Situation géographique: village établi dans la vallée de la Haine, au sud de la rivière.
Cours d’eau: la Haine
Paysage préhistorique (après la dernière période glaciaire): essentiellement des marécages
Nature du sol: alluvionnaire limoneux
Nature du sous-sol: crayeux
Préhistoire
Néolithique
Des haches de silex ont été ramassées, datant de la période néolithique (pas de précision).
Antiquité gallo-romaine
La chaussée romaine Bavay-Utrecht traversait du sud au nord l’actuel territoire du village dans sa partie ouest.
De l’époque romaine, furent ramassés au XIXème siècle des tuiles, des urnes cinéraires et des vases (sans précision du style d’habitat).
Sur Maisières, un peu plus au nord, a probablement existé une petite agglomération (vicus) à partir d’un relai-étape sur la chaussée (mansio). Une villa au minimum a existé au bord de la Grand-Route actuelle.
Premier Moyen-Age (période franque mérovingienne et carolingienne)
Au nord du village et de la Haine, on a découvert et fouillé en 1903 et en 1912-1913 une petite nécropole franque de la période mérovingienne. Elle contenait au moins 20 à 25 tombes et datait du VIIème siècle. Dans les tombes, du matériel funéraire fut trouvé : des épées et des garnitures ceintures, ayant donc appartenu à des militaires (du camp de Mons ? d’une villa proche ?).
A la même époque, le territoire appartenait à la famille de Sainte-Aye, cousine de Sainte-Waudru à qui elle a succédé comme abbesse. Elle a donné vers 670 son alleu à l’abbaye (qui comprenait aussi le territoire actuel de Maisières. Cet actuel village n’était en réalité qu’un hameau de Nimy).
Deuxième Moyen-Age – le village
Première mention: ? (1181?)
Toponymie (anciennes orthographes): ???
Etymologie (hypothèses d’origine du nom)
Du gaulois nemeton, signifiant « sanctuaire »
Du latin nemus : « bois consacré à une divinité » ou « forêt renfermant des pâturages »
De Nimius (ou Nemesius), propriété d’un certain personnage du même nom
Epoque de son apparition: XI ou XIIème siècle
Facteurs ayant favorisé son émergence
– voies de communication: la chaussée romaine Bavay-Asse-Utrecht traversait le village. Il est difficile, sur une carte actuelle, de déterminer son tracé exact, car de nombreux tronçons ont disparu. Venant de Mesvin (où un tronçon a gardé le nom de chaussée Brunehaut), elle passe par Hyon et Mons, entre la colline de Mons et le Mont Panisel. Puis elle se poursuit vers le nord-ouest en entrant dans Nimy (chemin de la Procession?) pour aller rejoindre le tronçon rectiligne qui prend la direction de Masnuy. Dans Nimy, elle était rejointe par le diverticule qui traversait Mons de part en part (Rue de la Chaussée, rue de Nimy), depuis Cuesmes (chemin de Bavay). Un autre chemin s’en détachait pour aller vers Soignies, sans doute depuis le VIIème ou VIIIème siècle.
– sources d’eau ou cours d’eau: la Haine
– source de bois: au nord du côté de Maisières
– proximité d’un lieu de pouvoir: abbaye Sainte-Waudru et le château comtal de Mons
Paroisse dédiée à Notre-Dame
Evêché: de Cambrai (jusqu’en 1804), puis de Tournai ensuite
Décanat/doyenné: Mons
Autel (dîmes, entretien de l’église, nomination des officiants) donné au chapitre épiscopal Saint-Géry de Cambrai.
Répartition des pouvoirs pendant la période féodale
Autorité supérieure: comté de Hainaut
Autorité sous-jacente (administrative et judiciaire): prévôté de Mons
Seigneuries et fiefs
L’abbaye, puis le chapitre de Sainte Waudru, ont exercé les droits seigneuriaux sur les deux communautés villageoises qui se sont constituées à Nimy et à Maisières. Cette appartenance a été confirmée en 1181 par le pape Lucius III. Il s’agissait de seigneuries foncières sur lesquelles les chanoinesses firent entretenir des fermes.
La commune
Nimy et Maisières étaient des seigneuries différentes, mais ne constituaient qu’une seule commune administrée par le même maire héréditaire et par les mêmes échevins et sans doute un bailli (ou prévôt) représentant le chapitre de Sainte-Waudru qui résidait sans doute au château médiéval de Maisières. La famille de Roisin exerça la fonction de maire héréditaire jusqu’en 1351.
La commune obtint en 1389 sa loi-charte de la part du chapitre. Elle fut amendée en 1512. Les habitants des deux villages avaient un droit d’usage dans la forêt de Broqueroye. Les maraîchers du village allaient vendre leurs productions sur le marché de Mons et obtinrent au XIIIème siècle une exemption de tonlieu (taxe sur les marchandises qui entrent dans la ville).
Les deux villages furent séparés définitivement en 1868.
Ils fusionnèrent avec Mons en 1971.
Période française (1794-1814)
Fin de l’Ancien Régime féodal en 1794
Département: Jemappes
Canton: Mons
Répartition des pouvoirs pendant la période contemporaine (à partir de 1814)
Etat: Belgique
Province: Hainaut
Arrondissement administratif: Mons
Arrondissement judiciaire: Mons
Canton: Mons
Entité communale depuis 1971: Mons
Evènements et faits marquants sur le sol de la commune
Lors des différents sièges de Mons, le village fut occupé comme position militaire et couvert de retranchements par les assaillants. Notamment en 1572 lorsque le duc d’Albe vint reprendre la ville qui était passée dans les mains des calvinistes.
La bataille de Mons, le 23 août 1914, entre les assaillants allemands et les défenseurs anglais, débuta sur le territoire de Nimy, le long du canal, considéré comme ligne de défense. Il fallait interdire le passage des assaillants sur les ponts permettant l’accès à Mons.
Economie
La plaine de Nimy, pourtant à l’origine marécageuse, permit une activité agricole et de l’élevage (dans les prairies humides).
La gloire du village est due à sa « Faïencerie du Vieux Nimy ». Celle-ci fut établie en 1789 au lieu-dit « Le Marais » par les frères François et Bonaventure Hyacinthe de Bousies. Ils reçurent une autorisation de l’empereur Joseph II qui attribua le nom de « Fabrique Impériale et Royale ». Elle connut rapidement une impulsion considérable. Elle utilisait comme matières premières : de la craie de St-Denis, du sable de Bray, de la chaux de Soignies, des terres argileuses d’Hautrage, du sel arrivant à la Porte du Rivage de Mons et du bois de Sainte-Waudru pour les fours. Elle eut une grande diversité de production : plats, saladiers, carreaux de cheminées, pipes, faïences en terre à feu, groupes en biscuit, vases, bénitiers, cadrans d’horloge, … Ces produits furent exportés en Belgique et en France.
L’entreprise connut la prospérité jusqu’à la mort de Hyacinthe de Bousies en 1846. Elle fut reprise en 1849 par Pierre-Joseph Mouzin, directeur de Keramis à Saint-Vaast qui développa la « Société Jean Mouzin, Lecat et Cie ». Celle-ci se consacra surtout à de la faïencerie de consommation courante. Cette société racheta la faïencerie d’Onnaing et créa celle de Wasmuel.
Un premier déclin eut lieu pendant la première guerre à cause du manque de main d’œuvre et de la crise économique (déportation de nombreux ouvriers). Il y eut après le conflit une reprise et l’entreprise fut cédée en 1921 à la « Société céramique de Maestricht ». On créa un centre artistique, « la Maîtrise de Nimy », sous la direction de Raoul Godefroid, professeur de sculpture, entouré d’artistes locaux. Puis la deuxième guerre provoqua un nouveau déclin qui aboutit à la fermeture en 1951.
Le « Musée du Vieux Nimy » expose des productions locales, mais également celles d’autres faïenceries de la région et du nord de la France.
Il est à noter qu’en mai 1794, alors que les Révolutionnaires Français tentaient de reprendre la Belgique, les députés des Etats du Hainaut s’y rassemblèrent avant de prendre la direction d’Ath pour décider les positions à prendre face à l’ennemi.
A la fin du XIXème siècle, on trouvait encore trois piperies en terre à Nimy (Nihoul, Scoufflaire, Croquet) où l’on fabriquait des pipes avec de l’argile demi-maigre au grain de sable assez fin. Elles étaient renommées. Certaines sont exposées au « Musée du Vieux Nimy ».
On trouva encore à Nimy :
Des ateliers de construction métallique
Des fabriques de chicorée
Une sucrerie
Une raffinerie de sel
un moulin sur la Haine, érigé en 1768, à l’emplacement du Fort Baccara. Détruit lors de la canalisation de la rivière.
Voies de communication
Nimy s’est constituée en bordure de la chaussée romaine (supra) et de chemins reliant Mons à Soignies (puis vers le Brabant) et Mons à Ath, deux cités importantes au Moyen-Age.
Le pavage de la route Mons-Bruxelles eut lieu en 1704.
L’autoroute Bruxelles-Paris (E19/E42) passe à l’est et au nord du village depuis le début des années ‘1970.
Deux lignes de chemin de fer passent sur le territoire du village :
Bruxelles-Mons (1841)
Mons-Manage-La Louvière (ligne 118, dès 1849) – la gare de Nimy est située sur ce tronçon
Il ne semble pas que la Haine fut navigable à hauteur de Nimy. Par contre, on construisit le canal du Centre reliant Nimy (à partir de l’ancien canal Mons-Condé) à la Sambre (1882-1917), ainsi que le canal Nimy-Blaton-Péronnes (années ‘1950) vers l’Escaut.
Entre 1887 et 1889, on aménagea une ligne de tramway (n°15) entre Mons et Soignies, par Casteau. Tram à vapeur d’abord, électrique ensuite à partir de 1830. Cette ligne fut supprimée en 1959 et remplacée par des bus.
Patrimoine
Eglise Notre-Dame
Le clocher actuel date de 1708, même s’il fut en partie refait en 1901. Le reste de l’édifice a été reconstruit en 1789.
Situation géographique : village situé sur le plateau qui sépare la vallée de la Haine et celle de la Trouille
Cours d’eau : ?
Paysage préhistorique (après la dernière période glaciaire) : boisé (la région faisait partie de la Forêt Charbonnière)
Nature du sol : limoneux
Nature du sous-sol : crayeux
Préhistoire
Néolithique (Homo Sapiens) : on aurait trouvé des traces de présence humaine. Sans précision.
Antiquité gallo-romaine
Egalement des traces de présence humaine. Sans précision.
Premier Moyen-Age (période franque mérovingienne et carolingienne)
Les abbayes de Saint-Ghislain et de Crespin y possédaient des terres. On ne sait pas si c’est depuis leur création ou bien par la suite.
Deuxième Moyen-Age – le village
Première mention: ?
Toponymie (anciennes orthographes) : ???
Etymologie (hypothèses d’origine du nom) : « Villers » vient de villare, faisant référence à la « villa carolingienne » qui précéda la constitution du village et qui aurait pu appartenir à l’abbaye de Saint-Ghislain.
Epoque de son apparition: Xème ou XIème siècle
Facteurs ayant favorisé son émergence :
– voies de communication: le village est né en bordure du chemin de Mons à Binche
– sources d’eau ou cours d’eau: non mentionnée
– source de bois: toute la région était boisée
– proximité d’un lieu de pouvoir: la ferme fortifiée abbatiale
Paroisse dédiée à Saint-Ghislain
Evêché: de Cambrai (jusqu’en 1804), puis de Tournai ensuite
Décanat/doyenné: Mons
Autel (dîmes, entretien de l’église, nomination des officiants) donné à l’abbaye de Saint-Ghislain.
Répartition des pouvoirs pendant la période féodale
Autorité supérieure: comté de Hainaut
Autorité sous-jacente (administrative et judiciaire): prévôté de Mons
Seigneuries et fiefs
Depuis la période franque, le village se partageait
Entre un domaine appartenant à l’abbaye de Saint-Ghislain
Et un autre relevant depuis 874 de l’abbaye de Crespin
Au Xème siècle, le duc de Lotharingie Godefroid le Captif donna des terres qu’il possédait sur Villers et sur Harmignies à l’abbaye de Saint-Ghislain, qui posséda alors presque tout le village, ce qui explique son nom. Cette donation fut confirmée par l’empereur Othon Ier en 965. Ce qui pourrait signifier qu’une partie du village appartenait au domaine royal et que Godefroid le Captif, aussi comte de Hainaut durant un temps, put se permettre ces largesses.
L’abbé de Saint-Ghislain exerça les droits seigneuriaux (justice, impôts et corvées) sur les habitants du village. Il y faisait entretenir une grande ferme qui a longtemps laissé des vestiges. Des moines y ont habité dans des petites maisons regroupées autour.
Il existait également à côté un fief dit « de Craviau » (pas de précision quant à la période).
Période française (1794-1814)
Fin de l’Ancien Régime féodal en 1794
Département: Jemappes
Canton: Mons
Répartition des pouvoirs pendant la période contemporaine (à partir de 1814)
Etat: Belgique
Province: Hainaut
Arrondissement administratif: Mons
Arrondissement judiciaire: Mons
Canton: Mons
Entité communale depuis 1977:
Evènements et faits marquants sur le sol de la commune
En 1693, le village fut presque totalement détruit pendant les guerres que menait Louis XIV autour de Mons. Il en fut de même de Vellereille-le-Sec.
Economie
Elle fut essentiellement agricole : céréales, betteraves, houblon, colza, lin. On y pratiquait aussi l’élevage.
On y a trouvé au XIXème siècle deux fabriques de chicorée.
Patrimoine
Eglise Saint-Ghislain
Un oratoire est présent dès le VIIème siècle. L’actuel édifice date de 1616, mais il eut à subir deux incendies et dut être reconstruit en 1844.
Néolithique (Homo Sapiens) : découverte d’outils en silex (sans précision)
Age du bronze : une occupation de l’âge du brone final (sans précision)
Ages du fer : une occupation du deuxième âge du fer (période La Tène III)
Antiquité gallo-romaine
De 1888 à 1894, on a découvert et fouillé un site situé à la limite des actuelles communes de Nouvelles, Harvengt et Asquillies. Des vestiges d’une vaste villa gallo-romaine furent mis à jour. Les fouilles ont été reprises depuis 1964 (E. Leblois).
Il s’agissait d’une villa en U, qui a perduré depuis les premières décennies du Ier siècle jusqu’au début du IIIème siècle. On y a trouvé des signes d’opulence : des bains, des hypocaustes, un aqueduc, des mosaïques, des marbres. Des monnaies Alexandre Sévère (222 et 223) furent exhumées.
Il semble qu’elle fut pillée lors des invasions de la seconde moitié du IIIème siècle. On n’a mis à jour aucun élément pour le IVème siècle, sauf deux monnaies, une de Constantin (310-311) et une de Constance II (332-333).
Les vestiges d’un aqueduc romain se prolongent sur le territoire d’Asquillies (fouillé en 1996). Cette conduite d’eau était enterrée dans le sol sur une pente vers le sud-est qui alimentait un réservoir de la villa romaine. Il s’approvision-nait au sud-ouest de la route Frameries-Givry, en bordure du ruisseau d’Asquillies (By ?).
C’est une des rares villas gallo-romaines fouillées méthodiquement dans la vallée de la Haine et donc bien attestée comme telle. Elle pourrait avoir appartenu à des magistrats de la cité des Nerviens de Bavay. Elle était située à mi-distance des deux chaussées romaines Bavay-Utrecht (qui passe à Noirchain et Ciply) et Bavay-Cologne (qui passe à Givry).
Premier Moyen-Age (période franque mérovingienne et carolingienne)
Une communauté paysanne s’y serait installée au VIIème siècle (pas de précision !).
Deuxième Moyen-Age – le village
Première mention: 965
Toponymie (anciennes orthographes) :
Novella (965, bulle du pape Gélase 1118-1183)
Nouvelle, Noviles,
Novelles (1186)
Nouvelles (1254)
Novilles (1262)
Noveles (1265, 1294)
Novielles (1295)
Nouvelles (1296, 1410)
Etymologie (hypothèses d’origine du nom) : de nova villa, villa neuve. Vu la disparition probable de la villa romaine au IIIème siècle, vu l’absence de témoignage d’un réinvestissement de cette exploitation par les Francs dans un second temps, il est difficile d’attribuer l’appellation du village à cette villa antique. Rien cependant ne permet non plus d’affirmer qu’elle provient d’une villa carolingienne du VIIIème ou du IXème siècle. La question reste posée.
Epoque de son apparition: Xème siècle
Facteurs ayant favorisé son émergence :
– voies de communication: la seule voie importante à proximité, dans les siècles qui vécurent l’avènement d’une communauté rurale à Nouvelles, était probablement le “vieux chemin de Binche” qui, en réalité au Xème siècle, reliait Famars et Valenciennes à Estinnes, en passant par les “grosses” communautés franques au sud de la Haine et de Mons. Ce chemin a en grande partie disparu aujourd’hui.
– sources d’eau ou cours d’eau: Nouvelles est un village-rue né en parallèle à la Wampe, sur son versant ouest
– source de bois: la pente boisée du plateau. Il persiste un Bois de Nouvelles à l’est du village.
– proximité d’un lieu de pouvoir: je n’ai pas de précision sur l’ancienneté d’un château sur le territoire de Nouvelles. Il ne semble pas qu’il y en ait eu au moment de la constitution de la communauté rurale, à moins qu’il existât alors une ferme fortifiée récente (“villa nova”). Pure hypothèse.
Paroisse dédiée à Saint-Brice. C’était une dépendance de la paroisse voisine de Harveng.
Evêché: de Cambrai (jusqu’en 1804), puis de Tournai ensuite
Décanat/doyenné: Mons
Autel (dîmes, entretien de l’église, nomination des officiants) donné à l’abbaye de Saint-Ghislain, puis à celle de Crespin au XIIème.
Répartition des pouvoirs pendant la période féodale
Autorité supérieure: comté de Hainaut
Autorité sous-jacente (administrative et judiciaire): prévôté de Mons
Seigneuries et fiefs
Deux seigneuries y ont coexisté, sans doute dès le XIème siècle. Elles détenaient chacune les trois justices. Il s’agissait
d’une seigneurie dépendant de la pairie d’Avesnes
d’une autre dépendant de la baronnie de Quiévrain
On y trouvait aussi des biens (terres) appartenant à des abbayes : St-Ghislain, Bélian, Maubeuge, Mons. Le territoire de Nouvelles n’étant pas étendu, tous ces fiefs devaient être particulièrement réduits.
Liste des seigneurs
On est semble-t-il mal documenté sur ces deux seigneuries à Nouvelles. Quelques noms de seigneurs ont été conservés. Il est possible que ces deux fiefs n’aient pas toujours eu un seigneur à leur tête, mais simplement un maire et des échevins, qui géraient les affaires du village au nom des comtes ou des seigneurs de Quiévrain ou d’Avesnes. On cite:
Etienne de Nouvelles. Seigneur de Nouvelles et chevalier, cité en 1250.
Jacques de Ghelet. Il aurait été seigneur de Nouvelles. Personne dans sa famille ne porte ce titre (voir St Symphorien).
Pour la seigneurie d’Avesnes : la Famille de Behault, au XVIIème siècle
François Jean de Behault (1636-aprs1695). Fils de Jean de Behault (1610- ?). D’une famille de bourgeois commerçants de Mons. Ecuyer, en 1678 par le roi Charles II d’Espagne. Il était seigneur de Marcq, de Nouvelles (par achat?), de Warelles. Echevin de Mons. Maître-artilleur, présent au siège de Mons en 1676.
Ep.1. 1664 Gertrude Thérèse van der Steyn
François, S. de Marcq, maître d’artillerie à Mons, qui épousa Philippine van der Beken. Pas d’enfant
Jeanne, dame héritière de Nouvelles, infra
Ep.2. 1682 Marie Philippine Robert. Pas d’enfant.
Philippe François Robert (1668, Mons – 1759, Mons). Ecuyer. Seigneur de Quevelon, et de Nouvelles (par mariage). Echevin de Mons. Bailli du chapitre de Sainte-Waudru. Député des Etats de Hainaut. Il épousa en 1703 Jeanne de Behault (1671-1755), héritière de Nouvelles. Ils eurent:
François Jean (1704- ?)
Marie-Anne (1705- ?)
Jérôme Joseph (1707- ?)
Simon Maximilien Robert (1708- ?). Seigneur de Nouvelles. Lieutenant-colonel au régiment de St-Ignon. Pas de mariage ni descendance.
Marie Jeanne « de Nouvelles » Robert (1709-1743), qui épousa en 1734 Simon Charles « Robert de Gondecourt » (1700-1778), son cousin germain. Ils eurent :
Simon Charles « de Robersart » Robert (1741, Mons-1810, Nouvelles). Comte de Robertsart. Seigneur de Choisy, de la Barre et seigneur de Nouvelles par mariage. Magistrat et échevin de Mons. Député des Etats du Hainaut. Il épousa en 1766 Marie Philippine de Sart de Molembais (1746-1845). Avec lui se termina le régime féodal.
Pour la seigneurie de Quiévrain :
Famille Ghodemart
Hugues Ghodemart (1591-1653). Fils de Mathieu Ghodemart, petit-fils d’Antoine Ghodemart. Seigneur de Wattrinpeau, de Nouvelles (fief de Quiévrain). Echevin de Mons (1626-1632). Capitaine des Bourgeois de Mons en 1639. Receveur général des aides de Hainaut. Il épousa Anne-Paul, dont il eut:
Antoine, infra
Marie-Florence
Antoine Ghodemart (1629, Mons – 1686, Mons), fils du précédent. Ecuyer. Seigneur de Nouvelles. Echevin de Mons. Il épousa N. Malapert.
On perd toute trace des titulaires de cette seigneurie ensuite.
Période française (1794-1814)
Fin de l’Ancien Régime féodal en 1794
Département: Jemappes
Canton: Mons
Répartition des pouvoirs pendant la période contemporaine (à partir de 1814)
Etat: Belgique
Province: Hainaut
Arrondissement administratif: Mons
Arrondissement judiciaire: Mons
Canton: Mons
Entité communale depuis 1977: Mons
Evènements et faits marquants sur le sol de la commune
Rien de bien connu
Economie
L’agriculture et l’élevage de moutons jusqu’au XIXème siècle furent les activités principales des habitants de Nouvelles.
Il exista un moulin à vent, démonté au XIXème
Exploitation du sous-sol
Exploitation de silex pour la faïencerie de Nimy jusqu’à la fin du XVIIIème
Exploitation de craie phosphatée pour engrais.
Extraction de houille en 1820 : deux puits de Belle Victoire. Vendus en 1844 à la Société du Levant des Produits de Flénu. Démolition des installations entre 1868 et 1880
Voies de communication
Par la route: au sud du village se croisaient les chemins médiévaux de Valenciennes à Binche et celui de Mons à Maubeuge. Le premier disparut en grande partie. Le second fut pavé au XVIIIème. Les autres chemins ont relié le village à ses voisins (Asquillies, Harveng)
Par le train: la ligne Mons-Chimay passait tout au nord du village.
Patrimoine
Eglise Saint-Brice
En bordure du parc d’Oultremont (famille noble installée ici au XIXème). De style semi-classique, bâtie en 1866. On y trouve un monument funéraire des seigneurs de Robersart.
Château des comtes de Robertsart
Vestiges du Château-ferme du Haras. Ancienne ferme seigneuriale. Tour porche (autrefois précédée d’un pont-levis). Corps de logis en briques. Vaste grange. Construite par Hugues Ghodemart en 1647, receveur général des Aides du Hainaut et propriétaire de la seigneurie relevant de Quiévrain. Aménagement d’un haras en 1932.
Superficie: 667 ha Altitude: de 48 m (nord) à 80 m (sud) Situation géographique: sur le versant sud de la vallée de la Trouille, en bordure du plateau de Bavay (Hauts-Pays).
Cours d’eau: le village est traversé par la Wampe et son affluent, le Ruisseau du Pré Rieu.
Paysage préhistorique (après la dernière période glaciaire): c’était ici la Forêt Charbonnière, traversée par les cours d’eau sus-dits. Aujourd’hui les prairies sont humides en contre-bas.
Nature du sol: limoneux
Nature du sous-sol: crayeux
Préhistoire
Elle est peu documentée à Harveng. La localité a offert aux archéologues quelques vestiges néolithiques (des outils en silex). Pas de précision.
Antiquité gallo-romaine
On rapporte l’existence d’une villa gallo-romaine. Sans précision.
Par contre, on a trouvé à la fin du XIXème siècle des fragments de tuiles et de poteries gallo-romaines à l’intersection des communes de Nouvelles, Harveng et Asquillies, peut-être en rapport avec la villa bien connue de Nouvelles.
Premier Moyen-Age (période franque mérovingienne et carolingienne)
Des sépultures y auraient été découvertes à la fin du XIXème siècle. Un cimetière franc y a été aménagé. Une fibule ansée aurait également été trouvée.
Deuxième Moyen-Age – le village
Première mention: 868 (polyptyque de l’abbaye de Lobbes) Toponymie (anciennes orthographes)
Harvinium, 869
Hervenium, 1082
Harven
Harvaingt
Etymologie (hypothèses d’origine du nom)
Le nom pourrait venir de harwinja- (ancien germanique), dérivé de harwa qui signifiait « aigre, âpre ». Difficile de trouver une signification.
Epoque de son apparition: Xème ou XIème siècle Facteurs ayant favorisé son émergence – voies de communication: la communauté villageoise originelle s’est installée dans un territoire éloigné des voies de circulation, encore qu’il semble que l’on ait perdu le tracé du “vieux chemin de Binche” médiéval qui passait peut-être au nord du village (tronçon restant: la rue Notre-Dame de Tongres) – sources d’eau ou cours d’eau: la Wampe et le ruisseau du Pré Rieu – source de bois: la forêt, dont il persiste une bande le long de la Wampe au sud-ouest et peut-être le parc du château – proximité d’un lieu de pouvoir: peut-être un château des premiers seigneurs de Harveng (XIIème)
Paroisse dédiée à Saint Martin Evêché: de Cambrai (jusqu’en 1804), puis de Tournai ensuite Décanat/doyenné: Mons Autel (dîmes, entretien de l’église, nomination des officiants) donné à l’abbaye de Crespin en 1144 par l’évêque Nicolas de Chièvres. La paroisse voisine de Nouvelles en dépendait.
En 1082, Gérard II, évêque de Cambrai, détacha une partie de la paroisse (« Moncel » ou « Petit-Harveng ») pour l’unir à celle d’Harmignies. Ce petit territoire restera par la suite dans la commune.
Répartition des pouvoirs pendant la période féodale
Autorité supérieure: comté de Hainaut Autorité sous-jacente (administrative et judiciaire): prévôté de Mons
Seigneuries et fiefs
Le territoire faisait partie des possessions de l’abbaye de Lobbes, ce qui est attesté par le polyptyque de 868. Pendant la période féodale, ce n’était plus le cas. Il est probable que les comtes Régnier se le soient appropriés, comme la plupart des propriétés de Lobbes en Hainaut.
Deux seigneuries se sont partagé le territoire:
La seigneurie principale d’Harveng
La seigneurie de Marchiennes
Deux châteaux en sont encore aujourd’hui les témoins.
La seigneurie d’Harveng
Les dates citées plus haut semblent prouver que le territoire était habité au moins au XIème siècle. Il appartenait encore probablement aux comtes. Une partie du domaine fut donnée au XIIème siècle, peut-être en apanage (fief héritable jusqu’à l’extinction de la branche mâle, puis repris par son suzerain) à une famille ayant pris le nom de Harveng (ou Harvengt). On en connait plusieurs personnages, mais il est difficile de désigner ceux qui en furent les seigneurs. Ils se situent presque tous au XIIème siècle et XIIIème siècle.
Le plus connu est Philippe de Harveng (v1100-1183), un théologien très renommé à son époque, qui fut abbé de l’abbaye des Prémontrés de Bonne-Espérance
On cite aussi Hugues de Harveng, cité en 1157 et 1177, comme seigneur de Harveng, peut-être frère du précédent
Robert de Harveng, frère du précédent
Widon/Guidon de Harveng, cité en 1194, fils d’Hugues
Hugues de Harveng, cité en 1221, chevalier et seigneur de Harveng, qui fit don de terres et de la dîme du moulin
Wautier de Harveng, moine à Bonne Espérance
Fastré de Harveng et Baudouin de Harveng, cités en 1243, chanoines du chapitre de Saint-Germain – le premier fut aussi curé de Tirlemont
Gilles de Harveng
Ubald/Ulbaut de Harveng, peut-être frère du précédent. Il a ceci de particulier qu’il épousa une des trois filles, l’aînée, d’Henri de Mons (v1165/1173-apr1218), châtelain de Mons et seigneur d’Havré. Lui-même porta le titre de seigneur de Harveng. Il n’eut pas d’enfant et ses titres et domaines allèrent successivement à ses deux beaux-frères, Henri Berthout (qui épousa Sara de Mons et n’eut pas d’enfant non plus) puis à Englebert IV d’Enghien (qui avait épousé la troisième fille, Julianne de Mons)
Moreau/Moriaus de Harveng (1261-1310), le dernier de la famille, sans postérité. Il aurait vendu le domaine d’Harveng au même Englebert d’Enghien. Ou bien, si apanage il y eut, il aurait été donné à ce dernier par le comte, également sous le même statut.
Il s’agit d’une branche cadette de celle qui continua à détenir Enghien. Ces seigneurs d’Harveng étaient donc aussi châtelains de Mons et seigneurs d’Havré. On cite :
Englebert IV d’Enghien ( ?-1271), fils d’Englebert III, seigneur d’Enghien
Sohier/Siger d’Enghien ( ?-apr1318), fils du précédent
Gérard I d’Enghien ( ?-1361), fils du précédent
Gérard II d’Enghien (v1320-1385), fils du précédent
Jacques d’Enghien ( ?-1427), fils du précédent, sans postérité. Il est possible qu’il lègue Harveng, comme il le fit pour Havré, à sa tante Jeanne d’Enghien, qui épousa Jacques d’Harcourt.
Nous perdons alors la trace de la seigneurie de Harveng qui ne semble pas avoir connu les mêmes seigneurs que Havré (Harcourt, Orléans-Longueville, Croÿ). Il est possible qu’à l’origine le domaine ait été confié par les comtes en apanage et que l’extinction de cette branche d’Enghien ait provoqué son retour dans les possessions comtales.
Nous retrouvons trace de seigneurs particuliers à la fin du XVIIème siècle dans les personnages suivants :
François Jacquot ( ?-1692)
Jean Jacquot, cité en 1694
Marie Robertine le Duc(q) ( ?-1711), d’origine X
Siméon le Roy (v1630- ?), son mari. Il était avocat et conseiller-greffier pensionnaire de la ville de Mons. Aussi seigneur de la Berquière. Ils eurent une fille, Marie-Bonne le Roy (1668-1739), dame de Harveng.
Famille Hanot « d’Harveng »
Jean Charles Hanot (1658, Mons – 1715, Mons), fils de François Arnould Hanot (v1632-1689), seigneur de Bougnies, de Fleurus et de Harveng par mariage en 1683 avec Marie-Bonne le Roy (1668-1739), dame de Harveng. Ils eurent:
Charles François Joseph Hanot (1684-1731) Chevalier en 1725. Seigneur de Fleurus en 1715. Echevin de Mons (1710-1712). Il épousa en 1708 Marie Thérèse Malapert ( ?-1717), dame de Hasencourt ( ? Azincourt ?), dont il eut:
François Augustin Hanot (1714- ?), seigneur de Fleurus, de Harveng et de Hasencourt. Il épousa en 1742 Marie Bonne de Maleingreau, dont il eut:
Charles Augustin Hanot (1744- ?), seigneur d’Harveng et d’Hasencourt. Licencié ès lois. Il épousa en 1769 Hélène Françoise Joseph de Hennin, dont il eut:
Maximilien Charles Joseph Hanot « d’Harveng » (1774, Mons-1815, Mons), seigneur d’Harveng jusqu’en 1794. Il épousa en 1797 Victoire Maximilienne de Wolff, dont il eut:
Isidore Maximilien Joseph Hanot d’Harveng (1799-1851), qui épousa Marie Désirée de Behault de Warelles, dont il eut:
Marie Joséphine, ép. François Edouard Nonaert
Alix Victoire Théodorine Hanot d’Harveng (1836-1913), qui épousa Adhémar Joseph Bonaventure de Bousies (1829, Mons-1914, Harveng). Comte. Bourgmestre d’Harveng et propriétaire du château d’Harveng de Bousies.
Charlotte
La seigneurie de Marchiennes (nom probablement tardif). Il s’agit d’un fief qui relevait de la principauté de Chimay (depuis quand ?). Il consistait en un château, des terres et son châtelain pouvait y exercer les trois justices. Possédèrent le domaine en arrière-fief des seigneurs de Chimay :
La famille d’Enghien – peut-être la branche aînée, puisque lui succède :
La famille des Luxembourg
La famille Jaquot-Jacquot
La famille Hanot
La famille Carondelet
La famille Le Roy
Les Fourneau de Virelles
Les Bruneau
Les De la Roche de Marchiennes
Période française (1794-1814)
Fin de l’Ancien Régime féodal en 1794
Département: Jemappes Canton: Pâturages (ou Mons)
Répartition des pouvoirs pendant la période contemporaine (à partir de 1814)
Etat: Belgique Province: Hainaut Arrondissement administratif: Mons Arrondissement judiciaire: Mons Canton: Pâturages Entité communale depuis 1977: Mons
Evènements et faits marquants sur le sol de la commune
En 1185, les armées de l’archevêque de Cologne et du duc de brabant brûlèrent le village en allant à Maubeuge rejoindre le comte de Flandre, Philippe d’Alsace.
En 1792, des Autrichiens y campèrent avant la bataille de Jemappes.
En 1794, un tiers du village fut brûlé lors de la reconquête française avant la bataille de Fleurus, y compris le château de Marchiennes
Economie
Elle fut essentiellement consacrée à l’agriculture (céréales, lin, betteraves) et à l’élevage. Trois grandes fermes en quadrilatère (rue de Spiennes) subsistent aujourd’hui, à côté de petites fermes :
Celle du château de Marchiennes, 1797
Deux autres de 1860 et 1861
Un ancien moulin à eau, sur la Wampe, fonctionna au « Point du Jour », déjà avant 1221 et encore après 1833.
Le paysage du village est resté essentiellement rural et résidentiel.
Voies de communication
Par la route: le village est traversé au sud par la route de Pâturages-Frameries à Givry. Je n’ai pas d’indication quant à l’époque de son aménagement. Il existait auparavant un autre chemin pour aller à Givry. Les villageois d’Harveng se sont reliés avec le temps par des chemins aux villages voisins (Harmignies, Nouvelles, Havay). L’absence d’une industrie explique sans doute cette situation.
Par le train: pas de liaison Par le tramway: pas de liaison
Par le bus: ligne Mons-Quévy
Patrimoine
Eglise St Martin, bâtie en 1780-1784 en style classique. Fonts baptismaux du XVème. Ancien cimetière autour.
Presbytère, de la seconde moitié du XVIIIème.
Château d’Harveng « de Bousies ». C’est l’ancienne résidence des seigneurs de Harveng. Elle fut reconstruite en 1785 dans un style classique par les Hanot. Ecuries de 1785 et 1860. Tourelle d’angle, 1860. Maison du régisseur. « La fabrique » – petite tour carrée de 1860. A appartenu ensuite au comte du Chastel de la Howarderie.
Château de Marchiennes (sur la route d’Harmignies), bâti en style tournaisien. Il fut brûlé en 1794 avant la bataille de Fleurus. Il fut reconstruit à la fin du siècle et remanié dans les deux siècles suivants. Il comporte :
Situation géographique: Le village de Flénu est situé sur le versant sud de la vallée de la Haine, sur une pente du plateau du Haut-Pays
Cours d’eau: (pas de ruisseau mentionné)
Paysage préhistorique: A partir de la fin de la dernière période glaciaire, il y a 10-12.000 ans, ce territoire était couvert de bois, faisant partie de la Forêt Charbonnière
Nature du sol: limoneux Nature du sous-sol: filons de houille dans le massif de grès et de schiste de l’ère primaire; craie
Préhistoire
On y aurait découvert des silex sur les hauteurs (fouilles par Neerinck, 1873 – coll. Musée royal de Bruxelles) – sans précision du type ou de la période.
Néolithique
Au « Champ de l’Espinette » (entre Cuesmes et Flénu, déjà connu en 1890), soit sur le flanc ouest du plateau crayeux, on mit à jour en 2001 un puits minier, un atelier de taille du silex, datant, comme à Spiennes de l’époque néolithique
Antiquité gallo-romaine:
Non documentée
Premier Moyen-Age (période franque mérovingienne et carolingienne) :
Non documentée
Deuxième Moyen-Age Et PERIODE MODERNE- le village
Flénu, se situant sur les hauteurs boisées de Jemappes, fut probablement le siège d’un habitat plus tardif que celui de Jemappes, dont il resta longtemps un hameau.
Première mention: 1181
Toponymie (anciennes orthographes):
Flénut, XIIème, première citation en 1181 (acte du comte Baudouin V)
Etymologie (hypothèses d’origine du nom)
Ce terme viendrait d’un dialecte local flin signifiant « silex », à moins que ce soit du germain Flunöth : « bois d’érables ou de frênes ».
Certains proposent une dérivation du mot roman flenne, belette. Endroit abondant en belettes ?
Le village a donné son nom à une variété de houille très prisée qu’on a trouvé dans son sous-sol, le « flénu », un charbon gras.
Epoque de son apparition: Longtemps hameau de Jemappes, Flénu s’est développé réellement au XIXème siècle avec l’intensification de l’exploitation houillère
Facteurs ayant favorisé son émergence
voies de communication: le territoire était parcouru par le “Vieux chemin de Binche à Valenciennes”, aménagé, semble-t-il à la fin du VIIème ou au VIIIème siècle. Ce chemin reliait au départ Famars et Valenciennes à Estinnes.
sources d’eau ou cours d’eau: non mentionnée
source de bois: Forêt Charbonnière qui fut complètement défrichée avec l’exploitation du charbon
proximité d’un lieu de pouvoir: abbaye (puis chapitre) de Sainte-Waudru. La présence ou non d’une ferme abbatiale ne semble pas précisée.
Paroisse: Longtemps, les quelques habitants du hameau étaient paroissiens de Jemappes. Il faut attendre 1868 pour que les habitants de Flénu (essentiellement des mineurs) aient une paroisse autonome, dédiée à Sainte-Barbe.
Evêché: de Cambrai (jusqu’en 1804), puis de Tournai ensuite
Décanat/doyenné: Mons
Répartition des pouvoirs pendant la période féodale
Autorité supérieure: comté de Hainaut
Autorité sous-jacente (administrative et judiciaire): prévôté de Mons
Seigneuries et fiefs
Le territoire de Jemappes (et donc de Flénu) appartenait (alleu) à Sainte-Waudru, qui le légua à l’abbaye. Celle-ci assura ensuite les droits féodaux. Les comtes, en tant qu’avoués, y exerçaient les pouvoirs temporels.
Fin de l’Ancien Régime féodal en 1794
Période française (1794-1814)
Département: Jemappes
Canton: Mons
Répartition des pouvoirs pendant la période contemporaine (à partir de 1814)
Etat: Belgique
Province: Hainaut
Arrondissement administratif: Mons
Arrondissement judiciaire: Mons
Canton: Pâturages
Commune :
Les habitants (en fait les patrons des houillères qui se plaignaient de la fiscalité jemappienne) ont demandé une autonomie communale en 1866, ce qu’ils obtinrent quatre ans plus tard en 1870. La maison communale fut édifiée en 1879 et les écoles communales furent ouvertes la même année. Le cimetière date de 1875.
En 1971, Jemappes et Flénu fusionnèrent, avant d’entrer en 1977 dans l’entité communale de Mons.
Evènements et faits marquants sur le sol de la commune
La bataille de Jemappes de 1792 se déroula sur le territoire de Flénu.
Une bataille eut lieu le 23 août 1914 entre Anglais et Allemands. Des civils furent fusillés, des maisons détruites. Les Allemands y laissèrent 67 morts et les Anglais 17.
Flénu fut libéré le 9 novembre 1918 par les Canadiens.
Les Flénutois ont aussi participé aux luttes sociales du XIXème et du XXème. En 1932, des grèves furent ici violentes. La commune devint socialiste lors des premières élections communales au suffrage universel en 1921.
Le Parti Ouvrier local connut une figure de proue: Walther Dauge, de tendance trotskyste. En 1936, il provoqua une scission du parti socialiste et remporta les élections communales en 1939. Il fut assassiné en 1944 pour des raisons inconnues.
En 1944, la gare de formation fut bombardée par les alliés. La libération fut le fait de troupes anglaises et américaines le 2 septembre 1944.
Economie
L’économie première aux origines était agricole et forestière.
Exploitation du charbon de houille
Ce fut l’activité économique principale du village, celle qui provoqua son développement au XIXème siècle. Mais on commença déjà à extraire le charbon en surface dès le Moyen-Age. Il en est fait mention en 1405. Des exploitants travaillaient sur des concessions cédées par les chanoinesses du chapitre de Sainte-Waudru contre une participation aux bénéfices (un septième). On creusait des mines dans les bois qui couvraient le territoire et dans les clairières, ce qui ne manqua pas de provoquer des conflits avec les paysans locaux.
Beaucoup de ces houillères furent abandonnées au cours des siècles. L’exploitation semble prendre plus d’ampleur à partir de 1740. Le charbon extrait reçut le nom de “flénu”. Il avait la caractéristique d’être gras et inflammable. Il convenait très bien pour les fours et les chaudières, pour produire du gaz d’éclairage, pour cuire les faïences et les tuiles, pour fabriquer du verre.
Dès le début du XIXème siècle, les nombreuses sociétés exploitantes fusionnèrent en se transformant en sociétés anonymes, ce qui leur donnait accès à plus de capitaux pour investir.
La Société des Produits naquit en 1787 à l’initiative d’André Colenbuen et de la Société de Commerce de Bruxelles. Elle devint Société Anonyme des Produits de Flénu en 1835. C’était alors une des plus grandes entreprises belges côtées à la Bourse de Bruxelles. La Société Générale de Belgique, fondée un peu plus tôt, en était le principal actionnaire.
Elle exploitait les puits suivants :
Puits n°8 Sainte-Henriette, dont le site est devenu un parc public, fermé en 1932. C’est un des premiers puits qui aient atteint la profondeur de 1000m. Un coup de grisou en 1860 fit 9 victimes. Un autre en 1868 en fit 55.
Puits n°23, fermé en 1935
Puits n°12 Saint-Louis, près de la gare, fermé en 1933, avec sa cité du dernier quart du XIXème
Puits n°21
Puits n°25, fermé en 1933
Puits n°26, fermé en 1933
Cette société avait sa propre gare industrielle (aujourd’hui reconvertie en logements).
Elle racheta en 1922 la Société du Nord du Rieu du Coeur et en 1928 la Société du Charbonnage du Nord de Flénu.
En 1835, naquit aussi la S.A. du Levant de Flénu
Cette deuxième grosse société fut fondée par le regroupement de trois petites sociétés: Cache-Après, Ostennes et Crachet. Les puits N°4, 14, 15 et 17 étaient déjà exploités depuis le XVIIIème siècle.
Cinq puits furent exploités sur le site du Levant:
Sainte Zoé n°14
Saint Ferdinand n°15, avec son terril (156m de haut, le plus haut du Borinage)
Saint Guillaume n°17
Puits n°2
La Warocquière n°19 (1863-1939). Ses installations furent fortement endommagées par un ouragan le 18 mars 1876.
C’était un site très vaste, à mi-chemin entre Cuesmes et Flénu, entre la voie ferrée Cuesmes-Flénu et la rue de Flénu au nord. On trouvait à proximité toutes les infrastructures d’exploitation : puits et chevalements, installations de pompage des eaux, lavoir, ateliers, écuries, bureaux, centrale électrique (v1900), terril, chemin de fer industriel. Cette société fit appel à de nombreuses innovations technologiques et devint un modèle industriel à l’époque. Elle fut représentée à l’Exposition Universelle de Paris en 1878.
Une salle de fête a été aménagée dans un ancien atelier, après la fermeture. La plupart des bâtiments et des châssis à molette ont été rasés.
En 1843, elle acheta Belle-Victoire (ou Trois Frères). En 1856, elle revendit Ostennes et Crachet à la Société du Couchant de Flénu.
Les deux sociétés précédentes fusionnèrent en 1932 en S.A. Charbonnage du Levant et des Produits de Flénu dont le siège était à Cuesmes. En 1933, il restait encore quatre puits en exploitation. Ils furent fermés pour épuisement de filon. La société s’éteignit en 1939.
Il existait aussi une S.A. du Couchant de Flénu qui ferma ses portes en 1920.
En quelques années, 4000 mineurs perdirent leur travail et le village fut plongé dans la pauvreté, car les mineurs constituaient 90% de la population active.
D’autres industries, en partie liées aux charbonnages, fonctionnèrent au XIX-XXème siècle:
Des fours à coke et des fours à chaux
Un atelier de construction mécanique, qui ferma avec les mines en 1933
Une chaudronnerie
On mentionne aussi :
Une fabrique de chaussures (Malengret)
Des briqueteries
Une distillerie
Ces sociétés furent à l’origine de certaines cités ouvrières. Flénu devint après 1945 un village résidentiel pour les ouvriers travaillant sur Quaregnon, Cuesmes et Jemappes. Beaucoup d’immigrés, surtout des Italiens, en faisaient partie et logeaient dans des baraquements
Voies de communication
Longtemps, le hameau de Flénu fut tenu à l’écart des grandes voies de communication. Il était probablement relié aux villages voisins (Jemappes, Frameries, Cuesmes, Quaregnon) par des sentiers, qui furent aménagés en chaussées au XIXème siècle. Celui vers Jemappes (et la Haine) probablement à la fin du siècle précédent.
Le “Vieux Chemin de Binche”, datant du VIIIème siècle, passe tout au sud du village, et ne semble pas avoir joué de rôle dans le développement du village. Son tracé aujourd’hui est discontinu.
Dans les années ‘1990, fut construite l’axiale boraine N550.
Flénu fut avantagé par le chemin de fer au XIXème siècle. Il eut sa gare industrielle. Des lignes privées reliaient les sites charbonniers à la ligne Mons-Cuesmes-Warquignies-Dour/Saint-Ghislain, qui fonctionna de 1872 à 1973 (?).
Cependant, le chemin de fer fut présent plus tôt à Flénu. Dès 1833, on aménagea une liaison de trains tractés par des chevaux entre les sites du Bas et du Haut-Flénu au canal Mons-Condé à Jemappes. Rapidement, une vingtaine de charbonnages s’y relièrent. Les sociétés louaient des quais à l’embarcadère de Jemappes.
Le tramway fut aussi présent, reliant Flénu à Jemappes, Frameries et Cuesmes (manque de données!!!).
Trains et trams furent les victimes du déclin économique et de l’importance prise par le transport routier.
Patrimoine
Eglise Sainte-Barbe, bâtie dans la deuxième partie du XIXème siècle, en style néo-gothique.
Partant de la vallée de la Trouille qui le sépare de Mons, le village dans sa partie sud-ouest monte en pente douce vers Frameries.
A l’est, il est séparé d’Hyon et de Ciply par le Mont Héribus qui culminait à 60m. Un terril y a été surajouté qui s’élève à 107m.
Cette colline joua un rôle stratégique probablement dès la protohistoire.
A l’ouest, se situe le Mont Genestroit (de « terrain à genêts ») qui en fait la partie orientale du Mont Flénu, d’altitude 85m.
Cours d’eau: la Trouille au nord du village. Au nord du village, dans le quartier “Marais”, de nombreux courants drainent l’eau vers la Trouille.
Paysage préhistorique: Le nord du village, au bord de la rivière, était marécageux. Raison pour laquelle le village s’est constitué au sud-est, dans un premier temps au pied du Mont Heribus. L’actuelle Grand-Place était autrefois une terre à joncs (“joncquois”). Elle devint une vaste prairie privée et ne sera aménagée qu’en 1840, après qu’elle fut léguée par son propriétaire aux autorités communales. En s’éloignant vers le sud, la pente était boisée et faisait partie de la Forêt Charbonnière.
Nature du sol: limoneux Nature du sous-sol: Il comporte deux étages qui furent exploités: une couche riche en calcaire et en craie (déposée au Crétacé pendant l’ère secondaire) et une couche plus profonde contenant du charbon de houille (déposée au Carbonifère pendant l’ère primaire).
Préhistoire
Paléolithique et néolithique:
Vestiges (outils en silex) paléolithiques et néolithiques (non précisés).
Néolithique:
Il y aurait eu sur le territoire de Cuesmes un menhir « La Longue Bonne ».
Age du bronze final:
A lieu-dit « Tir aux Pigeons » (là où sera établi un cimetière mérovingien), on aurait découvert une fosse datant de la Civilisation des Champs d’Urnes(entre 1100 et 800).
Deuxième âge du fer (Période de La Tène)
Sur le Mont Eribus, furent découvertes en 1864 deux nécropoles dont l’utilisation s’étendit sur toute cette période et entrant dans ce qu’on a appelé le «Groupe de la Haine ». On y a trouvé des vases, des écuelles, des accessoires de chars et de harnachement, une parure. Ce qui témoigne de l’inhumation d’un personnage important de rang aristocratique.
Un cimetière nervien lui aurait succédé.
Antiquité gallo-romaine
Le territoire de Cuesmes était traversé par un diverticule reliant la chaussée Bavay-Asse-Utrecht à la colline de Mons, où un castrum romain (camp militaire) exista à une période non précisée (Bas-Empire probablement).
Au lieu-dit « Pont de Pierre », on aurait trouvé en 1856 une tombe romaine du IVème siècle.
Sur les pentes du Mont Eribus, furent découverts (1988, 1993) un peigne en bronze, des armes, des monnaies du Ier siècle, des monnaies de type Avaucia, des monnaies de Galère de 300-301.
Selon Mariën (1961), une nécropole fut retrouvée, contenant des céramiques (pas de précision). Nous n’avons pas trouvé mention d’un habitat.
Premier Moyen-Age (période franque mérovingienne et carolingienne):
Au lieu-dit « Tir-aux-Pigeons », on a découvert en 1958 une nécropole mérovingienne.
Elle fut fouillée de 1959 à 1962 (Y. Leblois, D. de Gennaro), puis encore en 1966 et en 1980 (construction de l’autoroute).
Ce cimetière se trouve sur un plateau en déclivité vers le sud, pas loin des anciens vieux chemins de Bavay et de Binche, ainsi que du ruisseau du Temple, sur un sol calcaire.
La surface semble couvrir une trentaine d’ares. Plus de 140 tombes y ont été trouvées. On pense que de nombreuses autres tombes avaient déjà été détruites auparavant.
Un grand nombre de ces tombes étaient sans mobilier funéraire. Les corps (hommes, femmes, enfants) étaient inhumés directement dans la fosse (sans cercueil ni coffre), sur le dos, la tête vers l’ouest. Parfois une banquette était taillée sur la paroi, sur laquelle reposaient d’autres ossements humains (regroupement familial par manque de place ?).
Quelques tombes contenaient du mobilier, que l’on a daté du VIème et du VIIème siècle.
On y a trouvé peu d’armes (fers de lance, pointes de flèches, scramasaxes, couteaux), mais surtout des parures d’habillement (perles de colliers, pendentifs, bracelets, bagues, fibules, pièces de ceinture et de baudrier, boutons), ainsi que des poteries (souvent des urnes biconiques), des plaques métalliques, des clous, des coquilles d’escargot, …
Aucune trace de christianisation.
Tout cela évoque plutôt une communauté paysanne, plutôt qu’un groupe militaire, les armes pouvant appartenir aux maîtres de la communauté, mais celles-ci ont pu aussi être volées par pillages ultérieurs des tombes. On n’a pas découvert d’habitat à proximité, mais on sait que c’est rarement le cas pour l’époque, les bâtiments étant construits en matériaux périssables (bois, torchis). Quelques photos aériennes ont montré quelques structures et des fosses à quelques centaines de mètres au nord.
Il ne semble pas y avoir eu à cet endroit au préalable une villa gallo-romaine. Une petite villa cependant aurait pu exister à 500m au nord-est, sur base de photos aériennes. Les Francs se seraient donc installés ici sur une terre inoccupée.
On estime, sur base du nombre de tombes et de la durée d’utilisation, que cette nécropole a permis l’inhumation d’une petite communauté paysanne d’une dizaine de foyers, correspondant plus ou moins aux unités agricoles qui essaimaient le pays à l’époque sous forme de hameaux.
Le cimetière ne fut plus utilisé après le VIIème siècle. Il est possible que cette communauté ait disparu ou que le mode d’inhumation se soit modifié (cimetières près des églises).
Au moyen âge, ces terres appartenaient à la ferme seigneuriale du Bosquillon (infra).
Le territoire de Cuesmes appartenait à Sainte-Aye, cousine de Waudru, à qui elle succéda comme abbesse du monastère, à la fin du VIIème siècle. Elle en fit don à l’abbaye en 691. Selon certaines sources, elle aurait fait édifier vers 650 un couvent sur le versant nord du Mont Genestroit. Il n’est d’ailleurs pas impossible qu’une ferme, relevant de l’abbaye, y ait existé, dont les membres auraient été inhumés à proximité, mais l’absence de signes chrétiens ne plaide pas en cette faveur.
Deuxième Moyen-Age – le village
Première mention: X ou XIème siècle (sans précision)
Toponymie (anciennes orthographes): Cömoe, Coesmes, Coesnes, Coeme, Kuesmes, Quesmes, Quemmes, Quesnes, Quennie, Comis (bulle du pape Serge III, 1181)
Etymologie (hypothèses d’origine du nom):
Cumma (celtique) signifiant vallée ou au pied de la colline (de Mons)
Quesnes signifie chêne, évoquant les grandes forêts qui occupaient les lieux avant les défrichements de l’Antiquité et du Moyen Age
Cuma signifie pente douce.
Epoque de son apparition: entre le Xème et le XIIème siècle, éventuellement plus tôt si l’hypothèse d’une ferme abbatiale est vraie, encore qu’il n’est pas sûr qu’elle aurait été à l’origine de la communauté villageoise.
Facteurs ayant favorisé son émergence
voies de communication:
le chemin de Bavay (diverticulum se détachant de la chaussée romaine à son approche de Mons et passant par Cuesmes), d’origine antique, peut-être tardive
le “vieux chemin de Binche“, ayant relié à la fin de la période franque Valenciennes à Estinnes, prolongé jusqu’à Binche au XIIème siècle
sources d’eau ou cours d’eau: la Trouille
source de bois: la forêt Charbonnière sur la pente sud)
proximité d’un lieu de pouvoir: l’abbaye (puis chapitre) Sainte-Waudru de Mons
Paroisse dédiée à: Saint-Remy (évêque de Reims au VIème siècle)
Evêché: de Cambrai (jusqu’en 1804), puis de Tournai ensuite
Décanat/doyenné: Mons
Autel (dîmes, entretien de l’église, nomination des officiants), partagé entre le chapitre Sainte-Waudru et le chapitre Saint-Germain de Mons
Répartition des pouvoirs pendant la période féodale
Autorité supérieure: comté de Hainaut
Autorité sous-jacente (administrative et judiciaire): la prévôté de Mons
Seigneuries et fiefs:
La plus grande partie du territoire de Cuesmes appartenait au chapitre Sainte-Waudru de Mons, don d’Aye, deuxième abbesse. Une ferme abbatiale existait au pied du Mont-Héribus, mais on ne sait pas à partir de quelle période. Le premier noyau d’habitation se trouvait dans cette partie du territoire.
Rappelons que le chapitre montois eut de tout temps un abbé laïc (ou avoué) qui n’était autre que le comte lui-même (et les souverains des Pays-Bas qui lui succédèrent) pour ce qui était de la gestion temporelle des lieux.
L’abbaye d’Haumont, pour rappel fondée à la même époque par Vincent, mari de Waudru, y avait aussi des terres, peut-être également données par Aye.
Fin de l’Ancien Régime féodal en 1794
Période française (1794-1814)
Département: Jemappes
Canton: Mons
Répartition des pouvoirs pendant la période contemporaine (à partir de 1814)
Etat: Belgique
Province: Hainaut
Arrondissement administratif: Mons
Arrondissement judiciaire: Mons
Canton: Mons
Entité communale depuis 1977: Mons
Evènements et faits marquants sur le sol de la commune
Vers 1245, fut bâti au nord de la cité, à la limite de Mons, le béguinage de Cantimpret, sous l’autorité du chapitre noble de Sainte Waudru.
En 1290, une partie du territoire de Cuesmes, au nord, fut englobé dans l’enceinte de Mons. Pour rappel, la Trouille passait plus au nord qu’aujourd’hui et traversait le sud de la ville.
Le comte Jean d’Avesnes attribua à la commune de Cuesmes une charte de franchises en 1297.
En 1478, Cuesmes et la région eurent à subir les dommages des bandes armées du roi Louis XI, en guerre contre la duchesse Marie de Bourgogne. Son mari, Maximilien, archiduc d’Autriche vint au secours avec une armée qui campa à Cuesmes, puis à Hornu, avant de vaincre les Français à Crespin.
Au XVIème siècle, des prêches protestantes eurent lieu sur le Mont Héribus.
Alors qu’en 1572, Mons était aux mains des huguenots de Louis de Nassau, le duc d’Albe vint y mettre le siège et installa son artillerie sur le Mont Héribus. Le bombardement de Mons força ses habitants à capituler. Entretemps, les remparts, la porte du Rivage et le prieuré du Vals des Ecoliers furent endommagés. La reprise de Mons s’accompagna d’exactions et de pillages par la soldatesque espagnole à Mons et à Cuesmes. Ici, la Maison communale fut mise à sac.
En 1615, une épidémie régionale de peste toucha durement Cuesmes.
Malgré tout, la période de paix de cette première moitié du XVIIème, vit s’installer de la prospérité et une augmentation de la démographie. C’est ainsi que le village commença à prendre de l’extension (vers le centre actuel du village).
1672 vit la création de l’association des « Archers de Saint-Sébastien ».
Lors des différents sièges de Mons (1691, 1709, 1746), les armées françaises installèrent des batteries d’artillerie sur le Mont Héribus pour bombarder les remparts de la ville.
Economie
Agriculture et élevage: L’activité économique principale était l’agriculture, organisée autour de la cense abbatiale de Sainte-Waudru.
Entreprises annexes:
Moulin (s): Entre Cuesmes et la porte montoise de Bertaimont (du côté de l’actuelle avenue de Gaulle), se trouvait un moulin à vent, appelé « Moulin de Cuesmes » (visible sur la peinture d’Adrien de Croÿ plus haut)
Exploitation du sous-sol
Les houillères
Selon certaines sources, on découvrit du charbon à Cuesmes dès 1099.
Ce n’est que vers 1410 que les « fourfeyeux » commencèrent à extraire le charbon qui affleurait au sol. Il fut exploité par le chapitre de Mons dès le Moyen-Age.
Au XIXème siècle, l’exploitation fut intense. Elle fut le fait des sociétés suivantes qui se succédèrent: S.A. des charbonnages du Levant de Flénu (1835), puis les Charbonnages du Levant-Produits à Cuesmes
On comptait cinq sièges d’extraction :
N° 14 « Sainte-Zoé » ( ?-1960) – dès 1959, le siège social des la S.A. des charbonnages du Borinage après la fusion des sociétés encore en activité.
N° 15 « Saint-Ferdinand » ( ?-1960)
N° 17 « Saint Guillaume », voie de Wasmes, ( ?-1957)
N° 19 « La Warocquière » (1835-1924)
« Héribus » (44ha) (1910-1968). Ici, deux puits, plus tardifs, étaient équipés des derniers perfectionnements pour obtenir une puissance extractive de 1 000 t. par jour. Son terril est accolé au Mont du même nom qui est reboisé, classé et aménagé pour les promenades. Le site fut complètement rasé et remplacé par une déchetterie.
Les carrières
En 1858, Charles le Hardy de Beaulieu découvrit la présence de roches phosphatées dans le sous-sol de Cuesmes et de Ciply. Cette craie brune convenait pour produire de l’engrais.
L’exploitation commença en 1873 dans des galeries souterraines, qui prirent le nom de « Carrières de la Malogne » et qui s’étendirent sous les villages de Cuesmes, Hyon et Ciply, soit sur une superficie de 80ha (3km de long et 450m de large).
Plusieurs exploitants se succédèrent : Emile Rolland (1876), Mortiau, Heidet-Legrand, Scouflaire, Solvay, Quintens, ainsi que quelques sociétés anonymes.
On cessa les activités en 1934.
Aujourd’hui, une partie de ces galeries, inondées, servent à la plongée sous-marine.
On exploita aussi des carrières souterraines de craie blanche pour fours à chaux.
Autres types d’entreprises
– Arsenal du chemin de fer (ateliers de répration), aménagé vers 1875-1880
– Dans la seconde moitié du XXème siècle, on aménagea un zoning artisanal et commercial au nord-ouest du village.
Voies de communication
Routes
Pour rappel (supra): le diverticulum reliant la chaussée romaine (entre Noirchain et Mons) et le vieux chemin de Valenciennes à Estinnes/Binche.
Le village fut ensuite relié à ses voisins (Jemappes, Flénu, Frameries, Ciply, Hyon, …).
Autoroute R5 du contournement sud de Mons
Axiale boraine N550
Le chemin de fer
Ligne Mons – Quévy – France (96) – Il s’arrêtait à la gare de Cuesmes-Trieu (appelée plus tard Cuesmes-Etat). Celle-ci fut fermée en 1994.
Ligne Mons – Warquignies – Saint-Ghislain/Dour-Quiévrain (98), – aménagée en 1872, elle desservait les sites miniers du Borinage. Elle cessa ses activités au début des années ‘1970.
Ligne Mons-Chimay (n°109), créée en 1865, par la Compagnie du Chemin de Fer des Bassins Houillers du Hainaut, rachetée par l’Etat Belge en 1871, s’arrêtant dans la même gare, destinée au transport du charbon vers la France – La ligne fut abandonnée en 1962.
Le tramway
Ligne Mons – Cuesmes – Frameries (aménagement? – cessation en 1793)
Patrimoine
Eglise Saint-Remy, reconstruite en 1847 et démolie en partie en 1989.
Vincent van Gogh à Cuesmes
Ce fils de pasteur néerlandais, qui avait énormément de talent pour dessiner et peindre, tenta d’abord de devenir lui-même pasteur. Peu doué pour suivre assidûment ses études, il remplit malgré tout quelques missions évangéliques. C’est ainsi qu’il vint s’installer à Cuesmes dans le milieu des mineurs, accueilli par la famille Decrucq. Il y resta d’août 1879 à octobre 1880.
Il y dessinait et envoyait ses œuvres à son frère Théo, en réalité son tuteur, avec qui il correspondait.
On le vit également à Pâturages et à Wasmes. Il n’hésitait pas à descendre dans les puits.
Sa véritable carrière de peintre viendra plus tard lorsqu’il ira s’installer à Paris, puis à Arles, puis à Auvers-sur-Oise où il mourra.
La maison de Cuesmes (« Maison du Marais ») a été restaurée et transformée en musée.
Vestiges des sites miniers
Il persiste quelques bâtiments et terrils.
La Lampe du Mineur, monument reproduisant une lampe, sur la Grand-Place, qui relie le centre du village actuel avec les anciens sites miniers (Flénu, Ciply, Frameries).
Les cités ouvrières : cité Hoyaux (1880, pour les ouvriers de l’Arsenal), cité Gaillez
Mons va naître sur une colline entourée d’étangs, de marais et de zones facilement inondables par la Haine (au nord) et la Trouille (au sud) qui l’enserrent avant de confluer à Jemappes.
Autrefois la Trouille passait au pied de la colline, à l’intérieur de l’enceinte médiévale. Elle y a joué un grand rôle économique. Elle fut déviée une première fois au début des années ‘1870 et une deuxième fois en 1962 quand on bétonna ses berges.
Cette colline, comme celles qui l’entourent (Saint-Lazare, Panisel et Héribus), est faite de sables, constituée à l’ère tertiaire.
C’était donc uns site particulièrement protégé et stratégique. C’est pourquoi il fut habité dès la période néolithique (peut-être plus tôt), qu’un camp romain y fut installé lors de la période gallo-romaine, maintenu ensuite lors de la période franque. Mais l’on sait peu de choses de ces périodes. Aucun écrit n’en fait mention. Quant aux éléments issus de fouilles archéologiques, ils sont rares, sans doute enfouis profondément sous les constructions qui recouvrirent le site dès le haut moyen âge.
C’est d’ailleurs à cette période que commença réellement l’histoire de Mons, où plutôt de Mons Castrilocus qui fut sa première appellation.
On discerne trois composantes à cette histoire :
L’abbaye, devenue plus tard chapitre canonial séculier, installée sur la colline
La résidence des comtes de Hainaut, bâtie à proximité, sur des terrains appartenant à l’abbaye
La ville commerçante et artisanale qui s’installa surtout aux pieds de la colline
Préhistoire
Mésolithique, on aurait retrouvé des indices de la Culture Tardenoisienne: quelques outils en silex (hache-marteau) et en bois de cerf (retouchoir)près de la Porte du Parc.
Au néolithique moyen, de la culture de Michelsberg, plusieurs sites furent occupés autour de Mons, au sud de la Haine (Spiennes, Givry) et au nord de celle-ci (Obourg).
Epoque romaine
Sur cette éminence, les Romains auraient érigé un camp militaire (castrum) à proximité de la voie romaine qui menait de Bavay à Utrecht (passant à l’ouest de la colline) et du confluent Haine-Trouille, sans doute pour résister aux premières invasions germaines de la fin du IIIème siècle de notre ère. Ils lui donnèrent le nom de Castrilocus. Ce qui est attesté par un diplôme d’Aubert, évêque de Cambrai, en 642 . Le nom de Mons n’apparaîtra qu’au IXème siècle. L’actuelle rue de la Chaussée aurait été pavée en 1247 sur un diverticule de l’antique voie romaine passant à l’est de la ville, juste au pied de la colline.
On a également retrouvé, à la limite entre Mons et Nimy, une ancienne nécropole gallo-romaine, ainsi que des poteries et bouteilles du IIème siècle au Petit-Nimy, témoins d’un habitat non spécifié à proximité.
Epoque mérovingienne – la fondation de l’abbaye
Ce n’est qu’après la fin de l’empire, au VI-VIIème siècle, qu’une population franque s’est constituée dans les alentours de Mons. Plusieurs nécropoles franques mérovingiennes ont été découvertes sur les territoires actuels d’Obourg, Nimy, Havré, Ghlin, Spiennes, Mesvin, Harvengt, Harmignies et surtout Ciply (ici plus de 1200 tombes). Il a été dit qu’une habitation seigneuriale existait sur la colline, mais on n’en sait quasi rien.
Au VIIème siècle, ces territoires faisaient presque tous partie des possessions royales (domaine fiscal) de Neustrie, royaume fondé par les descendants de Clovis. C’était aussi l’époque du roi Dagobert Ier. Par héritage, il avait réuni les royaumes francs de Neustrie, Austrasie et Bourgogne, séparés lors des partages précédents entre les descendants de Clovis. Ces domaines royaux étaient administrés par des intendants, aristocrates francs liés aux familles royales.
Waldebert était un de ceux-ci, au service du roi Clotaire II, lié également à la famille austrasienne des Pippinides (ancêtres de Charlemagne). Il résidait à Cousolre, aujourd’hui entre Maubeuge et Beaumont. On l’a parfois qualifié de comte du Pagus de Hainaut (ou de Famars). Il semble qu’il n’était que l’intendant de vastes domaines royaux dans cette entité administrative.
Il avait épousé Bertilde, également de famille noble. Ils eurent deux filles. La plus âgée, Waldetrude (ou Waudru), épousa le noble Madelgaire, né, semble-t-il, à Strépy et exerçant des fonctions publiques au service du roi. On l’a parfois aussi cité comme comte du pagus. Ils eurent quatre enfants, dont l’un, Dentelin, serait mort en bas âge.
Après une dizaine d’années de mariage, Waudru se sentit attirée par la vie spirituelle. Elle s’en confia à son époux. Mais c’est celui-ci qui, le premier, quitta le domicile conjugal pour se retirer à l’abbaye proche de Hautmont (près de Maubeuge) que le couple aurait aidé à fonder et à se développer.
Après avoir terminé l’éducation de ses enfants, Waudru décida elle aussi de se retirer. Sous les conseils d’un missionnaire de la région, nommé Ghislain (qui aurait, selon sa légende, fondé une abbaye – lire l’histoire de Saint-Ghislain), elle choisit d’installer un « ermitage » sur la colline de Castrilocus. Elle demanda à Hydulphe, le mari de sa cousine Aye, d’acheter un petit domaine (à moins que celui-ci ne fut déjà en sa possession, comme certaines sources l’indiquent) et d’y construire un oratoire modeste et une petite habitation, en matières périssables (torchis, bois). On décrit l’endroit comme inculte et abandonné aux ronces, à proximité de la source d’un petit ru, la Seuwe. En fait, il semble que la colline était déjà habitée. L’oratoire fut dédié à Saint-Pierre.
Waudru alla d’abord recevoir le voile de religieuse des mains de l’évêque Aubert de Cambrai (653-670). Elle s’y retira et y mena une vie de piété et d’austérité, se consacrant aux pauvres et aux malades. Elle-même était sujette à des visions et à des tourments. On lui attribue quelques miracles. D’autres jeunes femmes vinrent la rejoindre pour former une petite communauté, dont les règles de vie ne nous sont pas connues.
Waudru mourut le 9 avril 686 ou 688. Cette date fut retenue comme date de sa fête. Elle fut enterrée à proximité de son établissement. Certaines sources disent qu’elle fut enterrée près de ses parents et de sa sœur à Coursolre, puis que sa dépouille fut ramenée quelques temps plus tard à Mons. Car tout de suite après son décès, le petit peuple auquel elle s’était consacrée la proclama sainte et rapidement on organisa un culte d’intercession près de sa sépulture. La canonisation officielle n’eut lieu qu’au début du XIème siècle.
Il est probable que sa cousine Aye lui ait succédé comme abbesse. Entretemps, son mari Madelgaire, qui prit le nom de Vincent, s’en alla fonder une abbaye à Soignies (lire l’histoire de Soignies), accompagné de son fils Landry qui lui succéda. Alors que sa sœur cadette Aldegonde fonda le monastère de Maubeuge, rejointe par les deux filles de Waudru et Vincent, Aldetrude et Maldeberte, qui succédèrent comme abbesses à leur tante.
Critique historique
Comment connait-on tous ces détails ? Quelle est la part de vérité ? Quel est le contexte historique dans lequel ces évènements se déroulèrent ?
Hormis des ossements qu’on lui attribue, devenus reliques, conservés dans une châsse à Mons, il n’existe aucun témoignage de l’époque. Nous n’avons aucune trace archéologique de cette implantation primitive. L’oratoire Saint-Pierre, rebâti en une église plus grande, fut rasé en 1450 lors de la construction de l’actuelle collégiale Sainte-Waudru. Il se trouvait sous le chœur de celle-ci.
Les ossements qui lui sont attribués ont été étudiés à plusieurs reprises et la dernière fois en 1997 avec des méthodes modernes (notamment ADN). Il s’agit de ceux d’une femme de plus de quarante ans, compatibles avec ceux d’une femme du VIIème siècle, encore que la datation carbone ait semé quelques doutes (fourchette de 430-620).
Les documents écrits concernant la sainte sont plus tardifs. Ce qui ne fut pas le cas de sa sœur Aldegonde, dont une première Vita Aldegundis, fut écrite à Maubeuge vers 715, soit une trentaine d’années après sa mort. Ce récit hagiographique glorifie la sainte et témoigne de l’importance prise très tôt par le monastère de Maubeuge. Ce texte fait mention de sa sœur Waudru, la première information que nous ayons d’elle.
La Vita Wadetrudis est beaucoup plus tardive, écrite par un moine vers 850, soit 175 ans après sa mort. On y retrouve quelques éléments figurant déjà dans la Vita de sa sœur, le reste provenant des récits transmis oralement et ayant sans nul doute été déformés avec le temps au profit d’une glorification de sa vie, servant à légitimer l’abbaye, ses possessions et les cultes et pèlerinages qui l’accompagnaient… et qui furent source de gros revenus. Sans doute que jusque-là, le culte de la sainte était resté discret.
Jacques Simon, un jésuite du XVIIème, auteur d’une vie de Sainte Waudru, a calculé que Waudru serait née en 612. Les historiens actuels doutent un peu de la précision de cette date, car à cette époque, il n’y avait pas d’état civil et les hagiographes faisaient peu de cas de ces détails. La Vita Waldetrudis dit qu’elle est née sous le règne du roi Dagobert I (roi d’Austrasie dès 622/623 et roi de l’ensemble du regnum francorum de 629 à 639). Ceci pourrait reporter l’âge de la naissance d’une bonne dizaine d’années (entre 622 et 625). Pour la naissance de sa sœur, il s’avère qu’elle est née vers 630.
Leur famille état liée au pouvoir royal. A cette époque, Austrasie et Neustrie étaient réunies sous un même roi (Dagobert) jusqu’en 639. L’aristocratie montait alors en puissance, à la tête de grands domaines fonciers. La famille de Waudru était implantée dans l’actuel Hainaut, mais aux confins méridionaux de la Neustrie, à proximité de l’Austrasie, dont elle était séparée par la Forêt Charbonnière. C’était une région rurale à économie agraire (Cousolre, entre Maubeuge et Beaumont).
Les élites, résultat d’une fusion entre l’aristocratie gallo-romaine et la noblesse franque, étaient christianisées, mais le peuple était encore très païen et méfiant vis-à-vis des missionnaires que les rois faisaient venir de régions plus chrétiennes (Aquitaine, Irlande).
Son père, Waldebert, était un intendant du roi et administrait les domaines royaux (il est cité dans une charte de 626). Sa mère Bertille provenait d’une famille plus haut placée. Son frère Gondeland fut maire du palais de Neustrie et son autre frère Landry fut un commandant militaire (selon la Vita Aldegundis). C’était une famille chrétienne qui faisait baptiser ses enfants.
La fondation de l’oratoire de Mons daterait de 655-660.
Les rapports de Waudru et Ghislain sont décrits dans la Vita de Waudru. Au Xème et XIème, soit très tardivement, ce Ghislain, originaire d’Athènes, fut aussi l’objet de Vitae racontant sa légende, notamment le fait qu’il avait choisi, avant Waudru, la colline de Mons pour installer un oratoire et que c’est une ourse, lui ayant volé ses vêtements, qui le conduisit à quelques kilomètres, à Ursidungus où il décida finalement de s’installer (voir histoire de Saint-Ghislain).
L’absence de mentions anciennes a jeté le discrédit sur ces textes tardifs au point qu’aujourd’hui certains historiens en ont rejeté leur existence et d’autres, moins radicaux, n’en retiennent que quelques éléments vraisemblables.
Tout ceci se passait au VIIème siècle, à l’époque du roi mérovingien Dagobert, dans un contexte favorable à la fondation d’abbayes (Lobbes, Crespin, St-Amand, Saint-Saulve). Ce programme de fondations s’inscrivait dans la politique de christianisation des campagnes voulue par les rois et les aristocrates. Dans toutes les civilisations, la religion a toujours été un élément fondamental unificateur, légitimant les pouvoirs en place. Waudru représente des valeurs chrétiennes que l’Eglise d’alors essaie de faire passer dans le petit peuple, à une époque où la violence est partout.
Ces évènements n’ont donc pas qu’une connotation religieuse. Ils ont également une signification politique. En 656, soit à l’époque de la fondation, il y eut un coup d’Etat fomenté par Grimoald, maire du palais d’Austrasie. La famille de Waudru, bien que neustrienne, était proche de la famille austrasienne des Pippinides (les ancêtres de Charlemagne). Le coup de force échoua. Des sanctions frappèrent les Pippinides et leurs alliés. Une hypothèse rapporte que Madelgaire et Waudru durent abandonner leurs charges publiques et entrer au couvent. Aucun document écrit ne l’affirme cependant.
Les premiers temps de l’abbaye
Aucune source ne donne d’information sur l’organisation de cette communauté, sans doute semblable à celles contemporaines de Nivelles et de Maubeuge, suivant une règle bénédictine aménagée d’usages propres, car celle-ci était contraignante.
Il s’agit dans les premiers temps d’une institution très modeste, comme l’atteste la Vita d’Aldegonde.
Un autre monastère, composé d’hommes, vit le jour à côté, comme c’était souvent le cas à cette période. Ils étaient chargés des travaux manuels, de la sécurité et des offices liturgiques. Sa chapelle ou son église, modeste, dédiée à Notre-Dame se trouverait sous le transept actuel de la collégiale.
Si l’établissement décrit plus haut était humble, il était déjà pourvu d’un patrimoine foncier appréciable, venant de la famille de Waudru et de celle de sa cousine Aye : les domaines-villas de Nimy, Maisières, Obourg, Quévy, Quaregnon, Jemappes, Cuesmes, Bray, Estinnes, Waudrez, Ville-sur-Haine. Selon J. de Guise, Waudru, en abandonnant son duché de Lorraine, s’était réservé la propriété de biens : villages de Quaregnon, Jemappes, Frameries, Quévy, Braine-la-Vihote, Braine-le-Château, Halles, Castre, Hérinnes. Elle donna à perpétuité à l’abbaye, outre Cuesmes, Nimy, Ville-sur-Haine et d’autres.
Par la suite, les rois, les aristocrates et les évêques, dans un élan de christianisation des campagnes, favorisèrent toutes ces fondations, leur cédant de grands territoires fonciers, sources de revenus, tout en les contrôlant. Il s’agissait donc aussi d’une volonté politique.
C’est ainsi qu’entrèrent dans le patrimoine abbatial de Mons des domaines aussi éloignés que Braine-le-Comte, Braine-le-Château, Epinois, Bouvignes, Hal, Hofstade et Herentals. En tout, une cinquantaine de localités réunies dans un tout indivisible rapportait les revenus de la terre, des bois et des prés, le cens et la dîme de nombreuses paroisses et divers autres droits.
L’abbaye Sainte-Waudru devint une des seigneuries les plus puissantes économiquement du comté.
Evolution du monastère
On l’a dit, la Règle de Saint Benoit de Nursie, adoptée au début, se trouvant trop rigide pour des femmes, fut remplacée par la Règle plus souple de Saint-Augustin.
La famille des Pippinides, grands propriétaires terriens en Austrasie (Hesbaye, pays de Liège), détenait la fonction de maires du palais en ce royaume franc. Les rois leur avaient abandonné le pouvoir. Ils cherchèrent à étendre celui-ci dans les royaumes francs voisins de Neustrie et de Bourgogne qu’ils placèrent sous leur coupe. Vers 690, ils avaient le contrôle de l’ensemble des monastères.
Charles Martel et Pépin le Bref achevèrent leur œuvre, celui-ci se faisant nommer roi et fondant la dynastie carolingienne. Charlemagne et son fils Louis le Pieux, tout en bâtissant un empire chrétien, concentrèrent dans leurs mains l’ensemble du pouvoir temporel et spirituel.
En ce qui concerne Mons, le terme de « monastère de Castrilocus» n’apparait qu’à cette époque dans un document daté de 833 (testament d’Anségise, abbé de Saint-Wandrille). C’est peut-être cet Anségise qui, à l’époque de l’empereur Louis le Pieux et de son conseiller St Benoit d’Aniane, aurait collaboré à l’élaboration d’un programme de vie religieuse pour la congrégation montoise et pour d’autres. Ce « canon » de règles est peut-être à l’origine de la dénomination de « canonicae » (chanoinesses).
En effet en 816, un concile à Aix-la-Chapelle définit la règle canoniale, celle qui constitue les chapitres de chanoines. Rares cependant sont les documents faisant mention de ce type d’institution à Mons avant le début du XIème siècle. A ce moment, la plupart des monastères sont sécularisés, hormis Lobbes et Saint-Ghislain. La sécularisation à Mons (abandon de la règle monastique) se serait faite progressivement. La première mention d’un chapitre de chanoinesses figure dans une charte de 1123, de l’évêque de Cambrai, concernant la donation de l’église Saint-Pierre et de ses dépendances à l’abbaye de Saint-Denis-en-Broqueroie. D’autres mentions suivirent dans les années suivantes.
Lors du Traité de Meersen de 870, qui partageait la Lotharingie dont le dernier roi venait de mourir sans héritier, les deux autres fils de Louis le Pieux se répartirent les abbayes dites royales disséminées sur leurs terres. Le monastère de Mons ne figurait pas sur la liste. Aurait-il déjà été sécularisé ?
Par contre il semble qu’un atelier monétaire existait à Castrilocus dès le IXème siècle, du temps de Charles le Chauve, et que le monastère double était déjà entouré d’une petite agglomération. Centre spirituel et économique, position stratégique intéressante, ces éléments attirèrent les comtes pour s’y installer au Xème siècle et y établir leur centre politique.
Il est même probable que Régnier I, par ailleurs comte de Maasgau et de Hesbaye, ait installé un camp sur la colline, pour aller repousser les Vikings de Condé. C’est ce que fit Régnier II en faisant bâtir une résidence à proximité de l’abbaye, sur des terres de celle-ci, à qui il dut payer une redevance. Les Régnier avaient alors la mainmise sur toutes les abbayes de leur comté. Elles faisaient partie, dit-on, de l’honor comtal.
Lors de la disgrâce de Régnier III et de Régnier IV, en lutte contre l’empereur Otton Ier, la plus grande partie de leurs biens leur fut enlevée, dont les abbayes qui passèrent aux mains de leurs successeurs nommés par l’empereur. Mais quand Régnier IV récupéra son comté, vers l’an mille, il redevint maître de l’abbaye.
Sans qu’on en ait la preuve, il semble que ce fut Régnier II qui obtint de se faire nommer « abbé laïc » de l’institution, ce qui lui donnait le droit de nommer l’abbesse et d’avoir sa part des bénéfices tirés des grands domaines (prébende). Ce titre restera attaché à la fonction comtale jusqu’à la fin de l’Ancien Régime.
Pendant ces derniers siècles, une petite communauté urbaine s’était développée aux pieds de l’abbaye.
Un deuxième chapitre, dédié à Saint-Germain, fut fondé vers 959. Il devint le centre de la paroisse des premiers Montois. Un curé, choisi parmi les chanoines, y officiait. Les autres chanoines étaient chargés de célébrer les offices pour les chanoinesses dans l’église Sainte-Waudru. Leur église fut reconstruite à plusieurs reprises. La dernière fut détruite en 1799.
Tout était réuni pour que « Castrilocus Mons », comme on disait en ce temps-là, devienne une ville.
En 1039, eut lieu la canonisation officielle de Sainte Waudru. Ses reliques furent déposées dans une châsse. Le culte de Waudru se répandit dans le Hainaut et dans le Brabant et un peu en Campine où le chapitre possédait un domaine à Herenthals. Les reliques attiraient les malades et les handicapés particulièrement qui venaient intercéder auprès de la sainte une guérison ou moins de souffrances.
Le chapitre des chanoinesses nobles de Sainte-Waudru
Entre le Xème et le XIème siècle, l’abbaye se transforma en un « Chapitre des Demoiselles d’Encloistre » (ou Chanoinesses nobles de Ste Waudru) qui s’est peu à peu sécularisé dans les siècles suivants pour prendre sa forme définitive au XIIème-XIIIème siècle.
La première mention de chanoinesses à Mons date de 1123. Celle du chapitre date de 1149/1150. Tout cela s’est fait malgré une bulle papale émise en 1182 par Lucien III qui, tout en confirmant les possessions du chapitre montois, exprimait son désir de voir ce dernier se conformer à la Règle de Saint-Augustin.
En effet, au XIème siècle, les comtes durent compter avec l’évêque de Cambrai, Gérard de Florennes (1012-1051), qui s’efforça de réformer les communautés religieuses de son diocèse. Il sollicita l’accord des détenteurs d’abbayes et remplaça les chanoines par des moines ou rétablit l’observance stricte. Il réforma ainsi Saint-Ghislain, Lobbes et Haumont. Il ne put intervenir dans les abbayes détenues par Régnier V.
Sous la pression de la réforme grégorienne, au XIème siècle, les comtes se virent obligés de renoncer au titre d’abbé et se contenter de celui d’avoués, mais ils n’entendirent pas abandonner les droits sur les abbayes jadis conférées par l’autorité royale. Ces droits étaient différents selon les circonstances de l’acquisition. A Mons, les comtes étaient chez eux et on ne percevait aucune intervention royale ou épiscopale.
A Saint-Ghislain où les moines luttèrent pour le statut d’abbaye royale (ou impériale) et eurent l’appui des évêques, les relations furent tendues. Ailleurs les relations restèrent paisibles, le comte Régnier V acceptant même la réforme de Maubeuge. Il fallut attendre la fin du siècle pour voir les comtes intervenir en faveur de la réforme : introduction des coutumes de Cluny à Crespin et concession de Saint- Saulve à Cluny sous Baudouin III.
Sous le règne du comte Baudouin IV, dit « le bâtisseur », le chapitre Sainte-Waudru de Mons avait acquis une forme quasi définitive. Il trouvait sa légitimité dans la conservation des reliques de Sainte-Waudru. Il aidait les pauvres.
Il était à la tête d’un grand patrimoine foncier qui avait son origine dans les biens apportés par ses deux premières abbesses dans un premier temps, par les aristocrates et seigneurs féodaux ensuite. C’est à cette période que l’église des chanoinesses fut reconstruite en style roman. Elle s’appela désormais collégiale Sainte-Waudru.
Quel était alors le mode de vie des chanoinesses de Mons à ce moment ? Elles étaient de famille noble. En 1214, on exigeait pour entrer dans la communauté d’être filles légitimes de chevalier et de posséder huit quartiers de noblesse. Au XVIIIème siècle, on en exigera seize. Leur nombre était limité : une trentaine.
Elles étaient parfois placées dès leur enfance dans le chapitre. Des trois vœux traditionnels, elles n’étaient vouées en principe qu’à celui de chasteté. Mais elles pouvaient quitter l’institution à vingt-cinq ans pour se marier et avoir des enfants. Pas de vœu de pauvreté. Elles se partageaient les bénéfices issus des domaines sous forme de prébendes. Si elles quittaient l’institution, elles gardaient le titre de chanoinesse noble, mais ne percevaient plus la prébende.
Elles vivaient ensemble dans un espace clos (l’encloître du chapitre) et dormaient dans un dortoir commun. Dans les faits, elles avaient le droit de posséder une habitation personnelle dans l’enceinte du monastère.
Au début, l’institution était dirigée par une mère-abbesse. Puis, on l’a vu, le comte s’est inséré dans la gestion en devenant abbé laïc et avoué de l’abbaye, puis du chapitre. Il percevait donc aussi une prébende. Par contre, il payait une redevance comme « locataire » du domaine pour sa résidence et la seigneurie qu’il détenait sur Mons. Les comtes se mêleront peu des problèmes intérieurs au chapitre. Ils se feront remplacer par un prévôt à la tête du chapitre, choisi le plus souvent parmi les chanoines de Saint-Germain.
La Doyenne des chanoinesses veillait au bon fonctionnement temporel du chapitre (discipline, mœurs, …). Cette fonction disparaîtra vers 1340 au profit d’un quatuor de chanoinesses, gestionnaires des biens et responsables des activités. Enfin un ou une « coustre » (souvent un chanoine) exerçait la fonction de trésorier et d’intendant.
Avec les siècles, on vivait au chapitre comme dans le grand monde de la noblesse. Hormis pour les offices, les chanoinesses s’habillaient selon la mode. Elles recevaient qui elles voulaient.
A partir de 1450, on décida de reconstruire la collégiale en style gothique, dans de plus grandes dimensions. Les travaux se firent d’après les plans d’architectes locaux, aidés par Mathieu de Layens, qui était en train de faire construire l’hôtel de ville. La vieille église Saint-Pierre fut détruite et sa communauté de chanoines fut déplacée à Saint-Denis-en-Broqueroie.
La fin du chapitre
Déjà à la fin du XVIIIème siècle, l’empereur Joseph II, un réformateur, remit un peu d’ordre dans un mode de vie devenu trop voyant. Mais quelques années plus tard, en novembre 1792, la Révolution fut importée de France. On sait qu’elle était anticléricale. Le chapitre fut supprimé en février 1793, avant de réapparaître un mois plus tard, car les Autrichiens avaient chassé les Français. Ceux-ci revinrent plus déterminés encore en juin 1794.
Le chapitre fut définitivement dissous. Les chanoinesses avaient quitté la ville, abandonnant leurs biens. Tout fut vendu comme bien de la Nation, les bâtiments, mais aussi les nombreux domaines. La collégiale Sainte-Waudru fut pillée. Le jubé, sculpté par Du Broeucq au XVIème siècle, fut détruit. L’église fut transformée en écurie et faillit être détruite. Le bâtiment fut réhabilité et restauré pendant la période napoléonienne. Ste Waudru devint l’église de la paroisse principale de Mons.
Mons, la résidence comtale et la ville
IXème siècle
Lors de l’invasion des Vikings qui débute en Hainaut vers 876, le comte du pagus, Régnier I au Long Col, aurait fait bâtir une “forteresse” (plus probablement un camp protégé) sur la colline, à proximité du monastère, pour tenir à distance les envahisseurs (pas de preuve). Il n’y résidait probablement pas, car il était également à la tête d’autres comtés en Hesbaye et sur la Meuse.
Xème siècle
C’est son fils Régnier II (915-?) qui décida d’installer à Mons sa résidence principale et qui aurait fait édifier un château sur la colline, à proximité des deux monastères (Ste Waudru et Saint-Germain). C’aurait été une des premières constructions militaires en pierre en Europe occidentale. La cité garda le nom de Mons Castriloci, qui sera rapidement abrégée en Mons.
Vers 960/975, son fils, Régner III, continua à fortifierla construction et les alentours vers la pointe Nord de la butte, sur des terres appartenant au monastère. Une bourgade de serviteurs et d’artisans s’y développa à l’abri. Du château de cette époque, il reste des caves sous la chapelle Ste Calixte, bâtie au XIVème siècle.
En même temps, les premiers comtes cherchaient à accroître leur autorité politique et militaire sur le comté et sur la cité. Or celle-ci s’étendait sur des domaines appartenant au monastère de Ste Waudru depuis sa fondation. L’abbaye y exerçait un pouvoir temporel et spirituel et y détenait tout droit de justice. Il n’est donc pas étonnant que le premier comte s’établissant à Mons se fit donner le titre “d’abbé laïc ou séculier du monastère, gardien, juge et protecteur”, s’adjugeant ainsi une partie des revenus ecclésiastiques des domaines (le tiers, “la manse abbatiale »). Avec l’assentiment de son suzerain, l’empereur. Ces domaines s’étendaient assez loin en Hainaut et même en Brabant et en Campine. Cette situation créera à l’avenir de la rivalité entre la maison comtale et le chapitre de Ste Waudru.
XIème siècle – les débuts d’une véritable urbanisation
Vers 1050, la Comtesse Richilde (1039-1083) créa une véritable vie de cour en son château. Veuve de son premier mari, le comte Herman de Hainaut, le dernier de la dynastie des Régnier, elle y fut aussi faite prisonnière par le comte Baudouin V de Flandre, après un court siège, ce qui aboutira à son mariage forcé avec le fils de celui-ci, le futur Baudouin VI (de Flandre) ou I de Hainaut.
En 1056, la peste sévit et tua une bonne partie de la population.
Sous le règne de Richilde, et ensuite sous celui de son fils Baudouin II de Hainaut, la cité de Mons devint une ville à part entière où les marchands et artisans commencèrent à faire entendre leurs voix pour obtenir des facilités de travail. Apparurent ainsi les premiers affrontements entre l’autorité seigneuriale et un pouvoir communal naissant, issu de cette même classe de bourgeois.
La seigneurie, correspondant au territoire montois (au bas de la colline), appartenait au Comte en sa qualité d’abbé laïc de Ste Waudru, mais une large partie du territoire relevait de la seigneurie des chanoinesses, à qui le prince versait des redevances annuelles (site du château, une brasserie, halle au drap, exploitation agricole).
XIIème siècle
En 1112, un incendie détruisit la ville aux trois-quarts. L’église Ste Waudru brûla. Ces incendies étaient de véritables calamités au Moyen Age. La plupart des bâtiments étaient construits en matériaux inflammables. Le feu se répandait alors très rapidement de maison à maison, sans que les citadins aient à leur disposition des moyens de lutte efficaces.
Vers 1140, sous Baudouin IV, dit le Bâtisseur (1120-1171) et sous son fils Baudouin V, de grandes constructions eurent lieu dans le comté et notamment à Mons. Fut bâtie une nouvelle enceinte, en fait la première digne de ce nom. Longue d’un kilomètre, autour de la colline, elle protégeait une surface de dix hectares, à l’intérieur desquels on trouvait :
au Sud : le quartier du Chapitre (églises Ste Waudru, St Pierre et St Germain, chapelle St André, les demeures des chanoines et chanoinesses)
au Nord : le château comtal.
Elle était constituée d’une muraille (dont il reste quelques vestiges Rue de la Terre du Prince) et de tours semi-circulaires. Deux portes permettaient les passages:
une, la porta fori, s’ouvrait sur le Marché
l’autre, la Porta Sancti Germani, auprès desquelles les maisons des commerçants et des artisans se concentraient, à l’extérieur.
Dans la plaine, les habitations se trouvaient, clairsemées, le long de deux axes:
Le premier recouvrait l’ancien diverticulum de la chaussée romaine, soit les actuelles rues de Bertaimont-Grand’rue-Chaussée-Nimy. A l’extrémité sud de cet axe, sur le Bertaimont, on construisit la chapelle de St Nicolas (actuelle église St-Nicolas en Messine) qui fut à l’origine d’une paroisse. A l’extrémité nord, le chemin conduisait vers Nimy et Soignies, il était bordé par la léproserie St Ladre.
Le deuxième axe lui était perpendiculaire et partait vers Binche (actuelle rue d’Havré).
Une réserve comtale était située au Nord de l’enceinte (actuelle place du Parc).
Bernard de Clervaux vint en 1148 prêcher la croisade à Mons.
Vers 1169, Baudouin IV fit rebâtir l’église de Ste Waudru en style roman. Les chanoinesses feront beaucoup pour le développement culturel et artistique de la cité. Elles attireront des artisans de luxe, des chroniqueurs, des enlumineurs et des hommes de loi. Leur église avait pour paroissiens: les ecclésiastiques, le comte, les nobles et les magistrats, les officiers, et les étrangers. Le peuple avait sa paroisse principale dans l’église voisine de Saint-Germain.
De nombreuses contestations surgirent entre le chapitre et le comte, notamment en ce qui concerne le pouvoir communal, situation instable dont ne profitaient pas les bourgeois de la ville naissante.Leurs habitants devaient payer la dîme au Chapitre (redevance foncière), ils devaient lui soumettre la moindre modification immobilière. Au Comte, ils continuèrent à verser des taxes seigneuriales et à accomplir des servitudes.
En 1188, le légat du pape passa à Mons pour prêcher la troisième croisade.
XIIIème siècle – la commune de Mons
Ce siècle fut une période faste pour la ville, comme il le fut dans toute l’Europe occidentale.
Le 24 juin 1200, Baudouin VI (1195-1205) partit pour la quatrième croisade, à l’issue de laquelle il devint empereur de l’empire byzantin à Constantinople. Avant son départ, il promulgua deux chartes, devenues célèbres, qui donnèrent au peuple de Mons ses premiers privilèges d’autorité communale, notamment en matière de droit civil et pénal. Les échevins obtinrent un sceau et purent désormais rendre la basse et la moyenne justice sur tout le territoire de la ville (hormis celui du chapitre de Ste Waudru). La haute justice restera encore dans les mains du comte jusqu’en 1428, date où elle fut confiée aux échevins de la ville. Un mayeur fut nommé, qui était en fait l’officier comtal de la seigneurie montoise.
Sous la comtesse Marguerite(1244-1278), le Hainaut connaîtra une uniformisation des monnaies ainsi qu’une règlementation en matière d’extraction de la houille (1248).
A Mons, fut fondé l’hospice de Cantimpret.
La ville se développa. Son commerce devint prospère. La population crut sous l’effet d’une immigration intense venant des campagnes. Mais pour s’épanouir pleinement, à l’image des villes flamandes, Mons avait besoin de plus de privilèges et de plus de protection.
C’est alors que le nouveau comte Jean I d’Avesnes (1278-1304) intervint pour l’aider à se développer. En fait, Mons profita de la révolte des Valenciennois (1290-97) contre le comte. Celui-ci va la favoriser. En matière d’urbanisme d’abord. Jean I fit construire une nouvelle enceinte de remparts (la deuxième), entourée de fossés alimentés par la Trouille et la Haine. Les fossés furent doublés de levées de terre hérissées de palissades et de pieux. Les travaux commencèrent en 1290. Ils ne s’achèveront que vers 1400. Ces remparts, à la différence des premiers, protégeaient une grande partie de la ville. Six portes furent aménagées dès 1292-93 (Parc, Nimy, Havré, Guérites, Bertaimont, Rivage), ainsi que deux passages pour la Trouille. Pour rappel, cette rivière passait plus au nord qu’aujourd’hui et traversait la ville. Elle lui apportait l’eau nécessaire aux métiers (foulons, teinturiers, tanneurs et tisserands) et permettait la circulation des marchandises dans des barques plates à partir de l’embarcadère du Rivage.Des tours en pierre furent construites au fur et à mesure, ainsi que des corps de garde et des magasins à poudre. Les travaux furent financés essentiellement grâce aux taxes prélevées sur le commerce du vin et de la bière (maltôte). Un siècle plus tard, la ville connaissait son plan définitif. Les remparts, aujourd’hui disparus, se trouvaient sur l’actuel tracé des boulevards. Seule la tour valenciennoise (1358), de cette époque, est encore debout. Cette construction s’avèrera efficace jusqu’à la fin du XVème siècle lorsqu’apparut l’artillerie (1475).
Le grand-marché, centre politique et administratif, fut transféré sur l’actuelle Grand-Place. Des rues rayonnantes en partaient pour atteindre les six portes. La voierie continua à s’étendre durant ce XIIIème siècle. A la fin de celui-ci, Mons était divisé en treize quartiers:
celui de Bertaimont, du nom d’une famille (entre Trouille au Nord, Cuesmes et Hyon)
celui de la Grand-rue (entre Trouille et porte St Germain/Halle aux blés)
celui de la Chaussée (entre Grand-rue et Marché)
celui de la Triperie (actuelles rues de la Coupe et Grande triperie)
celui de l’Esplace, au Sud du précédent
celui du Hautbois (actuelles rues de Houdain, Halle et Hautbois)
celui d’Havré (depuis l’hôpital des Apôtres jusqu’au marché)
celui des Groseillers et du Fosset (entre rues de Nimy et d’Havré)
celui de Nimy
ceux du Parc (ancienne garenne comtale, qui est essartée et occupée)
celui des Telliers (rue des Dominicains actuelle)
quartier de la Guirlande (entre Rivage et Grand’rue)
quartier du Rivage = port de Mons sur la Trouille, à l’Ouest
quartier de la Poterie (rue de la Poterie et des clercs, dans l’enceinte comtale)
Au Sud se trouvaient
le couvent du Pré du Joncquois (Frères Mineurs, 1238)
le pré Notre-Dame: béguinage-hôpital du Cantimpret (Cuesmes)
A l’Ouest fut construit le prieuré du Val-des-Ecoliers (Cuesmes, 1252).
Les contribuables les plus riches habitaient surtout les quartiers du Marché, du Rivage et de l’Esplace.
Malheureusement ce plan concentrique sera dans les siècles suivants un véritable carcan qui enserra la ville et empêchera son développement géographique. Par contre, Mons sera réputée pour sa forteresse difficile à prendre.
Dans ce XIIIème siècle, de nouvelles paroisses furent détachées de celle de St Germain:
St Nicolas-en-Havré (1224) dans la chapelle de l’hôpital St Nicolas qui sera reconstruite plus tard, après l’incendie de 1664
St Nicolas-en-Bertaimont (1227)
La paroisse de Ste Waudru existait toujours. Son siège se trouvait dans la chapelle St André de l’enclos monastique, près de la collégiale. Le curé était le doyen du chapitre St Germain. Assistaient à ses offices: la famille du Comte, ses officiers, des nobles et leurs serviteurs.
La vie commerciale s’organisa près des deux collégiales Ste Waudru et St Germain: Halle aux blés, Halle aux draps, Halle aux viandes, Halle aux pains. Le marché s’étendit jusqu’aux actuelles rues de la Poterie et des Clercs, près de la porte St Germain, ainsi que vers les rues Grand-Rue et Chaussée.
Sur le plan administratif, la commune de Mons avait obtenu de nombreux privilèges, aux mains de son mayeur et de ses échevins, nommés par le comte. Ils avaient une certaine autonomie. Aux droits judiciaires, s’ajoutait l’administration des institutions charitables (La Commune Aumône). Les échevins confièrent celle-ci aux mambours qui exercèrent ce droit sur la léproserie St Ladre, sur l’hôpital des Douze Apôtres (extérieur de la porte d’Havré), sur l’hôpital de St Nicolas ainsi que sur l’hôpital Le Taye (bâti à la fin du siècle, rue des Soeurs Grises, pour les béguines malades).
En 1269, on construisit encore la Maison de la Paix (ou Maison de Ville) où les échevins se réunissaient pour les délibérations. Elle se trouvait à l’entrée de la Triperie. On créa en 1279 la massarderie. Celle-ci était une caisse commune gérée par un receveur (ou massard) assermenté qui prélevait les maltôtes (taxe sur le commerce du vin et de la bière), dont l’essentiel allait à l’édification de l’enceinte communale dont la construction débuta en 1290.
Les habitants étaient affranchis de diverses redevances seigneuriales (droits de morte-main, de meilleur catel, exemption perpétuelle du droit de servage).
Deux foires furent allouées (l’une à la Trinité, l’autre à la Toussaint) par une charte en 1295. Le quartier du marché devint progressivement le centre du pouvoir urbain.
On comprend que les rapports entre le Comte et la Cité, représentée par ses échevins, changèrent. Ces derniers assumèrent de plus en plus la gestion de la cité et le rôle d’autorité. De plus, quelques institutions, judiciaires et administratives, furent ramenées de Valenciennes à Mons par Jean d’Avesnes, provoquant la colère des Valenciennois.
Mons, en quelques décades, était devenue la véritable capitale du Comté de Hainaut, mais une capitale politique et religieuse, avec son esprit encore féodal, réactionnaire et aristocratique. Valenciennes continua à développer ses manufactures (la draperie essentiellement) et son commerce. Sa situation sur l’Escaut la favorisait à cet égard.
A Mons, on construisit de grands hôtels pour les familles seigneuriales (d’Enghien, de Naast, du grand bailli du Hainaut, de Boussu), des refuges d’abbaye (du Roeulx, de Bonne-Espérance, de Saint-Denis-en-Broqueroie, de Cambron, de Ghislenghien). La Maison des Soeurs Grises (hôpital) fut édifiée en 1296.
La population doubla en un peu plus d’un siècle et Mons devint la ville la plus populeuse du Hainaut.
Par apport aux autres villes “belges”, Mons n’obtint en fait que très lentement ses divers affranchissements de commune libre. Ses bourgeois étaient aussi en butte avec le chapitre noble des Chanoinesses de Ste Waudru. Celles-ci se prévalaient d’ailleurs de multiples immunités et exemptions, et les habitants de leurs terres, qui étaient très nombreuses et étendues, leur payaient la dîme, la redevance foncière et devaient soumettre à leur approbation la moindre modification immobilière.
XIVème siècle
Au début de ce XIVème siècle, la politique d’enrichissement et de développement continua. Ce sont les corps de métier qui en profitèrent le plus. Ils s’étaient établis officiellement en corporations en 1303. La manufacture des draps obtint des lettres de franchise en 1310, tandis que la corporation des maîtres d’artillerie fut fondée en 1319.
Mons devint en fait plus industrielle que commerçante: draperie, objets en cuir, étain, terre cuite. Les peaux étaient étalées à la Halle de la Pelleterie (actuel office du Tourisme – l’hôtel de ville actuel n’était pas encore construit).
Au début du siècle, les fastes de la cour comtale faisaient encore illusion auprès des habitants (jeux et tournois organisés par le comte Guillaume I « le Bon » d’Avesnes).
C’est en 1348 qu’on aménagea définitivement, à l’initiative du comte et des échevins, le Grand Marché (future Grand-Place) comme centre politique et commercial. Les opérations commerciales furent ainsi déplacées du quartier capitulaire de la colline vers le territoire communal.
Mais les malheurs ne tardèrent pas à venir compliquer la vie des citadins. Mons ne fut pas épargnée par la grande peste de 1348. Ce fut l’occasion de grandes processions et de vénérations des reliques de Ste Waudru et de St Vincent, évènements qui furent à l’origine de la Procession annuelle de Mons. La ville devint aussi un centre de pèlerinage où les malades de la gangrène venaient implorer la sainte patronne.
Lorsque la comtesse Marguerite II de Bavière décéda en 1356, son fils Guillaume III de Bavière lui succéda. Un des premiers actes du comte sera l’imposition aux Bourgeois de Mons, aux Lombards et aux Juifs de demeurer constamment armés : cette obligation fut à l’origine des « milices bourgeoises » qui maintiendront l’ordre, la sécurité et la défense perpétuelle des villes, des comtes et du pays de Hainaut.
Un gros impôt fut levé à Mons et dans toute la région (taille); ce qui permit d’évaluer la population de l’époque, le niveau des fortunes, les professions (commerçants avant tout, textiles ensuite, puis cuirs et peaux, alimentation, construction, secteurs du métal, du bois, de l’agriculture et des services).
Un beffroi, appelé Tour de l’Horloge, fut élevé en 1380 au sommet de la colline, sur l’enceinte du château. Endommagé déjà en 1548 par le feu, il s’écroulera de vieillesse en 1661.
XVème siècle
La comtesse Jacqueline de Bavière lorsqu’elle rompit avec son mari, le duc Jean IV de Brabant, vint se réfugier en son château de Mons. Les Brabançons vinrent y faire le siège en 1425. Celui-ci dura jusqu’à ce que les habitants manquent de vivres et la ville se rendit. La comtesse fut alors conduite à Gand.
En 1433, Philippe le Bon acquit, par donation, la couronne comtale qui passa ainsi de la Maison de Bavière à la Maison de Bourgogne.
Cette époque fut pour le Hainaut et Mons une période de prospérité et de bonheur. Mons fut alors qualifiée de “clef et chef lieu de tout le Hainaut”. Le Bailli de Hainaut (représentant de l’autorité comtale alors exercée par le Duc de Bourgogne) devint Grand Bailli. Il habitait le château du prince, nommait les magistrats et exerçait la haute justice. L’autorité communale acquit de nouvelles prérogatives qui permirent aux commerçants et aux métiers de se développer.
Les métiers d’art notamment, qui jusqu’à présent étaient confinés dans les monastères, se sécularisèrent grâce à l’action bienfaisante des corporations. Les caudreliers (chaudronniers) fabriquaient des fonts baptismaux, des lutrins, des lustres, et des batteries de cuisine. Les écriniers (menuisiers, ébénistes) réalisaient les mobiliers liturgiques. Les cordonniers étaient réputés, ainsi que les tripiers.
Mons prit une certaine importance dans les nouveaux états bourguignons. Ainsi en 1451, se tint solennellement à Ste Waudru un chapitre de la Toison d’Or, sous l’égide de Philippe le Bon lui-même, son fondateur. Et en 1470, Charles le Téméraire, son épouse Marguerite d’York et la petite Marie de Bourgogne y firent leur Joyeuse Entrée.
De 1456 à 1478 s’érigea l’Hôtel de Ville sur l’emplacement de l’ancienne maison de la Paix, en bois et torchis, qui datait de 1269. Sa construction fut confiée à Mathieu de Layens, architecte du gothique qui a aussi fait bâtir l’hôtel de ville de Louvain. La construction en fut longue, car ralentie par les nombreux prélèvements d’argent finançant les guerres des Ducs. L’édifice resta d’ailleurs inachevé, puisque le campanile actuel date de 1718.
Vers 1450, le Chapitre des Chanoinesses refit construire la collégiale Sainte-Waudru en style gothique, sur le site de l’ancienne église romane et sur celui de l’église St Pierre. Elle fut l’oeuvre de maîtres hennuyers et montois, conseillés par Mathieu de Layens. Le financement se fera notamment par l’exploitation des houillères des villages appartenant au chapitre. La construction ne sera terminée qu’en 1690 et sera déjà endommagée lors du siège de 1691. Les réparations seront alors effectuées immédiatement.
XVIème siècle
En 1515, c’est au tour de Charles Quint d’être intronisé à Mons Comte de Hainaut. La ville connut alors son apogée sur le plan économique. De nombreux artisans venaient de toute part, même d’Italie, de France et d’Allemagne, pour s’y installer: des teinturiers et des drapiers, des ouvriers du cuir et des peaux, des tanneurs (quinze tanneries le long de la Trouille), des cordonniers et des corroyeurs.
En 1545, fut fondé le Collège de Houdain, qui formera de nombreux notables.
1548 connaîtra l’incendie de l’Eglise St Germain, qui sera détruite. Les incendies étant dans les villes de véritables fléaux, la décision fut prise, en 1551, d’interdire la construction de bâtiments en matériaux inflammables. Pareilles décisions, prises en 1392 et 1417, n’avaient cependant pas été suivies d’effet.
En ce XVIème siècle, la Réforme entreprit aussi Mons et ses alentours. Dès 1534, des Calvinistes vinrent y répandre leurs nouvelles idées. Un de leurs leaders, Nicolas Larchier, sera brûlé vif sur le bûcher comme hérétique en 1548. L’abdication de Charles Quint, en 1555, fit passer nos états dans les mains de son fils, Philippe II, qui lui succéda sur le trône d’Espagne. Sous ce dernier, la réaction à la Réforme s’intensifia. Lorsque le montois Guy de Brès publia, en 1561, Confessio Belgica (qui prend sa source dans le Bible et l’Institution de Jean Calvin), il fut victime de l’Inquisition et finit pendu à Valenciennes en 1567. D’autres martyrs montois suivirent.
En 1572, survint l’évènement qu’on appelle “La Surprise de Mons”. Louis de Nassau, chef de la résistance calviniste, frère de Guillaume d’Orange, s’installa dans la ville avec ses troupes. Il résida lui-même à la Maison de la Paix (Hôtel de Ville). Son projet était de reconquérir les Pays Bas Espagnols et d’en faire un état calviniste. Une partie de la population le soutint. Mons fut alors assiégée par les troupes espagnoles du Duc d’Albe. Nassau capitulera au bout de quelques mois. La répression qui s’ensuivit fut terrible. Nombre de ses partisans passèrent devant la “Commission des Troubles” et furent condamnés à mort. Parmi eux le sculpteur et architecte Jacques Dubroeucq qui sera cependant gracié au prix d’une abjuration de son hérésie. Cet épisode se fit dans le contexte d’une recrudescence de la lutte contre le protestantisme. Il provoqua le départ de nombreux réformés vers l’étranger, souvent de bons artisans et ouvriers. Avec eux de nombreux capitaux s’éloignèrent. Il en résultera pour la ville une diminution de sa prospérité économique.
En 1578, le du d’Alençon, calviniste, après avoir pris Binche et Maubeuge, tenta, mais en vain, de s’emparer de Mons. Le nouveau gouverneur des Pays Bas, Alexandre Farnèse, s’y établit. En 1581, les jésuites, ardents prédicateurs de la Contre-réforme, vinrent s’installer à Mons. En 1598, ils y fondèrent un collège, puis un séminaire.
Entre-temps en 1589, une Grande Boucherie (ou Halle des Viandes) avait été édifiée au sud de la Grand-Place, avec l’autorisation du “Comte Philippe” (soit le roi d’Espagne Philippe II). Le bâtiment était de style renaissance. Il fut démoli pour vétusté en 1842. Les fortifications de la ville furent aussi renforcées au cours de ce siècle par des “boulevards” protégeant les anciens murs. Ces “boulevards” étaient en fait des bastions placés devant les murs aux endroits exposés et destinés à porter des canons. On en trouvait devant les portes (Nimy, St Nicolas, Havré, Parc, Bertaimont, Guérite et Rivage). Des casernes pour héberger les troupes furent également construites.
XVIIème siècle
A la fin du siècle, et ce grâce à l’arrivée des Archiducs Albert et Isabelle, les nouveaux gouverneurs, nos provinces retrouvèrent une ère de paix et de prospérité, qui marquera aussi chez nous la victoire du Catholicisme sur le Protestantisme. Les Archiducs firent leur Joyeuse Entrée à Mons, en tant que représentant du comte de Hainaut, en fait le roi d’Espagne, en 1600.
Dans cette atmosphère de Contre-Réforme, cette époque vit la construction de nombreux couvents et chapelles. En 1605, on célébra à Mons le mariage de Charles de Croÿ, prince de Chimay, avec sa cousine Dorothée de Croÿ. Il était alors grand bailli de Hainaut (représentant des Comtes, donc du roi) et habitait le Château d’Havré nouvellement construit (1603).
Mons était alors une cité très fortifiée, entourée d’eau de toutes parts et renforcée de points d’appuis fortifiés. A l’intérieur des remparts, on pouvait découvrir de somptueux édifices, des fontaines nombreuses et le commerce y était de nouveau florissant après les guerres religieuses.
1615 vit passer la peste et sa suite de quarantaine et de morts fort nombreux (plus de 500). On implora les reliques de St Macaire qui furent amenées de Gand pour la circonstance en la Collégiale Ste Waudru. Une chapelle dédiée à St Macaire fut construite à Obourg pour commémorer la fin de l’épidémie. Hugues de la Vigne cisela une somptueuse châsse en argent pour les reliques du saint qui sera exposée ensuite à St Bavon de Gand. Mais la peste reviendra encore en 1618 et en 1667.
Dès le milieu du siècle, la France fit la guerre à l’Espagne et… s’attaqua aux possessions septentrionales de celles-ci. Le Hainaut étant une terre de passage, il eut à subir durant une soixantaine d’années les ambitions françaises. L’armée du chevalier de Clerville vint mettre le siège devant Mons le 15 août 1655 et s’en empara trois jours après. Le Traité des Pyrénées de 1659 restitua la ville à l’Espagne.
En 1661, la Tour d’Horloge, près du Château, s’écroula de vieillesse. On en recommença la construction. C’est l’actuel beffroi, en style baroque, dû aux architectes Ledoux et Anthony, financé par la ville et le Comte (Charles II, roi d’Espagne). Sa construction fut terminée en 1669. Elle servait de tour de guet (frontière française peu éloignée, car rapprochée, contrôle des incendies, annonce des heures,…). Elle sera aussi restaurée au milieu du XIXème, ainsi qu’à la fin du XXème.
A ces malheurs, en ce pays où vont se livrer de terribles batailles entre les différentes puissances d’Europe occidentale, Mons, qui devait tenir garnison, va encore souffrir à la fois des impôts prélevés pour soutenir les efforts de guerres, mais aussi des conséquences de celles-ci.
La France et l’Espagne vont se battre chez nous. Les Espagnols renforcèrent une fois encore les remparts en 1667, par une ceinture complète de bastions détachés aux endroits vulnérables (portes). On agrandit les fossés et avant-fossés donnant ainsi la possibilité de submerger la région. De nouvelles casernes furent construites (celle du Rossignol, près de l’ancienne gendarmerie, celle de la Porte de Nimy dans les jardins de l’hôpital St Jacques, d’autres près de la Porte de Bertaimont, de la Porte du Rivage et de la Porte Chisaire; l’actuelle caserne Léopold date de cette époque).
Rien n’arrêta cependant les visées expansionnistes de Louis XIV et de ses généraux qui en viendront à bout. Après Condé, Valenciennes et Tournai, Mons fut assiégée en 1678. Le Maréchal de Luxembourg fut d’abord repoussé par les troupes locales. Mais c’est Louis XIV lui-même qui viendra, aidé par Vauban, en 1691 faire tomber la ville sous le feu et les bombes incendiaires. Les Montois durent capituler et se rendre. L’église St Germain fut encore détruite. Les vainqueurs écrasèrent le peuple sous les impôts et les exactions. Ils reconstruisirent aussi cependant les fortifications, sur des plans de Vauban (nouveaux ouvrages à cornes, redoutes, nouvelles casernes, hôpital militaire, camp retranché sur le Mont Panisel).
Pourtant, au Traité de Rijswijck, en 1697, Mons fut rendue aux Espagnols. Le nouveau gouverneur, le Duc Maximilien de Bavière, y fit son Entrée Solennelle.
XVIIIème
Cela ne dura pas. Le Roi de France nous renvoya ses troupes dès 1701 et Mons fut réoccupée par les Français. Jusqu’en 1709, quand les armées alliées, commandées par le Duc Eugène de Savoie et le Duc de Marlborough, viendront la reprendre après un siège d’un mois. Enfin, au Traité d’Utrecht de 1713, les Pays-Bas méridionaux, avec le Hainaut, furent confiés à la tutelle des Autrichiens. Ce sont des soldats hollandais qui assurèrent la garnison montoise.
En 1718, le pouvoir, représenté par la cour souveraine du Hainaut, quitta le château qui, par faute d’entretien, se dégradait. Le site sera rasé au XIXème siècle. Seuls le beffroi, la chapelle Saint-Calixte (XIIIème) et la conciergerie furent préservés. Un parc public y fut inauguré le 10 juin 1873.
Louis XV nous déclara la guerre et en 1747, dans le cadre de la Guerre de Succession d’Autriche. Il vint refaire le siège de Mons, la bombarder et s’en emparer. L’année suivante, par le Traité d’Aix-la-Chapelle, Mons retourna aux Autrichiens. Entretemps les Français avaient déjà démonté de nombreux ouvrages fortifiés.
Les quelques dizaines d’années qui précédèrent la Révolution Française furent pour nos provinces une période de paix et de restauration. Le siècle des Lumières illumina aussi la ville de Mons. L’économie retrouva sa prospérité d’antan, par le développement de nombreuses industries: celle du textile et des étoffes diverses, celle de la houille qui connut une grande exportation, le commerce du grain, du sel, du sucre, des savons et de l’huile. L’orfèvrerie connut son âge d’or. On comptait à Mons seize brasseries. A cette époque les hôpitaux étaient nombreux (dix-sept dit-on).
La vie intellectuelle y était relevée, non pas tant par la culture littéraire qui y était peu prisée, mais surtout par l’activité judiciaire. Mons était toujours le siège de la Cour Comtale, du Conseil de Hainaut et de la Cour Souveraine. Très nombreux étaient les avocats et les magistrats qui y vivaient. Très nombreux, par conséquent, les procès.
Mons devint aussi un centre maçonnique important. Y fut fondée la loge “la Parfaite union” en 1721. Elle se transformera plus tard en « Grande Loge française des Pays-Bas ». D’autres loges aussi s’y installeront par la suite.
Le Prince Charles de Lorraine, beau-frère de Marie-Thérèse d’Autriche, devint en 1744 gouverneur des Pays Bas Autrichiens. Il ordonna la refortification de la ville qui entraîna un détournement de la Haine pour augmenter les possibilités d’inondations en cas de siège. Sa soeur Anne-Charlotte de Lorraine devint mère-abbesse du chapitre de Ste Waudru et séjourna à Mons. Sa cour y était prestigieuse et cultivée, à l’Hôtel du Grand Baillage (futur gouvernement provincial). Elle encouragea les arts, elle créa la Manufacture Royale de la dentelle en 1764. Sa mort, en 1773, fut une grande perte pour la vie culturelle montoise.
D’autant plus qu’elle fut suivie assez rapidement, en 1780, de l’avènement de Joseph II sur le trône de l’Empire. Ce despote éclairé, dans son désir de réformer toutes nos institutions vieillottes, mais manquant de la manière, lors de son séjour dans ses Pays Bas, vint passer deux jours à Mons en 1782. Il y fit démolir la majeure partie des forts avancés, ne laissant que les murs et les fossés. Mons devenait “ville ouverte”. Comme partout ailleurs, il supprima tous les ordres contemplatifs. L’ordre des Jésuites avait déjà disparu en 1774.
A cette époque, le déclin économique était déjà amorcé. On travaillait moins dans les ateliers et manufactures.
Le Prince Charles de Ligne devient le dernier grand bailli du Hainaut.
En novembre 1792, les Français, emmenés par le Général Dumouriez, importèrent leur Révolution chez nous. A Jemappes, ils l’emportèrent sur les troupes autrichiennes appuyées par des miliciens wallons. Ils étaient attendus à Mons par la « Société des Amis de la Liberté et de l’Egalité », d’abord adulée par la population, puis rejetée plus tard.
A Mons, une administration provisoire fut installée. Celle-ci ne put empêcher les exactions nombreuses commises par les troupes d’occupation: pillages et surtout sacrilèges à l’égard des prêtres et des biens des églises. A Ste Waudru, le jubé de Dubreucq fut démoli, les stalles sculptées furent emportées. L’église St Germain fut rasée une dernière fois. Ste Elisabeth devint un temple de la Raison. Le chapitre de Ste Waudru fut supprimé définitivement. « L’Etre Suprême » fut promené sur le Car d’Or.
De lourdes contributions furent exigées aux habitants. Un simulacre de référendum fut organisé pour entériner la réunion de nos provinces à la France. Danton vient à Mons féliciter les Jacobins locaux en 1793.
De mars 1793 à juin 1794, les Autrichiens reprirent le territoire aux Français, mais la bataille de Fleurus du 26 juin 1794 ramena les Pays-Bas à la France qui les annexèrent et les découpèrent en neuf départements. Mons devint chef-lieu du département de Jemappes. Le Directoire va imposer chez nous des lois draconiennes, des réquisitions et des exécutions. Les religieux et les nobles sont les premiers visés.
XIXème
Il fallut attendre le Consulat et l’Empire pour voir le sort des gens s’améliorer, sauf pour les jeunes conscrits obligés de participer aux guerres de Bonaparte. Le culte fut rétabli. Des travaux furent entrepris : le canal de Mons à Condé, pour le transport du charbon borain, et la route de Mons à Beaumont.
Mons sera libérée de l’occupation française en 1814 par les Cosaques, après la défaite napoléonienne de Russie. Le Traité de Vienne, en 1814, remit la Belgique dans les mains du Roi Guillaume de Hollande.
Sous le règne de celui-ci, l’enceinte de la ville sera définitivement détruite au profit d’un autre système de défenses. Seule la Tour Valenciennoise resta debout. Les casemates abritaient la garnison hollandaise.
La ville se modernisa: on construit des trottoirs en 1820.
En septembre 1830, Mons envoya un contingent pour participer à la révolution. D’autres montois, notamment des mineurs furieux de la cessation de leurs activités, se battirent contre la garnison hollandaise en ville. Celle-ci se rendit lorsqu’elle apprit la déroute bruxelloise des Hollandais.
Mons participa aux préludes du nouvel état belge: il envoya Alexandre Gendebien au Gouvernement Provisoire ainsi que plusieurs mandataires au Congrès.
Le dix-neuvième siècle vit se relever lentement le commerce et l’industrie. Mons, qui avait abandonné sa fonction de ville forte, devint une petite ville bourgeoise commerçante. L’administration communale fut d’ailleurs dominée par les libéraux de 1836 jusqu’en 1954.
Un marché aux poissons (Halle aux Poissons) fut édifié en 1838 sous les ordres de l’architecte Sury. Il fut démoli en 1974 pour laisser place à un parking.
En 1841, la ville fut reliée à Bruxelles par le chemin de fer et l’année suivante vers Quiévrain et la France. Une première gare fut construite.
Après la destruction des derniers remparts en 1864, on construisit à leur emplacement les boulevards de ceinture, qui étaient alors de beaux chemins de promenade bordés de grands arbres. D’autres boulevards furent aménagés vers les faubourgs (Nimy, Hyon, …). Seule la Tour Valenciennoise fut conservée de l’enceinte médiévale.
En 1843, le théâtre actuel fut construit.
En 1870, l’eau était distribuée dans toutes les maisons.
C’est l’époque où le poète Paul Verlaine fit un séjour à la prison de Mons, d’octobre 1874 à janvier 1875.
Le socialisme, s’il ne prend pas pied dans l’administration communale, s’implanta fermement dans la région industrielle toute proche. Mons fut le théâtre de revendications sociales et politiques. On y chantait « Vive la République » en 1890. En 1893, une manifestation de mineurs (5000 mineurs borains face à l’armée) fut sévèrement réprimée (« la fusillade de Mons ») dans l’avenue de Jemappes.
XXème siècle
Mons, au XXème siècle, souffrira aussi des guerres. Lors du retrait du corps expéditionnaire britannique devant l’avancée allemande, Mons sera le lieu d’une dure bataille le 23 août 1914. De nouveaux combats eurent lieu à proximité marquant la victoire des Canadiens de la troisième division sur l’armée allemande en retraite le 10 novembre 1918.
En mai 1940, Mons futt l’objet de bombardements de la part des allemands qui y pénètrent le 19. Une grande partie des Archives de l’Etat y sont brûlées. Mons connaîtra aussi, le 2 septembre 1944, l’entrée de la Troisième Division Blindée Américaine venue la délivrer.
Le Grand Mons, objet d’une fusion des communes, se fit en deux étapes, en 1972 puis en 1977. Sa population fut ainsi multipliée par trois.
Dans les années 1970, on transforma les boulevards en voies rapides avec l’aménagement de tunnels et d’un circuit à sens unique.
Au tournant avec le XXème siècle, on commença à aménager le quartier au nord de la gare (« Les Grands Prés ») pour en faire une zone mixte (administrative, commerciale, culturelle). Une grande passerelle est prévue pour la relier avec la ville, partiellement abandonnée quant à son rôle commercial.
Economie montoise
Elle est, depuis ses origines, basée sur l’artisanat et commerce, avant de devenir aussi avec les siècles une ville administrative et scolaire.
L’industrie de la laine fut dominante dans les premiers siècle (XI-XV) : draps et serges. Le long de la Trouille, au sud de la ville, s’activaient les brasseurs, les tanneurs, les foulons et les teinturiers.
D’autres métiers et corporations apparurent et prirent de l’importance, dès le XIVème siècle: les chaudronniers (ou caudreliers, 1378), les orfèvres (1406), les vitriers (1378), les écriniers (1419)
Il y avait marché hebdomadaire le vendredi, où les maraîchers des villages voisins venaient vendre leurs légumes. Deux fois par an, à la Pentecôte et à la Toussaint, on organisait la foire.
Mons fut un temps une ville-étape pour le vin. On y vendait aussi du poisson (salé ou fumé) venant de Flandre, des épices arrivant d’Orient via Bruges, des draps flamands et montois.
Patrimoine et art
Architecture religieuse
La chapelle Ste Calixte et la crypte. La crypte date du XIème, tandis que la chapelle comtale fut construite au XIVème. Ce sont les seuls vestiges de l’ancien château comtal.
La chapelle Ste Marguerite. Romane, elle date aussi du XIIIème et estincluse dans l’ancien Musée Chanoine Puissant.
Collégiale Ste Waudru. L’édifice actuel fait suite à d’autres plus anciens: l’oratoire de Sainte-Waudru (VIIème siècle), peut-être un autre dans les premiers siècles, une église romane (XIIème, époque de Baudouin IV “le bâtisseur”.
Au XVème, les chanoinesses, d’origine noble, décidèrent d’élever un édifice plus somptueux, dans le style gothique brabançon de l’époque. Les travaux commencèrent en 1450 sous les ordres de Jean Spiskin, maître-maçon de Mons. L’église romane fut progressivement démolie au fur-et-à mesure que s’élevait la nouvelle. L’oratoire St Pierre contigu fut détruit aussi en 1451. A la mort de Spitskin, en 1457, l’architecte louvaniste Mathieu de Layens, également le concepteur des plans de l’hôtel de ville, prit le relai. Le choeur fut terminé en 1506, le transept le sera en 1527 et la nef principale en 1589. L’achèvement des travaux de décoration eut lieu en 1621. Une tour prévue de 190m de haut ne fut jamais réalisée.
De nombreuses dégradations eurent lieu avec les siècles: lors des sièges de 1691, 1709 et 1746, lors d’un tremblement de terre de 1692, avec les destructions révolutionnaires de 1794 et 1797 (décoration dans ce dernier cas). Les statues des douze apôtres à l’extérieur ont été détruites pendant la révolution. Seule reste la Vierge (à l’intérieur).
Plan: croix latine, nef à trois étages, transept, choeur, 29 chapelles rayonnantes sièges des confréries et corporations de la ville.
Elle abrite de nombreuses oeuvres d’art:
– la châsse reliquaire actuelle, promenée dans le Car d’Or, lors de la procession de la Trinité, date de 1867, due à un orfèvre liégeois, I. Wilmotte; une autre châsse contient la tête de la sainte et date de 1250
– de 1535 à 1548, le sculpteur montois Jacques Dubreucq a créé un jubé renaissance, qui fut malheureusement démonté pendant la révolution française en 1792; il en reste quelques statues dans le choeur (les quatre vertus cardinales et les trois vertus théologales), ainsi que des bas-reliefs dans le transept (dont celui de la résurrection et de l’annonciation); aussi une Annonciation, l’autel de la Madeleine, St Barthélémy, …
– autres sculptures: St Michel (XVs), Ste Waudru et ses filles, en bois polychrome (XV), retable des Féries Notre-Dame (XVIs), une Vierge argentée et des monuments funéraires (XVs).
– le trésor conserve aussi des pièces d’orfèvrerie (XIII-XIXs), ainsi qu’une bague et une agrafe (benoite Affique) qui aurait appartenu à Ste Waudru (VI-VIIs), des statues (dont celle du XV en bois polychrome représentant la sainte et ses deux filles) , des manuscrits enluminés et des tableaux
– le Car d’Or date de 1781 (Claude de Bettignies), qui, une fois l’an, porte la châsse reliquaire en procession dans la ville
– de vitraux historiés (vie de Marie, par la famille Eve, sur des cartons de Nicolas Rombouts, XVIs, entre 1510 et 1615) dans le déambulatoire et les nefs latérales; les autres fenêtres historiées de la nef datent de 1965, à l’aide d’anciens fragments du XVI et XVIIs
Eglise Saint Elisabeth. Elle fut construite au XVIème, consacrée en 1588, détruite par un incendie en 1716. Elle sera reconstruite sous les ordres de Claude de Bettignies de 1719 à 1721 dans un style hybride. En 1794, les révolutionnaires français en feront leur Temple de la Raison.
Eglise Saint Nicolas-en-Havré. L’actuelle fut commencée vers 1664, elle fut terminée en 1702. Sa façade est austère. La décoration intérieure est baroque et date du XVIIIème: chaire de vérité, retables, maître-autel, statues.
Eglise Saint Nicolas-en-Bertaimont. Elle est dédiée à Notre-Dame de Messine en 1803. Elle contient une peinture de madone, miraculeuse, du XVIème. Son trésor liturgique où sont rassemblés des objets de culte venant des couvents supprimés, contient le Bateau de Messine.
Ancien couvent des Soeurs Noires. Il date du XVIIIème siècle, mais fut construit sur un ancien bâtiment dont il reste deux chapelles du XVIème, une pour le culte grec orthodoxe et l’autre pour un usage conventuel.
L’architecture civile
L’hôtel de ville (ou ancienne Maison de la Paix). Il fut construit durant la seconde partie du XVIème sous les ordres de Mathieu de Layens, en style gothique tardif, avec du grès de Bray, de la pierre bleue de Soignies et d’Ecaussines, et des briques de Mons. Son campanile date de 1718 et est l’oeuvre de François Tirou. Il contient une chapelle échevinale, la salle St Georges, de style renaissance (XVIIème), une grande salle gothique décorée au XIXème; ainsi que la Salle de la Toison d’or. Sur sa façade, on trouve le Singe du Grand Garde, statue en fer datant du XVème. Dans la cour, la statue du Ropieur (Guibert, 1937). Dans le jardin (du Mayeur), se trouvent la Conciergerie (XVIème), l’ancien Mont-de-Piété (XVIIème, devenu Musée du Centenaire).
Le beffroi. Construit en baroque en 1662-1674 à la place de l’ancienne Tour de l’Horloge qui s’écroula en 1661, près de la résidence comtale. Son carillon est réputé. Architecte : Louis Ledoux.
Hôpital St Nicolas(vestiges, XVIème)
Bonne Maison des orphelins, fondée par Louise de Bouzanton (1562).
Théâtre Royal (1843)
Waux-Hall (1862)
Statue de Baudouin VI de Constantinople (1868, J. Jacquet), dit “le cheval de Bronze”
La « machine à eau »,construite en 1870-71, qui pompait l’eau de la Trouille pour l’amener à la ville. Actuellement rénovée. Espace culturel.
Le conservatoire royal de musique, installé dans l’ancien couvent des Filles de Marie (XVIIs)
Architecture militaire
On ne sait quelle forme avait la résidence comtale. Une imitation de sa façade a été réalisée pour fabriquer la serrure en fer forgé de l’Hôtel de Ville. Le donjon subit un incendie en 1365. Il fut remplacé par la « Tour de l’Horloge » en 1497. Cette dernière s’écroula en 1661 et fut remplacée par le beffroi actuel (supra). Délaissé par les comtes au XIVème siècle, le château fut en partie démoli, puis reconstruit. Il devint un asile pour aliénés pour l’hospice St Julien de 1824 à 1866. Il fut rasé en 1870. Et remplacé par un parc inauguré en 1873. Il reste quelques vestiges actuel :
XIème: mur de soutènement du château, souterrains (près de Chapelle Ste Calixte)
XIIème: mur de l’enceinte comtale, construite en contrebas du château (rue Terre aux Princes)
XIVème: muraille de Jean d’Avesnes – seul vestige: Tour Valenciennoise (rue des Arbalestriers)
XIXème: fortifications hollandaises “les Casemates” dès 1815.
Les remparts de Mons furent définitivement démolis entre 1861 et 1865 pour laisser place au boulevard de ceinture de la ville.
Architecture privée
XVIème siècle
Maison Le Blanc Lévrié, 1530, gothique flamand (Grand’Place, restaurée par BBL)
Halle de la Pelleterie (actuelle Maison de la Fédération du Tourisme du Hainaut, rue des Clercs)
Maison Espagnole, fin XVIème (actuelle Maison de la Presse, rue des Clercs)
Le Vieux Logis (ancien Musée Chanoine Puissant; mobilier XVI-XVIIème)
XVIIème
Durant ce siècle, de nombreuses maisons furent détruites par les guerres. D’autres furent reconstruites sur leur emplacement “à la française” en brique et pierre bleue. Un style classique montois existe, caractérisé par une rangée de mordillons s’alignant sous les corniches de hautes fenêtres à linteaux à refends et crossettes.
XVIIIème
Hôtel de Guillochin, rue Terre du Prince
Hôtel du Marquis des Gages, rue d’Enghien
Au Renard, 1724, rue d’Havré
Loge maçonnique, 1721, de style égyptien, rue Chisaire
Le centre Scolaire St Stanislas
Encouragée par Alexandre Farnèse, ardent défenseur de la contre-réforme, la compagnie de Jésus vint s’établir à Mons en 1584. Il lui faudra attendre 1612 pour avoir l’assentiment du magistrat de Mons, lui-même administrateur du Collège de Houdain. Les Jésuites s’installèrent dans un premier temps dans le prieuré St Antoine à Havré. En 1624, ils soutiendront l’autorisation de s’installer en ville et d’y ouvrir un collège. Celui-ci fonctionnera jusqu’à la suppression de l’ordre en 1773. Les jésuites reviendront en 1840 et s’installeront dans l’hôtel du comte du Val de Beaulieu, qu’ils restaureront et rebaptiseront Collège St Stanislas. Le besoin de restaurer conduira la direction à abattre une grande partie des bâtiments, ainsi que la chapelle baroque en 1969 et en 1978 pour y reconstruire une bâtisse sans style. Le collège est devenu mixte en 1980 et a de plus en plus cédé la place aux laïcs, enseignants et même direction (depuis 1982).
L’ART A MONS
Les arts décoratifs
De nombreux orfèvres ont travaillé à Mons du XIIIème au XVIIème, répondant notamment aux commandes du Chapitre Noble des Chanoinesses de Ste Waudru: Aubert Gérard, Hugues de la Vigne (châsse de St Macaire, St Bavon, Gand), Longuehaye, Laoust, Bettignies, Fonson, Beghin.
L’étain a aussi été travaillé (Joachim Tirou, XVIIIème).
Ainsi que la porcelaine (surtout au XIXème), la faïencerie (Nimy, Jemappes) et la dentelle (XVIIème, sous Anne-Charlotte de Lorraine).
La musique
Il existe de nombreux manuscrits musicaux montois datant des siècles passés. En 1501, on représenta à Mons le Mystère de la Passion de Jean Michel. Le plus célèbre musicien montois fut Roland de Lassus (1532-1595). Né à Mons, il devint maître de chapelle de St Jean de Latran à Rome. On le vit dans les cours de Sicile, de Milan, de Mantoue, en France, en Allemagne. A citer aussi François Joseph Fétis (1784-1871).
La peinture
Au XVème, il existait à Mons une école de miniatures, celle de Jean Wauquelin, qui forma Nicolas Neufchastel (Lucidel) et Jehan Prévost.
Au XVIIIème, Germain Hallez fonda l’Académie des Beaux-Arts (1780). Joachim de Soignies fut aussi un grand peintre en ce siècle.
Du XIXème, on retiendra: Van Ysendyck, Antoine Bourlard (Gilles de Chin vainqueur), E. Wauquière et E. Motte.
Mons a connu au XXème: Léon Buisseret, Anto Carte, fondateur du groupe Nerva, F. Vanderlinden et Marcel Gillis.
La sculpture
La plus ancienne retrouvée à Mons est le sarcophage de la Comtesse Alix de Namur (épouse de Baudouin IV) qui se trouve dans le déambulatoire de Ste Waudru.
C’est également dans la Collégiale que l’on retrouve le reste des oeuvres de Jacques Dubreucq (v1505-1584), notamment du Jubé. Dubreucq était aussi architecte et on lui doit les châteaux de Binche, de Mariemont et de Boussu. Cet artiste introduisit dans les Pays-Bas l’art de la Renaissance qu’il avait étudié à Rome.
Au XVIIIème, vécut à Mons Claude de Bettignies (1675-1740), sculpteur et architecte, qui réalisa la chaire de Vérité de St Germain (actuellement à Ste Waudru) et le Collège de Houdain (actuelle faculté polytechnique).
La littérature. Citons
Gislebert de Mons, chroniqueur (XIIs)
Jehan et Charles Bosquet, poètes en langue française (XVIs)
Malapart, poète en latin (XVIs)
de la Haize, qui écrivit une grammaire française (1640)
Vinchant, à qui l’on doit les Annales du Hainaut (1628)
du Chasteler (XVIIs)
F.J de Saint Genois (XVIIs)
G.J. de Boussu qui écrivit l’Histoire de la Ville de Mons (1725)
Reiffenberg, historien
Les musées à Mons
Maison Jean Lescarts, musée de la vie montoise (rue Neuve). Jean Lescarts était bourgmestre au début du XXème et était particulièrement attentif aux traditions locales.
Musée des Beaux-Arts, peintures (rue neuve)
Musée du centenaire (Jardin du Mayeur)
Musée François-Duesberg – arts décoratifs: collection particulière de pendules exotiques
Mundaneum. En 1919, s’ouvrit au Cinquantenaire à Bruxelles un musée réalisé par trois avocats: Paul Otlet, un utopiste et bibliographe, Henri La Fontaine, un politicien pacifiste, et Edmond Picard, un écrivain. Ce sont des utopistes persuadés que si l’on sait tout sur le monde, il n’y aura plus jamais de guerre, car l’ignorance entraîne les hostilités. Ils entreprennent et réussissent à copier sur 16 millions de fiches tout le savoir du monde. C’est cet ensemble qui est alors exposé. Le désintérêt pour ce musée conduira à sa fermeture en 1934, par de multiples déménagements (et donc la destruction d’une partie) des fiches. Finalement, la Communauté Française les racheta en 1985 et décida de les exposer dans un tout nouveau musée à Mons. Ce qui sera fait dans une scénographie de Schuiten et Peeters en 1998.
Musée d’art religieux, ouvert en 2002
Processions et folklore
La Procession du Car d’Or. Organisée le dimanche de la Trinité, annuellement depuis au moins le XIVème siècle. Elle commémore cette procession organisée pour tenter de vaincre l’épidémie européenne de peste de 1348. Cette année-là, on promena la châsse contenant les reliques de Waudru qui alla à la rencontre de celles de Vincent. En 1426, la châsse fut confiée par les chanoinesses du Chapitre Noble aux échevins de la ville. Elle est actuellement transportée sur un carrosse (« le Car d’Or ») sculpté par Claude de Bettignies. Sur le trajet de la procession, on lit les miracles de Waudu.
Le combat du Lumeçon. Les origines en sont floues. Il met en scène Saint-Georges, défendant la reine de Trébizonde en Asie-Mineur, qui terrasse un dragon. Au Moyen Age, il était de coutume lors de certaines fêtes de représenter des « mystères » sur le parvis des églises : la Passion du Christ, la vie de saints (notamment Sainte Barbe) et aussi celle de Saint-Georges. Il est possible que cette représentation ait évolué vers ce spectacle que nous connaissons aujourd’hui. Ce combat symbolise celui du Bien qui vainc le mal. On fait le parallèle avec un épisode légendaire bien connu qui est celui de Gilles de Chin abattant un monstre dans les bois de Wasmes au début du XIIème siècle. En 1786, Joseph II, parmi ses réformes impopulaires, voulut supprimer ce folklore, qui fut rétabli après sa mort.
Histoire du Qaurtier de Bertaimont, d’après une Conférence de François Collette.
Le Bertaimont était un hameau situé au sud de Mons au pied du Mont Héribus. Juste en face de la porte de la ville qui portait son nom. A ce niveau passait un diverticule de la chaussée romaine Bavay-Asse. Un chemin allait de la porte de la ville jusqu’au hameau. C’est aujourd’hui l’avenue Charles de Gaulle, au sommet de laquelle se situait la barrière du péage du tonlieu sur les marchandises importées dans la ville.
On ne sait pas très bien de qui dépendait ce hameau. Le chapitre de Sainte-Waudru n’y exerçait que des pouvoirs ténus. Entre la ville et le hameau, se trouvait une cuvette marécageuse (« Trulleia », « Joncquois ») en bord de Trouille. Un comte de Hainaut (Guillaume IV ? ou un Baudouin du XIIème) va se faire attribuer ces terres incultes par le chapitre. Il va canaliser la rivière, assécher le marais, notamment par la réalisation de viviers qui vont contrôler le cours de l’eau. Un moulin et des habitations seront construits. Un véritable quartier très actif s’étendra le long de ce chemin depuis le bas de la ville jusqu’en haut. Ici, un hospice préexistait. Sa chapelle fut transformée en église paroissiale, Saint-Nicolas-en-Bertaimont.
L’enceinte urbaine de 1292 va couper le quartier en deux, malgré les demandes des habitants. Le quartier extérieur sera souvent victime des assaillants lors des sièges (1572, 1691), mais aussi de la Commune montoise dans l’élaboration de son système de défenses. L’église paroissiale sera reconstruite intra-muros à côté du couvent des frères mineurs, juste le long de la terrée après ce dernier siège.
Entre temps, l’église avait abandonné le patronage de Saint-Nicolas et s’était vouée à Notre-Dame de Messines qui s’installa dans l’église voisine des frères mineurs. Les milices bourgeoises en charge de la garde de la porte de Bertaimont avaient elles- mêmes élu Saint-Paul pour patron.
Bibliographie (pour les deux chapitres)
Texte rédigé par M. Hallez à partir des sources suivantes :
Sites web divers : officiel de la ville, Wikipedia
Mons, de 1200 à 1815 – Images d’une ville – De Keyze et coll. – Archives générales du Royaume (1997)
Mons – Coll. Cités de Belgique – Karl Petit – Ed. Artis (1989)
Sainte Waudru – De l’aristocratie mérovingienne à la figure de légende – Conférence de François De Vriendt, Mons, 23 janvier 2012
A propos de Sainte Waudru – Conférence de Benoit Van Caeneghem, conservateur de la Collégiale, 2005
Abbayes, évêques et laïques, une politique du pouvoir en Hainaut au Moyen-Age – Anne-Marie Helvétius, Bruxelles, Crédit Communal (résumé de Michèle Gaillard)
Situation géographique : village situé sur un plateau échancré par le cours de la Trouille, particulièrement sur son versant oriental. Le hameau de Petit-Spiennes se trouve sur l’autre versant.
Cours d’eau : la Trouille
Paysage préhistorique (après la dernière période glaciaire) :
Nature du sol : limoneux
Nature du sous-sol : la majeure partie du sous-sol est formée de craies blanches (ère secondaire) avec des bancs de silex, composés de rognons volumineux d’une trentaine de centimètres (formés au tertiaire à partir de silice). La craie affleure sur les berges de la Trouille et les bancs de silex sont peu profonds (voir plus loin), sous la couche de terre.
Préhistoire
Cette période est naturellement la plus intéressante quand on cite Spiennes.
En 1842, en creusant une carrière de silex à Harmignies pour les faïenceries, on découvrit des galeries semblables à celles de Ciply (« trous des Sarrasins »). En creusant vers Spiennes, on découvrit de nouvelles galeries avec des morceaux de bois de cerf, des os humains, des bancs de pierre le long des parois. Ce fut la découverte du site néolithique de Spiennes (extraction du silex, ateliers de fabrication d’outils, commerce). Mais d’autres découvertes nous ramenèrent vers des temps plus anciens
On a retrouvé sur le site du « Pas d’là l’Iau » à « Petit Spiennes » des vestiges datant de 350.000 à 450.000 ans, soit une des plus anciennes traces de vie humaine dans nos contrées, si l’on excepte celles de Sprimont, sur l’Ourthe. En toute évidence, les premières en vallée de Haine. Il s’agit d’un plateau avec trois terrasses alluviales étagées, déposées par le cours d’eau. La nappe la plus haute (Pas d’la l’Iau) est la plus ancienne (450.000 ans), tandis que la nappe inférieure (nappe de Mesvin) est la plus récente (300.000 ans).
A cette époque, vivaient en Europe Occidentale Homo Heidelbergensis, bien décrit dans le chapitre 3. La vallée de la Haine et plus particulièrement le Bassin de Mons les attira parce qu’ils n’avaient qu’à se baisser pour ramasser de beaux silex qui convenaient parfaitement pour fabriquer les outils nécessaires pour découper la viande et les peaux, pour travailler le bois et fabriquer leurs abris.
Ces silex, ils y appliquaient des techniques de débitage propres à la « culture lithique acheuléenne » (décrite à Saint-Acheul, près d’Amiens). Des centaines d’éclats taillés furent retrouvés sur les lieux. Ils s’en servaient comme grattoirs et comme racloirs. On a observé quelques bifaces (silex taillé sur deux faces), typiques de cette culture, dans la couche supérieure (Pas d’la l’iau).
Selon les archéologues, ces hommes occupèrent les lieux à plusieurs reprises sur une période assez longue. C’est pourquoi, dans la nappe de Mesvin, on trouva beaucoup plus de pièces, des milliers, fabriquées avec la même technique qui s’est élaborée avec le temps. On parle ici d’Acheuléen moyen. Les bifaces sont plus minces et bien retouchés. Les humains de cette période pratiquaient une nouvelle technique, dite « de Levallois » qui aboutissait à la production d’éclats pour en faire des racloirs (dans des graviers datés dès v.390-375.000). Ces hommes réalisaient une exploitation méthodique des blocs de silex qui servaient de nucleus pour produire des éclats en série annonçant le basculement vers le Paléolithique moyen.
A la Carrière Hélin, dans des strates bien délimitées, on a pu trouver des artefacts datant de 200.000 ans: des quantités considérables de Clactonien très dégradé et remanié, des éclats Levallois I et II (Mesvinien) et III.
Des vestiges retrouvés dans la « Carrière Hélin » sont datés entre 128.000 et 200.000 ans. Ils sont assez semblables à ceux qu’on a retrouvés sur le site voisin de « Mesvin IV ». Ils ont vraisemblablement été fabriqués par les Hommes de Néandertal qui fréquentaient la région alors.
Ils pratiquaient une technique différente de débitage du silex qu’on retrouvait depuis l’Angleterre (où elle fut d’abord décrite à Clacton-on-Sea, d’où le nom de Clactonien) jusqu’à l’Elbe, en passant par le nord de la France, la Belgique et les Pays-Bas. Les outils trouvés à Mesvin et Spiennes-Hélin ont été fabriqués par une technique un peu plus élaborée que le Clactonien qui évolue vers la technique typique des Néandertaliens de la Culture moustérienne par débitage Levallois. Des milliers de silex furent retrouvés dans cette nappe alluviale déposée lors d’une interglaciation Mindel-Riss.
La période du Paléolithique supérieur (40.000 à 10.000) n’est pas représentée à Spiennes.
C’est la période qui a le plus été étudiée à Spiennes, sur les sites du « Camp-à-Cayaux » (65 ha), de « Petit-Spiennes » (14 ha, avec le « Pas d’la l’Iau ») et du « Versant de la Wampe ». Ils sont été découverts en 1842 et continuent à être l’objet de fouilles et d’études. Ce fut déjà le cas lors de l’aménagement de la ligne de chemin de fer Mons-Chimay en 1867 pour laquelle il fallut creuser une tranchée.
Ces sites datent entre 4400 et 2500 avant J.C. Ils sont l’œuvre d’Homo Sapiens qui se sont sédentarisés, ont pratiqué l’agriculture et l’élevage, tissaient des vêtements et des couvertures et fabriquaient des contenants en céramiques. Ceux de Spiennes ne sont pas les premiers néolithiques connus en Belgique, notamment à Blicquy. Ceux dont nous parlons appartenaient à la Culture de Michelsberg, civilisation qui couvrait l’ouest de l’Allemagne, les Pays-Bas, la Belgique et le nord de la France (4200-3500).
Tout comme leurs prédécesseurs (et non ancêtres), ce qui les intéressait dans la région de Mons, c’était le silex. Il n’était plus aussi visible à fleur de terre, mais il suffisait de creuser pour en trouver de grandes quantités. Sur un « chantier » d’une superficie de 172 ha (en partie aussi sur Nouvelles), ils ont commencé à creuser des fosses à ciel ouvert, puis des puits (jusqu’à 16m), d’où partaient des galeries en direction des bancs de silex. Des centaines de puits ont été répertoriés.
Les mineurs descendaient par des échelles de corde ou des troncs de bois. Ils détachaient les blocs de silex avec divers outils : des pics bifaciaux et multi-faciaux en silex, emmanchés, ou en bois de cerf, des percuteurs, des pelles en os d’omoplate de cervidé, … Les mineurs ramenaient celui-ci à la surface. La lumière du jour, se réverbérant sur les parois de craie, pouvait suffire pour les éclairer. Les nappes phréatiques d’eau étant plus basses, l’eau ne gêna pas l’activité minière. Ils remontaient la matière première en surface dans des sacs de peau cousus, grâce à des cordes en fibres végétales.
D’autres commençaient à le travailler dans des ateliers de taille à proximité pour fabriquer des outils : des grandes lames de haches (pour l’abattage des arbres et le défrichement des espaces boisés), qui pouvaient être polies dans un second temps (pour renforcer la résistance mécanique), des hachettes et des herminettes, des ciseaux tranchants, des lames et des éclats qui servaient de grattoirs, de racloirs (travail des peaux), de couteaux, de scies, de burins, de perçoirs, de pointes de flèches, de tranchoirs, des faucilles, des pics de silex. A proximité, on trouva une multitude de déchets de taille. C’est d’ailleurs à peu près tout ce qu’on trouva, car les produits étaient emportés. Ces hommes avaient une très grande maîtrise du façonnage d’outil en silex.
Durant une période de 2000 ans, des milliers de puits furent creusés à Spiennes.
On travaillait aussi d’autres matières : l’os et le bois de cerf (percuteurs, omoplates servant de pelles. Les outils en bois de cerf servaient notamment pour creuser les galeries de mines. Le quartzite servait à faire des meules.
A côté, il existait des artisans-potiers qui fabriquaient des plats, des pots et des vases divers pour la communauté villageoise,
Ces outils étaient consommés par les petites communautés villageoises des environs, mais beaucoup furent exportés, ainsi que des blocs non travaillés, vers des régions plus lointaines. Le « label silex de Spiennes » était renommé. A cette époque, les haches et herminettes étaient très prisées pour travailler le bois de construction. On trouva des « produits de Spiennes » jusqu’à 160 km (plateau du Brabant, vallée de l’Escaut, Aisne, Ardennes, Oise).
Mais on a aussi retrouvé à Spiennes des objets fabriqués avec du silex importé. On a ainsi découvert un poignard taillé dans du silex du Grand-Pressigny, autre silex célèbre l’âge du cuivre (néolithique final).
A côté des objets en silex, des structures d’ateliers de débitage, on a retrouvé beaucoup de fragments de céramique qui ont permis d’attribuer ces hommes et femmes à la culture de Michelsberg (néolithique moyen).
On a même trouvé des traces d’un habitat à enceinte (camp fortifié sur une position dominante ?) sur le plateau de Petit-Spiennes surplombant la Wampe. Le silex était une richesse. Et toute richesse engendre des envies, des jalousies et des conflits. Cette enceinte était constituée d’un fossé et d’une levée de terre, probablement d’une palissade.
Ce fut l’occasion aussi de mettre à jour des ossements d’animaux, domestiques (bovidés, caprinés, porcs, chiens) et sauvages (aurochs, ours, renards, castors, chats sauvages, sangliers, cerfs).
Néolithique récent (3600-2900) et néolithique final (2900-2200)
L’exploitation du silex s’est poursuivie durant ces périodes où la culture dominante étaient d’abord celle de « Seine-Oise-Marne », puis celle de « Deûle-Escaut ». Cependant ces périodes sont moins bien documentées.
A Spiennes, dans la zone minière du Camp-à-Cayaux et de Petit-Spiennes, on a encore trouvé des traces d’occupation et d’activité lors de l’Age du Bronze final (1300-800) et du second Age du fer (480-50) : fragments de poteries, torchis, fusaïoles pour le tissage, poids de métier à tisser, reliquats du travail du fer. L’extraction de silex est moins certaine à cette époque. Cependant, il est possible qu’un atelier de taille du silex fonctionnait encore au VIIIème siècle, sans qu’on puisse parler d’une continuité depuis le néolithique.
C’est cependant avec l’apparition des objets en bronze que déclina l’activité minière. Ce qui signifie que les premiers Celtes qui occupaient alors la région continuaient à exploiter le silex local.
En 1895, au « Champ à Cayaux », on a découvert un dépôt d’objets usagés en bronze (bracelets, anneaux, pendeloques) destinés à la refonte.
A proximité, au XXème siècle, furent mis à jour des vestiges d’habitat (céramiques, écuelles) datant du second âge du fer, relevant de la Culture de la Téne du Groupe de la Haine.
Il n’est pas impossible que les Gallo-Romains et les Francs ne s’y adonnèrent pas non plus, encore que cette matière première avait moins d’utilité.
Mais bien plus tard, on réemploya le silex pour fabriquer de la pierre à briquet et pour les faïenceries au XIXème siècle.
Les mines de Spiennes sont depuis 2000 classées au Patrimoine Mondial de l’Humanité par l’Unesco.
Antiquité gallo-romaine
On aurait retrouvé en 1893 une vingtaine de tombes de cette époque au sud du village. Elles contenaient des vases, des plats, des urnes funéraires, des bijoux, des fibules, une tablette et des stylets à écrire, des monnaies de Titus, Trajan, Hadien, Antoine-le-Pieux, Faustine Mère, Marc-Aurèle, soit de 72 à 160.
Ces objets étaient distribués dans deux petites nécropoles à incinération, au Camp-à-Cayaux et à Petit-Spiennes.
Il ne semble pas qu’on ait trouvé d’habitat gallo-romain à proximité, si ce n’est la villa de Nouvelles, qui recelait d’opulence et qui pourrait correspondre au matériel funéraire découvert dans les tombes de Spiennes.
Premier Moyen-Age (période franque mérovingienne et carolingienne)
On a aussi retrouvé un cimetière mérovingien au lieu-dit « la Tourette » (1867, tranchée du chemin de fer) sur la rive droite de la Trouille (versant sud du Camp-à-Cayaux) : une cinquantaine de tombes creusées dans le calcaire ou maçonnées. Elles contenaient des boucles de ceinture en fer, des fers de lance, des coutelas, des haches, des vases funéraires en terre noir.
Une autre nécropole, plus vaste, était proche, située aujourd’hui à Harmignies (350 tombes, fouillées en 1884 et 1891).
Ces cimetières sont datés entre 650 et 750.
Deuxième Moyen-Age – le village
Première mention: 868?
Toponymie (anciennes orthographes) :
Splienum, 868 (polyptyque de Lobbes)
Spieneis, 1177
Spienis, 1199-1202
Despiennes, 1186
Spienes, 1265
Espines, 1295
Spiennes, 1331, 1502, 1608, 1621, 1628
Etymologie (hypothèses d’origine du nom) :
Splienium est cité sur un polyptique de l’abbaye de Lobbes en 868/869. Il n’est pas sûr que cela fasse référence à Spiennes. Cela pourrait aussi s’appliquer à Ciply ou Epinois, qui relevaient de cette abbaye.
Selon Chotin, Splienium serait dérivé d’Asplenium, qui signifie « fougeraie ». Le lieu était rempli de fougères. Gonzalès Decamps penche pour une autre signification : « lieu épineux ». Autre hypothèse (Jules Herbillon) : Spiculana terra de spiculum (épieu, pieu)
Epoque de son apparition: X ou XIème siècle
Facteurs ayant favorisé son émergence :
– voies de communication: la seule voie importante à cette époque (XI-XIIème) était le chemin de Mons à Beaumont.
– sources d’eau ou cours d’eau: la Trouille
– source de bois: les plateaux étaient sans doute boisés
– proximité d’un lieu de pouvoir: une ferme locale? (celle de la Commanderie de Saint-Symphorien?)
Paroisse dédiée à Saint-Amand
Evêché: de Cambrai (jusqu’en 1804), puis de Tournai ensuite
Décanat/doyenné: Mons
Autel (dîmes, entretien de l’église, nomination des officiants) donné à l’Ordre du Temple en 1177 par l’évêque Alard de Cambrai.
Répartition des pouvoirs pendant la période féodale
Autorité supérieure: comté de Hainaut
Autorité sous-jacente (administrative et judiciaire): prévôté de Mons
Seigneuries et fiefs
Un village de paysans s’est constitué au IXème siècle ou Xème siècle, au bord de la Trouille. On y trouva un moulin à eau et un pont.
Les informations concernant les seigneuries ne sont pas très claires. En 869, l’abbaye de Lobbes possédait des terres, mais comme pour la plupart de celles-ci détenues en terre hennuyère, elles passèrent sous l’autorité des comtes Régnier.
La Commanderie des Hospitaliers St Jean de Jérusalem (puis ordre de Malte), sise à Saint-Symphorien, y possédait aussi des terres, ainsi que les trois justices. Probable don des comtes au XIIème siècle.
La seigneurie principale
Elle aurait été un arrière-fief de celle de Beloeil. D’autres éléments font plutôt penser à une suzeraineté comale. Les seigneurs de ce lieu décernèrent le pouvoir à quelques familles successives. Les informations ne sont pas des plus claires. Peut-être n’était-ce que pour de brèves périodes au début, sous forme d’apanages (le fief revenait à son premier propriétaire s’il n’y avait pas de descendant mâle).
Au XIIIème siècle, on trouve mention de Guines (ou Guimes ou Ghin) dans un acte de 1298.
Au XIVème siècle, on trouve cite, dans des actes de 1347 à 1372, du chvalier Nicolas de Housdaing/Houdeng, sire d’Espinoit (sous le bailli Simon de Lalaing 1358-1362)
Un peu plus tard, dans le même siècle, on trouve quelques membres de la Famille van der Poele (parfois écrit “Poulle”). En fait le comte Guillaume Ier avait une maîtresse du nom Geertruyd Boudewijns van de Poele (v1290/1300, Avesnes-1350), une hollandaise, dont il eut un fils illégitime nommé Jan Aelman van de Poel (1320/1325, Le Quesnoy – 1389, Valenciennes), surnommé “Bâtard de Hainaut”, mais cependant adoubé chevalier, puis nommé bailli de Hainaut sous le nom de « Jean de le Poele » en 1367-1368. Il épousa Johanna van de Merwede qui lui donna plusieurs enfants, dont Daniel.
Il est difficile de savoir qui obtint la seigneurie de Spiennes, ce Jan Aelman ou son fils Daniel, qui lui est cité à coup sûr comme seigneur de Spiennes.
Daniel van de Poele (v1360/1375- apr1408). Chevalier. Cité en 1389 au serment du comte Aubert de Bavière à la ville de Mons. Il épousa Jeanne d’Aspremont, dont il eut plusieurs enfants, dont Marguerite van de Poele (1394-1472), dame héritière d’Espiennes, qui semble avoir épousé
Rasse de Rivière d’Aarschot, cité en 1418 et 1431
Mathieu II de Mortagne « de Landas » (1381- ?), cité en 1445-1446
Elle n’eut aucun enfant de ces deux mariages. Il est possible que la seigneurie fut vendue.
Famille t’Serclaes
Evrard t’Serclaes VI « Chevalier Noir » ( ?-1479/1483, Autreppe), fils d’Evrard t’Serclaes ( ?-1448), échevin à Bruxelles. Chevalier. Seigneur de Kruikenburg, de Wambeke, de Ternat, ainsi que de Spiennes (probablement par achat à Marguerite van de Poele). Cités en 1473 et 1478. En 1473, Jeanne de la Poule (van der Poele), dame de Landas, dont il est difficile de savoir son lien de parenté avec Marguerite, conteste à Evrard T’Serclaes la seigneurie de Spiennes. Cet Evrard épousa avt 1473 Catherine van der Ryt, dont il eut:
Everard t’Serclaes ( ?-1529), fils du précédent. Mêmes titres. Il épousa Catherine Nagels ( ?-apr1530). Ils eurent plusieurs enfants, dont l’un (Philippe t’Serclaes ?) vendit Spiennes en 1533.
Familles Ruffault, de Croix et du Chastel
Jean Ruffault ( ?-1580). Fils de Jean Ruffault (1471, Lille – 1546, Lille), au service de Charles Quint. Il épousa Jeanne Boulengier. Il acheta la seigneurie de Spiennes en 1533. Cité en 1572. Il eut plusieurs enfants, dont Louise, infra.
Jean de la Croix ( ?- v1619). Fils de Jean de la Croix, seigneur de Mairieux, et d’Eléonore Resteau. Chevalier. Seigneur de Mairieu, Glisoel, Lisseroeul, Aspremont, … Il devint seigneur de Spiennes en épousant Louise de Ruffault ( ?-v1631). Ils eurent Jeanne de la Croix, infra
Robert Antoine Joseph du Chastel de la Howarderie (v1582-1622). Fils de Nicolas du Chastel de la Howarderie, seigneur de la Howarderie, et d’Antoinette d’Averhoust, dame d’Inglinghem. Chevalier. Seigneur d’Inglinghem, de la Cessoye, de Bausoit (Boussoit ?), de Spiennes. Député de la Chambre de la noblesse des Etats du Hainaut. Il épousa en 1604 Jeanne de la Croix, dame de Boussoit, dont il eut:
Jeanne, infra
François
Famille de Berlaymont
Philippe de Berlaymont (apr1603- ?). Fils de Winand « de Floyon » de Berlaymont, vicomte de Heid, et d’Anne d’Oyenbrugg. Vicomte de Heid, S. de Borminville. Grand bailli du Condroz. Il épousa en 1629 Jeanne du Chastel de la Howarderie (v1605- ?), dame de Spiennes, dont il eut:
Charles Winand
Robert
Charles Winand de Berlaymont (avt 1660-171). Comte de Berlaymont. Vicomte de Heid (Lheyd ?). Seigneur de Borminville, de Spiennes. Il épousa Aldegonde Marguerite d’Oultremont, dont il eut:
Théodore Antoine ( ?-1765), comte de Berlaymont, vicomte de Heid, S. de Borminville
Marie-Anne
Henri Florent, infra
Henri Florent de Berlaymont (avt 1710- ?). Comte de Berlaymont. Seigneur de Spiennes, de Beugnies, de Mouvaulx, … Il épousa Anne Françoise Potteau, dont il eut:
Charles Winand de Berlaymont (v1731- ?1785). Comte de Berlaymont. Seigneur de Beugnies, de Spiennes, de Mouvaulx. Gentilhomme de la chambre de la noblesse de Hainaut. Il épousa en 1780 Marie Thérèse Glymes, dont il eut:
Marie Henriette Charlotte Judith de Berlaymont (1782, Spiennes – 1862, Spiennes), héritière de son père, qui épousa Ernest Joseph de Glymes.
Période française (1794-1814)
Fin de l’Ancien Régime féodal en 1794
Département: Jemappes
Canton: Mons
Répartition des pouvoirs pendant la période contemporaine (à partir de 1814)
Etat: Belgique
Province: Hainaut
Arrondissement administratif: Mons
Arrondissement judiciaire: Mons
Canton: Mons
Entité communale depuis 1977: Mons
Evènements et faits marquants sur le sol de la commune
Ils sont plutôt rares ici.
Les armées de Louis XIV établirent des lignes défensives entre 1691 et 1707 autour de Mons (fossés et remparts de terre). On en retrouva des traces sur le plateau de Petit-Spiennes, datant de 1706-1707, soit avant la bataille de Malplaquet.
Economie
L’exploitation du silex dans la préhistoire est décrite plus haut. Elle reprit dès 1830 pour faire de la pierre à fusil (pour une entreprise qui fonctionna à Nouvelles entre 1819 et 1833) et servir dans les faïenceries (de 1842 à 1867 pour Boch-Kéramis de La Louvière et pour Nimy).
On y exploita aussi au XIXème et au début du XXème, comme dans les villages voisins (Cuesmes, Ciply), la craie phosphatée pour engrais.
Entretemps, ce fut l’économie agricole qui domina (céréales, chanvre, colza, chicons).
En 1896, la ville de Mons acheta les sources de Spiennes pour sa distribution d’eau potable.
Voies de communication
Par la route: le village s’est constitué au sud du chemin de Mons à Beaumont, pavé au XVIIIème siècle.
Par le tramway, depuis la fin du XIXème siècle jusqu’au début de la deuxième moitié du XXème.
Situation géographique : le village est situé à l’est de Mons entre les deux vallées de la Haine et de la Trouille
Cours d’eau : un ruisseau (nom exact?)
Paysage préhistorique (après la dernière période glaciaire) : c’était jadis une région boisée. Le bois d’Havré aujourd’hui empiète encore sur une partie du village.
Nature du sol: limoneux
Nature du sous-sol : crayeux (craie phosphatée)
Préhistoire
Paléolithique inférieur (Homo Heidelbergensis) :
Dans la « Carrière Hardenpont », on a retrouvé des silex de type mesvinien (voir Mesvin) datés d’environ 325.000-200.000, soit à une période où des néandertaliens archaïques, descendants des Hommes d’Heidelberg, parcouraient la région en nomades.
Paléolithique moyen (Homo Neandertalensis) : non documenté
Paléolithique supérieur (Homo Sapiens) : non documenté
Néolithique (Homo Sapiens) :
Comme à Spiennes, et dans toute la région, le silex était abondant. Les premiers hommes agriculteurs et éleveurs s’y sont sédentarisés.
Des témoignages de la première période néolithique (Civilisation rubanée, vers 5000-4000 avt JC) ont été découverts au « Champ Mellet » (sud du village), notamment une herminette entière en quartzite polie, ainsi que des silex taillés. A proximité, on a retrouvé des fosses vides, mais pas de trace d’habitat (comme à Blicquy et en Hesbaye).
Deux mille ans plus tard, au néolithique moyen et final, comme dans les villages voisins, on a taillé le silex dans des ateliers, certains provenant de Spiennes, d’autres du Grand Pressigny en Indre-et-Loire, très recherchés aussi à l’époque.
Un menhir fut découvert en 1860 dans un champ situé au haut du sentier de la Violette, dans la propriété de Mr Maigret de Priches. Il a été transféré en 1951 dans le jardin du Mayeur à Mons, puis ramené près de l’église en 2005. Il pèserait 2500 kg.
Age du bronze : Une pointe de flèche en alliage cuivreux a été ramassée sur un champ en 2015 (CAW) qui pourrait appartenir au Bronze final.
Ages du fer : Des signes d’occupations de l’âge du fer (dernier millénaire avant JC) ont été trouvés (pas de précision).
Antiquité gallo-romaine
On aurait découvert au XIXème siècle des vestiges de fondations gallo-romaines (IIème siècle) au hameau de Cerneau dans un champ de la rue Jules Antheunis. Pas de précision.
Premier Moyen-Age (période franque mérovingienne et carolingienne)
Le territoire était à l’origine un alleu de St Vincent de Soignies.
Deuxième Moyen-Age – le village
Première mention: ? 1177 ?
Toponymie (anciennes orthographes) :
Simphorianus, Sanctus Forianus, Saint-Siphorien, Saint-Simphorien
Etymologie (hypothèses d’origine du nom) :
Le village porte le nom d’un personnage qui vivait à Autun (Bourgogne) vers 170, pendant l’imperium de Marc-Aurèle. Sa famille était d’origine sénatoriale romaine. Il se serait converti au christianisme et aurait montré de l’acharnement contre les cultes païens, ce qui lui aurait valu d’être martyrisé à l’âge de vingt ans. Ce saint fut très populaire en France au Moyen Age.
Epoque de son apparition: XIème ou XIIème siècle
Facteurs ayant favorisé son émergence :
– voies de communication: la chaussée romaine Bavay-Asse-Utrecht passait à l’ouest du territoire de Saint-Symphorien. Au Moyen-Age, ont été aménagés des chemins vers Binche et Beaumont.
– sources d’eau ou cours d’eau: la Rigole de la Cuve de Spiennes existait-elle lors de la constitution du village?
– source de bois: la zone était majoritairement boisée
– proximité d’un lieu de pouvoir: diverses fermes fortifiées
Paroisse dédiée à Saint-Symphorien
Evêché: de Cambrai (jusqu’en 1804), puis de Tournai ensuite
Décanat/doyenné: Mons
Autel (dîmes, entretien de l’église, nomination des officiants) donné à l’Ordre des Hospitaliers de Saint-Jean (infra)
Répartition des pouvoirs pendant la période féodale
Autorité supérieure: comté de Hainaut
Autorité sous-jacente (administrative et judiciaire): prévôté de Mons
Seigneuries et fiefs
Le territoire était à l’origine un alleu de St Vincent de Soignies. Il est possible que les premiers comtes se soient accaparé une partie de ce territoire et qu’ils l’aient donné en fiefs par la suite, principalement au XIIème siècle, époque de la première mention du village.
Le village comprenait plusieurs domaines seigneuriaux ecclésiastiques et laïcs:
Un domaine (alleu) du chapitre St Vincent de Soignies
Un domaine attribué à l’Ordre de St Jean de Jérusalem
Un domaine foncier, la seigneurie de Sassinies, propriété indivise de l’abbaye d’Epinlieu de Mons et du seigneur de St Symphorien
Un domaine laïc comtal attribué au seigneur d’Havré, châtelain de Mons, qui fut dirigé au nom de celui-ci (arrière-fief ou fief lige) par diverses familles qui y résidaient dans un château.
Ainsi que quelques petits fiefs fonciers appartenant à des seigneurs extérieurs (Werchin)
Les possessions de l’Ordre des Hospitaliers de St Jean de Jérusalem à Saint-Symphorien remontent au XIIème siècle. L’évêque Allard de Cambrai lui avait donné en 1177 l’autel de St Symphorien (la paroisse), avec ceux de Spiennes et de Vellereille, et leurs dépendances. Le tout formait une seigneurie.
En 1216, selon une lettre de Guillaume, abbé de Crespin, celui-ci confirmait la vente faite au profit des hospitaliers par noble dame Sibille, veuve de Renier, chevalier, d’une portion de dîme qu’elle avait à Saint-Symphorien.
Dès 1286, la maison ou l’hôpital de St Symphorien devint le siège d’une commanderie de l’Ordre de St Jean de Jérusalem, dépendant de la Commanderie du Temple de Piéton. Le commandeur possédait tous les droits seigneuriaux sur son domaine de St Symphorien: les trois justices, la perception de rentes et la distribution des corvées. Il nommait un bailli, un maïeur et des échevins pour y faire respecter ses droits. Il avait fait ériger un pilori. Une chapelle était annexée à la ferme.
En 1363, frère Nicolle de Fretemoule était qualifié de commandeur des maisons de l’Hôpital Saint Jean de Jérusalem à Piéton et à Saint-Symphorien. Cette reconnaissance passa devant les hommes de fief de Mons en 1363 au sujet d’un litige entre le commandeur d’une part, l’abbaye d’Epinlieu et les seigneurs voisins, Marie, veuve de Piéron de la Valée et Piérart dit Gringuart de la Valée ou Vallée, d’autre part.
En 1530, Charles Quint octroya l’île de Malte aux Hospitaliers de Saint Jean qui prirent le nom de Chevaliers de Malte.
L’un des deniers commandeurs de l’Ordre fut Jean de Rosset, duc de Fleury, officier supérieur du roi Louis XV. Il fut promu en 1743 commandeur des possessions de Piéton, Saint-Symphorien, Frameries, Genly, Noirchain, Sars et autres lieux. La chapelle fut supprimée en 1767.
Les commanderies furent supprimées à la Révolution.
La ferme, située sur la chaussée de Binche (aujourd’hui roi Baudouin) fut vendue à un particulier (ferme Pêcher). Sa grange fut démolie, mais il reste des bâtiments qui ont été modernisés et qui abritent une boulangerie. Un magasin et des ateliers de matériel de jardin remplacent l’ancienne brasserie et l’ancienne forge. Il persiste un bâtiment (n°95) datant de 1757 qui est occupé par un particulier.
L’Ordre possédait, depuis 1410, un refuge à Mons, à la rue Notre-Dame (ancienne rue du marché au fromage) qui comprenait une chapelle. Ce bâtiment fut vendu en 1534 à une œuvre montoise de charité qui y installa une école pour pauvres.
La seigneurie laïque de Saint-Symphorien
Elle était donc un fief lige dépendant du seigneur d’Havré, châtelain de Mons au Moyen Age. Les familles qui se sont succédé sur ce fief relevant d’Havré furent successivement :
Une famille qui prit le nom du village, au XIIème et XIIIème. Sont mentionnés, sans plus de précision :
Alard de St-Symphorien
Renier de St Symphorien (?)
Famille de la Vallée
Piéron de la Vallée. Cité en 1244
Piérart « Gringnart » (ou Grignart ou Grinars) de la Vallée, probablement son fils, qui épousa Marie de Piéron et eut:
Willame « Grignars » (ou Grignart) de la Vallée, fils du précé-dent. Ecuyer. Cité en 1378.
Famille de Ghelet ou Ghelès ou Gelet
Jehan de Ghelet (1350-1392/1418). Fils d’Arnould d’Aussonne, seigneur de Ghelet, Wandri, Senlis et Genly, et de Bonne de Senlis. Il changea son nom en Ghelet. Sergent de Mons, clerc du receveur de Hainaut, maître d’hôtel du comte. Seigneur de Saint-Symphorien (par achat?). Il tenait un fief à Asquillies, qui releva plus tard de Jehanne Ghelet et un fief à Eugies, acquis plus tard par Gérard de la Derière. Cité en 1356, de 1341 à 1360, en 1378
Ep. Marguerite de Blaregnies
Jean, infra
Jacques, infra
Georges Ghelès, ép. ?
Marie ( ?-1456), ép. Jacquemart Bouseau ; ép. Strate Wautier
Jacques, seigneur de Nouvelles
Jeanne, ép. Baudouin de Loge, bourgeois de Mons
Chrétienne, ép. Jean le Duc
Isabeau, ép. Robert de Cuesmes
Jeanne, ép. Jacques de Gibiecq (ou Gibicque)
Ep.2. Marie Vigreuse
Agnès, ép. Jacquemart de Marchiennes (1390- ?)
Jean de Ghelet (1380, Mons-1425/1435, Mons), fils du précédent. Seigneur de St Symphorien. Bourgeois de Mons. Ecuyer. Cité en 1421, 1432, 1433. Il épousa Marie Jeanne de Maurage, dont il eut:
Adrien
Otto (1400- ?), ép. Jeanne de Joye
Nison
Louis
Marie, ép.1. Jean de Bousseau/Boussois ; ép.2. Wautier de Stacle
Eléonore, ép. Jean Feming
Denis, échevin de Mons
Jacques (Jacquemart ?) de Ghelet (1390- ?), frère du précédent. Seigneur de St Symphorien. Bourgeois de Mons. Cité en 1417, 1424, 1426 et 1431. Il épousa Jeanne de Blaregnies, dont il eut:
Jehan Ghelet (1420, St Symphorien -1481, Mons), fils du précédent. Seigneur de Symphorien et Hauchin. Echevin de Mons de 1437 à 1472. Il épousa Anne de Hon, fille de Jacques de Hon et de Marguerite de Ciply, dont il eut:
Antoinette, dame héritière de Saint-Symphorien
Jean
Antoine
Hanin de Ghelès (1440- ?). Seigneur de Saint-Symphorien ( ?) – probablement décédé sans descendance, l’héritage passant à sa sœur Antoinette
Antoinette de Ghelet, dame héritière de St Symphorien épousa Simon de Crohin (v1450- ?) et amena Saint-Symphorien dans cette famille (détails dans la fiche généalogique). Lui succédèrent :
Philippe de Crohin (1480- ?), fils du précédent
Antoine de Crohin (v1500-avt1535), fils du précédent, sans postérité
Philippe de Crohin (v1505, Nivelles – 1535/1536), frère du précédent
Jean de Crohin (v1525-apr1605), fils du précédent, pas de descendance
Marie de Crohin, sœur du précédent. Elle épousa François de Barau/Barauld de Magny. Ils transmettent Saint-Symphorien à leur fille Marguerite de Barau de Magny ( ?-1605), qui épousa Jean de Bousies.
Jean VII de Bousies (1578, Rouveroy – 1651, Rouveroy) dès 1656. Vicomte de Rouveroy, seigneur de Bousies, d’Escarmaing, Préaux, Fayon, etc., Seigneur des domaines apportés par ses trois épouses, dont Marguerite de Barau de Magny ( ?-1605). Capitaine su service du roi d’Espagne. Lui succéda:
Philippe de Bousies ( ?-apr 1655), fils du précédent
Ferry-Basile de Bousies (1628, Mons – 1695, Rouveroy), fils du précédent
Léon-Claude de Bousies (1663, Houdeng – 1771), fils du précédent. Il vendit la seigneurie de Saint-Symphorien.
Famille de Bergh-Saint-Winnoc
Charles-Alexandre de Bergh-Saint-Winnoc (v1624- ?). Baron de Zétrude. Seigneur de Saint-Symphorien, par achat. Grand prévôt et capitaine d’Arlon. Prince de Rache en 1688, à la mort de son frère Eugène-Louis. Il épousa Lucie de Brouchoven, dame de Sept-Fontaines, dont il eut:
Marie-Françoise de Bergh-Saint-Winnoc, princesse de Rache, dame de l’ordre de la Croix étoilée, ép. Philippe-Ignace de Bergh-Saint-Winnoc, seigneur de Nomain et d’Olhain.
Marguerite-Charlotte de Bergh-Saint-Winnoc (v1665- ?)
Ep. 1685, son cousin germain Louis-François Bernard, comte de Bailleul, seigneur d’Esquelmes, Florent, Bettignies, Calonnes, …, capitaine d’infanterie au régiment de Zétrude.
Charles-Alexandre, infra
François Eugène
Veuve le 10 août 1696, elle acquit la seigneurie de Saint-Symphorien le 27 août 1700.
Ep.2. 1700 Michel-Maximilien de Gand, marquis de Hem. Pas d’enfant
La seigneurie de Saint-Symphorien passa alors dans la maison des Bernard.
Famille de Bernard
Charles-Alexandre Bernard, fils de Marguerite Charlotte de Bergh-Saint-Winnoc. Comte de Bailleul, seigneur d’Esquelmes, Bettignies, Saint-Symphorien.
Ep. 1706 Marie-Françoise-Alexie de Lannoy, fille de Charles-François, comte de Lannoy, baron de Wasmes, et de Marie-Catherine-Alexie du Bois, dite de Fiennes, dont il eut Marie Marguerite Caroline Bernard, comtesse de Bailleul, dame d’Erquelinnes, qui épousa Charles-Antoine-Alexandre d’Esclaibes
Ep. 1716 avec Charles-Joseph Schynckele, seigneur de Westbrouck dont elle n’eut pas d’enfant.
Charles-Alexandre Bernard vendit la seigneurie de Saint-Symphorien en 1708 à Jérôme-Aloïs Robert.
Famille Robert
Jérôme Alexis Robert (1666-1758). Seigneur de Choisy, Panchon, Saint-Symphorien (par achat en 1708), Dameries, Dudezelles (achat), Escoiffe. Ecuyer. Conseiller de la Noble et Souveraine Cour à Mons. Conseiller royal ordinaire à l’assemblée des Etats.
Il fit construire un château, dans l’actuel parc du dernier propriétaire Pierre Maigret de Priches, situé rue Félix Maigret de Priches à Saint-Symphorien en Hainaut.
Il épousa en 1701 Marie, Barbe, Florence, Elisabeth de Broide ( ?-1749), dame de Gondecourt, Noyelles, Escobec, Beauffremez. Ils eurent:
Simon-Charles Robert, fondateur de la branche actuelle des comtes de Robertsart
Marie-Philippine (1709- ?), épouse d’Anastase, baron de Leuze, seigneur d’Irchonwelz
Marie-Maximilienne-Henriette ( ?-1789), ép. 1725 Antoine-Joseph de Blois, vicomte d’Arondeau, seigneur de Roucourt, etc.
Léger-Charles-Maximilien Robert, fondateur de la branche des seigneurs de Wadelincourt.
Ep. 1736 Angélique-Françoise Saint-Genois, dont il eut Charles-Pierre-Joseph Robert, infra
Charles Pierre Joseph Robert (1703, Mons – Lille, 1756). Fait baron de Saint-Symphorien et de Gondecourt par lettres du roi de France Louis XV, en Septembre 1747. Seigneur de Dameries. Capitaine au régiment royal de Louis XV. Châtelain des villes et châtellenie d’Ath. Il épousa en 1732 Marie-Louise de Saint-Genois, dont il eut sept enfants, dont :
Jean-François-Joseph Robert (1737, Tournai – Lille, 1798). Baron de Saint-Symphorien. Ancien officier aux gardes Wallonnes en Espagne. Il épousa en 1769, Henriette-Françoise de Buisseret.
La famille Robert continua à résider en son château jusqu’en 1876.
La commune
La commune de Saint-Symphorien reçut une charte-loi en 1412, qui lui permit de nommer des échevins pour l’administration du village.
Période française (1794-1814)
Fin de l’Ancien Régime féodal en 1794
Département: Jemappes
Canton: Mons
Répartition des pouvoirs pendant la période contemporaine (à partir de 1814)
Etat: Belgique
Province: Hainaut
Arrondissement administratif: Mons
Arrondissement judiciaire: Mons
Canton: Mons
Entité communale depuis 1977: Mons
Evènements et faits marquants sur le sol de la commune
La bataille de Monsen août 1914 se déroula en partie sur le territoire. Le cimetière a accueilli de nombreux soldats anglais et allemands morts au combat.
Economie
Elle était essentiellement agricole, spécialisée notamment dans le chicon, qui était exporté jusqu’à Paris.
Anciennes industries :
Moulin à vent
Distillerie
Tuilerie
Fabrique de pipes
Fabrique de cartes à jouer
Blanchisserie de toiles
Au XIXème, il existait des exploitations prospères de craie phosphatée, qui fonctionnèrent jusqu’au milieu du XXème, à l’ouest du village entre le hameau de Cerneau et Havré. Un train industriel reliait ces carrières à la gare d’Obourg.
Le village est aujourd’hui essentiellement résidentiel.
Patrimoine
Eglise St Symphorien
Bâtie au XVIème et reconstruite en 1783. Châsse romane du saint. La tradition dit qu’elle fut offerte au XIIème par l’évêque de Cambrai.
Une procession annuelle (« le Grand Tour ») existe en son honneur chaque jeudi après la Pentecôte. On implorait le saint contre les calamités, fléaux et épidémies, mais aussi contre certaines maladies (maux de tête, handicaps et douleurs des membres).
Chapelle de Sainte-Marguerite de Pottes, 1327
Chapelle annexée à la ferme de l’Ordre de Malte
Voies de communication
Le village s’est développé le long du chemin qui allait de Mons à Binche.
Un tram à vapeur, aménagé à la fin du XIXème siècle, relia d’abord Nimy à Saint-Symphorien, puis fut prolongé de Casteau jusqu’à Bray. Il fut électrifié en 1930. Il céda la place aux autobus dans les années ‘1950.
Situation géographique : sur le versant nord de la vallée de la Haine
Cours d’eau : le ruisseau Aubrecheuil qui le traverse du nord au sud pour aller se jeter dans la Haine à Obourg. Nombreuses sources et rus qui alimentèrent les fontaines de Mons à partir du XIVème siècle via un aqueduc en bois.
Paysage préhistorique (après la dernière période glaciaire) : la forêt de Broqueroie (partie de la Forêt Charbonnière). Elle s’étendait depuis Masnuy jusqu’à Ville-sur-Haine). Elle fut largement défrichée au Moyen-Age. En subsistent quelques portions (bois de Ghlin, bois de Mons, bois de Hasnon, bois de Naast, bois d’Havré). Cette forêt de Broqueroie (4000 ha) fut partagée en 1194 pour moitié pour l’abbaye d’Hasnon, pour un quart au comte Baudouin V et pour un quart à Nicolas de Rumigny, seigneur de Chièvres.
Nature du sol: sablonneux
Nature du sous-sol : crayeux
Préhistoire
Non documentée
Antiquité gallo-romaine
Un habitat semble avoir existé à cette époque sur le site de l’abbaye. On y a découvert des monnaies romaines, des urnes, des fioles de verre, des scories de fer, des tessons de poterie, des fragments de tuiles. Peut-être une petite exploitation agricole (ferme gauloise). Pas de précision.
Premier Moyen-Age (période franque mérovingienne et carolingienne)
Non documenté
Deuxième Moyen-Age – le village
Première mention: 868
Toponymie (anciennes orthographes) :
Sanctum Dionisium (868), Sancti Dionisii in Brokerul
Etymologie (hypothèses d’origine du nom) :
Saint-Denis était ce martyr chrétien du IIIème siècle, d’origine italienne, venu évangéliser la Gaule et particulièrement la région de Lutetia (Paris). Décapité, il prit sa tête dans ses mains et se dirigea jusqu’au village de Catolacus, au nord de Lutetia, où il fut enterré. Un culte fut alors organisé autour de sa tombe et une abbaye y fut fondée au VIIème siècle.
Broqueroie est la bande forestière qui, au nord de la Haine, sépara à une certaine époque les pagi (comtés) de Hainaut et de Brabant.
Epoque de son apparition: XIème siècle
Facteurs ayant favorisé son émergence :
– voies de communication: un peu éloigné du chemin qui reliait Mons et Soignies
– sources d’eau ou cours d’eau: l’Aubrecheuil
– source de bois: le site est né en pleine forêt
– proximité d’un lieu de pouvoir: l’abbaye
Paroisse dédiée à Saint-Denis, autour de l’abbatiale de l’abbaye
Evêché: de Cambrai (jusqu’en 1804), puis de Tournai ensuite
Décanat/doyenné: Mons
Autel (dîmes, entretien de l’église, nomination des officiants) donné à l’abbaye de Saint-Denis
Répartition des pouvoirs pendant la période féodale
Autorité supérieure: comté de Hainaut
Autorité sous-jacente (administrative et judiciaire): prévôté de Mons
L’endroit était connu au IXème siècle, car il est mentionné dans un document de 868-869, reprenant les possessions de l’abbaye de Lobbes. Ces terres appartenaient donc à l’abbaye de Lobbes, probablement don d’un des rois francs des siècles précédents.
Rathier (v890-974), moine de Lobbes et d’Aulne, un érudit, y résida quelques temps, probablement dans un ermitage au milieu du bois. Il fut aussi évêque de Vérone de 931 à 934, puis de 946 à 948 et encore de 962 à 965 (lorsque les rois d’Italie étaient des nobles de Provence). Revenu en pays franc, remarqué par l’archevêque Brunon de Cologne, frère de l’empereur Othon Ier, il fut élu évêque de Liège (953-955). Il n’est pas précisé à quelle époque il séjourna ici. Probablement à la fin de sa vie.
Puis il semble que ces terres revinrent dans les possessions comtales, peut-être sous les premiers comtes Régnier, qui avaient tendance à s’approprier les terres d’abbaye. Des ermites s’étaient établis dans les bois voisins jusqu’au XIème siècle.
L’abbaye bénédictine de Saint-Denis fut fondée par la Comtesse Richilde et son fils Baudouin II vers 1081, près de la plaine de Broqueroie, sur l’emplacement d’une chapelle dédiée à St Denis, érigée en mémoire des soldats tués à la bataille de Mortes-Haiesen 1066.
A cette époque, les comtes de Flandre (et les grandes familles aristocratiques) protégeaient les institutions religieuses et favorisaient leur fondation et leur développement. La fondation se fit avec l’accord de l’évêque Gérard II de Cambrai, qui s’employa aussi à fonder d’autres institutions, dont Anchin. Elle fut occupée par des bénédictins pendant sept siècles. En réalité, il s’agissait d’une abbaye-fille du monastère de Sainte-Marie de la Sauve-Majeure, près de Bordeaux, dont des moines vinrent s’installer ici.
Elle reçut du comte Baudouin en 1084, en fief ample, la seigneurie du village (les terres, les bois, les étangs, les serfs), ainsi que celle du village d’Obourg, avec haute, moyenne et basse justice. L’abbaye reçut aussi l’église Saint-Pierre de Mons en 1084 (en fait les prébendes attribuées aux chanoines de Mons), ce qui fut confirmé en 1124. Baudouin III lui donna aussi le village d’Obrechies en 1117 (près de Maubeuge).
Une foire annuelle fut concédée au village en 1142. En 1301, les habitants de St Denis furent reconnus bourgeois. Ils avaient droit d’usage dans la forêt d’Hasnon. Les maraîchers, vendant leurs produits sur le marché de Mons, étaient exemptés du droit d’entrée des marchandises dans la ville (tonlieu).
Les moines de Saint-Denis obtinrent en 1119 plusieurs autels (paroisses avec dîmes) de la part de l’évêque Burchard de Cambrai : Houdeng, Goegnies, Lembecq ; en 1125 celui de Quenast ; en 1138 de Naast ; également Hoves, Tirlemont, Gottignies . Ils reçoivent aussi les alleux de Péronnes et Trivières. Ces possessions furent confirmées par le pape Calixte II.
Seigneurie
L’abbé de Saint-Denis exerçait les pouvoirs féodaux sur les villages de Saint-Denis et d’Obourg.
Période française (1794-1814)
Fin de l’Ancien Régime féodal en 1794
Département: Jemappes
Canton: Mons
Répartition des pouvoirs pendant la période contemporaine (à partir de 1814)
Etat: Belgique
Province: Hainaut
Arrondissement administratif: Mons
Arrondissement judiciaire: Mons
Canton: Mons
Entité communale depuis 1971: Mons
Evènements et faits marquants sur le sol de la commune
C’est au bord de la forêt que les troupes de la comtesse Richilde de Hainaut et de Flandre combattirent en 1075 celles de son beau-frère, Robert le Frison, qui revendiquait la Flandre.
L’abbaye fut pillée en 1572 par les huguenots qui s’étaient emparé de Mons.
En 1615, suite à une épidémie de peste, l’abbé de Saint-Denis fit venir de Gand les reliques de St Macaire, qu’on implora lors d’une procession jusqu’à Mons, pour faire cesser le fléau.Par la suite, ce culte fut perpétué dans la chapelle Saint-Macaire d’Obourg.
Le 14 août 1678 (soit quatre jours après le traité de Nimègue), eut lieu ici la « bataille de St-Denis », entre les Français du maréchal de Luxembourg et les alliés de Guillaume III, prince d’Orange et roi d’Angleterre. L’affrontement eut lieu sur les territoires de Saint-Denis, Casteau et Thieusies. Guillaume échoua à secourir les Montois assiégés. Suite au Traité, le siège fut cependant levé cinq jours plus tard.
Economie
Depuis le moyen-âge, le village autour de l’abbaye s’adonna à l’agriculture, à l‘exploitation de la forêt et celle du sous-sol.
On y a trouvé de grandes censes (sur Saint-Denis et Obourg) : Hubertfossé, Thieudonsart, Wartons, cour des Dames, Widewance.
On cultiva le tabac au XIXème et début du XXème.
On a extrait du grès dans les carrières.
Une filature de coton a fonctionné sur le site de l’abbaye (infra). Elle employa au XIXème jusqu’à plus de 400 ouvriers.
Voies de communication
Par la route: l’abbaye et le village sont apparus dans le bois, à peu de distance du chemin de Mons à Soignies.
Patrimoine
L’abbaye Saint-Denis-en-Broqueroie
Les bâtiments furent reconstruits à plusieurs reprises, suite à des délabrements et à des incendies. Un premier incendie eut lieu en 1128. En 1227, on ouvre un hôpital pour les déshérités. Construction de nouveaux bâtiments en 1628.Le quartier abbatial fut encore incendié en 1778.
En 1792, après la bataille de Jemappes, elle eut à subir des dommages. Les moines furent chassés. Elle fut supprimée en 1796 par les Révolutionnaires (loi du 1 septembre). L’abbé s’enfuit à Cologne dès le retour de ceux-ci en 1794.
Achetée, comme bien public, par un industriel français, Mr Tiberghien. Il y installa une filature de coton qui fonctionnera de 1803 jusqu’en 1957. Elle fut rachetée par les filatures de l’Avenir de Gand.
Elle fut de nouveau occupée ensuite par des Missionnaires de Scheut et devint un home pour handicapés mentaux (ou maison de retraite ?). En 1978, une Société coopérative la racheta et y aménagea des habitations privées pour ses membres, ceux-ci s’engageant à restaurer l’abbaye et à la financer par des fêtes de type foire artisanale et des manifestations artistiques. Le siège fut classé en 1981.
De la vieille abbaye, il reste la grange aux dîmes (rebâtie en 1683), le pignon de l’ancienne bibliothèque, la façade du dortoir et le portail d’accès du domaine.
Eglise abbatiale St Denis
Elle est de style romano-gothique, car les constructions du XVIIème se sont faites sur des parties conservées de l’édifice du XIème siècle. L’actuel bâtiment fut consacré en 1624 par l’archevêque de Cambrai, François Vander Burch. On y trouve encore la cuve baptismale romane.
Le moulin de Saint-Denis
Au fond du village à quelques centaines de mètres de l’abbaye. Il fut établi au moyen-âge. Les bâtiments actuels sont du XVIIIème siècle. On peut encore voir aujourd’hui le barrage qui date du XVIème, et qui par sa retenue, entretient des viviers en amont. On remplaça la roue à aube au XXème par une turbine qui alimenta le village en électricité. Une brasserie s’y installa. Un chirurgien, passionné de théâtre, l’a racheté à la fin du XXème siècle.