)
Dours
Dour dès 1162/1224
Etymologie (hypothèses d’origine du nom) :
Durotrignacs, une tribu celtique qui aurait pu fonder la cité, au IIème av.J.C.
Durnum qui signifierait passage à gué en latin ou colline en celtique
Doury : source, courant d’eau (gaulois)
Durodunum : colline aride et sèche
Ces références à des éléments géographiques sont plus plausibles, d’autant plus que le quartier de l’église, noyau du village originel, se trouvait au point de rencontre de trois ruisseaux, sur le site de Locheniot (supra).
Epoque de son apparition: entre le Xème et le XIème siècle.
L’histoire de l’origine de Dour est à la fois passionnante et compliquée. En effet, aux documents qui ont donné sujet aux livres qui lui sont consacrés, s’opposent beaucoup de contradictions et l’absence frustrante de nombreux éléments. On sait que les villages pour la plupart se sont constitués entre la fin du IXème siècle et le XIème siècle. Il n’y a pas d’indice déterminant qui permettrait d’affirmer une continuité entre l’habitat mérovingien et le village. Mais ce n’est pas impossible.
Facteurs ayant favorisé son émergence :
– voies de communication: pas de chaussée antique, ni de grande voie médiévale sur le territoire même, mais elles existent à proximité.
– sources d’eau ou cours d’eau: les ruisseaux évoqués plus haut
– source de bois: tout le versant était boisé
– proximité d’un lieu de pouvoir: les fermes abbatiales et le château seigneurial
Paroisse dédiée à Saint-Victor
Evêché: de Cambrai (jusqu’en 1804), puis de Tournai ensuite
Décanat/doyenné: Hornu, puis Bavay jusqu’en 1803, puis Dour
Autel (dîmes, entretien de l’église, nomination des officiants) donné à l’abbaye de Saint-Ghislain en 965 par l’évêque Autbert de Cambrai. En dépendaient les paroisses de Blaugies, Erquennes, Athis et de Elouges-au-Mont, ainsi que le fief d’Offignies. Cela voudrait dire qu’à cette date, une grande partie de Dour relevait déjà de l’abbaye, mais… les historiens, dans un document de cette époque, y ont vu un « faux » qui daterait plutôt du XIIème siècle. Ce qui ajoute à la confusion décrite ci-après sur les origines. Il pourrait en être de même du document de confirmation de l’appartenance de Dour, daté de 1118, signé par Odon de Tournai, évêque de Cambrai, aux abbés de St-Ghislain : « Dour, avec églises et dépendances : Blaugies, Erquennes, Athis, Elouges et Monceau ».
Répartition des pouvoirs pendant la période féodale
Autorité supérieure: comté de Hainaut
Autorité sous-jacente (administrative et judiciaire): prévôté de Mons
Seigneuries et fiefs
A qui ce grand territoire couvert par Dour appartenait-il ? Aux comtes de Hainaut ? Aux moines de Saint-Ghislain? Ces deux puissances féodales de notre région possédaient au Couchant de Mons de grands domaines. On les appelait domaines fiscaux (ou royaux ou impériaux) pour les comtes. Les premiers comtes de la famille des Régnier se les étaient appropriés pour la plupart.
L’abbaye de Saint-Ghislain, si on se réfère à la tradition, a été dotée à l’origine de grands domaines par les rois mérovingiens, dont Dagobert (VIIème siècle), puis par d’autres seigneurs régionaux (on cite un certain Elephas qui a fait don de Wihéries et d’une partie d’Elouges dans la première moitié du IXème). Ces dons n’étaient pas toujours consignés par écrit dans le Haut-Moyen-Age. De plus, les Vikings sont passés par là entre 880 et 890, pillant et détruisant ce qu’il y avait de plus riche, donc les grandes villas carolingiennes et les abbayes, et … leurs documents écrits. Et enfin, l’histoire réelle de l’abbaye de Saint-Ghislain reste un grand mystère entre sa fondation au VIIème siècle et sa « refondation » vers 930. Ce qui en est connu provient de textes hagiographiques écrits au milieu de ce Xème siècle, le plus souvent par des moines locaux. On n’a pas hésité à « réécrire » des documents, soi-disant disparus pendant les raids vikings. Quant aux comtes Régnier, ils ne se sont pas gênés pour tenter de devenir propriétaires des abbayes. Mais ces premiers comtes connurent bien des vicissitudes et l’exil (et la perte de leurs biens) en ce même dixième siècle.
La situation est donc très confuse au XIème siècle. L’abbaye possède alors de très vastes domaines, dont les territoires de Saint-Ghislain, Hornu, Wasmes, Warquignies, une partie de Boussu, une partie de Blaugies, Wihéries et une partie d’Elouges. Les comtes revendiquèrent une partie de ces territoires. Ils exerçaient leurs droits féodaux sur de nombreux villages alentour et en avaient cédé une partie à une famille proche, celle de Mons (peut-être châtelains de Mons), celle dont la plupart des membres s’appellent Gossuinou Isaac. Ces Gossuin étaient au départ aussi seigneurs de Baudour. Mais on les retrouve au XIème et au XIIème à la tête de seigneuries voisines : Boussu, Hainin, Thulin, Dour, Villerot, Hautrage et une partie de Ville-Pommeroeul. Entre les comtes, les Gossuin et les abbés de Saint-Ghislain, ce ne furent que conflits, toujours à propos de la délimitation des domaines.
Dour n’y échappa pas. On cite comme seigneurs de Dour deux personnages de cette famille, sans précision de date, ce qui complique un peu la tâche quand on essaie de les identifier. Avaient-ils juridiction sur l’ensemble du territoire de Dour ? Ou seulement sur une partie, le reste étant sous la dépendance des moines de Saint-Ghislain ? Difficile de le savoir.
C’est alors qu’apparut « de nulle part » un personnage qui va « tout régler » : Guillaume de Dour. On ne connaît apparemment pas ses origines. Etait-il un proche des comtes ? A l’époque il s’agissait de Baudouin IV de Hainaut, grand réformateur et bâtisseur en son comté. Etait-il un membre de la famille des Gossuin de Mons? Aucune généalogie ne l’indique. Guillaume de Dour était plus ou moins contemporain de Gossuin III, dont de Guyse dit qu’il était un des plus puissants seigneurs du comté à cette époque. Selon certaines sources, on le dit aussi seigneur de Thulin et d’Hainin. Or pour ces villages, on cite à cette période Gossuin III de Mons. De plus, il est certain qu’une des filles de ce dernier, Rose de Mons, hérita de Hainin et que par son mariage avec Etienne de Denain, elle donna souche à la célèbre famille de Haynin.
Alors qui est ce Guillaume, « le bienvenu » pour l’évêque de Cambrai et les moines de Saint-Ghislain ? Car ce personnage, sans doute chevaleresque dans l’esprit de l’époque, est allé combattre en Angleterre, se mettant au service du roi Etienne, en conflit avec d’autres membres de sa famille pour le trône. Il était accompagné d’autres chevaliers hennuyers. « Sentant sa mort prochaine », il légua une grande partie de son domaine de Dour à l’abbaye de Saint-Ghislain. Et cela, oralement, sans document écrit, contrairement aux règles et coutumes de ce XIIème siècle. Puis il mourut là-bas. Le roi et l’archevêque de Canterbury informèrent par lettre l’évêque de Cambrai de ce leg. Ce dernier transcrivit lui-même la donation. Il semble qu’il n’y ait pas eu de contestation. L’abbaye « régna » ainsi sur la plus grande partie du village de Dour (voir plus loin).
La descendance de Guillaume et les familles qui succédèrent à la sienne se contentèrent d’un petit domaine au nord du village.
Conclusion ? On a l’impression que cet épisode ne faisait que consacrer un fait acquis, mais qu’il fallait régler officiellement, à savoir que l’abbaye de Saint-Ghislain possédait déjà la plus grande partie du village, en continuité avec ses domaines voisins. Les comtes et leurs féodaux ne contrôlaient probablement qu’une partie du village en continuité de leurs domaines de Thulin, Hainin et Boussu. C’est une hypothèse, peut-être hasardeuse, mais qui permet de comprendre les origines un peu floues du village de Dour.
Les seigneuries féodales de Dour
Elles étaient plusieurs, certaines ecclésiastiques et d’autres laïques :
La seigneurie de l’abbaye de Saint-Ghislain (709ha). Elle existerait au moins depuis 1150, mais sans doute déjà auparavant. Elle couvrait près de la moitié du village dans sa partie sud-est, depuis la Grand-Place actuelle et la Grand-Rue jusqu’au lieu-dit « Plantis ». Depuis le chemin d’Offignies à l’ouest jusqu’au Bois de St-Ghislain et le Champ des Sarts (actuellement sur Hornu) à l’est. La partie « Boussu-Bois », qui s’étendait jusqu’au Cornet à Boussu, fut échangée en 1551 avec Jean de Hennin-Liétard, le comte de Boussu, contre les domaines de Fayt-le-Franc et de Wasmuel. Les abbés y exploitaient deux fermes qu’ils confiaient à des exploitants. La ferme de Morenfayt, située sur l’emplacement de l’ancienne villa romaine, leur appartenait aussi. Elle fut confiée au XIème à la famille de Warelle-De Behault par les abbés. Au XIIème, elle passa aux membres de la famille de Des Camps qui la tiendra jusqu’en 1789 et qui donna plusieurs maires héréditaires à la seigneurie de St-Ghislain. L’autre ferme était la « Courte de Dour ».
La seigneurie laïque (220ha). Elle comportait un château et est décrite plus loin.
La seigneurie d’Offignies. Le nom fut écrit de différentes façons à travers les siècles : Offingies (965, diplôme de l’empereur Othon), Offignies, Offegnies, Offineoe (1018-1110). Des fouilles en 2004 ont permis de découvrir des vestiges d’un habitat (ou d’un bâtiment cultuel ?) remontant au IXème siècle. C’était la demeure ou la manse d’Offen ou d’Offus, selon les étymologistes. Elle s’étendait au sud du village, sur les hauteurs de Dour, sur Plantis-Jacquette. Un manoir ou une grande ferme s’y trouvait. Parmi les seigneurs, on cite un Helluin d’Offegnies, dans une lettre des annales de St-Ghislain vers 1190. Elle fut aussi occupée par la famille Warelle (qui donna des abbés à Saint-Ghislain). Cette famille, au XVème, se divisa en plusieurs branches, dont celle des Des Camps, qui donnera des mayeurs héréditaires à Dour. On trouve encore :
Jehan d’Offegnies, chef du magistrat de Mons en 1494
En 1536, Françoise d’Offegnies épousa Jean de Boussu. Elle était la fille de Jean, magistrat de Mons et de Catherine Des Camps.
Un Nicolas de Boussu, écuyer, fils de Jehan et de Françoise d’Offegnies épousa en 1563 Catherine Pottier.
Henri-Joseph Des Camps fut l’avant-dernier mayeur héréditaire de Dour, avant l’abolition par la Révolution.
La seigneurie de l’abbaye du Val-des-Ecoliers de Mons
La seigneurie des Dames d’Enghien
Des petits fiefs fonciers, cités à certaines époques, dont celui de Gilles de Houx (1403)
Les seigneuries de Dour et d’Offignies devaient ost et chevauchée, douzaines et sizaines, au comte. Le receveur comtal se trouvait à Elouges.
Il y avait également des enclaves de Hainin (le Petit-Hainin) et d’Elouges sur Dour qui disparaîtront en 1809.
D’Adrien de Montigny (fin XVIème)
La seigneurie “principale” laïque
Maison de Mons
On ne sait pas à partir de quand ils obtinrent de pouvoir exercer leurs droits féodaux sur les terres de Dour. On cite en général (il faudrait voir les documents originaux !) :
Isaac de Mons, probablement Gossuin II « Isaac » de Mons (v1070/1075-1122/1142), cité aussi comme seigneur de Baudour, probablement aussi de Boussu, Hainin et Thulin, cité également comme châtelain de Mons, de Valenciennes et de Beaumont (ce qui est contesté par l’historien Ernest Mahieu), et à ce tire comme seigneur d’Havré.
Gossuin de Valenciennes, probablement Gossuin III de Mons (1116/1120-v1177). Il a les mêmes titres et les mêmes domaines que son père.
Il existe un document où il est écrit que, vers 1124, Gossuin et son frère Isaac donnèrent à l’abbaye pour le salut de l’âme de leur mère tous les biens qu’ils avaient à Dour (champs, bois, terres). Ils s’en réserveraient l’avouerie et ne paieraient aucun droit de servitude. Leurs descendants n’en seraient que les défenseurs. Dans ces biens, étaient compris le bois de St-Ghislain. Le problème, c’est que Gossuin III ne semble pas avoir eu d’héritier mâle à sa mort, qu’il est mort lui-même vers 1177 et qu’il était donc contemporain, et apparemment non parent de ce personnage évoqué plus tôt dans les origines du village et qui serait mort en 1155… Mystère !
Nous la faisons donc commencer avec ce mystérieux personnage, qui eut des descendants certains à Dour.
Guillaume de Dour (v.1110-v.1155). On le dit seigneur de Dour, Thulin et Hainin (voir réserves plus haut en ce qui concerne les deux derniers villages). En 1154/55, il partit en Angleterre pour servir la cause du roi Etienne de Blois. Avant de mourir, devant le roi et des témoins (Amand de Valenciennes, Baudouin de Ville, Hubert de Walcourt), il légua oralement la moitié de son domaine sur Dour à l’abbaye de St Ghislain, déjà collatrice de l’église. On ne connait pas le nom de son épouse. Ses successeurs furent:
Guy de Dour (v.1140- ?), fils du précédent. Il succéda à son père sur sa « petite » seigneurie.
Nicolas « Roger » ou « Royer » de Dour (v.1170-1209), fils du précédent. Il épousa Joye de Walincourt (v.1172- ?). Ses trois frères mourant sans postérité, Joye hérita de leurs biens et Walincourt entra dans la Maison de Dour. Ce village se situe au sud-ouest de Cambrai.
Jean I « Liesvins » de Dour-Walincourt (v.1200-apr.1244), fils du précédent et seigneur de Walincourt et de Dour
Baudouin de Dour-Walincourt (v.1220-v1276), fils du précédent
Jean II de Dour-Walincourt « de Luxembourg » (v.1240/1250-apr.1306)
Baudouin « Buridan» lui succéda, mais mourut célibataire.
Jean III hérita de Walincourt à la mort de son frère, mais apparemment pas de Dours. La seigneurie de Dour n’est plus citée dans cette famille à partir de Jean III.
C’est aussi à cette époque que Nicolas de Fontaine, évêque de Cambrai de 1248 à 1272, connu comme un protecteur de l’abbaye de Saint-Ghislain, déclara que le vivier qu’il avait fait construire à Dour, près de Morenfayt, et le bois de Colfontaine, étaient propriété de l’abbaye, mais qu’il n’en avait obtenu l’usage que pour sa vie seulement.
Le passage de la seigneurie de Dour de la famille de Dour à celle des Trazegnies parait également flou. Baudouin « Buridan » serait donc le dernier seigneur de cette famille. Il serait mort logiquement entre 1260 et 1307. Sans aucune certitude. Selon ce contrat de 1124 cité plus haut, il est possible que la seigneurie de Dour retourna au domaine comtal. Comme si elle avait été attribuée à Guillaume de Dour sous le statut d’apanage. Ceci se passa à l’époque de la comtesse Marguerite et du conflit entre Dampierre et Avesnes.
En 1251, Guillaume de Dampierre, second époux de Marguerite, fut tué dans un tournoi à Trazegnies. Cambier et Audin, dans leur livre, voient un lien avec un éventuel don de la comtesse aux Trazegnies. Pas sûr, d’autant plus que ce « don » pourrait se situer, selon les dates précitées, plus tard, soit encore sous Marguerite (1244-1278), soit sous son petit-fils Jean d’Avesnes (1280-1304).
Nous citons les seigneurs de Trazegnies à partir de cette période, sans avoir trouvé la précision dans leur généalogie selon laquelle ils furent également seigneurs de Dour.
Othon IV de Trazegnies ( ?-apr1300)
Gilles IV de Trazegnies (v1290-1318), son fils
Otton V (1280-1321), sans postérité
Jean I de Trazegnies (1308-1336), frère du précédent
Otton VI de Trazegnies ( ?-1384), fils du précédent
Anselme de Trazegnies (1360-apr.1418), fils du précédent.
Il n’a qu’une fille, Marie Anne de Trazegnies, qui épousa en 1414 Arnould de Hamal ( ?-1456). Leurs descendants garderont le nom de « Hamal-de Trazegnies).
Anselme II de Hamal dit de « Trazegnies » ( ?-1490), leur fils
Jean II de Hamal-Trazegnies (1438-1513), fils du précédent. Il épousa en 1463 Sibylle de Ligne (1436-1512). Ils ont deux enfants, dont Jean qui continuera la lignée des barons de Trazegnies.
Son frère Charles de Trazegnies hérita du domaine de Dour qu’il semble avoir vendu en 1473.
Cette famille est originaire de la région de Soignies, où elle s’est enrichie par la pierre de Soignies et d’Ecaussines, puis elle s’installa à Mons. Elle a fourni des militaires et des magistrats. Les Pottier acquirent par achat la propriété de Dour. Cette famille au XVIème siècle s’installera à Dour pour fuir les troubles de la Réforme. Elle aurait également détenu un fief à Thulin (11 huittelées). Sont cités:
Toussaint Pottier « de Dour » ( ?, Liège – apr.1468). Seigneur de Dour, probablement par achat à Charles de Trazegnies vers 1473.
Jehan Pottier de Dour (v1485-v.1525), fils du précédent. De ses enfants, c’est sa fille Catherine Pottier de Dour qui héritera de Dour.
On cite aussi un Gilles Pottier, seigneur de Dour, cité en 1558 et en 1563. Il pourrait avoir été le fils aîné de Jehan Pottier, à qui il aurait succédé.
Guillaume Leprince (v.1513-v.1573). Il était le fils d’Eustache Le Prince, marchand de pierres et échevin à Arquennes. Lui-même était architecte et maître de carrières à Feluy et Ecaussinnes. Il devint bourgeois de Mons et seigneur de Dour en épousant Catherine Pottier de Dour (v.1523, Mons -1563, Mons), dame de Dour.
Jacques Leprince (1543-1622, Ecaussines-Sainte-Aldegonde), fils du précédent
Guillaume-Charles le Prince (1608, Mons- ?), fils ou petit-fils du précédent
Josse-Alexandre Le Prince « du Chastel », fils du précédent. Il mourut célibataire à Mons en 1684 et la seigneurie passa à son frère.
Charles Maximilien Le Prince
Jean François Leprince « du Chastel »
Charles Joseph Leprince. A cause d’ennuis financiers en 1726, il céda Dour à Nicolas Joseph Poisson.
Famille Poisson
Nicolas Joseph Poisson acheta Dour en 1726. En 1732, il entra en conflit avec l’abbé de St Ghislain quant aux limites de leurs juridictions propres. Vieux conflit en réalité. On plaça, de commun accord, des bornes aux limites conclues des deux domaines.
Augustin Poisson ( ?-1783, Dour). En 1774, le seigneur de Dour vendit le bois d’Epinois au frère Benoit de l’ermitage des Cocars.
Charles Antoine Xavier Poisson. En 1789, il vendit Dour à Pierre Ignace Joseph de Royer.
Famille De Royer
Elle était originaire de Neuville-sous-Huy, mais fixée en Hainaut vers 1566. Elle prendra ici le nom de « Royer de Dour ». Ils étaient apparentés aux seigneurs d’Offignies.
Pierre Ignace Joseph de Royer (1718, Soignies -1795, ? – inhumé à Elouges, chapelle des Cocars). Il était le fils de Jean François de Royer ( ?-1737, Soignies), avocat à la Cour Souveraine du Hainaut, maire et greffier de police de Soignies, puis bourgmestre de Soignies (1692-1737). Pierre Ignace fut aussi avocat de la Cour Souveraine du Hainaut et bourgmestre de Soignies (1737- ?). Il devint seigneur de Dour par achat à la veille de la Révolution Française en 1789.
Le régime seigneurial fut aboli le 26 novembre 1792. Il perdit tous les droits et revenus liés à sa seigneurie. Il mourut en 1795 et fut inhumé dans la chapelle des Cocars. Il eut plusieurs enfants, dont Jean-Jacques de Royer de Dour (1753, Mons-1838, Bruxelles – inhumé à Elouges). Ce dernier avait été fait baron en 1787. Il conserva le château et les biens immobiliers. Il devint maire de Dour en 1812 toujours sous le régime napoléonien et bourgmestre plus tard dans le Royaume des Pays-Bas. Son second fils, Charles de Royer, devint colonel des Gardes civiques du canton de Dour, puis bourgmestre de 1819 à 1858. Il fut également député en 1852 et en 1856. C’était un libéral, qui lutta notamment contre les cumuls abusifs. Il fut inhumé aussi dans la chapelle des Cocars.
Carte de Ferraris (XVIIIème)
La commune
Des échevins sont attestés à Dour depuis 1291. Chaque seigneurie avait son mayeur et ses échevins dont les fonctions étaient judiciaires, fiscales et administratives. Ensemble ils agissaient pour la communauté (le village, la paroisse). Jusqu’au début du XVème siècle, ils se rassemblaient devant l’église ou sous le clocher. Ils firent alors construire une halle, attestée dès 1403. Elle se situait à l’angle de la rue des Berceaux et de la rue Tranquis (actuelles rue Estiévenart et rue du Marché), en face de l’église.
En 1733, suite à un arrêt du Conseil Souverain des Pays-Bas de …1686, les deux seigneuries (laïque principale et abbatiale) furent priées d’établir chacune leurs lois et offices respectifs, suite aux nombreux conflits qui émaillaient leur coexistence. Joseph II à la fin du siècle exigea une centralisation de toutes les activités administratives locales. Des travaux furent entrepris pour aménager la vieille halle en « maison commune ».
Le hameau de Petit-Dour
Il s’est développé au lieu-dit « La-Haut ». Il existait déjà en 1326, mais c’est la révolution industrielle et l’augmentation de la démographie qui en firent un gros hameau. Une paroisse y fut alors fondée au XIXème, avec une église, dédiée à Saint-Joseph. Elle était desservie par le curé voisin de Blaugies.
Evènements importants sur le sol de Dour
En 1055, Baudouin I, comte de Flandre et de Hainaut, en conflit avec l’abbaye de Saint-Ghislain, vint ravager les villages où se situaient les fermes de l’abbaye de St-Ghislain (Blaugies, Boussu, Dour).
En 1572, les protestants Orangistes, qui tentaient de prendre le pouvoir dans les villes, pillèrent des églises, dont celle de Dour, ce qui entraîna la disparition des archives.
La situation des protestants à Dour est évoquée dans le paragraphe consacré au temple de Dour (infra).
Période française (1794-1814)
Département: Jemappes
Canton: Dour
En 1795, les Révolutionnaires abolirent définitivement les droits féodaux.
Dour devint chef-lieu de canton et reçut une Justice de Paix le 29 novembre 1801.
Répartition des pouvoirs pendant la période contemporaine (à partir de 1814)
Etat: Royaume des Pays-Bas (1814-1830), puis Royaume de Belgique
Province: Hainaut
Arrondissement administratif: Mons
Arrondissement judiciaire: Mons
Canton: Dour
Entité communale depuis 1977: Dour
En avril 1814, après la défaite de Napoléon lors de sa campagne de Russie, les troupes alliées chassèrent les Français des Pays-Bas. Un premier traité de Paris, le 30 mai, engloba le canton de Dour dans le département français du Nord, arrondissement d’Avesnes. Ce fut le cas aussi pour Merbes-le-Château, Beaumont et Chimay.
Après Waterloo, un deuxième Traité de Paris en 1815 ramena ces cantons dans le nouveau Royaume des Pays-Bas sous la souveraineté de Guillaume d’Orange, en province de Hainaut, dans l’arrondissement de Mons. Ce qui fut officiel le 20 novembre.
En 1830, le bourg envoya un détachement de révolutionnaires à Bruxelles. 130 volontaires partirent le 25 septembre, emmenés par Louis Cambier. En chemin, ils furent accompagnés par ceux de Wasmes, de Quaregnon et de Pâturages. Puis plus loin par ceux d’Ath. 330 hommes arrivèrent à Bruxelles le 27 septembre au matin, mais les Hollandais avaient abandonné le parc la nuit précédente. Les Dourois furent affectés à la garde du Palais royal et de l’hôtel de Meeus. Ils revinrent à Dour le 11 octobre et furent reçus triomphalement par la population.
Dans la seconde moitié du XIXème siècle, les ouvriers dourois participèrent peu aux grands mouvements de révolte sociale.
Economie
Exploitations agricoles
Longtemps, l’activité principale des Dourois se concentra essentiellement sur l’agriculture. Il y avait les grandes fermes, notamment celles liées à l’abbaye et aux seigneuries et fiefs. Il y avait à côté des petites fermes sur des « tenures », tenues par des manants, agriculteurs libres travaillant sur une parcelle du domaine seigneurial contre un cens, des redevances et des corvées.
Entreprises liées au secteur agricole
Les moulins
« Le Moulin Mollet », à vent d’abord. On sait qu’il appartint au début du XIXème siècle à Célestin Bourrez. Ce dernier le vendit en 1836 à François Mollet, un négociant dourois. En 1852, il y installa une machine à vapeur et fit démolir le moulin à vent. Sa veuve, Philippine Vilain, le céda en 1870 à son fils, Jean-Baptiste Mollet, qui l’agrandit et le fit raccorder à la gare charbonnière entre 1884 et 1898. Lui succéda Emile Mollet. Le bassin de la propriété servait à la fois de bassin de décantation et de bassin de natation pour la population de Dour avant la construction du Belvédère. La farine était livrée aux boulangeries par véhicules hippomobiles.
Moulin Mollet
A partir de 1910, le moulin travailla “à façon” : les fermiers et les particuliers venaient y moudre leurs rations. Au décès d’Emile Mollet en 1921, le moulin fut vendu et fut créée la « Société Mollet-Segard », qui devint en 1941 la « S.A. des Moulins et Magasins agricoles ». En 1945, les activités du moulin furent interrompues jusqu’à l’arrivée de Monsieur Edouard Trémont. Il continua l’activité du moulin « à façon » de 1947 à 1951, puis il passa à un niveau industriel à partir de 1952. En 1972, les installations furent reprises par les SA Engrais Semaille à Dour pour en faire des entrepôts.
Les brasseries
« Brasserie de la Court ». Elle fut créée par l’une des fermes abbatiales de Saint-Ghislain.
« La Brasserie Cavenaile ». Elle fut créée à l’origine, en 1836-1838, par les frères Defrise au « Champ des Onze ». Elle s’appelait alors la « Brasserie du Rieu Saussez ». Elle fut rachetée par Emile Cavenaile en 1872, puis reprise par son fils René en 1897. Celui-ci procéda à une diversification des produits : plusieurs types de bières, denrées à basse fermentation et distillerie de liqueurs. Il devint propriétaire de nombreux estaminets à Dour et dans la région (une quarantaine). L’établissement fut raccordé à la gare charbonnière. Il acheta en 1904 le site de Tapatout n°6 avec sa tour Malakoff qu’il transforma en site de loisirs « le Belvédère » (infra). Il acquit aussi en 1912 la Brasserie de la Court à Dour. Puis la fermeture des charbonnages entraînèrent le déclin. En 1963, la famille revendit la brasserie à la société Artois de Louvain.
On trouva également des tanneries à Dour.
Exploitation de la houille
Le bassin houiller de Dour était un des plus riches de la région. On pense que l’on découvrit et commença à exploiter le charbon de houille en surface dès le XIIIème siècle. Des documents, datés de 1248 et 1274, l’attestent en évoquant les « carbenières ». Le seigneur de Dour et l’abbé de Saint-Ghislain, respectivement sur leurs domaines, attribuaient des concessions à de riches particuliers qui creusaient le sol. Ces concessionnaires devaient à leur seigneur le cens (la location du site) et le contre-cens (une part du bénéfice). Ils engageaient des ouvriers locaux, le plus souvent des agriculteurs, qui partageaient leur temps entre travaux des champs et activités minières, selon les saisons.
L’exploitation houillère fut d’abord assez réduite. Les besoins en charbon n’étaient pas énormes pour l’usage domestique où l’on privilégiait le bois de chauffage, mais celui-ci commença à se faire rare. Au XVIIIème la demande commença à venir aussi de l’industrialisation naissante. C’est alors que se développa ce qui allait devenir l’occupation quasi la plus importante des Dourois jusqu’au début du XXème siècle.
Le charbon était particulièrement abondant sous le sol de la commune et dans les communes avoisinantes (Boussu-Bois, Hornu, Warquignies, Elouges). Les puits de mines se multiplièrent. On améliora le matériel. On aménagea les infrastructures de transport.
En 1795, il existait à Dour huit maîtres de fosse. Par la suite, les concessionnaires se regroupèrent en sociétés, d’autant que des groupes financiers apportaient du capital pour leur développement. On compta ainsi jusqu’à douze exploitations.
La Société de Belle-Vue naît à partir de la Société de Bonne-Espérance, créée en 1785 par Guillaume Castiau et des actionnaires associés, dont le prince de Ligne, sur des domaines appartenant à celui-ci (Baudour, Villerot, Hautrage, Stambruges, Ville-Pommeroeul, Pommeroeul, Montroeul-sur-Haine et Thulin). Le prince concède des terrains pour qu’on y exploite la houille. Dès 1787, cette société acquiert presque toutes les concessions situées à Elouges et au nord de Dour. Cette société, toujours dirigée par Castiau, mais avec un actionnariat plus étendu, prend le nom de « Belle-Vue » en 1792. C’est elle qui fait paver une chaussée du même nom reliant les sites miniers à la Haine, puis (après 1814) au nouveau canal Mons-Condé, auprès duquel est aménagé un large rivage d’embarquement.
En 1801, Belle-Vue rachète la concession « des Pauvres Hommes », située dans la rue de Là-Haut à Elouges. Ce sont des puits peu profonds creusés dans le bois d’Epinois. Pour les rentabiliser il faudrait creuser sous le territoire de Dour. En 1804, la société obtint du préfet du département de Jemappes le droit d’exploiter la concession de « Tapatou », qui s’étend du ruisseau Delval à l’est au Rieu Saussez à l’ouest, de la rue de la Croisette (actuelle rue des Canadiens) au nord jusqu’à Athis. Soit une concession de 220ha qui n’avait pas jusque-là été exploitée.
Avec « Tapatou », Belle-Vue pouvait désormais creuser sous le territoire de Dour. Ce qu’elle fit pour commencer à partir du puits Tapatou n°2 existant déjà depuis 1792 dans le bois d’Epinois. Toujours dans le même bois, on creusa Tapatou n°1 (1810), n°3 (1817). Le n°4 apparut sur le site Floricamp (actuel Delhaize) en 1823. Celui du Belvédère (Tapatou n°6) et le n°7 (rue de la Croisette) suivirent en 1837. Le 8ème sera creusé sur Elouges en 1844.
La période hollandaise fut compliquée et les actionnaires mirent la société en vente en 1823. Elle fut reprise successivement par Mr Fontaine-Spitaels, qui lui donna le nom de « Belle-Vue-Baisieux », puis par Mr Lefèbvre-Meuret. Celui-ci en 1843 la céda à la Société Nationale qui s’associa en 1847 avec la Société de Commerce pour former la « S.A. Belle-Vue, Baisieux, Dour et Thulin » (3979ha).
La S.A. des Charbonnages unis de l’ouest de Mons, un conglomérat de sociétés détenues par la Société Générale, rassembla en une seule société en 1868 la “Société Belle-Vue-Baisieux”, dont la majorité des puits se trouvaient sur Elouges, et divers charbonnages de Dour, Elouges (Longterne-Trichères, Longterne-Ferrand) et Boussu-Bois. Les puits exploités à Dour étaient encore:
N°2 « Belle-Vue » (1796-1877) dans le bois d’Epinois. On y déplora deux coups de grisou , le 3 août 1831 et le 11 janvier 1862 qui ont fait respectivement 36 et 25 morts. Après la fermeture en 1877, les bâtiments servirent d’atelier pour les réparations du matériel d’extraction des autres puits. En 1890, on y installa un lavoir destiné spécialement au traitement des charbons avant leur transformation en coke dans les 80 fours situés au même endroit ainsi que dans ceux du N°4 Grande-Veine et du N°8 Belle-Vue de la même Société.
N°6 « Belle-Vue N°6 » ou « Tapatout N°6. On commença à l’exploiter en 1837. Dès 1845, il fut décidé de moderniser en aménageant une machine à vapeur verticale de type Watt dans un bâtiment-tour. Cette première machine fut remplacée par une autre en 1871 et la tour fut rehaussée. Le site fut raccordé au chemin de fer industriel. Un accident la même année fit 7 morts, écrasés par une rupture câble. Il fut décidé d’arrêter les activités d’extraction en 1882 (étroitesse de la bure pour une double cage, impossibilité d’agrandir le terril). Le site fut racheté en 1903 par la brasserie Cavenaile qui fit démolir l’ensemble minier sauf la tour. Elle la transforma en restaurant (« Le Belvédère ») entouré d’un parc de loisirs (tennis, piscine). Voir infra.
N°7 « Belle-Vue N°7 » (1837-1936), rue des Canadiens. Il fut le premier charbonnage borain éclairé à l’électricité grâce à une dynamo de type Dulait. Il connut aussi plusieurs coups de grisou: un le 2 juillet 1861 qui fit 12 morts et un autre en 1874 (9 morts). Le site se trouve actuellement dans le complexe industriel des Câbleries, fermé en 1992.
La S.A. Grande du Bois de Saint-Ghislain :
N°1 « Sauwartan » (1820-1938), au coron du Bois. Seul charbonnage borain qui possédait un châssis à molettes en béton, construit en 1927 par l’entreprise Crombez de Wasmes. Dans la grande veine à l’Aune, 57 victimes dont 27 périrent le 22 mars 1847. Neuf autres le 19 novembre 1880. On trouve encore quelques vestiges abandonnés, dont le châssis à molettes et le terril.
Puits n°2
Trou à Dièves ou puits n°3 de la Grande Veine
La S.A. du Charbonnage de la Machine à Feu de Dour établie dans une zone entre Dour, Elouges et Boussu (rue C. Moury et du Petit-Hainin)
N°1 « Grande Machine à feu » (1866-1954), entre la gare et le Petit-Hainin. Ce site est devenu célèbre aujourd’hui pour son festival-rock. Dans le premier quart du XIXème, on y annexa des fours à coke. Ils étaient installés à l’arrière du site, en bordure de la ligne de chemin de fer Saint-Ghislain-Quiévrain-Roisin, à proximité de la gare de Dour. On y déplora des coups de grisou en 1891 (21 morts), en 1872 (14) et en 1888 (32).
N°2 « Frédéric » (1672-1932), du prénom du baron de Mecklembourg qui en fut actionnaire. Situé à la rue de l’Enfer. La veine du Grand Lucquet était déjà exploitée en 1672. Coups de grisou en 1872 (4 morts), 1874 (14 morts) et 1888 (32 morts).
Puits Sainte Thérèse (abandonné précocement)
Puits Saint-Côme (id)
Puits St Antoine (id)
La S.A. des Chevalières et Midi de Dour réunis (1196ha)
N°1 « Sainte Catherine » (1791-1961), rue Henri Pochez (Plantis). Il s’agit d’une concession attribuée en 1791 par le baron de Royer. Un coup de grisou le 11 novembre 1863 fit 17 morts. Un autre en février 1865 (57 morts à l’étage 443). Le grisou qui s’alluma ensuite en surface entraîna un foyer d’incendie dans le bâtiment de la machine, brûla les ouvriers, fit sauter le toit et mit le feu au câble d’extraction. En 1921, un “coup d’eau”, provoqué par la communication des travaux avec ceux du vieux puits abandonné du Longterne-Trichères, inonda l’ensemble des installations. Terrils. Anciens bureaux (1920). Corons.
« Puits Saint-Charles », rue Henri Pochez, terril
« Puits Simon »
“Puits Sainte Eléonore”
Puits n°4
Une partie des terrains a été reconvertie en centre sportif. Une autre, celle du puits n°1, a acceuilli une entreprise de constructions métalliques.
Société Longterne-Trichères
Puits n°1 St Victor (abandonné précocement)
Puits n°2 Avaleresse (idem)
Puits n°3 Ste Barbe
Puits n°4 St Auguste
Ces puits connurent plusieurs catastrophes : 1793 (5 morts), 1800 (6), 1853 (27), 1860 (3).
Société Sainte Croix/Sainte Claire »
Puits Sainte Croix (v1785- ?), sur Dour, près de Boussu-Bois. Construction d’un grand bâtiment en 1816 pour une machine à vapeur. Il fut mis à l’arrêt et transformé en maisons d’habitation en 1853 par le baron de Royer de Woldre. Persistance de bâtiments restaurés : coron, maison du directeur.
Puits Sainte-Henriette
Société l’Escouffiaux »
Sahutiaux
Les premiers puits fermèrent dès 1880, puis le mouvement continua entre les deux guerres. Dans les années 1950, eut lieu la fermeture de la « Société des Charbonnages Unis de l’Ouest de Mons », suite au plan de récession de la CECA. La Société de la Grande Machine à Feu ferma en 1954. Le puits Sainte-Catherine fut le dernier à fermer en 1961, comme Longterne-Ferrand à Elouges.
Les entreprises liées à l’exploitation houillère
Plusieurs de ces entreprises furent créées par des familles protestantes au XIXème.
On trouva sur le territoire de Dour :
Des fours à coke
Des fonderies
Des minoteries
Fabriques de machines à vapeur
Les corderies et câbleries
Dès le XVème siècle, on trouvait déjà à Dour des cordiers fabriquant des câbles en fil de chanvre utilisés dans les mines. Jean-Baptiste Harmegnies créa en 1810 un atelier de corderie à la rue Neuve. Son fils, Jean-François, installa en 1845 (ou 1854) un atelier de fabrication de cordages en chanvre. Il déposa des brevets d’amélioration de ses produits : système de couture de cordes plates en chanvre et en aloès, puis un dispositif de câbles ronds et plats en métal.
La demande était importante pour les mines. Devenue trop petite, l’usine fut transférée en face sur un terrain de 2 ha. Puis son fils aîné, André, bourgmestre de 1901 à 1921, modernisa l’entreprise qu’il relia au réseau ferré privé de l’Ouest de Mons, puis de l’Etat en 1963 jusque 1987. Il fonda « la Corderie Mécanique André Harmegnies et frères ». L’usine devint en 1905 : « La S.A. des Corderies Harmegnies de Dour ».
A cette époque, on développait le secteur de l’électricité, d’où un besoin accru de fil électrique, ce qui entraîna un nouvel essor. La suite ne fut qu’une série d’innovations techniques. L’entreprise fusionna en 1922 avec les « Conducteurs électriques de Bruxelles », ce qui aboutit à une nouvelle société : « Câbleries et Corderies du Hainaut à Dour ». Le fil et le câble électrique devenaient la production la plus importante, au détriment des anciennes cordes en textile qui furent abandonnées. On continua en développant des câbles spéciaux en métal et on diversifia la production.
Après la 2ème guerre mondiale, l’usine se reconvertit dans la production de matières thermo-plastiques : lignes aériennes de haute tension, câbles téléphoniques (« Télécâble »). C’est une époque de plein essor. L’entreprise fusionna avec « Séneffoise Times » pour produire des câbles électriques pour l’industrie automobile. On continua à diversifier : les câbles à fibre optique pour la télédistribution à partir de 1972 (« Opticâble »), les tubes en acier ferritique pour le marché des supra-conducteurs (« filiale Dour Métal).
L’entreprise est alors à son apogée : 900 ouvriers et employés ! En 1987, on entreprit son déménagement du centre de Dour vers le zoning. En 1988, l’usine fut rachetée par les « Câbles de Lyon ». Ce fut la fin de la structure familiale originelle, mais non de la renommée industrielle malgré la concurrence.
Les constructions métalliques
« Ateliers Patte ».En 1865, un neveu de François Dorzée de Boussu fonda les « Ateliers et Fonderies Dorzée Frères » à Boussu-Bois. On déménagea l’entreprise en 1897 près de la gare de Dour avec la création des « Ateliers Patte » par Auguste Patte, qui demanda le raccordement à la ligne ferroviaire industrielle. Sur une superficie de 10ha, on pouvait trouver : une fonderie de cuivre, des ateliers de forge, d’ajustage, de modelage, de montage, de chaudronnerie. On y produisait du matériel roulant pour le chemin de fer, des pompes à gros débits, … L’entreprise s’arrêta de fonctionner avec la fermeture des charbonnages (Grande Machine à Feu) en 1957. En 1959, les Ets Gossuin-Laitem de Boussu acquirent les installations. Camille Gossuin céda les terrains à la société EGTA (« Entreprise Générale des Travaux d’Anderlecht ») en 1966 pour produire des éléments préfabriqués pour le SHAPE qui s’installait à Casteau.
« Ets Basecq ». C’est l’exemple d’une grosse entreprise qui vendait du charbon et des matériaux de construction. Elle fut raccordée en 1938 à la gare de Dour jusque 1973.
Voies de communication
Il n’y eut pas de grandes voies romaines passant par Dour, mais l’existence d’au moins deux villas permet d’affirmer que des diverticules permettaient de les atteindre facilement, probablement par Wihéries et Audregnies où passait la chaussée Bavay-Blicquy-Mer du Nord.
Plus tard, sur un possible chemin antique, un autre chemin important, reliant Valenciennes (Famars) à Binche (Estinnes), passait au nord du territoire de Dour, desservant les communautés franques qui le bordaient. Lorsque l’abbaye de Saint-Ghislain fut fondée, peut-être au VIIème siècle comme le veut la tradition, et lorsqu’elle fut en possession des territoires de Dour, il est vraisemblable que des chemins permettaient de relier Dour à l’abbaye, soit par Boussu, soit par Hornu.
Le noyau primitif du village de Dour se trouvait près de la Grand-Place, là où passait à ciel ouvert le ruisseau Delval. Puis l’habitat s’est étendu le long de l’actuelle Grand-Rue qui séparait en fait les deux seigneuries de Dour et de l’abbaye (voir plus haut). L’actuelle rue Maréchal Foch représentait la limite du bourg au XVIIIème siècle.
A parti du centre de Dour, un « chemin de Croix » partait vers le fief d’Offignies. Ce nom venait en fait de « Croÿ », se référant à un abbé de Saint-Ghislain, Pierre de Croÿ (1443-1454). Ce chemin prit aussi le nom de chemin de Thirissart.
Des chemins permettaient d’atteindre les villages voisins :
Vers Boussu à travers le bois (actuel Boussu-Bois)
Vers Elouges Centre (Au Val), via l’ancienne rue de Dour, actuelle rue des Andrieux à Dour
Vers Elouges-Monceau (Au Mont), par une « voie du prêtre » à travers le bois de Cocars, car il permettait au curé de Dour ou à son vicaire d’aller dire la messe dans cette paroisse qui dépendait de Dour.
Vers Thulin (chaussée de Belle-Vue)
Vers Hainin, par la « Voie des Morts », car l’actuel quartier du Petit-Hainin était autrefois un hameau de Hainin, selon le partage de Guillaume de Hainin en 1150. On y conduisait les morts à Hainin pour leurs funérailles.
Avec le développement industriel, l’habitat se densifia et il fallut améliorer les capacités de transport. Par la route, des chariots, remplis de charbon, descendaient vers la Haine, par Boussu, par Hainin et par Thulin. Ces chemins étaient impraticables par mauvais temps.
La prospérité houillère de Dour devint importante dans le premier tiers du XVIIIème siècle, grâce aux exportations, notamment vers la France (Bavay, Valenciennes, Cambrai et Douai). Le besoin se fit sentir d’améliorer le réseau routier.
La chaussée de Mons à Valenciennes fut terminée en 1750. Les mines de Boussu-Bois étaient déjà reliées depuis 1731 à la Haine. Elles profitèrent de ce nouvel axe routier. Les seigneurs de Dour en 1752 obtinrent de l’impératrice Marie-Thérèse l’autorisation d’aménager une route pavée et d’y percevoir des taxes de passage pour réunir les fonds nécessaires. Elle fut construite en plusieurs tronçons, reliant Boussu, par le Point du Jour, à la Grand-Rue de Dour. De là, plusieurs chaussées partaient vers Bavay par Athis (1769), vers Blaugies par Morenfayt, et vers Warquignies (1784).
En 1790, la Société de Bellevue relia par des routes pavées ses fosses de Dour vers la Haine, puis vers le canal Mons-Condé. Ce fut fait en deux tronçons, l’un descendant de Dour par l’actuel chemin de Bellevue jusqu’au Saint-Homme (un peu à l’est du croisement actuel) et la traversée du village de Thulin jusqu’au Sardon et la Haine. Au Saint-Homme, elle traversait la chaussée pavée thérésienne de Mons à Valenciennes, aménagée vers 1760. Le deuxième traversait Pommeroeul et Ville-Pommeroeul jusqu’à la route de Tournai (« Rond-Point »).
En 1842, le plus gros de la production fut amené vers la gare charbonnière de Dour. Au XIXème siècle, le transport par chemin de fer prit beaucoup d’importance. Il servit d’abord aux entreprises. On aménagea une gare charbonnière au nord du village, à laquelle furent progressivement reliés les divers charbonnages et d’autres entreprises. Puis en 1873, fut créée une gare pour voyageurs et marchandises sur une ligne qui venait de Mons et qui se continua vers Elouges et Quiévrain. Une autre s’en détacha en 1882 à hauteur de Dour pour rejoindre Roisin et Bavay.
Au début des années ‘1950, une route plus large relia Dour (Belvédère) au Saint-Homme à Thulin. Dans les années ‘1960, une autre s’en détacha à partir de la Taule d’Elouges pour aller directement vers Pommeroeul sans traverser le village de Thulin.
Il faut encore ajouter les lignes de tramway, reliant Mons à Dour par Boussu, et une autre reliant Quiévrain à Dour par Audregnies et Wihéries.
Patrimoine ancien
Le château seigneurial se situait au nord de la localité dans le domaine de la seigneurie principale, soit dans l’actuel parc communal. Il était juché sur une motte, entourée d’un fossé et d’une enceinte délimitant une surface d’un hectare. Sa date d’édification reste inconnue, elle se situe probablement à l’époque des premiers seigneurs, c’est-à-dire au milieu du XIIème siècle. Il n’est cependant signalé pour la première fois qu’en 1410.
Il possédait des dépendances : une grange, une bergerie, une étable, un colombier et des jardins. Les douves étaient alimentées par le ruisseau Delval. Il aurait peut-être été détruit par les troupes du roi de France Henri II en 1554, car il ne figure pas sur une liste des châteaux du Hainaut de 1568. Par contre, en 1601, il est mentionné comme une « maison » entourée d’eau.
Il est à nouveau mentionné comme château au début du XVIIIème siècle, sans doute aménagé entre 1725 et 1728 par le seigneur Nicolas-Joseph Poisson. Il existait un petit bois à proximité, un étang et une fontaine. En 1789, le château, son parc et la seigneurie devinrent la propriété de Jean-Jacques de Royer, qui étendit sa propriété par des achats de lopins voisins jusqu’à l’actuelle Grand-rue où fut construite une nouvelle entrée (celle du parc actuel). Le château fut démoli en partie en 1859 et son étang remblayé. En 1866, le parc fut traversé par deux nouvelles rues : la rue du Parc et la rue à l’Eau (actuelle rue André Harmegnies). Emile de Royer vendit la propriété à Camille Defrise et au notaire Dominique Dupont. Délabré, le château fut démoli définitivement en 1883.
Des halles étaient attestées dès 1403. Elles furent démolies en 1844 lors de la reconstruction de l’église. Quelques structures furent redécouvertes en 2002 lors du réaménagement de la Grand-Place. A cette occasion on a retrouvé également des traces de l’ancien presbytère et d’un cimetière autour de l’église.
Patrimoine actuel
Eglise St Victor. La première église se trouvait sur le site du Locheniot. Elle aurait occupé l’emplacement d’un ancien autel païen. La paroisse et son église étaient communes aux trois grandes seigneuries de Dour. Une deuxième église fut construite vers 1200 et détruite en 1572 par les Orangistes de Louis de Nassau. Elle fut alors transférée sur le site actuel. Elle commençait à tomber en ruines en 1701, raison pour laquelle on décida de la remplacer par une nouvelle construction. Le clocher actuel date encore de 1701. L’ancienne église fut rasée en 1844. La nef actuelle date de cette époque. Elle est en style néoclassique. Mobilier :
Une Vierge du XVIIIème
Des autels et une chaire de vérité du XVIIIème
Les Fonts baptismaux sont ceux de l’église précédente.
Maison communale, 1844
Le Temple protestant – les protestants à Dour
Lors des conflits religieux du troisième quart du XVIème siècle, une forte immigration protestante vint s’installer au lieu-dit « Plucquoy », terre contestée entre l’abbaye de Saint-Ghislain et le seigneur laïque, territoire sans juridiction. Le seigneur de Dour leur évita les tracasseries. Mais les inquisiteurs, envoyés par l’abbaye, répandirent des placards pour dénoncer les mécréants. En 1566, la vague iconoclaste toucha la localité. La réaction fut terrible de la part des soldats Espagnols dans les cités où les Réformistes étaient implantés, comme à Valenciennes et à Dour.
En 1659, l’abbé Jérôme Marlier de Saint-Ghislain décida de purger Dour de ses hérétiques. Il en chargea son frère Jacques, bailli. Celui-ci entama une enquête à la recherche de livres protestants. Il s’ensuivit des bannissements et des interrogatoires sous la torture. Certains quittèrent nos contrées pour aller se réfugier en Hollande ou en Amérique. Ce fut le cas pour Jessé de Forest, petit-fils de Jean Pottier. Il fit partie d’un contingent, notamment avec des gens de Wasmes, qui établit une colonie à l’embouchure de l’Hudson. Une autre vague de persécutions eut encore lieu en 1700.
En 1709, l’installation d’une garnison hollandaise à St Ghislain, donc calviniste, permit aux protestants de Dour de pratiquer leur culte. Mais en 1736, les persécutions reprirent pour les familles douroises. L’évêque de Cambrai envoya encore des missionnaires catholiques en 1747. Ils dramatisèrent la situation et de nouvelles persécutions eurent lieu (emprisonnements, bannissements).
Malgré tout, cette communauté s’étendit dans la région au début du XIXème siècle. Sous l’Ancien Régime, les Réformés du Borinage faisaient partie de « l’Olive », nom symbolique de l’Eglise rattachée au Synode des Eglises wallonnes de Hollande. La situation finit par s’améliorer en 1783 lorsque l’empereur Joseph II accorda la liberté religieuse.
Les protestants de Dour et de Wasmes s’organisèrent en 1787 et réclamèrent un temple. Jusque-là le culte se faisait dans des maisons particulières. Il organisèrent alors leur culte dans une grange de la cour de la Croisette. Ils firent appel au pasteur Jean de Visme qui, dès la promulgation des Articles Organiques par Napoléon en 1802, obtint la reconnaissance de deux oratoires. Son fils, Jonathan de Visme établit des Eglises qu’il confia à des adjoints, sous la juridiction de l’Union des Eglises (Eglise protestante de Belgique). Le temple de Dour, d’architecture néoclassique, fut inauguré en 1827 . Il fut bâti grâce à un financement hollandais, privé et royal, et le soutien de Guillaume Ier. A cette époque, c’était Jonathan de Visme, fils du précédent, qui officiait (1817-1866). Il fonda même une école qui disparut plus tard.
La Maison du Peuple. Au départ, il s’agissait d’un magasin installé dans un quartier populaire, celui du coron des Trichères, en 1901. C’était une boulangerie, car le pain était l’aliment de base de la classe ouvrière. S’y adjoignirent un magasin coopératif (épicerie, habillement), puis un cabaret, et enfin une salle de réunion. Le tout devenant trop exigu, on décida de construire; entre 1927 et 1929; le « Palais du Peuple » actuel, avec les mêmes services commerciaux, mais aussi une grande salle de réunion et un cinéma (l’Eldorado) qui brûla en 1935 et sera reconstruit. Le tout en style Art Déco et dessiné par l’architecte Van Craenenbroeck. Une partie a été aménagée aujourd’hui en un grand magasin.
Le site du Belvédère.
En 1901, après l’arrêt total de l’exploitation des veines du Tapatout (voir supra), la famille Cavenaile racheta le site ainsi que les ruines de la Tour Malakoff pour y installer une petite brasserie qui s’agrandit et prospéra. En 1910, les Cavenaile firent restaurer les ruines par l’architecte Pary pour y établir un hôtel. L’architecte y plaça des créneaux, type de maçonnerie très courant dans la Ruhr, ce qui explique le nom de « Tour Malakoff » en souvenir de la longue résistance du Fort Malakoff lors du siège de Sébastopol pendant la guerre de Crimée. En 1927, cette petite entreprise devint « Société Anonyme Brasseries Cavenaile-Frères ». Elle employait alors 80 personnes.
Les affaires marchant très bien, les propriétaires décidèrent d’agrandir l’entreprise et de se diversifier en créant une hôtellerie dans le corps de l’ancienne tour des machines. Ils aménagèrent un parc, une terrasse, un théâtre de verdure, des terrains de tennis, une piscine et un ballodrome. Le Belvédère devient un site de détente dans les années 50-60, on y organisa des fêtes de la bière avec orchestre et vedettes, mais aussi des tournois de tennis et de jeu de balle.
En 1967, les brasseries Cavenaile vendirent l’entièreté du complexe à l’État qui y installa un internat pour l’Athénée Royal de Dour. En 1982, le complexe fut fermé. Seule la piscine continuera à fonctionner encore quelques années, puis le Belvédère fut laissé à l’abandon. La commune de Dour acquit le bâtiment en 2008. Après des travaux de rénovation entrepris entre 2011 et 2013, le site fut reconverti en centre sportif et nautique.
Bibliographie
Mémoire en images de Dour, Alain Jouret
La rénovation de la Grand-Place de Dour, Cécile Anseau, Annales du Cercle d’Histoire et d’Archéologie de Saint-Ghislain, Tome X, 2005
Seigneurs, mayeurs, maires et bourgmestres de Dour, Jeanne Quin, 1992
Je remercie Monsieur Claude Duray pour les éclaircissements qu’il m’a apportés au sujet des sites Belle-Vue, des puits Tapatou et du Belvédère, m’aidant à apporter des corrections au texte initial.