Situation géographique : Le territoire de Tertre, anciennement hameau de Baudour, est situé sur la rive droite de la vallée de la Haine.
Cours d’eau : la Haine, les ruisseaux du Pied de la Vache et de la Gronde
Paysage préhistorique (après la dernière période glaciaire) : la plaine était jadis un grand marécage, inondé régulièrement par la rivière. Le hameau s’est installé sur une douce pente vers le nord qui faisait partie de la forêt allant de Bonsecours à Saint-Denis-en-Broqueroye.
Nature du sol : alluvionnaire, sablonneux
Nature du sous-sol : grès, schistes, houille
Préhistoire – Antiquité gallo-romaine
Non documentées.
Premier Moyen-Age (période franque mérovingienne et carolingienne)
On aurait trouvé, lors de la construction d’un four à coke, une sépulture de soldat franc.
Deuxième Moyen-Age – le village
Première mention: ?
Toponymie (anciennes orthographes) : –
Etymologie (hypothèses d’origine du nom) :
Le nom du village viendrait soit de la situation plus élevée du noyau original, soit d’un tertre sur lequel se trouvait avec certitude un moulin (« Au Tiette »).
Epoque de son apparition: ?
Facteurs ayant favorisé son émergence :
– voies de communication: les chemins qui passaient à Baudour.
– sources d’eau ou cours d’eau: la Haine
– source de bois: le versant boisé
– proximité d’un lieu de pouvoir: le château de Baudour
Paroisse dédiée à Saint-Christophe, constituée en 1782. Auparavant, les habitants du hameau étaient paroissiens de Baudour. Mais il existait une chapelle dédiée à Saint-Christophe, avant la construction de l’église.
Evêché: de Cambrai (jusqu’en 1804), puis de Tournai ensuite
Décanat/doyenné: Mons
Répartition des pouvoirs pendant la période féodale
Autorité supérieure: comté de Hainaut
Autorité sous-jacente (administrative et judiciaire):
Seigneuries et fiefs
On cite des seigneurs de Tertre, sans doute vassaux de ceux de Baudour, à moins que ce ne furent que des maïeurs :
les Le Louchier
les Charlart
les de la Houssière
les Masy (à partir du mariage de Marie de la Houssière et de Pierre Masy; un de leurs fils, Jean-Baptiste Masy, devint bailli des terres et seigneuries du Prince de Ligne en 1690).
La commune
Elle fut créée en 1883. Sur décision du roi Léopold II, Tertre fut détaché de Baudour et devint commune autonome. Le premier bourgmestre en fut Louis Escoyez, industriel en réfractaires.
Les services communaux furent installés dans l’actuelle école des filles de la rue Wauters. Elle sera ensuite, en 1924, transférée dans celle des garçons de la rue de Douvrain (actuelle rue du Peuple), avant de s’installer définitivement dans des locaux propres en 1958.
Avant la fusion de 1977, la commune de Tertre comprenait aussi une partie d’Hautrage-Etat.
Période française (1794-1814)
Fin de l’Ancien Régime féodal en 1794
Département: Jemappes
Canton: ?
Répartition des pouvoirs pendant la période contemporaine (à partir de 1814)
Etat: Royaume des Pays-Bas (1814-1830), puis Royaume de Belgique
Province: Hainaut
Arrondissement administratif: Mons
Arrondissement judiciaire: Mons
Canton: Lens
Entité communale depuis 1977: Saint-Ghislain
Evènements et faits marquants sur le sol de la commune
Lors d’une de ses guerres en 1655, Louis XIV passa et logea dans une ferme de Tertre.
Le 23 août 1914, Tertre se trouvait sur la ligne de front dans la bataille de Mons. Le village fut pris par l’armée allemande ce jour-là.
Le 1 mai 1944, des bombardements alliés atteignirent l’orphelinat des Oblates qui firent 45 morts parmi les enfants et deux parmi les religieuses.
Economie
Les habitants du hameau initial de Tertre devaient s’adonner à l’agriculture et l’élevage, autour de quelques fermes d’importance variable.
Tertre prit de l’ampleur (ce qui explique son autonomie communale et paroissiale) avec la révolution industrielle au XIXème siècle et sa continuation au XXème.
Les fabrications de produits réfractaires
Les « Etablissements Escoyez » furent fondés en 1842 par Louis Escoyez, près de la gare. Ce dernier fut le premier bourgmestre, de 1883 à 1893. On ferma après la deuxième guerre mondiale.
La « Société des produits Réfractaires de Saint-Ghislain » fut fondée en 1834 pour fournir des briques aux fours de l’industrie verrière et sidérurgique. En 1955, elle prit le nom de « Belref ». Elle fut rachetée en 1987 par Hepworth Refractories (UK). Puis en 1992 « Premier Refractories Belgium », avec des capitaux américains. Reprise en 1998 par le groupe anglais Vesuvius Cookson. Nombreux licenciements. En 2004, rachetée par Preiss-Daimler. Menace de fermeture en 2017.
Les « Etablissements Lescot-Ducobu » furent fondés en 1922. Ils se sont reconvertis dans les années ‘60 dans la production de carrelages en grès rustique.
Exploitation de la houille
Les sondages commencèrent en 1927 et l’exploitation fut mise en route en 1937. Il s’agit d’une concession de près de 5000ha sous les villages de Tertre, Baudour, Hautrage, Villerot, Boussu, Quaregnon et Jemappes, exploitée par la “SA des Charbonnages du Hainaut de Tertre” (Concession Espérance-Hautrage). On y extrait de la houille grasse pour fours industriels. Les installations y étaient performantes. Dans les puis N°2 et n°3 (“Espérance”), on exploita de 1913 à 1966. Un accident (chute d’une cage) provoqua la mort de 12 mineurs en 1953. La société ferma en 1971.
Industrie chimique
La « SA Carbochimique » fut créée en 1928 par la Société Générale de Belgique. Elle devint opérationnelle en 1931. Il s’agissait de valoriser le charbon borain en vue de la fabrication de coke et pour la production d’engrais ammoniaqués à partir du gaz de cokerie (plus récemment à partir de gaz naturel importé). Elle racheta en 1955 la Société des Colorants de Tertre. Elle fut elle-même rachetée en 1986 par « Kemira ». En 2007, le site devint « Yara », acheté par le groupe norvégien Yara.
La « SA Carbonisation Centrale » fut fondée aussi en 1928. Il s’agissait de fours à coke. C’était la plus grande cokerie de Belgique. Pour l’utilisation du charbon borain, en vue de la production de gaz de cokerie, de produits benzolés, des colorants, des ammoniacs. L’usine fut occupée par les Allemands pendant la deuxième guerre. Elle fut rachetée en 1970 par Hainaut-Sambre, puis cédée à « Carcoke » en 1975. Elle finit ses activités en 1997. Elle a fait l’objet d’une décontamination des terrains par la Spaque.
L’Ecozoning Hautrage-Villerot-Tertre est composé en 2017 de :
ADVACHEM SA – chimie (formaldéhyde et résines pour l’industrie des panneaux en bois)
CARBODOUR SA – production et distribution de dioxyde de carbone
ERACHEM COMILOG SA – production et recyclage d’oxydes de manganèse et de cuivre
POLYOL BELGIUM SPRL – production de polyéther polymère
SHANKS HAINAUT et SHANKS SA Division Villerot – collecte et regroupement de déchets toxiques et non toxiques
WOS HAUTRAGE – traitement, collecte, recyclage de déchets hydrocarbonés, production de produits pétroliers
On y trouve aussi d’autres entreprises (travaux publics, stockage de marchandises, commerce de combustibles
Voies de communication
On ouvrit une ligne de chemin de fer de Saint-Ghislain vers Ath en 1879. On aménagea une gare à Tertre et des raccordements vers le charbonnage et la Société Carbochimique.
Le canal Nimy-Blaton-Péronnes fut creusé dans les années ‘1950.
Patrimoine
Eglise Saint-Christophe. Elle fut édifiée en 1852, en style néogothique. Elle remplaça une chapelle du même nom.
Maison communale (ancienne). Dans le château Escoyez, ayant appartenu à la famille du premier bourgmestre, et construit en 1904.
Situation géographique : Saint-Ghislain est apparu dans la plaine de la vallée de la Haine, au bord de la rivière. C’est un des seuls exemples d’une telle proximité.
Cours d’eau : la Haine
Paysage préhistorique (après la dernière période glaciaire) : Il faut s’imaginer une vallée relativement large, au cours lent (vu sa faible déclivité) depuis que la rivière a contourné Mons jusqu’à son embouchure dans l’Escaut à Condé. Le débit est variable selon les saisons et les inondations sont nombreuses. L’eau se faufile entre des petits îlots. Ceux-ci étaient peut-être plus nombreux du côté de saint-Ghislain, car c’était considéré comme un lieu de passage à gué. Il y avait çà et là quelques bosquets de peupliers et de nombreux saules.
Nature du sol : alluvionnaire, argile
Nature du sous-sol : grès, schistes
Préhistoire – Antiquité gallo-romaine
Il semble qu’on n’ait pas trouvé à ce jour de témoignages de passage ou d’habitat avant le Moyen-Age. Sans doute le caractère marécageux y est-il pour quelque chose. Il fallut le courage des moines au Moyen-Age pour aménager l’endroit en un site habitable.
Aucune chaussée romaine ne passait à Saint-Ghislain. A la fin de l’empire romain et durant toute la période franque mérovingienne, la Haine faisait frontière entre les petits comtés (pagus) de Hainaut et de Brabant (Burbant). Au-delà des marécages, les versants de la vallée étaient parsemés de fermes éparpillées.
Premier Moyen-Age (période franque mérovingienne et carolingienne)
Raconter Saint-Ghislain pourrait se résumer en l’histoire de son abbaye qui prit fin avec la Révolution française et qui fut suivie de deux siècles où le bourg se consacra essentiellement au commerce, à l’industrie et à l’enseignement.
Quant à l’histoire de son abbaye, elle réunit à la fois des éléments légendaires et des éléments historiques réels reflétant l’Histoire de la région au cours des siècles. Cette abbaye ne fut jamais reconnue comme un centre intellectuel rayonnant. Par contre elle joua un rôle politique et économique important dans le comté de Hainaut.
Fondation de l’abbaye d’Ursidongus
Selon la tradition hagiographique
Saint Ghislain, dit la tradition, aurait été fondée par un athénien nommé Ghislain en 648.
Hormis la tradition, rien ne vient confirmer ces faits dans des documents d’époque (qui étaient, il est vrai, rarissimes). L’abbaye, telle qu’elle rayonna économiquement pendant le Moyen Age, semble n’avoir été fondée qu’au Xème siècle.
Ce qui s’est passé auparavant n’est connu que par des récits hagiographiques écrits au Xème et XIème siècle. Comme toujours, ces récits ont pour but de magnifier un ou des personnages, ainsi que leurs faits, rapportés comme miraculeux. Le but étant alors d’entretenir un culte et des pèlerinages autour des reliques de saints, cultes qui sont sources de gros bénéfices pour l’abbaye.
Ces récits hagiographiques sont, pour les plus connus, une Vita Gisleni (Xème siècle, par des moines bollandistes), une biographie écrite en 1015 par un moine inconnu, et une Vita Tertia d’un certain Rainerus, moine de l’abbaye même, écrite en 1038.
Au XIVème siècle, ces récits ont été repris par le chroniqueur Jacques de Guise qui y ajouta quelques éléments, sans doute repris dans des documents aujourd’hui disparus.
Le fondateur de l’abbaye serait donc un certain Ghislain, issu d’une famille noble athénienne, mais au nom plus germanique que grec. Il serait né vers 600. Après avoir fait des études de philosophie, il entra au monastère de St Basile. Une fois prêtre, il vint en pèlerinage à Rome. C’est là qu’il aurait reçu l’ordre divin d’aller en Gaule, en pays de Haine, dans le lieu appelé Ursidongus, pour y fonder une église dédiée aux deux apôtres Pierre et Paul.
Arrivé en Gaule septentrionale, il y rencontra Saint Amand qui venait de fonder un monastère. Circulant dans la région, il crut voir en “Castrilocus Mons” (colline de Mons fortifiée à l’époque mérovingienne) l’endroit indiqué. Il commença, avec ses deux compagnons, à défricher les lieux pour y installer sa cellule (« cella »). A cette époque, le roi Dagobert chassait l’ours en bord de Haine. Une ourse vint se réfugier sous le manteau de Ghislain, suspendu à un arbre. Les chiens refusèrent de s’attaquer à leur proie, ce qui mit en colère le roi. Mais les paroles sereines du Saint remuèrent l’âme du bon roi qui se mit à genoux.
Par la suite, l’ourse s’en sauva avec les objets sacrés des moines. Un aigle apparut dans le ciel qui guida les moines vers l’ourse, réfugiée sur le lieu-dit « Ursidongus », une petite éminence dans des marais du bord de Haine. Ghislain lui enjoignit d’emmener ses petits dans la forêt lointaine (le bois de St Ghislain où allait naître Dour et Boussu-Bois) et de ne plus faire de mal aux hommes. Ce fut la fin des ravages des ours dans le pays.
Les moines, ayant retrouvé leurs objets sacrés, décidèrent d’installer leur cellule et leur oratoire dans ce lieu qu’on appela plus tard (au XIIème siècle seulement) Saint-Ghislain en hommage au fondateur. Ils avaient tant impressionné les habitants de la région que ceux-ci se laissèrent facilement christianiser.
« Ursidongus », selon une explication germanique latinisée, signifierait « petite émergence dans un marais ». Mais les moines préférèrent le “tombeau de l’ourse”, d’où la persistance de cet animal sur les armoiries et sur les sceaux de l’abbaye.
Ghislain y bâtit donc sa cellule (“cella”), qui donna l’appellation « Celle Gisleni » au monastère dans ses premiers siècles d’existence. Les travaux avancèrent. Ghislain alla demander à son supérieur, l’évêque Aubert de Cambrai, l’autorisation de fonder un monastère. Ce lui fut accordé. Pour rappel, c’est dans ces mêmes années que de nombreux monastères furent fondés. Parmi eux : Crespin, Condé, Mons, Maubeuge, Hautmont, Soignies, Saint-Amand, …
Sur le chemin du retour, passant par Roisin, Ghislain y fit un miracle (voir histoire de Roisin) chez le seigneur du lieu. Ce dernier, en récompense, lui offrit des terres de son domaine de Rachem (Roisin).
L’église d’Ursidungus fut dédiée à Saint Pierre et Paul. Ghislain obtint aussi de Dagobert un vaste territoire pour son abbaye, s’étendant dans une grande partie de l’actuel Borinage (Wasmes, Wasmuel, Warquignies, Hornu, une partie de Boussu et probablement une partie de Dour).
La fondation de l’abbaye semble donc dater des années 625-649, si l’on en croit ce qui a été écrit trois siècles plus tard. On dit aussi que c’est Ghislain qui poussa Waudru à se retirer à Castrilocus Mons pour y fonder une abbaye. Le saint homme était si convaincant qu’il amena Vincent, le mari de Waudru, à faire de même à Hautmont, puis à Soignies. Il conseilla aussi la soeur de Waudru, Aldegonde, qui fonda le monastère de Maubeuge.
On dit aussi que Waudru et Ghislain se rencontraient fréquemment et voyageaient ensemble. La sainte montoise, qui avait acheté le domaine de Frameries, en donna une grande partie à Ghislain. A la fin de leur vie, ils firent bâtir un oratoire à mi-chemin entre Mons et St Ghislain, sur un site qui devint Quaregnon. C’est là qu’ils se rencontraient encore.
Le saint mourut en 684 ou 685. On aurait placé son corps dans une châsse vers 894 et fixé au 9 octobre la fête annuelle du saint. Ghislain aurait été, par son opiniâtreté et sa conviction, un grand évangélisateur. Il est donc normal que sa tombe, en l’église édifiée d’Ursidungus, devint un lieu de pèlerinage pour les paysans de la région.
Sous Charlemagne, en 808, l’abbé Elephas, que l’on dit de la famille de l’empereur, reçut l’ordre de rebâtir l’église en plus grandiose. Elle fut consacrée par l’évêque Halicaire de Cambrai en 822 qui conseilla de mettre les reliques du saint en un endroit sûr. Eléphas donna à l’abbaye des terres qui lui appartenaient près de Soissons, où un petit prieuré dédié à Saint-Ghislain fut construit. Il fit de même avec la moitié du village d’Elouges et avec le village de Wihéries. Il décéda en 839.
Bien cachées, les reliques du Saint ne furent pas saccagées par les raids normands entre 881 et 892, alors que l’abbaye fut démolie. Lorsque ceux-ci cessèrent, on remit en grandes pompes les reliques dans l’église. La levée du corps s’accompagna, comme il se doit, de nombreux miracles.
Les éléments certains de la fondation
Comme on l’a vu, tout ce qui s’est passé entre le VIIème et le Xème siècle appartient à une tradition orale qui a été magnifiée dans des récits tardifs.
Il est vraisemblable qu’un petit monastère a été fondé antérieurement au Xème siècle. On sait que les Vikings ont pillé la région entre 881 et 890, à partir d’un camp qu’ils avaient installé à Condé. Toutes les églises, les monastères et les belles demeures furent pillées. Il y eut des massacres. Mais sur l’importance réelle de ces faits, on a peu d’éléments. Selon les historiens d’aujourd’hui, on aurait parfois exagéré les exactions. Le petit monastère de Saint-Ghislain aurait cependant été détruit. Les moines qui avaient fui seraient revenus pour réparer les dégâts, mais, en ces temps difficiles, auraient commis des abus pour financer leurs travaux et s’enrichir au passage (commerce de reliques, d’indulgences, de sacrements, …).
C’est à cette époque que les comtes de Hainaut prirent de l’importance. Régnier I « au Long Col », nommé par l’empereur Louis le Jeune vers 880, eut pour mission de lutter contre les Vikings. Ce qu’il fit, non sans mal, mais en gagnant de plus en plus d’autonomie par rapport à ses suzerains successifs et en s’accaparant de grands territoires fiscaux qui devinrent sa propriété.
Depuis 843 (Traité de Verdun), le petit comté de Hainaut avait été versé, au gré des partages héréditaires des successeurs de Charlemagne, dans la Francie Médiane et puis dans la Lotharingie, sous suzeraineté tantôt de l’empereur Lothaire, tantôt du roi de France Charles le Chauve, et finalement des empereurs de Germanie.
Au début du Xème siècle, après que les invasions normandes furent jugulées dans la région, l’église de Saint Ghislain fut desservie par le prêtre Teutfridqui habitait Hornu. Des « gens venus de loin » lui parlèrent d’un saint homme reposant dans l’église. Un miracle et une vision lui permirent de découvrir le corps de ce saint. La relatio miraculorum S. Gisleni (Xème) relate ces évènements.
C’est alors que, vers 925-930, Gislebert (v880-939), duc de Lotharingie, fils de Régnier I et frère du comte Régnier II, décida de remettre de l’ordre dans l’abbaye malade de Saint-Ghislain. Il manda Gérard de Brogne (931-959), un réformateur, et lui donna mission d’introduire de la discipline parmi les moines (on suivit la Règle Bénédictine), de restaurer les bâtiments et de mettre sur pied un culte autour des reliques du saint. Entre-temps, celles-ci avaient disparu… pour réapparaître à l’abbaye de Maubeuge où l’on espérait en obtenir de bons profits. Il fallut l’intervention de l’évêque de Cambrai pour que les précieuses reliques soient ramenées à Saint-Ghislain. L’évêque de Cambrai Etienne délégua un archidiacre afin d’y procéder à « l’élévation des reliques ».
Deuxième Moyen-Age
L’abbaye, source de convoitises comtales
L’abbaye renaissait de ses cendres grâce à l’intervention du duc de Lotharingie, frère du comte de Hainaut. Après la mort de Gislebert et de son frère Régnier II, Régnier III, comte de Hainaut, sembla devenir propriétaire de l’abbaye. Personnage ambitieux, comme ses ancêtres d’ailleurs, il se révolta contre l’empereur Othon I qui l’obligea à l’exil et confisqua tous ses biens et domaines. Il mourut en Bohême. L’abbaye devint « royale », c’est-à-dire dépendant directement de l’empereur et gérée par un abbé nommé par lui.
Les fils de Régnier III, Régnier et Lambert, revendiquèrent les biens de leur père (comté, propriétés, ainsi que l’abbaye). Ce qui amena de nombreux conflits entre eux et les comtes nommés par les empereurs. Les moines obtinrent pourtant d’Othon III la confirmation de leur statut d’abbaye royale, ce qui fut encore confirmé en 1018 par l’empereur Henri II.
Malgré tout, Régnier IV et ses descendants, continuèrent de revendiquer l’abbaye (les revenus qui en découlaient, soit les droits d’avouerie, et le droit de nommer les abbés). Les abbés demandèrent et obtinrent la protection de l’empereur et de l’évêque de Cambrai.
En 1053, le Comte Baudouin I de Hainaut et V de Flandre, second époux de la comtesse Richilde, contesta les limites de la propriété, d’autant plus qu’il n’existait aucun acte écrit prouvant la donation. Celui-ci, selon les moines, aurait été détruit lors des raids normands du IXème siècle. Des faux circulaient, mais…
Par dépit, le comte ravagea le monastère, la ville et les villages alentour, du moins les fermes abbatiales qui s’y trouvaient. L’abbé Widric s’en plaignit à l’empereur qui vint attaquer et défaire Baudouin. Celui-ci dut réparer ses injustices en donnant à l’abbaye le dixième chêne du Bois de Baudour (soit le dixième des arbres abattus) ainsi que des moulins sur la Haine.
La fin du Xème siècle fut aussi marquée par la réforme clunisienne. Celle-ci rejetait l’immixtion du temporel (donc des souverains laïcs) dans les affaires de l’Eglise. Cette idée fut reprise par le Pape Grégoire et ses successeurs et fut à l’origine de la « Querelle des Investitures » entre papes et empereurs. Les papes contestaient à ces derniers la nomination des évêques et des abbés, mais aussi leurs ingérences dans les affaires temporelles (propriétés et revenus) de l’Eglise. Les papes gagnèrent cette lutte.
L’évêque Gérard de Cambrai fut convaincu par ces idées. A l’instar du prince-évêque de Liège, Gérard se retrouva ainsi à la tête d’un fief épiscopal puissant, qui ne relevait que du Pape. Son pouvoir était uniquement spirituel : nomination des curés, répartition des dîmes prélevées par ceux-ci chez leurs paroissiens, édiction des règles liturgiques, etc… Dès la fondation de l’évêché de Cambrai, celui-ci s’étendait sur l’ancien territoire de la Cité des Nerviens (le Cambrésis, le Hainaut et le Brabant jusqu’à l’estuaire de l’Escaut). Il compta entre autres sur les abbés de Saint-Ghislain pour parvenir à ses fins. Ceux-ci firent pression sur les seigneurs locaux pour agrandir leurs domaines.
La bourgade de Saint-Ghislain – seigneurie et paroisse
Comme souvent, des habitations se groupèrent autour du monastère, dès ce Xème siècle, sur des terrains appartenant à l’abbaye. L’abbé de St Ghislain devint donc le seigneur du village qui s’y développa. En tant que seigneur temporel sur ses nombreux domaines, l’abbé était soumis au comte de Hainaut et au prévôt de Mons.
Une paroisse y fut fondée, mais elle resta une dépendance (« un secours ») de celle d’Hornu qui lui était sans doute antérieure, sur des domaines appartenant aussi à l’abbaye. Une chapelle fut bâtie, dédiée à Saint-Martin. Il fallut attendre 1589 pour que la paroisse de Saint-Ghislain devint autonome, car entre-temps le nombre de paroissiens de Saint-Ghislain avait largement dépassé celui d’Hornu.
Au XIème siècle, le village de Hornu était plus important que celui de Saint-Ghislain. Le marché s’y organisait tous les mercredis depuis que le comte Régnier V l’eut autorisé en 1018. Y était vendu le surplus des récoltes des moines et des paysans.
Vers 1002, Godefroid, un des fils du comte Régnier III, fut guéri d’une maladie après avoir imploré Saint-Ghislain. Il fit entourer la ville d’une enceinte munie de deux portes. Ceci a cependant été mis en doute.
Une abbaye prospère et une puissance économique dans le Hainaut
A peine remise sur ses pieds par Gérard de Brogne et ses successeurs, grâce à une meilleure administration des domaines, la prospérité s’installa, ce qui expliqua aussi la convoitise des comtes.
Dès le Xème siècle, l’abbaye commença à s’enrichir de grands domaines. Godefroid « le Captif », comte de Hainaut, qui remplaça un temps les Régnier bannis par l’empereur, donna ses terres de Villers (devenues Villers-Saint Ghislain). La collation (la dîme) des paroisses de Villers et d’Harmignies passa aux abbés.
Une charte de l’empereur Othon en 965 énuméra les biens appartenant à l’abbaye, sous le deuxième abbé Widon. Il est dit que cette charte était un faux. Elle faisait référence à un document écrit par le roi Dagobert qui avait fait de grandes donations à l’abbaye, document qui aurait disparu lors des invasions normandes.
En 978, toujours sous Widon, l’abbaye édicta une « charte des serfs » qui lui furent assujettis. Il s’agissait d’une liste écrite de droits et de règles se substituant à l’arbitraire du non écrit. Nombreux serfs y furent affranchis. De nombreux actes de cette époque, dits « actes d’asservissement », existent encore aujourd’hui, révélant que tel seigneur, son épouse et ses fils faisaient actes d’asservissement à l’abbaye. En fait, ils donnaient à celle-ci quelques-uns de leurs serfs. C’était une façon pour les seigneurs d’affranchir quelques-uns de leurs serfs. Ce fut le cas pour le comte Baudouin en 1093, pour les seigneurs de Quiévrain entre 1101 et 1314, ceux de Roisin (1223-1226), Renier d’Athis (1190), Alard d’Audregnies (1233) et le sire de Blaugies (1241). Cette coutume perdit de son importance durant le XIIIème siècle avec la disparition progressive du servage au profit du salariat.
On dit qu’un peu plus tard, l’abbé Simon fit des achats jugés inconsidérés. Mais les « affaires » reprendront néanmoins avec de nouveaux abbés talentueux, Henric et Winéric notamment. Ce dernier avait été nommé par l’empereur Henri II. Ceux-là instaurèrent la Règle de Benoit, qu’avait inaugurée déjà Gérard de Brogne en son domaine, au détriment de la Règle de Basile, introduite par Ghislain.
Les abbés suivants furent Guidon en 1023 et Hitfrid, encore nommés par le comte Régnier IV. Ils opéraient des trafics de tout genre. L’évêque et l’empereur Conrad remplacèrent le deuxième en 1029 par Poppon.
C’est sous Widric (1051-1081) que le comte Baudouin II vint ravager l’abbaye qui en fut ruinée.
Après la Querelle des Investitures, de nombreuses familles seigneuriales du Hainaut léguèrent une partie de leurs terres à l’abbaye. Ainsi les abbés obtinrent-ils des biens sur Wasmes de la part de Gilles de Chin et de son père Gontier. Gilles de Chin, tué au siège de Roucourt en 1137, fut enterré à Saint-Ghislain.
Guillaume de Dour, vers 1150, céda la moitié de ses terres de Dour (une partie du village, le futur Boussu-Bois et le bois de Saint-Ghislain à Dour).
Le territoire de l’abbaye s’étendit ainsi sur de larges domaines où furent le plus souvent bâties des fermes dont les bénéfices revenaient à l’abbé, mais aussi des bois, des étangs, des moulins, … Ce fut le cas à Blaugies (un quart du village), Dour, Erquennes, Athis, Roisin, Eth, Bry, Sebourg, Angre, Angreau, Audregnies, Wihéries (le village entier), Elouges, Quiévrain, Warquignies, Wasmuel, Mainvault, Ville-Pommeroeul, Baudour, Basècles, Villers-Saint-Ghislain, Vellereille, Harmignies, Boussoit et des lieux encore plus éloignés.…
De plus, vers 1080, sous l’abbatiat d’Oduin, les évêques de Cambrai, Gaucher et Odon, rattachèrent de nombreuses paroisses (et leurs dîmes) à l’abbaye de Saint-Ghislain: Hornu, Quaregnon, Dour, Blaugies , Erquennes, Athis, Elouges, Villers-Saint-Ghislain, Harmignies, Beugnies, Wasmes, Basècles et Wadelincourt, Ellignies et Vaudignies, Hautrage et Vile, Baudour et Villerot. Le pouvoir sur les revenus lui était de droit divin. Cette dîme était un impôt en nature et correspondait à un dixième de la production des paroissiens paysans.
Une abbaye prospère se devait d’être riche. Il fallait payer les nombreux moines, ainsi qu’un receveur général qui se chargeait de récolter les impôts. D’autres fonctionnaires monastiques travaillaient encore sous l’autorité de l’Abbé: un maître des bois, un maître des rentes seigneuriales, …
L’Abbé, comme seigneur temporel sur les terres qui lui appartenaient, exerçait la justice. Il employait pour cela un bailli, assisté d’une garnison et d’un bourreau. Cela rapportait beaucoup d’argent en amendes. De plus l’abbaye touchait des droits de passage sur l’ancienne route de Mons à Valenciennes, ainsi qu’en d’autres points d’entrée sur son vaste territoire.
Lorsque l’abbé Allard s’en alla assister au concile de Clermont en 1096, concile qui vit le pape Urbain II convoquer la première croisade en Terre Sainte, il reçut du pape la confirmation des biens du monastère. Ces propriétés furent encore confirmées par le pape Gélase II en 1118 et 1119 sous l’abbatiat d’Oduin II « le Vénérable » ( ?-1142). Ce dernier fut d’ailleurs le premier abbé de Saint-Ghislain élu par sa communauté de moines. Le pape Pascal II, ayant excommunié l’empereur Henri IV lors de la Querelle, lui donna l’investiture à Rome.
Ce phénomène ne concernait pas seulement Saint-Ghislain dans la région. Il en était de même avec les autres abbayes : Saint-Amand (à Sirault), Maubeuge, Sainte-Waudru (la plupart des villages autour de Mons), Saint-Denis, Crespin, …
Les abbayes étaient parmi les principaux propriétaires fonciers à l’ouest de Mons. Les comtes de Hainaut aussi, dans la mesure où ils étaient devenus abbés laïcs de l’abbaye de Mons, transformée en chapitre. En face de ces domaines abbatiaux et comtaux, il restait les possessions des baronnies du Hainaut, petites ou grandes, dont la plupart passèrent plus tard dans les mains de quelques grandes familles (de Croÿ, Ligne, Arenberg, Lalaing, Mérode entre autres).
En ce XIIème siècle, l’abbé Egéric(1142-1160) reçut à plusieurs reprises Bernard de Clervaux, ce prédicateur qui organisa les communautés cisterciennes.
En 1151 survint un incendie grave. Ce fut à l’abbé Lambert, élu en 1170, de faire réparer les dommages et notamment les châsses-reliquaires.
XIIIème siècle – la commune
C’est au cours de ce siècle que les habitants de Saint-Ghislain reçurent de l’abbé le privilège de s’ériger en commune. La ville eut alors son bailli, son maïeur et ses échevins, tous sous les ordres de l’abbé. Le bailli exerçait la justice et avait à son service des officiers. Il pouvait requérir des soldats pour ses poursuites. Le premier bailli connu, Seuwars de Saint-Pierre, exerça cette fonction entre 1308 et 1317.
Le marché d’Hornu fut transféré à Saint Ghislain en 1286, lorsque cette bourgade eut pris plus d’importance que la première sur le plan démographique. Deux foires annuelles apparurent entre 1234 et 1360, organisées sur les pâturages des marais, placées sous l’autorité du Conseil de Hainaut. On y vendait des marchandises soumises à un impôt que l’on appelait “tonlieu”, taxe qui ne favorisait pas le commerce. A la demande du mayeur, du conseil échevinal et des bourgeois, elle fut supprimée par l’abbé en 1430 seulement.
En 1226, l’abbaye fut pillée par une troupe envoyée par la comtesse Jeanne.
Un peu plus tard, l’abbé Guillaume ( ?-1271) dilapida de nombreux biens. Ce fut à Pierre de Quaregnon (1271-1281) de rétablir la discipline et les finances. Il obtint que Baudouin d’Avesnes, fils de la comtesse Marguerite, devint le protecteur de l’abbaye. Roger de Sart (1289-1310), ancien prévôt de l’abbaye de Crespin, ami du comte Jean d’Avesnes, continua à rééquilibrer les comptes de l’abbaye et put même acheter de nouvelles terres, notamment à Dour et Genly. Son successeur, Philippe, continua la même politique de prudence et de zèle. Le comte Guillaume lui fit encore don en 1311 de terres entre Tertre et Boussu.
XIVème siècle
L’abbaye était alors à son apogée. L’empereur Louis de Bavière, époux de la comtesse Marguerite de Hainaut, fit d’Etienne de Warelles (1317- 1366), abbé de Saint-Ghislain, et par ailleurs seigneur de Wihéries, prince du Saint-Empire pour ce domaine. Avec le temps, les abbés de Saint-Ghislain accumulèrent 17 titres, dont la plupart d’ailleurs étaient contestés et donnèrent lieu à des procès. Ceci en ce qui concerne le temporel (droits seigneuriaux). Etienne continua à acquérir des biens et des chapelles, à Neufvilles, Quaregnon, Wasmes et Blaugies.
Tout n’était pas toujours pour le mieux entre les bourgeois de Saint-Ghislain et les paysans des campagnes environnantes. En 1319, les paysans de Baudour attaquèrent l’abbaye et la pillèrent le jour du marché. En 1388, il y eut encore un conflit entre le village de Hornu et la ville à propos d’un partage de terres.
A Etienne I succéda Etienne II de Morenfayt (1366-), élu et nommé par le pape Urbain IV, qui réitéra à l’empereur Charles IV de ne plus intervenir dans les nominations des abbés, comme ses prédécesseurs le faisaient de nouveau.
En 1366, le comte de Hainaut, Aubert de Bavière, demanda aux moines et aux bourgeois de la ville de s’entourer de remparts. On était alors en pleine Guerre de Cent Ans. Même si celle-ci ne concerna que le royaume voisin de France pour les événements militaires, elle eut des répercussions politiques sur les comtes et les puissants seigneurs de Hainaut. Il valait donc mieux se protéger. La configuration des lieux (marais des alentours, la Haine) était déjà une protection en soi. On pouvait ouvrir des vannes qui inondaient les alentours et isolaient le bourg. Mais des remparts s’avéraient plus efficaces. Ils eurent d’ailleurs leur utilité dans les siècles suivants face aux convoitises des souverains français. St Ghislain devint alors une place forte puissante, dotée d’une garnison. Comme c’était aussi le cas à Condé, à Valenciennes, à Mons, à Chièvres, à Ath et au Quesnoy. Elle entra dans la catégorie des « bonnes villes » du Hainaut. On fit également creuser un grand étang dans l’enceinte de la ville, relié aux fossés.
A cette époque, les abbés étaient souvent au service des comtes pour différentes missions.
Guillaume II de Ville (-1401) continua une administration sage, tout en augmentant encore la liste des propriétés. C’est ainsi qu’il acquit le fief de Fontenoy à Wasmes qui outre des terres et une cense comprenait des houillères. En effet, depuis plus d’un siècle on commençait à extraire la houille au Couchant de Mons. Ces exploitations rapportaient de beaux bénéfices aux seigneuries.
XVème siècle
Jean II de Layens (1402-) était un théologien érudit qui fut envoyé par le comte aux conciles de Pise et de Constance à l’époque du Grand Schisme qui touchait la papauté (époque des doubles papes). La Guerre de Cent Ans sévissait toujours. Il fut envoyé en ambassade auprès du roi d’Angleterre pour tenter d’obtenir la paix avec le roi de France.
Par ailleurs, l’abbaye continuait à acheter des terres, celle de l’Avouerie de Basècles, à Quaregnon, à Baudour, à Elouges et à Roisin. En 1414, on dit que l’abbaye reçut en ses murs le comte Guillaume IV qui chassait avec le duc de Touraine dans la région, invitation qui aurait coûté des sommes énormes à l’abbaye.
1432 vit encore un conflit entre le seigneur de Boussu et le monastère au sujet de la dîme que la paroisse de Boussu devait payer aux abbés. En fait, entre les deux cités, les conflits furent fréquents, le plus souvent à propos de contestations de terres entre les deux domaines.
Pierre II (1432-1443), continua la politique d’acquisitions, ici la collation de la chapelle de l’hôpital d’Hautrage.
On déplora en 1427 un grand incendie dans la ville et en 1437 une grande famine (comme dans tout le Hainaut). La ville fut inondée en novembre 1445 à cause d’une grande crue de la Haine dont les digues avaient rompu sous de fortes pluies.
On commençait à prendre des habitudes aristocratiques à l’abbaye. Dom Thierry du Château(1456-1466), également abbé à Hautmont, obtint du pape Calixte III le privilège de porter la mitre et l’anneau, de se servir d’ornements pontificaux et de donner des bénédictions solennelles. On se doute que les dépenses commençaient à grever les finances de l’abbaye, qui s’endommageait avec le temps.
Louis XI, roi de France, dans sa guerre contre Charles le Téméraire, duc de Bourgogne et entre autres comte de Hainaut, tenta de prendre la ville en 1477, mais échoua devant la résistance des habitants. Il venait de prendre auparavant Le Quesnoy et Maubeuge. Les dommages furent réparés aux frais de Marie de Bourgogne, fille du Téméraire, et de son époux Maximilien d’Autriche. Le roi de France, après avoir pris Condé, Beloeil, Boussu et Ligne, fit une seconde tentative devant Saint-Ghislain en 1478 et échoua tout autant, d’autant plus que Maximilien avait envoyé une troupe commandée par le comte de Romont.
Ce fut à Dom Juan Fabry (1466-1491) et à son coadjuteur, Dom Quentin Benoit (1491-1528) qui lui succéda de réparer en 1484 tous les édifices du monastère. Les dettes furent apurées. On reconstruisit ainsi le cloître, le quartier abbatial, la voûte de l’église et la chapelle de la ville. On orna l’abbatiale de nouvelles stalles, de tableaux, d’une nouvelle châsse. Des manuscrits vinrent enrichir la bibliothèque. Il continua à acheter des terres. Il fit construire un hôtel à Mons qui pourrait servir de refuge aux moines en temps de guerre.
A l’époque, les abbés vivaient en seigneurs, à l’image des aristocrates. Ils se faisaient conduire en voiture attelée par quatre chevaux. La vie était luxueuse. Un moine leur servait de maître d’hôtel. Ils étaient à la tête de dix-sept seigneuries où ils prélevaient des taxes et des impôts (la taille), imposaient des corvées et rendaient toute justice. En fait celle-ci était exercée par un bailli qui les représentait et résidait à Saint-Ghislain.
XVIème siècle
De grandes épidémies survinrent en 1510, 1557 et 1572, alors qu’en 1559 un incendie détruisit de nombreux bâtiments, dont l’hôpital.
Charles de Croÿ, évêque de Tournai en 1525, devint abbé de Saint-Ghislain de 1529 à 1564.
Don Mathieu Moulart (1565-1576) lui succéda. Personnage important dans les Etats du Hainaut, il fut envoyé chez le roi Philippe II d’Espagne pour lui demander d’intervenir auprès du duc d’Albe, gouverneur des Pays-Bas Espagnols, en plein conflit avec les Réformistes Calvinistes. En effet, celui-ci imposait des impôts qui mettaient en danger l’économie hennuyère. Philippe II se rangea à son avis. En tant que député du Hainaut, l’abbé Moulart se trouva à Gand pour la signature de la Pacification.
Puis en 1576, il fut nommé évêque d’Arras et remplacé par Dom Jérôme Liétard (1576-1586), nommé par Philippe II lui-même. En 1581, des Huguenots de Tournai (« les Hurlus ») pillèrent la ville et le monastère de Saint-Ghislain la nuit du 7 au 8 septembre. Il fallut l’intervention du gouverneur, le duc de Parme, et un siège de cinq jours pour la leur reprendre.
L’abbé suivant, Dom Jean Hazart (1587-1604) donna en 1587 son autonomie à la paroisse de Saint-Ghislain qu’il détacha de celle d’Hornu. Il fit embellir le tombeau de Saint-Ghislain et l’église abbatiale (tableaux, ornements sacerdotaux). C’est lui qui célébra la messe dans la collégiale Sainte-Waudru de Mons lorsque les archiducs Albert et Isabelle, nouveaux gouverneurs des Pays-Bas, firent leur entrée solennelle.
XVIIème siècle
Dom Amand d’Anvaing (1604-1616) continua l’œuvre d’embellissement de son prédécesseur.
Gaspard de Boussu (1616-1628) lui succéda et continua l’œuvre d’ornementation du monastère, notamment en faisant réaliser une nouvelle châsse pour les reliques du saint fondateur.
De l’ornementation et de la restauration, c’est à quoi s’attacha encore Pierre Trigaut (1628-1640). L’architecte Jacques du Broeucq le Jeune fut engagé.
L’abbé suivant, Augustin Crulay (1640-1648) décida d’établir une nouvelle Règle, celle du Mont-Cassin (qui préconisait l’abstinence perpétuelle de viande). Il déclencha une opposition de son évêque et d’autres prélats, ce qui lui valut de comparaître en justice, mais le pape en 1643 confirma la réforme.
Lui succéda Jérôme Marlier (1648-1681) qui entra aussi dans le Conseil Souverain du Hainaut à la demande du roi Philippe IV. C’est sous son abbatiat que commencèrent les guerres menées par Louis XIV contre les Pays-Bas Espagnols. Le 19 août 1655, des troupes de Louis XIV, commandées par Turenne et La Ferté, s’emparèrent de la ville, après un siège d’une semaine. Le roi, âgé de 17 ans, y fit son entrée, suivi du cardinal Mazarin et d’une cour de trois mille gentilshommes. Il y laissa un gouverneur et une garnison, après avoir chassé les moines qui se réfugièrent à Mons. Le 7 février 1656, un entrepôt de poudre, dans la tour du colombier de l’abbaye, explosa et détruisit de nombreux bâtiments dans l’abbaye et alentour. Saint-Ghislain fut reprise le 21 mars 1657 par les troupes espagnoles du gouverneur des Pays-Bas, Don Juan, après un siège de six jours. Il rétablit les moines dans leur monastère.
En décembre 1677, le maréchal français de Humières, assisté par le stratège architecte Vauban, s’en rendit de nouveau maître. Les Français occupèrent la ville et démolirent les fortifications, avant de la quitter en 1678 selon les décisions du Traité de Nimègue. Mais l’abbaye était ruinée et endettée lorsque les moines rentrèrent.
Ghislain Molle (1681-1700) rétablit la discipline monastique et remit de l’ordre dans les finances et l’organisation des domaines. Il supprima tout ce qui pouvait être luxueux et dispendieux.
XVIIIème
Saint-Ghislain fut à nouveau réoccupée le 6 février 1701 par les Français qui rétablirent les fortifications. A l’intérieur de son abbaye, Joseph Havinne (1700-1726) fit raser tous les bâtiments délabrés et en fit reconstruire de nouveaux. Le bourg fut finalement repris le 10 septembre 1709 par les alliés conduits par le duc de Marlborough, à la veille de la bataille décisive de Malplaquet. On y laissa une garnison hollandaise.
Le nouvel abbé, Ghislain Levêque (1726-1740) continua les travaux de restauration, d’autant plus qu’un incendie en 1728 avait à nouveau créé des dommages. Ils furent terminés en 1730. Il fit ensuite bâtir une chapelle à l’Hôpital Sainte-Elisabeth. Un refuge fut également construit à Mons dans la rue Fétis (actuelle Athénée).
C’est Dom Nicolas Brouwet (1740-1762) qui fit bâtir un nouvel Hôtel de Ville (encore présent aujourd’hui en bordure de la Grand-Place), achevé en 1752. Auparavant, le 25 juillet 1746, Louis XV, lors de sa guerre contre les Autrichiens, à l’occasion de la Succession Impériale, s’empara encore de la ville, après avoir pris Mons, et décida de démolir les fortifications et les systèmes de défense, ne maintenant que les écluses sur la rivière qui servaient à la navigation, mais aussi à inonder les alentours (Boussu, la Chasse, Hornu, Wasmuel) pour protéger la ville. Le château de Boussu avait déjà été démantelé dès 1690. Les plans d’un nouveau canal entre Mons et Condé étaient prêts, mais ne furent réalisés que beaucoup plus tard. La ville, dépourvue de défenses, garda encore une garnison jusqu’en 1762.
Son successeur, Armand de Cazier (1762-1783) laissa aller la discipline.
Lors de ses réformes, l’empereur Joseph II fit faire des inventaires en 1786-1787. L’ensemble du domaine foncier de Saint-Ghislain était évalué à 1564 ha de terres, prairies et bois.
La fin de l’abbaye
La fin de l’abbaye se situa, comme beaucoup d’autres, à l’arrivée des Révolutionnaires Français. C’était sous l’abbatiat de Jean-Baptiste-Antoine Leto (1783-1795). Saint-Ghislain fut occupée par les armées françaises à deux reprises, en 1792, juste avant la bataille de Jemappes, puis en 1794. Les occupants réquisitionnèrent les logements, des vivres et des transports.
Le 3 novembre 1795 (14 brumaire de l’an IV), le Directoire à Paris publia un décret abolissant le régime seigneurial des justices et des dîmes. L’abbé de Saint-Ghislain cessa d’être le seigneur de la ville. Son bailli et ses officiers perdirent leur autorité.
Un décret du 23 novembre 1795 (2 frimaire an IV) établit les justices de paix. Saint-Ghislain fut versée dans le canton de Thulin.
Toutes les maisons conventuelles furent supprimées le 1 septembre 1796 (15 fructidor an IV). La plupart des moines avaient fui vers l’Allemagne dès l’arrivée des armées françaises. L’abbé revint à Baudour et resta caché. Plus tard, en 1803, l’évêque de Tournai le nomma chanoine de sa cathédrale.
Le patrimoine énorme de cette abbaye fut vendu comme bien public à des propriétaires fonciers. Il se dispersa. Il existe une description parfaite de l’abbaye et de ses domaines, réalisée par le Commissaire du Directoire du Canton de Thulin, Jean-Baptiste Defrise. C’est un certain Paulée, originaire de Douai et négociant à Paris, qui se porta acquéreur des bâtiments abbatiaux de Saint-Ghislain, lors de la mise en vente en 1797. L’évêque de Tournai racheta les stalles sculptées. La chaire de vérité, due à Claude de Bettignies, partit dans l’église de Saint-Amand-les-Eaux.
Une nouvelle circonscription de cantons fut établie sous Napoléon le 28 novembre 1801 (7 frimaire an X). Boussu devint chef-lieu de canton et siège de la Justice de Paix. Un décret de Napoléon en 1807 établit deux foires.
Vestiges actuels
On ignore quand les bâtiments de l’abbaye furent démolis. Il semble que c’était fait au moment de la construction du canal Mons-Condé (1806-1818). Il ne restait alors que l’orangerie, la brasserie abbatiale et la fontaine « El’Puche » (ci-contre). Cette dernière (1785), située dans le Grand Jardin, fut déplacée à plusieurs reprises et se trouve actuellement derrière la vieille église.
La brasserie fut démolie vers 1930. L’Orangerie, située aussi dans le Grand Jardin près de la Haine, abrita l’école gardienne communale entre les deux guerres. Elle subit le bombardement destructeur du 1 mai 1944. La tour de l’ancienne église abbatiale a persisté, ainsi que des piliers conservés au Grand Hornu. La Vanne médiévale de la rue du Moulin sur la Haine persista, vestige de l’ancien système de défense. On la démolit en 1951.
Période française (1794-1814)
Fin de l’Ancien Régime féodal en 1794
Département: Jemappes
Canton: Thulin en 1794, puis Boussu en 1803.
Répartition des pouvoirs pendant la période contemporaine (à partir de 1814)
Etat: Royaume des Pays-Bas (1814-1830), puis Royaume de Belgique
Province: Hainaut
Arrondissement administratif: Mons
Arrondissement judiciaire: Mons
Canton: Boussu
Entité communale depuis 1977: Saint-Ghislain
XIXème siècle
En septembre 1830, la ville envoya une soixantaine de volontaires à Bruxelles contre les troupes hollandaises.
Au XIXème et surtout au XXème, les habitants de Saint-Ghislain se consacrèrent surtout au commerce. On y vit se développer également des structures enseignantes.
Un train industriel, le premier en Belgique, fut construit entre le Grand Hornu et le rivage du nouveau canal Mons-Condé en 1830 pour y amener le charbon. Au XXème, il fut remplacé par un téléphérique.
La ligne entre Mons et Quiévrain fut réalisée en 1842. Une gare fut construite qui deviendra un nœud ferroviaire important pour toutes les industries du Borinage.
Ce fut le début de l’expansion commerciale et industrielle de Saint-Ghislain, accompagné d’une hausse de sa population. Dès 1848, on raccorda à la gare le « chemin de Fer du Haut et du Bas-Flénu » et en 1867 on reliait Saint-Ghislain à Frameries. Ces lignes étaient encore privées. L’Etat Belge les racheta en 1870.
Le corps des pompiers a été installé en 1843.
XXème siècle
Saint Ghislain eut aussi à souffrir des guerres du XXème et particulièrement de la seconde guerre mondiale.
La première commença le 4 août 1914. Le 22 et le 23, des soldats anglais passèrent, se positionnant face aux Allemands qui avaient atteint Mons. La ville fut bombardée le 24. Le même jour, les Anglais firent retraite. Les Allemands entrèrent à Saint-Ghislain le 25 août. Les habitants furent obligés d’héberger les soldats et les notables furent pris en otage. Les jours suivants, les occupants réquisitionnèrent pour deux compagnies laissées sur place, logeant à l’Ecole Moyenne et chez les habitants. Puis la vie reprit, malgré les perquisitions et les déportations.
Le 9 novembre 1918, lors de leur retraite, les Allemands firent sauter les ponts de la ville et le passage à niveau près de la gare. Le 10 au matin, arrivèrent des unités canadiennes. Le lendemain, l’Armistice était signé.
Le 10 mai 1940, les avions allemands mitraillaient des soldats français qui se trouvaient aux Quatre Pavés de Hornu. Du 14 au 20 mai, des bombardements atteignirent la gare et plusieurs quartiers de la ville, faisant des victimes.
Puis ce fut l’occupation semblable à celle de la guerre précédente. Cette fois, des mouvements de résistants se formèrent à Saint-Ghislain. Un de leurs groupes fut arrêté par la Gestapo alors qu’ils se réunissaient le 13 septembre 1943 au Café des Arcades. Certains furent directement tués, d’autres déportés.
Au printemps 1944, les Alliés décidèrent de détruire les nœuds ferroviaires sur les lignes qui reliaient l’Allemagne à la Normandie afin de freiner l’acheminement de troupes et de matériel en vue du débarquement. La gare de Saint-Ghislain et la région, se trouvant sur la ligne directe, eurent à subir des bombardements dès avril. D’abord le 15, puis encore le 22, le 23, le 26 avril et surtout le 1 mai. Furent ainsi touchés de nombreux quartiers entre la gare et la Place, entre la gare et Hornu, ainsi que des voies de chemin de fer et des convois de trains (pas la station elle-même). On eut à déplorer de nombreux morts, dans les maisons particulières, dans un hospice et une école. Une grosse partie de la ville fut détruite : 722 maisons, 10 bâtiments publics dont des écoles, l’église, le cimetière. Le 3 mai, Saint-Ghislain reçut la visite de la reine-mère Elisabeth.
La libération eut lieu le 3 septembre 1944. On réalisa une reconstruction planifiée de la ville (infra).
En 1961 et 1962, Saint-Ghislain jumela avec la ville normande de Saint-Lô. Pourquoi ce choix ? Parce que les deux villes eurent à subir également des assauts de Vikings en 890, parce qu’elles eurent aussi leur abbaye, parce qu’elles furent aussi bombardées en juin 1944.
Saint-Ghislain devint le 1 janvier 1977 le centre d’une entité communale comprenant Baudour, Hautrage, Neufmaison, Sirault, Tertre et Villerot.
Economie
Dès le XIVème siècle, Saint-Ghislain était connue pour sa manufacture de toile, son commerce de cuirs et de bestiaux.
Les industries les plus connues datent en fait du XIXème siècle. La plupart ont disparu soit lors de la guerre 1940-1944, soit dans les décennies suivantes.
En 1841, on construisit plusieurs fours à coke sur la rive droite du canal (actuel Belref). D’autres furent mis en activité de l’autre côté du chemin de fer vers 1976. Tous ont disparu vers 1900.
Théodore Boucher aménagea en 1853 une usine de produits réfractaires. L’entreprise appartint à plusieurs propriétaires successifs. En 1955, elle fut reprise par la S.A. Belref (voir Tertre). Un gazogène fut installé à côté pour éclairer la fabrique et fournir de l’éclairage au gaz à la ville.
Autres entreprises :
Verrerie-gobeleterie (1887-1940), bâtiments rachetés par Belref
Vinaigrerie (1867)
Compagnie générale des produits céramiques (1867-v1940)
Verrerie (verre plat, 1907-1923)
Faïencerie (1892-1964), plusieurs propriétaires
Scierie (1850)
Abattoir (1882-1964)
Bouchonnerie
Fabrique de liqueurs (1880-1967)
Deux tanneries ( ?-1944)
Briqueterie
Manufactures de tabac
Fabrique de parapluie ( ?-1944)
Deux ateliers de carrosserie
Chaudronnerie
Construction et réparation de bateaux, près du canal
Cinq brasseries, dont une depuis la fin du XVIIIème
Deux tonneliers
Savonnerie
Poêlerie
Corderie
Pétrolifère (vente de pétrole pour l’éclairage)
Usine de colorants
Quatre imprimeries
Construction métallique pour les charbonnages
Dès 1843, on vit s’implanter à proximité de la nouvelle gare le Magasin Thierry, maison-mère d’une chaîne de magasins de vêtements. Les frères Thierry étaient originaires de Longwy en Lorraine. Le commerce se développa autour et dans l’axe reliant la gare à la place.
La population augmenta pendant le XIXème et le XXème siècle. Il fallut construire de nouvelles rues autour du noyau central.
Patrimoine – urbanisme
Eglise St Martin. Elle fut bâtie en 1565 en style gothique. Jusque-là les paroissiens assistaient aux offices dans une chapelle de l’abbaye, dépendant de la paroisse d’Hornu. Il n’y avait qu’un seul curé pour les deux communautés. Au départ, la paroisse relevait de l’abbaye (pour la dîme et la nomination du curé) et de l’évêque de Cambrai. A partir de 1803, elle dépendit de l’évêque de Tournai et du doyen de Boussu.
L’église fut restaurée et agrandie entre 1885 et 1891. Elle fut détruite le 1 mai 1944 par les bombardements. Ne restait debout que la tour. On rasa le reste après la guerre et la tour devint une salle d’exposition. On rebâtit à proximité une nouvelle église, d’architecture contemporaine, entre 1956 et 1961.
Chapelle des Sept Douleurs, début XVIème, adossée au départ au moulin de l’abbaye, celui-ci disparaissant en 1936. Elle fut démolie d’abord par des malandrins, puis par les bombardements de 1944.
Chapelle Notre-Dame de Bonsecours
L’ancien Hôtel de ville et la halle aux blés, 1752 (toujours présent près de la Place). Propriété de l’abbaye avant la Révolution. Elle fut vendue comme bien national, mais rachetée par la ville. Elle servit jusqu’en 1878 et occupa ensuite divers services administratifs.
Le nouvel Hôtel de ville, 1875-1878
Hôpital Sainte-Elisabeth. Il fut aménagé sous l’abbatiat de Jean Hazart (1587-1604) vers 1595 dans un ancien collège. Il était tenu par une congrégation de sœurs hospitalières, non liées par des vœux au début, mais qui décidèrent dès 1612 de suivre la Règle de Saint Augustin. Les bâtiments s’avérant trop étroits, les Sœurs achetèrent un terrain plus vaste, y établirent leur couvent et une église dès 1725, ainsi que l’hôpital lui-même. Ce bâtiment est devenu Maison de Repos (« Foyer Sainte Elisabeth ») en 1949. Il fut restauré et agrandi.
L’habitat
Saint-Ghislain, à l’intérieur de son enceinte, resta longtemps un petit bourg comprenant des maisons, modestes ou bourgeoises, autour du monastère. Il fallut attendre le XIXème siècle, avec le développement industriel et l’augmentation de la population, pour que de nouvelles habitations remplissent les rues et pour que l’on en crée de nouvelles, aux dépens des pâturages.
La reconstruction après la guerre se fit selon un plan d’urbanisation se référant à la « Charte d’Athènes » qui prônait une séparation des fonctions urbaines. L’épine dorsale en était la grand-rue commerciale. On agrandit la place de la gare, bordée d’hôtels, de restaurants et de cafés, réservée à des manifestations festives. Le centre civique et religieux se concentra près de la Grand-Place. Des écoles furent aménagées à l’ouest, ainsi qu’une piscine. Les terrains de sport sont situés à l’est. Les zones résidentielles sont réparties de part et d’autre de l’axe central, notamment à l’ouest sur d’anciennes prairies humides, asséchées et remblayées : maisons individuelles, villas, immeubles à appartements. La circulation entre Mons et Tournai fut déviée par le couronnement est.
L’église ancienne, dont il ne reste que la tour-clocher, fut réaménagée en local culturel, et remplacée par un édifice moderne.
Les voies de communication
La navigation
Longtemps, elle se fit sur la Haine et fut le moyen de transport pour la houille du Couchant de Mons, depuis Jemappes jusqu’à Condé. La Haine était navigable depuis Mons et se jetait dans l’Escaut à Condé, permettant le transport vers le nord.
Avec l’invention de la machine à eau, qui permit le développement des houillères, par le creusement de puits profonds, la production de charbon devint plus importante et le transport par la Haine s’avéra insuffisant pour l’exportation. Napoléon décida, encore que le projet ait déjà été évoqué au milieu du XVIIIème siècle, de construire un canal entre Mons et Condé. Les travaux commencèrent en 1808 et s’achevèrent en 1818, après Waterloo. On vit l’empereur et son épouse venir visiter les travaux en 1810. On l’a vu dans le chapitre économie, c’est ce canal qui favorisa l’implantation d’industries à Saint-Ghislain, ainsi qu’un centre de batellerie.
Il est à noter qu’en ce début de XIXème siècle, les péniches étaient encore halées par des hommes qui se déplaçaient sur les « chemins de halage » de part et d’autre du canal. Il fallait être assermenté auprès d’une compagnie pour être haleur. Ils furent remplacés par des chevaux en 1900, puis par des tracteurs dès 1936. Ce n’est que lorsque les bateaux en bois furent remplacés par des bateaux en fer que la motorisation fut effective.
Le chemin de fer
Le premier, sur le territoire, fut construit en 1829-1830 par Henri Degorge, propriétaire du Grand-Hornu, pour acheminer la houille vers le canal, dont il avait acheté des quais. Les wagonnets étaient tractés par des chevaux. Ce qui lui valut une révolte de la part des charretiers qui effectuaient ce travail auparavant. La locomotive prit le relai des chevaux dès 1835.
Quant à la ligne du Midi, de Bruxelles à Paris, elle fut inaugurée entre Mons et Quiévrain le 7 août 1842. Il fut décidé d’installer à Saint-Ghislain une station et une place de stationnement. Le bâtiment de la gare fut reconstruit en 1890, tel qu’on le voit aujourd’hui. Il fut épargné lors des bombardements de 1944.
D’autres lignes furent aménagées :
vers Ath et Gand, 1879
vers Tournai, vers 1860
vers Mons, via Boussu-Route, Warquignies, Wasmes, Pâturages, Cuesmes (desservant les houillères du Borinage). Cette ligne disparut à la fin des années 1960 après la fermeture des charbonnages.
Entretemps la gare était devenue un vaste espace de triage et de formation.
Le tramway
D’abord à vapeur, puis électrique au début du siècle.
Vers Baudour, en 1888, partant de la gare et traversant la ville.
Vers Hornu, Wasmes et Eugies, 1905
Ces lignes disparurent après la guerre.
L’enseignement
Dès 1460, on sait qu’une école existait déjà à Saint-Ghislain, tenue par un prêtre que la ville payait.
Le premier collège fut à l’initiative de l’abbé Moulart qui le fonda en 1560 en mettant à sa tête le curé d’Elouges, Nicolas Stiévenart. On y enseignait les branches humanistes.
Dès 1601, les Sœurs Augustines de l’Hôpital Sainte-Elisabeth s’occupèrent aussi de l’éducation des enfants à l’intérieur de leur couvent. Ceci dura jusqu’à 1796.
Il faut cependant attendre le XIXème siècle pour voir apparaître des embryons de ce qui ferait une des caractéristiques de Saint-Ghislain, l’enseignement.
En 1848, on fonda une école industrielle et commerciale, dans le nouvel environnement de l’époque. Elle était gérée entre autres par le bourgmestre et le curé. Une loi de 1850 la transforma en Ecole Moyenne de l’Etat. Les locaux accueillirent en 1868 une nouvelle Ecole industrielle communale. Cette école fut confisquée par les occupants entre 1914 et 1918, et les cours se donnèrent à l’hôtel de ville. En 1926, on commença à y accueillir les filles, puis en 1938, on leur créa une école moyenne indépendante. De nouveau réoccupée par les Allemands en 1940, elle fut récupérée l’année suivante, puis fut détruite lors des bombardements de 1944. Les cours furent dispensés en divers endroits. En 1949, un arrêté royal érigea cette école en Athénée. De nouveaux locaux furent inaugurés en 1952.
Quant à l’école des filles, après avoir émigré dans les locaux de l’école de batellerie après la guerre, elle devint le Lycée Charles Plisnier dans les années ‘1970.
Quant aux Ecoles primaires communales, dont l’enseignement était gratuit, celle des garçons s’ouvrit en 1862 et celle des filles vers 1870.
En 1866, pour lutter contre l’analphabétisme, la commune créa une école pour adultes qui aura du succès.
Une école maternelle fut aménagée après 1918 dans l’Orangerie de l’ancienne abbaye. Plusieurs de ces écoles furent fortement endommagées en 1944.
Une école libre, tenue par des Frères de la doctrine chrétienne, s’ouvrit aussi en 1860. Cet établissement fut supprimé en 1900.
Par contre, l’école ouverte par les Augustines, fermée par les révolutionnaires français, rouvrit par la suite. Elle accueillit une école professionnelle en 1903. Cette école prit de l’extension entre les deux guerres et devint l’Institut Saint Joseph. Bombardée en 1944, elle fut reconstruite en plusieurs étapes.
C’est en 1908 que naquit l’Ecole des Arts et Métiers, rue de l’industrie dans une ancienne bouchonnerie. Elle devint provinciale. Prenant de l’extension, elle fut transférée à Hornu pour devenir les Ecoles techniques du Hainaut.
Quant à l’E.T.H., il naît en 1936 d’une école de confection et de mode, qui s’étendit quelques années plus tard à d’autres sections d’enseignement technique. Les bâtiments en face de la gare datent de 1957.
Enfin, une école pour enfants de bateliers vit le jour en 1927. On lui construit en 1935 le « Home Désiré De Meyer » le long du canal. Avec la suppression du canal, elle fut déplacée et servit de dortoir pour l’internat de l’Athénée.
A l’emplacement de l’ancienne faïencerie, fut construit en 1964-1965 le Collège Sainte-Marie.
On vit aussi apparaître à Saint-Ghislain une académie de musique, ainsi qu’un institut de chimie (1905).
Jean Ockeghem (v1420-1497)
Il s’agit d’un musicien compositeur de l’école bourguignonne de la Renaissance. Il fut l’auteur de nombreuses oeuvres religieuses et profanes qui firent sa renommée à l’époque. Il débuta sa carrière comme chantre à la Collégiale d’Anvers (1443-1444). Il fut remarqué par le duc de Bourbon qui l’engagea comme chantre à Moulins (1448). Ensuite il devint chapelain de la chapelle royale à Paris, engagé en 1452 par le roi Charles VII. Il le resta jusqu’à sa mort sous Louis XVI et Charles VIII. Il faut aussi trésorier (garde du trésor et des reliques) de l’abbaye Saint-Martin de Tours. Il fut nommé prêtre à Cambrai avant 1472. Il mourut à Tours.
Le problème de son lieu de naissance a soulevé plusieurs hypothèses:
à Okegem d’abord, sur la Dendre, près de Ninove, mais il semble qu’il s’agisse ici du berceau de sa famille
à Termonde, un peu plus au nord (pas très loin d’Anvers où il aurait débuté sa carrière)
à Bavay, selon Jean Lemaire des Belges, historiographe local contemporain
à Saint-Ghislain enfin, selon des comptes de l’abbaye du XVIème siècle.
Bibliographie
Saint-Ghislain, Choses et autres du passé, M. Honnis, 1984, Cercle d’histoire et d’archéologie de Saint-Ghislain
Le lieu de naissance de Jean Ockeghem (v1420-1497) : une énigme élucidée, D. Van Overstraeten, Annales du Cercle d’Histoire et d’Archéologie de Saint-Ghislain, T.VI, 1993
Situation géographique : le territoire est situé au nord de la vallée de la Haine sur un plateau
Cours d’eau : la Petite Hunnelle, affluent de la Dendre (Neufmaison n’est plus situé dans le bassin hydrographique de la Haine).
Paysage préhistorique (après la dernière période glaciaire) : boisé
Nature du sol : sablonneux
Nature du sous-sol : grès, craie marneuse
Préhistoire
Non documentée
Antiquité gallo-romaine
On a trouvé en 2002, sur le site « Les Hautes Montagnes » des traces d’une construction d’époque gallo-romaine : fragments de tegulae, pierres (CAW).
Premier Moyen-Age (période franque mérovingienne et carolingienne)
Le même site a révélé un fragment de fibule mérovingienne (CAW).
Deuxième Moyen-Age – le village
Première mention: ?
Toponymie (anciennes orthographes) : ?
Etymologie (hypothèses d’origine du nom) :
De Nova Deomus, maison neuve
Epoque de son apparition: vers le XIIème siècle
Facteurs ayant favorisé son émergence :
– voies de communication: au croisement de deux chemins médiévaux reliant Chièvres à Saint-Ghislain d’une part, Chièvres à Condé d’autre part.
– sources d’eau ou cours d’eau: la Petite Hunnelle
– source de bois: région boisée
– proximité d’un lieu de pouvoir: la prévôté de Saint-Amand à Sirault
Paroisse dédiée à Saint-Martin (probable secours de celle de Sirault)
Evêché: de Cambrai (jusqu’en 1804), puis de Tournai ensuite
Décanat/doyenné: Chièvres
Autel (dîmes, entretien de l’église, nomination des officiants) donné à l’abbaye de Saint-Amand, puis à l’abbaye Saint-Martin de Tournai.
Répartition des pouvoirs pendant la période féodale
Autorité supérieure: comté de Hainaut
Autorité sous-jacente (administrative et judiciaire): prévôté de Mons
Seigneuries et fiefs
Comme à Sirault, et sans doute à la même période, ce sont les moines de l’abbaye de Saint-Amand, qui ont acquis ces terres qui furent défrichées essentiellement au XIIème siècle. Elles dépendaient depuis le IXème siècle de la prévôté ecclésiastique de Sirault.
Par la suite, au moins deux seigneuries s’y développèrent. Pour quelle raison? attribuée en arrière-fiefs par les moines de Saint-Amand?
De la première, dite seigneurie principale, on sait qu’elle releva des familles qui détinrent Condé au moins depuis 1498, soit :
Les Oettingen (1498-1526)
Les Roghendorf (1526-1559)
Les De Croÿ. Neufmaison fut racheté par Anne de Croÿ, dame de Chièvres, en 1559. Celle-ci épousa en secondes noces en 1592 son cousin Philippe II de Croÿ-Solre
Au contraire de Chièvres qui passera aux Egmont, puis aux Pignatelli, Neufmaison serait restée dans les propriétés des Croÿ-Solre jusqu’à 1795, fin de l’Ancien Régime.
Quant à la seigneurie de la Motte, elle fut aussi un arrière-fief et fut tenue par des familles moins connues :
Le Senne (1474)
Brougnart (1537)
Dutrieu (1575)
Duquesnoy (jusqu’au XVIIIème)
Période française (1794-1814)
Fin de l’Ancien Régime féodal en 1794
Département: Jemappes
Canton: ?
Répartition des pouvoirs pendant la période contemporaine (à partir de 1814)
Etat: Royaume des Pays-Bas (1814-1830), puis Royaume de Belgique
Province: Hainaut
Arrondissement administratif: Mons
Arrondissement judiciaire: Mons
Canton: ?
Entité communale depuis 1977: Saint-Ghislain
Economie
Elle fut essentiellement agricole : lin, céréales, élevage. Quelques fermes quadrilatères existent encore aujourd’hui.
Altitude: de 25 m (Douvrain) jusqu’à 95 m (nord du bois)
Situation géographique : Ce très grand territoire de Baudour est situé sur le versant nord de la vallée de la Haine.
Cours d’eau : les ruisseaux de la Gronde et de la Briserie, affluents de la Haine.
Paysage préhistorique (après la dernière période glaciaire) : Les pentes et le plateau étaient autrefois couverts d’une grande forêt (beaucoup de chênes), qui s’étendait de Bonsecours jusqu’à Havré et dont il reste encore aujourd’hui de nombreux vestiges.
Nature du sol : sablonneux, argileux
Nature du sous-sol : grès, schiste, houille
Préhistoire
Néolithique (Homo Sapiens) :
Sur le territoire de Baudour, on retrouva des témoignages du néolithique : des haches de silex et des débris d’armes en pierre. Sur le site de la « Croix-Cailleaux » (tout à l’ouest du village), furent retrouvés en 1956 et 2000 des indices d’occupation durant cette période.
A Douvrain, près du temple protestant, furent également découverts des ébauches de haches et des artefacts taillés en silex de Ghlin, donc du néolithique ancien (CAW). Jean Houzeau de Lehaye (1922-23), lors de recherches, avait conclu à un possible atelier de taille. Des fouilles récentes n’ont pas permis de trouver un gisement local ni d’une structure évoquant un atelier, malgré la présence importante de matières taillées.
Age du bronze :
Des découvertes en rapport avec l’âge du bronze final (vers 900 avant J.C.) furent faites par Mr. Dufrasnes en 1997 et en 2000, sur ce même site : des bols, des jattes, des gobelets, des vases à provisions, ainsi qu’un fragment d’épée en bronze et une épingle.
Ages du fer :
En 2000, des signes d’occupation du deuxième âge du fer (période de La Tène) furent également trouvés par le même archéologue.
On prétend que sur le territoire de Baudour, se serait trouvé autrefois un centre religieux druidique pour les Gaulois de la région, ce qui se comprend par la proximité des forêts de chênes et des sources très nombreuses, souvent vénérées dans les religions druidiques. Mais rien, document ou indice archéologique, n’atteste cette affirmation.
Antiquité gallo-romaine
Aucune grande chaussée romaine ne passe à proximité. Mais il semble qu’un « chemin » parcourait tout le versant nord de la vallée, parallèlement à la rivière, depuis peut-être le néolithique. Il n’est donc pas impossible que des habitats, gaulois, puis gallo-romains, soient apparus à proximité de cette voie et de la Haine, qui aient d’ailleurs nécessité de défricher une partie du bois.
On y a retrouvé en 1956 (exploitation d’une sablière) des vestiges de l’époque gallo-romaine: deux cimetières (à la “Croix Cailleaux” à l’ouest de la commune). Il y avait là une nécropole à incinération, avec des tombes en pleine terre, dans des coffrages de tuiles et de fragments de dolium (grandes amphores).
On dit que les Romains y installèrent aussi un sanctuaire (au Mont Garni).
Un trésor de 600 pièces de monnaie d’argent de l’époque flavienne (Vespasien, Commode, fin du Ier siècle après J.C.) fut trouvé.
Une pièce de monnaie a été retrouvée en 1997 au lieu-dit « Couture de Roudelet » (soit à près d’un km du site gallo-romain actuellement connu) : un sesterce d’Alexandre Sévère, de 226. Il y avait à proximité des fragments de tuiles et des poteries, témoignant d’un habitat.
A Tertre (2005, 2007), on trouva de nombreux tegulae (tuiles) et des tessons de poterie (en sigillée d’Argonne du IIème siècle, en sigillée de Gaule centrale et de la poterie commune en pâte septentrionale), de la monnaie, un fragment de meule.
Ceci évoque un habitat gallo-romain du sud de la cité des Nerviens entre le milieu du IIème siècle et la seconde moitié du IIIème siècle, habitat peut-être aisé évoquant une éventuelle villa.
En 2008, furent encore trouvés un fragment de fibule (IIème) et un tesson de jatte (IIème).
Premier Moyen-Age (période franque mérovingienne et carolingienne)
Des sépultures mérovingiennes furent retrouvées à Tertre lors de l’implantation de Carcoke.
Deuxième Moyen-Age – le village
Première mention: 1010
Toponymie (anciennes orthographes) :
Baldurnium (1010),
Baldulium,
Baudulium
Silvia Baldulia (1605)
Baudour (1186)
Baudou (patois)
Etymologie (hypothèses d’origine du nom) :
Dou = gué; Bal = mauvais -> mauvais passage
Durnum, durno (comme Dour) = fortin gallo-romain
Certains évoquent la déesse Baduhenna (qui a aussi donné Boduognat, Baudouin, …)
Balo = mamelon, collier
Epoque de son apparition: entre le Xème et le XIèem siècle. Le village médiéval s’est constitué en deux noyaux, autour de l’église et autour du château (celui-ci se trouvait dans le parc communal actuel) de manière lâche. Le ruisseau de la Gronde, perpendiculaire au versant, créait une faille nord-sud jusqu’à l’entrée du domaine castral.
Facteurs ayant favorisé son émergence :
– voies de communication: pas de grande voie antique (supra), mais sans doute un chemin médiéval.
– sources d’eau ou cours d’eau: les ruisseaux de la Gronde et la Briserie
– source de bois: tout le versant était boisé
– proximité d’un lieu de pouvoir: un château seigneurial
Paroisse dédiée à Saint-Géry
Evêché: de Cambrai (jusqu’en 1804), puis de Tournai ensuite
Décanat/doyenné: Mons
Autel (dîmes, entretien de l’église, nomination des officiants) donné à l’abbaye de Saint-Ghislain en 1110 par Odon, évêque de Cambrai.
Répartition des pouvoirs pendant la période féodale
Autorité supérieure: comté de Hainaut
Le village de Baudour était situé dans le comté de Hainaut (pagus Hainoensis), dans une petite enclave au nord de la Haine qui appartenait à ce comté, à la limite de l’ancien comté de Brabant (Burbant). Il faisait partie du domaine comtal, sans doute ancien domaine fiscal impérial. On dit même, sans preuve, que Régnier Ier « au Long Col » en fut le premier seigneur. Il semble cependant que les premières seigneuries se soient mises en place quelques dizaines d’années plus tard.
Autorité sous-jacente (administrative et judiciaire): prévôté de Mons
Seigneuries et fiefs
Le territoire de Baudour, au début de la féodalité, se composait de plusieurs seigneuries :
Une seigneurie principale dont la description va suivre.
Une autre relevant de l’abbaye de Saint-Ghislain, don du comte Baudouin I, confirmé en 1065 (avec droit d’y prélever le dixième chêne et le droit de glanage du bois mort pour ses paysans). Nombreux furent les conflits entre les comtes et les abbés à propos des forêts de Baudour, au point que ces derniers jetèrent à la fin leur dévolu sur Tertre (suite à un procès avec le seigneur Poisson de Dour).
Une seigneurie de Douvrain, qui avait ses maires héréditaires. Ce serait sur cette seigneurie que Robert le Frison passa en 1076 la Haine pour aller battre la comtesse Richilde.
La seigneurie principale
Baudour devint une des douze pairies du Hainaut, probablement sous Richilde et son fils Baudouin II, ce qui signifie que son seigneur assistait aux délibérations à la cour comtale. Cette fonction va souvent de pair avec l’ancienneté de la famille seigneuriale d’origine.
Cette seigneurie appartint successivement à diverses familles.
Famille très importante au XIème et XIIème siècle, il est probable, sans certitude absolue, qu’elle descende de Rodolphe, deuxième fils du comte Régnier III. Ils portaient le nom de « Mons ». Celui-ci est-il lié à leurs origines ou est-ce parce que plusieurs de leurs membres furent châtelains (ou « pairs du château ») de Mons ? Etaient-ils au départ propriétaires du grand domaine seigneurial de Baudour ou l’ont-ils obtenu d’un comte pour services rendus à celui-ci ou par lien familial ? Autant de questions qui ne peuvent que rester des hypothèses.
Il en est de même pour savoir lequel de la famille put exercer les droits féodaux et devenir pair du comté. La liste qui suit est donc à prendre avec de grandes précautions et commence sous le règne de la comtesse Richilde qui, on le sait, eut une part importante dans l’organisation du comté.
Gossuin de Mons (1020/1026, Ath- ?), époux de Mélissende de Baudour
Gossuin I de Mons (1045/1056, Baudour-1088/1093, Mons). Le numéro « I » pourrait signifier qu’il fut peut-être le premier de la famille à être châtelain de Mons.
Gossuin II « Isaac » de Mons (1070/1075, Mons-1122/1142, Mons)
Gossuin III de Mons (1116/1120, Baudour – v1177, Mons). Ce dernier est considéré par l’historien de Guyse comme un des plus puissants vassaux du Hainaut à l’époque des comtes Baudouin IV et Baudouin V. Il était à la tête d’un grand domaine comportant plusieurs seigneuries. Il avait épousé Béatrix de Rumigny, fille d’un autre seigneur important et petite-fille du comte Baudouin II par sa mère. A leur mort, le grand domaine fut divisé entre les enfants. Leur fille Alix hérita du domaine de Baudour.
Il s’agit d’une famille qui descend d’une branche cadette des comtes de Flandre, à qui avait été attribué le comté de Boulogne. Une nouvelle branche cadette prit le nom de Jauche par mariage avec l’héritière de ce village brabançon (aujourd’hui Orp-Jauche). Cette branche a donné des avoués de l’abbaye Sainte-Gertrude de Nivelles. Sont connus:
Régnier I de Jauche « de Boulogne » ((1135/1140-1184) devint seigneur de Baudour et pair de Hainaut en épousant Alix de Mons, dame héritière de Baudour, fille de Gossuin III.
Gérard de Jauche (1155-1216), fils des précédents
Gérard II de Jauche
Gérard III de Jauche
Gérard IV de Jauche
En 1335, une source dit que le domaine de Baudour fut vendu au comte de Hainaut, Guillaume I d’Avesnes « le Bon », par Gérard de Jauche, revenu lépreux de la croisade. Mais ce Gérard lépreux est décédé en 1293. Il pourrait s’agir de son fils, Gérard IV, qui est mort après 1329.
Les comtes de Hainaut, puis souverains des Etats Bourguignons et ensuite des Pays-Bas (1335-1606)
C’est de cette époque que remonterait la construction du château dans un domaine qui, outre les bois, les garennes et les prés, traversés par une rivière, comprenait un moulin banal et un tordoir (selon un document de 1335). Une partie du domaine se composait de tenures, petites exploitations agricoles tenues par des manants qui devaient au seigneur diverses rentes et corvées.
Le seigneur de Baudour fut ainsi successivement :
Guillaume I d’Avesnes (1304-1337)
Guillaume II d’Avesnes (1337-1345), fils du précédent
Marguerite II d’Avesnes (1345-1348), sœur du précédent. Elle a épousé Louis IV de Bavière, empereur de Germanie.
Guillaume III de Bavière « l’insensé » (1356-1389), fils des précédents
Aubert de Bavière (1389-1404), frère du précédent
Guillaume IV de Bavière (1404-1417), fils du précédent
Jacqueline de Bavière (1417-1433), fille du précédent – Philippe le Bon, son cousin, l’obligea à lui céder ses possessions par héritage. En réalité, de 1417 à 1441, la seigneurie de Baudour fait partie du douaire assigné à Marguerite de Bourgogne, veuve de Guillaume IV.
Philippe le Bon (1433-1467), duc de Bourgogne et souverain des Etats Bourguignons (Flandre, Artois, Brabant, Namur, Luxembourg, Hainaut, Hollande, Zélande, Frise, Franche-Comté)
Charles le Téméraire (1467-1477), fils du précédent, avec les mêmes titres
Marie de Bourgogne (1477-1482), fille du précédent, avec les mêmes titres (elle perd la Bourgogne cependant). Elle a épousé Maximilien, archiduc d’Autriche qui deviendra empereur de Germanie.
En 1479, Maximilien et Marie font don de la seigneurie de Baudour à Jacques I de Luxembourg (1445-1487), seigneur de Fiennes, maréchal de leurs armées (pour des raisons expliquées dans la courte biographie du personnage – chapitre généalogique des Luxembourg).
A sa mort, le domaine fut donné à son fils Jacques II de Luxembourg ( ?-1517)
Maximilien d’Autriche, devenu empereur de Germanie, reprit la seigneurie en 1490 et la donna à Baudouin de Bourgogne (1445-1508), fils bâtard de Philippe le Bon, bon militaire et bon diplomate. Ce qui fut confirmé par Philippe le Beau, fils de Maximilien. Mais qui fut contesté par la veuve de Jacques Ier, Marie de Berlaymont, dame des villages voisins de Ville, Hautrage et Villerot. Elle fut finalement déboutée de son appel en justice.
A Baudouin de Bourgogne, succéda en 1508 son fils, Philippe de Bourgogne, qui revendit la seigneurie en 1522 à Charles Quint.
Charles Quint (1508-1555), fils de Philippe le Beau, souverain des Pays-Bas à sa majorité (1515), roi d’Espagne (1516), empereur de Germanie (1519)
Philippe II (1555-1599), son fils, roi d’Espagne et des Pays-Bas Espagnols
En 1599, le roi Philippe II en fit don à sa fille Isabelle d’Espagne, épouse de l’archiduc Albert d’Autriche, gouverneur des Pays-Bas. Les frais de guerre et de réparation ayant vidé les caisses des gouverneurs, ils durent se résoudre à vendre plusieurs propriétés, dont celle de Baudour.
Maison d’Etten (1606-1629)
En 1606, la seigneurie de Baudour fut achetée sous forme de gage par Henri van Etten, bourgmestre d’Anvers. Lui ou un de ses fils (ils s’appelaient Henri de père en fils) la revendit en 1629.
Charles-Philippe de Croÿ ( ?-1640). Entre autres : marquis de Renty, duc d’Havré, comte de Solre. Seigneur de Baudour par achat en 1629.
Philippe Eugène de Croÿ ( ?-1665), fils du précédent. Il hérita une partie des titres de son père, mais devient carme à Valenciennes, puis évêque de Gand. Sans héritier, il vendit la terre de Baudour en 1652.
Philippe-François d’Arenberg (1640-1674),duc d’Arenberg et propriétaire de nombreux titres, acheta la seigneurie de Baudour en 1652, puis la revendit trois ans plus tard.
Claude-Lamoral I de Ligne (1618, Beloeil-1679, Madrid). Outre ses titres de prince de Ligne, d’Amblise, d’Epinoy et du Saint-Empire, ce personnage était aussi à la tête du marquisat de Roubaix, des comtés de Fauquemberghe et de Nechin. Il était le seigneur de très nombreux villages, dont Montroeul-sur-Haine, Thulin, Ville-Pommeroeul, Hautrage, Stambruges, Ellignies-Sainte-Anne, Beloeil, … Il y ajouta en l’achetant Baudour en 1655. Lui succédèrent:
Henri-Louis-Ernest de Ligne (1644-1702), son fils
Antoine Joseph Ghislain de Ligne (1682-1750), fils du précédent, mort sans héritier
Claude Lamoral II de Ligne (1685-1766), frère du précédent. Il ajouta aussi Quevaucamps et Granglise à ses possessions qui s’étendaient à ce moment sur la quasi-entièreté des villages au nord de la Haine et quelques-uns au sud de celle-ci. C’est lui qui aménagea le château et le domaine de Beloeil tel que nous le connaissons aujourd’hui.
Charles-Joseph Lamoral de Ligne (1735, Bruxelles – 1814, Vienne) fut le dernier seigneur féodal de la lignée. Il termina sa vie de cour et d’écrivain à Vienne.
Après la Révolution, son fils Eugène Lamoral de Ligne (1804, Bruxelles – 1880, Bruxelles), récupéra le titre de « prince de Ligne » qu’il transmit à ses descendants. Il retrouva son domaine de Beloeil et un vaste patrimoine foncier, dans lequel se trouvait ses possessions et son château de Baudour.
La commune
Les habitants de Baudour auraient obtenu une charte communale de la part de leur seigneur Gérard II de Jauche, vers 1250-1260. Au début, les seigneurs rendaient eux-mêmes la justice (haute et basse). A partir du XVème siècle, ils cédèrent la fonction à des baillis qui les représentaient dans leurs seigneuries.
Autrefois, Douvrain et Tertre étaient des hameaux dépendant de Baudour.
Tertre devint une commune indépendante en 1883. Quant à Douvrain, ce fut le cas en 1872.
Douvrain viendrait de « Dura », essart du Pont, passage par bois essarté par le feu
Période française (1794-1814)
Fin de l’Ancien Régime féodal en 1794
Département: Jemappes
Canton: ?
Répartition des pouvoirs pendant la période contemporaine (à partir de 1814)
Etat: Royaume des Pays-Bas (1814-1830), puis Royaume de Belgique
Province: Hainaut
Arrondissement administratif: Mons
Arrondissement judiciaire: Mons
Canton: Lens
Entité communale depuis 1977:
Evènements et faits marquants sur le sol de la commune
Au XVIème siècle, lors de la Réforme, Baudour attira les tenants de la nouvelle religion qui, à l’ombre des bois et avec la permission des maires, écoutaient les prédicateurs protestants. S’y trouvait un certain Francisco de Marchy, fils d’un italien de Bologne, attiré par Charles Quint à Mons et y ayant fait souche. De Marchy faillit se faire prendre par l’Inquisition.
Au XVIIème siècle, les plaines de Baudour servirent souvent de camps pour les armées de Louis XIV lorsqu’il vint en 1649, 1665, 1667 et 1709, s’attaquer à St Ghislain.
Economie
Longtemps l’agriculture, l’élevage et l’exploitation de la forêt constituèrent les ressources principales des habitants de la commune.
Sous les Ligne, à partir de la deuxième moitié du XVIIème, les forêts domaniales firent l’objet d’une politique de taille et d’abattage pour alimenter en bois les industries environnantes, notamment les charbonnages. Des chasses y étaient aussi organisées (ours avant le XIVème, cerf, sanglier).
Dans le massif forestier de Baudour, on exploita aussi le sous-sol qui détermina une grande partie des activités artisanales et industrielles du village à travers les siècles et surtout à partir du XIXème.
Activité d’extraction houillère
En 1298 et ensuite lors de la période bourguignonne au XVème siècle, on y chercha déjà du charbon de houille qui affleurait dans le bois au nord du village. Puis on creusa pour le trouver en profondeur au XVIème siècle lors de la période espagnole. On y mentionnait déjà les sites de « Noirefosse », « La Carbonnière », « La Taille des fosses », « la Taille des Charbonniers ».
L’exploitation n’était pas continue, parce qu’elle rencontrait des obstacles : les inondations des puits et des couches peu riches. Après un premier abandon en 1562, on fit de nouvelles tentatives en 1598, en 1605, puis de 1625 à 1630, en 1675 et en 1686. On abandonna finalement au milieu du XVIIIème siècle. Des traces de ces anciens puits sont encore visibles aujourd’hui et ont été examinées (D. Pacyna, E. Leblois).
Exploitation du gisement houiller du Comble Nord par galeries en plan incliné – Bois de Baudour – 1899. Une société acheta des terrains (39ha) à la famille de Ligne en 1901. La première couche de terrains fut improductive (Tertaire, Crétacé, Wealdien), car très aquifère. Mais la deuxième couche contenait des schistes, du grès et des veines de charbon. La « S.A. du charbonnage de Baudour » (puits n°12) fit de nouveaux essais, mais le terrain trop aquifère ne permit pas encore d’exploiter le charbon. Les fouilles des dernières années ont permis de retrouver les vestiges dans le bois, de part et d’autre du ruisseau de la Gronde. Plutôt que de creuser des puits verticaux, on réalisa deux tunnels inclinés, comme on le faisait dans les mines de fer au Luxembourg et dans la Sarre. L’exploitation fut nulle à cet endroit, de 1905 à 1908, pour trouver finalement … de l’eau chaude! Il s’agit d’un site unique en son genre en Belgique, laissé à l’abandon au milieu du bois.
On déplora un coup d’eau en profondeur en 1905, événement qui a permis une exploitation thermale (infra). Les deux puits fermèrent en 1908.
Au sud du village, on continua à extraire la houille dans une zone exploitée depuis la fin du XVIIème siècle. Les terrils aujourd’hui en témoignent. La SA des Charbonnages du Hainaut de Tertre (Concession Espérance-Hautrage), puis les Charbonnages du Borinage d’Hautrage exploita la houille grasse jusqu’en 1971. Fermeture du puits Espérance n°2 à Douvrain en 1966.
Eaux minérales
Le sol de Baudour est riche en eaux minérales ferrugineuses. Certaines sont chaudes. Ces eaux pourraient provenir de la résurgence d’eaux superficielles qui se seraient infiltrées au travers des schistes namuriens.
On l’a vu plus haut, en 1905, dans le bois, alors qu’on recherchait du charbon, on découvrit ces sources importantes d’eau chaude. La source Elisabeth produisait de l’eau sulfatée à 53°. En fait ces sources étaient connues depuis 1779, mais ne furent exploitées qu’à partir de 1908 par la princesse de Ligne de la Rochefoucauld.
Les Ligne, propriétaires des lieux, créèrent en 1914 un établissement thermal, le « Radio-Institut de Baudour », dans l’orangerie du château. L’affaire fut octroyée à un particulier en 1922, mais fut reprise par Marie de Ligne, épouse d’Alexandre de Tours et Taxis.
Ce n’est qu’à partir de 1957 que l’on commercialisa l’eau de Baudour de la « Source Rouge Fontaine » en bouteilles au nom de la Société coopérative de la source minérale de Baudour. Elle devint en 1980 Société Nouvelle des Eaux de Baudour. Elle ferma en 1992.
Industrie céramique
Dès le XVème siècle, on exploita une argile plastique adéquate pour les potiers. Cette activité devint industrielle dans le premier tiers du XIXème. On mentionne à Baudour au XIXème et au début du XXème :
cinq usines de produits réfractaires et céramiques, notamment au quartier des Agaches, au Coron du Bois et à la rue d’Herchies
deux manufactures de porcelaine, dont celles de Mrs Pêtre et Defuisseaux
six faïenceries
François Declercq, céramiste ayant travaillé en Saxe, amena une technique de fabrication de porcelaine dure, résistante aux chocs mécaniques et thermiques. Il acquit à Baudour une fabrique artisanale de carreaux et poteries à la rue d’Herchies. Il se spécialisa en faïencerie et porcelaine. La prospérité suivit. La société fut reprise en 1849 par Nicolas Defuisseaux (dont le fils Alfred sera militant socialiste et député). En 1857, c’est au fils de celui-ci, Fernand, que revint l’entreprise. Il créa en 1867 une nouvelle société : de Fuisseaux. En 1934, cette société fut acquise par Cerabel, la Société Belge de Céramique. On se spécialisa en pièces de vaisselle de table (de luxe et de restaurant) et surtout en porcelaine électrotechnique (isolateurs-cloche). NGK, une société japonaise, racheta Cérabel en 1977 et ne conserva que cette dernière activité.
Autres activités industrielles de Baudour
exploitation de gisements de phosphates de fer
des brasseries
une centrale électrique. Une centrale thermique fut construite en 1959, pas loin du canal, pour approvisionner en électricité les charbonnages du nord borain, de Quaregnon et de Cuesmes. Ses activités cessèrent en 1999, longtemps après la fermeture des mines, mais surtout après celle de Carcoke de Terre en 1997. Elle fut démolie dans les années suivantes.
Il a été aménagé depuis 1960 et est un des premiers du genre en Belgique.
Voies de communication et évolution du village
Le bourg actuel s’étend du pied du versant nord de la vallée en pente vers le plateau.
Il existait, au moyen âge, un chemin de Mons à Beloeil, croisé par celui qui allait de Saint-Ghislain à Chièvres et à Lens.
Avec l’essor économique, le village prit de l’extension à partir du milieu du XIXème siècle. On construisit des maisons de type urbain (mitoyennes et à étage), ainsi que quelques maisons bourgeoises pour les propriétaires des entreprises. Ces maisons suivirent les modes architecturales de l’époque : néogothiques, éclectiques, art nouveau). Exemples : le château Pêtre, le château du baron Henri-Emmanuel de Saint-Symphorien.
Des corons de maisons ouvrières apparurent à proximité des centres industriels (Coron d’En Haut, rue de Herchies, quartier des Agaches).
Enfin dans la seconde moitié du XXème siècle, le village de Baudour s’étendit avec la construction de cités (Sartiaux), de lotissements (Quartier Charbonnière, de l’Europe et de la Quiétude) pour devenir résidentiel.
La route de Mons à Tournai a été modernisée dans les années 1960 (N50), séparant les quartiers sud et nord du village. Elle longeait au nord le canal de Nimy-Blaton-Péronnes, construit dans les années 1950.
A la fin du XIXème siècle, on aménagea une voie de chemin de fer depuis Saint-Ghislain.
Patrimoine
L’ancien château
Il existait un château (« la Courte au Bois ») qui appartint aux comtes de Hainaut et aux seigneurs suivants, construit au milieu du XIVème siècle. Les comtes venaient chasser dans les bois alentours et s’y reposer. Plus tard il devint une maison de chasse des Ligne, peu remarquable, de style gothique, mais fréquemment remanié jusqu’en 1807. Charles-Joseph de Ligne l’avait bien décorée ; on dit qu’il y résidait plusieurs mois par an. Il y fit créer de splendides jardins.
Charles de Lorraine, gouverneur des Pays-Bas Autrichiens en 1754 y reçut l’impératrice Marie-Thérèse.
A la sortie de l’ancien régime, la propriété des Ligne fut rachetée par l’administration communale (actuel parc communal). L’antique château, appartenant toujours aux Ligne, fut partiellement démoli en 1807. L’intendant Hubert transforma le reste en une noble demeure. Il fut occupé par la princesse Elisabeth Françoise Marie de la Rochefoucauld (1865-1946) jusqu’en 1940.
Le parc et le château furent acquis par la commune qui le fit démolir 25 ans plus tard et aménagea le parc.
Le parc communal
Aujourd’hui consacré à des activités festives et sportives, il est le vestige d’une ancienne propriété des Princes de Ligne, aménagée en jardins en 1807 par Charles-Joseph de Ligne.
Eglise St Géry
La tour-clocher est du XVème siècle. Les nefs, le chœur et le porche, en style gothique hennuyer, ont été bâtis entre 1490 et 1599, en pierre de Granglise. Le porche est remarquable. La charpente apparente est sculptée. Pierre tumulaire de Charles Delecourt, mort en 1446. L’église fut agrandie par deux travées en 1870-1878. Une chapelle funéraire fut construite pour la famille Hubert, intendante du château, au XIXème siècle.
Le presbytère date de la seconde moitié du XVIIIème.
Bibliographie
Baudour, terre et pairie, son histoire, par Rolland, Ghiste, Berland, Ed. du cercle d’histoire et d’archéologie de Baudour et de la région, 1937
Les anciennes fosses à houille du Bois de Baudour, D. Pacyna, Annales du Cercle d’Histoire et d’archéologie de Saint-Ghislain, T.IX, 2002
Entre Luxembourg et Bourgogne: les seigneurs de Baudour de 1479 à 1508, J.M. Cauchies, Annales du Cercle d’Histoire et d’Archéologie de Saint-Ghislain, T.VI, 1993
Situation géographique : Le territoire se situe sur le versant nord de la vallée de la Haine
Cours d’eau : le ruisseau Saint-Pierre
Paysage préhistorique (après la dernière période glaciaire) : forestier
Nature du sol : sablonneux
Nature du sous-sol : grès, pierre calcaire, houille
Préhistoire
Néolithique (Homo Sapiens) :
Villerot, comme beaucoup de villages voisins des « hauteurs » au nord de la vallée de la Haine, fut fréquenté par les hommes du néolithique (entre 5000 et 2000). En 1999, l’archéologue Mr Dufrasnes trouva des silex de type Ghlin et Spiennes. Il découvrit en 2008 sur le site « Ronde Bosse » une hachette polie en silex et des petits rognons de silex.
Antiquité gallo-romaine
Les auteurs du XIXème évoquent des vestiges gallo-romains. Selon Th. Bernier, on y a trouvé des monnaies d’or et d’argent s’étalant dans le temps d’Antonin le Pieux à l’usurpateur Postumus (IIème siècle).
Toujours en 1999, Mr Dufrasnes découvrit des tessons de céramique commune et de rares tegulae, ce qui témoignerait d’une structure d’habitat gallo-romain d’une importance inconnue.
Premier Moyen-Age (période franque mérovingienne et carolingienne)
Les auteurs anciens mentionnent encore des vestiges francs dont nous n’avons pas connaissance. Il s’agirait de sépultures, témoignant d’un habitat à l’époque mérovingienne ou carolingienne.
On sait qu’une sépulture fut mise à jour lors de la construction vers 1930 des premières usines du zoning industriel. Peut-être ce dernier cache-t-il sous ses fondations des secrets intéressants ?
Le nom “Villerot” fait sans doute allusion à une villa carolingienne sur le site où s’est ensuite installé le village.
Deuxième Moyen-Age – le village
Première mention: XIème siècle (pas de précision)
Toponymie (anciennes orthographes) : ?
Etymologie (hypothèses d’origine du nom) :
Pas d’indication, mais sans doute le nom est dérivé du latin villa.
Epoque de son apparition: vers le XIème siècle
Facteurs ayant favorisé son émergence :
– voies de communication: des voies anciennes au nord de la Haine, qui reliaient Saint-Ghislain à Chièvres, Tournai et Condé.
– sources d’eau ou cours d’eau: le ruisseau Saint-Pierre
– source de bois: tout le versant était boisé
– proximité d’un lieu de pouvoir: ?
Paroisse dédiée à Saint-Pierre
Evêché: de Cambrai (jusqu’en 1804), puis de Tournai ensuite
Décanat/doyenné: Chièvres
Autel (dîmes, entretien de l’église, nomination des officiants) donné à l’abbaye de Saint-Ghislain en 1110 par Odon, évêque de Cambrai.
Répartition des pouvoirs pendant la période féodale
Autorité supérieure: comté de Hainaut
Autorité sous-jacente (administrative et judiciaire): prévôté de Mons
Seigneuries et fiefs
Il semble qu’il n’en existait qu’une sur le territoire de Villerot, faisant à l’origine partie d’un domaine royal appartenant peut-être au pagus de Brabant (Burbant) et dont les comtes sont devenus propriétaires en 1049.
A partir d’ici, l’histoire seigneuriale de Villerot est semblable à celle d’Hautrage.
La commune
Pas de notion d’une charte communale.
Au milieu du XIIIème siècle, les habitants de Villerot, ayant permis au seigneur de Baudour, Gérard III de Jauche, atteint de la lèpre à son retour de Palestine, de bâtir une chapelle à côté du chœur de leur église, où il pouvait entendre la messe, reçurent de lui la permission de faire paître à perpétuité leurs bestiaux sur le territoire de Baudour et d’y ramasser du bois mort.
Ce qui entraîna par la suite des conflits entre les habitants des deux villages. Il fallut attendre 1851 pour que Villerot, à la suite d’une entente, cède ces droits contre rémunération à la commune voisine.
Période française (1794-1814)
Fin de l’Ancien Régime féodal en 1794
Département: Jemappes
Canton: ?
Répartition des pouvoirs pendant la période contemporaine (à partir de 1814)
Etat: Royaume des Pays-Bas (1814-1830), puis Royaume de Belgique
Province: Hainaut
Arrondissement administratif: Mons
Arrondissement judiciaire: Mons
Canton: ?
Entité communale depuis 1977: Saint-Ghislain
Evènements et faits marquants sur le sol de la commune
La bataille d’Hautrage en 1572, entre les huguenots et les troupes espagnoles, eut lieu en partie à Villerot, sur le « champ de l’Alouette ».
Economie
Elle est essentiellement agricole (céréales, élevage).
On y extraya cependant
De la terre plastique pour la fabrication de produits réfractaires – on compta cinq carrières à la fin du XIXème siècle
Du grès
En 1928-1932, s’ouvrir un pôle industriel sur les trois communes d’Hautrage-Villerot-Tertre. Il est décrit dans le chapitre de Tertre.
Le canal Nimy-Blaton-Péronnes vint desservir ce site dans les années ‘1950.
La route de Wallonie fut réaménagée dans les années ‘1960.
Patrimoine
Eglise St Pierre. Romano-gothique. Un premier bâtiment aurait existé au XIIème siècle, de style roman. Il fut remanié par des apports gothiques au XVIème, peut-être après la bataille de 1572 (le bénitier date de 1595). Il fut refait en 1851 pour donner l’église actuelle, où l’on a gardé des éléments des XVII et XVIIIème.
Altitude: de 22 m (niveau de la Haine au sud) jusqu’à 75 m à la limite de Sirault.
Situation géographique : Le territoire d’Hautrage est situé en vallée de Haine sur sa rive droite.
Cours d’eau : la Haine, le ruisseau des Fontaines,
Paysage préhistorique (après la dernière période glaciaire) : dans la plaine à proximité de la Haine, les terrains étaient (et sont encore en partie) marécageux. A mesure que l’on monte sur le versant nord, le sol était couvert de la forêt qui va de Bonsecours à Saint-Denis-en-Broqueroye.
Nature du sol : alluvionnaire, argileux, sablonneux
Nature du sous-sol : pierre calcaire, grès, houille
Préhistoire
Néolithique (Homo Sapiens) :
Plusieurs indices de la période néolithique (entre 5000 et 2000) ont été découverts dans le sol d’Hautrage.
En 1981 : un couteau en silex dans le canal de dérivation de la Haine, à la « Canarderie » entre Hautrage et Pommeroeul.
En 2000 : une hachette polie, une pointe de flèche, un grattoir, des lames, des lamelles et des nucléus furent trouvés dans un champ (non mentionné)
En 2004 : une hachette en silex dans le même champ
En 2003 : une hache en silex à proximité
Age du bronze :
Des témoignages de l’âge du bronze furent trouvés en 2013 dans un champ non mentionné (Lebailly, Dufrasnes) : une hache en bronze de type languedocien (entre bronze ancien et bronze moyen, ce qui est rare en Hainaut : une à Ghlin, une à Brugelette), ainsi qu’une lame (d’épée ou de lance) brisée intentionnellement comme on le faisait de façon rituelle. Cette découverte s’inscrit dans un contexte régional plus large propre à cette période, d’après des éléments retrouvés à Bernissart et Harchies.
Antiquité gallo-romaine
Hautrage est situé à distance des grandes chaussées romaines. Cependant des chaussées secondaires (diverticulums) passaient à proximité, dont on ne connait pas toujours l’ancienneté : néolithique ? Gallo-romaine ? Médiévale ? On sait qu’une voie circulait au nord de la Haine, parallèle à celle-ci.
On mentionne des chemins allant de Condé à Mons, de Pommeroeul à Chièvres, mais ils se réfèrent à des lieux qui n’existent que depuis le Moyen-Age. Il est donc difficile d’en conclure la situation dans les premiers siècles de notre ère.
En 1898, Mr Haubourdin, sur le site de « La Hamaide », mit à jour un vaste cimetière à urnes. On retrouva à proximité de nombreux tessons gallo-romains de céramique commune à la surface d’un champ (ouest du ruisseau Le Fossé à Baleines) et de rares tegulae (donc construction peu probable, mais plutôt site lié à des pratiques funéraires).
En 1995, dans un jardin de la « rue de Varsovie », on retrouva des tessons de céramique (amphore) du Haut-Empire romain.
Au « champ de l’Alouette », on a déterré des fragments de tegulae (tuiles), une tête de fibule (identique à d’autres datant du Ier siècle), des monnaies du Ier et du IIème siècle (sesterce de Faustine, de Commode, d’un Antonin).
En 2000, sur le site « Villa du Sart » (déjà signalé par Haubourdin en 1898 où il avait ramassé des monnaies) et sur « Les Prés de Grand-Rieu » : des tessons gallo-romains (mortier, vases en terre sigillée, ces derniers originaires du Centre de la Gaule, IIème, et du sud de la Gaule, 80-120).
On peut supposer qu’une villa gallo-romaine exista à Hautrage depuis le milieu du Ier siècle jusqu’au milieu du IIIème. Si la nécropole fut vaste, cela signifierait qu’une population assez importante vivait et travaillait dans cette exploitation.
Premier Moyen-Age (période franque mérovingienne et carolingienne)
Nous n’avons pas mention d’une occupation lors de cette période
Deuxième Moyen-Age – le village
Première mention: IXème siècle (sans précision)
Toponymie (anciennes orthographes) :
Heltregia, 1082
Haltrigis, 1095
Autrâch
Etymologie (hypothèses d’origine du nom) : On pense que le nom du village dériverait des mots latins alte (=haut) et rege (= terre ou terroir), ce qui en ferait un pays de hautes terres (par rapport à la Haine).
Epoque de son apparition: probablement le XIème siècle
Facteurs ayant favorisé son émergence :
– voies de communication: les chemins reliant les centres importants à cette époque (Saint-Ghislain, Chièvres, Condé, Crespin, Tournai).
– sources d’eau ou cours d’eau: plusieurs rus
– source de bois: tout le versant sec était boisé
– proximité d’un lieu de pouvoir: le château de Ville
Paroisse dédiée à Saint-Sulpice
Evêché: de Cambrai (jusqu’en 1804), puis de Tournai ensuite
Décanat/doyenné: Chièvres
Autel (dîmes, entretien de l’église, nomination des officiants) donné par Gaucher, évêque de Cambrai, en 1095, à l’abbaye de Saint-Ghislain. Elle dépendait de l’évêché de Cambrai et du doyenné de Chièvres. Le collateur de la dîme était donc l’abbé de Saint-Ghislain qui en prenait 12 seizièmes et donnait le reste au curé.
Répartition des pouvoirs pendant la période féodale
Il est difficile de dire, vu l’absence de renseignements précis, si le territoire se situait dans le Comté original du Hainaut (pagus hainoensis), en grande partie situé au sud de la Haine (mais Baudour en dépendait), ou dans le comté primitif de Brabant (Burbant) qui se trouvait entre Haine et Escaut. Le fait de dépendre du doyenné de Chièvres évoque la deuxième hypothèse. Les deux pagi furent fusionnés en 1049.
Autorité supérieure: comté de Hainaut
Autorité sous-jacente (administrative et judiciaire): prévôté de Mons
Seigneuries et fiefs
On en mentionne au moins trois:
une seigneurie principale, décrite plus loin.
des terres de l’abbaye de Saint-Ghislain
On mentionne une tenure de Débihan sur la Haine (une exploitation agricole) dans le hameau qui aujourd’hui appartient à Thulin.
Hautrage, Villerot, une partie de Ville, Thulin, Hainin, Boussu étaient au XIème siècle propriétés des comtes, territoires dont ils s’étaient accaparés au IXème ou au Xème siècle, faisant auparavant partie du domaine royal. Au début de la féodalité, au XIème ou au XIIème, ils furent tous attribués à la famille de Mons, qui détenait Baudour et peut-être la fonction de châtelain de Mons. On cite généralement:
Gossuin II « Isaac » de Mons (v1070-v1126)
Gossuin III de Mons (1116/1120-v1177), fils du précédent. Ce dernier épousa Béatrix de Rumigny, petite-fille du comte Baudouin II par sa mère. Gossuin et Béatrix eurent un fils et plusieurs filles, dont certaines (avec certitude) reçurent en dot ou en héritage une seigneurie. Ce fut le cas de Pétronille de Mons (à ne pas confondre avec une de ses aïeules maternelles, Pétronille de Rumigny) qui hérita de Boussu, de Villerot, d’Hautrage et d’une partie de Ville.
Cette famille avait les droits seigneuriaux sur les villages de Fontaine (qui s’appellera plus tard Fontaine-l’Evêque) et d’Orchies. C’est par le mariage de Pétronille de Mons avec Wauthier/Gautier II de Fontaine (v1110-avt1173) que Boussu et les villages cités passèrent dans cette famille.
Wautier III de Fontaine (v1155-apr1235), leur fils, épousa en premières noces Jossine de Ligne dont il n’eut pas d’héritiers (morts avant leur père) et en secondes noces Basilie de Condé, dont il eut :
Nicolas de Fontaine ( ?-1272), évêque de Cambrai, seigneur de Fontaine jusqu’à sa mort
Mahaut de Fontaine ( ?-1274), dame-héritière de Boussu qui épousa Baudouin II de Hennin-Liétard et fit entrer la seigneurie de Boussu dans cette famille qui la détiendra pendant six siècles.
Pour des raisons difficiles à comprendre, ces seigneuries dépendirent du comté-marquisat de Namur, peut-être suite à une intervention de Philippe le Noble, marquis de Namur, frère du comte Baudouin VI qu’il remplaça comme régent pendant la IVème croisade.
Il est aussi fait mention d’une Famille d’Hautrage, à qui le domaine aurait été attribué, mais la Comtesse Jeanne de Constantinople (1205-1244), au début du XIIIème siècle, leur aurait confisqué leurs biens. Le château aurait brûlé. Nous manquons de détail à ce propos.
Il semble que la même comtesse Jeanne, ou sa soeur, la comtesse Marguerite, ait ensuite attribué Hautrage, Villerot et la partie de Ville à cette famille qui détenait déjà Harchies, Audregnies, Quévy, Strépy, Pommeroeul et la seigneurie principale de Ville. Quel personnage de cette famille se trouva le premier en possession d’Hautrage ?
A cette époque, il s’agissait d’Allard IV de Strépy (v1170-1224/1234) ou de son fils Gérard I de Strépy (v1220/1230-apr1265)/ Lui succédèrent:
Arnould I de Strépy (1240- ?), fils du précédent
Gérard II de Strépy (v1275- ?), fils du précédent
Gérard III de Strépy-Ville (1310- ?), fils d’Arnould. Il n’avait qu’une fille, Alix, qui hérita de Ville, Pommeroeul, Hautrage et Villerot (Harchies et Audregnies ayant déjà été cédés à des oncles).
Jean 1er de Berlaimont-Ville ( ?-1366) devint seigneur de Ville, Pommeroeul, Hautrage et Villerot, suite à son mariage avec Alix de Strépy-Ville. Lui succédèrent:
Gérard II de Berlaimont, dit « Persidès de Ville » ( ?- 1410), fils du précédent
Gérard IIIde Berlaymont ( ?- 1473), fils du précédent. Il n’eut qu’une fille héritière, Marie.
Jacques 1er de Luxembourg-Fiennes (1445-1487) devint seigneur de Ville, Pommeroeul, de Hautrage, Villerot après avoir épousé Marie de Berlaymont (1455-1529)
Jean II de Luxembourg-Fiennes (1477-1508), fils des précédents. Il n’eut pas d’enfant et ce fut sa sœur Philipotte qui lui succéda.
Antoine « le Grand Diable » de Ligne (1474-1532), fils de Jean IV, devint seigneur de Ville, Pommeroeul, Hautrage et Villerot après avoir épousé Philippote de Luxembourg-Fiennes.
Jacques de Ligne (1503-1552), fils du précédent
Georges de Ligne ( ?-1579), fils du précédent
Philippe de Ligne (1533-1583), fils de Jacques, frère de Georges
Lamoral Ier (1563, Beloeil-1624, Bruxelles), fils du précédent
Florent de Ligne (1588-1622), fils de Lamoral I
Albert-Henri (1615-1641), fils aîné de Florent de Ligne
Claude-Lamoral I (1618, Beloeil-1679, Madrid), son frère
Henri-Louis-Ernest de Ligne (1644-1702), fils du précédent
Antoine Joseph Ghislain(1682-1750), fils d’Henri-Louis- Ernest de Ligne
Claude Lamoral II (1685-1766), frère du précédent
Charles-Joseph Lamoral de Ligne (1735, Bruxelles – 1814, Vienne), fils de Claude-Lamoral II
Il fut le dernier seigneur féodal de Villerot, déchu de ses droits par les révolutionnaires. A ce moment, dans la vallée de la Haine, les Ligne possédaient, parfois depuis longtemps, Beloeil, Ellignies-Sainte-Anne, Quevaucamps, Granglise, Stambruges, Hautrage, Ville et Pommeroeul, Montroeul-sur-Haine et Thulin, Villerot, Tertre et Baudour. En plus d’autres fiefs disséminés ailleurs.
La commune
Pas de notion d’une charte communale.
En 1265, d’après un cartulaire, les comtes avaient droit d’y lever des gens pour le service militaire, ainsi que les droits de mortemain, la douzaine et le partage à grès.
Période française (1794-1814)
Fin de l’Ancien Régime féodal en 1794
Département: Jemappes
Canton: Thulin, puis Boussu
Répartition des pouvoirs pendant la période contemporaine (à partir de 1814)
Etat: Royaume des Pays-Bas (1814-1830), puis Royaume de Belgique
Province: Hainaut
Arrondissement administratif: Mons
Arrondissement judiciaire: Mons
Canton: Boussu
Entité communale depuis 1977: Saint-Ghislain
Evènements et faits marquants sur le sol de la commune
Bataille du 17 juillet 1572.Elle vit s’affronter les troupes huguenotes (protestantes) françaises du Baron de Genlis et les troupes espagnoles de Fernando de Tolède, fils du duc d’Albe, dans le cadre de la tentative de reprise par ce dernier de la ville de Mons, tombée dans les mains du réformiste Louis de Nassau. Ce dernier attendait les secours de Jean d’Angers, baron de Genlis (envoyé par le roi Charles IX de France au secours de Nassau). Le quartier général des Espagnols se trouvait au château de Boussu. Il commandait à toutes les troupes massées entre Maubeuge, St Ghislain et Hautrage. Les Français furent battus et exterminés à Hautrage (perte de 1200 hommes), autant par les troupes espagnoles et wallonnes, que par les paysans encouragés par leurs curés. Une partie de la bataille se déroula sur le territoire voisin de Villerot.
Le 23 août 1914 a lieu la bataille de Mons. Les troupes des envahisseurs allemands se trouvaient confrontées aux troupes britanniques qui cherchaient à ralentir leur avance pour permettre la constitution d’un front plus au sud. Les Anglais se tenaient dans les différents villages au sud de la Haine depuis Mons. Les Allemands contournèrent Mons par le nord, traversèrent la rivière en divers endroits pour continuer leur progression et faire reculer les Britanniques.
Lors de la libération, entre le 8 et le 10 novembre 1914, les troupes canadiennes accompagnèrent le recul allemand. Une bataille fut livrée à Boussu le 8. Hautrage fut libérée à ce moment.
Hautrage fut occupée par les Allemands dès le 19 ou 20 mai 1940. Il ne semble pas qu’il y ait eu de combats sur son sol, ni de bombardements avant la libération, comme ce fut le cas à Tertre et Saint Ghislain.
La libération eut lieu le 2 ou 3 septembre 1944.
Economie
Avant le XIXème siècle, les Hautrageois vivaient essentiellement de l’agriculture et des métiers artisanaux liés à celle-ci.
On commença alors à exploiter le sol et le sous-sol :
argile (terre plastique), sable,
chaux, grès
Se développèrent des fabriques
de briques (Lescot)
de briques réfractaires,
de produits céramiques
de tuiles.
Les « Ets SA Ernest Lebailly » furent fondés en 1842. Au début, on y exploita les terres argileuses et les silex naturels, destinés aux fabriques de céramique et de produits réfractaires. Carrières de grès (blancs, dorés, noirs ou schistes houillers). Commerce de graviers pour aménagements extérieurs.
Exploitation houillère
Des fosses à charbon (carbonaria) existaient déjà en 1229. Le grand développement eut cependant lieu surtout au XXème.
Dans le hameau de la Hamaide (sud du village), appelé ensuite Hautrage-Etat, se constitua une société (« S.A. des charbonnages du Hainaut » à Hautrage-Etat) en 1907. Elle y construisit un site d’exploitation qui commença surtout à fonctionner après la guerre 1914-1918. L’afflux d’immigrants (17 nationalités, dont la polonaise et l’italienne était une des plus importantes) nécessita la construction de corons, la constitution d’une paroisse et d’une église, ainsi qu’une école, une salle de fêtes et un centre de soins.
Une gare, sur la ligne Saint-Ghislain-Tournai, fut aménagée.
L’exploitation s’arrêta en 1959. Plusieurs bâtiments ont été conservés.
Patrimoine ancien
Couvent des Franciscains, XV et XVIIème
Maladrerie(repos des pèlerins et hôpital pour soins). Fondée en 1432 par Jean Sourive, un montois natif d’Hautrage.. La chapelle y attenant fut achetée pour collation par l’abbé Pierre Bourgeois de St Ghislain en 1433.
Patrimoine actuel
Eglise St Sulpice. Reconstruite sur un ancien édifice du XVème, remodelé en 1829, en style néoclassique. Le clocher est du XVIème siècle. On trouve quelques pierres tombales (dans le mur actuel) de l’ancien cimetière y attenant (actuelle place publique), ainsi qu’un Christ en pierre de 1530.
Le Couvent des religieuses du Tiers Ordre de Saint-François (Sœurs Grises) fut fondé en 1509 par Jean Hanot, bailli de Mons, originaire d’Hautrage, et sa sœur Agnès, qui donnèrent leur maison. Les Sœurs Grises (Dames d’Hautrage) y entrèrent en 1506 et dispensèrent une instruction et une éducation à des jeunes filles. Elles donnèrent aussi des soins aux malades et aux pauvres. Une chapelle y fut bâtie en 1509. L’actuelle chapelle a conservé des vestiges de cette époque. Le bâtiment fut rénové en 1557. Il subit des dommages à l’occasion de la bataille de 1572. Les sœurs se réfugièrent alors à Ath et revinrent en 1587. L’institution fut supprimée à la Révolution. Une communauté de religieuses s’y installa par la suite pour y développer un enseignement.
Moulin Frison ou Moulin Hovine(rue Octave Mahieu). Moulin à eau, fonctionnant à partir de vannes sur les étangs de la Drève Royale et sur le ruisseau des Fontaines. Il aurait été construit avant 1246 et aurait été rénové en 1790. La famille Hovine-Frison l’occupait entre v.1850 et v.1940. Il continua à fonctionner (à l’électricité) jusqu’en 1965 grâce aux descendants qui en sont toujours propriétaires.
Eglise du Sacré-Chœur, à Hautrage-Etat. Bâtie en style néogothique pour une nouvelle paroisse, créée au XXème siècle, pour les besoins des habitants du hameau.
Altitude: de70 m (altitude moyenne) à 100 m (Happart)
Situation géographique : Le territoire, relativement étendu, se situe en rive droite de la vallée de la Haine sur le versant conduisant au plateau entre les vallées de la Haine et de la Dendre.
Cours d’eau : ruisseau des Fontaines
Paysage préhistorique (après la dernière période glaciaire) :
Mr. Parent (CAW) a trouvé au lieu-dit « Le Happart » en 1988 des outils en silex taillés (lamelles, perçoirs, grattoirs et rabot) qui se rapporteraient à la période mésolithique (entre 10.000 et 6000).
Néolithique (Homo Sapiens) :
Dans le même secteur, on y a découvert aussi des témoignages en silex du néolithique moyen (Culture de Michelsberg) : fragments de haches polies, grattoirs, deux pointes de flèches. De la même période, on a ramassé :
en 1998 au « Tri Maquette » une hache polie.
En 2001 (Dufrasnes), sur le site de« La Muchoire » : nombreux artefacts en silex, dont certains en silex de type Spiennes (éclats, percuteur, grattoirs, denticulé, perçoirs, tranchet, éclat d’outil poli
En 2001, à « La Prévôté » : éclat en silex d’un outil poli
En 2009, sur le site des « Bruyères » : fragment de hache polie en silex de type Spiennes
Sur la « Couture des Anglés », on a trouvé depuis 1999 plus de 8000 artefacts de silex
Sur la « Couture de la Riche » : silex (armatures de flèches, lame, grattoirs, nucléus) – pas de précision
Ages du fer :
Les Gaulois Nerviens sont aussi passés par ici, même si les indices sont assez minimes (CAW, 2015) :
un quart de statère en or (monnaie gauloise belge que l’on trouve entre Seine, Manche, Mer du Nord et Escaut, IIème et Ier avant JC)
un potin gaulois nervien (Ier siècle avt JC) dans un endroit isolé
Antiquité gallo-romaine
Les indices de vie sur ce vaste territoire furent relativement nombreux.
Près de la Ferme de La « Chaude Fontaine » : un fragment de tuile (tegula) trouvé au XIXème.
Près des étangs entre Hautrage et Sirault (à 750m du site précédent) : découverte en 1994 d’un vaste site gallo-romain avec des tegulae (Dufrasnes, CAW)
Sur le plateau dominant l’étang du Maunier : tégulae dispersées (1994).
Au « champ des Mansarts » (J. Dufrasnes, CAW 1995, 2000, 2016), sur le flanc sud d’une colline, à 1km au sud-est du « Grand Point du Jour » où se rejoignaient des chemins antiques (ou médiévaux ?) venant de Condé et de Pommeroeul pour se diriger vers Chièvres, une autre venant de la « Croix Caillaux » de Baudour. Une fouille intensive a permis de ramasser de nombreux indices :
Point A : fragments de tuiles, très peu de tessons
Point B : tuiles, rares tessons du Haut-Empire,
Point C : tessons de céramique commune, fragment de meules
Point D : fragments d’imbrices et tegulae, peu de tessons
Point E : fragment de meule
Point F : rares fragments de tuiles, quelques tessons de céramique commune
Point G : idem
Point H : fragments de tuiles, quelques tessons
L’occupation y semblait intense au Haut-Empire romain. Ce site devait comporter des fours de potiers (centaines de tessons). On trouva des fibules (entre 50 et 200), un applique de ceinture ou de harnais
Il se pourrait que ces vestiges se situent sur un embranchement se dirigeant vers Blicquy, venant se greffer à la « Croix-Cailleaux » sur le diverticule Tournai- Mons.
A la « Pannerie Lupant » (1995): nombreux fragments de tuiles et imbrices, un tesson de poterie commune, à proximité d’un chemin venant du « Grand Point du Jour » : petite installation artisanale en rapport avec la fabrication de tuiles ?
Au « Tri Maquette » (1998), à 350m du site précédent : des fragments de tegulae.
A la « Couture de la Riche » (1994, Dufrasnes), à 150m au nord de la chapelle N-D de la Délivrance sur une pente dominant un ruisseau à proximité des étangs Franquet et du Maunier : fragments de tegulae et d’imbrices, pierres, tessons de céramique commune. Possibilité de nécropole à proximité.
Entre le « Le Happart » et « le Congo » (1998) où les terres sont propices à l’activité potière: four de potier avec des fragments de céramique commune (dolia, urnes, mortiers), céramiques à proximité de période 50-150, témoin d’un site gallo-romain ; polissoirs en quartz.
A l’ouest du village (2000 (Dufrasnes): traces d’occupation gallo-romaine : tessons de céramique commune, monnaie (as de Claude I, 41-45), possibilité d’un tour de potier à proximité.
Au nord-ouest, au sommet d’une pente (2001, Dufrasnes) : des vestiges gallo-romains témoins d’une petite construction: tegulae, tessons dont un fragment de sigillée.
A « La Prévôté » (2001 (Dufrasnes) : petit établissement d’époque gallo-romaine (fragments de tegulae, tessons de céramiques).
A la « Couture des Anglés » (2009) : matériel gallo-romain très dispersé sur l’ancien site néolithique:
Monnaies du Haut-Empire et une du IVème siècle
Rares fragments de tegulae
Quelques dizaines de tessons (sigillée de la Gaule centrale, terra nigra 85-90, céramiques à vernis rouge II/III, céramique commune
Ceci indique la proximité d’une occupation romaine de l’époque flavienne, se prolongeant jusqu’au troisième quart du IIème. A proximité, concentration de tessons de céramique commune type Bliquy et de fragments de tegulae = peut-être un petit bâtiment II/III.
En conclusion, à l’époque romaine, il semble qu’il y ait eu quelques belles exploitations agricoles et surtout d’assez nombreux ateliers de poterie, attirés par la nature argileuse du sol propice à ce genre d’activités. Le nombre important de tuiles pourrait indiquer une forte production locale, qui se continua d’ailleurs dans les siècles suivants jusqu’au XXème.
Premier Moyen-Age (période franque mérovingienne et carolingienne)
Elle n’est pas documentée pour le village. Ce qui parait étonnant au vu de la présence importante à la période précédente. Il n’est pas impossible que tout cet habitat ait disparu avec les invasions qui ont précipité la chute de l’empire.
Deuxième Moyen-Age – le village
Première mention: 821
Toponymie (anciennes orthographes) :
Securiaco en 821
Securiacum en 847
Securiacus en 899
Saltus Cerasae, fin IXème
Sirau en 1112
Syrau en 1122,
Sirau à la fin du XIIème
Etymologie (hypothèses d’origine du nom) :
Serra Alta = haute colline (celle du Happart ?), selon Chotin, mais qui ne correspond pas aux formes anciennes sus-citées
Saltus cerasae = bois aux cerisiers (peu probable)
Securus = sûr – iacum = suffixe gaulois pour dénommer un lieu – donc endroit sûr
Securus = peut-être aussi le nom d’un personnage propriétaire d’un domaine
Epoque de son apparition: IXème siècle
Facteurs ayant favorisé son émergence :
– voies de communication: des chemins antiques mal précisés mais sans doute importants, vu le nombre d’indices gallo-romaines sur le territoire; des chemins médiévaux reliant les grands centres du premier moyen-âge (Condé, Saint-Ghislain, Chièvres, Mons, Tournai)
– sources d’eau ou cours d’eau: ruisseau des Fontaines
– source de bois: tout le versant était boisé
– proximité d’un lieu de pouvoir: la prévôté
Paroisse dédiée à Saint-Amand
Evêché: de Cambrai (jusqu’en 1804), puis de Tournai ensuite
Décanat/doyenné: Chièvres
Autel (dîmes, entretien de l’église, nomination des officiants) donné à l’abbaye Saint-Martin de Tournai en 1112 par Odon, évêque de Cambrai.
Répartition des pouvoirs pendant la période féodale
Autorité supérieure: comté de Hainaut
Autorité sous-jacente (administrative et judiciaire): prévôté de Mons
Seigneuries et fiefs
L’empereur Louis le Débonnaire donna le village de Sirault à l’abbaye bénédictine de St Amand en 822. Cette abbaye y érigea une prévôté ecclésiastique et un prieuré au nord du village actuel.
L’abbé de Saint-Amand exerça les droits seigneuriaux et la justice à la Prévôté. La prévôté de St Amand fut abandonnée en 1678. Ruinée par les guerres, elle fut rebâtie en 1682. L’archiduchesse Marie-Elisabeth, gouvernante générale des Pays-Bas, la prit sous sa protection en 1734 et y bâtit une chapelle publique.
La commune
Les habitants de Sirault reçurent une charte communale en 1243.
Période française (1794-1814)
Fin de l’Ancien Régime féodal en 1794
Département: Jemappes
Canton: Lens
Répartition des pouvoirs pendant la période contemporaine (à partir de 1814)
Etat: Royaume des Pays-Bas (1814-1830), puis Royaume de Belgique
Province: Hainaut
Arrondissement administratif: Mons
Arrondissement judiciaire: Mons
Canton: Lens
Entité communale depuis 1977: Saint-Ghislain
Economie
L’agriculture domina les activités des habitants. Le nombre de fermes était assez important aux XVII et XVIIIème siècle. On y cultivait le colza, le sarrasin, le houblon, les pois, mais au XXème, la culture prédominante était celle des céréales et celle des betteraves.
La nature argileuse du sol a donc favorisé la fabrication de poteries, mais surtout de tuiles (« panne de Sirault). Depuis l’époque romaine, on l’a vu, jusqu’au milieu du XXème siècle. On a même implanté une usine moderne en 1908, mais elle déclina rapidement à cause du manque d’exportations.
Exploitation du sous-sol
Au XVIIIème, on a extrait de la houille du sous-sol, au sud du village, près d’Hautrage. Les couches n’étaient pas épaisses et le charbon n’y était pas de bonne qualité (sulfureux). L’activité s’arrêta en 1868.
Une carrière de calcaire exista au Cavin.
Patrimoine
Eglise de St Amand. La chapelle de la prévôté ecclésiastique de St Amand, à côté de la maison de la prévôté, fut sans doute à l’origine de l’église paroissiale. Reconstruite en 1785, elle fut restaurée en 1847.
Moulin à papier. Sur le ruisseau des Fontaines, rue O. Rosier. Erigé à la fin du XVème siècle. Ancien moulin banal. On y aménagea une turbine au XIXème. Actuellement rénové pour une habitation.