Entité communale d’Hensies
Le territoire
Superficie: ?
Altitude: entre 20 (Haine) et 27 m (calvaire des six chemins)
Situation géographique : le village s’est installé dans la plaine marécageuse de la Haine, sur sa rive gauche.
Cours d’eau : la Haine et des courants ou ruisseaux de draînage: le grand Courant de Templeuve, Courant Franoé, ruisseaux du Roeulx (Foss du Reu), des Digues, des Préelles, du Grand Vivier. Les champs qui les bordent ont souvent les mêmes noms : Préelles, Grands Viviers, Couture des Grands Prés. La carte ci-contre démontre bien la densité de ces courants de draînages.
Paysage préhistorique (après la dernière période glaciaire) : marécageux. Des débordements de la rivière inondaient fréquemment la partie basse du village, créant une zone de marais inhabitables. Dans la partie basse (Le Grand Vivier, Couture des Cocarts), on trouve des prairies humides, des ruisseaux bordés de saules et de peupliers, des marécages et des amas d’eau croupissante.
Nature du sol : limoneux
Nature du sous-sol : sable noir alluvionnaire, tourbe. Au-dessus une marne imperméable et compacte rend les terrains humides, peu compatibles avec des arbres à racines profondes.
Préhistoire
Néolithique (Homo Sapiens) :
On y aurait trouvé, selon Ch. Debove, des haches polies ressemblant à celles retrouvées à Thulin et sur le Mont d’Elouges. L’abbé Moulart évoque la possibilité d’un habitat primitif au sud à la lisière du bois à une époque préhistorique non précisée, sur base de découverte de traces de huttes dans les marécages.
Plus récemment, des découvertes ont été réalisées soit par des habitants soit par des archéologues de la Société Wallonne d’archéologie. Au lieu-dit « La Citadelle », on a trouvé des silex de type Spiennes : fragment de lame biface, pointe de flèche foliacée, burin dièdre (G. Saint-Ghislain, J. Dufrasnes).
Au « Champ Franoé » (nord du village), on évoque la possibilité de gisements préhistoriques (Van Assche M., Dufrasnes J. & Delcourt-Vlaeminck M., 2004. Deux gisements préhistoriques à Montrœul-sur-Haine, Bulletin de la Société tournaisienne de Géologie, Préhistoire et Archéologie, IX, 5, p. 113-130.)
Ages du fer :
On n’y a pas trouvé d’indice, mais il existait un « Vieux chemin des Celtes » à Montroeul, dont l’origine du nom n’est pas précisée.
Antiquité gallo-romaine
Cette période est nettement plus riche en découverte. Des structures compatibles avec une villa romaine et un cimetière gallo-romain ont été trouvées.
Le noyau du village actuel n’est pas éloigné de la chaussée romaine Bavay-Blicquy-Gand (appelée chaussée Brunehaut) qui passe à l’endroit actuel du « Calvaire » à la limite de Quiévrain, Montroeul et Hensies.
La villa de Villers ou le camp de Murwaut
Au lieu-dit « Villers » (croisement de cette chaussée avec le chemin qui allait de Quiévrain à Montroeul), on a retrouvé des vestiges gallo-romains faisant penser qu’une villa romaine s’y trouvait ou du moins un habitat. Certains évoquent plutôt la possibilité d’un camp romain (d’après les mots Ramecamp – Romanorum Campus et Murvaut – Murorum vallis, enceinte du camp – cités dans des actes anciens). Selon l’abbé Moulart, les Gallo-Romains ont défriché les bois qui recouvraient ce territoire pour étendre leurs surfaces cultivables jusqu’au-delà de « Murwaut ». Un habitat serait né aux abords d’un vieux chemin celto-romain et du carrefour des Six Chemins où se trouvait vraisemblablement un relais ou une villa. Ils auraient tracé une route sur le point le plus élevé du territoire au bord de laquelle se serait constitué un petit habitat.
Le trésor du Boquet (Marchelle)
En 1846, un agriculteur découvrit dans son champ du « Boquet » près de la « Marchelle » (la Place actuelle) un coffre contenant des monnaies romaines, soit 3000 médailles en argent. Elles sont datées d’une époque située entre le règne de l’empereur Septime-Sévère (193-211) et celui de l’usurpateur gaulois Postumus (260-269), soit une période déjà assez tardive et relativement brève. A quelques distances ( ?), on retrouva des débris de constructions gallo-romaines (tuiles, fragments de meules de moulin à bras). Ce trésor est particulièrement important. Cela évoque la possibilité qu’un personnage de haut rang (magistrat à Bavay ?) ait voulu cacher sa fortune à l’arrivée des premiers envahisseurs francs vers 270 et qu’il n’y ait pas survécu, lui et les siens.
Cimetière – champ Franoé
En 1847, on découvrit un cimetière gallo-romain à incinération des IIème et IIIème siècle (donc correspondant aux monnaies ci-dessus): 200 sépultures, des amphores à vin et à huile, des urnes cinéraires remplies d’ossements calcinés et de mobilier funéraire typique de la période gallo-romaine (de la vaisselle, des bracelets et des bijoux, ….). Les cimetières romains étaient situés à quelques distances des habitats.
Pas loin, trois tumulus appelés « es-trois-monchiaulx ou trémonchiaux ».
En 1990, lors de travaux agricoles, de nouvelles découvertes entraînèrent des fouilles plus méthodiques de plusieurs sépultures avec du matériel : une monnaie en bronze de Commode (180-187), fragments de coupes en terre sigillée d’Argonne (fin IIème siècle), fragment d’une urne funéraire, quelques tuiles, un fragment de fibule (I-IIème), divers objets métalliques.
En 1991, lors de prospections dans des champs au nord-ouest du « Coron des Marais » (vers Thulin), on retrouva des tessons de céramique (vase en céramique à engobe noir, bords de vase), mais pas de traces de construction. A proximité, fut déterrée une applique en bronze d’époque gallo-romaine
Toujours en 1991, le long du ruisseau « Courant de Templeuve » (à l’est du village, derrière le cimetière actuel), on découvrit des tessons peu nombreux, un fragment de cruche en pâte savonneuse, des bords de mortier, des fragments d’écuelle et de marmite en céramique commune, un tesson de poterie sigillée et de rares tuiles.
Une deuxième habitation au centre du village
En 1997, Gérard Saint-Ghislain trouva sur son terrain de la « Citadelle » des éléments analysés par Jean Dufrasnes : des fragments de tegulae, des tessons de céramique commune et sigillée, des pierres de limonite (minerai de fer), un élément en bronze figurant un dauphin (poignée de coffre ?), un chaton de bague en bronze, un sesterce de Marc-Aurèle (176-180). Un as de Domitien (86-96) situé à 250m au nord sur l’emplacement de l’ancien château médiéval (Matériel exposé à Ath).
En 1998, au lieu-dit « France » : des tessons de céramique.
Emplacement d’une petite construction
En 2005, lors de prospections, Jean Dufrasnes découvrit (Cadastre : M/H Sect.A., zone sud de la parcelle n°265) des vestiges d’une petite construction gallo-romaine : des fragments de tegulae, des tessons de céramique sigillée (fabriquée au Ier et IIème en Gaule centrale (Argonne), ainsi que de la céramique de la région de Bavay. Ce site pourrait avoir été occupé dès le milieu ou le troisième quart du Ier siècle.
Un habitat au Franoé
Entre 1997 et 2013, sur le site au nord-est du « Champ Franoé » (nord du village), Mrs Dufrasnes et Leblois mirent à jour les vestiges d’un probable habitat le long d’un ancien cours de la Haine, datant du IIème et du début IIIème (plusieurs petites constructions), à proximité de la nécropole fouillée au XIXème, des éléments d’une forge, des monnaies (Sesterces, Dupondius du IIème siècle), un manche de clef en alliage cuivreux, des tessons de céramique (dolia, mortiers, cruches, amphores à huile) de la seconde moitié du IIème en pâte de Bavay/Famars, ainsi que des tessons de céramique sigillée du sud et du centre de la Gaule de la fin du Ier et du début du IIème siècle.
Au lieu-dit « La Préelle » (sud du village) des vestiges d’habitat (tegulae, imbrices répartis sur une vaste surface, monnaie d’Hadrien et de Faustine la Jeune, de Constantin II fragments de fibules, fragments de céramique sigillée importée et commune régionale, mortiers, dolia) ont été trouvés, pouvant dater du milieu du Ier siècle au IVème siècle. Ce qui est assez rare dans la région.
De tous ces éléments, on pourrait tirer comme hypothèse que plusieurs sites de l’actuel territoire de Montroeul-sur-Haine, situés entre la chaussée romaine et la Haine navigable, ont comporté trois zones d’habitat datant des quatre premiers siècles de notre ère:
- une aux environs de l’actuel Calvaire (peut-être un petit relais ou un camp militaire sur la chaussée romaine),
- une aux environs de la place actuelle (peut-être une villa qui se fortifia au Bas-Empire ou au Haut Moyen Age, et dans laquelle le château médiéval trouva ses fondations – une nécropole la jouxtait)
- une autre structure habitable au nord à proximité de la Haine (Franoé). Selon Dufrasnes et Leblois, cet emplacement pourrait ne pas être dissocié du vicus voisin de Pommeroeul. Il pourrait correspondre à une zone artisanale. Des scories de fer y ont été découvertes, ce qui laisserait penser qu’une forge y était installée. Un chemin reliait ces différents sites.
- A cet endroit, se situait aussi une nécropole relativement importante. Les cimetières se trouvaient toujours hors des habitats à l’époque romaine. Elle pouvait servir pour les différents sites cités jusqu’ici, mais aussi pour ceux proches d’Hensies et de Pommeroeul.
- Le chemin se prolongeait vers Quiévrain (où une villa ou plusieurs villas existèrent). C’est le long de ce chemin que se serait constitué le village au moyen-âge.
Aucune découverte n’a été faite concernant les siècles suivants, pouvant faire craindre, comme dans toute la région, que ces exploitations ne survécurent pas de manière significative aux invasions barbares du début du IVème siècle et que certaines disparurent même dès la deuxième moitié du IIIème siècle lors des premiers raids francs.
Premier Moyen-Age (période franque mérovingienne et carolingienne)
Monasteriolum fait référence à un petit couvent de femmes. Au nord du village, au lieu-dit « Coron Franoë », dans une zone de bois et de marais, à proximité de la Haine (près du Moulin Degardin), s’est constitué vers 650, un petit monastère.
Il aurait peut-être été fondé par Domitien, un des compagnons-disciples de Saint Landelin, le fondateur du monastère de Crespin, qui se trouve à deux lieues. On sait que l’abbaye de Crespin possédait des terres à Montroeul, dont vraisemblablement celle du monastère local, qui en dépendait. On y suivait la Règle Bénédictine.
A proximité, un petit fief (de prés et d’une ruelle) s’appelait « Templeuve » (vivier du temple), alimenté par le courant de Templeuve qui longe le village à l’est.
Le monastère fut saccagé par les Vikings au IXème siècle. Il fut reconstruit ensuite. Le monastère reçut en 1229 une rente de l’évêque de Cambrai, Guillaume de Hainaut. On ne connait pas la date de sa disparition.
Jusqu’ici, à notre connaissance, il n’a jamais été fait mention d’un habitat structuré d’époque mérovingienne, ni d’une nécropole de cette époque. Il est probable que des habitations (en matière périssable) perdurèrent durant cette période, en rapport avec le monastère. Les villas gallo-romaines n’étaient plus habitées (comme ce fut le cas à Elouges).
Deuxième Moyen-Age – le village
Première mention: 1119
Toponymie (anciennes orthographes) :
- Monteruls (1119), (de mortuorum rivulus = ruisseau des morts)
- Mosterol (1181),
- Montroeul (1199),
- Monasteriolum
Etymologie (hypothèses d’origine du nom) :
Il fait référence à un petit monastère qu’on y trouva, peut-être à l’origine du village.
Epoque de son apparition: entre le Xème et le XIIème siècle
Facteurs ayant favorisé son émergence :
– voies de communication: la chaussée romaine Bavay-Blicquy, le chemin de Saint-Ghislain à Condé (dont il reste un tronçon), il s’en détachait un chemin qui allait à Crespin.
– sources d’eau ou cours d’eau: les ruisseaux évoqués plus haut
– source de bois: des petits bosquets émaillaient le paysage marécageux
– proximité d’un lieu de pouvoir: le château local. Il est difficile de dire s’il précéda ou suivit la constitution du village. Le contexte plaide pour la seconde solution.
Le village s’est sans doute constitué au départ près de l’actuelle église. Des fermes isolées furent probablement à l’origine des nombreux lieux-dits actuels (Franoé, Noyelle, Marchelle, Thirissart, …). Ce n’est qu’au XIXème et surtout au XXème siècle que l’habitat s’est densifié le long de ce village-rue.
Paroisse dédiée à Saint-Lambert, évêque de Maastricht
Evêché: de Cambrai (jusqu’en 1804), puis de Tournai ensuite
Décanat/doyenné: Hornu, puis Bavay, puis Boussu
Autel (dîmes, entretien de l’église, nomination des officiants) donné au chapitre épiscopal de Cambrai. Ce qui fut confirmé par une bulle du pape Lucius en 1181. La dîme a cependant été partagée avec les abbayes de Saint-Ghislain et de Crespin.
Répartition des pouvoirs pendant la période féodale
Autorité supérieure: comté de Hainaut
Autorité sous-jacente (administrative et judiciaire): prévôté de Mons.
Seigneuries et fiefs
On sait qu’à Montroeul-sur-Haine, l’abbaye de Crespin détenait des terres aux environs du monastère au nord du village.
La plus grande partie du territoire dépendit d’une seigneurie principale. Son maître était vassal du comte de Hainaut. Jusqu’au XVème siècle, il exerçait la basse justice (et peut-être la moyenne). Les crimes graves de haute justice dépendaient d’une juridiction comtale (la Prévôté de Mons). A partir du XVème siècle, les seigneurs de Ligne, devenus plus puissants aux côtés des souverains des Pays-Bas, purent également exercer la haute justice.
Comme tout seigneur féodal, le maître des lieux pouvait exiger de la part de tous ceux qui habitaient sur ses terres (serfs, paysans libres) des corvées, un impôt (la taille, le droit de mortemain) et des redevances diverses sur les productions agricoles ou artisanales (gambage, terrage), sur leur transport (droits de tonlieu et de pontonnage sur la Haine), sur leur commerce et sur diverses activités (tenderie, chasse, pâturages, pêche).
Au Moyen Age, les habitants avaient droit de pâture pour leur bétail sur les terres marécageuses qui s’étendaient entre Elouges, Montroeul et Thulin. Ce territoire était indivis. Il fallait juste payer une redevance à un percepteur au service des seigneurs.
Une troisième seigneurie exista, celle de Thirissart. On ne sait pas à partir de quand. Une charte lui fut accordée en 1461. Elle comportait un château (peut-être une simple ferme fortifiée), que l’on situe à 200 mètres de la place communale au sud. La seigneurie devint feudataire de la maison de Ligne (c’est-à-dire vassale de la seigneurie principale de Montroeul-sur-Haine) et son château servit de résidence au bailli du lieu. Elle appartenait juste avant la Révolution française au Comte de Clerfayt « de Croix ». Il est donc possible que le lieu-dit « La Croix » fut le domaine de cette famille. Ce Clerfayt fut un général renommé dans les armées autrichiennes qui s’opposèrent sur notre territoire aux visées expansionnistes de la France Révolutionnaire entre 1792 et 1794. Il possédait également les seigneuries de Hainin, d’Onnezies et d’Autreppe.
Liste des seigneurs de la seigneurie principale
Ils appartinrent essentiellement à deux familles. Une première famille, dite de Monstruel, qui, d’après les documents connus, n’a occupé la seigneurie que deux ou trois générations, tout au plus. Ils sont même cités comme “maires” plutôt que comme “seigneurs”. Une héritière épousa le seigneur de Ligne, alors « petite » famille qui ne possédait que les villages de Ligne et de Maulde.
Cette famille, par des mariages fructueux, devint une des plus importantes du Hainaut. A partir du XVème siècle, les Ligne occupèrent des postes importants auprès des ducs de Bourgogne, des souverains des Pays-Bas, d’Espagne et d’Autriche. Plusieurs de ses membres furent faits chevaliers de la Toison d’Or.
Maison de Montroeul (« Monstruel »)
Les premiers seigneurs, comme c’était souvent le cas à l’époque, prirent le nom du lieu. Nous n’avons que peu de détails à leur propos. On connait :
Jehan de Monstruel, cité comme témoin dans une charte de 1082 de l’évêque Gérard de Cambrai à propos d’un oratoire à Pommeroeul.
Arnulf et son frère Herman figurent sur une charte du même évêque en 1090.
Nous n’avons pas retrouvé ces personnages dans les généalogies existantes. A cette époque, le comté était dirigé par Baudouin II de Hainaut, qui, avec sa mère Richilde, s’employait à organiser l’administration qui reposait sur les pairies et les baronnies.
Par la suite, c’est la famille de Ligne qui prit les rênes de la seigneurie principale de Montroeul-sur-Haine. Parfois, celle-ci passa dans les mains d’une famille parente, mais elle revint toujours dans cette célèbre famille qui, plus tard, dominera une bonne partie de la région, surtout au nord de la Haine, mais aussi au sud (Thulin et Frameries).
Vers 1090, une dame de Montroeul, Adeline « de Monstreuil » épousa Herbrand de Ligne (v1070-1129). C’est peut-être la fille d’un des trois personnages cités plus haut. Il est le premier baron reconnu de Ligne. Les textes anciens le citent comme échevin-maire de Montroeul.
Suivirent :
- Thierry 1er de Ligne (avant 1105- 1176), fils du précédent, lui aussi cité comme « échevin-maire ».
- Thierry II de Ligne (v.1134-1190), fils du précédent
- Wauthier/Gauthier 1er dit “le Gâté” (avt 1150-1229), fils du précédent
- Fastré de Ligne ( ?-1227), fils cadet du précédent, qui hérita de Montroeul. Pas de mariage ni d’enfant connu, le domaine pourrait alors être transmis à son frère aîné décédé après lui.
- Wauthier II/Gauthier de Ligne (1183-1245), frère aîné du précédent
- Wauthier III de Ligne (1225-1290), fils du précédent
- Jean 1er de Ligne (1250-1300/1306), fils du précédent
- Fastré III de Ligne (1280-1337), fils du précédent. Personnage important, car il épousa Jeanne de Condé (1290-1325), héritière de Condé, Beloeil, Morialmé et de leurs dépendances. Ils eurent de nombreux enfants, ce qui donna lieu, lors des héritages, à quelques répartitions. En ce qui concerne Montroeul, c’est l’aînée, Alix de Ligne ( ?- ?) qui en hérita. Elle avait épousé Gille « Rigaut » du Roeulx, chevalier au service du comte Jean d’Avesnes. Ils eurent un fils, Fastré du Roeulx, qui hérita du domaine, mais comme il n’eut pas d’enfant, à sa mort, Montroeul revint à la branche aînée de Ligne. Nous n’avons pas de date à ce sujet, mais il semble que ce soit Guillaume de Ligne (1320-1387) qui l’obtint. Il était le frère d’Alix.
- Son fils Jean II de Ligne (1361-1442) lui succéda. Ce dernier avait aussi hérité de Ligne, de Beloeil et de leurs dépendances. C’est l’époque où la famille de Ligne s’installa définitivement à Beloeil. C’est à partir de lui que les seigneurs de Ligne vont obtenir des fonctions prestigieuses auprès des souverains du duché de Bourgogne, et par la suite de l’archiduché des Pays-Bas, du royaume d’Espagne et de l’empereur de Germanie.
- Michel III de Ligne (1390-1468), fils de Jean II.
- Il est possible qu’ici se situe un Jean III.
- Jean IV de Ligne (1457-1491), fils du précédent
- Antoine « le Grand Diable » de Ligne (1474-1532), fils du précédent. Il acheta Thulin et la terre d’Amblise (près de Crespin) à Gobert XII d’Aspremont en 1513.
- Jacques de Ligne (1503-1552), fils du précédent. Baron de Ligne, puis comte de Ligne
- Georges de Ligne ( ?-1579), fils du précédent et dont la descendance prendra le nom de (Ligne)-Arenberg.
- Philippe de Ligne (1533-1583), fils de Jacques, frère de Georges
- Lamoral Ier de Ligne (1563, Beloeil-1624, Bruxelles), fils du précédent. Ligne et Amblise furent érigées en principauté en 1602 (1er prince) par l’empereur Rodolphe II. Par mariage, il devint baron de Werchin, seigneurie près de Valenciennes, dont le propriétaire a la charge héréditaire de sénéchal du Hainaut.
- Florent de Ligne (1588-1622), fils du précédent
- Albert-Henri de Ligne (1615-1641), fils aîné de Florent de Ligne – sans postérité
- Claude-Lamoral I de Ligne (1618, Beloeil-1679, Madrid), frère du précédent
- Henri-Louis-Ernest de Ligne (1644-1702), fils du précédent
- Antoine Jospeh Ghislain (1682-1750), fils du précédent – sans postérité
- Claude Lamoral II (1685-1766), frère du précédent. La plus grande œuvre du prince Claude-Lamoral II est le domaine et le château de Beloeil.
- Charles-Joseph Lamoral de Ligne (1735, Bruxelles – 1814, Vienne), fils de Claude-Lamoral II. Il fut le dernier seigneur féodal de la Maison de Ligne.
La commune de Montroeul-sur-Haine
C’est tardivement que le village obtint sa charte-loi, en 1418.
Un document de 1669 précise qu’à Montroeul-sur-Haine, vivaient 400 habitants, distribués en 12 ou 13 familles.
Période française (1794-1814)
Fin de l’Ancien Régime féodal en 1794
- Département: Jemappes
- Canton: Thulin, puis Boussu
Répartition des pouvoirs pendant la période contemporaine (à partir de 1814)
- Etat: Royaume des Pays-Bas (1814-1830), puis Royaume de Belgique
- Province: Hainaut
- Arrondissement administratif: Mons
- Arrondissement judiciaire: Mons
- Canton: Boussu
- Entité communale depuis 1977: Hensies
Evènements et faits marquants sur le sol de la commune
Montroeul-sur-Haine était à l’écart des grands axes routiers au moyen-âge et pendant la période moderne. Les villageois n’eurent pas trop à souffrir des passages saccageurs des troupes armées. Sauf lorsqu’elles s’installaient dans la région en vue de la prise d’une ville. Ce fut le cas lorsque Louis XIV trouva des prétextes pour envahir nos régions. En 1690, lors d’une invasion des Pays-Bas Espagnols, une troupe de 6000 hommes campa en décembre à Montroeul, dévastant les vergers et les arbres. Des troupes établies à Quiévrechain vinrent enlever du bétail et se ravitailler en fourrage. Des rentes très lourdes étaient exigées soit par Mons, soit par Bruxelles, soit par Maubeuge notamment pour des travaux de barrage sur l’Hogneau. Le non-paiement exposait à des prises d’otages ou des emprisonnements (ce qui fut le cas du mayeur Charles Ledure).
En 1692, un pillage fut effectué par une cavalerie située à Crespin, composée de mercenaires allemands et anglais qui assiégeaient Mons. Les habitants n’ayant plus rien durent vivre quelques mois dans les villages voisins.
Le 28 octobre 1792, les villageois virent passer les troupes françaises du général Dumouriez. Elles ne s’attardèrent pas dans ces zones marécageuses, préférant prendre plus au sud sur le versant de la vallée. Il y eut quand même quelques échauffourées dans les champs bordant le hameau de Sairue de Thulin. Repoussées au-delà de la frontière, elles revinrent quelques jours plus tard, le 4 novembre, ne faisant que passer sans résistance, celle-ci étant concentrée du côté de Hainin et de Boussu-Bois.
Lors de la Révolution, le curé Anseau refusa de prêter serment de fidélité à la République et dut s’enfuir. Il se réfugia à St Saulve. Le vicaire Lecouvez continua son œuvre dans la clandestinité.
Pour ce qui est de la première guerre mondiale, on ne décrit pas de combat à Montroeul, mais il est probable que les Allemands, ayant traversé la Haine à Pommeroeul et qui déferlèrent le 24 août 1914 en trouvant de la résistance de la part des soldats Anglais à Thulin, passèrent sans doute aussi par le village pour rejoindre Quiévrain. Montroeul, comme les villages adjacents, fut délivrée par les Canadiens entre le 6 et le 8 novembre 1918.
En 1940, rien de particulier n’est décrit sur l’arrivée des Allemands le 20 mai. Ni sur la libération par les Américains le 4 septembre 1944.
Voies de communication et évolution du village
La première voie importante connue est la chaussée romaine Bavay-Blicquy qui passait au calvaire. Les quelques établissements gallo-romains établis sur le territoire du village lui étaient reliés par des petits chemins. Il est possible qu’à partir de la fin du IIIème siècle, il n’y ait plus eu âme qui vive à Montroeul et que tout soit retourné à la nature.
Le monastère du Franoé, établi au VIIème siècle, était relié sans doute par un sentier à la chaussée et au-delà à Crespin. La fondation des trois abbayes (Condé, Crespin et Saint-Ghislain) a favorisé l’aménagement d’un chemin qui les reliait. Venant de Saint-Ghislain, par Boussu, Hainin et Thulin, il se divisait à Montroeul-sur-Haine, une branche vers Condé (actuelle rue de Condé) et une branche vers Crespin (par le Moulin).
Dans les siècles suivants, le village s’est créé sur le modèle du « village-rue » du nord vers le sud, récupérant peut-être en partie l’ancien chemin qui reliait les établissements gallo-romains.
Depuis le début des années ‘1970 une route, l’Avenue des Droits de l’Homme, la traverse presque en son milieu, reliant Thulin à Hensies.
Economie
On se consacra essentiellement à l’agriculture (sur les terres non marécageuses et humides, au sud-est du village) et à l’élevage (sur les prairies humides du nord-ouest : les marécages et les zones fréquemment inondées par les débordements de la Haine et des ruisseaux affluents).
Quelques petites industries annexes traitaient les produits agricoles :
- des brasseries
- un moulin à eau – s’agissait-il du moulin banal ? situation ? moulin Degardin sur la Haine ?
- le moulin Patte, au sud-ouest du village
- un pressoir d’extraction d’huile de lin
- une touraille fabricant de la chicorée
Les habitants se sont consacrés durant des siècles à ces travaux agricoles. A partir du XIXème, certains sont allés travailler dans les houillères des villages voisins ainsi que dans les usines métalliques de l’autre côté de la frontière.
Aujourd’hui, le village est essentiellement résidentiel.
Patrimoine
L’ancien château
La résidence du châtelain se trouvait à une cinquantaine de mètres de l’actuelle église, sur deux éminences. On ne sait quand il fût bâti. Probablement au XIème siècle sous une forme de motte castrale (château en bois sur une éminence entourée d’une palissade et de fossés). A moins que ce ne fusse une ferme fortifiée.
Plus tard, ce château, rebâti en pierre, aurait été de taille considérable, de forme quadrangulaire, flanqué de quatre tours aux angles. Autour, une double enceinte environnée d’eau. Le petit étang existant encore de nos jours pourrait en être un vestige. Le prince de Ligne habitait Beloeil, mais passait un mois chaque année à Montroeul pour y rendre la haute justice.
Le château seigneurial fut détruit par Louis XI en 1464 lors de ses guerres contre les Bourgogne. On y laissa des ruines jusqu’au XVIIIème. Une maison en briques avec pignon en redents devant l’église aurait été reconstruite à cet endroit.
L’église Saint-Lambert
Il est possible que la première église paroissiale fût la chapelle du monastère pour un très petit noyau d’habitants près de celui-ci. Quelques serfs. Lorsqu’un seigneur se fit construire le château, la chapelle castrale servit d’église paroissiale. Elle se trouvait sans doute près de l’emplacement de l’église actuelle.
Avec les siècles, l’église paroissiale fut plusieurs fois reconstruite. Lors de la Révolution, on enleva les deux cloches qui dataient de 1687. On y inhumait les curés dans le chœur. Quant aux seigneurs de Ligne, ils étaient enterrés dans leur village d’origine (près de Leuze).
L’église actuelle fut construite par Louis-Stanislas Poisson (brasseur à Montroeul) et Alexandre Fally (maître maçon à Quiévrain) entre 1840 et 1846, année de sa consécration. Elle est de style néoclassique, constituée majoritairement de briques et de pierres pour la partie décorative. Elle comporte :
- un portique à pilastre et un fronton à l’antique.
- Une tour au-dessus du porche
- trois nefs de cinq travées
- couverte d’une voûte en plein cintre, séparée par des arcs doubleaux et des colonnes d’ordre toscan.
- Un chœur à abside
- Des autels du XVIIIème de style Louis XVI
- Un banc de communion de 1719, baroque
- Une chaire de Vérité, XVIIIème
- Un confessionnal XVIIIème
- Une cuve en pierre calcaire des fonts baptismaux, 1601
- Un jubé, 1867
- diverses dalles funéraires fin XVIIème, XVIIIème
- des peintures du XVIIème au XIXème
- une statue St-Eloi, bois polychrome, fin XVème-début XVIème
- une statue St-Lambert, bois polychrome, XVIIIème
- des stalles XIXème
Saint-Lambert est invoqué pour la guérison ou la préservation des douleurs rhumatismales, des accès de fièvre et de goutte. Il est fêté le 17 septembre. Anciennement c’était un lieu de pèlerinage.
En face de l’église : un monument aux morts de 1914-1918 de style Art Déco.
Le presbytère est du XVIIIème.
Le Calvaire du quartier de « la Croix ». Au croisement de la rue venant de l’église et de celles qui vont vers Quiévrain, (anciennement vers Crespin) et vers Thulin (et anciennement vers Saint-Ghislain – il rejoignait sans doute le chemin qui allait de Condé à Saint-Ghislain). Déjà cité dans des actes du XIVème et du XVème. La tradition dit qu’une église ou plutôt une chapelle, dédiée à Notre-Dame de Liesse (Liessies ?), a existé à cet endroit. Des actes et des annales citent ce nom. Mais aucune date n’est citée. Un bâtiment à proximité porte la date « 1636 ».Actuellement on y voit un calvaire et une chapelle, datant de 1921.
L’appellation de la « Croix » peut provenir du fait qu’il s’agit de croisement de chemins, ou bien du calvaire lui-même, ou même encore du dernier seigneur du fief de Thirissart, le comte Clerfayt de la Croix.
La chapelle de Sainte Barbe. Au hameau de la Noyelle, première moitié du XIXème. L’actuelle date de 1825. Elle remplaça d’autre(s) construite(s) auparavant.
La chapelle de Saint Roch. Au hameau de la Marchelle (en face de la place communale), XVIIème. Erigée en 1820 à la place d’une autre qui datait de plusieurs centaines d’années.
Chapelle Notre-Dame-de-Lourdes, rue de Thulin, XIXème
L’habitat
Il persiste aujourd’hui quelques petites maisons basses et des fermes du XVIIIème et du XIXème.
Certaines fermes sont en quadrilatère :
- Ferme-brasserie (33, rue du Fayt) avec sa tour-porche – 1814. C’est elle qui possédait autrefois un moulin à huile. Elle cessa ses activités brassicoles lors de la deuxième guerre mondiale.
- Ferme Quintart (3, rue du Fayt), 1824
- La place, arborée, est bordée de quelques habitations des XVIII-XIXème, ainsi que de l’ancienne maison communale, bâtie dans la première moitié du XIXème.
- Dès la deuxième partie du XIXème, le village s’est étendu par des maisons mitoyennes à étages, puis dans la seconde partie du XXème sont venues s’ajouter des villas. Un quartier résidentiel, la cité des Prés (à proximité du champ des Préelles), a été construit.
Bibliographie
Esquisse historique et géographique, T1 & T2, Abbé Cl. Moulart, Impr. G. Warny, Leuze
Montroeul-sur-Haine : traces d’une nécropole gallo-romaine fouillée au XIXème siècle, Dufrasnes et Leblois, Annales du Cercle d’histoire et d’archéologie de Saint-Ghislain, t.XI, 2008